The Walking Dead RPG

La différence de température entre le tipi de Sahale et l'extérieur la prit d'assaut en moins d'une seconde, fermant un instant les yeux en venant réprimer un bref frisson. Accordant un dernier signe de salut au shaman avant de se fondre dans l'obscurité de leur nouveau camp, ses yeux semblant incapables de s'arrêter à un seul détail. L'immensité du ciel, le sol meuble de la terre. Et cet infime espoir que même la mort de vingt quatre des leurs, ne leur avait pas arraché. Pas entièrement en tout cas. Et les rires provenant de la tente de Tucker et Quinn visiblement en pleine discussion avec Nahale et Daryl semblait le lui confirmer, alors que la native venait doucement détacher le laçage de sa cape dans l'idée de rejoindre son propre lit. Du moins, jusqu'à deviner cette silhouette assise à même le sol dans l'obscurité, alors qu'elle tirait une nouvelle fois sur sa cigarette en reconnaissant la silhouette de Lisandro, fronçant brièvement les sourcils. Un de ceux, dont l'espoir avait été dérobé. Inspirant brièvement avant de le rejoindre en silence, ne laissant deviner sa présence qu'en venant s'installer à genoux à ses côtés, déployant sa cape pour venir la poser sur ses épaules gelées par le froid nocturne.

Je t'aurai bien proposé un café, mais je n'ai pas ça sous la main. Et elle doutait fort, que Sahale n'accepte qu'elle vienne piller l'infusion d'herbes sacrées qu'il avait bu en sa compagnie. Croisant le regard du chilien sans mot dire, lui laissant la possibilité de s'exprimer en premier.

stay safe on the Path

Il y a cet enfant, perdu au milieu du chaos. Les pleurs de Griffin abandonné par ses parents et lui qui l’aperçoit. Les rôdeurs arrivent et les pleurs deviennent terreur. Le chilien s’élance mais… Il est comme entravé. Plus il se débat, plus il s’enlise et les cris deviennent déchirants. Il baisse les yeux sur ses jambes qui ne répondent pas. Et quand il relève les yeux, la vision a changé. C’est Annabella. Non. NON ! Les rôdeurs s’avancent et sa fille hurle à plein poumons. Sa vision s’obscurcit et les cris de terreur deviennent des cris de douleur. NON !

Il se réveille d’un bond. Dans les lits d’à côté personne n’a bougé. Il n’a pas crié cette fois-ci. Son cœur bat la chamade, il est trempé de sueur et sa main tremble encore. Il faut qu’il sorte, qu’il prenne l’air sans réveiller Teresa et Malik. Alors il enfile son pull, ses chaussures et sort à l’extérieur, se laissant aller sur le sol froid et dur devant le Tipi. Il lève les yeux sur ce ciel noir et profond où point quelques étoiles. Laquelle d’entre elles es-tu, Soo ? Il soupire. Son cauchemar est encore trop vivace, il sait qu’Annabella est là, en sécurité avec sa mère. Mais c’est ainsi à chaque fois qu’elle ne dort pas avec lui. Il s’infligeait la douleur de la perdre, elle aussi.

Il sursaute quand Nihima s’installe à ses côtés. Il ne l’a pas entendu approcher. Par réflexe, il esquisse un sourire mais qui ne monte pas jusqu’à ses yeux. « Ce n’est rien. » Souffle-t-il, en laissant néanmoins le silence s’installer quelques instants. « Tout va bien, j’avais juste… besoin de prendre un peu l’air. » Est-ce que ce genre d'excuses fonctionne ? Il manque de conviction. « Tu n’es pas obligée… » De rester, de veiller, ou même de se préoccuper de lui. « Ce n’est qu’un mauvais rêve… » Souffle-t-il.

And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time

❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞

Son regard est fuyant quand le sien est plus intense, l'avisant sans mot dire. Quand à ne pas être obligée ? Je sais. Se contente de souffler la native, sachant pertinemment une chose. Tout n'allait pas bien. Quoi que puisse en dire Lisandro, ou cette ébauche de mauvais rêve qu'il cherche à minimiser, alors qu'elle vient lever les yeux vers les étoiles. Je les regarde souvent, en ce moment. En me demandant si Kaya et Hayden les observent aussi. D'ou qu'ils puissent être. Venant glisser ses jointes sur ses genoux, revenant au Chilien à ses côtés.

J'ai longtemps été sujette aux cauchemars. Je le suis encore, parfois. De ceux qui avaient hantés son trajet pour trouver Yakima, aux flash brutaux d'une bataille sanglante ou mourrait finalement sa fille, ou l'homme qu'elle aimait. Relevant le visage vers les nouvelles étendues qui étaient désormais leur, avant de reprendre.

Je sais, à quel point ils peuvent te tourmenter. Suffisamment pour préférer te geler ici, que prendre le risque d'inquiéter tes proches. Et Frances s'était fait un plaisir certain à la sermonner plus d'une fois. Tu veux en parler ? Il paraît que ça soulage. Et la nuit serait encore longue...

stay safe on the Path

« Mais ici, il n’y aucun espoir que Soo revienne un jour… » Souffle-t-il en regardant brièvement les étoiles à son tour avant de revenir à son amie, plus sage. « J’espère qu’ils vont bien. » Ajoute-t-il, en pensant au départ de Kaya et à l’éloignement d’Hayden. Au moins pour eux, il y a toujours l’espoir de les revoir. Même s’ils ne sont à l’abri de rien.

La confidence de la native le soulage un peu - si peu. Il sait qu’il en a pour de longues nuits sans vraiment dormir. Sa tête se baisse un peu, le nez vers le sol de ce nouveau territoire à s’approprier. Il se souvient de sa dernière conversation avec Selene, même s’il était  conscient des risques, une part de lui se demande encore si cela aurait changé quelque chose qu’ils restent ou qu’ils partent. « Nous savions tous que ce déménagement serait difficile et qu’il y aurait des pertes mais … C’est plus que ce à quoi nous étions préparés. » Parce qu’il y avait eu Soo, mais aussi tous les autres. « Le campement était censé être sûr. » Sa voix est un peu grondante. La colère n’est pas tout à fait éteinte.

« Il y a des cris qu’on ne devrait jamais entendre un jour… » Ceux de Griffin, notamment. Les pleurs d’Annabella quand elle avait été retrouvée. Le désespoir des blessés, des survivants aussi. Il n’y avait personne pour les protéger. Il en avait été incapable.

And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time

❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞

Hm. Parfois, c'est mieux de savoir. Je préfère penser que je ne les reverrai pas. Et dans son coeur noirci par l'angoisse, elle s'était renfermée avec force sur cette idée. Pour tenir la tête froide, rester concentrée sur leur mission. Abattre deux milles rôdeurs, et rejoindre Yakima. Un jour, elle aurait le temps pour s'inquiéter, aller les chercher, et espérer. Mais pour le moment, ce choix lui était impossible. Trop hantée par cette colère sourde en son coeur. Ils n'avaient qu'une chose à faire, s'assurer que tout le monde reste en vie, quand ils affrontaient deux milles rôdeurs. Au final ? Le sang avait d'avantage coulé chez eux. Fermant les yeux en sentant ses mâchoires se contracter, s'interdisant de rabattre sa colère sur Lisandro, tournant la tête vers Lisandro.

Il était sensé, oui. Et il ne l'avait pas été. Parce qu'ils avaient eu l'espoir qu'ils savent gérer, sans succès. Mais ruminer sur la question ne fera pas revenir les morts. Et elle se devait d'être pragmatique pour garder la tête froide. Tournant la tête vers le Chilien à l'évocation de ses cris, reprenant. A l'époque de la scierie... Un enfant s'est fait dévoré dans la panique. La morsure avait été à l'épaule, et ses cris apeurés avaient alerté les autres morts de la horde. Sa mère hurlait, se débattait. Elle aussi, s'est faite dévoré à ses côtés. A quelques mètres d'elle. Profondément silencieuse, pour espérer protéger Kaya. Il devait avoir l'âge de Kaya, à l'époque. Douze ans, tout au plus. Ca te hantera un moment. Autant qu'il se fasse dès lors à l'idée. Mais ... C'est comme tout. Les plaies finissent par cicatriser, un jour. Quand à ces cris qui le hantaient ... Lesquels sont-ils ?

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Parfois c’est mieux de savoir. Elle avait peut-être raison. Cette nuit-là, l’espoir l’avait presque tué. « Je crois… que je vois ce que tu veux dire… » Dit-il, à défaut de mieux. En d’autres temps, ces paroles auraient été accompagnées d’un geste ou d’un sourire. Il se contente d’un regard entendu pour son amie et l’épreuve qu’elle traverse quotidiennement.

« Si les sentinelles n’avaient pas … » Mais la native l’interrompt, l’empêche de ruminer un passé immuable et le chilien se tait. Il était encore en colère contre les sentinelles, contre lui-même pour ne pas avoir su sauver ceux qui auraient pu l’être, pour ne pas avoir vu ses filles et Malik s’enfouir dans la panique - mais il n’était même pas là, à ce moment. Il était auprès d’Alex, à soigner une blessure urgente. Mais il n’était même pas aller vérifier. Pas avant que ce ne soit fini en tous cas, pas avant qu’il ne soit trop tard.

Les paroles de Nihima le replongent dans ce cauchemar. « Les cris de Griffin. Sauf que la nuit, dans mes cauchemars, c’est le visage d’Annabella ou de Soo qui se superpose au sien… » Ce qui rendait la scène plus terrible encore. « Griffin n’avait pas deux ans… Je n’ai pas pu le sauver. » Il avait encore moins pu se retourner quand les cris de peur étaient devenus des cris de douleur. Il y avait de la colère qui grondait en lui. « J’aurais dû le sauver. J’aurais dû les protéger mieux que ça. » Gronde-t-il, contre lui-même en pensant à Griffin, mais à ses filles et Malik. Ruminer ne sert peut-être à rien, mais comment évacuer ?

And I know this is the truth, 'cause I've been staring at my death so many times. These scary monsters roaming in the halls, I wish I could just block the doors and stay in bed until the clock will chime. I felt like I won, but I wasn't done. The nightmare repeats itself every time

❝If I had to lose you, I’d probably lose myself.❞

Sans doute qu'il pouvait avoir eu un bref aperçu de son quotidien, quand il avait espéré retrouver Soo. Mais elle n'en dit rien, silencieuse sur ses propres souffrances. Se camouflant derrière son masque d'une neutralité exemplaire, proche de toute absence de sentiments, alors qu'il se confie. Les cris de Griffin. Elle aussi, ne peut qu'imaginer l'horreur. Je vois. Ce genre de cauchemars ne risquait pas de partir de sitôt. Pas avec la perte d'un enfant, et le nombre d'âmes fauchées à Cliffdell. Cette terre déjà gorgée de sang de suppliciés semblait assoiffée constamment. Pinçant les lèvres à l'idée, relevant le menton pour aviser l'obscurité des lieux. Tu as fais...Comme tu as pu. Et ce n'était en rien suffisant. Ils n'avaient eu qu'une seule chose à faire. Une seule. Protéger le convoi. Mais elle n'était pas ici pour accabler un père en deuil, malgré la colère qui parfois, risquait de remonter à la surface.

Tu étais occupé avec d'autres, à ce moment là. Non ? De ce qu'on lui avait remonté en tout cas, dans toute cette cohue. Quand elle avait exigé le nom des coupables d'une voix acérée. Mais les choses étaient ainsi faites. Et se ronger de l'intérieur n'y changerait rien.

J'ai appris que tu avais récupéré Malik avec Teresa ? Il devait se concentrer sur ça, désormais. Cet enfant orphelin de père, qui aurait besoin d'un soutien.

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