The Walking Dead RPG

J’ai un froncement de sourcils en retour, essayant de ne pas me laisser submerger par tout ce qu’elle me raconte. C’est difficile de garder le cap, alors que j’ai le sentiment que tout autour de moi vacille. « Bien sûr que si. Si c’est le mieux pour les gens qui m’entourent. » Et j’ai un soupir qui fait écho au sien. « Ce n’est aussi pas difficile de faire pire. » Là au moins, nous avons une stabilité, une sécurité. Même si j’essaie de ne pas écouter cette petite voix qui m’a soufflé que c’était une bonne chose que j’aie un garçon et non une fille, que ce serait plus sûr pour lui, qu’il serait plus libre. Parce que c’est une réalité et c’est normal que les hommes soient supérieurs aux femmes.

Et je garde le silence au reste, laissant filer quelques secondes. « Pourquoi ils feraient ça ? Il… il nous a sauvés au stade. Il a tout fait pour … que ce soit mieux. » Alors pourquoi voir les choses de cette façon ? Pourquoi s’échiner à tout détruire, pourquoi être aussi peu satisfait de ce que nous avons, surtout après le cauchemar vécu il y a bientôt sept ans de ça ? « Et pourquoi est-ce qu’ils lui cacheraient des choses ? » Un mensonge. Ce n’est juste pas possible, ce n’est pas concevable. Ce serait… trop.

Quand elle parle des camps, de Colville, je la fixe, sans comprendre. « Ils… nous sommes aux Etats-Unis, jamais ils ne feraient ça ! » Si j’ai pris une mine outrée rien qu’à cette idée, j’ai tout de même un hochement de tête à sa question. « Bien sûr. Ca va ? » Sans attendre de réponse, je vais lui remplir un verre d’eau que je pose devant elle, non sans y glisser quelques feuilles de menthe. « Ca me fait du bien en général. »

Be Brave - Be Kind - Be You

Et qu'est-ce que tu en sais que dehors, c'est aussi pire ? Que dans les autres groupes aussi ? Demande-t-elle en fronçant les sourcils, un peu dépassée aussi : Factuellement, nous n'avons que l'écho de ce qu'ils nous disent, mais aucune idée de comment ça se passe ailleurs. Les Remnants sont sensément nos ennemis, mais qui sait vraiment comment ils vivent chez eux ? Si on force les femmes à enfanter, à se faire violer ? Elle-même ne rêve que de ça. Il y a d'autres groupes qui peuvent accueillir, et qui doivent forcément vivre correctement avec des règles simples, souffle-t-elle.

Elle a un soupir avant de secouer la tête : pourquoi font-ils ça ? Parce que le pouvoir corrompt les gens, parce qu'en se pensant supérieur aux autres, on oublie ce que c'est que d'être parmi eux, voilà pourquoi. Il n'y a pas plus simple : le pouvoir appelle le pouvoir, l'argent, les femmes, les intérêts, la réussite. Et qui voudrait vraiment le perdre ? Je suis persuadée que si tu lis la Bible, tu ne retrouves pas ce système qu'ils ont établi ici. Mais lis un livre sur les sectes, et là tu verras tellement de similitude entre notre leader et ceux de ces congrégations de croyants, qu'elle ajoute.

Elle secoue la tête avant de planter un regard dur dans celui de Lynn : Il y a des photos qui circulent, mon mari les a vu. Des champs de personnes crucifiées sans procès, des enfants abandonnés dans la crasse, à la faim et au froid, explique-t-elle. Elle laisse ici les descriptions qui vont avec, et les horreurs qui en découlent. Et on parle d'un campement civilisé ? Neela s'assoie doucement, une main sur son ventre. Merci... soupire-t-elle. Elle s'agite très facilement, elle n'aura pas le tempérament de son père, celle-là... De l'eau à la menthe ? Une bonne idée.

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ANAPHORE

J’ai un froncement de sourcils à sa question. « Papa m’a parlé de ce qu’on fait les Oblivions. J’ai pu voir aussi certains soldats. Quand ils revenaient. Ray aussi, quand ils ont perdu l’avant-poste. Il y avait quelque chose de différent dans leur regard… ils ont vu le pire là-bas. Et c’est pour ça qu’ils se battent pour qu’ici, on soit en sécurité. » Je ne sais même plus à quel point je crois tout ce que je dis ou si c’est juste que je répète ce qu’on m’a seriné toutes ces années. Neela me met mal à l’aise. Elle remue des choses qui n’auraient pas être remuées, tout ça parce qu’elle n’a pas su trouver sa place ici.

Au reste, j’ai une grimace. « Alors ça recommencera. Pourquoi votre nouveau gouvernement ne finirait pas corrompu comme le reste ? » Et j’ai une moue quand elle continue. « On fait dire ce qu’on veut à la Bible quand on veut absolument avoir raison. » Je repense forcément à Tasya, qui n’en citait que les morceaux qui l’aidaient à appuyer ses propos. « Il n’y a pas que la Bible qui compte. C’est… la vraie Foi. » Je ne saurais pas comment l’expliquer et ce n’est de toute façon pas le propos. Pas que je sache en tout cas.

Je bats des cils quand elle reprend. « Pourquoi vous ne montrez pas ces photos à tout le monde ? » S’ils ont ces fichues preuves, alors pourquoi rester sans agir ? Il y a quelque chose qui m’échappent dans tout ça. Et je me contente d’un profond soupir quand elle me remercie, non sans esquisser un sourire quand elle parle de sa fille. « C’est maman qui en buvait beaucoup quand elle attendait Wilan. » Je fixe l’arrondi de son ventre, avant de finir par souffler, dans un murmure. « Je suis soulagée d’attendre un garçon. » Non pas heureuse. Pas fière. Soulagée.

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Oui donc comme les Oblivions font pire que nous, on devrait ne surtout rien changer ici, afin d'être sûrs de ne surtout pas avancer dans notre vie, n'est-ce pas ? Soupire-t-elle en portant sur la blonde un regard dépité : Parce qu'il n'y a aucun moyen de vérifier la corruption ? Tu crois qu'aucun régime démocratique ne peut être mis en place ? Nous sommes une communauté suffisante pour pouvoir essayer en tout cas, alors... Pourquoi on ne le fait pas ? Pourquoi doivent-elles subir et ne pas porter leur voix ? Combien ici veulent s'investir, et pouvoir faire évoluer cet endroit, l'entretenir, le protéger aussi ?

Elle peut les compter, ces femmes qui ont des opinions, des professions, des savoirs, qui ont de l'importance. Des femmes qui ont fait l'armée et qui seront aussi utiles dehors que dedans. Et pourtant... Et donc... Tu estimes que nos dirigeants ont la Vraie Foi ? J'imagine que les enfants qu'a livré McCoy en pâture le méritaient sans doute alors, d'accord, il couvre des pédophiles mais... Il prie si bien, tu ne trouves pas ? Ajoute-t-elle en secouant la tête : Parce que tu serais prête à supporter cette image, sérieusement ? Tu crois qu'il se passera quoi si demain on fait un bus pour aller directement à Colville ? Qu'on montre les photos ? Qu'on parle de l'écrémage qu'ils font sur les impotents ici ? elle a du mal à y croire. Et tu crains le chaos que nous mettons ? Elle soupire, triture son verre d'eau un instant jusqu'au murmure de Lynn : Pourquoi ?

Pourquoi est-elle soulagée pour elle-même... Mais accepte-t-elle que ça ne puisse pas toucher les autres ?

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ANAPHORE

J’ai un profond soupir qui fait écho au sien, alors que je souffle, d’une voix un peu agacée. « Je n’ai pas dit ça. Tu me dis que ce sera forcément mieux, je te souligne que ça peut aussi être autrement pire. » Surtout quand on entend tout ce qui a pu se dire à propos des Oblivions. « Alors pourquoi personne n’a songé à faire ça plus tôt ? Ca fait près de sept que l’Adonaï a commencé à tout reconstruire… la communauté a toujours été nombreuse. Alors oui… pourquoi vous ne le faites pas ? Pourquoi personne n’a fait quoi que ce soit depuis toutes ces années si c’est si impossible à vivre ? » Se plaindre, c’est bien beau, mais ça ne fait rien avancer du tout non plus. Et je trouve ça particulièrement agaçant.

Je secoue la tête au reste, laissant de côté la provocation de chacune de ses paroles. « Non. Je dis simplement que les gens interprètent la Bible comme ils l’entendent, pour arriver à lui faire dire ce qu’ils veulent. Et j’ai beau avoir beaucoup de respect pour ce texte, pour moi, croire en Dieu, ça va bien au-delà de tout ça. » Un nouveau soupir alors que je vais moi-même me remplir un verre d’eau et que je pose ma main sur mon ventre. Je finis par la fixer, non sans mâcher distraitement une feuille de menthe. « Alors, je dois savoir à quel point nos dirigeants sont des monstres, mais je ne suis pas prête à le supporter, c’est ça ? » C’est à se demander si quoi que ce soit dans ses propos est réel au final.

Je secoue la tête, sans cacher mon dépit, avant de hausser une épaule, regrettant ce que je viens de dire. Mais je souffle quand même, mon regard se perdant dans le vide. « Parce que les garçons s’en sortent toujours mieux. » C’était déjà le cas avant tout ça. « Et je veux que mon fils s’en sorte, malgré tout ce qu’il aura déjà à supporter juste en venant au monde. » En étant le fils d’un paria, il aura beaucoup sur ses épaules.

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Autrement pire ? Elle fronce les sourcils. Neela a du mal à voir ce qui pourrait être pire, à part intégrer directement les Oblivions. Explicite ! Tu ne peux pas m'affirmer ça sans présenter les raisons qui te laisseraient penser que ça ne pourrait qu'être pire, elle est prête à écouter sincèrement, pour peu que ça soit de vrais arguments. Et elle s'attend à tout. Cependant, pas à la remarque totalement hors sol de la blonde, qui lui arrache un mouvement de recul outré : Parce qu'on ne nous laisse pas le faire ! Parce que dès qu'on affirme une idée en tant que femme, on finit sur une croix ?! Lynn ! Comment tu peux venir me dire ça en plein visage, comme si on ne faisait que râler en soupirant, alors qu'on se fait TUER pour dès qu'on évoque quelque chose qui ne convient pas à ces hommes ?

Non mais, Lynn vit-elle parmi eux depuis le début, sérieusement ? N'a-t-elle jamais vu les exécutions publiques ? Réalise-t-elle qu'il y a littéralement un bidonville à côté de chez elle, qu'elle rejoindra si un jour on estime qu'elle n'a pas suffisamment bien fait les choses ? Tu crois qu'on n'est pas assez occupés à faire de l'éducation pour que nos filles puissent survivre et arrêter de se faire violer ? Tu crois que courir après les preuves pour faire cesser les maltraitances et l'épuration des handicapés en cours, ça n'est pas quelque chose qui occupe l'intégralité de nos journées ! Et tout ça à quel prix ? Celui de nos vies ! Rappelle-t-elle alors en faisant les gros yeux à la jeune femme, totalement éberluée par sa remarque. Elle n'en croit pas ses oreilles.

Donc toi, du haut de ta petite position confortable où tu ne fais rien pour sortir de ta misère sociale, où tu acceptes en courbant l'échine en pensant que c'est le mieux pour tout le monde et en m'affirmant que tu es "soulagée" d'attendre un petit garçon pour toutes les raisons que je t'évoque, tu viens me dire à moi qui met ma vie sur le fil TOUS LES PUTAINS DE JOURS QUE DIEU FAIT, que je n'ai "qu'a faire les choses" ?! Bah oui, merci Lynn ! Sans toi, je n'y aurais pas pensé, d'ailleurs je crois que je vais m'y mettre tout de suite, j'ai un monde à révolutionner sur ma pause midi, vu que c'est facile maintenant que tu en parles ! Rit-elle sans joie : Seigneur, comment ai-je fait pour ne pas y penser ! C'est vrai que j'aurais dû me le dire aussi quand mon mari me violait et me tabassait, puis peut-être qu'en lui demandant gentiment de ne plus le faire, il m'aurait entendu ! Haha, suis-je bête !

Elle se relève, tant pis pour le vertige qui la prend et tout le reste, très franchement, elle ne peut pas entendre des imbécilités pareilles plus longtemps. Ce n'est vraiment que par respect pour Willow qu'elle s'apaise, parce qu'elle a toujours été empathique envers la mère de Lynn, admirative de sa résilience et de sa bienveillance. On en reparlera quand tu voudras reconstruire quelque chose de solide, pour toi-même et pour ton enfant, et t'assurer que vous serez heureux tous les deux. Quand tu voudras que le sang de son père que tu méprises tant pour ce qu'il est n'ait aucune incidence sur l'avenir de ton enfant, ajoute-t-elle en refermant sa veste : Bonne journée Lynn, je viendrais te voir à ton accouchement, tu me diras ce que tu voudras pour t'aider avec le petit, souffle-t-elle, dans un soupir.

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ANAPHORE

J’ai un profond soupir alors que la voilà repartie pour un tour. J’ai le sentiment que, quoi que je dise, elle est juste venue là pour m’asséner ses vérités sans même se soucier de la façon dont ça peut m’impacter. Enfin, ce n’est pas juste une impression en vérité, clairement, c’est quelque chose dont elle se fiche éperdument. Alors, je me contente de la laisser déverser son fiel, sans l’interrompre, fermant les yeux de temps à autre pour m’efforcer à garder mon calme, contrairement à elle.

« C’est bon ? Tu as terminé ? Visiblement oui, vu que tu refermes ta veste sans même me laisser le temps de réagir. » Je secoue la tête, sans cacher mon agacement. « Tu ne peux pas décemment attendre que je t’ouvre les bras avec tout ce que tu viens de me lancer à la figure Neela. » J’inspire longuement, posant mes deux mains sur mon ventre, chassant les larmes qu’elle n’a pas manqué de faire venir. « Et franchement, je ne sais pas si tu veux m’ouvrir les yeux ou juste me démolir. Mais l’un ou l’autre, tu t’en moques, tant que tu sors de là en ayant écrasé la personne en face de toi. » Parce que c’est exactement ce qu’elle vient de faire, ne lui en déplaise. « Oh et ne me ressors pas le couplet de toi qui souffres, qui mets ta vie en jeu par pitié. Tu me l’as assez répété pour que j’ai de quoi faire le reste de ma vie. Et tu n’as pas la moindre idée de ce que moi aussi j’ai pu subir du haut de ma fameuse position confortable. » Je roule des yeux et je lui désigne la porte d’un mouvement du menton. « J’espère pour votre groupe de rebelles que ce n’est pas toi qui t’occupes de convaincre les gens ou du recrutement. On en reparlera quand tu seras prête à faire autre chose que de m’enfoncer la tête dans l’eau pour voir à quel moment je vais étouffer. »

Sans même attendre de réponse de sa part, je me relève et je vais lui ouvrir la porte. « Bonne journée à toi aussi. » Qu’elle vienne ou pas me voir après la naissance du bébé, je m’en moque. J’ai juste besoin de réfléchir à tout ça sans qu’elle me juge parce que je n’ai pas réagi comme elle le voulait.

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