The Walking Dead RPG

Sa remarque amène un nouveau sourire sur mes lèvres. Je ne peux guère nier ce fait, quand bien même est-ce souvent vu comme une marque de faiblesse. Peut-être est-ce un peu le cas, dans certaines circonstances, ou d’autres lieux. Néanmoins, j’ai eu le temps de prendre conscience, depuis le temps, que si je suis effectivement trop gentille, je ne suis pas faible pour autant. La gentillesse ou la bonté ne sont pas forcément synonyme de fragilité. Et se montrer compréhensive et à l’écoute vis-à-vis d’une adolescente est on ne peut plus normal à mes yeux. Elle semble un peu soulagée, ce qui m’amène à penser que ça ne doit pas être évident pour elle tous les jours. A trop vouloir bien faire sans savoir comment faire sans doute…

Mon sourire se fait plus amusé alors que je secoue la tête. Si je note le léger changement d’intonation de sa voix quand elle parle de Lynn, je ne tiens pas à le relever, pour le moment. Ce ton-là, je le connais bien, pour l’avoir souvent utilisé avant d’apprendre à le cacher. « Tu es chez toi, ce serait plutôt à moi de m’excuser de te reprendre. » Je laisse filer un léger soupir. « J’ai été élevée dans une famille très pratiquante et, disons-le, très stricte. Dans laquelle on a eu de cesse de me répéter que les insultes se rapprochent du blasphème ou sont, à minima, un manque de respect des autres, et de soi. J’ai beaucoup e mal à penser autrement. » Je hausse les épaules et souris de nouveau. « Je ne suis pas du genre à m’emporter et à m’exprimer vertement. Mais à choisir, j’aime bien les anciens termes, oubliés ou démodés. Sacrebleu, diantre, paltoquet, gourgandine… » Je souffle un rire en voyant sa tête. « Je les trouves amusants, à défaut d’être encore de réelles insultes aujourd’hui. »

« Mieux ? Je ne pense pas qu’il puisse y avoir de plus jolis cadeaux que ceux auxquels on accorde du temps et de l’attention. Qui plus est quand il s’agit de quelque chose que la personne n’aime pas vraiment faire en temps normal, n’est-ce pas ? Lynn va adorer ce bavoir. » Qu’il soit hésitant et maladroit ne le rendait que plus précieux.  Je la fixe un instant, avant de lentement hocher la tête. « J’y étais en effet, pour voir l’Adonai et avoir l’occasion de lui parler. » En quelques sortes. « C’est ce qu’il a dit, et je comprends son intention. J’aurais simplement davantage apprécié s’il l’avait fait lui-même. » S’il s’était soucié davantage de sa famille que des ordres incensés de cet homme. Ou s’il ne m’avait pas considéré comme une enfant incapable. Je hausse les sourcils quand elle continue et reste une seconde incertaine, les main posées sur mon ventre arrondi. « Ils se connaissent tout du moins, ils travaillent ensemble. Ce n’est pas lui qui a tiré sur Lynn. Il n’aurait pas tiré sur une civile, encore moins enceinte. » Du moins, c’est ce dont j’essaie de me convaincre, mais si je n’avais pas retiré mon masque, aurait-il pu ?… Probablement que oui. Et cela ne cesse de me tourmenter depuis.

Mais ce n’est pas le sujet. Ce n’était pas le but de ma venue, mais maintenant que je suis là, je ne peux ignorer la jeune fille, surtout alors qu’elle semble déjà si perdue et… esseulée. Ce n’est pas forcément le bon terme, je ne connais pas bien Jenna, mais du peu que j’ai vu, c’est une excellente mère, malgré tout… elle semble un peu délaissée oui. Je ne suis sans doute pas la mieux placée pour l’aider, je ne suis qu’une adulte de plus à ses yeux, mais je ne peux décemment pas la laisser ainsi. Et quand elle finit par me répondre, mon cœur se serre en l’entendant. « Oh Maelys. » Je me penche et attrape doucement sa main. « Je suis désolée de tout ce que tu as pu vivre. Je… » J’inspire et reprends d’un ton plus ferme. « Rien, absolument rien, ne peux justifier que l’on s’en prenne ainsi à une enfant. Ni même à un adulte. » Ce que Lynn n’est pas encore à mes yeux, mais passons. « Personne ne devrait avoir le droit te faire de mal, tu comprends ? » Quel que soit son attitude ou comportement. « Ta mère a raison, l’extérieur est extrêmement dangereux, d’autant plus pour des femmes et des enfants seuls. C’est normal qu’elle ait voulu te mettre en sécurité. Venir ici lui permettait de t’assurer un avenir. » Je la dévisage en cherchant mes mots. « Malheureusement, rien n’est jamais parfait et cet endroit n’échappe pas à la règle. Mais nous pouvons le rendre meilleur, j’en suis convaincue. » Plus tolérant, plus juste, plus… humain. J’ai un sourire sans joie. « Concernant ton père, peut-être veulent-ils te préserver et éviter que tu ne souffres trop en espérant… peut-être veulent-ils se préserver aussi. » Tout du moins si sa mère en fait partie. « Pour ma part, je dirais que l’espoir est une des plus belles choses du monde. Une des plus dangereuses aussi, si je suis honnête, car tu peux en effet t’y perdre… Mais il permet de tenir et de se relever. La Foi et l’espoir m’ont toujours permis d’avancer. Je serais bien hypocrite de te dire de ne pas t’y accrocher. » Je serre un peu sa main sans la quitter des yeux. « Tu n’auras sans doute jamais la réponse, alors ne te fais pas non plus d’illusion, mais si cela te permet de continuer… Prie pour ton père et garde espoir. » Avec douceur, je passe une mèche de cheveux derrière ses oreilles. « Tu ne peux pas être toi comme tu dis devant tout le monde c’est vrai. Alors trouve-toi des gens avec qui l’être, même s’ils ne sont qu’une poignée… Comme la bande de hooligans. » Je lui fais un clin d’oeil. « Je sais que ce n’est pas le plus important, mais tu es toi aussi très jolie. Et tu es maligne, ce qui est bien plus important crois-moi. » Une hésitation et je reprends. « J’ai proposé à River de venir tenir compagnie à Lynn de temps à autre, et de l’accompagner en promenade quand elle ira mieux… Je peux réitérer ma proposition à ton intention, si tu en as besoin. »

L’adolescente écoutait attentivement Hailey, confuse d’avoir dit des injures qui visiblement la dérangeaient. Elle était presque sûre que, si ça revenait aux oreilles de Jena, elle le lui reprocherait. Avec la même rengaine que depuis leur arrivée à Walla Walla : tu ne peux pas te comporter comme tu le faisais avant. Tu dois respecter les règles. C’est pour ta survie ! Sois une bonne petite fille. Elle se retenait de faire les mimiques qu’elle faisait habituellement, quand elle ressassait ça toute seule dans sa chambre. Elle ne se rendait même pas compte qu’elle se remémorait des souvenirs erronés ou déformés des propos de sa mère. « Je ne suis pas… Je n’étais pas croyante avant de venir ici. » Elle se rattrapait tant bien que mal mais, si elle devait être tout à fait honnête, elle devait admettre ne pas l’être davantage maintenant. Elle n’avait toujours pas réussi à lire la bible en entier et le peu qu’elle lisait lui semblait idiot et trop plein de bons sentiments qui ne pouvaient pas s’appliquer. Et qui ne s’appliquaient certainement pas ici. Elle écarquilla les yeux malgré elle, en entendant les mots prononcés par Hailey. « Ça veut dire quoi ? » Elle n’avait jamais entendu ça, elle en était sûre !

Beaucoup trop expressive, plus que d’habitude, elle grimaça alors que leur invitée défendait son cadeau. Elle ne pouvait vraiment pas lui dire que Lynn ne l’aimait pas et n’en avait rien à faire qu’elle lui fasse un cadeau. Déjà parce qu’elle était à peu près certaine qu’elle démentirait et dirait une platitude comme quoi il fallait juste qu’elles arrivent à se comprendre, aussi gentille qu’elle ait l’air d’être, et parce qu’elle craignait aussi qu’elle l’évoque à sa mère. Est-ce que ce serait grave à ses yeux qu’elle se sente haïe par sa demie sœur, au point de faire ça ? Elle n’en était pas sûre, mais elle ne voulait pas le risquer. « J’espère que vous avez raison. » Est-ce qu’elle l’espérait vraiment ? Elle aimerait être indifférente, mais la conviction qu’elle avait que Lynn était l’enfant parfaite dont sa mère rêvait la rongeait.

« Vous vouliez lui dire quoi ? » Elle mit subitement la main devant sa bouche, pour se forcer à se taire : elle avait parlé spontanément sans réfléchir à ses paroles, comme elle s’imposait de le faire, et regrettait presque aussitôt. « Je, c’était malpoli, excusez-moi, ça ne me regarde pas. » De toute façon, il n’aurait rien écouté. « Je… Pourquoi des gens l’ont fait ? » Comme les pendaisons peu après son arrivée, comme toutes les attaques, tout cela la dépassait. Elle n’arrivait pas à comprendre comment on pouvait faire ça. « Vous croyez réellement que Dieu l’a protégée ? » Elle avait à peine conscience de blasphémer en disant ça, même si elle savait que ça n’était pas correct mais… Elle semblait lui répondre sincèrement, et elle était à l’intérieur, en privé, même si River lui avait dit de ne pas évoquer des choses semblables à l’extérieur, alors ça devrait aller, non ? « J’espère que vous arriverez à régler ça… » Ses conflits avec son époux. Parce que ça restait important, non ? Sinon sa vie serait bien dure…

Elle resta pourtant totalement interdite, alors qu’Hailey répondait à ses remarques, y comprenant bien plus de choses qu’elle n’en avait dites. Comme si elle lisait dans ses pensées ou… ou qu’elle se souciait réellement de tout ce qu’elle pouvait impliquer. L’adolescente sentit malgré elle les larmes embuer ses yeux, même si elles ne dévalaient pas ses joues. Elle resta silencieuse pendant ce qui lui sembla une éternité. Est-ce qu’elle avait seulement quelque chose à dire ? Est-ce que… Est-ce qu’Hailey disait vrai ? Sentir sa main dans la sienne lui faisait du bien. Bien peu de personnes, April exclue, avait eu de gestes d’affection comme ça pour elle récemment. Même si elle repoussait Jena et que c’était sûrement de sa faute. « Mais les gens ici… Ils ne pensent pas du tout comme vous. Comment est-ce que… Comment est-ce qu’on pourra arriver à y faire quoi que ce soit ? On m’a dit que j’étais folle ! Qu’ils allaient emprisonner ma mère pour ça, si ça continuait ! Que j’étais… inma… que je souffrais d’infamie ! » Elle n’avait répété ces propos à personne. Même si Preston les avait entendus. Même si on s’était moqué d’elle à l’école pour ça. C’était la première fois qu’elle en parlait réellement. « Je sais plus si je dois me battre pour rester moi-même… Si je dois croire que mon père est vivant et qu’il me cherche, quelque part. Je sais pas ce que je dois faire… » Se fondre dans la masse, elle l’avait bien compris. Mais et si ça ne lui suffisait pas ? Elle sentait pourtant un peu le poids sur son cœur se lever. Pas suffisamment, mais un petit peu.

« Je ne sais pas comment prier pour mon père… » Elle n’aurait sûrement jamais dû avouer ça, et elle s’empressa de reparler, bafouillant un peu. « Je lirai la bible pour trouver, je veux pas vous embêter avec ça ! » Même si elle peinait à lire. Même maintenant. Elle hocha sagement la tête. Être elle-même devant des gens choisis… Elle essayait. Mais ça n’était pas pareil, parfois. Et puis… Elle n’avait plus l’habitude des enfants de son âge, alors si elle s’amusait souvent, elle était parfois gênée, devant Charlie et les autres. Mais ça, elle ne comptait certainement pas le dire ! « Maman me disait que j’étais maligne, avant. En étant un peu énervée et un peu contente aussi. Mon père, il disait que j’étais rusée… » Et ça avait l’air d’être un compliment. Elle grimaça instinctivement à la proposition qui lui était faite. « Je… J’ai pas la conversation de Lynn. Vous vous ennuieriez, non ? » Elle n’était même pas sûre de savoir quoi lui dire, en temps normal, même si elle parlait beaucoup là.

Une partie de moi a toujours du mal à imaginer que l’on puisse ne pas croire en Lui, Il a toujours fait partie de ma vie, Il est partout où mon regard se porte. Mais on m’a aussi appris la tolérance et la bienveillance. « Il n’y a pas qu’une façon d’être croyant, contrairement à ce que beaucoup peuvent dire. Il n’y a pas forcément besoin de prier sans arrêt ou d’apprendre la Bible par cœur. » Je lui souris. « Croire que Dieu existe, qu’Il nous guide sur le droit chemin… ça n’est pas aussi dur qu’il n’y parait. Quand tu t’occupes de ceux que tu aimes, quand tu es respectueuse, quand tu apportes de la joie et de l’amour, quand tu fais en sorte d’être sincère et de faire le bien autour de toi… C’est souvent Lui qui nous veille sur nous et nous pousse à être quelqu’un de bien. » C’est simplifié à l’extrême, mais l’idée est là. Je ris toujours à moitié en voyant sa tête alors que je propose des alternatives. « Sacrebleu, c’est l’équivalent de… merde. » J’ai une moue contrite. « Paltoquet, c’est un malotru, un rustre… Quant à gourgandine et diantre… Gourgandine, c’est une femme dévergondée, aux mœurs légères. Et diantre est un peu l’équivalent de… diable pour éviter de le prononcer justement. C’est un signe d’étonnement. » Au moins ceux-là ont-ils une espèce de charme désuet.

Je lui souris doucement, sans vouloir insister de trop sur ce sujet. Je ne pense pas qu’elle me croirait davantage dans l’immédiat. Et ce n’est pas de moi, d’une inconnue, qu’elle doit entendre des paroles réconfortantes, ce n’est pas moi qui la convaincrais de ce que peut ou non ressentir Lynn. « J’avais une famille nombreuse, très nombreuse, et ce n’était pas toujours évident. Ce genre de choses, ces petites pensées et attention font toute la différence. » Mon sourire s’efface à son interrogation suivante, avant que je ne secoue la tête. « C’était indiscret plus que malpoli. » Même si la nuance est mince. « Je voulais des nouvelles concernant ma sœur. Je voulais… Je ne sais pas en vérité. Des réponses ? » Leur faire comprendre, leur faire ouvrir les yeux… Avant que la violence n’explose. Je la dévisage, un air désolé sur le visage. « Je ne sais pas. Je ne comprends pas comment et pourquoi les gens peuvent faire montre de tant de violence. Souvent la peur nous pousse dans nos retranchements et les soldats… » Sont stupidement aveuglés. « Avec tout ce qui s’est passé ces dernières années, il est difficile de garder foi en l’humanité… ou Foi tout court. Et c’est justement parce que c’est difficile qu’il faut s’y accrocher, parce que c’est tout ce qu’il nous reste. » Et c’est à nouveau un léger sourire qui vient éclairer mon visage. « Dieu n’a pas pour habitude d’intervenir dans nos vies, Il nous a donné le libre-arbitre après tout. Mais… Je crois que parfois de petits miracles se produisent. Et j’y vois parfois l’ombre de son intervention. » Ces petits riens qui permettent de continuer à tenir et à croire quoi qu’il arrive. « Je l’espère aussi. Je ferais ce qu’il faut pour que tout s’arrange. » Il finira bien par ouvrir les yeux et par écouter ce qu’il refuse d’entendre.

Mais pour le moment, c’est la jeune fille qui requiert mon attention, bouleversée et perdue. Derrière ses quelques paroles, résonne bien plus de peurs et d’inquiétude qu’elle ne veut bien le montrer. Ce que je peux comprendre, si la douce et sage Lynn a failli mourir, que se passerait-il pour elle qui se fond bien moins dans le moule ? Ou peut-être que j’extrapole un peu trop. Bien qu’au vu des larmes qui viennent faire briller ses yeux, je plutôt visé juste. « Que… Ils ont dit quoi ? » Je fronce les sourcils. « Je suis désolée. Que les gens puissent se montrer si blessants et insultants sans se soucier du mal qu’ils font. Que l’on ait pu te dire de telles inepties en te convaincant de leur véracité. » Ma main continue de serrer la sienne. « Tu n’as rien fait de mal. Et tu n’es pas folle, ni… C’est insensé de prétendre que tu… » Je soupire. « Pour le moment… Trouve de petites choses qui te rendent heureuse, aussi superficielles ou insignifiantes puissent-elles avoir l’air. Pour moi, ici au tout début, c’était la danse. Et Mei… » Mes lèvres se plissent. « Construis-toi un chateau-fort, une armure, de ces petites choses qui te font sentir bien, et qui te permettent de rester toi-même.Et même si en apparence, tu deviens aussi sage et lisse que demandé, tu auras ton espace, ta liberté. » Je grimace un sourire. « Je sais, ça a l’air idiot et bien insuffisant, et plus facile à dire qu’à faire, mais, ça aide. »

Sa détresse me brise le coeuret je secoue à nouveau la tête « Tu ne m’embêtes pas, enlève-toi ça de la tête. Et prier n’est pas si compliqué que ça. Tu peux aller à l’église, mais tu peux tout aussi bien le faire de ta chambre ou dans un parc. Il te suffit de dire ce que tu as sur le coeur, même si c’est pour Lui dire que tu ne sais pas comment faire ou même que tu sais que as parfois fait des erreurs, mais que tu veux devenir meilleure. Il sera là. Tu peux simplement Lui demander de bien vouloir veiller sur les gens que tu aimes, de faire en sorte qu’ils aillent bien… Il écoute toujours. » Je souris tout en parlant, essayant de lui communiquer un peu de cette foi qui m’anime depuis toujours. Mon sourire s’agrandit quand elle confirme que je ne suis pas la première à lui avoir fait la remarque. «  C’est une bonne chose, d’être rusée et maligne, sers-t-en. » Et c’est un rire, bien plus touché que moqueur, qui m’échappe. « Depuis mon arrivée, tu te révèles aussi bavarde qu’intéressante. Et puis, les silences peuvent être tout autant appréciables quand on est en bonne compagnie. » Je hausse les épaules. « Tu n’es pas obligée d’accepter, mais tu pourrais être toi-même et me parler de ta vie avant tout ça si tu en as envie… »

C’était des considérations bien trop complexes, pour Maelys, au final. Si elle était futée et intelligente, elle n’avait pas un esprit très académique. Les considérations théologiques la dépassaient largement, et elle peinait à assimiler l’idée que la foi puisse être si différente. Surtout alors qu’on lui martelait de lire la bible, de réciter les prières qu’on leur inculquait, de s’imprégner des prêches des cur… des prêtes à l’église. Elle devait constamment se corriger, pour être sûre de ne pas commettre d’impair devant les mauvaises personnes. « Alors pourquoi… Pourquoi on me le demande ? Vous, vous apprenez tout ça à vos enfants ? » Ils étaient tout petits, mais peut-être qu’ils le faisaient dès le berceau. Est-ce que les comptines qu’elle chantait à Wylan étaient religieuses ? Peut-être que oui, et qu’elle ne le réalisait tout simplement pas. Peut-être qu’Hailey avait raison, concernant l’attitude des gens. Si elle avait raison, est-ce que… « Ça veut dire que, si on se comporte pas comme ça, si on a pas tout ça, c’est le diable qui nous incite à agir ? » Ça expliquerait pourquoi elle n’y comprenait rien, à la religion, à Dieu, aux prières. Pourquoi elle s’endormait en essayant de lire la bible. Pourquoi la messe l’ennuyait. « Je devrais pas dire ça mais… Ça vous a jamais ennuyée, d’aller à la messe ? » Elle semblait l’encourager à être honnête, non ? Même si elle n’appréciait pas le vocabulaire fleuri de Maelys. Maelys, qui la regarda avec des yeux ronds, de prime abord, avant qu’elle ne lui expliquer les différentes insultes qu’elle venait d’utiliser. « Mais du coup… Si c’était des insultes d’avant, ce n’est pas pareil ? » Parce que même si ça semblait ridicule ou bizarre maintenant, du coup, c’était la même chose. « Mais vous savez, April les entend pas ! Elle connait pas d’injures! » Est-ce que ça existait seulement dans le langage des signes ? Elle n’en était pas sûre du tout.

Mais elle n’aurait peut-être pas dû parler de sa famille. Elle n’avait pas vraiment voulu sous-entendre que ni sa mère ni sa demi-sœur ne l’aimaient, ou pas assez, même si elle le ressentait, et c’était… compliqué. Elle aurait voulu s’accrocher à la moindre bribe d’espoir qu’Hailey distillait pour elle, mais elle n’y parvenait pas. Pas vraiment. Elle n’arrivait même pas à envisager que les choses changent, autrement que par le rejet total de sa mère et de Lynn. « Nous on était une toute petite famille ! J’avais papa, maman, Ewen, le frère et la sœur de papa, et ses parents. » Et c’était tout. Elle ne connaissait pas vraiment la famille de sa mère. « Euh… Désolée, continuez, j’écoute. » Elle se comportait bien trop impulsivement, face à Hailey, peut-être un peu à fleur de peau. « Vous avez eu de ses nouvelles ? Vous savez où elle est ? Vous voulez que j’espionne ? » Elle était petite et insignifiante aux yeux de bien des gens, ils ne faisaient pas attention à elle. Elle mit précipitamment une main devant sa bouche. « Enfin, je le ferai pas vraiment ! Je veux pas pêcher ! C’est juste que si les gens en parlent, c’est leur faute ! » Plus ou moins. « J’espère que je verrais un miracle, un jour. Vous en avez déjà vu ? » Même si elle n’y croyait pas, une part d’elle plus enfantine, naïve peut-être, apprécierait que ça existe réellement.

Elle grimaça malgré elle, chassant les larmes de ses yeux d’un geste rageur. Elle avait déjà été assez apeurée pour ça, l’était toujours, elle ne voulait pas encore pleurer. « Je veux pas qu’ils fassent de mal à maman, à qui que ce soit, à cause de moi. Mais je n’y arrive pas… » À se comporter exactement comme ils le voudraient. « C’est… C’est le roller, et le skate, pour moi. Et dessiner. J’ai… un homme, un militaire, qui était gentil, lui, comme River, finalement, il m’a protégée du prêtre qui m’avait dit ça, et il m’a ramenée à la maison. Et il m’a offert un carnet et des crayons de couleur. » Elle n’avait pas cru qu’un soldat puisse être aussi gentil, ni même un homme qui n’appartenait pas à sa famille. A part son père et Zack… Elle n’en avait rencontré aucun. « Il s’appelait Preston, mais ça fait longtemps que je l’ai pas vu. » Elle s’était souvent demandé s’il était mort, mais elle n’osait pas demander aux gens. « J’ai toujours peur qu’on m’interdise d’en faire… Une fois, j’ai bousculé un trône. Il était gentil, il m’a même encouragée à en faire mais… Tout le monde est pas comme ça. » Elle n’allait pas lui dire qu’il lui apprenait la boxe pour autant.

Elle haussa légèrement les épaules. Elle était habituée à être de trop et à déranger, elle peinait à croire que c’était possible que non. « Il faut une croix ? Ou une bible ? Ou de l’eau ? » Pas de l’eau du robinet, mais elle comprendrait. « Et… Mon petit frère est mort, il aurait jamais dû. Comment… Comment je peux croire qu’il protègera les gens que j’aime ? » Surtout alors que la mort d’Ewen avait tout cassé dans la famille. Elle grimaça à nouveau. « Je sais pas si vous… On m’a dit de pas parler de ça à tout le monde. De la vérité dehors. Que ça pouvait choquer. » C’était presque la moitié de sa vie, tout ça. Est-ce qu’Hailey aurait les épaules pour l’entendre ?

Mes lèvres se pincent alors que je dévisage la demoiselle qui me fait face. Elle a l’air tellement perdue, elle semble tellement vouloir… comprendre, vouloir faire de son mieux, qu’il m’est difficile de ne pas simplement critiquer tout ce système. Ce que je n’aurais jamais pensé pouvoir faire il n’y a pas si longtemps, comme quoi… « Certains sont convaincus qu’il faut tout connaître et tout appliquer à la lettre pour être un bon croyant. Ils ne le font pas par méchanceté, c’est juste… » Pas toujours du moins. C’est stupide. « C’est souvent dans l’intention de sauver les âmes et de protéger les êtres. Et je leur apprends la Bible, des versets et des prières oui, mais… Je leur apprends avant tout la charité et la bienveillance envers son prochain, et… la Foi, que Dieu est toujours là, même quand Il semble nous abandonner. » Et je secoue la tête. « Oh non ma chérie. Le diable n’est pas vraiment… C’est plus retors que ça. » Mes lèvres se plissent. « Tu n’es pas obligée d’être tout le temps pleine d’amour et souriante, tu peux être fatiguée ou dépassée. C’est ce qui fait de nous des êtres humains. Le malin… est la tentation, ce qui s’oppose à Notre Seigneur. C’est ce qui te fera croire que la richesse, le pouvoir, l’admiration entre autre sont des buts assez nobles pour faire du mal à d’autres, assez importants pour oublier la bonté, la miséricorde, la gentillesse, l’amour. Ce n’est pas uniquement être parfois en colère ou ne vouloir voir personne. » Et c’est un souffle de rire qui répond à sa question suivante. « Quand j’étais petite, parfois si. Et j’étais distraite par mes frères et sœurs, mes innombrables cousines et cousins… Mais c’était mon oncle qui était pasteur et… il rendait ça intéressant. » Mais j’ai toujours baigné dedans, contrairement à elle. Je grimace à sa remarque, ne pouvant guère la contredire. « C’est un peu pareil… Mais plus original, moins connu… ça a perdu un de son sens. » Ce qui ne les rend pas acceptables pour autant, mais à choisir… « Et c’est une bonne chose pour elle, mais c’est de toi qu’il s’ait en l’occurrence. »

Et je lui parle un peu de moi, de ma famille, des êtres qui me sont chers. Ewen ? Je le note sans le relever, n’ayant pas envie de l’interroger sur des sujets trop douloureux. Je souris, secouant la tête. « Non, je ne sais pas où elle est actuellement... Et non, je ne veux pas que tu espionnes. » Quelle idée. Même pour Mei, jamais il ne me viendrait à l’idée de mettre une enfant en danger. Je serre sa main avec douceur. « Merci de vouloir m’aider. » Je lui offre un sourire avant de hausser un sourcil. « J’ai retrouvé une partie de ma famille en arrivant ici, alors que nous vivions bien loin d’ici. Deux enfants m’ont trouvé et ont fait de moi une mère. Nous avons survécu et nous discutons dans un salon autour d’un thé… Ce sont de petits miracles, ne crois-tu pas ? »

Je vais m’asseoir à côté d’elle et ma main monte pour essuyer une larme sur sa joue. « Il n’arrivera rien à Jena, River la protégera ne t’en fais pas… Et quoi qu’il en soit, ce ne sera pas de ta faute. » Hochant la tête à ses confidences, je souris de nouveau. « Il doit y avoir des endroits plus adaptés que d’autres pour ces activités, on pourrait chercher ensemble. Et tu as encore ce qu’il faut pour le dessin ? Tu as déjà pris des cours ?... Tu as raison, tout le monde n’est pas comme ça, mais c’est bien de se rendre compte qu’il y a des gens comme ça justement. »

« Non, tu n’as besoin que d’être sincère avec toi-même, et avec Lui. » Et je comprends enfin, sas avoir eu besoin de lui demander. Ewen, son petit frère. Oh Seigneur. « Je te présente toutes mes condoléances Maelys. » Un profond soupir m’échappe. « C’est une terrible tragédie qui vous a frappé, j’en suis sincèrement désolée. » Comment expliquer tout cela, comment puis-je la rassurer alors qu’elle ne croit absolument pas en Lui ?... Mais peut-être qu’au final, ce n’est peut-être pas le plus important, qu’elle ne croit pas en Lui. « Dieu veille sur nous, sur nous tous, que l’on croit ou non en Lui. Mais… Il n’est pas responsable des actes des hommes, ni des malheurs qui peuvent se produire. Dieu nous a donné le libre-arbitre, Il nous a fait responsable de nos choix, et de nos vies. Malgré tout… Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. Il nous écoute. » J’inspire profondément. « Et je peux t’écouter aussi si tu le souhaite… J’ai survécu quelques temps dehors, avec ma sœur, je sais qu’il y a également de la bonté et de l’entraide. Mais je sais aussi à quel point ça peut être terrible et dangereux. Ça a du être très difficile pour vous. »

Elle avait envie de croire Hailey. Envie de croire qu’ils étaient aveuglés par leur croyance. Que c’était des gens bien. Mais c’était faux. « Je suis désolée, mais j’y crois pas ! Au fait qu’ils veuillent sauver les gens. Sinon, ils m’auraient jamais dit ce que je vous ai dit par rapport à Je… à ma mère. Est-ce… Vous croyez qu’on peut croire en votre Dieu et être méchant ? Vraiment méchant, pas quelqu’un de bon ? » Parce que comment ces gens pourraient fusiller des femmes qui ont juste voulu prendre la parole ? « Les femmes qui sont tuées… C’est pas juste. Et si je vous écoute, c’est pas normal. Vous pensez pas que c’est normal, hein ? » Ça, ou juste les gens qui la rabaissaient, qui la faisaient ne pas se sentir à sa place. « Retors ? » Qu’est-ce que ça voulait dire ? « Je sais pas si je suis gentille. Les gens d’ici, je leur veux pas du bien… » Pas à tous. Pas à beaucoup, en réalité. Parce qu’elle n’arrivait pas à leur pardonner, à les excuser, de tout ce qu’ils faisaient. Ceux qu’elle connaissait personnellement, mais même les autres. Les soldats, qui attaquaient bêtement les gens, les prêtres, les élèves de sa classe… Ils méritaient rien. « Oh. Les gens ici, ils font pas ça. » Mais peut-être qu’Hailey y arriverait. Elle en faisait déjà beaucoup plus parler Maelys que n’importe qui. « Vous savez, j’ai vécu avec des gens qui disent des mots pires que ça. Qui font pire que ça. » Peut-être que ça n’aurait aucun poids, mais elle avait eu ces habitudes toute sa vie.

« Je suis petite et personne fait attention à moi, vous savez ! » Et si elle essayait de se fondre dans le décor, de passer pour une bonne petite fille de Walla Walla, elle y arriverait. Y compris pour écouter sans qu’on ne le remarque. Elle n’avait pas envie de la contrarier pour autant. Mais elle essaierait, et elle le lui dirait que si elle trouvait quelque chose. « Je sais pas… Si je retrouvais mon père, ce serait un vrai miracle. » Était-ce seulement possible ? « Vous savez pas qui pourrait m’en parler ? » Elle la regarda avec surprise en sentant sa main sur sa joue, murmurant. « C’est pas ce qu’on m’a dit… » Et ils avaient l’air très sérieux, en disant que Jena serait punie pour elle. « Je… Ce serait gentil. » Même si elle ne faisait pas vraiment de mal à qui que ce soit, dans la rue, si ? J’ai des vieux crayons un peu usés, et le carnet, mais j’ai pas très envie de l’utiliser en entier. » Ça la touchait plus qu’elle n’aurait su le dire, ce cadeau de Preston. Elle baissa la tête, les joues rouges. « Je dessine dans les livres, des fois. » Elle avait un peu honte mais… Elle s’en fichait un peu, surtout de la bible.

« Et je dois parler à voix haute ? Tout le monde doit pouvoir entendre ? Je dois pas parler à un vieil homme barbu qui me dirait que je dois réciter la bible ? » Elle baissa la tête, ayant soudain l’impression d’avoir dix ans à nouveau. « C’était des gens méchants qui ont fait ça… » Mais elle n’avait pas envie de dire que ses parents n’avaient plus jamais été les mêmes, après. « J’ai jamais eu cette impression, et on m’a jamais dit ça… Sur Dieu. » On lui avait juste dit d’être obéissante. « Vous pourrez m’en parler ? De votre survie ? Mais… Pas maintenant ! Pas ici ! »Elle aurait trop peur d’être surprise. « Je vais voir si Lynn est réveillée ! » Parce qu’elle avait peur qu’elle réponde non. Se levant rapidement, elle monta à l’étage rapidement, avant de redescendre. « Merci… de m’avoir écoutée. » Elle n’avait pas été voir Lynn, n’était même pas montée jusqu’en haut, avant d’avoir un peu honte de s’être éclipsée comme une voleuse.

Son incompréhension et son amertume me font mal au coeur. J’aimerais pouvoir la rassurer en quelques mots, mais ce n’est pas si facile que ça. « Tout le monde peut croire en Dieu, être croyant n’implique malheureusement pas d’être forcément bon. Il n’est pas nouveau que certains parviennent à… manipuler et détourner les Ecrits à leurs avantages. » Je grimace sensiblement et je secoue la tête. « Non, je ne pense pas que ce soit juste. Mais chaque action et chaque parole ont des conséquences. Et au final, ce sont nos actes et ce qu’il en ressort qui parlent pour nous, c’est sur cela qu’Il nous jauge et nous juge. » Et certaines actions pèsent bien plus lourd que d’autres. « Plus sournois, si tu préfères. » Je l’observe et mes sourcils se haussent. « ça ne fait pas de toi quelqu’un de mauvais pour autant Maelys. Il y a une nuance entre penser quelque chose et faire du mal à quelqu’un. Tout le monde a déjà eu des pensées regrettables, ça reste humain. L’important est de ne pas céder, de rester bienveillant et miséricordieux, à Son image. Même si ce n’est pas toujours facile… surtout quand ce n’est pas facile. » Et je suis plutôt bien placée pour le savoir. « Pas tous non. Je t’emmènerai voir le prêtre Bennett, si tu le veux bien, peut-être qu’il te plaira davantage que les autres. » C’est un semblant de sourire compatissant que je lui adresse. « Tu es une jeune fille très courageuse, qui a déjà dû affronter beaucoup de choses. » J’ai une légère moue. « Je comprends, il est difficile de changer des habitudes prises de longue date.  Mais essayer de ne plus employer de tels mots peut être un nouveau défi. »

Oui, décidément, elle lui ressemble beaucoup. « Je n’en doute pas. Mais il est hors de question que tu fasses quoi que ce soit qui puisse te porter préjudice. Je te remercie donc, mais ce ne sera pas utile. » Je lui souris, pour lui faire comprendre que j’apprécie l’intention, même si je refuse totalement. « Je le rajouterais à mes prières, une voix en plus n’est jamais superflue. » Et je cligne des yeux à sa question. « Te parler de ton père ?… Je me renseignerai. Tu n’auras qu’à m’écrire tout ce dont tu te souviens à son sujet, et je me renseignerai. D’accord ? » Même si je doute de pouvoir être d’une quelconque aide, peut-être se sentira-t-elle moins seule. Je pourrais toujours en parler à Benjamin, voire à Armand qui sait. « Comme tu l’as dit tout à l’heure, certaines choses ne sont pas justes. Quoi que certains puissent avancer ou prétendre, tu ne seras pas responsable. » Quand bien même les mères ont toujours été tenues pour responsables des erreurs, manquements, bêtises de leur enfant, rien ne saurait justifier qu’elle soit punie pour cela. Quelles que soient leurs lois tronquées à ce sujet. « Quoi qu’il arrive, jamais je ne pourrais blâmer un de mes enfants de ce qui pourait m’arriver. Et je suis sûre qu’il en est de même pour ta mère. Tu lui en as parlé ? » Elle saura la convaincre et la rassurer bien mieux que moi à ce sujet. Peut-être lui en toucherais-je un mot, si j’en ai l’occasion. « J’essayerais de te retrouver des feuilles et des crayons pour la prochaine fois, ça t’évitera de dessiner dans des livres, et on ira chercher un lieu pour que toi ! »

Je souffle un rire en l’entendant. « Non, tu peux le faire en silence, dans ta tête, à voix basse. Ce qui te convient le mieux. Je ne sais pas s’Il est réellement barbu, mais Il entendra ne t’en fais pas. » La suite me fait rapidement perdre mon sourire. « Je n’ose pas imaginer à quel point ça doit être difficile. Je… Ma porte sera toujours ouverte si tu as besoin d’en parler un jour. » Ce serait bien mieux qu’elle en parle à un spécialiste, mais ce n’est pas vraiment considéré comme important ici malheureusement… « C’est pourtant ce qu’Il est, un guide et un refuge. Même quand tout semble noir, Sa lumière demeure. Il suffit de la trouver. » D’y croire, même si ce ne sera pas aussi facile pour elle je m’en doute. Et je n’ai pas le temps de répondre à la suite, qu’elle se lève et disparaît, pour revenir dans la foulée.

Je me lève et me rapproche d’elle, lui demandant silenciensement l’autorisation avant de la prendre dans mes bras. « Merci de m’avoir parlé, et de me faire confiance de la sorte Maelys. »Je lui souris avec douceur alors que je la relâche. « Ne va pas la réveiller, elle a besoin de repos. » Je glisse une mèche de cheveux derrière son oreille. « Je vais devoir y aller de toute façon, mais j’ai été ravie de parler avec toi. Je partagerais mon histoire avec toi avec plaisir. Lors de notre promenade à venir ? »
Ce qu'elle accepte. Après un dernier câlin, je la laisse sur sa promesse de laisser quelques cookies à Lynn, et sur ma promesse de lui en ramener d'autres, pour elle uniquement, la prochaine fois.