The Walking Dead RPG

Il soupire. « Rien. En effet. » Dit-il. Effectivement, la jeune femme avait raison : qui pouvait lui assurer que la proposition n’était en réalité qu’une tentative de piège ? Ou quoi que ce soit d’autre qui, au final, causerait plus de torts qu’autre chose, à celle qui n’était point rassurée d’être ici, face au trappeur. Il soupire à nouveau, et se pose, face au feu.

Face à la froideur de la jeune femme, la chaleur des flammes avait quelque chose de rassurant et d’agréable. La moiteur ambiante, toutefois, avait quelque chose de glaçant. La tempête était terrible dehors, et le froid, le vent et la neige, étaient, à cet instant, des adversaires bien plus violents et bien plus à craindre que les mordeurs dehors. Alors… Mieux valait être ici, au chaud.

Mécaniquement, le trappeur tapote le foyer incandescent à l’aide d’une branche. Il s’agit là plus d’un moyen de passer le temps et de se détendre, qu’une réelle volonté d’alimenter le foyer en air, ou de l’aérer pour obtenir plus de flammes. Il entend la jeune femme voler au secours d’un volet récalcitrant, avant d’aller farfouiller quelque part, sous les lattes du plancher. Elle ramène… Un lapin ? Vidé, nettoyé, dépecé… Après toute cette méfiance, le trappeur en est presque choqué : pourquoi partager soudainement un repas avec celui qu’elle avait tenté de désarmer ? Sans aucune confiance, en plus !

Mais l’estomac du trappeur, en sommeil jusque-là, se rappelait à lui face à l’odeur enivrante et alléchante. « Pas grand-chose, peut-être. Mais cela reste toujours mieux que rien du tout. Au moins, nous vivrons une nuit de plus. » Dit-il, conscient qu’une viande cuite donnerait des protéines et des nutriments, et donc, prolongerait la survie de plusieurs jours.

Toutefois, lorsqu’elle demande à voir le couteau, le trappeur se fige, l’espace d’un instant. « Heu… D’accord. Tiens… » Lui dit-il, avant d’effectivement tendre l’arme, en la tenant par la lame. Le pommeau ainsi offert, la jeune femme pouvait se saisir de l’arme sans craindre quoi que ce soit de la part du trappeur. S’il devait tenter quoi que ce soit, ce serait sa paume à lui qui serait blessé…

« C’est un couteau basique… De chasse… Je l’ai depuis des années. » Dit-il, pour faire la conversation…

Alors qu'elle s'attelait à placer correctement la carcasse du lapin près du feu, elle ne manque par le regard surpris de l'homme lorsqu'il comprend qu'ils allaient partager ce maigre repas. Elle était méfiante en effet, mais la fermière avait du mal à se défaire de sa nature généreuse. Cet inconnu, si finalement n'allait pas lui faire le moindre mal, lui rendra peut-être l'appareil si un jour ils venaient à se recroiser ? Mais la blonde pense surtout à offrir avant de recevoir une récompense en échange. Une nuit de plus si on ne s'entretue pas. Plaisante la trentenaire avec un sourire sincère.

Avec précaution, la fermière récupère alors le couteau de chasse que lui présente l'homme, le quittant des yeux pour admirer son arme sous la lumière dansante des flammes du foyer. Visuellement il n'avait rien de particulier en effet, et ce qui était étonnant. La blonde s'attendait à une arme unique. Son pouce gratte faiblement la lame du couteau tandis que ses yeux reviennent sur Ulysse. Des années.. Répète-t-elle, pensive et immobile. Au bout de quelques secondes, elle tient sa parole et lui rend son arme en la tenant, à son tour, par la lame.

Même si il est basique, il doit être important pour toi, non ?Qu'elle demande en revenant s'asseoir face à lui, en osant le faire sans arme au cas où. Elle était moins agressive cette fois-ci, plus calme, posée. Avenante. Elle était curieuse. Pourquoi alors tu m'as demandé de pas te le prendre ? A ses yeux, c'était quand même une demande étrange alors qu'elle l'avait dépouillé de ses armes à feu. Elle aurait réagit de la même manière de son côté si on lui avait pris son remington. Une pièce de collection, un souvenir de son père.

Lily finit par se lever à nouveau, poussant son pauvre fauteuil vers Ulysse mais surtout vers le feu, ressentant quelques courants d'air gelé dans son dos. Au passage elle vérifie la cuisson de leur repas gourmand. Alors, Ulysse.. Tu faisais quoi avant tout ça ? Elle faisait évidemment référence au monde qui s'écroulait sur lui-même. T'as l'air beaucoup trop dégourdi pour quelqu'un qui a appris sur le tas.

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La plaisanterie de la jeune femme fit sourire le trappeur, qui regardait la viande cuire avec une avidité certaine. Il ne put toutefois s’empêcher de la regarder, avec cet air sérieux et interrogateur, qui traduisait l’inquiétude d’une vérité camouflée derrière des mots à doubles tranchants, et un sourire de circonstance. « Heu… Si… Enfin… Je ne compte pas te faire de mal hein. » Et cela était la vérité.

Lorsqu’elle regarde le couteau de chasse, Ulysse a un petit moment d’inquiétude, encore. Si elle le voulait, elle pourrait planter le tranchant de la lame et faire de gros dégâts, sans même avoir besoin d’appliquer trop de force pour pouvoir réussir son coup. L’outil était tranchant, car Ulysse en prenait grand soin. Lorsqu’elle répète l’indicateur de temps depuis lequel, l’arme était en possession de son porteur, Ulysse acquiesce doucement, silencieusement, regardant la jeune femme qui manipulait la lame sans crainte, et sans peur.

« Oh heu… » La question était bonne, et intéressante même. Pourquoi demander à ce qu’elle ne prenne point la lame ? Pourquoi demander cet avantage ? Cette aide ? Cette faveur ? « Non, à dire vrai… Ce n’est qu’une lame. Ni le cadeau d’un paternel, ni une première création ou fabrication… » Il tente de comprendre la question, et pèse encore le pour et le contre, quant à l’intérêt de collaborer étroitement et de dire toute la vérité. Et puis, finalement… Il se rappela qu’il n’était ni mauvais, ni manipulateur, ni même attiré par quelques facéties que ce soit.

« Je… Je ne voulais juste pas être désarmé. Tu avais pris mes deux armes à feu… Je les possèdes aussi depuis des années. Et, dans le sac que j’avais, et que j’ai déposé, il y a ma scie dentelée donc… Eh bien… J’aurais été comme… Nu. » Et cela était très désagréable, psychologiquement. Et difficile à expliquer… Mais voilà que la jeune femme allait lui redonner l’occasion de s’expliquer.

« Heum… » Exprimait-il, grattant sa barbe, regardant la cuisson du lapin. Soudainement, l’attitude de la jeune femme semblait être l’exacte opposée de ce qu’elle montrait, a peine quelques minutes plus tôt. Légèrement déstabilisé, le trappeur répondit tout de même. « J’étais… Trappeur. » Puis, il sentit le besoin – ou la nécessité – de s’expliquer plus avant. « J’ai toujours voulu être seul, et dans la nature. Je suis parti jeune, et je me suis trouvé une demeure dans la forêt, à une cinquantaine de kilomètre de tout être humain. J’y ai vécu des années… Je chassais, j’avais un potager, des fumoirs et saloirs, un poulailler… Donc… La débrouille… J’ai l’habitude. » Expliquait-il, sincère. « Et toi Blanche ? »

Voir un si grand gabarit déstabilisé par de simples mots, fait doucement sourire la trentenaire qui ne parvient pas à contrôler la courbe que font ses lèvres. Cela lui donne un petit air charmant, si toutefois il ne joue pas un rôle qu'il endosse à la perfection. La réponse qu'il lui donne ensuite n'est pas celle que la jeune femme attendait, et son avide curiosité se retrouve sans rien à se mettre sur la dent. Je vois. Elle comprenait, évidemment, même si elle aurait quand même préféré entendre une tout autre histoire plus intéressante.

Puis c'est autre chose qu'il lui offre comme histoire, la sienne, celle qui a forgé ce qu'il était aujourd'hui - si il ne mentait pas, encore une fois. Alors elle est patiente, très attentive et le dévisage, gardant un certain recul sur ce qu'il lui raconte, gardant dans un coin de sa tête que cela pouvait être inventé de toute pièce. Et t'as jamais ressenti le besoin de.. je sais pas.. parler avec des gens ? C'était un peu surréaliste. Réussir pendant toutes ces années à vivre seul sans virer fou, c'était étrange.

Mais ce qui était intéressant aussi, c'est que si son histoire était vraie, ils avaient plusieurs choses en communs. Enfin.. d'un point de vue différent. Elle avait tellement de questions à lui poser soudainement, sur sa façon de faire concernant le potager, ses recettes pour fumer et saler.. enfin quelqu'un d'autre avec qui en parler depuis qu'elle n'avait plus Cassidy. Mais Lily préfère rester silencieuse pour le moment sur sa curiosité, pour ne pas paraître intéressée et dévoiler un point faible.

Ulysse en profite d'ailleurs pour lui retourner la question et ça tombe bien, ça lui permet de refreiner pendant quelques minutes sa curiosité bien trop violente. J'étais agricultrice et éleveuse. Répond la trentenaire d'une voix posée, amenant ses jambes contre elle pour mieux se caler dans le fauteuil défraîchi. Ses yeux se perdent un instant dans la danse des flammes du foyer. Je suis née et j'ai vécu toute ma vie dans la même maison. J'ai perdu mes parents dans l'incendie de notre maison, que j'ai retapée avec des voisins, et j'ai toujours vécu comme ça. Parler de cette épisode aujourd'hui, au moins, ne la faisait plus pleurer. Ses yeux reviennent se perdre dans le visage de son vis à vis. J'avais de nombreuses plantations de légumes et de fruits. Mais aussi des vaches, des chèvres et des poules. Le week end les gens me commandaient des paniers composés, et ensuite je livrais à Seattle et dans ses alentours.

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L’apparente déception – ou ce qui s’apparentait à cela – était si tangible que même Ulysse, pourtant peu habitué aux interactions humaines et à leurs difficultés d’interprétations, pouvait en ressentir les moindres aspects. D’une certaine manière, le trappeur était curieux de savoir pourquoi une telle réaction de déception. Sans doute que, malgré son manque de confiance et sa visible inquiétude de la présence d’un homme si proche d’elle, la curiosité d’une histoire originale était plus grande encore.

Mais la jeune femme pose encore une question. Celle-ci, le trappeur l’avait entendue à des très, très nombreuses reprise. A chaque fois qu’il rencontrait une nouvelle personne, que cela soit durant le marché, par le passé, ou les survivants avec lesquels il noua une relation post-apocalyptique, cette question revenait sur le tapis. « Oh heum… Eh bien… Je… » Bredouillait-il, se raclant la gorge. « J’ai toujours été plus intéressé par une vie dans la nature, proche de celle-ci, et avec un certain… Ermitage ? Je ne suis pas sûr de ce mot… » Dit-il, baissant la tête, avant de reprendre. « … Enfin bref, j’ai, très jeune, voulu me rapprocher de la nature et être seul avec celle-ci. Mais grâce à ce que je produisais, je me rendais sur les marchés deux ou trois fois par ans, pour vendre mes produits, faire le plein d’essence, acheter des pièces de mécaniques pour entretenir ma maison et mes véhicules. J’avais des contacts avec des gens, et tout le monde m’appelait « le trappeur de l’Idaho ». Expliquait-il, un sourire dans la voix alors que les souvenirs jaillissaient en sa mémoire. Ce petit voyage dans le passé le rendait… Nostalgique, et presque heureux.

Les explications de la jeune femme créèrent, cette fois, la curiosité en son esprit à lui. Ainsi donc, les deux survivants n’étaient en rien différents, ou peu s’en fallait. Ils étaient tous deux des produits de la terre, des êtres qui, toutes leurs vies, vécurent des grâce de la faune et de la flore domestiquée. Ses yeux s’écarquillèrent, lorsque la jeune femme mentionna ses élevages et ses plantations, alors que, en son esprit, le trappeur se visualisait une vieille demeure typiquement nord-américaine, avec quelques enclos dispersés sur un grand terrain que l’on parcours soit à cheval, soit en tracteur.

« Passionnant ! » Dit-il, regardant alors la jeune femme sous un nouveau jour. Le crépitement de la viande arrivant à température et à cuisson attirèrent le regard du trappeur, lequel retourna la carcasse de lapin de sorte que l’autre côté de celle-ci puisse être également cuite. « Je comprends mieux ce travail plus qu’efficace quant à la préparation de ce lapin… Tu devais être heureuse grâce à cette vie naturelle. »

Le coude de Lily se pose doucement sur le vieil accoudoir à sa gauche, laissant sa main emprisonner son petit menton alors que ses yeux sondent profondément l'homme qui se trouve face à elle. La trentenaire l'écoutait avec beaucoup d'attention, très curieuse par un mode de vie qui, finalement, aurait peut-être pu lui convenir, même si finalement ils étaient assez proche sur leur quotidien. A la différence que Lily voyait un peu plus de monde la semaine, même si ça restait les mêmes clients fidèles et qu'elle ne restait pas pour le café.

Elle prend bonne note du sourire qu'elle voit naître sur les lèvres de l'homme, qui, peut-être, l'aide un peu sur son choix de le croire ou non. Et t'as jamais eu envie de plus ? Sa question, innocente, était très claire dans son esprit. Enfin, quoi, ça veut dire qu'il n'a jamais eu de petite amie ? Il est puceau ? Il croit en Dieu ? C'était une curiosité mal placée, mais Lily n'avait pas d'idées mal placées ; ça l'intriguait, en sachant que si son récit était vraie et ses pensées aussi, il sera le premier qu'elle rencontre comme ça. Je veux dire.. avoir une femme dans ta vie ? Un homme ? Une vie de famille ?

Elle a un léger sursaut de la tête face à la réaction d'Ulysse lorsqu'elle lui raconte ensuite son ancien train de vie. C'était.. rare, ce genre de riposte lorsqu'elle expliquait ce qu'elle pouvait faire dans l'ancien monde. Elle a un sourire d'ailleurs, presque timide lorsqu'il semble réellement passionné par ce qu'elle raconte. Son regard se fait fuyant l'espace d'une seconde, elle replace même une mèche de cheveux derrière son oreille. Honnêtement, je sais pas si j'étais vraiment heureuse. Peut-être que oui finalement, puisque je ne faisais rien pour changer. Elle se râcle la gorge avant de reprendre. Je suis juste.. née là-dedans. J'ai pas de bons souvenirs de l'école et mes parents on fait en sorte que je fasse l'école à la maison. Du coup, je ne faisais que ça : les légumes, les animaux, et la mécanique.

Durant de longues secondes, son regard se perd dans les flammes de la cheminée. Elle débarrasse cette dernière d'ailleurs du lapin qui avait terminé de cuire, pour coincer le piquet qui le maintien dans un espace du plancher, histoire qu'ils puissent se servir. Elle prend une patte arrière, qu'elle décortique en silence.

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« De plus ? » Demandait alors le trappeur, relevant sur la jeune femme, des yeux inquisiteurs et une lueur curieuse. Si Ulysse était un être humain simple et bienveillant, son rapport avec les autres et les interactions sociales étaient, cette fois, nettement plus brouillons. Oh, il pouvait ressentir l’amour, l’amitié, l’attrait et la passion. Il avait déjà senti son cœur s’emballer devant une femme magnifique. Il avait aussi déjà ressenti ce même emballement cardiaque face à une scène offerte par la nature, comme, par exemple, la naissance d’un faon, un lever de soleil sur les montagnes enneigées du Nord des Etats-Unis… Ou même, la marche pataude d’une femelle Grizzly suivie par ses trois petits. Alors, qu’est-ce que cela voulait bien dire, vouloir… Plus ?

La jeune femme s’explique soudainement. Avoir une femme… Un homme… Une vie de famille. Le trappeur, peu à peu, s’enfonça dans son assise tandis que son faciès, lui, se figea dans une mimique de réflexion. « Eh bien… J’ai eu une famille. Je veux dire… Des parents, une fratrie… » Partageait-il, pensif. « Je… J’ai ressenti de l’amour pour des femmes, par le passé. J’ai même eu des petites copines, quand j’étais jeune. Mais… Je ne sais pas… Je… C’était plus fort que moi : vivre dans la nature était plus plaisant qu’autre chose. »

Tout en réfléchissant face aux propos et questions posées par la jeune femme, le trappeur l’écoute parler de son passé. Le fait qu’elle semble confuse sur le caractère heureux ou non de sa vie passée, et sur le caractère monotone et routinier, interpelle le trappeur. Lui aussi était sujet à la monotonie et à la routine, il le fallait bien pour pouvoir survivre dans la nature, loin de tout.

Mais voilà que la jeune femme devient soudainement… Silencieuse. Elle s’occupe du lapin, l’arrachant des affres des flammes pour ensuite le placer là, prêt à être dégusté. Ulysse ne sait point quoi faire à cet instant… Il voit bien que l’attitude de la jeune femme avait changé, le regard perdu dans les flammes… Agrippant lui aussi un peu de viande, s’apprêtant à déguster, il s’arrête toutefois d’un coup d’un seul : « Je… Merci pour la viande. Face à cette tempête, c’est plus que bien venu. »