Sujet: Re: Dangerous Woman Mar 10 Jan 2023 - 23:14
Non mais c'est une putain d'blague ? Pourquoi j'ai pas l'temps de filer et de me casser très loin d'ici, et surtout très loin de cette tête de noeud de Valérian ? J'scrute Emilie, le teint pâle rien qu'à l'idée de me retrouver encore enfermée avec cet abruti fini à la pisse, qui a visiblement fini de chouiner auprès de deux petits points qu'il a eu par ma faute. Franchement, j'vais pas le pleurer, et par fierté, je vais certainement pas m'excuser. J'jure que la prochaine fois, je viserais vraiment les couilles et je me louperais pas, ça lui fera les pieds à ce connard.
Mais y'a un lourd silence entre nous, et comme il est absolument hors de question également que j'fasse le premier pas, parce que j'suis clairement la plus butée d'cette pièce, j'laisse Valérian reprendre finalement la parole. Ouais, ça aurait pu durer toute la journée, et même une partie d'la nuit si besoin. Mais sa question laisse un moment d'blanc. J'ai les mâchoires tellement serrées de colère que j'vois même pas comment j'arriverais à les défaire. Elles sont verrouillées par ma hargne sur ce coup-là, avec l'impression qu'il va vraiment pris pour la dinde de Noël à fourrer quand ça lui chante.
Si je pensais quoi ? Que j'reprends, en plantant sur lui un regard assassin. Va falloir être un peu plus expressif, parce qu'y'a une tonne de choses que j'ai pensé, avec la colère comme moteur, j'peux en débiter une tonne sans avoir besoin de reprendre mon souffle. Que j'ai aucune envie d'mettre au monde un enfant, que j't'en veux de pas avoir fait attention ? Ou d'pas avoir pris au moins tes dispositions pour m'éviter ça ? Combien d'fois Valérian a même pas pris le luxe de penser a pas éjaculer là-dedans, parce que c'est plus facile comme ça pour lui, plus sympa ? Et moi, j'suis la grosse conne a avoir mis un mouchoir dessus en m'disant que c'était pas grave.
C'moi qui ais pris mes dispositions, malgré les effets secondaires des plantes. Les sécheresses, les migraines, les sensations désagréables. J'suis vraiment une dinde en fait, voilà pourquoi il a confondu. T'es qu'un putain d'égoïste, c'est tout c'qu'il y a à comprendre, que j'lui lâche, les bras croisés sur ma poitrine, sans m'cacher d'la rage que poser mon regard sur lui m'suscite. J'regretterais chacun d'mes mots en temps et en heure sauf que pour l'instant, c'est pas l'cas. Mais ça tombe bien, j'suis qu'une pute à tes yeux qui écartent trop facilement les cuisses apparemment, alors qu'est-ce que ça peut bien te foutre, ce que j'pense de tout ça ?
J'trouve qu'un coup d'ciseaux dans le bras, c'est le minimum qu'il méritait au final. J'secoue la tête. L'fixer m'fait mal au ventre alors j'détourne rapidement le regard pour éviter d'sentir cette tumeur de haine grossir encore plus : T'as réussi à résumer notre relation à ta capacité à m'baiser, t'es fier de toi ? il aurait pas d'raisons du contraire de toute évidence. J'aurais eu besoin qu'tu me rassures, qu'tu comprennes ma colère, pas qu'tu me prennes pour la dernière des salopes à tringler quand ça t'chante, je hausse les épaules. Mais j'devais sans doute trop t'en demander...
La chambre, dévastée suite au violent accès de colère de Reese, se gorgeait de tension. Celle-ci alourdissait l’air, et faisait vibrer les meubles comme sous l’effet de secousses sismiques, annonciatrices d’un cataclysme. Valérian se refusa longtemps à croiser le regard de Reese. Il évitait soigneusement de se confronter à elle, de crainte que cette tempête n’éclate brutalement. Il peinait en outre à identifier ses sentiments à l’égard de la jeune femme. Ceux-ci se bousculaient sous ses cheveux sombres : douloureux, explosifs et instables. Ils le déchiraient de l’intérieur, se débattaient pour se défaire de leurs étreintes. Ils étaient comme une horde d’animaux sauvages prêts à se ruer sur Reese.
Le grec prit une profonde inspiration. Il rentra profondément en lui ces émotions, et apaisa les battements saccadés de son coeur. Ses yeux se posèrent sur la jeune femme qui se tenait avec une raideur furieuse dans un coin de la chambre. La bouche sèche, il prononça quelques mots qui se fichèrent comme des flèches dans le silence. Ces quelques mots contenaient tout son désarroi, tout le choc qu’il ressentait. Le regard noir de Reese le transperça alors.
Sa langue claqua, et elle le cribla d’une volée de reproches. Il eût l’impression d’être un pantin désarticulé, transpercé par une nuée de balles : celles-ci traversèrent sa peau, et pulvérisèrent les barrières qu’il avait érigées pour se protéger. Si les accusations de Reese le blessèrent dans un premier temps, elles attisèrent ensuite sa colère. Elle grandit, et l’enveloppa comme une armure, déformant les traits de son visage. « Je comprends surtout qu’il est bien plus simple pour toi de rejeter la faute entièrement sur moi. » gronda-t-il d’une voix sourde, semblable à un feulement. Dans ses entrailles, la colère continuait d’enfler tels des relents putrides. Elle prit le dessus sur sa douleur, et absorba le reste. « Ça doit être commode, n’est-ce pas ? D’être irréprochable ! » L’ironie mordait le timbre de sa voix. S’il était profondément blessé par cette altercation, le grec n’en montrait rien, et se réfugiait derrière des remparts de mépris et de mauvaise foi. Il fit ainsi bloc devant la jeune femme, le menton levé.
« Je ne l’ai jamais pensé. » dit-il froidement. « Je ne t’ai jamais prise pour une pute. En revanche, je pense que tu es cinglée : une putain de cinglée qui a bien failli me tuer ! Alors je vais te dire une chose : on va régler ce problème, et ensuite, ce sera terminé. Je ne veux plus avoir affaire à toi. » Cette affirmation était catégorique. Elle s’abattit comme un couperet entre eux, et rompit définitivement les filaments d’affection qui les relaient encore l’un à l’autre.
Avec toute la dignité dont il était capable, et ce malgré l’agonie à laquelle il était en proie, Valérian se dirigea, la tête haute, vers la sortie de la chambre. Il jeta une oeillade à Reese en arrivant à sa hauteur. « Tu ne m’as jamais laissé l’occasion de parler. » précisa-il d’un ton acerbe. « Tu n’en avais rien à foutre que je te rassure, rien à foutre que je te comprenne ! Tu es venue ici avec la ferme intention de me faire payer cette grossesse. Rien d’autre ! » La jeune femme l’avait condamné avant même qu’il n’ait le temps de se défendre. Le visage du grec se ferma en un masque glacial. « Je te laisse voir les détails avec Emilie. Je serais présent pour l’avortement si tu le souhaites, mais après ça, je ne veux plus te voir. »
Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.
La réaction de Valérian s'fait plus incisive, quand il reprend de plus belle. Je secoue la tête, m'arrangeant pour pas réagir, c'est plus simple comme ça. Même si franchement, je bouillonne franchement avec l'enfer de vraiment le fracasser cette fois. Peut-être qu'en d'autres circonstances, j'aurais sans doute pas réagi de cette manière, mais j'ai cette colère qui couve en moi, une rage contre le monde et surtout lui pour pas avoir fait attention à ma propre survie. J'en peux plus d'retenir ses excuses pour justifier tout ça.
Je suis cinglée... Un rire sans joie m'échappe, il sait pas à quel point je le suis en effet. Mais il peut pas faire l'innocent qui a rien capté jusque là, parce que ça vient pas de nulle part. Je m'en suis jamais cachée, j'ai jamais menti, j'ai jamais fait semblant avec lui. Et maintenant qu'il le sait, il semble tomber des nues, en constatant que j'suis pas exactement comme il le voudrait, voire un peu trop extrême, admettons ? Je t'emmerde, Val, disons le clairement. Voilà. Je l'emmerde, et qu'il aille bien se faire foutre au passage, en m'oubliant, en oubliant ce bébé, et toute notre histoire.
Et on semble, pour une fois, sur la même longueur d'onde. La rage m'empêche de discerner ce qu'il se passe correctement, d'en avoir quelque chose à faire. Je suis juste furieuse, et ça se voit à mes mains qui tremblent encore et que j'essaie de lui cacher. Mais j'ai l'impression d'un coup au cœur, un coup en traitre avant de secouer la tête : Non, t'as pas besoin d'être là, j'vais me débrouiller toute seule, comme je l'ai toujours fait pour tout, j'sais pas dans quel monde Valérian a cru que j'pouvais avoir besoin de lui d'une quelconque manière. Je me suis faite seule, j'vais continuer sur cette voie : Ça m'va très bien, j'veux plus voir ta gueule, il claque la porte, j'ai pas de sursaut. Mes yeux scrutent le vide, en essayant d'le laisser à distance.