The Walking Dead RPG

L'épuisement dépeint sur mes traits trahit autant mon manque de sommeil que les tremblements continus de mon corps révèlent cette éternelle fébrilité dont je n'arrive à m'en dépêtrer. La survie à un coût ici, pour autant, nous ne baissons pas encore les bras. Et quand je dis nous, je détaille notamment la brune en face de moi, qui m'a conviée à me parler au détour d'un chuchotement suspicieux, me faisant froncer les sourcils. Quelque chose ne va pas, c'est évident. Enfin, rien ne va, vous me direz, à commencer par ce putain d'endroit. Et tout ce qu'on a fait depuis qu'on est là aussi. Mais passons, ça ne sert à rien de se lamenter.

Serrant inconsciemment ce morceau de verre collé à même ma paume alors que je suis Tasya, les mains dans les poches, je viens à enfin prononcer de premiers mots, d'une tronche sérieusement inquiétée : « Ola, ralentis un peu, Tasya, qu'est-ce qui se passe ? » Est-ce qu'on se retrouve avec un autre corps sur les bras ? Je soupire et je suis prise d'une brusque envie de tourner les talons. Non, quoi qu'elle ait à me dire, je ne veux pas l'entendre. Parce que je redoute le pire à la vision de son visage rembrunit, et je déteste cette sensation. « C'est la merde, c'est ça ? » Encore, n'est-ce pas ? Quand est-ce que ça ne l'est pas.

I'll walk through fire and through rain

Snakes and stone, Skin and bone. Vain and revenge, Betrayed by a friend. Grow cold heart consumed by green, Mesmerize me. Oh, I dare you to try, dare hypnotize me, with medusa's green eyes. ----

 

Elle va partir. Les mots résonnent encore et encore dans son esprit. C'est injuste. Pourquoi elle ? Les départs pour Colville sont fréquents, il y a quelques semaines, Tasya a même incité Caroline à prendre l'un d'entre eux car il devait être détourné par des alliés extérieurs. A ce moment là, elle était très loin de se douter qu'elle-même finirait disgraciée et serait obligée d'embarquer de force vers cet avant-poste. La mexicaine est nerveuse et elle tire Hoani par le bras pour s'éloigner de la foule. Si elle doit partir, elle doit régler certaines choses avant et notamment transmettre à son amie tout ce que la résistance fait entre ses murs.

Hoani lui demande si c'est la merde et Tasya hoche vivement la tête. Une fois à l'écart de toutes oreilles indiscrètes, elle s'arrête enfin pour se tourner vers son amie. « Je dois partir Hoani. On m'envoie à Colville. » Sa voix est fébrile, nerveuse. Au moment où les mots franchissent ses lèvres, elle est à deux doigts de s'écrouler et elle lutte de toutes ses forces pour ne pas laisser les larmes la submerger. « Je n'aurais pas le choix. Je partirai de grès ou de force. » souffle-t-elle, d'une voix essoufflée. « Je.. Je n'en ai pas encore parlé à Ray ou Phoebe, c'est.. c'est trop dur... » Elle etouffe un sanglot. Et si c'était un aller sans retour ? Et si c'étaient des adieux qu'elle le ferait ?

Colville. C'est comme un coup de massue que Tasya m'assène sur la tête, alors qu'elle m'annonce son départ imminent. J'ai un moment de pause, incapable de bouger, ni même de respirer alors que j'assimile l'affreux nouvelle. Avant de secouer la tête, et de m'ébranler, outrée : « Quoi, mais quand ça ? Et pour quel motif ?! »

Je ne saisis pas la déclaration, ni le pourquoi du comment. Et pourquoi, parmi tous les crevards présents ici, il faut que cela tombe sur elle. Ce n'est pas juste. Rien ne l'est, mais le sort s'acharne sur mon amie et je m'en veux terriblement. Incapable de trouver une parade à ce transfert qui va prochainement survenir. Mes paumes frottent nerveusement mon visage, et glissent sous mes cheveux alors que je cherche en vain une solution : « Non, non, non, on va bien trouver quelque chose, on ne va pas les laisser agir impunément ! Tu ne do-peux pas partir à Colville, tu n'as rien à faire là-bas, c'est quoi ces conneries ! » Ni là-bas ni ici, au bidonville, d'ailleurs. Elle parle de nos deux autres alliés et je soupire, les paupières closes. « Je... je comprends. Je... merde, tu n'auras pas à leur dire, on va trouver quelque chose Tasya, il le faut. » Oh vraiment ? Et que pouvons nous faire exactement ? Je ne le sais que trop bien : rien.

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Quand doit-elle partir ? Tasya secoue la tête. « Je ne sais pas, par le prochain convoi... » Donc peut-être dès le lendemain ou quelques jours, mais dans tous les cas, le départ est imminent. Elle en a le vertige. « Ils disent avoir besoin d'infirmières là-bas » Est-ce la seule vérité ? Sa main se pose sur son ventre dont l'arrondi commence à se dessiner sous son pull. Elle s'est faite examinée il y a quelques jours seulement et maintenant, on l'appelle ailleurs, elle a du mal à croire à un hasard.

Tasya lutte contre la détresse qui menace de l'envahir à chaque parole. C'est un enfer. Son départ va l'éloigner peut-être définitivement de toutes les personnes chères à son cœur : Jacob, les jumeaux, sa famille de cœur qu'elle a trouvé ici mais aussi tous leurs projets de rébellion. « Je n'ai pas le choix Hoani, je vais devoir partir. Si je me cache, ils me trouveront et on ne peut pas les laisser fouiller les endroits où les gens m'ont vu... » La maison de Joe en premier lieu, car si la milice tombe sur l'atelier de bombes, ce serait une catastrophe. Avec la promesse de quelques tickets de rationnement, beaucoup n'hésiteraient pas à la vendre aux soldats.

Hoani semble avoir de l'espoir mais la brune secoue la tête. « Il n'y a rien à faire » murmure-t-elle. « Il faut que tu continues à te battre ici, pour tout ce qu'on a commencé à faire et pour ne pas les laisser gagner. Il faut que tu me promettes de ne jamais baisser les bras » Tasya a besoin de pouvoir compter sur elle, de savoir que quelqu'un, ici, se battra pour que New Eden ne gagne pas.

Je passe une main fébrile sur mon visage, comme si cela allait effacer autant la saleté des lieux qui m'imprègne que la désolation que m'apporte cette mauvaise nouvelle. « Besoin d'infirmières à Colville ? C'est une sombre farce ! » Je ne sais que peu de choses sur l'endroit, mais la simple manière dont Ela l'avait mentionné lors de notre dispute suffit à mon imagination.

Je perçois d'ailleurs le geste de Tasya envers son ventre, mais fais mine de ne rien voir. Ce n'est pas un sujet dont je tiens à discuter, là, maintenant. A la place, je rage, et crispe mes dents au point qu'elles en grincent bruyamment. Putain de merde, on ne pouvait pas tomber plus bas que ça. Mais elle marque un point. La cacher revient à vendre sa peau par la suite, et à risquer la vie de nos alliés. « Ces enfoirés. Ils payeront pour ça, je te le promets. Colville, ce bidonville... tous. » Il faut que cela cesse, que ces lieux de damnation éternelle soient détruits.

De la mexicaine il émane une supplique alors, et je me fige. La dévisageant, plongeant mes iris azurés dans les siens, sans mots dire. Avant de saisir ses épaules, et de les serrer fermement. « Je te le promets, Tasya, je te le jure. Même si cela doit être la dernière chose que je dois faire, je me battrai jusqu'au bout. » Pour que tous, ils y passent. Pour que New Eden soit vaincu, d'une manière ou d'une autre. Mais avant de passer à cette étape, je m'enquiers, rapidement : « Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour toi ? » Avant que je ne puisse plus rien pour elle.

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Tasya hausse les épaules avec une petite moue. « C'est ce qu'ils m'ont dit » Mais tout comme Hoani, elle doutait de la véracité de leurs propos. La mexicaine a l'impression d'avoir un poids trop lourd sur les épaules qui lui donne le vertige. Elle aimerait s'assoir et tout oublier, mais l'appréhension lui noue le ventre et n'est pas prête de s'en aller. Les prochains jours vont être durs.

Hoani la prend par les épaules et lui fait la promesse de se battre pour faire tomber New Eden. Tasya hoche la tête, rassurée. « Il est temps que tout ça s'arrête » continue-t-elle d'une petite voix. Il y a eu trop de familles brisées, trop de malheur. New Eden ne peut pas continuer ainsi.

Que pourrait faire Hoani ? Tasya n'a pas une seule hésitation. Pour elle, il n'y a rien à faire, mais elle a tout de même une demande : « Veille sur les autres » souffle-t-elle. C'est sa seule requête « Veillez les uns sur les autres » Tasya ne supporterait pas qu'il arrive malheur à l'un d'entre eux, ils sont sa famille du bidonville désormais, tous unis par le même malheur : celui de la disgrâce. « Tu ne peux rien faire pour moi, mais moi je peux faire quelque chose. Je peux t'expliquer tous les plans que nous avions, la résistance ici. » Déjà, elle l'entraine en direction de la maison de Joe. L'ancien milicien est déjà au courant de son départ pour Colville. Tout comme Jacob, il a été l'un des premiers au courant.

J'oscille entre l'abattement et la fureur grondante, mais n'exprime pas un mot. Peinant à reprendre mon souffle alors que je me remets difficilement de mon intoxication, laissant Tasya me répondre sur ses besoins. Et à nouveau, je me fige, indécise. Venant à hocher doucement la tête, alors que je lui réponds, d'une voix quelque peu tremblante, de ces émotions que je peine à contenir : « Je te le promets. » Un nouvel engagement, qu'il me faudra tenir. Rajoutant après quelques secondes : « On s'en sortira, Tasya. » Il le faut. Au moins, s'accrocher à cette possibilité.

Sans vraiment prêter attention, je me laisse porter par les pas de la brunette, qui me guide au travers des quartiers toujours aussi nocifs du bidonville. Elle m'amène dans une direction précise, mais mille pensées fourmillent dans ma tête, à tel point que je me contente de la suivre aveuglément, en toute confiance. Tiquant seulement à ses derniers propos, qui m'arrache un rictus indéfinissable : « Des plans de la résistance, ici ? » Je commençai à désespérer, à croire que les gens ici se laissaient être écrasés par dépit. Une lueur anime mon regard, et résolue, je redresse le menton : « Dis-moi tout. » Elle sait. Elle sait jusqu'où je suis prête à aller.

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