C'est stupidement dans un placard que ma démarche chancelante me mène quand je me sépare d'Alice, venue gentiment m'aider à marcher. Un endroit sombre et étroit, même si de base j'aime pas être enfermé, là j'ai la sensation d'avoir besoin de voir que rien peut me tomber dessus, aucun danger, de nul part. Quatre murs, une porte, que je claque derrière moi avant de me laisser retomber au sol. Entre deux balais, quelques produits ménagers – l'idée de les avaler pourrait même me traverser l'esprit -, de la réserve de fringues et de tissus. Le silence m'enveloppe. Pour une fois, il m'est agréable.
Mes jambes ramenées contre mon buste, entourés de mes bras, ma tête se pose contre le mur. Étrangement, j'me sens … calme. Pas bien. Calme. Moi qui pensais que j'allais vriller quand j'ai quitté la salle sous le regard des autres, j'me trouve à dissocier, loin, loin de mon corps et de la réalité. C'est peut-être égoïste, mais au fond, j'crois qu'une part de moi est soulagé de pouvoir mourir rapidement des mains de ces pirates. Ce qui m'angoisse, ce sont que les miens puissent tomber aussi. Si je pouvais au moins mourir en les sauvant ... Cette pensée, je me l'avoue, est douce et réconfortante. Partir, mais pas en vain.
J'ferme les yeux et prend une longue inspiration par le nez. Tout ça me dépasse. Et je sais que mes pensées sont pas saines.
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Sujet: Re: Dear God Ven 6 Jan 2023 - 23:46
Thaïs observe les personnes quitter peu à peu la pièce et elle suit du regard Daniel, soutenu par Alice. Après avoir échangé encore quelques secondes avec les derniers survivants avant de partir, elle finit par se lever et par prendre la suite de Daniel, inquiète pour son ami. Elle l'aperçoit se faufiler à l'intérieur d'un des placards et refermer la porte derrière lui.
La militaire hésite, il a peut-être besoin d'un peu de calme et de tranquilité. Les pirates ne l'ont pas épargné. Au delà de la souffrance physique, du traumatisme d'avoir perdu une oreille, c'est surtout sur le côté psychologique déjà fragile du Gentle Bastard qu'elle s'inquiète. Thaïs prend une grande inspiration et frappe quelques coups à la porte du placard.
Elle n'attend pas une réponse avant d'ouvrir et de se pencher vers l'obscurité. « Tu me fais une place ? » demande-t-elle avant de s'avancer à son tour et de se glisser à l'intérieur. L'espace est petit mais suffisamment grand pour les deux personnes. Ils ne sont pas de gros gabarits heureusement. Elle grimace quand ses épaules se rappellent douloureusement à elle. Le long séjour sur la proue de la péniche a laissé quelques séquelles qui mettront du temps à partir. « Est-ce que ça va ? » demande-t-elle finalement, sans pouvoir discerner les traits du visage de son ami dans la pénombre.
On toque. Je tressaille mais remue à peine. J'aimerais lui dire de déguerpir. J'aimerais hurler, frapper dans tout ce qui bouge, craquer une bonne fois pour toutes, jusqu'à ce qu'ils ne puissent rien faire d'autre que me coller une balle pour me calmer.
Mais Thaïs entre, et dans ma semi-léthargie, je fais rien d'autre que remuer à peine une fesse pour la laisser s'asseoir à côté de moi. Je ramène mon avant-bras platré contre moi, l'enserre de mon autre bras et laisse mon regard perdu dans le vide. Son parfum naturel empli le petit placard, et sa présence m'enveloppe aussitôt. Je ferme les yeux, prends une grande inspiration pour me réguler. Elle aussi, a pris cher. Je sais pas comment elle fait pour être si calme, si … elle-même, après ce qu'elle a dû endurer pendant six jours. Je sais pas où elle trouve la force et la résistance pour se battre encore. Et pour avoir si peu de séquelles physique et psychologique.
Oui. Ca va, je souffle juste à sa question, après de trop longues secondes de silence.
J'ai la bouche sèche. Hors de question de me la ramener encore une fois avec mes états d'âme.
Et... et toi ? J'ajoute encore.
Inconsciemment, mon corps exerce un mouvement de balancier d'avant en arrière, comme si je me berçais moi-même. Impossible d'ignorer l'angoisse, l'épée de Damoclès qui trône cyniquement au-dessus de nos têtes. C'est comme si on était déjà condamné. Et j'ose pas exprimer à Thaïs mon pessimisme à ce sujet. Alors je choisis de me taire. Ca me change.
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Sujet: Re: Dear God Jeu 12 Jan 2023 - 15:35
« Tu es sûre ? » souffle Thaïs d'un air interrogatif. Vu ce qu'il a subit et l'état dans lequel il était il y a encore quelques semaines, que Daniel n'aille pas bien serait plus que logique. Et puis, une personne qui va "bien" ne s'enferme pas dans un placard à balai. Elle a peur d'insister. « T'en veux un ? » La militaire sort de sa poche un paquet de caramels qu'elle a trouvé sur la table des mises il y a quelques temps. Un peu de sucre ne fera jamais de mal à personne, surtout en post-apocalypse.
Daniel s'inquiète à son tour de son état. « Moi je vais bien. » affirme-t-elle. « il m'en faudra plus pour me mettre à terre » Thaîs ne s'en vante pas, c'est juste un fait. Certes, elle a passé 6 jours suspendus à la proue de sa péniche, elle a bien cru y mourir, mais justement, elle n'est pas morte. C'est avec une nouvelle rage et une volonté de s'en sortir qu'elle est désormais là. Et physiquement, grâce à Lee, elle a pu boire et ne pas mourir de soif sur cette proue. Ses bras sont écorchés, douloureux, mais elle n'a pas de blessure sérieuse.
« Mais j'ai peur pour Reese et pour Sam » avoue-t-elle ensuite. « J'ai peur de commettre un impair et que ça leur porte préjudice » Le poids des responsabilités ne lui avait jamais semblé aussi lourd à porter bon sang. « On va s'en sortir » souffle-t-elle alors. « Comme à chaque fois » Il n'y a pas d'alternative possible. Ils doivent s'en sortir.
Je ferme les yeux, déglutit, hoche la tête même si elle peut pas me voir. Ouais, ça va, j'suis sûr. J'ai la nausée qui remonte doucement mais sûrement. J'ai l'impression d'être à l'étroit, à vif dans mon propre corps. Ma main attrape par réflexe le caramel qu'elle me tend, et j'le garde, le triture un peu. D'ordinaire, c'est le genre de truc que j'avale aussitôt. Là … ça me noue l'estomac. J'ai l'impression que j'pourrais jamais remanger normalement. J'ai encore le goût du sang, de la chair – ma chair ! - dans la bouche.
Je souffle du nez. Au moins, Thaïs est et restera le roc qui m'a toujours impressionné. Insubmersible.
T'es incroyable, je marmonne, sincère.
Mais mon ventre se sert quand elle mentionne nos deux enlevées. Reese. Ça me donne envie de pleurer. Je veux pas donner l'illusion que j'suis défaitiste. À défaut d'être utile, j'aimerais avoir le mental, ou du moins, faire semblant, pour que tout le monde garde espoir. Mais je l'ai plus, moi. Je vois plus la flamme de la bougie.
Sûrement, ouais.
Si elle le dit. Ma voix est grave, lointaine, bien éloignée de mes intonations aigues et enjouées que j'ai d'ordinaire. J'ai même pas envie de dire que j'y crois pas, parce que j'ai pas envie de l'entendre tenter de me rebooster. J'ai plus la force pour ça non plus. Je veux plus que les autres se donnent du mal pour tenter de me garder la tête sous l'eau.
J'crois que ... je souffle après un long silence, parce que le silence de Thaïs est encore pire, j'crois que quoiqu'on fasse, ils trouveront un moyen de nous pourrir. Même si on s'plie à leur volonté.
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Sujet: Re: Dear God Jeu 26 Jan 2023 - 15:44
« Oui, je sais, on me le dit souvent » tente-t-elle de rétorquer avec une petite oeillade malicieuse mais Thaïs comprend vite que Daniel n'est pas d'humeur à rire. Elle retrouve son sérieux et pose sa tête contre le mur du placard. « Je ne suis pas incroyable. Je pars juste du principe que tant que je respire c'est que rien n'est perdu » Ses yeux se perdent dans l'obscurité. Elle réfléchit à tout ça, cette situation lui semble tellement compliquée et elle est soulagée que les Gentle Bastards puissent compter sur les Exilés aussi pour se serrer les coudes.
« Je crois aussi » finit-elle par avouer, la mort dans l'âme. C'est évident, les pirates voudront toujours plus, ils prendront leurs ressources, ils les écraseront, ils leur marcheront dessus. « Mais déjà pour le moment, on a pas le choix et ensuite, je ne leur donnerais pas le plaisir de baisser les bras. » Hors de question de les laisser gagner aussi facilement. « La situation parait perdue d'avance, mais je te promets qu'ils paieront, d'une manière ou d'une autre » souffle-t-elle en tentant de capter le regard de son ami.
« Leur cruauté n'a pas de limite, ce qu'ils t'ont fait est inacceptable, mais ça ne doit pas te briser... » souffle-t-elle. « Les prochaines semaines ne vont pas être faciles, mais on va tous se serrer les coudes. Protège-toi, baisse le regard quand tu croises le leur, évite-les, ne répond pas à leurs provocations. Il faut être transparent dans ce genre de cas... » Thaïs le regarde, elle croit en lui. Il fait partie de son équipe, de sa famille.
Je capte pas son trait d'humour. Pourtant d'ordinaire j'suis le premier débile à pouffer à ce genre de vanne. Mon regard reste sombre, braqué devant moi dans l'obscurité, et mes narines tressaillent à la suite de ses mots. J'arriverai jamais à percevoir les choses de la même manière. J'ai essayé, pourtant. J'ai fais semblant, du mieux que je pouvais.
Mais pourtant, Thaïs admet finalement être d'accord avec moi. Qu'on est dans la merde, de la pire manière possible, et qu'elle non plus ne voit pas d'échappatoire. Même si, juste après cette confession, elle tente, optimiste, de voir les choses autrement. Mais... ça ne prend pas. Ça ne prend plus. Je hoche la tête, même si elle ne me voit pas.
Ils … m'ont pas brisé.
Pas plus que d'autres choses, d'autres évenements. Ça, j'aurais pu gérer. Mais … je suis juste fatigué. Complètement épuisé.
Ça, je sais faire, je marmonne un peu sombrement.
Fermer ma gueule, me soumettre, baisser les yeux. Tout faire pour convenir à une figure d'autorité agressive. C'est ma capacité à me soumettre qui a fait que j'ai survécu si longtemps, je le sais. Je me tais, n'ajoute rien. J'ai pas envie de l'inciter à davantage tenter de me rebooster parce que je sais que c'est peine perdu, mais j'ai pas envie de faire semblant. Alors … je dis rien. J'attends. Elle partira sûrement d'elle-même et me laissera seul dans ma bulle de noirceur.
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