Un grognement furieux lui échappa encore alors que Zelda tenta de lui saisir le bras et le passer autour de ses épaules pour l'empêcher de tomber. La douleur pulsait désormais le long de ses côtes, si fort qu'il manqua presque de tourner de l'oeil. Après avoir loupé de se vautrer devant l'australienne, elle ne lui avait pas vraiment le choix que de se tenir à elle, pas même pour épargner son égo malmené ces dernières heures. Devoir la laisser conduire parce qu'il en était incapable, et maintenant le soutenir parce que l'infection lui grignotait toute son énergie vitale ? Bordel, c'était vraiment l'enfer sur terre.
Certains parleraient de retour de karma, mais Levi n'en était plus à croire grand chose à propos d'une puissance supérieure. Les choses étaient faites ainsi, dans le but évident de le faire chier. Même si actuellement avec la fièvre, l'israélien n'en était plus vraiment à considérer ces faits-là. Il voulait juste être soigné, plus ou moins correctement, et éviter de crever à cause d'un ours de préférence. Rendu à l'intérieur, son regard rouge laissait clairement entendre qu'il n'en menait pas large, et tous deux eurent droit quand même à quelques bons samaritains.
Un homme leur désigna d'ailleurs une direction : dans une des boutiques en retrait - une ancienne pharmacie reconvertie - ils trouveraient probablement un infirmier ou quelque chose du genre. Quelques pas supplémentaires, et le duo parvint au niveau de la grille. Levi se raccrocha la vitre, Zelda usa des muscles pour remonter le rideau pour qu'il puisse passer sans avoir à se baisser ou se faire mal. Il la remercia d'un regard avant de pénétrer dans la boutique et de tomber nez à nez avec une jeune femme. Très jeune.
Bon, Sean l'était davantage et il lui confierait très probablement sa vie en l'occurrence. Il ne devait pas s'arrêter à ça et de toute façon, Levi n'était pas en position de faire des commentaires désobligeants : On cherche un soignant, annonça-t-il à la brune, en défaisant son sac à dos qu'il posa devant eux : La plaie s'est infectée, j'ai de quoi payer, poursuivit-il. Quoi qu'elle décide, il pouvait de toute façon rémunérer pour son travail. Le reste, il le laissait entre les mains de Zelda, il n'était pas en état de négocier.
Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
C'est sûrement un détail au vue des circonstances mais Zelda se sentait malgré tout obligée de le préciser. Elle aide l'israélien à s'installer comme il le peut puis lâche un soupir de satisfaction en retrouvant sa liberté de mouvement. Il a pas l'air gros, Levi, comme ça. Mais il n'est pas léger pour autant. Oh que non ! J'suis sa fille ! indique-t-elle en grimaçant. Elle va vraiment avoir du mal à s'y faire. Le pire c'est que c'est son idée, en plus, à la base. Il faudra qu'elle affine quelques détails de leur couverture avec son camarade. Enfin, s'il survit...
L'australienne lève les yeux vers la jeune femme qui se tient dans ce qui doit être l'hôpital local. Une vieille pharmacie qui tire la gueule. Elle n'a pas envie de se montrer trop négative, Zelda. Mais tout de même... T'es sûr que tu veux pas que j'te crame ta plaie ? propose-t-elle à nouveau à son camarade. Sans prendre le soin de se pencher vers lui. Sérieusement... Si tu t'fais soigner ici c'est pas une infection qui va t'buter mais au moins l'choléra ! Ou p't-être même la peste, tiens ! Elle hausse les épaules. Ces lieux ne lui inspirent pas confiance et elle ne se prive pas pour le prouver.
Et qu'importe l'ego de cette fille qui est trop jeune pour être docteur. Il faut au moins quelques rides ou un air intelligent pour prétendre à ce titre, non ? Il s'est battu avec un ours ! explique-t-elle sur le ton de la discussion. Il y a peu de chance que l'autre la croit mais, eh, c'est la vérité ! M'enfin il paraît qu'c'est une passion comme une autre... Elle hausse les épaules et se fend d'un léger sourire amusé avant de retrouver un air moins léger. Et sinon elle attend quoi pour aller chercher l'doc, la pétasse ? Ce n'est pas non plus comme s'ils avaient des heures à perdre non plus, là... Allez, on se bouge ! Hop hop hop ! presse-t-elle en tapant dans ses mains. Histoire de lui donner le rythme, quoi.
Zelda Anderson
Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest, or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.
Parfois j'crois que j'préfère quand j'pouvais bouger où j'voulais quand j'voulais tant que j'faisais pas chier Peter ou Elena en utilisant des ressources ou en oubliant d'jouer mon rôle. C'est justement ça qui m'manque et qui a radicalement changé. Quand y'a Faith encore ça va... Mais toute seule...
J'finis d'ajouter le pansement au doigt d'un p'tit vieux qui s'est coupé en tranchant du fromage, ouais, d'après c'qu'il dit et j'ai à peine le temps de souffler quelques minutes, une dizaine peut-être le temps de me purifier les mains avant que deux nouveaux patients entrent.
"Ok..." Laissais-je échapper en tressaillant légèrement au vu de l'état du bonhomme avant de me reprendre en lui faisant signe de s'assoir sur le brancard un peu ballant qui servait d'couche médicale. "Parfait." Que j'ajoute alors qu'il cause déjà salaire.
Bien. On peut discuter.
La mention d'l'ours me fait tiquer. J'sais même pas si j'aurais l'occasion de m'pointer au rendez-vous avec Lee. J'souris finalement, amusée en me rappelant ma rencontre avec lui, et surtout que j'ai du boulot ici et pas le temps d'déprimer, avant d'être frappé, par un violent coup droit à l'égo, la gamine se mettant à m'insulter ouvertement et sans aucune gêne... D'accord. J'crois qu'ça va mal partir dès le départ cette histoire. Déjà que même si ça reste un super exercice, j'suis pas tant à l'aise avec l'idée de soigner d'autres que les miens.
"Docteur La Pétasse pour te servir sale petite garce de merde." Répondis-je froidement, plissant les yeux et levant le menton d'un air mauvais. Mes billes s'orientent vers l'autre et son accent made in je sais pas quel pays de merde. Il n'a pas l'air bien plus chamboulé qu'ça par la manière dont j'parle à sa soit-disante fille... La ressemblance est pas frappante en tout cas. "Montrez moi votre plaie."
J'ai plus la force, ni l'occasion de sortir de mes gonds. J'dois rester professionnelle et j'attrape une paire de ciseaux, des compresses et une fiole d'alcool, que j'entrepose sur une table à roulette proche du bonhomme, non sans me séparer des ciseaux pour la p'tite conne.
"On découpe les vêtements de papa que j'puisse voir la plaie ?" Fis-je en le lui tendant ces derniers. 'Allez hop hop hop !" En les laissant tomber volontairement à ses pieds, retournant chercher le reste du matériel dont j'allais avoir besoin. sans même avoir besoin de jeter un oeil sur la plaie, j'estimais déjà que ce serait autre chose que mon intervention précédente. Mais avant ça. "Vous vous êtes aussi fait surprendre dans un magasin de jardinage ?" Tentais-je de converser avec l'étranger... A défaut d'rester focus sur la p'tite et d'avoir les nerfs qui montent, autant faire la discussion, même si son accent risque de vite me faire siffler les oreilles.
Bordel. Evidemment. Il ferma les yeux, grignoté par la fièvre, en se demandant ce qu'il foutait là. De toute évidence, il savait, c'était plus : qu'est-ce qu'il foutait là avec Zelda dans les pattes, d'autant plus quand elle était encore incapable de se tenir correctement. Agacé, Levi eut un profond soupir en essayant de relativiser, mais c'était aussi pertinent que de se jeter directement dans les griffes d'un ours. Il retint un soupir, d'autant plus quand les deux filles décidèrent de s'invectiver d'entrée de jeu. La soignante n'en était pas à accepter de se faire mal parler, et l'australienne était... Égale à elle-même.
C'est pas ma fille, précisa-t-il rapidement. Ok, ça n'était pas du tout le plus important actuellement, d'autant qu'il essayait de retirer son t-shirt et de défaire le pansement qui recouvrait sa plaie. Mais il ne voulait pas qu'on puisse penser, à aucun moment, qu'il avait pu prêter ses gênes à l'australienne à côté de lui. Franchement, je suis à deux doigts de dire que j'la connais pas, ajouta-t-il dans un marmonnement en parvenant à s'installer sur la "table" de consultation. Zelda allait réussir à le foutre dans la merde sans même avoir besoin de forcer, ou d'un peu d'imagination, c'était vraiment formidable...
J'ai tenté d'refaire des points mais ça a pas tenu, expliqua-t-il à la jeune femme, qui s'occupait d'observer la plaie pour l'instant, et de lui poser des questions : On avait un abri, l'ours a été attiré par la nourriture et notre présence. Entre lui et les morts, on a dû décamper, ajouta l'homme en pinçant les lèvres. En bref : de la malchance, mais il fallait composer aussi avec ce facteur aléatoire lorsqu'on était dehors. J'sais qu'elle est pas la plus aimable d'un premier abord, mais elle m'a sauvé la vie, précisa-t-il au sujet de Zelda, pour temporiser. De fait : elle restait ici. Tu ferais bien de regarder, et d'apprendre, ça t'sera toujours utile, ajouta-t-il à l'égard de l'adolescente.
Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.
Même si c'est pour l'insulter. Zelda toise celle qui se prétend docteur et oscille entre le désir de lui exploser le nez et la curiosité de la voir charcuter Levi. Miracle ! L'australienne, animée d'une dévotion parfaitement feinte, lève les mains au ciel pour remercier une quelconque déité. C'est toujours ça de pris et puis dans un coin pareil il ne faut de toute façon pas s'attendre à croiser des exemples d'intelligence. Les têtes pensantes, celles qui comptaient, avaient leur place à Fort Ward.
C'est la fièvre qui parle, daddy ! relève-t-elle dans la foulée quand l'israélien refuse de lui être associé. Et leur couverture, alors ? Il a oublié ?! Tu sais plus c'que tu dis ! Et puis quoi, il pense que ça l'amuse de jouer ce rôle ? Qu'elle rêve d'être sa fille, peut-être ? Quoique ça peut aussi sa manière à lui de lui faire comprendre qu'il désapprouve. Après tout, maintenant, dans son état, il ne peut plus trop se lever pour lui en coller une. Le voici réduit à la communication verbale... Triste !
Et voilà que l'autre la ramène encore en lui demandant de découper les vêtements de Levi. Avec cet air de grosse conne qui n'attend qu'un ravalement de façade. Quelque peu surprise par le toupet de la gueuse, Zelda observe la paire de ciseaux tomber au sol. Si j'ramasse ce truc, c'est pour t'l'enfoncer dans l'crâne ! Et perforer ton dernier neurone ! prévient-elle. Elle commence sérieusement à la gonfler, cette conne. J'te propose plutôt d'faire ton boulot toute seule, comme une grande fifille ! Qu'est-ce que tu dis d'ça ? L'adolescente shoot à son tour dans les ciseaux et penche un peu la tête sur le côté. Hop hop hop ! Ca se mérite, un salaire ! Alors cette fille à plutôt intérêt à s'activer si elle veut conserver une quelconque utilité à ses yeux. De son côté il est hors de question qu'elle participe plus que de raison. Et puis l'israélien n'apprécierait sans doute pas qu'elle agite des ciseaux juste sous son nez...
C'est finalement l'intervention de Levi qui décante un peu la situation. Il contextualise l'accident et va même jusqu'à faire ce qui ressemble à un compliment. Si l'on excepte le fait, bien sûr, qu'il ne la trouve pas très aimable au premier abord. C'est clair que j'lui ai un peu sauvé la vie, ouais ! insiste-t-elle à son tour. Pourquoi pas, après tout ? C'est pas non plus un acte si anodin que ça, eh ! Quant au fait de regarder et de retenir... Pour l'moment l'seul truc que j'ai appris, c'est qu'on est tombés sur la reine des putes ! Elle ne peut évidemment pas s'empêcher de le noter à haute voix. Zelda pose ses fesses sur l'ancien comptoir de la pharmacie, replie une jambe contre elle et ancre à nouveau son regard sur la gueuse. Pour bien lui faire comprendre qu'elle va la garder à l'oeil.
Zelda Anderson
Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest, or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.
Les présentations avec la jeune garce continuent de me faire serrer les dents et ronger mon frein. J'ai les sourcils qui se froncent et j'peux m'empêcher de la toiser avec dédain. A contrario de l'homme, dont l'accent me soulève même plus un tressaillement.
Y'avait plus de doute concernant leurs liens familiaux, même si la gamine de merde escomptait continuer son petit mensonge. Son petit manège aussi, à s'foutre de ma gueule et en prime, à me menacer ? Sérieusement ? Qu'est-ce que j'foutais là, à rester calme au lieu de l'agripper par le coup pour lui faire fermer sa grande gueule ?
"J'dis qu'si un jour c'est toi que j'dois soigner, tu pourras m'proposer tout l'or du monde que j'te regarderai agoniser !" Répondis-je juste, avant de m'affairer à la tâche, rythmé par un "hop hop hop" qui m'oblige à regarder mon patient, droit dans les yeux, en espérant juste qu'il capte que je lui demande sans le verbaliser de calmer cette petite pute. "On gagnerait tous à ne pas connaître ce genre d'individus."
Une phrase placé consciemment, comme si elle était inexistante. J'préfère ignorer le reste de ses remarques pour détailler la plaie... C'est pas vraiment beau à voir et les sutures de fortune, visible, me laisse penser aux premières que j'ai tenté. J'hoche ensuite simplement la tête quand il me conte leurs mésaventures.
"Mmh... Je vois. Attention ça va piquer."
Je commence par désinfecter avec une bonne dose d'alcool et applique une solution antiseptique sur tout son flanc tandis qu'il essaye de m'adoucir concernant sa partenaire. Qui ne manque pas de réagir et me faire lever les yeux au ciel alors que j'attrape aiguilles et fils. Le courage ne se trouve pas que dans sa bouche pleine d'insultes ? Et alors que le métèque tente encore d'adoucir la tension présente, elle s'y remet de plus belle.
"T'as dit quoi ?" Fis-je, passant un oeil par dessus mon épaule, avisant ensuite le type, reposant mon matériel. "Faîtes moi sortir cette garce que je travaille dans le calme !"
Là, j'suis à deux doigt de faire de la merde si j'continue à sentir sa présence dans mon dos. J'peux pas travailler sans trembler si j'continue de me faire insulter gratuitement. Malgré moi, le côté O'Malley reprend possession d'mon corps.
"Ecoute moi bien, espèce de petite pétasse à peine réglée." Fis-je en prenant soin de ne toucher à rien, gardant mes mains stériles mais agitant l'index dans sa direction. "ET OTE TON PUTAIN DE CUL DE LA ! C'EST UN ESPACE DE TRAVAIL, PAS LA CRECHE DU COIN !"
Quel bien fou ça faisait ! Maintenant que j'avais pu exploser, je redescendais et m'affairait enfin à la tâche, tendant une bande de cuir au bronzé avant de planter une première fois mon aguille, prête à refermer tout ça, de la bonne manière, cette fois.
Bon sang, pourquoi fallait-il que ça tombe sur lui ? Levi regarda dans le vide un long moment en se demandant ce qu'il avait pu faire pour mériter ça. Il pouvait entrevoir un point de son existence et de ses actions, en comprenant parfaitement que la manière dont il avait mené sa vie était tout bonnement discutable, moralement parlant au moins. Des raisons pour que le karma se venge sur lui, il y en avait sans doute une centaine qui lui venait en mémoire en un rien de temps, et ça n'était qu'une mise en bouche. Inquiétant que ça lui vienne aussi facilement...
Il se passa la main sur le visage, les voix des deux filles lui tapaient furieusement sur le système, et s'il n'était pas en état d'en prendre une pour taper sur l'autre, difficile de ne pas en avoir sérieusement envie. Il ferma les yeux un temps, et eu un vertige quand la soignante s'exaspéra de l'attitude de l'adolescente. Un grognement plus tard et Levi porta un regard furibond sur les deux, sa patience était inversement proportionnelle avec sa fièvre et sa douleur : il avait envie de les tuer, toutes les deux. J'suis à deux doigts de préférer crever pour plus vous entendre vous bouffer la gueule comme vous le faites, lâcha-t-il d'un ton sec avant de planter un regard exaspéré et malade dans celui de Zelda.
Toi, ferme-la, somma-t-il froidement, la voix vibrante d'une véritable colère qu'elle n'avait jamais entendu venant de lui. Et toi, son oeillade meurtrière se posa sur la brune : Tu parles à une piailleuse à la maturité émotionnelle d'une huitre, t'as pas autre chose à faire que lui donner la réplique ? Demanda-t-il sans pouvoir cacher sa colère : Je te paie pour tes soins, plus vite tu les fais, plus vite on est tirés, il fallait penser stratégique, et si ça n'était pas donné à tout le monde, il pouvait quand même faire une piqure de rappel pour aider. Réfléchis à où se trouve ton intérêt, grogna-t-il.
Inachevés
La médiocrité commence là où les passions meurent. C'est bête mais j'ai besoin de cette merde pour sentir battre mon cœur. J'ai tellement misé sur mes faiblesses et mes failles, j'mérite une médaille au final j'ai fait qu'briller par mes absences.