The Walking Dead RPG

C'bien la première fois qu'on m'compare au 11 septembre...

Et Zelda ne sait pas trop si elle doit être flattée ou au contraire se sentir insultée. Quant à ce Kennedy, elle n'est même plus certaine de savoir qui c'était. Donc plutôt difficile de juger... Et toi, du coup ? Tu gagnerais quoi à faire un docu sur moi ? C'est de l'altruisme ? L'australienne a déjà assez vécu pour savoir que ce genre de choses n'existent plus vraiment. Ou plutôt, qu'est-ce que ça me coûterait ? Non, franchement, elle doute que Bri' agisse de manière désintéressée. Elle essaie plutôt de lui refourguer son concept en espérant l'arnaquer. C'est malin, dans le fond. Mais un peu trop gros quand même...

L'adolescente ne prend pas elle-même l'idée au sérieux et bien vite, le duo se retrouve à discuter de l'ingéniosité japonaise et de la manière dont ils auraient affronté la menace des rôdeurs. J'avoue ! Un mur avec des robots géants ! insiste-t-elle, revenant sur le sujet. Le monde aurait peut-être eu une chance en confiant son avenir aux bridés mais de toute évidence, ça n'a pas été le cas. Ouais, cherche pas ! Ils ont un truc avec les robots ! Ca les excitait ! Enfin, j'imagine ? L'australienne hausse les épaules pour marquer son incompréhension. Mais si ça s'trouve ils ont résisté à l'invasion, qui sait ? Ils étaient sur une île alors bon, des fois que... Mais là encore, la réponse restera hors de leur portée. Elles ne peuvent qu'imaginer. Et espérer, même si dans le fond ça n'a jamais servi à rien.

Quant au fait qu'elle ne respecte pas ses devoirs... Pour le coup Zelda ne sait pas trop quoi répondre puisque c'est vrai. Au final c'est la gamine qui se retrouve avec son taf. Et ouais, cette façon qu'elle a d'accepter l'injustice pousse l'australienne à se sentir un peu conne. J'me rattraperai à la prochaine fermeture, t'inquiètes ! Parce qu'il n'y a pas de raison qu'une autre jeune paie pour ses conneries. Mais tu sais y'a pas besoin qu'tout brille non plus, hein. T'es pas payée, j'te rappelle ! L'ado arque un sourcil pour souligner ce fait et les évidences que cela implique. Notamment celle qui consiste à ne pas se tuer à la tâche...

Fermer l'bar ? Et puis quoi encore ?! Cette simple idée indigne l'australienne qui se redresse comme si on venait de lui balancer une décharge électrique. C'est vital pour la cohésion du groupe ! Et pour le fun ! Surtout pour le fun ! Même s'il y a un aspect social évident à tout ceci. Y'a quand même une hiérarchie des trucs sacrifiables, eh ! Et j'te parie c'que tu veux qu'on aura une émeute si on annonce la fermeture du Summer's, en plus ! Zelda s'abstient de préciser qu'elle doute qu'ils se donnent une telle peine pour les documentaires ou les soirées films. Mais qui sait ? Et puis le but n'est pas non plus de vexer Bri', là ! Parce que justement, tout l'monde veut se saouler pour oublier la guerre ! Tu... comprendras ! Si ce n'est pas déjà fait ! Tôt ou tard, de toute façon, une tuile ou un New Eden finira bien par lui tomber sur le coin de la gueule. Oh ça va, sois pas vexée ! J'te taquine, Bri', c'est tout... Elle a un caractère bien trempé celle-là. C'est peut-être pour ça que c'est aussi marrant de l'embêter, d'ailleurs ? Et j'suis sûre qu'tu t'amuserais à l'une d'mes soirées, en plus ! T'as qu'à venir faire un tour la prochaine fois ! Elle n'y voit peut-être pas d'intérêt, sa cadette. Mais il y en a pourtant bel et bien un. Et de taille ! Tu veux des infos pour ton espèce de gazette, non ? Ben à ces soirées, avec tous ces défoncés, t'auras qu'à t'pencher pour en trouver ! Un petit clin d'oeil plus tard et la voici qui se retrouve à défendre son verre contre les assauts de la rebelle, et ses velléités de faire de nouvelles expériences.

Un réflexe un peu stupide si l'on considère que la gamine a de toute façon à l'alcool qu'elle souhaite dans ce bar. Ou encore qu'effectivement, non, elle n'a aucune maladie qui pourrait justifier réellement le fait de garder son verre pour elle seule. Tu m'fais penser que ça fait un moment que j'ai pas fait de check up complet. Depuis qu'on m'a coupé l'doigt, en fait ! Il faudrait qu'elle se rende au dispensaire avant qu'on l'oblige à s'y rendre de force. Tu pourras dire à Ivy qu'je vais passer la voir dans la semaine ? Tant qu'à faire, autant utiliser Bri' comme messagère. Et moi, d'mon côté, j'vais faire comme si j'avais pas entendu qu'tu m'observes quand j'suis avec Ka', deal ? Et même prétendre qu'elle croit son explication sur le fait de simplement vouloir goûter ce qu'ils servent au bar en piochant dans son verre. Si c'est pas le début d'une belle amitié, ça, hein, qu'est-ce que c'est ?!

P'tain mais t'es presque pire que Zi, toi, en fait ?! s'exclame-t-elle lorsqu'elle se retrouve ensuite - et sans trop savoir comment - assaillie de question sur sa consommation ou celle de ses potes. Puis questionnée sur les bienfaits que ça lui apporte. S'ils se sentent mieux ? Zelda lève ses paumes et les laisse retomber sur le comptoir, ne sachant pas trop quoi répondre. Pas vraiment, non. Juste... apaisés ? C'est une manière d'oublier un peu tout c'qu'il se passe, tu vois ? De faire comme si tout était normal. De... prétendre ? Que dire de plus ? Ce n'est qu'une forme de mensonge, ou de déni. Mais c'est nécessaire. Ouais, ça fait du bien ! finit-elle par avouer. Il n'y a pas de honte à ça, si ? Toi aussi tu finiras par te trouver un exutoire. Et si c'est le journalisme alors félicitations, au moins tu t'bousilleras pas les poumons ou l'foie ! Pour ce que ça change, hein. Si l'on considère que de toute façon elle ne mourra pas de mort naturelle, elle amplifie juste un peu plus ses chances de se faire bouffer ou réduire en esclave sexuelle par New Eden. New Eden ou le prochain groupe qui tentera de voler Seattle à June...

Zelda lui décoche ensuite un regard entendu quand l'autre tente de se défendre d'être une bourgeoise, mais qu'elle s'interrompt dès l'instant où elle précise qu'elle avait un SUV et que son père était médecin. Déso, t'étais une bourgeoise ! Mais moi aussi si ça peut t'rassurer ! Mes parents manquaient pas vraiment d'fric non plus... Putain, elle aurait pu avoir une adolescence tellement cool à Gladstone quand elle y pense... Et puis l'un des trucs cool avec l'apocalypse c'est qu'on peut tous devenir ce qu'on veut, maintenant ! Et ça, ouais, c'est plutôt chouette. Les rôdeurs n'ont pas amené que la mort dans leur sillage, mais également des opportunités.

Toujours est-il que l'australienne finit par proposer son joint à Bri'. Qui l'accepte, non sans une hésitation palpable. Alors ? Ca fait quoi ? demande-t-elle, curieuse, presque maternelle en fait. Ca fait toujours quelque chose de faire fumer son premier joint à quelqu'un. Au karma aussi, sûrement. Mais elle s'en souciera une autre fois, Zelda. Et sinon ? Tu traînes pas mal avec l'espèce de petit intello d'ton journal, non ? Comment il s'appelle, déjà ? L'autre c'est Maisie, ça j'sais ! Mais lui... Rhaaa ! Zelda se tapote un peu la tête comme si ça pouvait l'aider à combler ce trou de mémoire. C'pour ça qu'faut pas fumer, putain ! T'oublies la moitié des trucs ! Même si là, en l'occurrence, ce n'est pas vraiment quelque chose d'important. 'Fin bref, Ivy t'a déjà fait une théorie sur les capotes j'imagine ? Elle t'a montré son petit film coquin, là ? Celui qu'elle leur avait diffusé quelques années plus tôt à Ka', Sean, Max et elle ?

Bordel, c'est qu'elle se sentirait presque vieille Zelda en cet instant...

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.

- De la reconnaissance, la gloire... puis ça affuterait mes compétences d'avoir percé c'qui semble être un mystère pour beaucoup de monde. La môme que beaucoup semblent haïr, la meuf qui pourrait foutre le feu au camp entier sans finir pendue. Zelda est un mystère pour beaucoup, et peut-être que réaliser un docu la montrant sous ses beaux jours ou essayant de craquer sa coquille afin d'y voir un peu plus en profondeur, ce serait bien. Ça te coûterait rien d'autre que de t'ouvrir un peu à moi, d'me parler de trucs chiants de ta vie... genre ton passé, tes parents, tes troubles psychologiques... Fin, tout c'qui peut bien se cacher là-dessous, tu captes ? Bridget tapote son propre crâne avec son index, convaincue que Zelda pourrait marcher pour cette fausse idée à laquelle elle n'est elle-même même pas prête. Un article dans le journal, ce serait déjà bien. Mais pour ça, il faudrait avoir envie de parler de Zelda et... Il y a aussi plus intéressant à traiter, à l'heure actuelle.

Les japonais, rien à carrer. Bridget n'fait attention qu'à sa petite personne et aux autres âmes américaines, perdues dans les tréfonds d'un monde et d'une civilisation qui sont en train de se faire oublier ! Elle ne peut en avoir grand chose à foutre des bridés, des noirs, des homosexuels. Bon, tout ça ne reste qu'un prétexte pour expliquer sa non-tolérance et la fermeture d'esprit qu'on lui a inculquée il y a bien longtemps... Le genre de trucs qu'elle saura instinctivement répondre lorsqu'on la taxera de "raciste" pour la première fois de sa vie, si ça arrive un jour.

- Nan, Bribri secoue la tête, sûre d'elle. Le monde entier a pris feu, et si y a peut-être des riches qui s'la coulent douce sur des îles désertes... J'crois que les chinois, ils ont payé le prix de leur débilité ! Et de leur envie de tout technologiser. Des toilettes qui parlent... Ils l'auront méritée l'apocalypse, ceux-là.

Quant aux Remnants, ils l'ont échappée belle. Même si chez eux, certains mériteraient bien d'être jetés à l'extérieur et donnés aux monstres. Ça veut pas dire qu'on doit pas prendre notre rôle au sérieux, aussi... On nous a demandé de nous occuper des alcoolos, et moi : j'y mets des efforts et beaucoup de ma motivation personnelle pour qu'chaque poivrot rentre chez lui complètement défoncé. Parce que c'est son devoir, mais aussi parce qu'ils ne servent qu'à ça. Toujours les mêmes têtes, toujours les mêmes tout ! Si demain le Summer's fermait, ils la vivraient vraiment l'apocalypse.

Et si le bar fermait... Ce serait la fin de beaucoup, et pas que pour eux ! Ça lui manquerait bien à Bridget aussi, d'y trainer lorsqu'elle s'ennuie. Tu dis juste ça parce que t'aimes bien vider le stock... T'en as rien à foutre d'la cosésion du groupe ou d'j'sais pas quoi. Elle reprend ses mots, s'amuse de la voir s'indigner pour si peu. Si Zelda aime le bar, c'est surtout parce qu'elle fait partie de ces alcoolos qu'ils servent. Simplement qu'elle a l'étiquette V.I.P. et que pour elle, cuver n'est pas mal vu. C'est qu'une excuse, ça ! Y en a d'autres qui font de vrais trucs, qui passent pas leur temps à boire et à vomir parce que ouin ouin, elle fait mine de pleurer en agitant ses poings tout près de son visage, y en a marre des monstres... j'veux picoler ! Pour elle, les adultes et les ivrognes ne sont que des pleurnichards qui se trouvent des excuses : un point c'est tout.

Zelda fait mine de ne jamais avoir entendu parler des soirées de Bribri. L'intéressée est forcément un peu vexée. Déjà parce que c'est impossible, mais aussi parce que pour avoir entendu parler de ses soirées de junkies... Elle préfère encore les siennes. À l'invitation de l'australienne, Bridget préfère décliner plutôt qu'autre chose. Elle pourrait bien y aller, mais... ce serait déclarer forfait. Et lui donner l'impression qu'elle est cool. Nan, merci ! J'ai pas envie d'me transformer comme vous tous... J'suis bien comme je suis. Décline-t-elle gentiment. Elle a vus Zelda et ses potes se transformer au fil du temps. Treize, quatorze, quinze, seize, dix-sept ans. Zelda est passée d'une fille un peu cool à une grosse casse-couilles qui, de ce qu'on dit, fume et boit tout le temps ! Et ses potes, c'est quasiment pareil ! Devenus rien de plus que des monstres qui rampent... en manque de leur came préférée ! Déjà que l'adolescence continue de l'effrayer, si en plus elle choisit de suivre le chemin qu'eux ont emprunté... J'veux bien grandir ! Droite dans ses baskets, dans sa tête aussi !

Mais ce soir... elle a envie d'autre chose. De goûter un peu de ces trucs qu'elles servent tout le temps aux alcooliques. Et Bridget l'a fait, c'est surcôté. Elle n'comprendra littéralement donc jamais cette maladie qui a atteint bon nombre d'adultes... Faut être con pour devenir alcoolique. Lorsque Zelda y fait allusion, Bridget observe le fameux doigt coupé dont il est question, avant de se redresser. Bah non, j'suis pas une pigeonne voyageuse ! T'as qu'à passer au dispensaire quand tu veux, c'est pas comme si les autres s'gênaient. C'est un putain de moulin, le dispensaire ! Un énorme moulin ! Et peut-être bien qu'Ivy me laissera faire ton check-up, elle est débordée en ce moment ! Puis Ivy veut naturellement que Bridget se fasse la main, apprenne des choses... Ce serait une bonne chose, nan ? Qu'Ivy ne refuserait pas. Quant à cette idée que Bridget observe Zelda et sa meilleure amie en secret... Elle n'y répond pas et évite le sujet comme la peste en se frottant les yeux de manière exagérée. C'est qu'il commence à se faire tard...

Peut-être que comme souvent (en tout cas, c'est ce que devine Bri), Zelda dormira après avoir fumé un gros joint ! Un sujet sur lequel la môme ne connait pas grand chose, d'où ses questions sur le sujet ! Les effets décrits par l'autre paraissent plus logiques que ceux de l'alcool, mais beaucoup moins tolérables. Oublier ? Faire semblant ? Encore pire que les alcooliques. Ça a l'air marrant de fumer... mais j'crois que j'préfère le journalisme, ouais ! Déjà, parce que ça m'fait pas de mal au corps. Mais aussi parce que ça sert vraiment à quelque chose, Bridget s'attend à une réaction de sa part. Zelda croit qu'il n'est question que de documentaires sur des chiens qui baisent, mais c'est plus que ça. Tu verras la gazette qu'on est en train d'monter... On va niquer le New York Times ! Elle tape des mains avec excitation en se redressant avec vivacité sur sa chaise. Ce projet, elle y croit énormément ! Et si ça ne marche pas, elle ne risque pas de s'en remettre !

- Pourquoi tout le monde dit du mal des gens qui ont d'l'argent ? C'est la jalousie, tu crois ? Peut-être qu'elle était bourgeoise, finalement. Mais quand on est bourgeois, on ne s'en rend pas compte. Il n'y a que les autres qui peuvent le voir ! Les pauvres !


Et Bridget, derrière quelques gouttes d'alcool et son premier essai sur un joint... Elle ne voit plus grand chose d'intéressant. Expérimenter, c'est bien... Mais qu'est-ce que ça la fait se sentir bizarre. Pas défoncée ni bourrée, juste... bizarre. Comme quand tu sens que ça te gratte quelque part mais que t'as rien. Après quelques secondes à fixer le vide, Bridget relève la tête. Je sais pas, ça m'fait juste bizarre. C'est avec ce truc qu'on ressent plus la douleur ? Avec cette drogue ? Pour tester, elle se pince violemment le poignet... mais la grimace qui ne se fait pas tarder sur sa face prouve qu'elle s'est gourée. Nan, ça doit être l'héroïne... ou l'extasie. Elle en vient à cette conclusion, ce sont les seules drogues dont elle connait les noms de toute façon. Son père pensait qu'l'épidémie avait commencé de ça, au tout début !

- Tu parles de Simon ? Le geek du journal, l'intello, le "nerd". Celui qui connait tout des ordinateurs (ou plus qu'elle, en tout cas) alors que la technologie a été mise au point mort pendant dix ans ? Pourquoi tu demandes, il t'plait ? ose-t-elle demander... Même si Simon, il a surtout matière à l'écoeurer. L'intelligence, il n'y a rien d'attirant à tout ça. Et lui représente la laideur incarnée. Non pas forcément physiquement, mais qu'est-ce qu'il est intelligent ! Zelda débite beaucoup de choses, beaucoup trop. Et quand elle parle de Simon, voilà que suit... le sexe ? T'es trop crade. T'insinues vraiment qu'moi et Simon, c'est possible ? Parce que... les calculs sont pas bons. Elle s'indigne. Zelda est nulle en maths. Il m'repousse, je l'aime bien mais pas plus loin qu'ça... Y a plus beau à Fort Ward, hein ! Mais ça, elle doit le savoir. Enfin, pas tant que ça... Elle a été en couple avec Sean, de mémoire ! Et Sean... C'était pas un apollon. Nan, nan, et nan... Et si elle ose me montrer un film de cul, j'vais porter plainte et demander un autre tuteur. Même si c'est plus possible. Est-ce que ce que Bridget vient de fumer va faire qu'elle va devenir aussi folle que Zelda ? Avoir le même cerveau ? Les mêmes pensées ? Misère de misère. Si tu dis que des trucs bizarres, c'est parce que ça commence à agir ! C'est ça ? Ou est-ce que Zelda est toujours comme ça ?

- La gloire, carrément ?

Zelda esquisse un sourire. Bri' a le don d'être amusante. Ou simplement différente, peut-être. Et puis l'australienne arrive à cours d'arguments. J'crois qu'tu m'donnes un peu trop d'importance, là ! Et c'est sûrement pour ça, d'ailleurs, qu'elle n'a pas encore refusé cette idée d'apparaître dans le journal de la gamine. Même si elle roule encore des yeux lorsque sa camarade lui demande simplement de s'ouvrir à elle et de lui parler de son passé et de ses troubles psychologiques. L'humiliation semble être le prix pour obtenir une tribune. Mais peut-elle l'être davantage ? D'accord ! Mais j'veux un droit d'regard sur c'que tu racontes ! Tu peux t'occuper d'la forme mais le fond, ça, on s'en occupe à deux ! Et la voici qui déroule son bras d'un mouvement nonchalant pour offrir sa paume à sa cadette : Deal ? À prendre ou à laisser.

Tirant une nouvelle bouffée de fumée, Zelda l'écoute ensuite déblatérer sur le sort des chinois qui auraient payé le prix de leur débilité. Évite d'aller dire ça à Yu' ou Zi, hein, surtout ! Quoique... Ca pourrait être marrant, non ? Ce qui l'est déjà moins, c'est ce débat sur la nature de leur travail au Summer's. L'australienne fnit toutefois pas hocher la tête lorsque l'autre déblatère un peu dans le vide, et sur ce point d'honneur qu'elle met à s'assurer que tous les clients rentre saouls chez eux. Amen ! C'est tout à son avantage. D'mon coté j'm'assure qu'on leur serve un truc de qualité, tu vois ? C'est le... p'tit plus de la maison, et pour ça qu'on est l'meilleur bar de l'île ! Le fait que ce soit le seul ne change pas grand chose à l'équation, si ? Quant à l'avis de Bri' sur sa consommation ou même l'image qu'elle renvoie... Y'a un moment où j'ai stipulé qu'j'en avais quelque chose à foutre, sinon, d'ton avis ? Vexée, l'australienne ? Quand même un peu ! Mais elle n'a pas un réel intérêt à prouver à sa cadette qu'elle vaut mieux que ce qu'elle montre en cet instant. Et, peut-être, pas les arguments non plus pour le faire...

T'es sérieuse, là ?! enchaîne-t-elle quand l'autre refuse de porter un message à Ivy. Parce qu'elle n'est pas un pigeon voyageur. Si ce refus ne repose sur aucune base saine de camaraderie, la suite arrache un ricanement désabusé à l'adolescente. C'est moi qui ai bu, non ? Alors tu peux m'expliquer pourquoi c'est toi qui as les idées débiles ? Il y a une incohérence scénaristique. T'as déjà ausculté des gens, au moins ? Elle a eu sa dose avec les stagiaires, Zelda, c'est bon ! Pourquoi la médecine, en fait ? Tu t'vois vraiment passer ta vie à rafistoler des gens ? C'est peut-être ça qui l'étonne le plus au fond. Ce désir de soigner les blessures qu'elle pourrait plutôt causer, cette chose qu'elle situe quelque part entre dans la bonté et de la naïveté.

Reste que l'enthousiasme de la gamine a tout de même certains avantages. Et Zelda ne sera jamais la première à condamner la franchise quand d'autres se réfugient derrière la politesse. Alors quelques instants plus tard, après que Bri' ait tiré sa première latte et conclue qu'elle préfère le journalisme, l'australienne se fend d'un léger rire. J'veux pas raconter d'conneries mais j'crois qu'avant, les journalistes, ils se faisaient buter ! Parce qu'ils disaient des choses qui dérangeaient ! Ou qu'ils enquêtaient sur des histoires top secrètes, c'genre de trucs... Ce n'est pas une menace, juste un fait dont elle n'est pas bien sûre. Niquer l'New York TImes, carrément ? Ce ne sera pas trop dur puisqu'il n'existe plus mais bon.. Pourquoi le lui rappeler ? Et que répondre à cette question sur cette jalousie envers les riches ? J'sais pas trop... J'l'ai pas vécu, j'sais juste qu'avant les gens s'tuaient pour des billets ! Maintenant, au moins, c'est pour leur survie. Quelque part l'apocalypse a remis un peu de bon sens dans ce joyeux foutoir qu'était déjà le monde...

Non, c'est la morphine l'truc qui enlève la douleur ! explique-t-elle ensuite très sérieusement. Faut dire qu'elle a testé ! Tu parles d'une doc... la taquine-t-elle dans la foulée. C'est sympa ! J'sais pas trop si j'dois te souhaiter d'essayer un jour vu qu'bon, ça voudrait dire qu'tu serais salement amochée mais... Ouais, c'est cool ! Et même plus que ça ! L'herbe, à côté, c'est de la merde. La morphine, c'est même presque mieux que l'adrénaline des champs de batailles. Presque.

Quant à son intérêt pour Simon, Bri' semble se méprendre. Bah j'voyais surtout pas trop pourquoi tu traînerais avec, sinon. C'est un intello ! rappelle-t-elle. Personne veut traîner avec des intellos, normalement. Enfin pas l'australienne en tout cas. Toujours est-il que la réaction de la gamine a au moins le mérite de la rassurer : elle a l'air sincèrement offusquée. Ah voilà, j'préfère ! Zelda cherchait surtout à entretenir la conversation et la vie amoureuse de sa camarade ne l'intéresse pas plus que ça. Et puis de toute façon l'adolescente serait plutôt mal placée pour faire des commentaires vu qu'elle était avec Sean quand elle avait à peu près son âge...

C'est pas un film de cul, c'est un documentaire ! explique-t-elle patiemment au sujet de l'éducation sexuelle distillée par Ivy. Et avec un sourire, évidemment. Quoique j'ai jamias vu d'film de boules donc si ça s'trouve, ouais, c'en était un ! Zelda se tapote le menton. C'est sûr que ça l'a quand même choquée un peu, ces schémas. Et ces scènes mal tournées entre faux amoureux pour illustrer l'acte. Dégueu... En fait demande peut-être à Ivy, ouais ! C'pas impossible qu'elle nous ait passé un porno maintenant qu'j'y pense ! Sans déc, ce serait bien d'avoir le fin mot de l'histoire !

Et enfin, quand la gamine l'accuse à nouveau de raconter de la merde, Zelda écarte les mains avec nonchalance. J'avoue que j'me sens jamais trop d'humeur à disserter sur l'sens de la vie ou la physique quantique après minuit, ouais ! Coupable, votre honneur ! C'est qu'elle est claquée entre les entraînements et les corvées, l'australienne. Presque usée, même ? Tu t'amuses jamais ? J'veux dire à part pendant tes soirées films, là... Tu fais des conneries ? T'emmerdes des gens ? Elle a franchement l'air en manque de fun. Tu fugues, au moins ? essaie-t-elle encore, désabusée mais déterminée à trouver son vice. Fais gaffe, tu vas finir comme Maddie à c'rythme... Et un modèle, c'est déjà largement suffisant ! Oh que oui !

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
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- Que nenni ! Elle s'croit à New York, à Londres ou dans une autre grande ville ? Dans les locaux d'un grand journal national ? Un droit de véto sur ce que Bridget aurait bien le droit d'écrire à son sujet, et puis quoi encore... Faudrait pas non plus qu'elle lui envoie chaque page du journal une semaine avant sa sortie pour qu'elle puisse corriger ce qui ne lui plairait pas ? Tu me proposes d'utiliser des méthodes dignes des plus grands dictateurs ! On ne m'enlèvera pas ma liberté de presse... à moi ! Elle repousse vulgairement le bras qu'elle lui tend tout en agitant son index sous son nez. Elle l'aime bien Zelda, mais lui donner le plein pouvoir sur ce qu'elle écrit, c'est mort. Autant directement aller voir June pour lui filer l'ordinateur sur lequel ils rédigent tout : ça reviendra à la même chose !

Ou aux chinois, ou aux coréens. Elle ne sait plus trop desquelles il s'agit, mais ils sont également des experts en terme de censure et de contrôle des médias. Un peuple dont Bridget ne connait rien, mais dont elle est pleine de préjugés ! Comme pour beaucoup d'autres d'ailleurs, mais l'heure n'est pas aux débats racistes. À la place, elles débattent de leur mission en tant que serveuses et "gérantes" (ça fait bien de le dire) du Summer's. Saouler des gens, c'est marrant... mais pas tellement. Bri sait pertinemment que si Zelda aime tant cet endroit, c'est parce qu'elle a l'opportunité d'y picoler autant que le font les clients. Mais bon, pas la peine de l'exprimer. Zelda n'en a rien à carrer de son avis. Ce à quoi Bridget répond d'un simple roulement d'yeux.

- Ça ferait pleinement partie d'mon stage... Puis j'dois bien m'entrainer ! J'dis pas que j'pourrais te diagnostiquer un cancer ou un trouble du déficit de l'attention, mais... Un grain de beauté, peut-être. Ou des rougeurs dans le dos parce qu'elle ne se lave pas assez ? Elle sent parfois, Zelda. Elle essaie de dissimuler ça avec des artifices mais... tout le monde sait.

Et pourquoi la médecine... ? Tu t'es déjà sentie paumée dans ta vie, toi ? Parce que moi... L'adolescente hausse les épaules, suivi d'un sourire niais. Bah voilà. Ivy m'a proposé ça parce que - mon père. Et en attendant, c'est plutôt marrant... même si pas toujours passionnant, t'sais ? Il faut quand même l'avouer. Changer des draps, nettoyer des plaies dégueulasses... Son père était médecin et faisait des trucs dix fois plus intéressants ! Peut-être qu'elle aurait dû directement apprendre de lui. Aujourd'hui, elle guérirait le cancer. Ou saurait recoller un bras coupé. Erreur de parcours.

- Pas tous ! Et pas en Amérique, j'crois... Par contre, j'dis pas : c'était peut-être le cas en Corée du Nord ou au Japon. Encore chez les chinois, finalement ! On y revient toujours... fait-elle la remarque. On revient sur la censure, sur les bridés. Sur leur incapacité à laisser les gens parler de ce qu'ils veulent ! Mais bon, ce temps-ci est révolu. La censure n'existe plus... si ? Non. Pour l'instant, elle n'en a pas été témoin...

- Nan, mais... j'savais, hein ! Elle la reprend, Zelda. Elle savait que c'était la morphine, elle s'est juste trompé. Les mots s'inversent parfois dans sa tête, elle a les bons mots mais les dit dans le mauvais ordre. Comme les handicapés du cerveau, sauf qu'elle... c'est son hyperactivité qui parle, pas un problème d'ordre mental. Et reste que la morphine, ça a l'air cool expliqué de cette façon. Elle espère pouvoir y goûter le jour où elle se coupera avec un bout de papier ou... Non, son existence ne lui permet pour l'instant pas d'en bénéficier. Bridget doit se mettre à vivre dans le danger.

- Parce que c'est un intello et qu'il sait se servir d'un ordi, justement ! Qu'il est bon en maths, et que la plupart de ses idées ne sont pas pourries également... Mais bon, ça : elle ne l'admettra pas. Simon est une bonne addition à leur groupe d'amis, c'est juste que... c'est un intello. Et c'est pas bien vu de traîner avec un intello. Mais je le redis : il est libre, j'crois. Si jamais tu veux tenter ton coup. Des clins d'oeil, une épaule secouée... C'est pas Sean, mais bon - peut-être qu'elle l'aimera bien, ça lui rendrait service à Zelda de trainer avec des intellos !

Quant au fil de cul : Bridget ne relève pas, un peu dégoûtée par le sujet pour relancer la balle. C'est de son âge, l'éducation sexuelle. Les trucs un peu chelous expliqués en classe qui font rougir, qui mettent mal à l'aise et qui font rire comme des hyènes les garçons les plus débiles du fond de la classe. Mais bon ! Tant qu'elle peut éviter ces trucs-là, elle le fera.

- J'l'emmerde moi, Maddie ! conclut-elle en faisant reculer sa chaise après l'avoir poussée d'elle-même, les bras tendus vers la table. Elle glisse hors de son tabouret et tape de ses doigts nus sur la table. J'vais rentrer moi, j'ai des trucs à faire... T'essaies d'pas liquider une autre bouteille entière avant d'partir, hein ? Elle l'embête, mais en même temps : elle le pense ! Si Zelda continue ainsi, l'alcoolisme risque de se confirmer et elle aura besoin d'une greffe de foie. Administrée par Bridget, si elle apprend à faire ça un jour !

Pas de "bonsoir", ou de "bonne nuit". C'est pour les meilleurs amis, ou les gens un peu trop polis. Les deux filles partagent un regard qu'elles comprennent, un utile remplaçant des "au revoir" gênants qu'elle ne connait que trop bien.

Et c'est ainsi qu'après un après-midi à démonter le foie des poivrots du Summer's que Bridget rentre chez elle, pour retrouver Ivy et son gnome roux.