The Walking Dead RPG

Quand Tasya entend parler du cocktail molotov, elle fronce les sourcils. « C'est aussi grave, si. Et je ne le cautionne pas non plus » soupire-t-elle. Comment peuvent-ils lutter contre un système violent et être crédible s'ils utilisent la même violence ? Elle trouve cela très dommageable. « Mais comme il y a plusieurs sortes de soldats, la résistance peut se montrer nuancée aussi. Il ne faut jamais mettre tout le monde dans le même panier... Dans tous les cas, je suis d'accord, la violence n'est jamais une solution, que ce soit d'un côté ou de l'autre. » C'est ce qu'elle tente de faire entendre, même actuellement dans le bidonville avec Joe et les autres. « Mais ce cocktail est l'action d'une seule personne, est-ce qu'on peut en dire autant de plusieurs soldats qui ouvrent le feu en même temps ? Un militaire ne prend jamais une telle décision seul... » Il a forcément reçu des ordres et probablement de l'Adonaï lui même.

Lorsque Lynn évoque Ray, la mexicaine se contente d'hocher doucement la tête sans poursuivre plus loin. Toute cette histoire ne la regarde pas. Elle ne sait pas ce qu'il se passe dans la tête de Ray et comment se passait leur histoire. A ses yeux, il faudrait mieux qu'ils en parlent ensemble, mais elle ne les forcera à rien, évidemment. Par contre, quand la future maman s'indigne sur le fait que tous les "rebels" veulent la mort, la brune la contredit immédiatement. « Bien sûre que non ! Je ne veux détruire la vie de personne. » Difficile de parler au nom de tous les résistants, le cocktail molotov est bien la preuve que leurs intentions peuvent être différentes. « Je souhaite juste un monde où tout le monde serait respecté de la même manière, où la femme serait l'égale de l'homme et où chacun pourra être libre de choisir son orientation sexuelle, de choisir celui ou celle qu'il aime et de pouvoir vivre sans risquer d'être condamné sans justice. Et ça n'a rien d'utopique... » Elle se rend compte que pour Lynn, ce n'est pas du tout quelque chose de normal justement. Sa normalité à elle, c'est le New Eden actuel, rempli d'absurdités et d'injustice.

Et le reste des paroles de Lynn la font tomber littéralement des nues et ne peuvent que lui donner raison en ce sens. Tasya aimerait secouer la jeune femme pour qu'elle réalise l'absurdité de ses bêtises. « Non Lynn, tu te trompes » souffle-t-elle doucement, attristée pour elle. « Il n'y a rien de plus beau que l'amour, le vrai et tout le monde a le droit de le connaitre. J'aime Jacob, et à chacune de nos étreintes, je l'ai désirée... Nos enfants sont le fruit de notre amour, pas d'une union forcée. C'est ça le véritable mariage et je ne regretterais jamais de l'avoir connu. » Même si maintenant aux yeux des autorités, ils étaient divorcé, son amour pour Jacob ne changera jamais.

A sa réflexion sur les rôdeurs ou sur le viol par des pillards, Tasya ne peut pas la contredire, mais ce n'est pas aussi rigide. « Évidemment Lynn, mais ce pourrait être différent. Nous pourrions vivre dans une société meilleure où nous aurions des droits, où nos compétences seraient aussi mises en avant et où nos avis compteraient. » Et à chacune de ses affirmations, elle sent un frisson lui parcourir le dos. C'est réellement triste comme point de vue. « Nos choix en tant que femmes sont limités parce que New Eden en a décidé ainsi, la Bible ne cautionne pas cela, ils en font une interprétation bien à eux. Tu ne seras pas une meilleure chrétienne parce que tu te seras complètement soumise à ton mari. » C'est ridicule.

Lynn remet sur le tapis son mariage avec Jacob. « Oui j'étais heureuse, parce que je l'aimais et qu'il ne m'a jamais forcé à quoique ce soit, jamais. Mais quand des femmes en souffrent physiquement et moralement, quand elles doivent subir les assauts ou les coups de leur mari et que tout ça est couvert par la justice, c'est un problème. » Tasya secoue la tête, une nouvelle fois. « Si j'en suis là aujourd'hui, c'est uniquement à cause de New Eden et de ses règles absurdes » S'ils avaient eu un vrai système de justice, jamais elle n'aurait proposé de laisser mourir l'Eveque. Si New Eden n'avait pas condamné l'homosexualité, Ray n'aurait jamais subi de thérapie et cet Eveque n'aurait jamais tenté quoique ce soit sur lui. Et là, elles ne se comprendront jamais. « Le mari qu'elles méritent » répète-t-elle. Rien que dans cette phrase, rien ne va.

Message In A Bottle

Just a castaway, an island lost at sea,
another lonely day with no one here but me
More loneliness than any man could bear
Rescue me before I fall into despair

J’ai un soupir silencieux, écoutant Tasya avant de souffler, d’un ton assuré. « L’essence même d’un soldat est d’obéir aux ordres. Sinon, c’est le désordre et le chaos. » Alors oui, ils ont tiré, mais ce n’était qu’en réponse aux rebelles. Et pour suivre les ordres. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose qu’elle ne comprend pas dans cette histoire et ça commence à m’agacer un peu.

Du reste, quand la mexicaine m’affirme qu’elle ne veut détruire la vie de personne, je me contente d’un bref haussement d’épaules. « L’enfer est pavé de bonnes intentions parait-il. Et certaines actions sont bien plus destructrices qu’il n’y parait. Tout ce que tu dis, tout ce que tu fais a un impact sur les autres. Alors oui, peut-être que tu ne cherche pas à faire du mal. Mais le résultat est là. » Ce sont leurs choix, leurs décisions qui ont entrainé tout ça et gâché bien des vies, la leur comprise.

Et la voilà qui part dans ses désirs utopiques qui n’ont clairement pas leur place ici. A souhaiter que les déviants ne soient pas remis dans le droit chemin et je ne sais plus quelle autre stupidité. Je me retiens de lui répondre vertement, laissant filer un silence alors qu’une fois de plus, elle me dit qu’elle me trompe. « Donc, dans le monde d’avant, tous les mariages étaient d’amour ? Personne ne se mariait par commodité, pour avoir une meilleure situation ou parce que c’était le désir de sa famille ? Je veux dire, sans qu’il n’y ait de monstrueux dirigeants qui obligent à le faire, évidemment. » Parce que c’est aussi et avant tout pour ça que mes amies et moi nous sommes mariées. C’est un simple constat, rien de dramatique là-dedans après tout. Ca n’aurait pas été Ray, ça aurait été quelqu’un d’autre.

J’ai tout de même un sourire sans joie quand elle me dit que la Bible ne cautionnerait pas tout ça. Et je souffle, d’une voix tranquille. « Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler ; mais qu'elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi. » Avant de continuer, mon regard ancré dans le sien. « Or, de même que l'Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leurs maris en toutes choses. » Puis, avec un haussement d’épaules, alors que je me remémore les versets de la Bible que j’ai pu étudier. « Il dit à la femme : J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. » La tête penchée sur le côté, je laisse filer un silence, observant la brune. « Je peux continuer longtemps comme ça si tu veux. Tu peux aussi relire la Bible avant de parler, ce serait pertinent. » Evidemment que si je serais une meilleure chrétienne en étant soumise aux hommes qui m’entourent. C’est ainsi que le monde est fait. Et puis, Dieu n’aurait jamais laissé l’Adonai prendre autant de pouvoir, nous guide tous, s’il n’approuvait pas sa façon de faire.

« C’est ton point de vue Tasya. Il n’est pas partagé par tout le monde. La justice a été rendue. Vous êtes coupable de meurtre. Voilà tout. Tu trouves absurde de condamner des gens qui ont tué quelqu’un ? Que ce soit accidentel ou non ? » Soufflé d’un ton curieux avant de hocher la tête au reste. « Oui. Le mari qu’elle méritent. Et j’espère que moi aussi. » Même si cette petite voix que je m’efforce d’ignorer me souffle que je serais bien plus heureuse seule, sans avoir à vivre au quotidien avec un homme. Sauf que ça, personne ne le saura jamais.

Be Brave - Be Kind - Be You

« Bien sûre, mais qui a donné les ordres ? » demande alors Tasya. Lynn ne se rend-elle pas compte que c'est son bienfaiteur lui-même qui a ordonné de tirer sur les résistants ? Malgré la présence de civils dans la foule ? C'est une conversation qui tourne en rond. La jeune femme en face d'elle refuse d'ouvrir les yeux, trop obnubilée par une foi et une croyance à toutes épreuves envers ce groupe complètement corrompu.

« Évidemment, non. » Au Mexique aussi cela arrivait, les mariages pouvaient être arrangés. « Mais est-ce une raison pour reproduire les erreurs du passé ? Ici, nous avons de quoi bâtir un monde meilleur. Nous avons réussi à reconstruire une société qui tient la route, pourquoi s'entêter à rabaisser ainsi la femme ? A instaurer la terreur ? » Parce que les décapitations, les pendaisons ne servaient qu'à ça : faire régner la crainte parmi les habitants de Walla Walla.

Et la suite ? Elle trouve cela vraiment déséspérant pour Lynn. Tasya les connait ces passages de la Bible. Elle en avait parlé avec d'autres femmes ici, avec Jacob aussi. « Tu cites Saint Paul » souffle-t-elle à Lynn. « Tu oublies qu'il a aussi écrit : Il n’y a plus ni Juif ni non-Juif, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ. et aussi : Car le corps de la femme ne lui appartient plus, il est à son mari, De même, le corps du mari ne lui appartient plus, il est à sa femme » Un sourire soulève ses lèvres. « Tu cites un texte qui a des milliers d'années, qui datent d'un autre temps et où ses citations sont tirées dans des situations particulières qui sont mal identifiées » A aucun moment par exemple, Saint Paul n'a précisé de quelles femmes il parlait. Et de quel loi parle-t-il ? Aucune loi de l'ancien temps n'interdisait la parole des femmes, au contraire, Jésus était connu pour être entouré de femmes et d'hommes. « Chacun peut en faire une adaptation qui lui en est propre » Mais elle sait que ses paroles seront vaines.

Mais bon sang, de quelle justice parle-t-elle ? Celle du sang ? « La justice ? Il n'y a eu aucune justice Lynn ! Nous avons été torturés, affamés, ils ont arraché l’œil de Phoebe puis nous avons été jetés au bidonville. Là voilà la justice de New Eden. » Pas de procès, pas d'enquête menée par de vrais miliciens pour savoir ce qu'il s'était réellement passé. Ils étaient les coupables idéaux, tout s'arrêtait là et l'Eveque continuait à être traité en pauvre victime innocente. C'était ridicule.

« C'est une conversation de sourdes » souffle finalement Tasya. « Si tu préfères t'entêter à croire que Dieu cautionne un monde aussi pourri, que l'Adonai est ton bienfaiteur tout puissant, libre à toi. » Elle hausse les épaules. « Mais je ne changerais pas d'avis. Rien de tout ce qui se passe ici est normal. » La mexicaine secoue doucement la tête. « Je te souhaite d'être heureuse Lynn » murmure finalement Tasya, parce qu'elle ne souhaiterait le mal à personne. « J'espère réellement que tu rencontreras un homme qui t'aimera et que tu connaitras enfin le vrai bonheur » Et là, peut-être, se rendra-t-elle compte que ce qu'elle vivait avec Ray n'avait rien de normal. « Et j'espère que tu finiras par ouvrir les yeux » Ou la chute sera brutale.

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J’ai un froncement de sourcils à sa question. « Je sais qui a lancé les ordres. Tout comme je sais qui a jeté un cocktail molotov dans notre direction, sans se soucier de savoir si on serait touchées ou non. Alors évite le couplet des gentils rebelles et des méchants soldats, vu ce qui s’est passé, ce n’est pas crédible. » Je claque la langue contre mon palais, alors qu’elle enchaine, ressassant encore et encore sur la place des femmes, la terreur et j’en passe. Pourtant, jusqu’à présent, jusqu’à ce qu’elles décident de vouloir toujours plus, tout allait pour le mieux.

Evidemment, elle cherche aussi à citer la Bible. Et, à ses paroles, j’ai un sourire sans joie. « Pourquoi tu ne cites pas tout le passage ? Celui qui dit … voici ce que j’ordonne, ou plutôt ce que le Seigneur lui-même leur commande : Que la femme ne se sépare pas de son mari. Au cas où elle en serait séparée, qu’elle reste sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son mari. » Je me retiens tout juste de rouler des yeux au reste de ses commentaires. « C’est facile d’interpréter comme on le veut quand on ne cite qu’une partie du texte. » Peu importe au fond, vu que Tasya semble encore et toujours revenir à la même chose.

« Voilà ce qui se passe quand on défie l’autorité. Quand on bafoue les lois. Quand on tue quelqu’un. » J’ai l’impression, à l’entendre, qu’elle ne se sent pas coupable d’avoir tué un homme et j’avoue que ça me fait froid dans le dos. Et j’ai un profond soupir avant de finir par hocher brièvement la tête. « Au moins un point où nous sommes d’accord. Tu me reproches de ne pas écouter, mais tu ne fais pas mieux. Et tu ne cherches même pas à comprendre pourquoi je peux penser comme ça. Ou ce que je peux moi éprouver quand tu piétines tout ce qui fait ma vie. » Mais ça, visiblement, elle n’est pas prête de l’entendre. Parce qu’elle préfère se positionner en victime au lieu de se rappeler qu’à cause des ses propres choix, elle ne verra plus ses enfants. « Ma vie n’est pas conditionnée à l’amour que pourrait me porter un homme. » Heureusement pour moi. « J’ai ma famille, elle compte bien plus que tout le reste. » Et je serais prête à tout pour elle. « Tu devrais retourner à ton ménage. » Et je finis par fermer les yeux, essayant de calmer les battements de mon cœur qui s’est un peu affolé. Sans vraiment attendre qu’elle sorte, je commence à chantonner doucement pour le bébé, lui aussi bien plus important que tout ce qu’elle pourrait bien me raconter.

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« Lynn, je te l'ai déjà dit, tout n'est pas blanc ou noir... Il n'y a pas des méchants d'un côté et des gentils de l'autre, tout comme il y a des mauvais soldats, il y a surement des mauvais résistants aussi » Celui qui a lancé le cocktail molotov en est une preuve évidente. Tasya ne cautionne pas ce genre de violences, pas quand elle peut faire des victimes innocentes. « Beaucoup, la majorité même, demande à ce que les choses évoluent de manière pacifique. » Et pas à coup de fusils ou de bombes. Pas que.

Quand la jeune femme en face d'elle réplique à coup de passages dans la Bible, Tasya doit s'avouer vaincue. Non, elle ne connait pas par cœur toute l’œuvre sacrée, mais elle reste persuadée qu'un ouvrage écrit il y a de ça des milliers d'années, ne peut pas être suivi à la lettre. C'est seulement un prétexte pour des fanatiques de répandre la mauvaise parole en citant seulement les passages qui peuvent être interprétés négativement. Lorsque Lynn affirme que le traitement que Phoebe et elle ont subit est ce que l'on mérite quand on a bafoué les lois, tué quelqu'un ou défié l'autorité, Tasya en perd ses mots et pince ses lèvres. Non, personne ne mérite d'être énucléé, violé ou torturé, pas même les assassins. Elle hésite avant de renoncer à continuer. A quoi bon ?

Elle se sent lassée. « Détrompe-toi Lynn. Je t'écoute mais c'est vrai que je ne te comprends pas. » Elle soupire. « Je ne piétine rien. Je ne voudrais pas changer tout ce qu'il y a ici. Nous avons beaucoup comparé à ceux qui sont dehors » Elle parle de la sécurité, des hôpitaux, de la nourriture et de l'organisation de la vie en général. « Mais tout serait encore plus beau si nous les femmes, nous serions respectées, si nos compétences seraient aussi reconnus et si nous avions autant de libertés que les hommes. » Ce n'est pas si compliqué que cela à comprendre, non ? Tasya secoue doucement la tête quand Lynn affirme que sa vie n'est pas conditionnée à l'amour que pourrait lui porter un homme. « Non, ta vie sera conditionnée aux désirs de ton futur mari » soupire-t-elle. Un jour peut-être que Lynn finira par ouvrir les yeux et qu'elle se rendra compte que non, ce n'est pas normal.

« J'y retourne » souffle-t-elle à propos du mariage. « Prends soin de toi » conseille-t-elle avant de quitter la petite chambre. Parce que même si elles sont différentes, même si elles ne voient pas les choses de la même manière, Tasya ne lui souhaite aucun mal, bien au contraire, elle espère même que Lynn trouvera quelqu'un de bon et de gentil pour prendre soin d'elle et de son futur bébé.

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