« Je suis tombée que sur des coincés du rire jusqu’à maintenant, t’as pas idée comme j’ai cru que savoir se marrer était un critère de mortalité. »
Coté rencontres, on peut dire que je n’avais eu que des mauvais plans. Pire que des rencarts a l’aveugle sur tinder.
« J’essayerais de me renseigner mais franchement, si tu veux mon avis, le mieux c’est qu’on se démerde toutes seules. Des gens qui en tondent d’autres pour des trucs dont ils n’ont même pas besoin, on voit de suite le niveau. »
C’est sur qu’avec le GN j’avais un peu trop la notion de communauté, d’entraide et que le coté vénal était surement a retravaillé un peu chez moi. Une chance que j’apprenne vite.
« Elle fonctionne encore et plutôt bien ! Allez va prendre ton matos on se fait une virer meuf ! Et promis, je ne chante que quand j’adore les chansons quand je roule !! »
Sauf que j’aime presque toutes celles dans ma voiture couverte de sticker sur le GN. De mon coté je pars faire mon packetage, un peu nerveusement, un petit souvenir que je dois au fameux Lee, avant de retrouver Max devant ma Titine !! Je prends ma voix de gros lourd pour lui dire, avant de pouffer :
« Alors poupée, ca tente une p’tite viré dans mon gros bolide… »
Désolée mais je ne suis pas choquée de la méthode, je ne ferais pas autrement de mon côté, mais en même temps, Maxine le sait, elle est plutôt ce genre d'escrocs qui ne se laisserait pas marcher sur les pieds. Elle s'esquive seulement pour récupérer l'équipement qu'elle possède, qu'il lui faut attacher. Tout ça lui prend un peu de temps. Les rollers aussi sont pris et accroché à son sac à dos au cas où : Je suis prête, allons-y, souffle-t-elle.
C'est une école apparemment, de ce que j'en sais, elle est un peu habitée, les morts ne sont pas en libertés mais je ne sais pas dans quelle mesure c'est dangereux, dans la voiture, la musique se lance, Max n'y fait pas attention, elle approuve juste de la tête parce qu'elle aime bien en écoutant, ça passe le temps : De ce qu'on m'a dit, il y a une majorité ici, et un complément ailleurs mais... Je ne sais pas où, il faudra que je me renseigne, donc la récupération se fera en deux temps, voilà tout.
Mais ça reste une bonne chose. Plan en main qu'elle retourne dans tous les sens, Max essaie de guider justement Demetra qui conduit. Les routes ne sont pas impeccables malheureusement. Elles sont contraintes à des détours, et sont déjà en train de serrer les fesses pour le retour, en espérant que l'essence ne soit pas sur la réserve à ce moment-là. Je crois que c'est ça, elle croit parce qu'elle n'y est jamais allée, notamment...
Je soupire. Forcement, avec le GN, j’ai une vision idéale de la vie en communauté qui ne semble pas être le cas de tout le monde. Dans les faits, si tout le monde essayait de ne pas penser qu’a sa pomme, on s’en sortirait tous mieux. Mais j’imagine qu’on ne changera jamais la nature humaine.
« Au moins, on sait qu’en cas de négociation, ca sera toi qu’il faudra envoyé en priorité de nous deux. Tant qu’il y a pas de type masqué qui en veulent a mon petit cul en oubliant de me proposer un verre avant, ca devrait le faire !»
Je suis les instructions de Max entre deux refrains massacrés, pardon, retravaillés, par mes soins. Le chemin n’est jamais simple, même avec un 4 routes motrices et on doit faire pas mal de détour avant d’arriver a destination. Je regarde l’endroit par la fenêtre qui me donne la chair de poule, comme a chaque sortie en fait. A croire que Seattle est devenu un décor de film d’horreur.
« Une petite question… quand tu parles d’ancienne forgeronne du coin… ca serait pas Kara par hasard ? »
De types masqués ? Lesquels tu parles ? Elle a l'impression qu'il y en a tellement dans le coin, ça ne fait plus aucun sens. Liam lui a parlé des Oblivions, rapidement, mais ils ne sont pas les seuls, surtout s'ils doivent se trouver à Portland et que Demetra parle de Seattle. En vérité, tellement de choses échappent à Max, en particulier sur la situation de l'état. En débarquant ici, il n'y avait pas un monde où elle aurait pu imaginer ça : Si, c'est d'elle justement, ajoute-t-elle.
Elle ne connait pas Kara, pas personnellement en tout cas, c'est une personnalité ici, de ce qu'elle en a compris. Mais elle a totalement déserté la zone avec son clan, elle est probablement morte ou quelque chose du genre, souffle Max en haussant les épaules, ça l'indiffère un peu, elle ne peut pas pleurer une personne qu'elle n'a jamais rencontré. N'empêche que ses affaires sont toujours là, elle n'a pas pu les prendre avec elle vu le poids, de ce qu'elle en sait. En sortant du véhicule, elle fait signe à Demetra de la suivre. Fais attention à toi, la zone n'est pas sûre, c'est la seule chose qu'elle sait.
« A vrai dire, j’en suis pas sure. Figure toi que le type était plus pressé de m’éclater la tête et m’attacher que de faire la causette. »
Rien que d’y repenser, j’ai un frisson, surtout en revoyant le portait que m’avait montré Armand. Autant il y avait forcement une erreur pour le sauveur de Seattle, autant je ne connaissais pas assez le fameux Lee pour avoir une opinion. Toujours est il que ce type avec un masque hantait toujours mes nuits, assez pour que je sois obligée de m’entraver plutôt deux fois qu’une avant de me coucher le soir tant cela me rend nerveuse.
« De toute façon, les mecs qui confondent drague et viol et se sentent obligés d’agir avec un masque… je pense que rien que ca, il faut se dire qu’il y a plus qu’un problème. Mais c’est vrai qu’avec le passage qu’il y a aux stores, je me demande des fois si je suis pas en train de sourire comme une conne a mon agresseur… »
Je fais une petite grimace a cette idée qui me prend bien plus la tête que j’essaye de ne le montrer. Croiser James me permettrait, surement, d’avoir des réponses, mais pour le moment le cul de Seattle semble introuvable. Je la regarde avec un air surpris quand elle annonce a qui appartient le matos que nous allons récupérer.
« Tu déconnes ? La Kara !! Je vais peut etre taffer sur son matos ?? Vue la qualité de son boulot, ca doit être la crème des crèmes des forges qu’elle avait. Tu sais que mon père ne voulait pas qu’on dise que j’étais forgeronne car il avait peur qu’elle nous fasse virer du NML. J’ai du mal a imaginer ce monument mort… »
Ca ne m’empêche pas de sortir de la voiture et vérifier plutôt deux fois qu’une mon matos m’attendant au pire. J’avais croisé plus d’une fois la femme. Il n’y avait pas que sa production qui était impressionnante. Si quelqu’un avait réussi a la tuer, je n’avais pas envie de m’y frotter. Je montre a ma partenaire mes bolas et avance prudemment vers l’édifice, observant au mieux les fenêtres et ouvertures pour essayer d’anticiper ce qu’il peut y avoir a l’intérieur.
« Tu va jeter un œil derrière ? Je me charge du devant ! »
Eh bien, c'est charmant, dis voir, Maxine fixe sur Demetra un regard agacé, la grimace méprisante qu'elle a est pour cet homme misérable qui a besoin de cacher ses vices sous un masque pour se répandre dans sa violence et sa perversité. Un lâche, petit et mesquin. Y'en a qui ont eu la mauvaise idée de faire des gosses, quand on entend ça, on se dit que leurs mères auraient mieux fait de serrer les cuisses, grogne-t-elle. Je prends note que les types masqués sont à fuir alors, même s'il n'y a rien de très nouveau dans l'idée.
Elle avise l'école, s'avance : Pourquoi elle t'aurait viré de là-bas ? Demande-t-elle, troublée par la remarque. Elle ne supportait pas la concurrence ? Bon, ça peut s'entendre. Même si de fait, Max s'en moque un peu. Elle hoche la tête et se détourne de la forgeronne : On se retrouve vite, le temps pour elle de contourner l'école. Les herbes sont en friche, la nature reprend ses droits sur un espace mal entretenu dernièrement. Depuis combien de temps ? Elle n'en a aucune idée.
Quelques pas supplémentaires, observation de passage, la brune revient en arrière pour rejoindre Demetra, qui semble aviser à l'intérieur. Rien derrière, mais des signes de passage, annonce-t-elle après un temps. En revanche, impossible d'ouvrir la porte, elle a essayé. Seule, oui. Tu as mieux ? Demande-t-elle à la brune avant de noter les vitres éventrées par... Des coups ? Elle n'en sait rien. Viens, elle prend les devants, sa crosse en main. Ça serait toujours utile pour tabasser un ennemi.
« Tu trouves toi aussi ? Quand je te dis que c’est la merde avec les mecs. Ils n’étaient déjà pas fin avant la fin du monde, mais l’apocalypse ne les a pas arrangés avec leurs problèmes de kiki. »
Je vérifie une dernière fois mon matériel avant de lui répondre :
« Mon père a toujours eu un bon instinct pour juger les gens comme pour les chevaux. Il avait peur qu’elle nous dégage pour garder son monopole je n’ai pas cherché à en savoir plus ni prendre le risque. »
Kara était l’âme du NML, lui déplaire n’était pas sans conséquence. Qui plus est, si on avait écouté papa, on serait parti avant que tout n’explose et la famille serait encore ensemble. Je préfère ne pas y penser et fait mon tour d’inspection sans rien trouvé de notable. Je ne sais pas pourquoi les habitants de ce lieu son parti, mais cela a tout d’un lieu abandonné. Je retrouve Max qui me fait son bilan :
« Pas mieux devant mais tu connais le proverbe ? Si on ne passe pas par la porte on le fera par la fenêtre. On pourrait casser une vitre ou tenté par le toit. Je suis une excellente grimpeuse autant en manque de montagne que de mec. »
Elle me dit de la suivre ce que je fais avec curiosité, les bolas a la main :