Doucement? Adrienne est-elle même capable de douceur? May en doute fortement. Mais elle l'aide quand même, évidemment. Elle ne va certainement pas prendre le risque de la voir se blesser à nouveau. Et même si le duo doit sembler particulièrement fragile, avec leurs blessures respectives, elles trouvent quand même la force d'avancer ensemble. May la regarde s'emparer des béquilles, s'assurant qu'elle est en mesure de se tenir debout, avant d'analyser sa façon de bouger. Elle gribouille quelques notes dans son dossier, levant ensuite les billes vers elle quand la pilote précise que ce n'est pas l'accident qui lui a coûté sa jambe. Liv hoche de la tête, souriant légèrement en se disant qu'effectivement, elle ne pouvait même pas blâmer son bolide pour le traumatisme.

Elle lui parle des rôdeurs carbonisés, de ce qui a pu les mener à vouloir dévorer sa jambe, et May ne peut qu'imaginer la scène. À la place de sa copine, la blonde aurait probablement éclater de colère, mais son petit doigt lui dit que De Castel était parfaitement calme. Enfin, jusqu'à ce qu'elle se réveille avec un membre en moins, et qu'elle réalise que c'était à Zelda qu'elle devait la vie. L'ironie est marrante, en vrai. « Des exercices pour renforcer le tonus musculaire de ton membre amputé, en prévision d'une prothèse. » Aussi bien lui expliquer le raisonnement derrière les exercices. La motivation est la clé du succès, dans ce cas-ci, après tout. Et elle sait très bien qu'Adrienne aime avoir toutes les informations.

« Et si tu n'es pas trop fatiguée, on pourra aussi travailler le haut du corps, pour commencer à renforcer ta musculature compensatoire. » Ça fait beaucoup, elle en est consciente. Mais son amie ne voudrait pas qu'elle l'épargne sous prétexte qu'elle est frustrée, non? « Marche jusqu'à la porte avec les béquilles, prends ton temps pour tourner et ramène toi ici ensuite. » Un échauffement, tout simplement. Et une fois qu'elle est de retour et assise sur son lit, en face d'elle, May enlève le bandage élastique de son membre et pose les mains de chaque côté de sa jambe amputée. « Engage tes abdominaux et contracte les muscles du moignon. Tu le fais dix fois de suite, pendant quelques secondes. Assez pour que je puisse le sentir dans mes doigts. » Elle est sérieuse, concentrée. May ne veut que la voir s'améliorer, après tout.

« Je sais, c'est difficile. C'est parce les muscles ont tendance à se raccourcir, autour du site. Et tu n'es pas habituée d'utiliser ces groupes de muscles sans ceux qui se trouvaient plus bas. » Elle lui dit tout ça pour l'encourager, pour qu'elle comprenne. Cendrillon ne veut pas qu'elle pense qu'elle est complètement nulle, mais bien qu'il y a une explication qui cause sa douleur et ses embûches.

« Si tu veux, on peut même faire un deal. » lâche-t-elle en esquissant un sourire. « Je peux faire chier Zelda si tu me fais la promesse de participer activement à toutes tes séances de physiothérapie. » Elle ose rigoler. « Et tu peux même choisir ce que je fais pour l'emmerder. »

'You got a million shadows there, dancing in your head, calling out your name. You got the battles, you got the scars. You got the crack in the windshield view and the curse of the full moon but oh babe, you got heart.

Réapprendre à marcher et à compenser l’absence de muscles. Ce n’est pas comme la première fois, c’est plus compliqué, je dois réaprendre à trouver mon équilibre et à utiliser les muscles qui ne sont plus rattachés à rien. Je fais les exercices que m’impose May, de bonne grâce mais avec un air fermé : « Ce n’est pas une sensation très agréable. » J’ai l’impression que c’est contre nature, comme si j’avais un alien au bout de la jambe ? J’espère une chose par contre… J’espère sincèrement que ces mouvements, que cet entrainement ne va pas me provoquer de douleurs fantômes. Je sais qu’elles sont très désagréable et qu’il est assez compliqué de s’en débarrasser.

Je manque un mouvement quand May semble vouloir me motiver en proposant de se montrer infantile et désobligeante envers Zelda… Je m’arrête et je la regarde, réfléchissant sérieusement à sa proposition, avant de finalement la refuser : « Je perçois la sympathie de ton geste, mais je n’ai pas besoin d’une telle carotte pour faire mon travail. » Ce serait quelque peu pathétique qu’une femme comme moi ne se motive à travailler que pour provoquer une misérable adolescente qui ne mériterait pas que l’on s’attarde trop sur elle. Mes résolutions sont plus terre à terre, plus adultes et dignes. Elles tiennent en une paire d’aile, un moteur de 2000 chevaux et des canons de 20mm, la seule chose qui compte est de piloter, de voler et de mettre en flammes toujours plus de fanatique :

« Je souhaites juste retourner voler le plus rapidement possible. » C’est la seule chose qui est suffisante pour me motiver, refaire mes preuves et encore m’améliorer. Cependant, l’évocation de Zelda par May me fait penser à une chose : « Je suis surprise qu’elle ne soit pas venue se pavaner devant moi d’ailleurs. » Alors même que je lui avais reclaquer son inutilité à plusieurs reprise, elle l’avait assez mal pris et maintenant qu’elle tenait une infime prise où sa fierté pourrait se hisser, elle n’était pas présente. Peut-être la culpabilité d’avoir laissé mourir son binôme ? Je l’ignore, je ne vais pas me plaindre de ne pas avoir à la subir.

Dans les airs, une machine cesse  d'être un assemblage  mécanique

Elle s'anime et exprime , le tempérament du pilote.

KoalaVolant

« Évidemment que ce n'est pas agréable. » lâche la blonde en restant pourtant concentrée sur les mouvements d'Adrienne. Mais c'est en se dépassant de la sorte qu'elle pourra un jour retrouver tout ce qui agréable pour elle, n'empêche. Et c'est ce qu'elle tente de faire comprendre à la pilote. Elle rigole pourtant à la réplique de son amie, à propos de faire chier Zelda. « Tu semblais avoir besoin d'un peu de motivation jusqu'ici, quand même. Mais très bien, j'ai compris. » Elle laisse un moment de silence filer, avant de rajouter quelques mots. « Mais si jamais tu veux une carotte différente, faut me le dire. » Certes, Goldie se doute bien que ce qu'elle veut plus que tout est de voler à nouveau. Et même si cette réalité va prendre du temps, elle est persuadée que De Castel parviendra à atteindre son but - avec peut-être quelques coups de pieds au cul, comme aujourd'hui.

C'est ce qu'elle affirme, d'ailleurs, sans surprise. « Chaque chose en son temps. » affirme-t-elle en restant positive. Inutile de courir alors qu'elle savait à peine marcher. Elle était heureuse de la voir enfin si motivée, mais un extrême ne vaut pas mieux que l'autre. L'équilibre est important. « Encore quelques uns. » demande-t-elle à la brune avant de se relever quelques minutes plus tard. « C'est bien. C'est très bien. » Elle veut bien lui accorder une pause avant la suite, même.

« Il n'y a pas grand chose qui vole pour l'instant, de toute façon. » ajoute la petite pour la rassurer. Les dommages sur la flotte sont importants, quoi. Elle ne manque rien d'extraordinaire. May rigole encore, maintenant, quand Adrienne évoque Zelda à nouveau. Enfin - son absence, plutôt. « Quand on parle du loup... » lâche la miss pour faire flipper un peu son aînée, levant les cils derrière elle comme si la peste était bel et bien là, juste à côté du duo.

« Mais non, je déconne. Elle est assez discrète depuis son retour, effectivement. Peut-être qu'elle est un peu sous le choc. Mais je suis prête à parier qu'elle va recommencer à nous casser les couilles bien assez vite. » Et à faire des blagues sur le nouveau statut d'amputée de la pilote, sans aucun doute. Reste à voir si l'aplomb d'Adrienne est mort avec la partie inférieure de sa jambe ou pas. « Raison de plus pour apprécier tes vacances ici. » affirme la princesse en souriant, faisant bien évidemment exprès de la faire chier un brin.

« Allez, la pause est terminée. On reprend. » Et ce n'est pas négociable.

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