The Walking Dead RPG

"Non. C'est vrai. Mais tu te relèveras, tu trouveras d'autres choses et tu feras des épreuves une force." Je hausse une épaule. "Ou tu plongeras si tu n'arrives pas à faire cela." Je suis fataliste mais c'est ainsi ue ça fonctionne. Soit elle se relève, soit elle meurt. Jusqu'à maintenant, l'instinct de survie a été le plus fort, mais combien de temps encore ? Jusqu'où pouvons-nous repousser les limites de notre tolérance à la douleur, au deuil, aux pertes ? Difficile à dire. J'espère que Ruby n'a pas atteint le point de non retour... Faut déjà passer le cap. Et là, à la regarder recroquevillée comme un animal blessé... j'ai un léger doute. Y a-t-il seulement des personnes qui lui donneront envie de se battre ?

En tous les cas, elle est au moins capable de colère, c'est une bonne chose. l'apathie m'aurait davantage alarmé concernant son état mental. Alors que là... Je me fiche bien d'être la cible de sa rage finalement, ou même de ses reproches. Je ne me sens pas fautif dans ce qu'il s'est passé. Uniquement dans le fait de ne pas avoir été assez rapide pour arrêter Joaquin en fait. Parce que sinon... Je n'avais provoqué personne, pas fait de vagues et elle peut bien m'accuser de ne pas avoir tenté de lui sauver les miches, le fait est que ces connards avaient juste envie de s'amuser et de brutaliser les gens et agresser les femmes surtout, gratuitement. le moindre prétexte était bon, et la recherche de la vérité secondaire finalement. Je pince les lèvres quand elle approuve, ne répondant rien. Joaquin a agi par instinct, outré qu'on s'en prenne à sa copine... Ils l'ont payé chèrement tous les deux. Bien trop. Et elle en arrive à la même conclusion que moi... Ils se fichaient finalement d'avoir des réponses. Ruby a tenté de sauver sa peau en vendant celle de quelqu'un d'autre, mais en vain. Il n'y a rien à ajouter là dessus malheureusement. Seulement qu'on était tous tétanisés à ce moment là et qu'aucun de nous ne voulait subir de sévices. Je n'ai pas honte d'avouer que j'ai eu la trouille aussi au final. Ruby écoute mais ne dit rien d'abord, pleurant juste en silence.

Oui, Ruby avait servi d'exemple.

Je ne peux rien faire pour elle quand elle confie vouloir juste oublier. Cela n'arrivera pas. C'est gravé à jamais dans sa chair et elle devra vivre avec ces cauchemars... Je ne suis moi-même pas prêt d'oublier cette scène de cauchemar. Mais au moins a-t-elle eu un répit en tombant dans les pommes. Du coup, je lui raconte un peu ce qu'il s'est passé ensuite et elle s'effondre en larmes... Et finalement, alors qu'elle se complait dans son malheur, je claque la langue et réponds avec un brin de brusquerie : "Tu seras l'image que tu montres. Comporte toi comme une victime et tout le monde ne verra que ça. Relève la gueule et agis comme une survivante et ils l'oublieront. Ca ne sert à rien de t’apitoyer comme ça sur toi, Ruby. Bordel, t'es une battante. T'as réussi  à t'en sortir jusque maintenant, en usant des armes dont tu disposais. Et je pense pas que ce soit grâce à ton cul. Alors, prends le temps de lécher tes plaies, mais montre pas combien cela t'a atteint." J'ai parlé sans trop réfléchir, convaincu par mes arguments et ce que j'avance. Quitte à être brutal, mais la compassion, c'est pas mon truc.

Freedom in my veins

« Seul le présent nous appartient. Les beaux rêves sont écrits sur le sable. Le vent souffle... Il n'en reste rien.» by Wiise

Spoiler:

Les choses paraissaient si simples à l’entendre. Si Tiago était capable de faire preuve d’un tel recul, c’était bien parce qu’il n’avait pas été directement touché par les événements qui avaient eu lieu sur la péniche. Il m’avouait avoir eu peur, assez pour ne pas agir à leur encontre… mais ce que j’avais éprouvé ce jour-là était bien loin d’un simple sentiment de peur. J’avais eu l’impression de mourir. Pire que ça, j’avais été marquée à vie dans ma chair et dans mon esprit.

Il n’y avait pas que mon corps qui avait besoin de temps pour se remettre de ses blessures. Chaque jour qui passait, je me demandais s’il ne serait pas plus facile d’en finir. Je ne pouvais pas taire ces pensées noires, tout comme je n’arrivais pas à chasser les derniers événements de mon esprit. Oublier serait une véritable délivrance, mais c’était parfaitement impossible. Et, même si j’arrivais à passer à autre chose, croiser leur regard me ramenait immanquablement à cet instant précis où tout avait basculé. C’était presque une chance qu’ils aient emporté Joaquin. Je n’avais au moins pas à supporter son regard à lui, que j’imaginais sans mal empli de culpabilité. Contrairement à lui, je n’avais strictement rien fait pour mériter ce qui m’était arrivé. Il avait scellé mon sort en cherchant à m’épargner. Comme toujours, Joaquin ne réfléchissait pas aux conséquences de ces actes.

Imaginer ce qui avait pu se passer ensuite ne fit que me faire fondre en larmes. « Je serais sûrement morte s’ils avaient décidé de me pendre à la proue au même titre que Thaïs. » Soufflai-je d’une voix atone, en tentant vainement de me consoler. Il s’en était fallu de peu, vu l’hémorragie provoquée, pour que je m’éteigne pour de bon. J’aurais pu également contracter des infections avec cette lame souillée, rendant les blessures bien plus terribles encore qu’elles ne l’avaient été. Mais avoir eu de la chance dans mon malheur ne me rendait que plus amère encore.

Les paroles de Tiago claquèrent dans l’air, presque avec violence, me forçant à tarir mes larmes. Je sortis ma tête de derrière mon coude que pour lui lancer un regard noir au travers du rideau humide qui recouvrait encore mes yeux. « Je rêverais de me tenir devant toi, à te tenir ce même discours, alors qu’ils viendront de te couper les couilles, Tiago. » Lâchai-je avec hargne. « C’est facile à dire pour toi qui n’a rien perdu, rien subi. A t’entendre, il suffirait d’un claquement de doigts. Tu as autant de compassion qu’une putain de mouche morte. » Même si je savais qu’il avait raison, je n’étais pas encore prête à l’entendre. C’était encore trop frais dans ma tête. Je n’avais pas la résilience que d’autres pouvaient avoir. Je m’étais toujours contentée de me tenir loin du danger, bien à l’abri. Jusqu’à maintenant, je m’en étais sortie justement grâce à mon cul… mais pas que. « J’ai mille plans en tête pour m’assurer de me faire un collier avec leurs propres couilles, mais dans l’immédiat, tant qu’ils ne seront pas partie de la baie, ce n'est même pas la peine d’y songer. » Je le fixai longuement ensuite. « Et puis… quelque chose me dit que tu seras bien le dernier sur qui je pourrais compter malgré tes grands discours. Moi, je n’ai plus rien à perdre. Il me faut seulement garder une dernière balle pour moi, juste au cas où. Mais toi ? » Nous savions tous les deux qu’il ne serait pas prêt à se mouiller. A partir du moment où ma seule idée était de prendre ma revanche avant d’en finir, ça ne le concernait plus vraiment.

« I hate to see what I've become, I find no peace, no justice done This gravity, it's carving the heart out of me I've got to bleed it out, all my thoughts intoxicated 'Cause the weight on me, it buries me alive »

C'est très perturbant de voir Ruby aussi vulnérable. Je sais qu'elle est fragile, mais sa force de caractère, sa rouerie, ont toujours réussi à faire illusion... Mais là... Elle semble être dépourvue de cette petite flamme qui lui permet de briller et de faire oublier qu'elle n'est qu'une frêle jeune femme. Mais elle a raison, humiliée, exposée, comme le fut Thaïs, elle serait morte, elle n'avait certes pas les ressources pour y réchapper. Thaïs était bâtie bien autrement qu'elle et avait possiblement une volonté bien plus forte. Mais ce qu'avait fait ces hommes demeurait inhumain. Malheureusement, ce sont ces personnes qui prospèrent dans ce monde. Pourtant, à entendre Ruby, la mort aurait peut-être été préférable finalement... N'aurait-il pas mieux valu la laisser mourir finalement ? Nous reprochera-t-elle un jour de ne pas l'avoir laisser crever comme un chien d'une hémorragie ? Possible.

Son défaitisme, son apitoiement finissent par me faire exploser alors que je la secoue, pas de façon très délicate ni diplomatique d'ailleurs. Mais au moins, c'est de la colère que cela suscite chez elle et pas cet état d'abattement qui ne m'augure rien de bon. « J'ai besoin de mes couilles pour jouir. T'as pas besoin de tes seins. » Ma voix claque, mais je ne montre aucune émotion. « Tu veux que je m’apitoie avec toi ? Que je pleure avec toi ? Cela te fera du bien ? Cela arrangera les choses ? »  Non, bien sûr. « Je ne pensais pas t'entendre réclamer de la pitié un jour. » Je lâche cela avec une pointe de dédain. Je suis extrêmement dur avec elle, je le sais, mais il y a d'autres personnes autour d'elle pour lui témoigner cette fameuse compassion dont elle parle. Je ne suis même pas certain qu'elle en ai besoin. Elle enverra très sûrement chier les gens qui en feront preuve comme elle le fait avec moi qui en suis dépourvu maintenant. Mais je préfère la voir s'enflammer d'indignation, que d'assister à l'extinction complète de sa flamme.

« Tu peux y songer, il faudra juste retarder l'exécution ? Tu as mieux à faire de toute façon ? » Coincée comme elle l'est sur cette couchette de fortune, à lécher ses plaies comme un animal blessé... je doute qu'elle ai une autre occupation avant un moment. « Je ne suis pas assez désespéré pour aller me suicider. Tout dépend de ton plan. Et du sens dans lequel le vent va souffler. » J'ai un léger rictus. Évidemment que je n'irais pas me jeter dans la gueule du loup pour ses beaux yeux. Si elle veut se venger, grand bien lui fasse. Mais elle a raison, je ne risquerais pas ma vie pour elle. Je ne suis pas Joaquin. Peut-être trouvera-t-elle un nouveau protecteur, même si je me demande qui pourrait endosse ce rôle désormais.

Freedom in my veins

« Seul le présent nous appartient. Les beaux rêves sont écrits sur le sable. Le vent souffle... Il n'en reste rien.» by Wiise

Spoiler:

Un hurlement presque bestial franchit la barrière de mes lèvres. Avec les maigres forces qu’il me restait encore, j’attrapai tout ce qui me passait sous la main pour lui envoyer à la figure, quitte à réveiller la douleur qui pulsait à ma poitrine. Au final, ce n’était rien de plus qu’un coussin, quelques bandes propres et un peu de matériel médical. J’aurais rêvé d’avoir un de ses propres couteaux à portée de main pour lui enfoncer dans l’œil. « Va-t’en… dégage putain ! » Lui criai-je à la figure, hors de moi. « Je ne veux pas de ta pitié, je voudrais juste que tu crèves ! Je ne sais même pas comment Kaycee est capable de supporter un mec comme toi. » Feulai-je, en manque d’arguments.

A défaut de mieux, je décidai de lui tourner le dos pour faire face au mur. Je me recroquevillai sur moi-même sous mes couvertures, sentant les larmes me monter à nouveau aux yeux. J’en avais assez de pleurer sans arrêt, mais la douleur était désormais si foudroyante après tant d’agitation que simplement respirer me faisait mal. Les larmes coulèrent silencieusement, faisant trembler tout mon corps frêle sous le refuge de mes couvertures. Je ne voulais pas lui donner la satisfaction de m’entendre sangloter comme une enfant. J’en avais assez de leurs regards chargés de jugement ou de pitié. J’étais tellement épuisée de devoir les supporter au quotidien. Je n’avais pas besoin de m’infliger en prime les remarques désobligeantes de Tiago, qui ne pouvait – et ne voulait – pas comprendre ce que je traversais. Il m’avait fait croire que ma pudeur l’avait importé, mais qu’on profane ma féminité ne lui faisait strictement rien. J’aurais voulu faire disparaître tous les hommes de la surface de la Terre, à commencer par lui.

« Laisse-moi… » Soufflai-je d’une voix faible, épuisée, après mon éclat de colère. Il voulait me faire croire que ce que j’avais en tête pouvait changer la donne, mais je savais bien qu’il partirait à la première occasion qu’il lui serait laissé. Aurait-il réellement tort de le faire ? Je ne pouvais pas vraiment l’en blâmer. J’en aurais fait de même à sa place. Mais, contrairement à lui, le seul éclat qui me maintenait encore en vie n’aspirait qu’à la vengeance. Je l’obtiendrais, quoi qu’il m’en coûte.

« I hate to see what I've become, I find no peace, no justice done This gravity, it's carving the heart out of me I've got to bleed it out, all my thoughts intoxicated 'Cause the weight on me, it buries me alive »