The Walking Dead RPG

Marchant d’un pas relativement lent pour préserver ma cheville encore fragile, je me rends à la garderie pour récupérer Rafaël. Il n’est pas tard mais la nuit commence déjà à tomber ; cela fait quelques semaines déjà, que les journées raccourcissent. Des journées chargées depuis l’arrivée récente de nombreuses anciennes femmes de New-Eden et de leurs enfants. J’enchaîne les entretiens d’arrivée quotidiennement. Reloger tout ce monde a été un véritable casse-tête et je suis toujours à la recherche de solutions… Certaines maisons sont encore en cours de réhabilitation. Autant dire que je ne chôme pas. Ce soir, pourtant, j’ai décidé d’aller récupérer mon fils plus tôt.

« Tu dis au revoir Rafael ? » Le petit garçon offre un grand sourire à l’une des assistantes maternelle, accompagné d’un geste de la main. La journée s’est bien passée, il semble ravi. Et alors qu’il gigote un peu dans mes bras pour me faire comprendre qu’il a envie de se dégourdir un peu les jambes, je le dépose doucement par terre tout en lui tenant la main. Le retour à la maison risque de prendre du temps mais ce n’est pas un problème.

En passant près de la maison occupée par Arizona, Zack et William, j’aperçois finalement une silhouette qui semble se diriger vers la bâtisse. C’est là que je reconnais Stan et que je me souviens qu’il s’est installé là, il y a peu de temps. J’hésite quelques instants avant de l’interpeller « Bonsoir Stan ! » L’homme s’arrête et nous parcourons doucement la distance qui nous sépare de lui avec Rafael. Une fois à sa hauteur, je lui demande « Comment vas-tu ? L’emménagement s’est bien passé ? En tout cas… C’est… Gentil d’avoir libéré la maison. On commence à être un peu à l’étroit avec toutes ces arrivées… »

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C’était une fin de journée et le garçon rentrait chez lui. C’était pourtant un simple détour car il n’était pas très tard en dépit de la pénombre qui engloutissait déjà Fort Ward. Esther était chez sa mère ce soir-là et il en profiterait pour travailler tard. Il pensait se grignoter quelque chose vite fait, récupérer quelques affaires et retourner dans son bureau pour une réunion de brainstorming qu’il avait planifié avec quelques collègues. La routine.

Il n’avait pourtant pas rejoint le terrain du pavillon encore qu’il entendit la voix de Maddison le héler. Rafael était avec elle. Il se stoppa et se retourna vers eux évidemment.

- Hey, ça va, répondit-il mécaniquement. Et vous ? Comme ça va bonhomme ? Demanda-t-il en particulier à l’enfant qui se colla un instant dans les jambe de sa mère comme s’il ne le connaissait plus. Il était clair que ça faisait un moment qu’ils ne se voyaient plus autant. A cet âge, quelques mois représentaient presque la moitié d’une vie, comment pouvait-il lui en vouloir de jouer les timides ? C’est rien, ajouta-t-il en réalisant qu’il n’obtiendrait aucune réponse du garçonnet. Il reporta alors toute son attention sur sa belle-soeur. Sa bouche s’étira dans un sourire un peu crispé. Ça n’faisait plus d’sens d’rester tout seul là-bas d’toute façon, pas vrai ? J’vais pas dire qu’ça fait pas drôle m’enfin… c’est comme ça. Il leva le nez vers la maison qui se dressait tout près. Ça fait un peu plus d'deux s’maines, ça s’passe pas mal. Je s’rai bien allé avec les gars mais il n’y avait qu’une chambre dans l’sous-sol et elle n’est pas chauffée… Et si pour lui, ça pouvait presque passer, avec Esther, c’était inenvisageable !

Par les gars, il entendait évidemment Eddie et Graham leurs anciens colocataires aussi. Ils partageaient maintenant une maison avec John aussi. D’une certaine manière, ce n’était pas plus mal de viser autre chose. Il avait besoin d’avancer, d’évoluer. Régresser vers l’époque des baraquements où il vivait exclusivement avec ses deux amis n’était probablement pas la meilleure option.

- T’as réussi à caser tout l’monde finalement ? C’est vrai qu’ça fait du changement, mais fallait s’y attendre, ajouta-t-il. Y avait-il vraiment à s’éterniser sur le sujet. Comment ça va, toi ? Tu trouves un peu d’temps pour penser à toi ?

Lorsque Stan me retourne la question, je lui souffle doucement. « Ça va ! » Je sens alors Rafael s’accrocher un peu plus à ma jambe en voyant le militaire approcher. Mon fils se blottit contre moi, visiblement impressionné. Cela me fait sourire et je rassure rapidement Stan. « Il est toujours un peu timide au début. Ça fait longtemps qu’il ne t’a pas vu. » Je me baisse doucement pour prendre mon fils dans mes bras avant de l’embrasser sur le front. Puis, je désigne son oncle tout en lui murmurant quelques mots « Hé Rafael, regarde, c’est Stan. Le papa d’Esther, tu le reconnais ? » Cette fois, le petit blond accorde un sourire timide à Stan avant de venir se blottir à nouveau contre moi.

« Ça me rassure si tu es bien installé alors. Mais je suis d’accord avec toi… C’est bizarre de savoir que vous ne vivez plus tous ensemble… » Avec Graham, John et Eddie, ils avaient vécu tellement d’années dans cette colocation où j’ai vécu aussi durant un bon bout de temps. C’est une page qui se tourne. J’espère néanmoins que Stan se fera à sa nouvelle maison et ses nouveaux colocataires…

Mon beau-frère – ou plutôt ancien beau-frère étant donné les circonstances – me questionne finalement sur l’arrivée des anciennes femmes venues de NE. « Ça n’a pas été simple, mais oui, elles ont toutes été relogées. Il va falloir poursuivre la réhabilitation de nouvelles habitations pour qu’elles soient moins à l’étroit. Mais cela prendra encore quelques semaines… J’aimerais que ce soir réglé avant le début de l’hiver… » Cela nous demandera encore pas mal de travail mais je suis plutôt optimiste.

« J’ai mis un peu de temps à récupérer de ma dernière sortie mais ça va, je m’en suis remise totalement. » Que je lui réponds finalement. Ma cheville va beaucoup mieux et j’ai pu reprendre l’entraînement, en y allant doucement. « J’ai beaucoup de travail en ce moment avec toutes ces arrivées mais comme tu peux le voir, je profite de mes soirées pour passer du temps avec Rafael. » J’en ai vraiment besoin ces temps-ci…

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Stanley était conscient du fossé qui s’était formé ces derniers mois avec ceux dont il avait un temps été pourtant tellement proche. La réaction de Rafael le rappelait. Il avait encore du travail à faire pour se lier de nouveau avec tous ces gens importants.

- Tu dis « vous » comme si tu n’avais jamais habité avec nous… fit-il remarquer. Et cette colocation à cinq avait tout de même duré quelques années ! Même si des prises de tête entre les sœurs l’avait amenée à partir, avant de revenir. Puis de repartir pour de bon quelques mois plus tôt.

Ils ne s’attardèrent pas longtemps sur le cas des récentes recrues de New Eden. Le garçon n’était pas un spécialiste de l’immobilier. A une époque, il aurait donné un coup de main, pour la réhabilitation de vieilles habitations. Aujourd’hui, il n’avait définitivement plus le temps. Du moins pas quand il se donnait du mal pour rattraper une partie du temps perdu avec sa petite fille. Alors sur ce point, il ne pouvait que rejoindre Maddie.

- Faut profiter d’eux un maximum, on n’sait pas combien d’temps ça dur’ra, glissa-t-il avec un fatalisme glaçant quand on savait ce qu’il avait vécu récemment. Ses yeux d’un bleu acier s’étaient posé sur le petit garçon. Il aurait voulu esquisser au minimum un sourire, mais ses mots faisaient écho à trop de chagrin. Il s’efforça alors de rebondir sur autre chose. J’en ai entendu parler. De votre sortie. On m’a dit qu’tu t’en étais vraiment bien sortie. Et qu’tu t’entrainais durement ? C’était par l’intermédiaire d’Eddie qu’il savait ça. C’est bien. J’veux dire… il faut. T’es plus la petite sœur à protéger alors…

« C'est vrai... On y a passé de très bons moments tous ensemble. » Dis-je avec un petit sourire nostalgique. Plusieurs années passées à leurs côtés, beaucoup de bons souvenirs que je n'oublierais jamais. Stanley et les autres gars de la colocation m'ont vu grandir, évoluer, jusqu'à partir et voler de mes propres ailes. Je regrette forcément ces moments et je réalise à quel point j'ai mis énormément de distance avec tout ça.

Le regard que Stan pose ensuite sur Rafael me fend rapidement le coeur. Et doucement, je viens poser une main sur le bras du militaire pour lui faire comprendre qu'il n'est pas obligé de se forcer. Nous ne sommes pas obligé de parler de ça s'il ne se sent pas prêt. Un soutien silencieux de ma part avant qu'il évoque ma dernière sortie. « Qui t'as dit ça ? » Que je lui demande d'un air intrigué. « Oui, j'essaye de m'améliorer ; même si ma blessure m'a empêchée d'être régulière ces derniers temps. » J'ai de la chance, je m'en suis sortie avec une grosse entorse mais cela aurait pu être pire. « Les relations avec The Haven me poussent à sortir de Fort Ward de façon plus régulière. Mais cette sortie me tenait particulièrement à coeur... » Tenter de trouver des réponses concernant la disparition de Maeve, Roza et Jeremiah, c'était notre objectif...

Et si malheureusement, nos tentatives de faire parler le prisonnier ont échoué. Je suis fière d'avoir pu garder la tête haute malgré des conditions dangereuses et difficiles. « On dirait que non... » Que je finis par souffler à Stan, réalisant le chemin que j'ai parcouru depuis toutes ces années...

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- J’ai parlé à Logan, à May. Ça a l’air de t’surprendre, c’est pas vrai ?

Il acquiesça alors qu’elle mentionnait The Haven. Elle avait un rôle majeur dans les bonnes relations avec ces anciens ennemis. Ses lèvres se pincèrent toutefois ensuite, à l’évocation des amis qu’ils avaient perdus et dont ils n’avaient hélas aucune trace très réconfortante.

- Ils sont sûrement morts, tu sais… déclara-t-il, défaitiste. Il aurait aimé les retrouver, mais ils devaient se rendre à l’évidence. Ils investissaient beaucoup dans ces recherches, était-ce vraiment raisonnable ? Ce qu’il voulait dire, c’était qu’ils ne pouvaient pas se reprocher de ne pas les avoir encore trouvés, et ramenés. Qui aurait cru qu’on finirait par faire amis-amis avec les anciens du ranch, pas vrai ? Reprit-il en faisant référence à son rôle auprès de ce groupe.

Ils discutaient, mais Rafael s’impatientait. Demander à un bambin de son âge de rester sagement à écouter les adultes discuter statiquement : impossible ! Il commençait à grogner en tirant sur le manteau de sa mère.

- On marche un peu vers chez toi, si tu veux ? Lui proposa Stan. A moins qu’tu préfères entrer un peu ? Il montra sa nouvelle maison. Il avait quelques jeux pour l’enfant, puisque Esther vivait là aussi la moitié du temps. Après, il ne pourrait assurer la tranquillité. Le rez-de chaussée était effectivement allumé. Elle choisissait. Comment ça s’passe pour toi avec les gens de The Haven, justement ? Les gens d’confiance là-bas, pour toi, c’est qui ?

Il en connaissait pas mal maintenant, entre sa mésaventure Oblivions, le séjour passé à Nisqually et les rencontres de Kitsap. Mais il s’intéressait à son ressenti.

« Je dois encore m’améliorer. Mais je me sens plus à l’aise à l’extérieur, c’est vrai… » Je hausse doucement les épaules. Je n’ai jamais été une combattante. Néanmoins, je suis consciente qu’il faut que je poursuive mes efforts pour être capable de me débrouiller, de ne pas compter seulement sur mes partenaires d’expédition. « Donc tu dois être au courant pour l’homme que nous avons capturé… » Les vaines tentatives pour le faire parler ont échouées… J’y pense encore parfois avec un sentiment amer. Malheureusement, aux mots de Stan, j’acquiesce de la tête. Il doit sûrement avoir raison, nos amis sont certainement morts…

« C’est une bonne chose. » Que je souffle alors qu’il évoque The Haven et l’entente entre nos deux groupes. « J’ai été très bien accueillie, à chaque fois. » Que j’ajoute avant de lui faire signe que nous pouvons marcher un peu. Attrapant la main de Rafaël, nous nous mettons doucement en route. « J’ai apprécié les échanges que j’ai pu avoir avec Andrea et le Conseil. Nous avons pu discuter sereinement même si elle est dure en affaires. Nos anciens différends ont été mis de côté et c’est une bonne chose ; malgré quelques réticentes de la part de certains… » Ma présence, là-bas, en a dérangé certains ; mais, aucun d’entre eux n’est venu chercher les problèmes. « Sinon, j’ai pu faire connaissance avec Nihima, Selene, Lara. La mère de Zelda est une femme très agréable et sympathique, nos discussions ont été très intéressantes également. Elle s’inquiète beaucoup pour Zelda… J’ai également rencontré Preston. Tu vois qui c’est ? Un militaire. Tu dois savoir qu’il faisait partie de New-Eden avant ? »

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