Sujet: Re: Ah bah c'est du propre | Kira Dim 22 Jan 2023 - 17:42
C'est comme ça que l'on me remercie ?
Kira & Ace
La gamine avait envie de lui rétorquer acerbe qu’évidemment ils ne pourront tout faire ce matin, que ça tombait sous le sens, que s’il était aussi compétent il devait le savoir et pas le supposer. Mais elle se retint de cracher tout ce venin inutile, Kira tournait de plus en plus sa langue ces derniers temps. La solitude lui avait appris à garder cette toxine qui finissait juste par s’immiscer dans ses gencives, son esprit sans qu’elle ne le relâche. Pour quoi faire après tout ? Dans quel but ? Si ce n’est s’attirer l’ire de tout ceux qui l’entourait. Est-ce qu’elle souhaitait vraiment vivre toute sa vie à la marge des autres, détesté pour son caractère taciturne et imprévisible ? Non, évidement que non. Sinon elle ne se serait pas mise en quête de reconnaissance.
Les deux avaient passé pas mal de temps tout les deux depuis son retour, alternant entre des phases bagarreuses et d’autres plus apaisé. Dans ces phases où la discussion était rendue possible, l’idée se faire tatouer c’était progressivement installé. D’abord dans l’esprit de Kira qui était usé par cette longue tradition, ses deux figures paternels n’avait-elle pas été recouvertes de la tête aux pieds de symboles ? Puis entre le deux, d’abord parce qu’elle supposait voulait prouver sa valeur et son talent et qu’en échange elle devra lui rectifier cet affreux poussin se cachant à la base de sa nuque. Sentir le trait du stylo sur sa cuisse semblait être le remous des vagues avant la tempête puis elle ne savait trop comment se mettre face au garçon qui s’affairait autour d’elle. Accoutrer d’une telle manière, elle se sentait quasi nu, vulnérable malgré l’attitude professionnelle de l’autre adolescent.
- J’sais c’est pas première fois que tu me le dis Ace, rétorqua-t-elle avec un demi sourire. Cette conversation revenant sans cesse depuis qu’elle était revenu avec un croquis de son tatouage. Une espèce d’ensemble de lianes noir, ressemblant vaguement à des pictogrammes asiatiques qui s’étendait à partir de son genou dans les deux sens.
Comme un mal qui se propagerait, l’aplat complètement noir s’effilerait petit à petit jusqu’à complètement disparaître laissant la place à d’autres symboles abstrait, car ce n’était que le début d’une longue série. Une quête de mémoire pour ainsi dire car ces lignes s’entremêlant revêtaient une signification particulière qu’elle n’avait pas encore osé expliquer.
- T’vas voir, j’ai vu pire ! Ce sera un jeu d’enfant, par contre t’amuse pas à enfoncer l’aiguille pour m’faire du mal hein, dit-elle parfaitement méfiante. Ce serait de la triche puis je te fouterais une deuxième raclée pour me venger.
Elle alla vers l’une des banquettes, s’allongeant docilement pour laisser l’artiste faire. Ce jeune avec de l’or dans les mains allait déployer tout son art, tout son génie. Elle en était certaine mais n’était pas assez humble pour le lui avouer…
Sujet: Re: Ah bah c'est du propre | Kira Mar 31 Jan 2023 - 8:57
”J’serais toi, j’éviterais d’me provoquer. Enfin, à moins qu’tu veuilles finir avec une bite tatouée sur la cheville.” Petit haussement de sourcils provocateur, alors que j’lui montre la machine que j’tiens déjà en main, sur laquelle j’enclenche une buse de traçage. Elle est pas tellement en position d’me chercher, et puis, “J’ai grave progressé depuis, en plus. J’te mettrais par terre en deux-deux.” En tirant un tabouret pour m’poser dessus, près de ses pieds alors qu’elle s’allonge aussi confortablement que possible sur l’étroite banquette. A portée de main, sur la table, j’prépare mon encre et le reste du matos. Ca change grave de quand j’étais limité au handpoke. J’me sens grave pro, et je kiffe. Si y’avait pas eu l’épidémie, j’en aurais carrément fait ma carrière. Enfin, c’est p’t’être un peu c’que j’suis en train d’faire.
J’quitte mon matos des yeux pour les poser sur les jambes de Kira. Dans cette position, j’devine facilement la fine musculature sous la peau blanche, le reflet d’un duvet discret, les courbes féminines habituellement planquées sous plusieurs couches de vêtements. Bon sang, j’peux même apercevoir sa culotte d’ici et, de la voir étendue comme ça, le souvenir de la scène du dessin de Titanic s’impose à moi.
J’cille une seconde, garde mon sérieux pour prendre place.
C’est juste une toile. Comme du papier. Une grande surface pour dessiner. J’ai l’habitude. J’ai touché plein de peaux différentes. De femmes, d’hommes, douces, rugueuses, lisses, poilues, intactes, lésées, maigres, grasses, fermes ou flasques.
Alors j’devrais pas être gêné. Ça devrait pas être différent.
Au moins, dans cette position, elle devrait pas trop voir le rouge que j’sens me monter aux joues quand je coince sa cheville sous mon bras et tire légèrement la peau de son mollet. J’ai un peu peur qu’elle remue, ou qu’elle sursaute. Des fois, surtout quand on approche de l’os, les vibrations de la machine peuvent déclencher quelques tremblements réflexes.
“C’est parti.” Mon pied presse la pédale dans un cliquetis plastique, déclenche le vrombissement régulier de la machine à tatouer. Je trempe l’aiguille dans l’encre et, lorsqu’elle en est bien gorgée, la dépose sur les dessins qui s’enroulent autour de la jambe de Kira. L’embout métallique s’enfonce sans résistance, dépose son tracé définitif, sombre et lisse, se décharge peu à peu du trop plein de noir que j’essuie au fur et à mesure. “Au début ça fait mal, j’sais.” Impossible de pas la sentir se crisper sous ma prise bien ferme. J’garde le regard planté sur mon travail, bien concentré. “Faut un moment pour qu’ton cerveau te lâche des endorphines. Ca ira mieux. Tu vas p’t’être même planer un peu.” C’est rare que j’fasse des projets aussi grands, et le vertige a pas tellement le temps de monter pour les petits motifs. Mais là, elle devrait avoir une sacrée dose. J’continue le tracé, assuré, commence à m’détacher des pensées qui me polluaient l’esprit pour me concentrer sur c’que j’kiffe. J’souffle doucement, “Si t’as besoin d’une pause, tu m’dis. On peut essayer d’faire tous les contours aujourd’hui, et le remplissage une autre fois.” T’façon, la lumière finira par manquer, et ce s’rait assez risqué de continuer à la bougie…
Sujet: Re: Ah bah c'est du propre | Kira Mer 1 Fév 2023 - 18:06
C'est comme ça que l'on me remercie ?
Kira & Ace
Elle eut un petit rictus forcé, les souvenirs à la fois amusant et gênant de leur dernière séance de tatouage lui revenant. Avec du recul, elle se sentait un peu idiote. Cela ne lui avait jamais rien apporté d’être une jeune impertinente se moquant de tout. Sauf quelques rires voilé qu’elle ne partageait avec personne, tout ce qu’elle avait récolté c’était des regards noirs et des menaces. Des menaces qui rendait beaucoup trop tangible celle du tatoueur dans le présent. Alors qu’au final, la jeune fille n’avait aucune raison de ne pas lui faire confiance. Il avait l’air de prendre très au sérieux sa fonction de tatoueur, se comportant comme ces anciennes des îles Samoa qui tatouent tous les hommes du clan.
- Ouais, ouais cause toujours, railla-t-elle ajoutant cinglante, les paroles ne vaudront jamais plus que les actes. Sur ce point précis, l’adolescente conservait cette insupportable égo qui faisait son sel. Elle savait parfaitement que l’adolescent qui lui tenait compagnie depuis maintenant quelques semaines risquait de lui foutre une râclée. Il n’était plus le gamin à la silhouette fluette, ses épaules s’affirmait tout comme ses bras et ses mains prenait des formes plus massives. Ace était probablement entre l’enfance et l’âge adulte, un presque éphèbe qui avait parfois le don d’attirer le regard de la gamine…
Le garçon tentait maladroitement de cacher l’air pivoine que lui inspirait la gamine à moitié dévêtu, cette rougeur incontrôlée troubla Kira qui n’avait jamais envisagé leur relation de cette manière. Enfaîte elle n’avait jamais envisagé pouvoir retourner quelqu’un de cette manière. Son adolescence arrachée, la survie de tout le jour l’avait éloigné de ces questionnements en apparence secondaire. Mais devant le fait accompli, une évidence s’inscrivait sur sa peau traversé par des vagues de chair de poule. Elle pouvait plaire, elle plaisait même d’une certaine manière.
La tchétchène eut soudain l’envie de se tortiller, de se dérober à ce regard étranger qui sans le vouloir malmenait une pudeur qui n’avait été mis à mal. Un aspect pudique conforté par de multiples couches de vêtement, par les nécessités de ce monde. Alors qu’elle allait s’enfuir vers le tas de vêtement laissé dans un coin de la pièce, il se mit au travail après maintes avertissement.
L’aiguille se mit à travailler sa peau intacte, aussitôt elle eut l’impression qu’on trifouillait tout les muscles de sa jambe, les secouant, les tordant, les malmenant. La douleur lui venant aussitôt, elle commença à serrer l’accoudoir du fauteuil réalisant l’ampleur du tatouage.
- Tatoue moi comme une de tes françaises, qu’elle plaisanta faisant référence au film qu’ils avaient vu le soir juste avant. Sous l’effet de la machine et de l’artiste travaillant sa chair, marquant à jamais son enveloppe corporelle, la gamine se mit à suer abondamment avant d’être soulagé par une vague d’endorphines bienvenue.
Cela faisait déjà plusieurs heures que le jeune garçon travaillait avec application sur le dessin tentant de rendre le plus fidèlement possible les lignes qui semblait tracé par une plume d’enluminure. Alors que le Soleil se laissait happé par la ligne d’horizon, l’adolescente rejeta la tête en arrière avouant pour la première fois son besoin de faire une pause :
- T'penses que tu vas pouvoir continuer à la lueur des chandelles ? Elle jeta un coup d’œil à l’ambitieux tatouage qui avait sous les efforts constants d’Ace très bien avancé. Complètement engourdi par l’endorphine elle estima que ça suffisait pour aujourd’hui voire pour toujours.
Sujet: Re: Ah bah c'est du propre | Kira Dim 5 Fév 2023 - 10:35
Quand elle me ressort la tirade de Titanic, j’pouffe de rire, empourpré par un drôle sentiment de gêne - comme si elle venait de lire dans mes pensées franchement mal placées. Les scènes un peu chaudes du film étaient déjà dures à regarder à ses côtés. J’faisais comme si j’y prêtais pas attention. Mais j’suis pas certain d’avoir été crédible, vu comme la brune s’est foutu de moi. “Ta gueule.” Soufflé dans un sourire un peu tordu, le regard concentré sur l’aiguille n’en dévie plus.
Le temps file doucement, comme les dessins qui prennent vie sous sa peau. C’est probablement bien plus long pour la tchétchène qui encaisse admirablement la douleur et se laisse peu à peu bercer par les endorphines. J'ai lancé de la musique sur un vieux lecteur CD, histoire qu'elle se détende et se sente pas obligée de combler les silences.
Je me décale sur mon tabouret à mesure que les motifs se propagent, attaquant le haut du mollet, esquivant le genoux - trop sensible de toute façons - pour continuer le long de la cuisse, étirant le muscle déjà crispé par la douleur pour mieux y planter le noir. J’essaie de faire vite tout en m’appliquant, pressé par le jour qui décline, en essayant de ne pas lui faire mal plus que nécessaire.
Les vibrations se propagent dans ma main, me raidissent les articulations et, après plusieurs heures, je commence à me sentir carrément engourdi.
Je relève un regard vers elle quand elle me questionne, amusé de la voir groggy, comme si elle avait fumé. "Nan. C'est loin d'être terminé mais il va faire trop sombre. Même avec des bougies." Et puis j'ai mal à la main. J’délie mes doigts en baissant un regard vers le travail inachevé ; les contours sont là, presque tous, et habillent déjà largement la peau rougie de la brune. "Tu kiffes pour l'instant ?" Qu'elle prenne un instant pour regarder et assimiler que sa peau est marquée à jamais. C’est déjà un sacré changement, et j’dois dire que ça lui va plus que bien. J’fais attention à ce qu’elle se casse pas la gueule en se redressant sur la banquette, prêt à la rattraper au premier vertige. "Faudra que tu fasses gaffe pour les infections." En étirant le bras derrière moi pour saisir un rouleau de cellophane. "J'vais t'enrouler la jambe là dedans pour ce soir." et on pourra aller se reposer, pour reprendre demain ou dans quelques jours, dès qu’elle en aura le courage.
Sujet: Re: Ah bah c'est du propre | Kira Jeu 9 Fév 2023 - 18:13
Comment le remercier ?
Kira & Ace
Elle lâche un soupir mêlant à la fois le soulagement d’être libéré de cette aiguille qui faisait vibrer ses os et de dépit face à l’immensité du travail encore à accomplir. En imaginant cette liane qui s’enroulait autour de sa jambe et toutes les autres à imaginer encore, elle n’avait pas conscience ni de la douleur ni du temps nécessaire. Son premier tatouage était un geste osé, peut-être inconscient et regrettable au regard de son jeune âge. Kira comme à son habitude commençait dans le dur, elle ne pouvait être dans la demi-mesure. Puis il y avait une part d’elle qui voulait impressionner ce gamin tatoué de la tête au pied, gamin dont les tatouages feraient rougir plus d’un membre de la mafia russe…
- J’adore, dit-elle avec un sourire béat contemplant les lignes à jamais incrusté dans son corps, t'es trop talentueux Ace. Ces figurés feront à jamais parti d’elle maintenant, tant qu’elle vivra, ils les accompagneront. Ces lignes sont elle et la gamine est une composante de ces lignes qui s’enroulent élégamment sur sa cuisse vaguement musclé.
Elle est tentée de toucher ces choses incrustés de son doigt, s’attendant naïvement à y sentir un relief alors que le noir était déjà incrusté dans sa peau. Mais elle en avait déjà un peu discuté avec lui, la jeune fille savait qu’elle ne pouvait pas le faire et il ne manqua pas de lui rappeler. Toujours groggy, un peu béate devant sa propre idée et la réalisation, la conséquence de ses désirs. Elle le laissa l’enrouler de cellophane cachant momentanément, rendu flou l’ébauche de son tatouage. S’en désintéressant momentanément comme si l’impossibilité de le voir le rendait banal, naturel comme s’il avait toujours été là, elle lui coula un regard reconnaissant.
Ne sachant pas trop comment le remercier, elle pesa longuement le pour et le contre, examina chaques possibilités cherchant la moins gênante pour lui et celle où elle se mouillait le moins. Mais la séance gratuite, gracieusement offerte par le tatouer de talent. Son ami, maintenant, méritait plus que son ingratitude et un vague merci. Avec des joues momentanément pivoine, elle lui fit un léger et timide bisous sur la joue gauche avant de prendre congé de lui. Enfin avant de s’enfuir de la pièce, soudain stressée. Quelque chose de fort naissait entre les deux acolytes mais la tchétchène n'était pas encore prête à se l'avouer.