Sujet: Re: You'd kick the booze Dim 8 Jan 2023 - 16:54
« Tu sais que c’est un luxe maintenant de pouvoir enterrer nos morts… » Combien de personnes avaient simplement disparues, depuis le début de la pandémie ? Ceux qui connaissaient le sort de leur famille étaient de rares chanceux. Les morts se relevaient, se déplaçaient… « Est-ce que ça vaut vraiment la peine de risquer ta vie pour des personnes déjà condamnées ? » Il n’y avait aucun jugement dans ma voix. Je me posais moi-même la question, après ce qui était arrivé à Nova. « C’est toujours la même histoire. On croit pouvoir les sauver, et au bout du compte, il ne reste rien. » Ce que Peter nous avait avoué à demi-mots m’avait fait froid dans le dos. Je n’espérais rien de plus de ces salopards.
J’étais sur le point de m’effondrer. Je me demandais seulement si Lennox en avait pleinement conscience. Les larmes au bord des yeux, la voix brisée, je repris : « Il y avait une autre voie que nous avons refusé de prendre contre les Sinners… celle de ne pas mener cette guerre qui n’était pas la nôtre, mais celle de Joaquin. » Et méritait-il encore que Lennox aille le sauver de ses propres démons ? « J’ai essayé de me cacher là-bas. J’ai eu peur de ce qu’ils pourraient nous faire quand ils ont commencé à mettre les poitrines des filles à nue… » Je n’étais pas certaine de vouloir lui raconter la suite, mais à quoi bon ? Quelqu’un d’autres s’empresserait de le faire à ma place un jour ou l’autre. Peut-être qu’il valait mieux que ça vienne de moi, non ? « Ils m’ont trouvé derrière le bar. Ce type m’a mis un coup si puissant qu’il m’a projeté à terre et m’a sonné complètement… puis il en a profité pour me déshabiller. Je l’ai supplié de me laisser… et Joaquin est intervenu. » Je ne retins bientôt plus mes larmes, alors que me replonger dans ces événements menaçaient encore de me faire perdre la raison. « Je lui ai dit d’arrêter ! Mais il ne m’a pas écouté. Il est entré dans une rage folle et a tué ce type en lui martelant la tête contre le bar et ensuite… ensuite… » Un souffle passa mes lèvres. « Ils lui ont tiré une balle en pleine tête. Quand ils ont vu que ça ne l’avait pas tué sur le coup, ils s’en sont donnés à cœur joie pour le forcer à regarder au même titre que tous les autres rassemblés là. Ils ont fini de me déshabiller et… ils m’ont déchiqueté la poitrine au couteau. Ils ont… continué, bien après que je sois tombée inconsciente. Je… » Mes jambes flanchèrent sous mon propre poids. Je ne tenais assise que parce que je m’agrippai encore à mon fusil. Je n’arrivais subitement plus à contrôler mes sanglots ni à fixer mon regard, alors qu’il me semblait de nouveau revivre la scène, encore et encore… « J’y arriverais pas… pas cette fois… » Je n’étais pas la plus maline. Je n’étais pas la plus courageuse non plus. Je n’étais rien de tout ça.
Sujet: Re: You'd kick the booze Dim 8 Jan 2023 - 17:39
Tout dépend c'que tu veux être avec les autres. Juste des collègues avec qui tu survis, sans aucune attache, que j'lui souffle d'un ton froid, pragmatique : Ou si tu veux plus que ça, parce qu'on tire plus des gens quand ils se sentent ancrés dans quelque chose aussi. Les deux ont des avantages et des inconvénients, et j'sais pas si c'est... Vraiment possible de pas s'en faire pour les autres, tout bêtement. J'veux dire : connement, on s'est attachés l'un à l'autre avec Moon, même si on l'avait pas prévu. Sauf si t'es sociopathe ou un truc du genre. Mais c'est pas ton cas, que j'ajoute.
Sinon, elle serait pas comme ça aujourd'hui. Elle aurait pas autant peur, pour elle certes, mais pour tout l'reste. Alors, elle s'livre enfin et m'explique ce qu'il s'est passé. J'reste silencieux pendant le déroulé, en sentant néanmoins mes poings se serrer spontanément. C'est à vomir, mais j'peux pas dire que je suis étonné qu'ça soit arrivé. J'crois qu'il en faut pas mal pour marquer Ruby à c'point-là. Et j'crois aussi que j'comprends à quel point elle... Vrille dans son crâne. Alors qu'les larmes emplissent ses yeux et qu'elle s'laisse tomber au sol, en sanglots, épuisée et démolie, j'sais que ses plaies sont plus profondes encore.
Putain... que je grogne pour moi-même avant d'm'agenouiller en face d'elle. Elle a l'air d'une gamine paumée sans ses parents, ou d'un chien qui sait plus où s'planquer, après s'être fait tabasser. J'en ai vu d'autres des comme ça, j'sais que c'est là où ils peuvent mordre. Par terreur pure. Mais si elle veut m'mordre ou m'frapper, j'peux encaisser d'toute façon. C'est pour ça que j'me fais calme dans l'ton d'ma voix. J'ai jamais eu d'contact physique avec elle, j'l'ai jamais cherché et elle a toujours fui ces choses-là m'semble. Mais j'laisserais pas une gamine s'noyer dans ses larmes sans rien faire.
Eh, c'est bon Ruby, que j'lui souffle, en posant la main doucement sur sa joue. Je viens essuyer quelques uns de ses pleurs, la voix toujours posée fermement avant de la tirer vers moi, avec prudence, dans une étreinte presque... Paternelle, en fait. Prend cinq minutes pour t'reprendre, respire, que j'lui souffle tout bas, en posant mon menton sur le haut d'son crâne : Respire juste, c'est fini, c'est pas le gros chagrin d'une enfant. C'est grave ce qu'elle a vécu. Tu vas partir loin d'tout ça, ils t'feront plus rien, et p't'être qu'un jour, elle retrouvera un sentiment tout con d'sécurité.
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Sujet: Re: You'd kick the booze Dim 15 Jan 2023 - 13:10
Mes sanglots étouffés ne faisaient que réveiller la douleur à ma poitrine. Je me sentais subitement mal, nauséeuse encore. Mes plaies me brûlaient avec encore plus d’ardeur qu’auparavant. Je tremblai de tout mon corps. J’avais un mal fou à respirer alors que rester ancrée à l’instant présent me demandait un effort certain. Les paroles douces de Lennox n’y firent rien, pas plus que sa main qui venait caresser ma joue. Elle m’arracha un gémissement d’animal blessé, entre le dégoût et la tristesse. Je la chassai d’un mouvement brusque de la main avant de détourner la tête. Il n’y avait que Joaquin qui m’avait un jour touché de cette façon… et y penser faisait naître d’autant plus de sentiments contradictoires en moi. Rage. Rancœur. Tristesse… abandon.
Le sentir me ramener contre lui déclencha en moi un vent de panique. « Arrête ! Lâche-moi ! » Je me débattis aussitôt, quitte à me faire mal. Je repoussai de mes mains son torse large, prête à le marteler s’il le fallait, pour qu’il obtempère… mais ses paroles rassurantes eurent peu à peu raison de ma volonté d’en découdre. Je me recroquevillai un peu, me laissant de nouveau aller aux larmes, ma tempe pressée contre son torse. Il me fallut quelques minutes pour réussir à me détendre, même si je restais les bras serrés contre moi sans l’étreindre en retour. Je ne repris peu à peu mon souffle que parce qu’il m’invita à le faire. Son contact m’oppressait, mais étrangement, entendre les battements son cœur m’aidait à me calmer un peu.
Mais je n’avais pas besoin qu’il me sert des mensonges pour me rassurer. « Tu n’en sais rien, Lenny… tu n’en sais rien du tout. » Comme s’il suffisait de partir au loin pour ne plus être inquiété… « Il a suffi d’une fois. » J’avais beau me tenir éloignée autant que possible des ennuis, chercher à tout prévoir… ça n’avait pas suffit, pas cette fois. « Une seule fois… pour qu’ils te prennent tout. » Un sanglot me comprima à nouveau la poitrine, mais j’avais déjà versé toutes les larmes que je pouvais. « J’ai rien pu faire… »
Sujet: Re: You'd kick the booze Lun 16 Jan 2023 - 1:10
Je vais rien te faire Ruby, que j'lui souffle, pendant qu'elle se débat, m'repousse, terrifiée plus qu'autre chose avant d's'apaiser doucement dans mes bras. C'est pas une partie d'plaisir, et y'a un truc super étrange dans cette étreinte qui a rien d'naturel pour nous deux. Pourtant, il y a quand même une forme de logique et finalement une libération. Sa voix hachée par les sanglots me parvient. Ouais, t'as raison, que j'ajoute. J'en sais foutrement rien, en fait, pas plus qu'elle, c'est clair.
J'sais pas si y'a un putain d'endroit sur cette terre où on peut être vraiment en sécurité, je sais pas si un jour j'pourrais mettre mes deux gamins à l'abri sans avoir à m'inquiéter pour eux. J'sais pas si Moon pourra aussi venir avec nous, si elle voudra toujours d'moi à ce moment-là. J'sais pas si on peut promettre quoi que ce soit et tenir parole, en fait, on parle dans du vide depuis sept putain d'années, et y'a rien d'acquis. C'est vertigineux.
J'sais rien d'tout ça, que j'lui assure simplement. Mais quand ton gamin a peur, tu le serres contre toi et tu lui dis que tu vas le protéger du monstre qui le terrifie. Et tu lui dis qu'ça va aller. J'te dis juste que l'important là, c'est comment tu vas t'relever de tout ça, que j'ajoute simplement. Pas plus faible, pas plus lâche, pas plus forte non plus. Juste différente à tout jamais. Quand tu voudras partir, fuir pour de vrai, préviens-moi avant, que j'lui demande en la gardant encore un temps. J'la serre au niveau des bras doucement, une main contre sa tête, y'a rien d'plus naïf que cette étreinte.
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Sujet: Re: You'd kick the booze Sam 28 Jan 2023 - 17:15
Pleurer m’avait complètement vidé. Je luttais contre cette forme d’apathie qui manquait de m’envahir ensuite, cherchant à rassembler les bribes de ma colère en un bloc solide. Je me raccrochais à elle, comme une bouée de secours, qui m’aurait permis de traverser la tempête. « Je vais les tuer… » Soufflai-je difficilement. « Je vais les faire payer pour ce qu’ils m’ont fait. »
Je pris une grande inspiration, avant de me soustraire à cette étreinte gênante. Je lui rendis un regard incertain, sans bien savoir où j’en étais exactement. Mon humeur était aussi changeante que le beau temps à Seattle dernièrement. J’alternais les crises de colère, d’hystérie même… et de larmes. Je tentais, tant bien que mal, de ne pas céder aux abymes profonds de la tristesse qui menaçaient de m’engloutir toute entière. Une part de moi savait que je n’y survivrais pas, que si je laissais entrer cette noirceur… je chercherais à la faire taire de façon radicale, d’une balle en pleine tête. Avoir un cerveau toujours en ébullition était un fléau plus qu’une bénédiction actuellement. Je ne pouvais pas m’empêcher de repenser à Hayden qui avait fait le choix de mettre fin à sa vie, parce qu’il n’arrivait pas à faire la paix avec lui-même. Maintenant, je commençais à le comprendre. Je me forçais à réfléchir, à rationnaliser. Ce n’était pas toujours évident, et bien souvent mon cerveau avait des ratés, des faiblesses. Il se laissait déborder par des angoisses qui me paralysaient complètement. « On n’a que deux choix : être en assez petit nombre pour être invisible… ou être suffisamment gros pour être craint. » Soufflai-je d’une voix atone. « Combattre… ou fuir. »
Je baissai le regard, sans savoir quoi lui répondre encore. « Je veux mettre un terme à tout ça, et ensuite… partir loin. Là où personne ne me connaîtra. Là où personne ne saura ce qui m’est arrivé, hormis moi. » Je pourrais cacher mes blessures sous un sweatshirt épais. Je pourrais même me faire à nouveau passer pour un garçon, peut-être. « Je n’aurais plus à affronter leurs regards. Je pourrais oublier, refaire ma vie peut-être. Ca te paraît idiot ? » Est-ce que c’était illusoire de croire que je pourrais simplement tourner la page de cette façon, en taisant qui j’étais vraiment encore ? Est-ce que ça me ferait réellement du bien d’être entourée d’inconnus, loin de ceux qui s’étaient si longtemps préoccupés de moi ? Est-ce qu’ils m’en voudraient de leur tourner le dos, parce que je n’avais plus la force de les regarder en face, de me regarder en face ? « Et pourquoi tu me demandes ça ? Tu veux venir ? »
Sujet: Re: You'd kick the booze Dim 29 Jan 2023 - 18:09
Tu peux, que je lui souffle simplement en haussant les épaules sans m'attarder sur le reste. Oui, elle peut sans doute, je sais pas dans quelle mesure, mais elle finira par les avoir. Un soupir m'échappe, et je reprends : S'il y a quelqu'un qui en est capable, c'est toi, en attendant, j'imagine que ça va être en fonction de ce qu'elle est capable de gérer. Elle me parle du reste, de sa volonté de prendre le large, et je pince les lèvres.
Et si c'est ce que tu veux, tu sauras le faire aussi, je suis pas à ta place, et je peux pas savoir ce qu'il te faut, en fait, je suis pas son père surtout et c'est pas à moi d'lui dire de quoi elle a besoin pour aller mieux. Si y'a une seule manière d'aller mieux de toute façon et là encore, je suis pas persuadé qu'ça soit comme ça que ça fonctionne. Un bref sourire m'échappe : Loin de tout ça ? Tu supporteras les gamins ? J'ai comme un doute. Mais grave, bien sûr que je veux venir, si elle croit qu'les mettre en sécurité est pas ma priorité...
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Sujet: Re: You'd kick the booze Mer 1 Fév 2023 - 0:42
Un souffle ironique m’échappa, avant que je ne comprenne que Lenny était réellement sérieux. Il misait sur moi. C’était étrange de l’entendre me dire ça, surtout après ce qui s’était passé. Je n’avais pas eu la force de les empêcher de me faire du mal. Je n’avais même pas su les convaincre d’arrêter… parce que tout ce qui les avait intéressés était de me voir me briser. Non, je n’avais sans doute pas envie de les laisser gagner. J’avais peur, malgré tout. Mais pouvaient-ils me faire quelque chose de pire ? J’avais appris, avec les temps, que les personnes les plus dangereuses n’étaient pas celles qui avaient quelque chose qu’elles souhaitaient protéger à tout prix, mais celles qui n’avaient plus rien à perdre. « Tu m’entraînerais à me battre ? Quand j’irais mieux. »
Quant à savoir ce qu’il me fallait exactement, c’était encore trop tôt pour le dire. Je nageais en eaux troubles, surtout sans Joaquin pour me soutenir. J’étais constamment sur le fil, et rien pouvait tout faire basculer. Mais aujourd’hui, Lenny réussissait presque à m’arracher un sourire. « Tes gamins resteront en sécurité avec nous. On déménagera de planque, ne nous cherche pas à Silverdale. Mais… on reviendra te chercher. Et on le trouvera, cet endroit où on pourra enfin se sentir bien. » J’essuyai mes larmes, presque rageusement cette fois. « Tu me raccompagnes ? » J’allais avoir du mal à marcher plus de deux pas maintenant. « Et Lenny… merci. Je suis soulagée que vous ayez rappliqué aussi vite. » Contre toute attente, les S.T.A.R.S étaient soudés dans l'adversité, même si nous serions bientôt encore aux quatre coins. Indépendants, libres, mais fraternels.