The Walking Dead RPG

- Appréciez cette douce mélodie au lieu d'vous plaindre !

Toujours les mêmes qu'on entend grogner, toujours les mêmes qui tapent sur leur table en espérant soudainement voir apparaitre une blonde mal foutue pour re-remplir leur chope de liqueur de fruits comme si on était dans une auberge espagnole ! Est-ce parce qu'ils sont bourrés, ou est-ce qu'être casse-burnes fait partie de leur personnalités... Question qu'il me reste à creuser. Reste quand même qu'ils devraient pas être trop demandeurs. On est en 2022 ! Avoir le droit de se saouler la gueule en ces temps, c'est une vraie preuve de l'existence d'un être supérieur !

Surtout qu'avec Zelda, on fait absolument tout pour qu'ils se sentent bien ! On les sert lorsqu'ils le demandent, on essaie de garder le bar dans un état à peu près correct en l'absence des sœurs. J'ai même joué un peu avec le piano électrique pour lancer un "sample" en boucle, histoire qu'il y ait un peu d'ambiance et qu'on entende pas juste les mouches voler ! Et si j'crois bien que c'est ce qui les dérange le plus en ce moment... J'ose pas m'imaginer éteindre cette partition de Frère Jacques que le piano est en train de nous faire écouter ! Une vraie bénédiction auditive.

- Tiens. Essaie d'le boire plus lentement que le précédent. Savoure un peu ! lui ordonne la môme en faisant (sans faire exprès) claquer le verre un peu trop fort contre la table du poivrot qui en est déjà à son quatrième verre. Quatrième ! Elle en profite pour récupérer l'autre verre totalement vide et le ramener derrière le bar pour le nettoyer. Ça fera moins de vaisselle à faire avant de devoir rentrer.

Le robinet s'ouvre. L'eau coule abondamment sur ses doigts, puis à l'intérieur du verre qu'elle nettoie avec une éponge.

Frère Jacques, frère Jacques, dormez vous ? Dormez vous ?

À l'autre bout du bar, l'autre serveuse est en train de se réhydrater. Elle le fait un peu trop souvent au goût de Bridget qui a l'impression de la voir le plus souvent avec son nez dans un verre qu'en train d'en remplir pour les clients. C'est pas dérangeant. C'est surtout marrant, mais c'est bien parce qu'il n'y a pas grand monde !

- Barney Gumble ! Tu veux pas m'aider un peu avec la vaisselle au lieu d'contribuer à l'augmentation des statistiques de l'alcoolisme chez les jeunes ? Parait qu'elle consomme pas que ça, d'ailleurs. C'est en tout cas ce qui se dit ! T'as pas oublié qu'c'était à toi de nettoyer les toilettes aujourd'hui, hein ? Si t'y vas tout de suite, peut-être bien que tu pourras fermer à l'heure, ce soir ! C'est qu'une proposition : un conseil. Puis peut-être qu'elles pourront faire la route du retour ensemble avant de se séparer jusqu'à leur prochain service.

Ou pas ! Il est pas tard, Bridget ne sait pas vraiment ce qu'elle fera quand le bar fermera. Si elle rentrera chez elle, si elle ira piquer un vélo du côté des plantations pour se lancer dans une petite balade nocturne durant laquelle elle pourra mêler pensées, souvenirs et regrets. Pendant qu'il fait encore bon ! Ce sera bientôt la période pour que ça change. Celle des fêtes de fin d'année, celle de "l'anniversaire" de la disparition de son père orchestrée par des grands connards qui s'croient assez importants pour débrancher des gens et en accueillir d'autres !

- Les bagnoles ont besoin d'essence pour avancer, non ?

C'est un fait évident, éprouvé sur lequel personne n'osera lui donner tort. Et elle le sait bien, Zelda. C'est pour ça qu'elle s'octroie d'ailleurs le droit d'user de ce ton scolaire, presque blasé, qui tend à établir sa supériorité sur son auditoire. Enfin sur Trevor, surtout. C'est le seul qui l'écoute et le seul aussi qui lui a reproché de placer son gosier au-dessus du sien. Ben les serveuses c'est pareil, trouduc' ! Leur faut du carburant ! L'australienne conclue par un petit sourire narquois, une vague imitation de toast et une nouvelle gorgée salvatrice. Il attendra un peu. Et il apprendra même à vider ses verres plus lentement avec peu de chance...

L'inquisiteur repoussé, elle se retrouve sous le coup d'un nouveau jugement moral. Cette fois, cependant, il lui faut du temps pour se rendre compte que c'est bien elle qui Bri' accuse de faire augmenter l'alcoolisme chez les jeunes. Et qui la qualifie de Barney. L'adolescente plisse lentement les yeux : c'est déjà qui, ce mec ? Ca lui dit trop un truc... J'aimerais trop t'aider, hein, vraiment ! Mais faut bien que quelqu'un s'charge de la sécurité, aussi. Pour s'assurer que y'ait pas d'grabuge, tu vois ? Zelda conclue par un rot, un malheureux rot qui lui échappe et qui parvient même à la surprendre elle-même. Presque aussitôt suivi d'un haussement d'épaules. C'est la nature ? Et j'déteste Frère Jacques... commente-t-elle un ton plus bas, presque en aparté, dégoûtée à la perspective de devoir endurer ce genre de chants. C'est plus trop son délire, ça, les comptines !

'Sey n't'a rien dit ? s'étonne-t-elle ensuite quand sa cadette essaie de lui refourguer le nettoyage des chiottes. L'adolescente lève ses paumes et les laisse retomber mollement sur le bar. J'souffre de stress post-traumatique, ou une connerie du style. J'suis pas apte aux tâches ménagères et à tous ces p'tits trucs chiants ! explique-t-elle dans la foulée, jouant la carte de la meuf terriblement abattue par cette triste nouvelle. Trop relou... Puisque Zi utilise la psychiatrie pour la torturer et extirper les trucs qu'elle ne veut pas exhiber de sa mémoire, elle suppose qu'elle est parfaitement en droit de se défendre en usant de la même arme. Nettoyer les chiottes ? Et puis quoi encore...

Une fois n'est pas coutume, l'australienne hoche les épaules et détourne déjà les yeux pour les poser sur Trevor. J'ai entendu ! lui indique-t-elle. Sa dernière remarque ironique à la con. Zelda vampirise encore un peu son verre puis reporte son attention sur la gamine. Elle est efficace, on ne peut pas lui enlever ça. Tant mieux ! Ca compense sa nonchalance. Pourquoi on n'a pas encore inventé des chiottes qui s'nettoient toutes seules, à ton avis ? C'est un vraie question ! Celle sur laquelle l'alcool pousse un peu l'australienne à se focaliser. Ca t'semble pas louche ? On envoyait des mecs sur la lune et on n'a pas été foutus d'crafter des gogs auto-nettoyantes ? Il y a définitivement quelque chose qui ne va pas dans cette histoire. L'évolution s'est forcément foirée quelque part. Ou alors c'est Cole qui a raison et tout n'est que complot...

Zelda daigne en tout cas faire l'effort de lever son cul du tabouret pour venir récupérer une bouteille derrière le bar et enfin contenter Trevor. Un geste pas totalement désintéressé puisqu'elle en profite pour remplir son verre au passage. Eh ouais ! T'sais quoi, Bri' ? L'adolescente adopte un air qui se veut plus ou moins sérieux tandis qu'elle pointe sa camarade de sa paille. Tu devrais enquêter là-dessus dans un d'tes documentaires ! Ouais ! Qui sait quels sombres secrets elle pourrait découvrir. Penses-y ! conclue-t-elle en adoptant un air qui se veut complice et en tapotant sa tempe du bout de son index. Qui sait, des fois qu'elle remporte la Poule Hitzer...

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.

- La sécurité de quoi ? Y a qu'des poivrots... remarque t-elle en zieutant les quelques tables occupées à l'intérieur du bar. Et entre nous, hein, on dirait presque qu'on a foutu des sédatifs dans leur verre tellement ils ont l'air morts intérieurement ! Elle conclut ça en baissant (évidemment) d'un ton. Juste comme ça, pas du tout pour qu'les mecs en question ne l'entendent pas jacasser sur leur peau ! Hein, Jacky ? Elle appelle Jacky. Ouais, le vieux qui aime toujours picoler dans un coin du bar. On l'y voit tellement qu'on croirait parfois qu'il y vit. Il réagit à peine à l'appel de l'adolescente. Il a des problèmes d'audition... ou il est juste complètement saoul. Tu vois ? C'est même pas des humains. C'est... des loques ! Des morts vivants, même !

Donc son histoire de sécurité... c'est qu'du vent. Une excuse pour rien foutre et picoler, comme bien trop souvent à son goût ! C'est con. Moi, j'préfère ça qu'le son des mouches qui volent. explique-t-elle à la rouquine en rinçant le verre sale qu'elle vient tout juste de nettoyer. Un verre vachement moins sale que les chiottes qu'elle ne se tapera pas à la place de Zelda, ça : c'est certain. Si l'autre adolescente ne lui a jamais trop causé de tort et qu'les services au Summer's se font dans le calme et parfois l'amusement, reste que ça l'emmerde souvent de la voir ne pas prendre ses tâches au sérieux et essayer de les lui léguer comme si elle était son sous-fifre. Elle voudrait pas qu'Bridget la suive jusqu'à chez elle pour la torcher, aussi ?  Le verre claque un peu contre l'évier. Elle le range après l'avoir essuyé sans pour autant la lâcher du regard alors qu'elle se la joue âme torturée. Le stress post-traumatique : il est lié à quoi ? À la femme enceinte qu'on raconte qu't'as poignardé ? Au nez de l'handicapé que t'as pété avec un coup de poing, ou à une énième dispute avec ta meilleure-amie slash "amoureuse" ? Slash et guillemets : c'est important. Les guillemets, c'est bien parce qu'elle trouve ça un peu dégueulasse d'savoir qu'elles se touchent, qu'elles s'embrassent et que... Bwah, vaut mieux pas y penser ! Papa lui a jamais dit d'pas tolérer certaines choses, ça : ça s'est fait naturellement.

La môme prend son visage dans ses deux mains, lâche un petit soupir. Conséquence d'une journée un peu trop longue et qui est d'ailleurs sur le point de prendre fin. Casey essaie d'être à cheval sur le règlement, sur cette histoire d'horaires à respecter... Mais après quelques heures, le cerveau sature. Et les poivrots vont pas crever d'devoir arrêter de boire vingt minutes plus tôt !

- On arrête d'servir pour ce soir, donc essayez d'terminer vos verres assez rapidement parce qu'on a autre chose à faire, nous... ! Faut qu'on vive ! Bridget tape lourdement dans ses mains pour se faire entendre, parle très fort pour qu'même le mal-entendant puisse biter un minimum ce qu'elle raconte. Ça fonctionne, si elle en croit l'air renfrogné qu'il a sur la face. Bridget commence à fermer les armoires gardées ouvertes avec son talon, y en a une ou deux qui claquent. Bah ça existe. Au Japon... ou en Chine. Elle sait jamais différencier les deux : elle sait juste qu'il y a des bridés. C'est juste en Amérique qu'on est en retard. On a préféré financer des vaisseaux spatiales qu'l'importation de chiottes qui se nettoient. Elle est presque d'accord avec elle, du coup. Des gogs... ? T'as pas l'impression d'parler comme dans un jeu-de-rôle bizarre toi, parfois ? Des gogs. Gog. Gogs. Elle s'amuse de cet ajout à son lexique d'incompréhension. Pas de complots dans sa tête, elle laisse tout ça à Cole. Puis de toute façon : elle en a rien à foutre. Y a plus d'fusées maintenant, que des gens qui crèvent de faim et des chiottes auto-nettoyants... même si ce serait vachement utile, ça reste très très passable niveau utilité ! Des robots, ça ce serait kiffant.

Bridget observe Zelda venir récupérer une bouteille pour servir Trevor, à nouveau... puis remplir son verre une nouvelle fois. D'un air quelque peu mécontent, elle croise les bras contre sa poitrine et l'observe d'un gout un peu amer se réinstaller sur son tabouret. Si j'dois faire un documentaire, ce sera sur l'alcoolisme, sur le mensonge... ou sur le stress post-traumatique, y a d'bon sujets ici. Mais est-ce que ce serait pas chiant, franchement ? C'que les gens veulent : c'est de l'action, des armes, du choc. Des gens qui parlent grossièrement sans bips, des rappels de la dureté de la réalité... Ou bien sur les visiteurs d'autres camps qui aiment venir squatter chez nous, bouffer nos trucs et profiter d'nos services sans payer le moindre sou... avant d'se barrer sans dire merci. Ça, ce serait un sujet intéressant. Du genre qui intéresse les gens et qui pourrait p'têtre faire réagir, nan ? Ces connards, là ! Ceux qui s'croient chez eux, qui profitent de tout parce qu'on est trop gentils et qu'on leur offre absolument tout ce qu'ils veulent sans rien demander en retour. Si Bridget était leader, ça s'passerait pas comme ça !

Elle pose son cul sur le deuxième tabouret de l'autre côté de la table à laquelle est installée l'autre serveuse, lui arrache le verre des mains pour en sentir un peu le contenu avant de juste... en boire le reste. Ça rend saoul, ce truc ? ose-t-elle demander d'un air intrigué à sa collaboratrice en lui rendant son verre. Elle est pas habituée à boire de la liqueur de fruits !

- Des loques, carrément !

Si jusque-là Zelda n'avait pas prêté une grande attention à ce qui s'apparente aux états d'âmes d'une enfant, elle a relevé la tête lorsque Bri' a appelé Jacky. Et elle doit bien admettre que le spectacle offert par la clientèle n'est pas particulièrement glorieux, non. Bon c'est sûr qu'on a pas tiré l'gros lot, là, ouais... L'australienne hausse les épaules. L'argument de sa cadette a beau être pertinent, il n'en reste pas moins insuffisant pour la motiver à bouger son cul. Mais tu peux m'croire, faut s'méfier des alcoolos qui pioncent ! On ne sait jamais quand ils vont se réveiller, comment ou en colère contre qui. Un peu comme avec l'eau qui dort, quoi. Mais l'éthanol en plus ! Elle s'y connaît un peu depuis que Josh' lui a donné des recettes et des conseils pour fabriquer son propre alcool. Faudrait qu'elle s'y mette, d'ailleurs...

Comme quoi, les goûts et les couleurs... note ensuite simplement l'australienne lorsqu'elle l'autre annonce qu'elle préfère les comptines au bruit du silence. Elle suppose que c'est propre à chaque personne et au passage, ça note le peu de cas que l'adolescente fait de la remarque de sa camarade. Cette attitude passive lui convient bien. Du moins jusqu'à ce que Bri' évoque Misha, une handicapée dont l'identité lui échappe - faut dire qu'elle pète beaucoup de nez - et enfin, Ka'. Aux curieuses qui posent trop d'questions ! Voilà à quoi il est lié, mon trauma ! Un sourire se dessine malgré tout sur les lèvres de l'australienne. Ce n'est sûrement pas elle qui lui reprochera son audace.

En fait Bri' est même parvenue à capter son attention. Zelda repousse son verre et daigne enfin ranger ce couteau qu'elle s'amusait à garder en équilibre sur son doigt. Z'avez entendu Adolf ? Tout l'monde dehors ! la soutient-elle même lorsqu'elle commence à mettre les clients dehors. Le ton est plus autoritaire, marqué par une forme d'habitude. Ils ont ça, là-bas ? Des chiottes qui se nettoient toutes seules ? Tu dois confondre ! Elles lavaient l'cul des clients, c'est pas la même chose ! En bonne australienne, ouais, elle connaît un minimum ses voisins ! Ca laisse la question entière, donc : qui lave l'cul des trucs qui lavent encore d'autres culs ? C'est pas le débat le plus intéressant du siècle mais il convient bien à l'heure tardive, et à l'alcool qu'elle a elle-même ingurgité. Ca ne l'empêche pas d'écarquiller les yeux lorsque l'autre lui reproche le terme qu'elle a employé. T'as jamais entendu c'mot ? C'est peut-être un truc australien, elle n'en sait rien. C'est pas comme si elle parlait régulièrement des chiottes non plus... Bah maintenant c'est bon, c'est fait ! Elle se couchera moins bête et elle, il faudra quand même qu'elle se renseigne sur l'existence de ce mot...

Ca fera un bide ! s'amuse-t-elle lorsque l'autre lui balance le sujet de son futur documentaire. Un truc sur l'alcoolisme, le mensonge et les stress post-traumatique ? Quelle petite conne... Personne n'veut voir un truc sur la vie d'Maddie ! Ou peut-être deux ou trois lèches-culs mais guère plus, si ? Par contre Bri' touche un truc du doigt en évoquant tous les squatteurs qui viennent parasiter leurs vivres, et le camp en général. Ca, ça pourrait marcher ! En tout cas l'intéresse beaucoup plus tout d'un coup. On dirait qu'elles ont le même avis sur le sujet. Sauf qu'ça jamais la censure ! June a décidé d'les accueillir et j'suis pas sûre qu'elle verra d'un bon oeil la publication d'un docu qui chie sur sa politique... Zelda hausse les épaules avec une forme d'indifférence. C'est comme ça, c'est normal. On ne mord pas la main qui vous nourrit, en théorie.

Elle cogite là-dessus lorsque l'autre vient lui voler son verre pour en terminer le contenu. Te gêne pas, surtout, hein ! grogne-t-elle avant d'observer, dépitée, la disparition du breuvage de son verre. Et puis forcément, elle lève les yeux au ciel lorsque Bri' lui demande s'il rend saoule. À ton avis ? Elle doit bien avoir une petite idée, non ? T'as jamais picolé ou quoi !? Cette question Zelda la pose d'abord dans un élan rhétorique. Et puis elle commence à se poser elle-même sérieusement la question. Surtout en considérant la tronche que la gamine a tirée en engloutissant le reste de son verre... Attends... T'as jamais bu ?! Le regard de l'adolescente dévie déjà sur les bouteilles encore présentes de l'autre côté du bar.

La saouler avant de la renvoyer dans les jupes d'Ivy, ça se fait ?

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.

- C'est bien un truc de fragiles psychologiques, ça ! Développer un traumatisme à cause de questions... Bridget y analyse une forme de second degré et de sarcasme, même si le naturel de Zelda fait qu'elle doute tout le temps de ce qu'elle lui raconte. Avec elle : tout est possible. Et au vu de son historique, ce serait pas tant étrange qu'elle ait perdu la boule pour un rien. Si on compte tout ce qu'elle a pu faire jusqu'à son arrivée à Bainbridge Island comme n'étant rien...

- J'pense quand même que ça mérite un documentaire... ça pourrait intéresser les gens de rentrer dans ta tête, de pouvoir essayer de comprendre tout ce qui s'y passe. Et il doit s'y passer tout un tas de choses là-dedans. Avec des rouages qui n'arrêtent pas de tourner, le bruit incessant du métal qui claque. Ou peut-être est-ce simplement le son d'un singe avec des cymbales ?

Elle observe chacun des poivrots se lever non pas quand elle le leur demande, mais bien quand l'autre jeune femme affirme son ordre. Ça va, j'ai tué personne... hein ! J'fais ça pour votre bien, vous me remercierez plus tard ! leur dit-elle en haussant un peu le ton, convaincue que le peu de famille qu'il doit leur rester à la maison sera plus qu'heureuse de les voir rentrer. Même si Bridget en soupçonne pas mal d'être seuls. On tombe pas dans l'alcoolisme pour rien, au final. Peut-être qu'ils sont à plaindre, à sauver. Faudrait qu'elle en parle à la psychologue du camp, peut-être qu'il y a un projet à mettre en place. Qu'elle puisse se rendre un peu utile au lieu d'passer ses journées à écouter les pleurnicheries des uns et des autres... Faut aider les alcoolos ! J'en sais rien, ça fait longtemps. Mais j'ai déjà vu ça à la télé... Ils ont grave de l'avance sur nous, les bridés. Peut-être que si le monde était pas comme ça, ils auraient certainement des voitures volantes à l'heure actuelle. Qu'est-ce qu'elles parlent de toilettes, de toute façon ? Qu'est-ce qu'on peut bien en avoir à foutre ? Bref, dans tous les cas : tu vas devoir le faire, sinon j'dis à Casey qu't'es pas volontaire et qu'tu passes ton temps à picoler. Tu peux pas t'défiler ! Sans guillemets, elle se fait claire : c'est pas à elle d'aller nettoyer la pisse qu'les pouilleux sont pas capables de faire atterrir dans la cuvette. C'est d'ailleurs une idée bien débile finalement d'avoir installé des toilettes au Summer's. S'il n'y en avait pas, tout le monde irait pisser ailleurs et ça leur ferait une tâche de moins ! Faudra qu'elle en cause avec sa cheffe, un jour...

Zelda parle étrangement, utilise un lexique peut-être australien. Un nouveau mot ajouté au dictionnaire des connaissances de Bridget qui n'est pas sûre de l'utilité, ni du vrai sens de ce nouvel ajout. Mais bon. Peut-être qu'elle est plus intelligente que les autres essaient de lui faire croire. Sécher les cours, ça paye.

- Elle est pas alcoolique, Maddie. Puis qu'est-ce que t'en sais ? T'y connais rien ! Vous êtes tous habitués à regarder les mêmes trucs en boucle, vous applaudissez comme des débiles à la fin de Titanic à votre quinzième revisionnage de l'année... Moi j'dis qu'il est peut-être temps de créer d'autres trucs et d'arrêter de se focaliser sur ce qui a été fait avant !

Un sujet important pour elle, le cinéma. Quand t'as été élevée par un papa cinéphile, que tu te prends pour la relève de Martin Scorsese... ou de Ken Loach alors que le monde entier s'est effondré, tu continues de prendre ce genre de choses à cœur ! Même si c'est loin d'être grave comparé à la famine, aux gens qui crèvent tous les jours... et à tout un tas d'autres choses. Mais du haut de ses quinze ans, elle a ses propres priorités. La sienne, devenir un génie à la caméra et créer des chef d’œuvres.

Puis vient la question de la censure... ce que Bridget n'a pas oublié : elle est pas si bête que ça. Vit-on en dictature ? Peut-être bien. Et y a des aspects de la vie à Baindbridge Island qui lui déplaisent. De nombreux même. Mais... pourquoi on aurait pas le droit de critiquer des trucs ? En particulier des choses que tout le monde pense tout bas mais n'ose pas dire tout haut ? Elle, elle le fera ! Des cinéastes sont devenus de grands noms en disant les choses. Elle, peut-être qu'elle peut faire pareil !

- J'dis pas que j'le montrerais à tout le monde ! T'as jamais entendu des cinémas underground ? Des trucs secrets ? Des soirées de Bribri où t'as jamais mis les pieds ? Celles hyper exclusives pour lesquelles t'as pas le droit d'entrer sauf si t'es sur la liste ? Elle ne la nargue pas. Non, elle lui fait une leçon de vie. Zelda a beau se croire intelligente, reste qu'elle ignore encore beaucoup de choses. Des choses super importantes qui changent des vies. Mais... de toute façon, j'en sais trop rien. Pour l'instant, je crois que je vais surtout essayer de faire un documentaire sur les animaux. Ou sur ceux qui arrêtent pas de pisser dans leur lit au dispensaire. Des trucs un peu débiles. L'un intéressera les plus jeunes et les vieux, l'autre... ce serait peut-être un mockumentaire. Pour se foutre de leur gueule mais subtilement ! Parce que changer des draps constamment, ça va deux minutes !

Installée à sa table, Bridget lui pique son verre, le dilapide sans malaise. Ça pique un peu la gorge, mais c'est rien comparé à un coup de couteau ou à un coup de tête. J'ai une tête d'alcoolique ? Elle répond à sa question par une autre. C'est de la liqueur de fruits faite maison. C'est pas comme... un verre de whisky ou une grosse dose de vodka. J'pose la question parce que se mettre une cuite à la liqueur de fruits, ça se voit pas souvent ! Pour sa défense. Même si les alcoolos d'aujourd'hui ont dû trouver un moyen d'oublier leur malheur à la disparition de tous ces liquides qu'ils avaient l'habitude de consommer avant. C'est pas si bon de toute façon. C'est un peu... surcôté ? observe-t-elle en se penchant par-dessus son verre vide pour en regarder le fond. Elle sait pas trop quoi en penser. Ça pique la gorge, c'est un peu dégueu ? Mais elle y trouve du bon. Un tout petit peu. Et si tant de personne viennent se rincer le gosier au Summer's : c'est que ça doit bien valoir le coup ?

Et alors que le regard de l'adolescente de dix-sept ans dévie vers le bar pour en survoler les quelques bouteilles qui y restent... Bridget lit dans ses pensées. Mais je tiens pas vraiment à devenir alcoolique ou à finir morte saoule. J'te crois quand tu dis qu'ça détruit le cerveau, promis. Elle a vu trop de loques quitter le bar en manquant de se vautrer pour vouloir en faire elle-même les frais. Bridget garde ce bref et court moment à l'esprit. Elle s'en souviendra, racontera qu'elle a refusé de se bourrer la gueule lorsqu'on essaiera de lui faire croire qu'elle n'est rien d'autre qu'une sale gosse imprudente et irréfléchie.

Ta remarque, là...C'est un peu ta façon d'me faire comprendre qu'tu veux voler à travers le bar ?

Zelda connaît les règles de la provocations. Ses subtilités aussi. C'est même l'un des rares domaines où l'on peut dire qu'elle excelle vraiment. L'australienne ne sait pas trop ce qui a motivé cette pique sur la fragilité mentale -sait-elle qu'elle voit Zi ?-  mais elle est plus ou moins certaine de sa vocation : l'agacer ! Si tu veux jouer à Qantas autant l'dire clairement, hein ! Elles gagneront du temps, ce sera toujours ça de pris. Surtout qu'elle devrait déjà pioncer depuis longtemps à cette heure-ci, Bri', non ?

Crois-moi, les gens n'ont pas envie d'entrer dans ma tête... soupire-t-elle après que la gamine ait viré les derniers clients avec une véhémence adaptée. C'est ce genre de caractères dont le Summer's a besoin. Quant àce documentaire, non, ça ne lui semble pas être la meilleure des idées. Ils ont même plutôt envie d'la défoncer avec un pied de biche, en général ! Zelda hausse les épaules. Elle ne peut pas vraiment dire que l'idée lui déplaise. Mais est-ce qu'un documentaire pareil serait bien reçu ? Et puis j'ai pas vraiment envie qu'les gens aillent voir un truc sur ma vie en s'gavant d'chips - ou j'sais pas trop quelle merde à moitié périmée -  dans un vieux garage lugubre, et juste pour s'foutre d'ma gueule ! Quoique elle pourrait regrouper ses pires adversaires et les faire tous exploser d'un coup...

Non ! C'est la weed et l'alcool qui parlent, là !

Et en parlant de ça, justement, l'australienne entreprend de rouler un joint. Une tradition de la fermeture en quelque sorte. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est de parler de chiottes pendant ce petit exercice traditionnel. Mmh mmh, ouais ! Ca m'étonnerait pas non plus ! Cette histoire de voitures volantes chez les asiatiques. C'est vrai que c'était quand même un drôle de monde pour le peu qu'elle s'en souvienne... Surtout qu'ils avaient déjà des robots géants, j'crois ! Pourquoi, j'sais pas, mais ils en avaient... Et puis les gros méchas c'est un peu comme les flingues, quoi : vaut mieux en avoir un et ne pas avoir besoin de s'en servir que l'inverse. Quant aux petites menaces de dénonciation à Casey... Oh bah vas-y, t'gêne pas ! J'suis à peu près sûre qu'elle picolerait avec moi, si elle était là. Et qu'elle a vraiment d'autres problèmes à gérer en c'moment qu'le planning du nettoyage des chiottes, aussi. Sans parler du fait qu'les balances, 'Sey, c'est pas trop son kiffe... Zelda relève les yeux vers sa cadette et se fend d'un léger sourire absent. En fait, ouais, elle aimerait presque qu'elle mette ses menaces à exécution !

Ouais ouais, d'accord ! Si tu veux ! coupe-t-elle ensuite quand l'autre évoque les mêmes films passés en boucle et le renouveau dont la production cinématographique a besoin. C'est clair qu'produire des documentaires, ça devrait être notre priorité absolue ! T'sais, entre deux guerres ! Ou pénuries ! Si l'autre ne comprend pas l'ironie alors là, Zelda, elle veut bien bouffer ce chapeau qu'elle n'a pas ! Y'a des... soirées de Bribri ? s'étonne-t-elle néanmoins, lorsque l'autre évoque ses petites sauteries visuelles. Oh ben merde alors, comment j'ai pu passer à côté d'ça ? Elle surjoue largement la détresse. Et elle espère qu'elle le fait bien puisque c'est quand même vachement rare. Ah mais c'est parce que j'en ai rien à foutre ! Ca y est, ça m'revient maintenant ! conclue-t-elle en levant l'index. Avec ce petit air que devait avoir Archimède en beuglant son fameux Eurêka.

Surtout si c'est pour se taper des documentaires sur les animaux ou les incontinents du dispensaires, n'est-ce pas ? L'idée arrache malgré tout un petit rire à Zelda. Elle glisse le joint entre ses lèvres, l'allume et hausse les épaules après quelques secondes de réflexion : Tu sais qu'si tu fais un truc sur les animaux tu vas forcément devoir parler d'la reproduction ? Le cul, c'est l'nerf d'la guerre ! Même chez eux ! Et peut-être surtout chez eux, qui sait ? T'as vraiment envie d'filmer des clebs qui s'enculent ? Ce ne serait pas un peu... malsain ? Et ne parlons même pas de la gueule d'un documentaire sur les pisseurs de l'hosto et les séquelles qui en découleront...

La tête, j'sais pas ! Mais les réflexes, c'est sûr ! Il n'y a que les alcoolos qui volent le verre des autres pour y prélever une rapide gorgée. Après, bon, c'est pas moi qui vais t'empêcher d'te bourrer la gueule si t'as envie ! J'laisse ça aux vieux ! À tous ces coincés qui ne comprennent pas le besoin des jeunes de s'évader. Et puis tu connais pas l'dicton ? Genre... On s'en fout du flacon tant qu'ça déchire la tronche ? Une connerie du style. L'essentiel, c'est l'effet. Pas ce goût qui rebute visiblement Bribri'. C'est dégueulasse, ouais, on va pas s'mentir ! Mais l'truc important, c'est qu'ça t'retourne le crâne ! Et ça, pour le coup, j't'assure qu'c'est pas du tout surcoté ! Oh que non ! Quoi qu'on en dise, la vie sera toujours plus acceptable avec un verre dans le nez ! La gueule de bois non plus, par contre... Et c'est malheureusement compris dans le package.

Quelques bouffées plus tard, le calme retrouvé et le verre rempli à nouveau, Zelda finit par lâcher un petit rire quand l'autre semble l'associer à la preuve que l'alcool détruit le cerveau. La vie détruit tout l'reste alors l'un dans l'autre, l'alcool, c'est pas la pire des options... rétorque-t-elle en haussant à nouveau les épaules. Et la voici qui hésite, et qui tend son joint avec un manque de conviction évident à sa cadette. Et ça ? T'as déjà essayé, la bourgeoise ? Ou c'est pas assez bien pour toi ? Après tout cette fille est là depuis le début et elle imagine qu'à la maison, ça doit boire le thé en levant le petit doigt. Il est temps de la dévergonder un peu, celle-là !

Zelda Anderson

Power, real power, doesn’t come to those who were born strongest, or fastest,
or smartest. No. It comes to those who will do anything to achieve it.

- Personne se foutrait de ta gueule. Un documentaire, c'est ultra intéressant... ! Pour apprendre à connaitre les gens qu'on connait pas vraiment, pour les découvrir sous d'autres facettes. Elle n'y connait rien, en fait ? Par exemple, sur toi, ça aiderait peut-être des gens à t'apprécier... ou à te comprendre un peu. Tu vois le genre ? Les gens qui ont regardé un documentaire sur Kennedy ou sur le 9/11... ils l'ont pas regardé dans le but de se moquer ! Ça, c'est un mockumentaire. Et peut-être que ça aurait plus de succès. C'est bien vrai. En attendant, Bridget préfère se focaliser sur des choses vraies et intéressantes. Et faire un docu' comique sur Zelda, c'est comme mettre une corde autour de son cou et tirer dessus soi-même... Sans qu'elles soient meilleures amies non plus, Bridget préfère l'avoir du bon côté de la table et pas dans son dos. Ce serait le meilleur moyen de se prendre un coup de couteau !

Son garage n'est pas lugubre, on n'y mange pas de chips ou de trucs périmés. Si Bridget avait envie de le faire, elle redorerait le blason de ces soirées hyper ultra exclusives dont elle fait continuellement la pub... mais a-t-elle réellement envie que la blondasse s'y intéresse ? Non. De toute façon, elle ne pourrait pas y rentrer. Les gens seraient trop occupés à la huer ou à lui hurler de s'en aller et ne s'occuperaient même pas du film. La lose totale.

Les chiottes japonais, les voitures volantes, les baskets qui se lacent toutes seules... Au final, les asiatiques étaient bien en avance sur leur temps ! Si seulement ils auraient pu savoir qu'des mangeurs de chair finiraient par marcher parmi nous... T'imagines ? Ils auraient pu construire un truc de fous, un champ télé-magnétique anti-eux... Ils en auraient bien été capables. Ils pouvaient tout faire. Mais eux n'ont pas marché sur la Lune. C'est naze. Tu respectes jamais tes devoirs. soupire-t-elle en baissant les épaules, convaincue qu'elle n'y pourra plus rien. On ne peut forcer Zelda à rien, et elle n'a pas envie de se disputer sur une histoire de pisse sur la cuvette. Si elle ne s'en occupe pas, Bridget n'y mettra pas les pieds non plus... Et pas question d'faire les balances. Tant pis. Le sujet se voit balayé, et peut-être que c'est tant mieux comme ça. Bridget n'a pas envie de s'embrouiller avec elle, ni qu'elles commencent à se faire la gueule. Ce serait invivable... puis elle l'envie un peu quand même, cette fille. Elle qui n'en a rien à foutre de rien, qui passe son temps à chier sur tout le monde et qui aime agir comme si le monde entier était contre elle. Elle aimerait parfois lui ressembler, lui voler certains aspects de sa personnalité... mais elle aurait bien l'impression de devenir chiante, impossible à vivre... puis autant d'agressivité, ça ne lui ressemble pas vraiment. Peut-être qu'elle devrait s'apprécier comme elle l'est déjà

- J'dis pas que c'est une priorité, banane ! Mais voilà qu'elle interprète déjà mal tout ce qu'elle lui raconte. Une priorité, les films ? Pas vraiment, mais quelque chose d'important quand même. Si tu pars de ce principe là, autant arrêter tout ce qu'on fait en parallèle des guerres et de la pénurie. On arrête de faire cours, on arrête de se réapprovisionner en matériaux... et on ferme ce foutu bar. Parce que qui pourrait bien avoir envie d'se saouler alors que ça se bat dehors, hein ? Qu'est-ce qu'elle peut être conne aussi... ! Elle sait qu'il n'y a pas que les soldats qui existent ? Qu'à Bainbridge, y a aussi des enfants, des personnages âgées, des médecins, des scientifiques... des gens qui sont pas faits pour tenir une arme. Et ces gens-là, faut continuer de les divertir, de les nourrir, de leur offrir une vie meilleure même si à côté de ça, y a des gens qui se défoncent ! Tout le monde est bien conscient de la guerre, y a aucun doute là-dessus. Et si Zelda veut cracher sur ses idées et ces "micro-évènements" qu'elle met en place dans son garage... qu'elle le fasse, ça ne l'atteint pas le moins du monde.

- Je sais que tu rigoles, et j'vais même pas y réagir... Ça a au moins le mérite d'être plus original que les soirées défonce qui ont lieu dans ton sous-sol. Elle roule des yeux, secoue la tête avec mécontentement. Deux types de soirées différentes, certes. Mais il est vrai que celles de Zelda ont au moins le mérite d'amuser la galerie. Vous les avez déjà vus rentrer chez eux après avoir fumé ? On dirait presque qu'ils essaient de se déguiser en rôdeurs. Complètement patraques, avec le visage complètement renversé et à l'odeur plus que repoussante. C'est à se demander ce qu'ils peuvent bien faire là-dedans. Une bonne raison pour Bridget de se tenir loin de toutes ces addictions que certains ados et jeunes adultes du camp semble répandre comme une allergie à la connerie.

Elle allume l'un de ses joints. Bridget la regarde faire dans un air renfrogné. - Ça rendrait les choses éducatives... ! Et peut-être qu'ils le passeraient en cours. C'est pas dans ses plans de filmer des chiens qui font leur affaire... c'est dégoûtant, et l'idée est plus que dégueu ! Mais si elle part sur un thème scientifique ou sur quelque chose qui pourrait intéresser les profs, ça lui ferait de la pub. Quitte à devoir salir sa carte mémoire !

- J'voulais juste gouter... Puis d'toute façon, t'as pas de maladie ou d'trucs qui se transmettent par la salive, si ? Elle se ravise, concernée par sa propre question... Avant de se rappeler d'un truc. J'vous ai déjà vu vous embrasser avec Kassandra, donc ça doit être safe ? Elle n'a pas de parasites à refiler, ou d'autres trucs plus dégueu qu'une mauvaise haleine. Mais j't'arrête tout de suite... j'ai pas envie d'me bourrer la gueule, j'voulais juste goûter ce qu'on sert à longueur de temps. Et vu que c'est chose faite... Elle se lèche le bout des lèvres encore humide, pour ne pas gaspiller la moindre goutte. On est d'accord que c'est vraiment dégueulasse, alors ? Ou bien... les mecs sont faits autrement et captent un gout différent en buvant ça... ? Ou peut-être qu'elle délire complètement ? En tout cas, elle a du mal à comprendre leurs constantes venues au Summer's. Quitte à se rincer la gorge avec quelque chose qui a du goût, autant le faire avec de l'eau de pluie... Au moins, on est sûr de pas vouloir vomir à cause d'un goût beaucoup trop amer dans la bouche.

Par contre, les effets secondaires paraissent plus intéressants. Si Bridget n'a rien ressenti aux premiers abords... un bon paquet de secondes plus tard, elle sent déjà qu'il y a un p'tit quelque chose ! Une douce, toute minuscule sensation de légèreté. Une latence dans ses mouvements. Une sensation... beaucoup trop bizarre. C'est censé faire ça ? Aussi rapidement ?

- Et t'en bois beaucoup, toi ? Avec tes copains de sous-sol ? Vous buvez des coups, vous fumez des joints... Et ça rend votre vie meilleure ? Question d'une naïveté déconcertante, mais curiosité totale. Bridget veut tout savoir, veut tout comprendre sans avoir à l'expérimenter elle-même. Zelda doit bien savoir tout ça ? Elle qui passe son temps à se mettre des races. Est-ce que boire quelques verres dégueulasses, avoir la tête qui tourne... ça vaut vraiment le coup quand tu penses à tout ce que tu rends le lendemain matin ? Question légitime, d'autant plus qu'elle lui tend son joint et qu'elle semble l'inviter à essayer. J'suis pas bourgeoise... Mon père avait juste un SUV, et c'est pas parce qu'il était médecin que ça fait de moi... Une bourge ? Elle se tait et la regarde juste d'un air réprobateur... Est-ce qu'elle a vraiment envie d'essayer ? De fumer ? Est-ce que ça ferait d'elle une membre intégrale de son gang de racailles ? Est-ce qu'elle veut devenir une Zelda en puissance ?

Tant de questions et pas assez de réponses. Elle préfère essayer et s'en faire une idée d'elle-même.
Elle prend le petit bout allumé. Elle renifle le bout un peu humide, tient le stick comme une cigarette. Les premières bouffées/tentatives se concluent en de simples quintes de toux. Avant cet énième essai qui se consolide sous la forme d'une loooooongue inhalation. Beaucoup trop longue. Mais elle ne sait pas comment ça fonctionne, on ne lui explique rien.