Fallait bien avouer que les pieds souffraient avant tout par ce voyage si long et si épuisant. Mais de penser rien qu'à l'idée d'un bain chaud, avait tendance à le réconforter mentalement. Peut-être qu'un jour ils auront le droit de savourer un tel plaisir, même si la réalité actuelle se veut être tout autre chose. Quoiqu'il en soit, Adrian ne peut s'empêcher de lui parler d'un bain. Et en voyant la réaction de Lara, ce dernier se met à ricaner en détournant de peu ses yeux sombres sur les braises de leur feu. Ainsi, l'idée d'un bain nordique totalement fabriqué lui plait d'autant plus. La regardant alors d'un large sourire, son regard s'émerveille tendrement. « Ce serait parfait comme bain ! Même si je pense que ça mettra du temps à les avoir, mais si ça te dit, je pourrais t'aider à le confectionner ? » Car son bien être passe bien entendu avant le sien, et puis, il sait aussi qu'il pourra autant en profiter. Soit, il garde l'idée en tête et commence même à se demander quels matériaux lui seront mis à disposition pour en fabriquer.
Plus sérieusement, Adrian voit bien que Lara tient physiquement. Et même si ces genoux la lâcheraient, il aurait trouver n'importe quel moyen pour la porter jusqu'à leur destination. Mais quand est-il de son mental ? Adrian se veut un peu au courant concernant Zelda...mais en lui posant alors cette question, il tente à ce qu'elle comprenne aussi, qu'il est là, si elle a besoin. Croisant son regard pour le soutenir, le romancier soupire discrètement. « Mais est-ce que pour toi, tu l'as abandonné ? » Zelda. Car si elle en avait cette impression ou qu'elle se convainquait de l'avoir abandonné, alors il faudrait qu'elle réagisse. Puis elle lui retourne la question... Et sur le coup, il en ricane brièvement tout en déviant son regard, remontant l'un de ses genoux contre son torse pour y poser un coude. « Je répond toujours pas aux questions de Tucker, donc on va dire que je tiens. Même si ça m'oppresse de plus en plus... » Ce qu'elle peut totalement ignorer, vu que personne n'est au courant de cette histoire, appartenant désormais au passé. « En fait, j'me dis qu'une fois à la réserve, beaucoup de choses changeront. Que ça nous fera du bien à tous...tu crois pas ? » demande t-il alors qu'il rejette ses yeux bruns dans les siens. Pour tout avouer, Lara était bien l'unique femme avec qui Adrian espérait autant se confier. Sans qu'on ne le soulève par le col, sans qu'on ne lui trouve quelque chose à redire. Sans aucun jugement - bien qu'il s'en fiche pertinemment aussi. Avec Lara, tout était différent.
I don't need a dark tree. I don't want a rough sea. I don't need black night. Sly, sly, sly, like a demon's eye.
Le sourire de la quarantenaire se fait plus malicieux, tandis qu’on l’encourage dans ses petites idées de luxes.
- Ahhh, je note précieusement ici. Souffle Lara en tapotant sa tête de son index.
A-t-elle l’impression elle d’avoir abandonné Zelda ? Isalin même ?
- Non. L’une a fait son choix et sait très pertinemment qu’elle peut revenir à tout moment. L’autre mène déjà une vie bien remplie sans vouloir de sa mère dans son quotidien.
Cependant, sa progéniture est du genre un peu… à mal vivre les choses. À jalouser tout et n’importe qui. Elles ont eu de très belles conversations pourtant, matures et avec un certain recul. Lara ne peut espérer que Zelda comprenne et qu’elle l’attende impatiemment et non de par rancune.
- Oui, je crois que la réserve sera un peu comme… renaitre de nos cendres. Fait-elle d’un ton théâtral pour plaisanter. Ce serait peut-être l’occasion pour Tucker et toi d’aborder certaines choses. Elle lui lance un regard en coin tout en lui offrant un petit coup d'épaule amical.
Ca met tout de même l'eau à la bouche de s'imaginer, étendu et relaxé dans un bain d'eau chaude, alors qu'ils sont loin d'être arrivé à destination. Ca remotive aussi, mais ça peut totalement décourager, alors autant ne pas trop y penser. Quoiqu'il en soit, Adrian ancre plus aisément un regard complice dans celui de Lara. Bien sûr qu'elle pourra compter sur lui, il y tient. Suite à quoi leur conversation devient nettement plus sérieuse, à ressasser des sujets à la corde sensible : leurs enfants respectifs. Lara ne semble pas avoir l'impression d'abandonner Zelda, à TR. Ce à quoi, le romancier ne peut s'empêcher de rajouter, sur un ton des plus calmes, malgré l'averse autour d'eux. « Alors c'est que vous avez toutes les deux fait le bon choix. Je suppose... » Oui, il le suppose. Ne connaissant pas spécialement Zelda, il se doute bien qu'une fille doit être plus difficile à éduquer qu'un jeune homme. Bon après tout, Adrian en avait pour son titre avec Tucker.
D'ailleurs, quant à lui, il poursuit avec appréhension. « J'espère que cette réserve aura de bons effets sur nous tous.. » Il l'espère sincèrement, mais laisse un nouveau sourire s'afficher sur ses lèvres en sentant la pression de son épaule, contre la sienne. « Oui, j'y compte bien. Même si j'ai cette étrange impression qu'il serait capable de me tuer sur le coup. » dit-il alors qu'il se met à ricaner nerveusement. C'est qu'Adrian appréhende énormément cette discussion durant laquelle toute la vérité sera ainsi dévoilée... Et quand ce sera le cas, vaut mieux pas se trouver dans les parages.
C'est alors qu'une nouvelle idée lui survient, l'incitant à récupérer sa sacoche, se munir de son carnet ainsi que de son stylo mâchouillé - depuis le temps - pour y noter quelques phrases. Silencieux, il s'empresse d'y écrire aussi quelques détails qu'il entoure d'un trait précis avant de le refermer, posant son cahier sur le sol, entre ses jambes à moitié repliées.
I don't need a dark tree. I don't want a rough sea. I don't need black night. Sly, sly, sly, like a demon's eye.
Ça l’amuse de voir Adrian prendre des notes. Difficile de sortir le romancier de l’homme visiblement. Ça semble toujours aussi important et primordial de coucher ses pensées sur papiers. L’ancienne mannequin lui laisse donc le temps qu’il faut, reprenant la parole une fois le carnet fermé et déposé au sol.
- Il vaut mieux une dure vérité qu’un doux mensonge. Souffle Lara, avant de poser ses iris de glace sur les petites flammes qui dansent devant eux. Il t’en voudra, mais finira par être reconnaissant de savoir. Il faut qu’il comprenne qu’en tant que parent, on essaie simplement de faire de notre mieux. On n’a pas la science infuse. On est juste des humains qui improvisent de leur mieux. Avec un peu de chance, il le comprendra avant d’avoir lui-même des enfants.
Sinon, ce sera difficile pour leur relation. Tout ce que peut espérer la quarantenaire, c’est que cette dernière guérira.
- Je suis là, si tu as besoin de papoter et de ventiler. Lui propose Lara.
C’est que franchement… depuis l’incident avec Seth semblait se profiler une certaine amitié entre eux. C’est donc tout naturel pour la blonde de proposer son soutien et son temps. Adrian est une bonne personne et Lara l’apprécie un peu plus après chaque discussion.
Refermant son carnet contre le sol, Adrian redresse son regard sombre sur Lara. Avec attention, il l'écoute mais ne peut empêcher ses pensées de se morfondre dans de nombreuses appréhensions. Pour sûr que Tucker ne réagira pas aussi bien, quand il saura toute la vérité. Il le sait. C'est génétiquement prouvé, chez les Marsh. Et s'il pouvait encore repousser cet instant...il le ferait oui. Mais s'en était trop. Conscient qu'il faille un jour, tout lui avouer, et enfin répondre à ses questions. Lara n'a pas tord, Tucker lui en voudra à mort. S'il deviendrait un jour reconnaissant ? Ca, il en doute un peu quand même. S'il le comprendrait un jour ? Il l'espère fortement. De ses dires, Adrian finit par lâcher un soupire qui en dit long sur sa propre souffrance qu'il cache encore bien au fond de lui. Il fixe naturellement son carnet, se revoyant quelques années en arrière, avant que tout ne parte en éclat. Quand Tucker n'était qu'un enfant, naïf et insouciant. Mais ça, c'était avant...
Plongeant de nouveau son regard dans celui de Lara, Adrian tente d'afficher un sourire mais n'y arrive point. En revanche, il rajoute calmement. « Merci... » Il marque une pause sincère, avant de ranger son carnet dans sa sacoche et de se relever. « J'te laisse te reposer, tu en as besoin.. » dit-il en insistant quelque peu du regard, avant d'aller récupérer sa gourde sous la pluie. Lara est là pour lui, il le sait. Mais étant un homme tel qu'il est, il lui est alors difficile de se mettre autant à nu...
FIN
I don't need a dark tree. I don't want a rough sea. I don't need black night. Sly, sly, sly, like a demon's eye.
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