The Walking Dead RPG

C'est la fin de journée, le soleil décline déjà à l'horizon. Le froid et l'humidité commencent à s'infiltrer à travers les murs et les fenêtres mal isolées du bordel. Tasya attrape quatre bidons vides dans la cuisine et ne tarde pas à tomber sur Ray. « Tu viens avec moi chercher de l'eau ? » lui propose-t-elle. Ce n'est pas seulement un besoin de compagnie ou de sécurité. Il y a longtemps maintenant qu'elle se déplace seule dans l'enceinte du bidonville. Elle sait se faire discrète et éviter les ruelles mal fréquentées. En empruntant uniquement les passages bien vivants, elle ne prend quasiment aucun risque.

Non, le problème est ailleurs. Elle s'épuise, elle manque de force. La nourriture est rare et elle ne se ménage pas ces derniers temps. Elle passe pas mal de temps à faire du ménage dans les districts la journée, les soirées à aider Joe et Harper à la fabrication des bombes. S'occuper l'esprit lui permet d'éviter de trop réfléchir et au moins, elle peut réussir à glaner quelques tickets de rationnement en plus. La nourriture est un peu trop précieuse et ils sont de plus en plus nombreux au bordel. Sa grossesse l'épuise aussi, elle a toujours des nausées, dort mal.

L'idée de revenir avec des barils plein d'eau potable l'épuise donc d'avance. Ils ne seront pas trop de deux pour les porter. Tout en marchant en direction des fontaines à eau, elle bande ses mains abîmées. Manipuler de la ferraille n'est pas sans conséquence et lorsqu'elle doit sans cesse immerger ses mains dans l'eau froide pour le ménage, elle en garde des blessures qui se cicatrisent difficilement auxquelles s’additionnent des gerçures assez douloureuses.

« J'ai tellement faim » souffle-t-elle. Son ventre crie famine presque du matin au soir. C'est triste, mais ici, ils survivent au jour le jour. Ils sont en vie certes, mais à quel prix ? « Et toi, ça va ? » Elle tourne ses yeux sombres vers Ray. Ils se croisent beaucoup ces temps-ci, sans vraiment prendre le temps de parler.

Message In A Bottle

Just a castaway, an island lost at sea,
another lonely day with no one here but me
More loneliness than any man could bear
Rescue me before I fall into despair

La journée a été relativement tranquille pour Ray. Il n’a pas eu à gérer de clients autrement que pour quelques soins médicaux. Les hommes qui prennent la liberté d’explorer leurs déviances sont bien moins nombreux que ceux qui passent entre les jambes de ses collègues féminines. Et ceux qui s’y aventurent se rassurent dans leur virilité à l’humilier et le malmener, comme s’ils étaient à la recherche d’un exutoire malsain plus que d’un moment de plaisir. Bref, un calme à double tranchant, car s’il peut se reposer et permettre à son corps de se remettre de leur brutalité, il ne gagne plus assez pour vivre.

Ray descend les marches jusqu’au rez-de-chaussée. Son mollet le tire encore un peu, a gardé une forme étrange bien planquée sous ses vêtements, mais la blessure s’est refermée. Il peut de nouveau marcher sans trop boiter. Croissant le chemin de Tasya, son regard tombe sur les bombonnes d’eau vides qu’elle porte, comprenant rapidement qu’il est temps de refaire leurs réserves. “D’accord.” Il en attrape autant qu’il le peut, le plastique est léger mais le retour sera nettement plus laborieux.

Lui-même a perdu beaucoup du peu de carrure qu'il avait jusque là. Mais l’amaigrissement de Tasya inquiète bien davantage l’apprenti gynéco qui y voit autant un risque pour elle que pour son début de grossesse. Elle devrait manger pour deux, mais ils peinent à trouver de quoi se sustenter pour une journée.

“Je suis toujours en vie. Donc, ça va.” souffle-t-il, las. Lui aussi a faim, soif, aurait juste envie de dormir. Leurs journées sont moroses, et c'est à se demander ce qui les retient tous de se tirer une balle.

Il prend une inspiration et s’efforce de lancer avec un peu plus d’énergie, “Cette nuit, j’ai rêvé qu’on faisait rôtir Javotte comme un porcelet, avec une pomme dans la bouche. Elle essayait encore de parler mais bien sûr, on ne comprenait rien…” Un sourire cynique passe sur ses lèvres alors qu’il capte le regard de Tasya, espère au moins l’amuser à défaut de véritablement l’aider. “Du coup, on devrait peut-être s’acheter des pommes à l’occasion.” Léger haussement d’épaules, alors qu’ils distinguent déjà la file qui se forme pour aller jusqu’à la pompe. Une bonne dizaine de personnes les devancent, chacun munis de récipients plus ou moins imposants. Un soupir échappe au kiné, “On est là pour un moment.” En déposant les bombonnes sur le sol, en attendant que la file avance.

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Un petit sourire soulève ses lèvres, soulagée que Ray accepte de l'accompagner. Tasya hoche doucement la tête lorsqu'il affirme qu'il est toujours en vie. C'est un peu le sentiment qu'elle a au quotidien : elle survit plus qu'elle ne vit vraiment. Devrait-elle s'estimer davantage chanceuse de respirer encore ? « On est des privilégiés... On a pas fini décapités nous au moins » soupire-t-elle, dépitée.

Lorsque son ami reprend la parole, Tasya tourne un regard curieux vers lui. Lorsqu'il raconte son rêve et qu'elle croise ses yeux, un petit sourire mutin se dessine sur son visage. « Oh, j'ai bien l'image en tête » Acheter des pommes ? Cette simple évocation lui donne l'eau à la bouche. « Je ne suis pas sûre de réussir à garder mon sérieux si tu lui en proposes une... » Elle se raccroche un instant à la vision de Javotte en train de rôtir avec sa pomme. Elle aimerait pouvoir en rire, mais elle n'en a pas la force... « Si tu peux faire rôtir sa sœur aussi... » murmure-t-elle avec un léger sourire. Les deux se valent bien niveau mesquinerie et coups bas.

Ils arrivent à la pompe, mais il y a du monde. La veille dame devant eux se retourne et reconnait la mexicaine : « Oh, Tasya ! » Elle prend les deux mains de la brune dans les siennes. « Merci encore pour les soins et pour les tickets de rationnement, je ne sais pas ce que nous aurions fait sans vous. » Elle montre sa place dans la file d'attente. « Allez-y, passez devant ! » Tasya refuse poliment. « Non, non, nous avons le temps et ne me remerciez pas, c'est normal, ne vous en faites pas » La vieille dame se retourne pour patienter en lui glissant encore quelques remerciements, visiblement touchée.

Tasya se penche vers Ray pour s'expliquer : « Son mari a fait une mauvaise chute, il ne peut plus aller travailler sur les chantiers, ils n'ont plus de source de revenus » Elle esquisse une petite grimace, si elle a conscience qu'ils ne mangent pas à leur faim, pour autant, elle ne peut pas fermer les yeux sur la misère des autres. Ces tickets, elle les gagne en travaillant dehors et ça lui arrive, peut-être un peu trop souvent, d'en distribuer quelques-uns aux plus démunis. Sa générosité et sa bonté la perdra surement, mais elle est comme ça.

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“Hm, ça aurait peut-être été préférable.” d’être décapité. Il souffle sur le ton de l’humour cynique, mais le pense chaque jour. Une mort rapide aurait été un véritable cadeau comparé à l’existence de misère dans laquelle ils sont enfermés.

Tasya sourit à l’évocation de son rêve, c’est déjà une consolation de la voir sortie de son mutisme et de la morosité permanente. “Je lui proposerai, juste pour voir ta tête.” Javotte mérite bien qu’on se fiche un peu d’elle. Y ajouter sa soeur ? “Avec plaisir.”

Ca fait un bien fou de casser un peu de sucre dans le dos de ces filles. Ray et Tasya ont commencé à développer une certaine complicité, depuis le début de leur cohabitation forcée. Lui, il n’a pas hésité à passer sous le tapis les conflits d’intérêts pendant leurs interrogatoires, qui ont bien failli leur coûter la vie.

Dans la queue jusqu’à la pompe à eau, une vieille dame se retourne et approche. Elle connaît Tasya. Elle lui a donné des tickets ?

Ray les observe silencieusement. Lui, il accepterait immédiatement de gagner une place dans cette interminable attente. Tasya est bien trop altruiste pour cela. Le sourire du kiné s’est effacé lorsque l’inconnue se retire et que son amie se penche vers lui. Il soupire, sans cacher son agacement, “Tasya…” Doucement, pour éviter qu’on ne l’entende, il se pince les lèvres, ajoute dans un air de reproche, “On se sacrifie pour avoir un toit au-dessus de notre tête.” Il pense à lui-même, bien sûr, et aux filles qui subissent les vices d’une clientèle toujours plus violente et méprisante. La mexicaine est la plus épargnée dans tout ça. “On travaille pour notre groupe, et c’est déjà bien assez dur comme ça. Combien est-ce que tu lui as donné ?” Les traits froncés, il relève la tête quand il réalise qu’un espace s’est formé devant eux.

Il avance et, plus loin dans la file, distingue une certaine agitation. Plusieurs personnes abandonnent la file avec leurs bidons encore vides. Face à eux se dessinent bientôt les uniformes sombres d’une poignée de miliciens, armés.

Les patrouilles sont relativement nombreuses. Rarement sans échauffourées. L’attitude des hommes de loi est hautaine, leurs regards plein d’un mépris nonchalant. Ils savent bien qu'ici, tout leur est permis. “On devrait peut-être revenir plus tard.” Souffle-t-il alors que l’un des soldats approche de la fontaine pour cracher dedans, appuyant sa lourde botte pleine de boue sur le petit rebord de pierre. Leurs regards se croisent. C’est le milicien qui est passé au bordel, le jour où Javotte a piégé Tasya.

Ray se sent déjà pâlir alors que son esprit lui impose le souvenir de ce qu’il a dû subir.

“Hey ! Pensez pas qu’on vous empêche de vous servir.” qu’il lance à la foule presque totalement dispersée. Il agrippe l’épaule d’une adolescente qui s’approche timidement de l’arrivée d’eau, prend un malin plaisir à la garder dans son ombre menaçante. Les mains de la fille tremblent, trop pour qu’elle s’en sorte correctement. “Tu devrais te mettre à genoux.” se moque-t-il, encouragé par les rires de ses deux amis.

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Tasya tourne son visage vers Ray et lui adresse un sourire. « Deal ! » souffle-t-elle, avec une envie soudaine de se mettre à rire. Depuis combien de temps n'a-t-elle pas pu sourire sincèrement ou rire ? Trop longtemps. Si elle ne porte pas les deux sœurs dans son cœur, c'est d'autant plus drôle des les imaginer dans cette situation embarrassante pour elles. Elle apprécie Ray, de plus en plus et le considère réellement comme un ami.

Tasya a un instant de flottement face aux reproches du kiné concernant les tickets de rationnement. Elle tourne ses yeux vers Ray, comprenant sans peine ce qu'il cherche à lui dire. La priorité devrait être donnée sur le groupe et pas sur les autres, ceux qu'ils ne connaissent pas. Phoebe et les autres, se prostituent pour cela, elle a conscience du sacrifice mais elle ne pensait pas à mal. « Je... Désolée » souffle-t-elle, confuse. La mexicaine ne voit pas les choses ainsi, elle a toujours du mal à ne pas donner tout ce qu'elle a quand elle voit encore plus misérable qu'elle. « Deux tickets seulement. Je ferais plus de ménages pour le compenser » Elle ne ménage pas sa peine pourtant et enchaine les services sans rechigner. Certes, ce n'est pas autant que ce qu'elle pourrait gagner en se prostituant mais elle n'est pas prête à faire le sacrifice de son corps. Le viol d'Alec est encore trop à vif dans son esprit pour qu'elle accepte qu'un autre homme la touche.

Avant de pouvoir continuer leur discussion, plusieurs personnes autour d'eux s'éloignent, quittent la file d'attente sans demander leur reste. Tasya jette un coup d’œil en avant, intriguée et ce qu'elle voit ne lui plait pas du tout. Plusieurs miliciens entourent la fontaine où ils sont venus chercher leur eau. L'un d'entre eux a même pris à partie une adolescente. Ray lui souffle qu'ils devraient y aller, mais elle se sent incapable de bouger tandis que la jeune fille devant eux se liquéfie sur place. Ses mains tremblent et le soldat commence à la pousser pour qu'elle se dépêche. La mexicaine tourne un regard confus vers Ray et s'excuse d'un refus de la tête de le suivre.

Tasya prend une grande inspiration et se rapproche. « Je vais t'aider » souffle-t-elle en s'agenouillant auprès de l'adolescente pour l'aider à remplir sa bouteille. La disgraciée évite soigneusement le regard du milicien et pourtant, il vient vite l'attraper par le menton pour la forcer à se relever et à le fixer. « Je te connais toi » affirme-t-il. Elle peut sentir son haleine putride sur son visage. « Non... » tente-t-elle de le contredire. « Laissez-nous juste prendre de l'eau. » Il a un rire gras et se tourne vers les autres miliciens. « Bien sûre ! » Il sort alors son sexe et, sous les yeux horrifiés de Tasya et des autres disgraciés, il urine dans la fontaine. « Tiens, bois ! » L'eau est désormais souillée et c'est la seule source du bidonville.

Tasya a quelques secondes de flottement avant de se tourner vers l'adolescente et de lui faire signe de partir. La jeune fille s'exécute et prend ses jambes à son coup. La situation va mal tourner, la brune le sent. Ils reviendront plus tard pour prendre de l'eau. Alors qu'elle s'apprête à faire demi-tour, le milicien l'attrape par le poignet. « Allez, on commençait juste à s'amuser ! » souffle-t-il, un sourire mauvais aux lèvres. Il se tourne vers Ray et lui fait signe de se rapprocher. « Vous connaissez le jeu du chat et de la souris ? » Plusieurs hommes laissent échapper un rire, moqueur. « Je vous laisse 3 minutes pour vous cacher ou vous barrer loin d'ici... Et si on met la main dessus, on vous passera dessus, tous, les uns après les autres » Il relève son poignet pour regarder une montre imaginaire. « Tic, tac, tic, tac... » commence-t-il.

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”Tasya.” Tente-t-il vainement pour la retenir. La brune s’éloigne déjà de lui pour avancer vers l’adolescente et s’agenouiller à ses côtés. Ray est figé, les pieds collés au sol, les traits brûlés par le froid. Il observe la scène comme s'il en était totalement extérieur.

Lorsque l’homme saisit le visage de Tasya, Ray a un bref mouvement en avant, s’approche d’un pas, mais s’arrête à nouveau aussitôt que l’autre se met à pisser dans la fontaine…

Difficile de concevoir qu’un tel mépris est possible. Ils s’amusent à les humilier, de toutes les manières possibles. Ce n’est probablement pas la première fois, et Ray se sent pris d’une légère nausée à l’idée qu’ils ont pu leur faire ingurgiter n’importe quoi au cours de ces derniers mois.

L’adolescente s’enfuit. Le soldat saisit Tasya au poignet, et Ray se retrouve à hésiter. Il aurait envie de l’aider, mais il ne fait clairement pas le poids. Il sait qu’il suffirait de quelques secondes pour qu’ils brisent chacun de ses os et le laissent pour mort à même le sol.

Il se raidit quand le milicien qu’ils ont déjà rencontré relève les yeux sur lui. Ray détache sa prise fébrile des bidons encore vides pour les poser au sol. Docile, il avance. Ces hommes sont grands. Forts. Armés. Terrifiants.

Le jeu du chat et de la souris…?

Confus, il lui faut bien quelques secondes pour comprendre. Ces hommes sont fous. Son coeur s’enfonce brutalement sous le coup de la peur, et il attrape Tasya par le poignet pour l’entrainer avec lui dans sa fuite précipitée, sous les rires amusés de leurs tortionnaires.

En trois minutes - s’ils respectent seulement l’unique règle de leur jeu sordide - ils n’auront pas le temps de rejoindre le bordel.

“On peut… peut-être rejoindre… le dispensaire…” Articule-t-il en courant, ses faibles poumons déjà malmenés par l’effort. L'air qui s'y engouffre est glacial. Son sang n’est pas assez oxygéné, ses muscles sont atrophiés. Ils n’ont rien mangé depuis leur maigre repas de la veille.

Alors ce court trajet prend déjà des allures de quête impossible.

Les habitants du bidonville se dispersent, les portes claquent tout autour d’eux à mesure qu’ils s’enferment. Ray frappe contre les battants, contre les fenêtres, mais personne ne se risquera à leur prêter asile. Dans cette jungle de ruines, c’est chacun pour soi, pour espérer survivre.

“Bon sang… on y arrivera pas.” Les minutes passent, et ils ne trouvent pas de refuge. Un cri d’horreur résonne derrière eux ; ils sont déjà en marche, tout près de là. “Viens.” Ray agrippe à nouveau Tasya pour l’attirer avec lui hors de la rue, à travers la broussaille. Ils se griffent la peau et fendent leurs vêtements dans les buissons, pénètrent dans ce qui devait être un jardin, avant l’épidémie. Ray se précipite pour le traverser, se dit que passer la barrière métallique les mettra à l’abri. Mais la bâche qu’ils foulent ensemble se dérobe brusquement sous leurs pieds, s’ouvre sur ce qui ressemble à une ancienne piscine depuis longtemps asséchée.

Leur chute s’accompagne d’un vacarme de craquements, casse et grincements. Ils écrasent un bordel de matériaux et de meubles cassés, dépecés, ordures en tout genre. Une odeur infâme se soulève avec la poussière, et Ray peine à retrouver ses esprits et son équilibre, l’instinct toujours guidé par la panique.

Dés:

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Tout comme Ray, Tasya met de longues secondes à réagir et à comprendre ce qu'ils leur demandent. Cela parait irréaliste. Son ami est le plus rapide à réagir et il l'entraine en la tirant par le poignet. Ils se précipitent alors pour être le plus loin possible des miliciens. La mexicaine a l'impression de ne plus toucher le sol tandis que Ray la tire à travers les ruelles du bidonville. Les hommes sont à leur poursuite et son cœur bat si fort dans sa poitrine qu'elle a l'impression qu'il va sortir. Elle arrive rapidement à bout de souffle. Elle n'est pas au meilleur de sa forme, elle est faible physiquement, n'a pas mangé depuis la veille et sa grossesse la fatigue énormément. Pourtant, elle tente de suivre le rythme et de ne pas ralentir Ray. C'est une question de vie ou de mort.

Son ami propose de se réfugier au dispensaire. Ils n'en sont pas si loin, mais le chemin lui parait impossible à parcourir. Autour d'eux, les portes se ferment, Tasya ne réalise même pas totalement ce qu'il se passe. Son regard est sans arrêt dirigé vers l'arrière d'où elle craint de voir surgir les miliciens. Elle ne s'arrête pas même lorsqu'ils rentrent dans ce petit jardin défraichi et que les ronces lui écorchent la peau nue sous sa jupe. Elle ressent à peine la griffure, tout son corps semble paralysé par la peur, par la panique.

Et le sol se dérobe sous eux. Un cri de surprise lui échappe. La chute au fond de la piscine est rude. Tasya tombe, perd l'équilibre, sa cheville se tord et elle s'effondre au sol parmi les détritus. Une odeur nauséabonde lui arrive aux narines. « Je ne vais pas y arriver » gémit-elle en essayant de se redresser. « Je te ralentis » Elle panique, son regard se tourne vers le haut de la piscine d'où elle entends des bruits de pas se rapprocher dangereusement. Elle se recule vers le fond, en partie cachée par la bâche et tire Ray jusqu'à elle mais pas assez rapidement. Elle tente de se cacher sous la bâche mais celle-ci est beaucoup trop petite.

Tasya se met à prier, à espérer qu'ils passent leur chemin. Peine perdu, la voix de l'homme résonne, tout proche. « Vous sentez cette odeur ? » Quelques rires gras lui répondent. « C'est celle de la peur... » La brune place une main sur ses lèvres pour bloquer sa respiration et le gémissement de terreur qui menace de lui échapper. C'est un enfer. La mexicaine se mord l'intérieur de la joue jusqu'à sentir le goût métallique du sang. « Ils sont là. Allez sortez, nous forcez pas à venir vous chercher... » Tasya secoue la tête et lance un regard complètement paniqué à Ray. « Ils ne pourront pas nous retenir tous les deux si on tente de leur échapper. Va-t-en si tu en as l'occasion ! » chuchote-t-elle d'une voix entrecoupée par la panique et le manque de souffle. Autant qu'un des deux s'en tire, non ?

Spoiler:

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