Tucker était connu pour beaucoup de chose. Con, un peu lâche. Et s’il tentait de faire disparaitre cette vision des autres. Il n’avait pas autant confiance en lui qu’il ne le laissait paraître. Encore aujourd’hui, Tucker avait l’impression de ne pas être digne de la confiance que sa famille lui apportait, des responsabilités petit à petit qui s’installaient finalement sur ses épaules. Et malgré le rite passé, Tucker ne peut retenir cette question. Est-ce qu’elle pensait vraiment qu’il était digne ? Et Nima lui renvoi même la question.
- Je… Je ne sais pas trop. Parce que même si j’essaye de… J’en sais rien Nima. Je suis pas comme vous.
- - -
La ronde était quasiment terminée. Tucker bailla nonchalamment tout en marchant en direction de la rangée de tipi. La journée avait été longue. Entre l'entraînement, les rondes et le stress de cette demande en mariage n'étaient pas pour aider. La silhouette de Nima s'engouffrant dans son tipi fit stopper Tucker de sa trajectoire. Il avisa son tipi puis celui de Nima. Il était inquiet pour elle. De plus en plus ces derniers temps.
Il poussa finalement un soupire et reprit sa route, pivotant vers le tipi de la native. Il repoussa le tissu couvrant l'entrée pour s'approcher. Tucker avait l'habitude du manque de vêtement de son amie. Il n'y faisait plus attention. Ce qu'il voyait, c'était les plaies complexes, les traces de peintures que les larmes avaient tartinées le long de ses joues.
- Je ne vais rien dire. Pas te poser de question. Mais je pense que tu as besoin de ça.
Qu'il ajouta simplement. Il s'approcha de sa soeur, glissa finalement son bras sur le sien avant de l'enlacer. Pas besoin de poser de question. Ce n'était pas nécessaire selon lui.
Par instinct, elle vient ramener le tissu de son haut sur son épaule, masquant brièvement les contusions de son expédition. Meurtrie dans son corps et son âme, fermant brièvement le regard pour masquer sa douleur derrière cette fierté à toute épreuve, avant de sentir le bras de son meilleur ami venir l'enlacer avec douceur. Se laissant faire quelques secondes, avant de venir l'étreindre presque timidement. S'autorisant à lâcher prise quelques secondes quand ses lèvres tremblent légèrement et qu'un nouveau sanglot les franchit, inspirant profondément pour retrouver un rythme cardiaque habituel. Inspirant profondément, ne relâchant l'étreinte que pour venir se tourner et détacher ses cheveux. Y dévoilant cette mèche blanchie par le stress et l'anxiété qu'elle ne parvenait pas à extérioriser, laissant tout le mérite à Tucker de voir à quel point en cet instant, elle se devinait misérable.
Ca va aller. articule t-elle finalement, tant pour lui que pour elle. Baissant brièvement le visage en sentant ses cheveux encadrer son visage dans un rideau d'encre noir et blanc, avec la sensation d'une tonne pensant lourdement sur ses épaules affaiblies. Ne rouvrant le regard que pour se remémorer l'extérieur, reprenant brièvement.
Il y avait une vieille pharmacie, à l'entrée de la ville. évoque t-elle rapidement, ne cherchant pas à aller dans les détails de son trouble. Pillée depuis une éternité, sans surprises, mais j'ai voulu voir si je trouvais quelque chose. Quoi, elle n'aurait su le dire. Mais presque instinctivement, l'endroit lui en avait rappelé un autre tout aussi familier, sept ans plus tôt. Il avait ce rôdeur, au centre de la pièce. Frêle, amaigrie par les privations de son vivant, sans doute. Un véritable sac d'os, qui aurait pu ressembler à s'y méprendre à une adolescente, avec ces longs cheveux noirs. Et ce bras désarticulé, sans doute après la mort. Elle lui ressemblait. S'évertuant à ne pas prononcer son nom, sans que personne ne cherche à la contredire fort heureusement. Ses yeux noirs venant aviser le néant, un rire sans aucune teinte de joie s'échappant de ses lèvres. Une amertume pure, secouant doucement la tête à l'idée. J'ai fini par le tuer. Et après, j'ai trouvé les affaires. Une gamine, voilà ce que c'était. Qui avait sans doute dû se laisser mourir de faim sans oser sortir, avec pour seule présence des photos de famille dans un sac à dos d'adolescente orné de couleurs, et de porte clés. La renvoyant avec force à ses propres doutes sur la survie de Kaya. A ces questions réponses qui la hantaient autant que la survie d'Hayden, tout en se martelant qu'un choix, restait un choix. Merci. murmure t-elle néanmoins à Tucker qui n'a pas bougé, se contentant de l'écouter en silence. Grimaçant brièvement à son épaule douloureuse, avant de reprendre.
Et je suis peut-être passé par un parquet vermoulu, en essayant de sortir des ruines.
Sujet: Re: I've got you, brother. Ven 3 Mar 2023 - 15:36
Il y a avait une chance sur deux pour qu’elle accepte l’étreinte. La seconde chance était de se prendre un coup droit dans l’estomac. Mais il s’agit qu’elle avait besoin. Qu’il n’y avait, finalement, que sa fierté pour l’empêcher de demander ladite étreinte. Et si le sanglot de Nima lui brise le cœur, Tucker ne bouge pas. Se contente d’offrir une épaule, une oreille attentive à celle qui a toujours tout fait pour lui. Quelques secondes de flottement. Tucker savait pertinemment que Nima ne s’accordera pas plus. Elle se détache, dévoile une mèche blanche sous la surprise du shérif adjoint.
- Je trouve que ça te va bien. Même si ce n’est pas sain.
Oh Tucker savait que Nima n’ira pas changer sa façon de faire. Pour autant, la juger ou tenter de lui faire sentir une honte quelconque n’était pas dans ses habitudes. Il était là pour sa sœur. Point final. Lorsqu’elle reprend la parole, c’est pour lui parler de la dernière sortie. D’une pharmacie semblable à celle où elle avait rencontré Frances. A une enfant dont les traits étaient similaires à Kaya. Tucker n’ouvrit pas une seule fois la bouche, préférant laisser Nima déballer son sac.
- Tu n’as pas à me remercier d’être présent pour toi. J’aimerai pouvoir en faire plus. Tu sais qu’elle est envie, Nima. Je comprends ton inquiétude mais c’est ta fille, Nima. Qui d’autres que ta propre fille peut s’en sortir ?
Dit-il en souriant. Kaya lui manquait tout autant. Mais Tucker avait choisi de ne pas s’en faire autant. Bien sûr qu’il était inquiet pour elle. Mais elle avait fait son choix.
Sujet: Re: I've got you, brother. Sam 4 Mar 2023 - 13:26
Que ça m'aille bien ou non n'est pas le problème. Lâche t-elle finalement en fronçant les sourcils, avisant cette mèche qui tranchait avec le reste de ses cheveux bruns. Elle s'y adapterait, comme toujours. Se contenterait d'un regard froid pour ceux qui oseraient demander d'ou ça venait. Expirant brièvement avant d'hausser les épaules quand au fait que ce ne soit pas sain, reprenant.
Je ne sais pas fonctionner autrement. Ce n'était pas une excuse, seulement un fait. C'était ainsi qu'elle avait avancé trop longtemps, pour espérer en changer désormais. Hochant la tête alors que le brun reprend la parole, reprenant dans un souffle.
Dans ce monde ou dans l'autre, elle sera toujours en vie.Parce qu'elles étaient faites pour se retrouver. C'est juste... Elle hésite. Pince brièvement les lèvres, évoquant à demi mots ce poids qui pèse silencieusement sur ses épaules. Etrange, quand ta famille de sang te tourne le dos. C'était Andrea, Tucker et Frances qui l'avaient suivie, jusque dans le froid mordant d'un trajet mortel. Pas Hayden, pas Kaya. La laissant seule avec son fils, au moment ou elle avait le plus besoin d'un soutien, quoi qu'elle n'en ai jamais rien montré.
Une ombre de sourire passe finalement sur ses lèvres, son regard résolument posé au sol, émettant un bref soupir à l'idée. Tu as bien grandi, en tout cas. Fût un temps, c'était moi qui t'écoutais te plaindre... Et ça lui donne l'impression d'avoir vécu une centaine d'année, là tout de suite. Même si la fierté résonne dans chacun de ses mots, en lui faisant la remarque. Le coeur n'y est pas, mais elle esquisse au moins une ombre de sourire en sa direction, avant d'inspirer profondément. Ca va aller. Qu'elle lui promet néanmoins, sitôt qu'elle retrouve la force de revenir placer son masque éternellement neutre. Il le faudrait bien, de toute manière.