The Walking Dead RPG

- Et juste pour clarifier… on peut ram’ner d’temps en temps du monde ? Pour diner, boire un coup, causer ? Stanley avait haussé une épaule. Des trucs de gens cools quoi.

Il s’adressait à ses nouveaux colocataires : Zack, Arizona, William. Il avait posé ses affaires avec eux depuis quelques jours seulement, encouragé par son amie la militaire. Avec l’arrivée des rescapés de New Eden, le garçon avait décidé de définitivement lâcher sa maison, de toute façon bien trop vide depuis le départ de Casey des mois plus tôt. Il avait aussi légué toutes ses affaires de puériculture à quelques femmes qui avaient alors emménagé avec leurs bébés. Ce n’était pas comme si Esca allait ressusciter. Une page se tournait, ça lui semblait aujourd’hui nécessaire pour continuer à aller de l’avant. Ça faisait partie de son travail d’acceptation aussi.

Ce fut ainsi que le lendemain, le jeune trentenaire se permit de faire venir quelques copains. Arizona était absente et ils se retrouvaient exclusivement entre mâles. La base. Il y avait ses deux voisins de chambres donc, mais aussi Locklan, Clayton, John et Graham, évidemment. Esther était couchée dans le lit de son père, à l'étage. L’ambiance était détendue. C’était une soirée sans artifice. Ils discutaillaient tranquillement dans le salon.

- Mais est-ce qu’il y en a des jolies ? Parce que c'est ça la vraie question, on est d'accord ?

Autour de la table basse, chacun installé sur un bout de canapé, Graham rebondissait sur les propos de son pote au sujet de ce récent arrivage de donzelles. Une vingtaine de nouvelles têtes quasi-exclusivement féminines, ça se fêtait, non ? Stanley fit une moue franchement dubitative. Clairement aucune ne lui avait tapé dans l’œil, mais les avait-il réellement regardées ?

- Hum mouais bof. Il tira sur un joint avant de faire passer le bédo à son voisin.
- C’est terminé de jouer les difficiles. Alleeez !  Qui est célib ici déjà ?! Ajouta Graham en apostrophant les autres gars.

Il fit un mouvement de ses doigts vers le haut, pour obliger au moins John et Stanley à lever la paume comme à l’école. Dans un soupir, le jeune homme obtempéra bon gré mal gré, avec tout de même un sourire en coin. Depuis quelques semaines, et après de longs mois de malaise, il renouait avec ses plus proches amis et bon sang ce que ça faisait du bien !

« T’es chez toi, ici. » Au même titre qu’eux quatre. Donc oui, il pouvait inviter des gens, sans le moindre doute. Tant qu’il faisait pas une fête d’enfer dans la maison, au point de tout saccager… Et encore, même là, Will ne serait pas vraiment dérangé, hormis pour sa tranquillité. La plupart de ce qui se trouvait dans la maison ne lui appartenait. « Tant que la bibliothèque reste intacte et le piano qui s’y trouve, c’est tout ce que je demande. » En même temps, ils n’avaient plus vingt ans et avaient passé l’âge de faire des fêtes immenses, n’est-ce pas ?

Probablement pas, s’il escomptait les invités de Stan, quelques jours après cela. Il n’avait pas vraiment la tête à ça, focalisé sur l’état d’Adrienne alors qu’ils évoquaient les femmes rescapées suite à leur dernière mission. Pourtant, comme à son habitude, il se montrait charmant et de bonne compagnie – autant que possible, du moins.

Pas vraiment coutumier des joints, il l’avait quand même saisi, même s’il aurait tué pour une cigarette – ou une sucette acidulée. Il se força pourtant à sourire, alors qu’ils cherchaient à jauger de la beauté des nouvelles arrivants. « Au moins, on est sûrs qu’elles sont pas en couple ! » Même si, en réalité, ce n’était pas tout à fait ce qu’il manquait à Fort Ward. Le Québécois devait l’admettre, il ne les regardait pas vraiment. Parce que ça n’était pas aussi simple de les charmer et de coucher avec, sans aucune conséquence, dans le huit-clos de l’île. Et, peut-être, parce que sa dernière conquête en date était présumée morte et qu’il avait rarement lié une amitié aussi importante avec qui que ce soit – même s’il n’avait plus eu les bénéfices de coucher avec.

« Je les ai pas vues… » Et il avait pas cherché à les voir, pas vraiment. Son intervention avait aidé leurs alliés à s’en sortir, plus ou moins, même s’il n’avait rien pu faire contre les avions, et ça lui laissait un goût amer. Feignant d’avoir les mains prises par le joint dont il tirait une latte, il hésita avant de finalement lever la main à la question. « Personne a des clopes ? » Il aurait bien sorti les bouteilles, mais c’était une mauvaise idée.

WE ARE SOLDIERS

It's time to strap our boots on
This is a perfect day to die
Wipe the blood out of our eyes
In this life there's no surrender

Un bref hochement de tête pour confirmer les propos de Will. Des règles ici, y en a pas des masses, c’est aussi ce qui fait du pilote un coloc comme on les aime. Il est casse-couilles sur rien, tant qu’on touche pas à son sacro-saint piano. Alors ouais, j’vais carrément pas m’en plaindre. Plus d’un an que j’squatte ici après tout. Mais c’est comme ça qu’on se retrouve posés dans le salon avec les potes invités par Stanley. J’connais pas trop John et Graham mais c’est pas l’genre de détails qui va m’arrêter. Surtout qu’ils ont l’air de bonne humeur.

Et les discussions vont bon train, alors que Tommy dort devant la cheminée, les quatre pattes en l’air. J’lève un sourcil quand ils abordent la vingtaine de gonzesses qui ont débarqué y a quelques semaines, résultat de leur réussite à piéger le convoi de New Eden. J’me dis que ça doit quand même leur faire bizarre d’être ici et d’être… libres. Surtout si tout ce qu’on a entendu sur ces fils de pute est vrai. « On est d’accord que la question s’pose ouais. » Soufflé d’un ton amusé aux paroles de Graham, avant de hausser une épaule quand il enchaine. « Alors, vous avez vu Arizona sortir d’ici en arrivant. On est maqués d’puis… » Bordel, on est quel mois déjà ? Ah ouais. « Un an ? Ouais, un truc du genre. » Avec des hauts et des bas, surtout cet été, mais ça, mis à part Will, personne d’autre est au courant. Et j’ai pas particulièrement envie d’parler de c’genre d’emmerde, surtout pas ce soir.

J’suis le québécois des yeux avant de lâcher, au bout de quelques minutes. « Hé, t’endors pas dessus ! » J’tends la main, récupérant le joint, non sans songer qu’il est possible que j’fume un peu trop ces derniers temps. A visée thérapeutique, ou une merde du genre. Hum. Bref. Ouais, personne est dupe, moi l’premier. Et j’ajoute, alors que j’fouille dans ma poche, lançant une clope en direction de Will. « Rêve pas, ce sera la seule de la soirée que j’te file. » J’en ai déjà pas des masses, j’ai pas envie d’me faire dépouiller. « J’ai eu que l’occas’ de les voir de loin en tout cas. » Pour en revenir aux nouvelles venues. « Elles ont pris l’temps de se balader un peu dans le camp déjà ? » Pas que ça m’intéresse vraiment du coup. Mais c'est surtout une question de curiosité.

The stuff that dreams
are made of.

ANAPHORE

Et donc, si je comprenais bien, mes deux chefs vivaient désormais sous le même toit avec… mes deux potes. « C’est vraiment trop bizarre de vous voir tous ici. » Je n’avais pas pu m’empêcher de le souligner en les rejoignant pour cette petite soirée organisée par Stanley. J’avais déjà du mal à m’habituer à recevoir des directives d’Arizona en sachant très bien que, quand elle décidait de mettre fin à nos points, c’était uniquement pour aller s’envoyer en l’air avec Zack. Mais Stanley chez eux ? Will avait intérêt à me raconter tous les dessous de tapis à la première occasion laissée. De toute façon, vu dans quel état son avion était revenu de mission, il y aurait bien que ça pour que j’arrête de lui râler dessus un peu.

Ca manquait quand même d’alcool pour fêter l’installation de Stanley. Je me fis la remarque sans en dire un mot. Après tout, ce serait encore pire de les voir picoler devant moi sans que je ne puisse en avoir une goutte. Et picoler avec Stanley était bien la dernière chose qui me viendrait à l’esprit. « Quoi ? Putain ! » J’aperçus du coin de l’œil l’échange de clopes entre Zack et Will, conscient que ce crevard ne m’en filerait pas une seule. « Et moi, je pue ? Où t’es encore trop vénère que je t’ai mis ta raclée la dernière fois ? Allez ! C’est du passé, non ? » Surtout pour une clope. Je n’avais aucune honte à mendier là.

Je m’enfonçai dans mon fauteuil, les mains définitivement vides pour le moment. Graham ne perdait pas le Nord à nous parler de chair fraiche. « Quel mort de faim, t’es pire que moi mec. » Je soufflai un bref rire, sans lever la main à mon tour. Par contre, je fus surpris de voir Stanley le faire. « Attends, t’es ici parce que… Casey et toi… merde ! Pourquoi je suis toujours le dernier au courant ? » Peut-être que je m’en foutais pas mal. J’avais appris pour Zack et Arizona à peine quelques mois en arrière, alors que je décuvais. « Je croyais que vous couliez le grand amour, à la vie à la mort… un truc du style. »

Je lançai un regard de biais à William, quand il parla des nouvelles têtes. « Qui te dit qu’elles sont toutes célibataires ? Elles ont été séparées de leur famille pour la plupart… » Et ça me laissait un goût amer en bouche rien que d’y penser. Je ne pouvais pas m’empêcher de songer à Jena et Maelys, même si les dernières nouvelles que j’avais eu me laissait entendre que… ma femme avait refait sa vie.

"It's holding me, morphing me, And forcing me to strive To be endlessly cold within, And dreaming I'm alive And I'm not breaking down I'm breaking out Last chance to lose control"

- Ah ouais, ça fait d’jà un an, ne put s’empêcher de souffler le garçon, alors que Zack évoquait sa relation avec Arizona. Il fallait dire qu’il était complètement passé à côté de ça. Il était d’ailleurs probablement encore présumé mort quand ils avaient consommé la première fois. Et ensuite… le temps avait filé.

Les garçons se lancèrent alors dans un trafic de clopes qui n’intéressa pas vraiment le militaire. Il ne fumait pas. Enfin seulement de la beuh comme ça, de temps en temps. Il fit d’ailleurs un signe de la main pour attirer de nouveau le joint vers lui. Au moment où Locklan semblait découvrir son statut d’homme libre. Ou de gros looser, c’était une question de point de vue. Ses lèvres s’étirèrent dans un sourire crispé qui ressembla nettement plus à une grimace.

- C’est… compliqué, lâcha-t-il, alors qu’il n’avait clairement pas envie d’en parler. Il avait beau avoir repris du poil de la bête, il restait quelques sujets sensibles. La mort de son fils, ça allait sans dire, mais aussi le fossé qui le séparait aujourd’hui de sa femme. A la vie, à la mort, oui. Quel gâchis.

Heureusement il pouvait compter sur Clayton pour attirer l’attention à lui. Il n’en ratait pas une et son discours arracha plus qu’un sourire aux garçons. Si Misha l’entendait, elle se tirerait effectivement les cheveux. Il était presque incroyable que le couple de ces deux-là tienne d’ailleurs depuis si longtemps.

- Vous êtes graves ! Ne retint pas John, qui n’était clairement pas de cette trempe-là. Il était beaucoup plus gentleman avec les femmes. Voire un peu coincé.
- On n’dira rien, t'en fais pas. On sait que c’est que d’la gueule, le railla d’ailleurs son copain. Il se souvenait d’une époque où le routier roulait des mécaniques et comparait son tableau de chasse avec celui de Friedrich. De fait, il s’était pourtant bel et bien taper un certain nombre de nénettes avant de rencontrer sa dulcinée. Nous on préfère t’savoir caser. Ça nous laisse plus d’opportunités, ajouta-t-il, plus pour l’effet qu’autre chose. Il n’avait pas vraiment actuellement la tête à draguer.
- Entre nous Clay, tu l’as quand même déjà trompé ta Misha, non ? C’était Graham qui surenchérissait. Si ça choque ici, c’est pas moi qui vais t’juger, mec ? Affirma-t-il, avec un sourire en coin. Il n’était pas réputé pour être lui-même un enfant de cœur. C’est juste humain, hein !

Parfait, parlons d’adultère. Stanley observa les différents garçons, plus ou moins avachis dans les canapés. Il repassa le joint vers un voisin. Ce fut avec sérieux qu’il embraya.

- Vous avez jamais fauté avec une autre, en étant en couple ? Dans votre vie, même y a longtemps ? Ils pouvaient confesser leurs histoires anciennes, il y avait depuis longtemps prescription, non ?

J’lève un sourcil à l’attention de Locke quand il mendie sa clope. « Essaie de d’mander gentiment pour voir. » Tu parles, comme si ça pouvait arriver. Et c’est déjà assez la merde d’en récupérer, même si j’suis tout à fait conscient que j’vais lui en refiler une juste pour qu’il éviter de me casser les couilles toute la soirée. C’que je finis par faire avant même qu’il commence à pleurnicher, lui lançant la roulée d’une pichenette. « Et r’viens pas mendier sinon tu peux te gratter pour en avoir une autre. » Parce que j’le vois déjà venir après qu’il ait aspiré sa dose de nicotine comme si sa vie en dépendait. C’est déjà assez merdique de vivre avec un toxico, j’vais pas m’en farder un deuxième. Faudrait que j’balance comment j’ai encore des réserves en plus.

J’me contente d’une grimace aux échanges rapport à Casey et Stan. J’en sais assez pour savoir que j’dois surtout fermer ma gueule à ce sujet, surtout vu tout le temps que j’ai passé avec son ex ces derniers mois. D’autant que j’suis pas totalement sûr que Stan ait apprécié qu’on traine autant ensemble. Et si j’me marre aux paroles de Clayton, roulant des yeux alors qu’il finit par nous demander de pas aller vendre la mèche à Misha, j’souffle, avec un sourire narquoise, en totale contradiction avec ce que vient de lâcher Stan. « On a quoi en échange de notre silence ? » Quoi ? Ca se tente non ? Et puis, c’est pas comme si j’comptais réellement dire quoi ce soit.

J’finis par fixer Graham qui enchaine, laissant filer un silence quelques secondes quand il parler de tromper genre vraiment sa gonzesse. Et, quand Stan pose la question plus clairement, j’ai un bref haussement d’épaules. « J’avais 22 ans quand ce merdier a commencé, c’est à peine si j’avais eu le temps d’être maqué avec plus d’une fille. Alors les tromper… » J’me masse la nuque avant de continuer, avec une ombre de sourire. « Et j’imagine que cumuler les plans culs sur une même période compte pas vraiment hein. » Ouais, y a pas à dire, c’était quand même un été plutôt cool avant d’débarquer ici.

The stuff that dreams
are made of.

ANAPHORE