The Walking Dead RPG

Maelys hocha la tête, se rendant à la salle de bain, enlevant son collant sans vraiment se soucier que Tasya la voit. Ça ne la gênait absolument pas et, même si ça avait changé depuis que Jena l’avait amenée à Walla Walla, elle n’était pas aussi pudique qu’elle devrait l’être. Interpellant Tasya, elle lui montra sa jambe, un peu écorchée sous le genou, ce dernier étant rouge. « C’est… Ça va, non ? Mais mon collant a un peu de sang. » Si elle lui demandait si elle avait mal, l’adolescente affirmerait avec un air bravache que non. Haussant les épaules, elle bougea ses deux bras, puis ses deux jambes, pour répondre à sa question, retenant difficilement une grimace alors qu’elle bougeait son genou droit, celui de la jambe égratignée. Il gonflait un peu, même si elle ne le remarquait pas. « Ça va ! » Ou presque. Ça irait.

Et puis, c’était bien vite oublié, alors qu’elle tutoyait instinctivement Tasya, avant de se rendre compte du fait qu’elle n’en avait pas le droit. Même si elle s’exhortait à lui dire le contraire. « Tu es vraiment gentille. » Comme son père savait l’être, même si c’était encore différent. Comme sa mère l’était, avant. Avant Walla Walla, avant les morts-vivants, avant qu’elles perdent Ewen… Elle releva les yeux, quittant son genou du regard pour les poser sur Tasya. « Dis… C’est comment, le bidonville ? » Elle n’avait sûrement pas envie d’en parler, et c’était maladroit de la part de Maelys de demander, mais elle avait une curiosité un peu déplacée sur le sujet – comme elle aurait voulu savoir en détail ce qu’il s’était passé, à la manifestation pour l’Adonaï. Pour alimenter sa haine de cet endroit où elle était enfermée.

Hochant lentement la tête, elle lui tendit les collants, montrant les petites taches qu’il y avait dessus. « Ca devrait partir, alors ? Et pourquoi il ne faut pas de l’eau chaude ? » Elle aurait instinctivement fait ça, si elle devait être honnête. Les posant sur le lavabo, pour qu’elle s’en occupe quand elle le voudrait, qu’elle lui montre aussi peut-être, elle redescendit avec elle. « Si, j’en suis mais… Enfin, je suis pas très patiente. » Et elle oubliait bien souvent ses plats. Ou alors elle ne les remuait pas assez. Quant aux gâteaux… Elle les mettait à la va-vite dans des moules, et ils ressemblaient à la version défigurée de ce que faisait April. « C’est mieux que la couture… » Elle n’était vraiment pas très douée pour ça.

Elle s’arrêta malgré tout dans l’embrasure de la porte de la cuisine, sans entrer. Se tortillant, elle sautilla d’un pied à l’autre. En temps normal, elle aurait dit qu’elle avait besoin d’aller aux toilettes sans aucune honte, mais elle voulait être moins… crue, en présence de Tasya. « Je vais… Je reviens ! Et on commence ! » Elle se sentait un peu bizarre. Le silence retomba soudain dans la maisonnée, Maelys gênée à l’idée qu’elle entende tout, essayant de camoufler les sons, même si elle n’était pas juste à côté. Jusqu’à ce qu’elle appelle Tasya, légèrement paniquée. « Tasya… Il, je, euh… Y’a du sang… » Pourquoi elle avait du sang ? Elle ne pensait pas un instant à ce que ça pouvait être, alors qu’elle avait déjà entendu parler des règles, mais elle paniquait juste.

Tasya examine le genou de Maelys. « Oui ça a l'air d'aller.. Passe un peu d'eau dessus et si la douleur ne diminue pas dans les jours à venir, parles-en à Jena...  » lui conseille-t-elle. Il ne faudrait pas passer à côté d'une blessure plus sérieuse, mais à première vue, il s'agit simplement d'un petit coup et d'une écorchure.

« Merci » souffle-t-elle en lui adressant un sourire lorsque Maelys lui affirme qu'elle est vraiment gentille. La brune ne saurait pas être autrement de toute manière, c'est dans sa nature et ça lui joue souvent des mauvais tours. Son empathie et sa considération pour les autres passent malheureusement avant beaucoup de choses, y compris son raisonnement et son bon sens.

A sa question suivante, Tasya perd légèrement son sourire. Comment est le bidonville ? Que peut-elle réellement dire à la jeune fille qui soit "toléré" ? « Et bien... » La mexicaine hésite « C'est une sorte de prison à ciel ouvert. Il n'y a pas tout ce qu'il y a ici... » Ses mains montrent le confort, les fenêtres, la nourriture. « Il n'y a rien, juste de la... saleté et de la misère » Elle redresse son visage vers Maelys. « Tu sais que les disgraciés ne sont plus vraiment considérés comme des êtres humains ? Tu pourrais me frapper, personne ne te dirait rien. Nous n'avons plus aucun droit. » Si elle lui dit ça, c'est parce qu'elle sait que la jeune fille ne le fera pas et, qu'elle connaisse le sort des disgraciés est important. L'adolescente fait partie de la jeune génération, celle qui fera le monde de demain et il ne faut pas qu'elle grandisse en considérant tout ce qu'il se passe comme normal.

Tasya lui adresse un petit sourire lorsque Maelys dit qu'elle doit revenir. Le silence retombe dans la petite maison et la mexicaine s'affaire à préparer les différents ingrédients pour le gâteau. C'est après de longues minutes qu'elle entend enfin la voix de la jeune fille. Elle suspend aussitôt son geste et lève une oreille. « Oh... » souffle-t-elle. Sans tarder, elle prend la direction des toilettes et s'arrête derrière la porte pour respecter la pudeur de Maelys. « Est-ce que... Est-ce que Jena t'a déjà parlé des règles ? » demande-t-elle d'une voix toujours aussi douce. A son âge, que ça arrive n'est pas vraiment une surprise. Normalement, même si sa mère ne l'avait pas fait, elle en avait forcément entendu parler pendant les cours à l'école.

La brune n'est pas vraiment la mieux placée pour ce genre de choses, après tout, elle n'est que l'esclave de la maison, non ? Pour autant, personne d'autre n'est présent ici et Jena rentrera surement tard, tout comme Lynn et la mexicaine doute que River apprécie de s'occuper de ce genre de choses et d'expliquer à l'adolescente ce qu'il lui arrive. Oui, mieux vaut éviter un tel traumatisme pour le beau-père et sa belle-fille, pas vrai ? « Attends, je reviens, ne t'inquiète surtout pas ! » Tasya se rend dans la salle de bain et se permet de fouiller rapidement les placards. Avec la présence de deux femmes au sein de leur foyer, les Atlkins ont forcément de quoi soulager Maelys. Elle trouve rapidement ce qu'elle veut dans un des tiroirs : des sortes de petits langes. Elle en prend un et revient vers la porte des toilettes avec une culotte propre trouvée sur une pile de linge à ranger. « Je te pose devant la porte une serviette. Tu peux la glisser dans ta culotte... » Elle se recule légèrement. « Prends ton temps, je t'attends dans la cuisine » Elle ne perd pas une minute pour lancer une infusion avec quelques herbes de sa connaissance pouvant soulager les éventuels petits maux de la jeune femme.

Hochant la tête, elle sauta d’un bas du rebord de la baignoire sur laquelle elle s’était assise, comme pour montrer que tout allait bien. Un geste idiot, comme le prouvait la grimace qui déformait son visage : « c’est rien ! Juste le coup ! Je le dirai à ma mère, si j’ai mal. » Peut-être. Si elle trouvait un mensonge plausible. Qu’elle ait oublié de ranger un jouet d’Ewen, ait trébuché dessus et se soit cognée, peut-être. Ça serait moins grave que d’avouer qu’elle avait fait du skate dans l’escalier. Si elle ne savait pas bien pourquoi elle lui avait dit qu’elle était vraiment gentille, par instinct, le sourire que Tasya lui adressa en retour lui donna l’impression qu’elle avait bien fait. On ne l’encourageait que trop à taire ce qu’elle pensait dernièrement alors même si ça n’était pas grand-chose, elle était contente de l’avoir dit.

Encore plus alors qu’elle lui répondait au sujet du bidonville, sans chercher à la prendre pour une idiote ou à minimiser les choses. Si Maelys était horrifiée des pendaisons et des punitions en cours à Walla Walla… Elle préférait savoir ce qu’il se passait, et pouvoir s’en prémunir - et s’en insurger. « C’est… c’est horrible ! Et injuste ! » Et révoltant. Rien n’allait, ici. Mais devait-elle vraiment être surprise ? Les miliciens et les trônes tiraient sur les gens qui croyaient réellement en eux et en ce qu’ils faisaient, alors… « C’est… c’est n’importe quoi. Est-ce que je peux vous aider ? » Elle peinait à voir comment mais Tasya aurait peut-être des idées, non ? Même si ça lui serait difficile. Passant dans le couloir, elle jeta un rapide coup d’œil à la chambre de Lynn, essayant d’entendre si elle dormait encore ou pas, sans rien percevoir en venant.

Elle voulait évoquer quelque chose mais ne voulait pas risquer qu’on l’entende. Elle ne voulait pas non plus trahir ses secrets mais… Elle devait pouvoir lui faire confiance, non ? Elle s’absenta malgré tout pour réfléchir à la meilleure façon de le dire, interrompue malgré elle par quelque chose qu’elle n’attendait pas. Pas maintenant, pas comme ça. Les règles ? C’était… Oh ! Oui, c’était forcément ça. Elle, elle aurait dû savoir, non ? « Je… Oui, un peu. » Pas assez, peut-être. Ou peut-être que rien n’aurait pu la préparer à ça. « D’accord. Je, ok… » Elle attendit de l’entendre partir, revenir puis repartir, et ouvrit légèrement la porte, les joues rouges, pour saisir ce qu’elle lui avait déposé, se sentant bien idiote. Et gênée…

Toujours aussi rouge, elle revint dans la cuisine après avoir monté sa culotte sale dans la salle de bain. « Je… J’ai mis de l’eau froide. » C’était pareil que ses collants, non ? Elle parlait d’une toute petite voix, pas sûre de savoir si elle avait le droit d’en parler. « C’est bizarre. » Sale. Effrayant, aussi. Elle n’était même pas sûre d’avoir mis la serviette comment il fallait, mais ça avait l’air ok. Même si c’était gênant.

Grimaçant, elle se rapprocha de Tasya, changeant brusquement de conversation pour reprendre celle commencée là-haut. « Je… Je connais Kendale. C’est quelqu’un de bien. Je peux peut-être lui demander de l’aide ? Pour le bidonville… » Elle ne savait pas s’il le risquerait mais ça ne coûtait rien d’essayer, si ? Au moins, même si ça n’était pas possible, elle savait qu’elle avait peut-être des alliés. Maelys essayait de voir si du bruit venait d’en haut ou de la porte – même s’ils ne devaient pas rentrer de suite – au cas où.

« Ooh, doucement » souffle-t-elle en voyant Maelys se redresser et sauter du rebord de la baignoire. La grimace sur son visage confirme que le coup reste douloureux. « Je suis sérieuse Maelys, si ça ne passe pas, tu en parles à Jena, ok ? » Elle n'est pas sa mère, elle ne lui donnera pas d'ordre, mais elle préfère juste s'assurer que l'adolescente n'hésitera pas à demander conseils si la douleur ne passe pas. Mieux vaut ne pas passer à côté d'un mauvais coup.

Maelys se révolte face au sort des disgraciés et face à la réalité du bidonville. Tasya hoche doucement la tête. Que peut faire l'adolescente pour les aider ? « Continue à trouver cela horrible et injuste, ne te laisse pas embobiner par toutes leurs belles paroles, ce sera déjà bien » souffle Tasya avec un petit sourire, la compassion de la jeune fille la touche. Malheureusement, de sa position, Maelys ne peut pas faire grand chose. Aux yeux de Tasya, elle représente par contre, la jeune génération et c'est important qu'elle ne grandisse pas en ayant l'idée que tout cela est "normal". Non, il n'y a aucune normalité dans le fonctionnement de New Eden. Il n'y a aucune normalité dans le sort qu'ils réservent aux femmes, aux prisonniers... « Et sois prudente aussi » lui conseille-t-elle. « Les lois ici sont dures et cruelles, mieux vaut les respecter » Elle est bien l'exemple de ce qui pourrait arriver si Maelys les enfreint. Elle ne lui souhaite pas cela.

Quelques minutes plus tard, elles évoquent ensemble les règles. « C'est bizarre oui, mais on finit par s'y habituer » répond doucement Tasya. Malheureusement pour Maelys, c'est le début de longues années ponctuées par des cycles menstruels. « Qu'est-ce que tu sais là dessus ? » lui demande-t-elle. La mexicaine peut, peut-être, compléter certaines de ses informations si l'adolescente en a besoin ? Après tout, son rôle d'infirmière va aussi dans ce sens-là même si maintenant elle ne peut plus exercer. Elle l'a déjà fait par le passé. « Tu as bien fait pour l'eau froide » Un petit sourire soulève ses lèvres. Maelys a bien retenu ce qu'elle a lui a dit.

Quand Maelys évoque Kendale, Tasya se raidit quelques secondes. Elle connait un peu Kendale, c'est un ami de Jacob et le mari d'Emerson. Elle se doute que s'il aurait pu faire quelque chose, il l'aurait déjà fait. « Tu sais, personne ne peut rien pour nous sans risquer de se mettre en danger lui aussi. Kendale a une femme, des enfants... Je ne veux pas qu'il risque gros lui aussi mais c'est gentil pour ta proposition. » Un bref sourire soulève ses lèvres. « J'ai déjà de la chance de pouvoir travailler ici, je gagne des tickets de rationnement et ça me permet de manger. » Elle lance une œillade complice à Maelys « Et en plus j'ai de la bonne compagnie » lance-t-elle en rassemblant les ingrédients pour le gâteau. Ce moment lui fait du bien, comme tous ceux qui peuvent la sortir du bidonville et la replonger dans un semblant de normalité.

Et puis, après quelques secondes de réflexion, Tasya revient finalement sur ses paroles. « En fait, si, il y a bien quelque chose que tu peux faire » murmure-t-elle en relevant un regard plus hésitant vers la jeune femme. « Mon mari, Jacob, il doit s'occuper seul de nos enfants avec Elliot, une amie. Si tu veux vraiment m'aider, tu peux, peut-être lui proposer de faire un peu de baby-sitting ? ça le soulagera surement et puis.. Tu peux dire à mes enfants que leur mère les aime et qu'ils me manquent.. » Chaque jour, à chaque instant. Son regard se fait plus triste mais elle tente tout de même de sourire, même si le cœur n'y est plus vraiment. Si Maelys veut se rendre utile sans enfreindre aucune loi, c'est déjà une bonne chose.

« Ça va ! Ça va. » Même si elle avait mal. Elle grimaça, alors que Tasya lui demandait de le dire à sa mère si nécessaire. « C’est que… On s’entend pas très bien. Et elle va être en colère si je lui dis que j’ai fait n’importe quoi ici. » Elle aurait pu lui mentir, prétendre qu’elle allait forcément lui dire mais elle n’avait pas grand monde à qui se confier. Et il était peu probable que Tasya dise quoi que ce soit à Jena… Si ? « Enfin, c’est rien ! Si j’ai mal, je le ferai. » Elle avait croisé les doigts dans son dos dans une réaction enfantine, comme si ça annulait sa promesse.

« Je trouvais déjà ça horrible quand ils ont pendu les gens… Quand ils ont tiré dans la foule qui venait voir l’Adonaï, aussi. » Même si elle avait entendu qu’ils avaient été agressifs eux aussi. Elle ne savait plus quoi en penser, si elle devait être tout à fait honnête. « Je suis pas… je suis pas comme les gens ici. Pas comme ceux qui ont du pouvoir. Je le serai jamais ! » Même si… Même si son beau-père était important, lui aussi, en tant que trône, mais il l’avait toujours bien traitée. Même si elle était contrariée qu’il l’ait punie pour être allée marcher avec les femmes. « Je… Je sais que je devrais pas, mais j’ai envie de faire plus. Mais j’ai peur. Pour ma mère, pour April. » Pour Lynn aussi, mais elle ne l’admettrait pas. « Mais je suis toujours prudente. » Ou presque. Quand c’est important.

C’était… étrange d’avoir des conversations d’adulte avec Tasya. Et encore plus alors que ses règles s’en mêlaient. « Que c’est normal, que c’est qu’on devient une femme. Qu’on peut avoir des enfants. » C’était à peu près tout. Ils ne leur disaient pas grand-chose, ici, à ce sujet. Nulle part, en fait. « Je… Il faut pas que je le dise à qui que ce soit, si ? » Est-ce que ça voulait dire qu’elle allait devoir fréquenter des garçons réellement, maintenant ? Elle savait qu’elle ne pourrait pas attendre éternellement mais elle espérait avoir un peu de temps devant elle.

Et si ce n’était pas un sujet facile à évoquer pour elle, elle se sentait encore plus mal à l’aise et démunie face à la détresse des gens qui vivaient au bidonville. « Je vais souvent chez lui, pour s’occuper de ses enfants. Je, oui, il a beaucoup à perdre… » Lui apprendre à se défendre et lui donner des indications sur les patrouilles de miliciens était différent de s’investir auprès du bidonville. « Je dirai à River que tout s’est bien passé ! Si ça peut t’aider à revenir… » Elle ne put s’empêcher de lui sourire, alors qu’elle parlait de la compagnie de Maelys. « Moi aussi ça me fait plaisir. » Parce qu’à part Mia, avec qui elle parlait à bâtons rompues, et April, elle n’avait pas de longues conversations avec beaucoup de gens. « Tu pourras manger une part de gâteau si tu veux, je dirai que c’est moi qui en ai mangé beaucoup ! » Elle en avait bien plus besoin qu’elle, en réalité. « On le fait à quoi ? April aime beaucoup la vanille et la noisette. » Même si Maelys n’avait aucune idée de ce qu’il y avait dans les placards.

Occupée à saisir les récipients dans les placards les plus bas, elle se retourna subitement vers Tasya alors qu’elle lui demandait un service, posant les saladiers sur le plan de travail avant de lui saisir les mains. « Promis, j’irai le voir ! Je fais du babysitting pour les enfants de Kendale, déjà. Je… Comment ils s’appellent déjà ? » Elle ne put retenir une grimace : elle était censée le savoir, non ? « Je peux même passer une lettre, si tu veux. Et… essayer de t’en donner, ou une photo. » Est-ce qu’elle pourrait le faire ? Elle essaierait, en tout cas. Personne ne fouillerait son sac d’écolière pour vérifier ce qui s’y trouvait. Et, au pire, elle pouvait le cacher à l’intérieur de son nounours en attendant, si elle voulait être sûre que personne ne tombe dessus. Réfléchissant en parlant, elle ouvrit subitement la bouche, ressemblant à un poisson. « Je, je pourrai proposer à Jacob de les garder ici, aussi ? Il me laisserait faire ? » Elle ne le connaissait pas bien, comme beaucoup d’adultes.

« Oh... » Tasya esquisse une petite grimace quand Maelys affirme qu'elle ne s'entend pas très bien avec sa mère. Elle peut comprendre que les relations ne soient pas simples, surtout en pleine adolescence, et ici, dans cet endroit. Elle en est désolée pour les deux femmes. « Tu sais, tu peux juste lui dire que tu es tombée, sans préciser ce que tu faisais » propose-t-elle. La mexicaine est certaine que Jena sera inquiète et ne s'attardera pas trop sur les circonstances de ce petit accident. « Très bien ! » glisse-t-elle, soulagée que Maelys lui promette de lui en parler si ça ne va pas, loin de se douter que l'adolescente est en train de croiser les doigts dans son dos !

La brune hoche la tête en silence quand Maelys lui confie qu'elle trouvait déjà horrible les pendaisons, les tirs dans la foule. Elle ne peut pas la contredire et elle est désolée que l'adolescente ait vu tout cela. Et ce n'est pas le pire, le bidonville est la parfaite preuve que cette société ne tourne pas rond. Tasya comprend le besoin de la jeune fille de faire plus, mais qu'elle soit réfrénée par la peur. « J'ai voulu aider, moi aussi » murmure-t-elle. « Tu vois où j'ai fini... » Elle a un sourire triste. Le pire est la séparation avec ses enfants, la chaire de sa chaire. « Alors, sois vraiment prudente, s'il te plait » C'est une demande sérieuse. Elle l'aime bien, Maelys et elle ne veut pas que l'adolescente finisse mal, comme elle.

L'histoire des règles vient complexifier la situation de Maelys. Certes, elle n'a pas encore l'âge de se marier, mais Tasya craint que New Eden ne frappe encore plus fort. Et s'ils obligeaient toutes les jeune filles ayant leurs règles à trouver un époux ? Après tout, elles sont fertiles et New Eden se sera déjà montré particulièrement impitoyable et sans limite dans la cruauté et l'abus des femmes. « C'est cela, oui » souffle-t-elle. « Ton corps se prépare, cela ne veut pas dire que tu es prête » Psychologiquement évidemment et même physiquement, elle n'a pas encore son corps d'adulte. « Ne le dis qu'à Jena et Lynn » conseille-t-elle. Il vaut mieux que le moins de personne possible soit au courant. « Elles sauront te conseiller, j'en suis certaine ! » Et elles sauront plus à même de savoir comment réagir.

« Merci. Oui, je pense que ça pourra m'aider à revenir... » murmure-t-elle à propos de River. « C'est toujours bien d'avoir de bonnes recommandations » Elle lui lance un clin d’œil malicieux. Tasya ne sait pas si Maelys est au courant des griefs qu'il a contre elle et contre son peuple en général. Ce n'est pas elle qui le lui dira car ça ne regarde que la mexicaine et le rancher. Elle n'est pas du genre à cracher dans le dos des gens. Dans tous les cas, si Maelys dit du bien d'elle à son beau-père, ça ne peut que jouer en sa faveur. Un nouveau sourire soulève ses lèvres. Elle apprécie sincèrement la jeune fille. « Oh, merci ! Ce n'est vraiment pas le genre de choses que l'on mange au bidonville » continue-t-elle à propos de la part de gâteau. Tasya ne dira pas non. Cela fait bien longtemps qu'elle n'a pas mangé de sucreries. « A la vanille et à la noisette alors ! » Déjà, elle se retourne pour fouiller les placards. Si au début, ouvrir les meubles des propriétaires des maisons qu'elle vient nettoyer, la dérangeait, ce n'est plus le cas. Elle ne fait rien de mal, elle se content d'obéir aux ordres et de tout remettre à leur place après avoir rangé ou cuisiné.

Maelys vient lui saisir les mains. « Elio et Eva ! » lui souffle-t-elle d'une voix douce comme à chaque fois qu'elle évoque ses enfants. Un instant, ses yeux se remplissent de larmes quand la jeune fille propose de lui faire passer une lettre ou une photo. Elle est réellement touchée par cette petite attention. « Ce serait super » Malheureusement quand Maelys propose de les garder ici, elle perd un instant son sourire. « Je ne suis pas certaine que River accepterait » Surtout si c'est pour que Tasya les revoit. « Mais si tu peux déjà aller lui donner un coup de main et le soulager un peu, ce serait super » Elle est certaine que Maelys serait d'un bon soutien avec les enfants.

Maelys essaya de faire comme si de rien n’était : elle ne voulait pas susciter la pitié de Tasya, au contraire. Elle voulait juste trouver une raison suffisante pour que Tasya n’insiste pas trop. « Je sais pas si elle voudra pas en savoir plus… Mais tu as raison ! J’essaierai, si j’ai besoin ! » Mais de toute façon, ça ne serait pas le cas. « Mais je suis forte, je vais déjà beaucoup mieux ! »Elle sautillait à cloche-pied sur sa jambe, pas bien vaillamment toutefois, s’obligeant à ne pas grimacer alors qu’elle avait quand même un peu mal. « Tu vois ! » Elle espérait être convaincante, du moins.

Mais ce n’était vraiment pas important, au final, en comparaison avec ce que Tasya avait dû endurer. Ce qui lui était arrivé, et ce qu’elle vivait. « Est-ce… Tu veux en parler, me dire ce qu’il s’est passé ? Je n’en parlerai à personne, c’est promis. » Elle avait posé les mains sur la table, et grimaça légèrement. « Je… je croisais les doigts, quand j’ai promis de parler à ma mère, mais je te jure que là je mens pas. » Elle serait silencieuse comme une truite… c’était comme ça qu’on disait ? « Je ferai encore plus attention… » Se penchant, difficilement, par-dessus le comptoir de la cuisine, elle chuchota à l’attention de Tasya. « Tu faisais partie de la rébellion, toi ? » C’était risqué d’évoquer aussi, mais qui répéterait ? Lynn dormait et Onyx ne savait pas parler.

Elle était étonnée de la facilité avec laquelle elle se confiait à Tasya, malgré tout. Surtout alors qu’elle était facilement bouleversée et que de découvrir qu’elle avait ses règles n’aidait pas du tout. « Je… Elles acceptent tout ça, les règles de New Eden, je ne sais pas si je peux… » Leur faire confiance. La réalisation donna l’impression à Maelys que son cœur était transpercé de mille petites aiguilles, chacune plus douloureuse que l’autre. « J’ai peur… » Sa voix était devenue incroyablement faible, très basse, alors qu’elle confessait craindre ce qui pouvait lui arriver. Elle se rassit, serrant ses bras sur son corps, interdite. Elle avait été trop loin, n’est-ce pas ? Elle n’aurait jamais dû dire ça, alors qu’elle vivait à l’abri, protégée par son appartenance à la famille Atkins, quand Tasya lui confiait qu’elle n’avait pas vraiment de quoi manger au bidonville, alors que Maelys lui affirmait qu’elle ferait tout pour qu’elle revienne et qu’elle pouvait manger, que ça serait leur secret. « C’est… Ça devrait pas être comme ça » Mais en même temps… « On mangeait pas non plus de bonnes choses, quand on était au district 5 avec maman. Quand on avait suffisamment… » Maelys soupçonnait sa mère de s’être privée pour elle, mais elle n’en avait aucune preuve.

Les larmes dans les yeux de Tasya achevèrent de raviver la compassion de Maelys, qui la prit maladroitement dans ses bras. « Je ferai tout ce que je peux. Est-ce que je… Je pourrais les amener au bidonville ? » Si, par malheur, Tasya ne revenait. « Je sais pas trop comment on a le droit d’y aller… » En tout cas, elle proposerait son aide à Jacob, c’était sur.