The Walking Dead RPG

Un sourire doux fleurit sur ses lèvres en écoutant Mary-Abigail. Il y avait chez cette jeune fille quelque chose de viscéralement intuitif, d’authentique, qui rendait sa détermination touchante. Elle n’était probablement plus une enfant depuis longtemps, et elle avait maintenant la charge d’un adulte sur le dos. S’occuper de sa sœur malade, ce n’était facile pour personne.

- Une lettre peut être une super idée, je pourrai l’apporter pour toi, car Selene ne savait pas si l’adolescente pourrait entrer directement en contact avec Zi et même si c’était le cas, ça lui ferait une route énorme, et donc une longue absence, alors qu’elle devrait être auprès de Johanna, j’ai eu de la chance pour les rencontrer, rien de plus.

William, Mary, ils s’étaient trouvés sur sa route sans qu’elle ne les cherche. Ensuite, la relation avec Fort Ward avait amené la musicienne à pouvoir nouer un lien à distance avec une psychiatre. Tout s’était tissé malgré elle, parce que son entourage veillait aussi. Au final, elle devait tout à ses proches, de ce point de vue là.

- Je ne peux pas te promettre que les médicaments la feront aller mieux, c’est… le cerveau est une machine compliquée et fragile, une moue navrée transforma momentanément l’expression bienveillante de Selene, ce n’est pas comme… une grippe, où les symptômes se ressemblent et les traitements aussi. Ta sœur et moi… on souffre toute les deux de quelque chose de mental, ça ne veut pas dire qu’on a la même maladie, la pianiste serait bien incapable de qualifier de quoi souffrait sa cadette, et elle n’aurait pas la prétention de pouvoir essayer, elle a peut-être besoin d’un autre traitement, ou de doses différentes. C’est… c’est important d’être précis, parce que sinon, les effets pourraient amplifier ce qu’elle a déjà.

On l’avait bien mise en garde sur les risques liés à ses cachets, surtout alors qu’ils étaient encore au stade expérimental. Mais les laborantins de Fort Ward avaient réussi leur travail et Selene n’avait qu’à endurer des effets secondaires somatiques avec lesquels elle pouvait composer au quotidien. Elle s’y était habituée, et ils valaient totalement le coup.

- Si je peux un jour, je viendrai vous voir, confirma-t-elle dans un sourire ; elle ne savait pas encore quand, mais elle avait noté l’invitation, tu en sais plus sur cette « psy » que ton père connait ? La musicienne pensa alors à une mesure supplémentaire que pouvait prendre Mary-Abigail, et d’ailleurs, il y a autre chose. Pour aider Johanna, il faudrait l’éloigner des sources de stress ou de sentiments néfastes…, la haine, la peur, le dégout…, je sais qu’elle cherche à retrouver un homme, mais… guérir et mener une vendetta, ça ne peut pas fonctionner, la musicienne en savait quelque chose.

Jamais elle ne saura pleinement se remettre, tant qu’elle n’aura pas lâcher prise sur Chris et Oliver.

« Dum spiro spero »

Go back and forward, but all is melting like the snow ♪ Taking all from us, all we thought was left to know ♪ On what we treasure falls a dusty snow ♪ taking us backwards, but where we will never know.

Récompenses:

J’me frotte le nez, la mine pensive, lui rendant quand même sans m’en rendre compte son sourire à Selene. Il y a quelque chose de différent chez elle et que j’aime bien. Quelque chose d’attachant, surtout dans sa façon de me parler ou de se comporter avec moi. J’suis contente que Joe m’ait demandé de lui parler, j’me dis que ça peut faire partie de ces belles rencontres qu’on peut faire totalement par hasard. Et j’ai un hochement de tête, un peu rassurée quand elle me dit pas que la lettre est une idée totalement stupide. « D’accord ! Je… j’ferais ça avant de partir. » J’ai quand même un soupir silencieux, alors que j’me dis que bon, j’sais pas super bien écrire. J’ai peur d’avoir un peu l’air ridicule avec ma lettre. Mais si ça peut aider Joe, le reste, si ça écorche un peu mon amour-propre, c’est pas si grave.

Quand elle parle des gens qu’elle a eu la chance de rencontrer, je laisse filer un silence. Johanna est tombée sur des gens qui voulaient surtout se venger ces derniers temps et j’ai comme un doute sur le fait que ce soit une bonne chose qu’elle ait croisé Isha et les autres. Ptet que les choses se seraient mieux passées si on s’était pas perdues de vue après la chute du motel. Surement même. Et j’ai du mal à pas me sentir coupable de ça. J’aurais dû mieux la chercher, j’aurais dû la trouver, même au beau milieu de Seattle. Au lieu de ça, j’me suis enfuie et ça, c’est pas bien. « Elle a eu moins de chance que toi. Et je pense que ça va la marquer encore longtemps. » Malheureusement.

J’essaie de piger quand elle commence à me parler de trucs plus complexes, sur sa maladie et celle de ma sœur. Forcément, y a des trucs qui m’échappent un peu. « Mais… ça peut marcher quand même ? Les médicaments. Ca peut vraiment l’aider ? Si c’est bien dosé et tout. » Y a tellement d’espoir dans ma voix que, si je m’en rendais compte, je me trouverais pathétique. Mon visage s’illumine quand même au reste. « J’aimerais TROP que tu viennes ! Je suis sure que t’adorerais le coin. On est au bord du lac, on a même un petit ponton pour aller nager. » Bon, faut aimer l’eau glacée, mais j’viens du Canada, y a rien qui me fait peur moi. « Et j’ai mis plein de couleurs dans ma chambre. » Pourquoi je parle de ça ? Aucune idée. Hum. Bref. J’ai une grimace pensive à l’évocation de la psy. « Nan, j’sais pas grand-chose des membres du groupe de mon père. Mais j’me dis que je pourrais aller les voir. Comme ça je verrais si elle est prête à la suivre aussi. » Histoire de mettre un maximum de chances de notre côté. « Et puis, ça aiderait aussi à ce que tu dis là… à l’éloigner des sources de stress. »

J’ai un profond soupir, alors que je me mordille l’ongle du pouce. « Tant qu’elle aura pas réglé l’histoire de Clochette, j’sais pas si elle sera capable de plus être focalisée dessus. Tu vois ce que je veux dire ? Et j’aimerais l’aider pour ça, mais elle veut pas m’laisser faire. Elle a peur que je me mette en danger. Sauf que je veux pas qu’elle fasse ça toute seule. » Comme j’veux pas que les Scarecrows, si tant est qu’il en reste qui trainent dans le coin, l’accompagnent. J’finis par la fixer, la tête penchée sur le côté. « T’as dû faire un choix toi aussi ? Pour te guérir ? » Mettre sa vendetta de côté ptet.

We are all lost stars trying to light up the dark...

Avait-elle eu plus de chance que Johanna ? Ses démons étaient simplement plus anciens, ils avaient eu le temps de s’éroder avec le temps, de s’effriter avec l’expérience, de devenir des ombres moins effrayantes. Mais Selene n’oubliait pas toutes ces rencontres qui l’avaient écorchée vive, de l’intérieur et à l’extérieur. Les coups, le viol, la torture. Ils étaient gravés sur sa peau et dans son âme. Mais ce n’était pas un concours, alors elle se contenta d’un sourire rassurant en disant :

- Oui, les médicaments peuvent l’aider.

Bien donnés, bien pris. L’enthousiasme de l’adolescente était contagieux. La musicienne sentit son visage se fendre d’une risette qui esquissa ses fossettes. Décrit comme ça, le cadre faisait envie, il n’y avait pas de doute !

- Ça a l’air chouette, admira-t-elle à haute voix.

Le genre de vie qu’elle espérait pour sa famille, avant que la tempête ne lui prenne tout. Sa maison et Hope. Rien que d’y repenser, ses mâchoires se serrèrent et elle fixa le vague un moment. La gamine lui manquait. Non pas parce qu’elle était la fille d’Ashley, mais parce qu’au fil du temps, elles avaient noué un lien particulier. Elle avait sa place dans leur foyer, au même titre qu’Elizabeth. Penser à elle faisait si mal…

- Je sais ce que c’est…, souffla Selene, mais… si elle veut changer, pour de bon, elle n’aura pas le choix… je veux dire, elle a besoin de ce recul, elle le savait d’expérience, ça ne veut pas dire qu’elle jette l’éponge, juste… qu’elle détache son esprit de sa haine.

Comment expliquer ça simplement ? Elle se pinça les lèvres et tenta :

- C’est comme si là, elle était dans une voiture qui fonce tout droit. Elle ne sait pas où elle va, mais elle a les mains crispées sur le volant et le pied au plancher, persuadée qu’elle va finir par percuter ce « Clochette », la pianiste parlait lentement, pour vérifier en même temps qu’elle ne disait pas de bêtise, elle a besoin de ralentir, de prendre le temps de regarder autour d’elle, pour être capable de prendre les bons virages aux bons moments. Sinon… elle va finir dans un mur.

Et malheureusement, la seule personne capable de convaincre Johanna de ne pas se fiche en l’air de quelle que manière que ce soit, c’était elle-même.

« Dum spiro spero »

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D’habitude, j’ai pas trop peur de parler aux gens ou de les vexer. Clairement, ils me prennent comme je suis ou ils vont se faire voir. Mais avec Selene, c’est différent. Y a un truc chez elle qui me donne envie qu’elle m’apprécie et que ça se passe bien. Ptet parce qu’elle ressemble un peu à Johanna. Y a une lueur combattive qui brille dans ses yeux, que j’ai l’impression de retrouver chez ma sœur. Ce truc qui fait que, quand il faut affronter quelqu’un, elles vont foncer alors que moi, j’vais louvoyer et chercher toutes les options possibles – y compris la fuite – avant de frapper. Mais là, ça va. J’crois. En tout cas, elle me donne plein de pistes pour pouvoir aider ma sœur et ça, c’est carrément cool.

J’finis par hocher la tête quand elle me confirme que les médicaments pourront aider. Mais faudra payer donc. Et y avoir accès. Je réprime difficilement un soupir devant l’ampleur de la tâche, préférant froncer les sourcils, la mine décidée, alors que j’essaie de me convaincre que j’peux arriver à trouver tout ça pour Joe. Mais d’un coup, ma mine sérieuse se transforme et mon sourire s’élargit à la voir sourire comme ça. « C’est chouette. Mais c’est parce que c’est chez nous. Ca se trouve, tu viendrais et tu verrais que les défauts. Sauf que c’est le premier endroit depuis des années où personne nous dit quoi faire. » Notre maison. Juste à nous. Pas que j’ai pas aimé les autres endroits où j’ai pu vivre, mais celui-là a une saveur toute particulière.

Au reste, j’ai un silence, me mordillant l’intérieur de la lèvre. Elle sait ce que c’est. Et si j’ai du mal au début à piger de quoi elle me parle, son image est vachement parlante. « J’peux comprendre. Qu’elle haïsse ce type. Qu’elle ait la rage contre lui. Ils… ils nous ont tout pris. Ils nous ont arraché à notre vie alors que notre seul tort c’était… de pas vouloir vivre comme eux. » Mon regard se perd dans le vide un instant. « C’est pas juste de faire ça. De détruire les gens juste pour ça. » Tu parles qu’on avait commencé. Ca c’est bien un ramassis de conneries digne de New Eden. J’aurais dû lui mettre un coup de pied dans les couilles à cet abruti. « Mais j’me dit que de foutre ma vie en l’air à cause d’eux, c’est les laisser gagner un peu. Tu vois ce que je veux dire ? Et j’ai peur de dire ça à Joe, parce que je veux pas qu’elle pense que je la laisse tomber. » Mais j’aimerais trouver un truc pour l’aider à se détacher de cette haine.

Un bref soupir, alors que je me mets à jouer avec un copeau de bois qui se détache de la table. « … et j’imagine que moi là, j’peux rien faire pour éviter qu’elle fonce dans le mur. » A part écraser Clochette moi-même quoi.

We are all lost stars trying to light up the dark...

- Oh oui, je vois ce que tu veux dire.

Cette jeune femme était… terriblement surprenante de maturité. Non pas que les jeunes qu’elle avait fréquenté jusque-là étaient en retard, mais Mary-Abigail ressemblait déjà à ces survivantes qui avaient vu l’Enfer. C’était une adolescente, avec un trou béant à la place de l’enfance. C’était probablement normal, quand on passait les années les plus cruciales d’une vie dans un motel de prostituées, à voir en face toute la misère du monde. Selene avait la sensation d’avoir énormément souffert, et pourtant, ses maux lui paraissaient ridicules à côté du fardeau de la rouquine. Elle n’osa même pas dire que les New Eden lui avaient tout pris aussi, parce que trivialement… elle avait encore un toit, des proches, une enfant, même une petite amie. Mary-Abigail avait vu sa maison partir en flammes, elle avait perdu la plupart des membres de sa communauté et sa sœur était malade.

- Tu devrais lui dire, contredit Selene, sans hésiter, elle a besoin de l’entendre, même si elle ne l’accepte pas tout de suite. Et parfois, une phrase bête peut faire la différence.

Comme lorsqu’Andrea lui avait dit qu’elle devait trouver la « femme qu’elle voulait être sans Gabriel ». Gabriel, l’amour qui avait failli la tuer. L’amour dont elle ne parlait presque jamais. Il était comme un rêve, trop beau pour exister, enfermé dans une boîte. Un bonheur aujourd’hui préhistorique.

- Surtout, tu ne dois pas lui dire que ce qu’elle peut entendre. Si tu ne fais qu’aller dans son sens, tu vas alimenter son obsession et donc, ce qui va pas, elle fit une moue navrée, ce n’était vraiment pas simple, il y a des manières et des moments pour lui dire, mais…

Selene soupira et se pinça l’arête du nez. Dans quoi s’embarquait-elle ? Elle ne voulait pas donner de mauvais conseil à sa cadette, pas quand l’enjeu était aussi important.

- Désolée, souffla-t-elle, je ne peux pas bien expliquer. Je préfère pas, nouvelle mimique confuse, avant que ses traits se fendent d’un sourire, mais Johanna a de la chance d’avoir une sœur comme toi. Je suis sûre que tu trouveras comment d’occuper d’elle. J’ai…, la pianiste marqua une hésitation, mais poursuivit presque immédiatement : j’ai la sensation qu’elle a beaucoup souffert, mais que c’est une fille bien.

« Dum spiro spero »

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J’ai une moue songeuse, alors que, comme à chaque fois que j’pense à ce qui arrive à Johanna, j’ai l’impression d’avoir mes pensées qui se bousculent dans tous les sens. Et je laisse filer un soupir silencieux, repliant mon genou contre moi et posant mon menton dessus. « J’aimerais bien. Que personne voit ce que je veux dire. Même moi. » Et j’ai un sourire un peu triste avant de hocher la tête au reste des propos de la brune. « J’lui dirais alors. Si tu penses que c’est une bonne idée. » Soufflé d’un ton plus assuré que je l’aurais cru. « Et ce serait chouette ça, si j’arrive à faire un peu la différence, à l’aider, même un tout petit peu. » Parce que j’ai l’impression d’être en train d’écoper une barque avec un pauvre verre d’eau. Autant dire que c’est pas glorieux et que j’ai du mal à me dire que je suis vraiment utile à Johanna, quoi que Selene puisse en dire.

J’ai un bref froncement de sourcils avant de secouer la tête à ses paroles. « J’fais pas ça. J’veux dire… j’aime pas qu’on le fasse pour moi alors que j’ai pas de … enfin moins de problèmes là-dedans … » Je désigne mon front de l’index avant de continuer. « Mais j’me dis que si j’vais dans son sens, si j’lui mens, le jour où elle comprendra la vérité, ce sera pire que tout. J’sais pas si c’est logique ou pas, mais j’peux pas faire autrement. Pourtant, j’suis TROP douée pour mentir. » Un hochement de tête pour ponctuer mes propos, alors que j’repense à toutes les conneries que j’ai pu inventer sur mes origines, mon âge, ce que j’fais et j’en passe. En vrai, j’trouve ça plutôt marrant. Même si dans cette situation, ça serait probablement pas très … intelligent. De lui mentir donc.

Et je penche la tête, fixant longuement Selene quand elle s’excuse. « Pourquoi t’es désolée ? Déjà, tu m’apprends un paquet de trucs là, tu te rends pas compte j’crois. » Sans compter que ça m’donne de l’espoir pour Johanna. J’me dis qu’elle aussi, elle a droit à une autre chance, à ce que quelqu’un veille sur elle. « C’est bête, mais … te parler, ça me conforte dans l’idée que je peux aider ma sœur, que j’suis pas juste le boulet qu’elle se traine depuis sept ans. » Et j’ajoute, dans un murmure. « J’peux enfin lui rendre la pareille. Et la remercier. » J’bats quand même des cils au reste. « Ah euh… je m’attendais pas à ça. C’est… merci. J’sais pas si elle a de la chance, mais j’fais de mon mieux. Malgré tout ce qui s’est passé, on est toujours là l’une pour l’autre… ça c’est pas commun, je sais. » Et je hoche la tête au reste de ses propos. « Elle est … trop sensible. C’est comme si chaque malheur qui lui tombait dessus lui arrachait un bout de son âme. Et j’veux pas qu’elle perde le morceau de trop. » J’sais pas si je suis bien plus forte qu’elle au fond. Mais je sais que je suis pas prête à voir ma sœur se briser en mille morceaux.

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Face à Mary-Abigail, la musicienne ne pouvait se départir de son sourire doux teinté de tristesse. Ouais, Johanna avait vraiment de la chance de l’avoir. La résolution de l’adolescente était belle, même si… même si mille obstacles pouvaient encore se dresser sur sa route, même si la mort pouvait les faucher toutes les deux n’importe quand. Vivre dehors, sans l’appui d’une communauté importante, c’était un bras de fer avec le destin. Sa cadette serait peut-être mieux dans un groupe où elle pourrait être entourée, soignée, veillée. Selene avait eu ce droit. Mais tout le monde n’était si bien loti…

- Tu vas faire de ton mieux, j’en suis sûre, garantit-elle encore, pour renforcer la rouquine dans sa détermination, le reste… tu verras à l’instinct. Tu la connais mieux que personne, tu sauras ce qui lui fait vraiment du bien.

Car il y avait un peu de ça aussi : de l’intuition, que seuls les proches pouvaient avoir. Des méthodes improvisées, qui se trouvaient être le chaînon manquant d’une thérapie branlante. La pianiste inspira profondément, le cœur lourd, plus touchée qu’elle ne le voudrait par l’histoire de Johanna. Dans une autre vie, elle se serait sans doute rangée à ses côtés pour l’aider à pourfendre ses démons. Mais à ce jour, elle avait d’autres obligations ; envers sa fille, envers Juliette. Elle ne pouvait plus prendre le monde sur ses épaules… et elle ne voulait plus.

- Tu sais… j’étais fille unique, mais… si j’avais eu une petite sœur, j’aurais bien aimé qu’elle soit comme toi.

Son sourire s’élargit. Alors, Selene quitta sa place pour contourner la table et venir offrir Mary-Abigail une étreinte brève, mais chaleureuse. Une dose de courage, une dose de sororité. Non, cette fille n’avait certains pas eu la vie facile depuis le motel – et même avant – mais elle avait gardé cette étincelle solaire. Un feu, à l’image de sa crinière rougeoyante, qui donne espoir en l’humanité.

- Prends soin de toi surtout, et de ta sœur. N’oublie pas : tu n’es pas un boulet, elle a besoin de toi… plus que tu l’imagines, et plus que la concernée ne l’imagine non plus.

« Dum spiro spero »

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