Sujet: Re: Work around the clock Jeu 24 Nov 2022 - 13:03
Au moins, Tori semblait confiante. Du moins, c’est l’impression qu’elle donna à Anya en descendant de Happy après lui avoir répondu sans se démonter face à leur nouvel obstacle. L’adolescente ne put s'empêcher de lui lancer un regard admiratif alors qu’elle attrapait les rennes et lui demandait de passer devant.
La fillette ne tenta pas de la contredire et hocha la tête avant de glisser sur la selle pour se positionner à l’avant. Elle serra ses mains autour du pommeau, affichant une mine peu confiante. C’était la première fois qu’elle se retrouvait en tête d’une monture, de quoi lui faire monter le stress. Heureusement que Tori tenait les rennes. Celle-ci ne tarda pas d'ailleurs à remonter derrière elle pour faire s'engager Happy hors de la route.
Alors qu'elles progressaient parmi les premiers arbres, serrées l'une contre l'autre sur leur monture, Anya ressentit soudain une étrange impression. C'était comme si durant quelques secondes, passé et présent se mélangeait. Ainsi calée contre sa tutrice, elle se vit soudain de nombreuses années plus tôt. Elle était petite - ou était-ce le monde qui était plus grand ? - et une femme la plaçait sur ses jambes à l'avant d'un camping-car pour lui donner l'impression qu'elle était la conductrice. Elle tournait le volant, imitant le bruit du moteur et du klaxon alors que la femme riait derrière elle a la voir si motivée. Elle se sentait heureuse et en sécurité. Les signes faits par Tori la ramenèrent à la réalité. Elle tourna la tête vers elle puis vers ses mains pour en déchiffrer les gestes. Elle commençait vraiment à s'habituer à la langue muette de sa tutrice et même si elle avait encore beaucoup de mal à la parler, elle s'améliorait en compréhension.
"Reste attentive."
La jeune femme venait de la rappeler à l'ordre et elle approuva d'un mouvement de tête silencieux, quittant instantanement ses pensées pour mettre toute sa concentration sur leur environnement. La forêt semblait profonde et même si, avec l'habitude de ces dernières années, elle effrayait bien moins Anya que les zones habitées, elle ne se sentait pas rassurée pour autant. L'attaque du puma avait réveillé son angoisse, mais également son instinct de survie et c'est avec détermination qu'elle se mit à surveiller les environs. Tori comptait sur elle, hors de question qu'elle laisse un autre prédateur les prendre par surprise.
La forêt semblait calme, ne restait que les bruits des sous-bois et du vent dans les feuillages qui accompagnaient le son mat des sabots de Happy dans la terre. Sentant le cheval au moins aussi nerveux qu'elle, la fillette se pencha légèrement en avant et frotta l'encolure de l'animal pour tenter de l'apaiser comme lui avait appris Emily. Puis, se remettant en arrière contre Tori, elle fut surprise de sentir celle-ci trembler légèrement. Ses yeux emplis d'étonnement, elle releva la tête pour regarder la jeune femme à l'envers. Elle gardait un visage concentré, mais Anya était certaine de l'avoir sentie tremblotter quand elle s'était penchée en avant. Est-ce que sa tutrice avait peur elle aussi ? L'adolescente s'en sentie troublée. Non pas que ça l'angoisse davantage - elle savait bien que les adultes pouvaient aussi avoir peur - mais cela lui faisait encore une fois penser à Judy. Sa mère faisait toujours tout pour paraître forte et sûre d'elle à ses yeux. Mais à travers toute cette assurance qu'elle admirait, la fillette sentait l'épuisement et le doute qui frappait l’ex-militaire. Doute qu’elle avait l’impression de lire également dans le regard de Tori.
Ne sachant trop quoi dire pour tenter de rassurer la jeune femme - elle même étant tendue à l’avancée en territoire inconnu - elle se contenta finalement de lever un pouce en l’air. A bien y réfléchir, aux côtés de sa tutrice elle se sentait plus confiante qu’elle ne l’avait jamais été lorsqu’elle s’était retrouvée seule dans les bois. Le regard brillant de volonté, elle ajouta finalement en s’appliquant :
“Pas peur, je protège. Si… le chat revient, je vise gorge.”
Elle releva son pouce en l’air après repris les paroles de sa tutrice. Son regard parcourut de nouveau les environs, restant à l'affût du moindre mouvement suspect qui trahirait la présence d’un nouveau danger… Le chemin pour contourner l’arbre fauché par la tempête se révélait plus long que prévu, le terrain descendant en pente douce plutôt que de remonter directement vers la suite de la route.
“Tu crois il y a ogre dans la forêt ?” finit-elle par ajouter, se contentant de mimer un monstre la bouche ouverte pour le terme “ogre”, plus interrogative qu’inquiète lorsqu’elle jeta un nouveau regard à la cavalière.
Sujet: Re: Work around the clock Ven 25 Nov 2022 - 22:31
Confiante, elle ne l'est pas du tout. En progressant dans le bois, la japonaise sent son coeur s'agiter plus furieusement, son cœur se tordre. Elle serre ses mains autour des liens qui la maintiennent reliés à Happy, mais elle ne s'explique pas la terreur sourde qui l'empêche d'être rationnel. De surcroit, la forêt devant elle prend immédiatement des allures plus inquiétantes alors que le brouillard semble épais, cette brume recouvre le sol déjà humide d'un voile dense, qu'elle discerne tout juste ce qu'il se passe à trois, ou quatre mètres devant eux.
De fait, Happy n'est pas le seul a être nerveux, et Tori peine de plus en plus à le cacher. Elle souffle longuement, notamment parce qu'elle laisse le froid s'insinuer en elle comme une main glaçante. Et elle ne tient le choc que pour Anya, que parce que cette petite se doit d'être rassurée, qu'elle ne peut pas perdre ses moyens devant sa fille adoptive, celle qu'elle s'est promis secrètement de protéger. Dans ces circonstances, la japonaise peine tout simplement à garder la face, et l'envie de rentrer à la maison pour se réfugier auprès de gens qui savent comment gérer ces situations laborieuses la prend.
Le lieu de rendez-vous n'est pourtant pas particulièrement loin. Les STARS sauront la retrouver, s'il y a Joaquin ou Roman parmi ceux qui feront le déplacement, Tori est persuadée qu'ils sauront prendre les bonnes décisions pour les protéger toutes les deux. Mais pour l'instant, elle contourne la route, s'enfonce un peu plus profondément parce que le fossé n'est pas accessible pour retourner sur le bitume abimé, et qu'il vaut mieux trouver un autre accès. Si elle se souvient bien de la carte, en continuant dans cette direction, elles gagneront ensuite un virage prochain et pourront reprendre vers la bonne voie.
Non, il n'y a pas d'ogre dans la forêt, assure-t-elle dans un signe un peu pressant. Ces légendes urbaines ne sont pas pour la détendre. Elle force un sourire : Rassure-toi, tout va bien, je suis sûre que nous ne sommes plus très loin, ajoute-t-elle. Pourtant, plus elle essaie de le soutenir, plus Tori a l'impression de se tromper. Elles continuent, tout droit. Un regard en arrière, pas un bruit. Le bruissement du vent dans les feuilles, les sons de la forêt et de ses occupants. Un autre détour près d'un arbre, pas un chat, ni un mort. C'est pour le mieux. Pourtant alors qu'elle assure à Anya qu'elles sont bientôt sur la route qu'elles ont quitté, Tori désigne une butte qu'elles atteignent et derrière laquelle il n'y a encore que du bois.
Plusieurs minutes supplémentaires à la japonaise pour admettre qu'elle n'a aucune idée d'où elle se trouve. Je dois faire une pause pour vérifier la carte, signe-t-elle à Anya en essayant de garder son calme. Son sifflet accroché à son cou, elle a envie de l'utiliser, peut-être que les STARS pourront l'entendre. Ou qu'elles ne sont pas suffisamment loin du refuge pour que les leurs les retrouvent. Mais c'est une mauvaise idée. Descendant d'Happy, la japonaise saisit la carte, la déplie, ne sait même plus dans quel sens la tenir. Elle sait d'où elles viennent. Mais actuellement, où sont-elles ?
Sujet: Re: Work around the clock Mar 13 Déc 2022 - 14:53
Rassure-toi, tout va bien, je suis sûre que nous ne sommes plus très loin.
Tori avait signé avec des gestes assurés, et pourtant.. Anya avait l'impression de voir autre chose dans son regard. Comme du doute… de la crainte ? Elle n'en était pas sûre. Après tout c'était peut être juste la fatigue et l'inquiétude suite au départ récent de tous ces membres de la faction. Dans le doute, la fillette n'osa pas relever mais mit un soin tout particulier à guetter les alentours.
Toujours calme… pas de présence d'un autre prédateur cherchant à les dévorer. Mais.. Est ce que c'était son imagination ou la forêt semblait plus dense à chaque instant ? Son regard parcourut les troncs épais des arbres qui les encerclaient. Elle avait vécu dans les forêts montagneuses au nord-ouest, elle avait l'habitude de ce genre de paysage et pourtant… elle n'avait pas l'impression de se sentir plus en sécurité. Tori affirmait qu'il n'y avait pas d'ogre ici. Mais est-ce que ce n'était pas juste pour la rassurer ? Elle avait croisé des ogres même au cœur des montagnes. Même si elle en voyait moins ces derniers temps, ça ne voulait pas dire qu'ils avaient disparu. Sentant à son tour une boule d'inquiétude monter en elle, elle se ramassa en arrière en réflexe contre sa tutrice.
Tori finit par arrêter Happy et en descendre, indiquant qu'elle devait consulter la carte. Elle s'exécute sous le regard interrogateur de l'adolescente. Anya retient de justesse une question muette - Tori avait déjà l'air assez stressée comme ça - se contentant de se, la poser mentalement : est ce qu'elles étaient perdues ?... Elle n'avait pas l'impression qu'elles avaient changé de direction, mais elle savait qu'en forêt ça pouvait être trompeur.
Voyant sa tutrice tourner et retourner la carte dans ses mains, l'air plus angoissé que jamais, elle jeta un nouveau coup d'œil alentour, jusqu'à tomber sur un arbre massif aux branches basses. Elle médita un instant, ses pensées l'amenant vers Emily. Son aînée de la faction n'aurait pas hésité elle. Cette pensée la gonfla de courage et après avoir tapoté gentiment l'encolure de Happy, elle descendit à son tour de selle pour s'approcher rapidement de l'arbre. Elle leva ses yeux vers son sommet. Son tronc était épais, tout comme ses branches et il s'élevait assez haut. Parfait.
L'hésitation chassée par la volonté de les sortir de là et aider Tori, elle posa son sac à dos au pied de l'arbre, laissant même Teto, et attrapa la première branche. Son pied se positionna contre le tronc jusqu'à trouver une bonne prise puis elle se hissa avec une discrète exclamation d'effort jusqu'à se trouver à califourchon sur la branche. Sentant Tori s'agiter, elle tourna ses yeux vers elle et signa maladroitement pour la rassurer.
Je regarde là haut autour vite. Je trouve chemin vite.
Convaincue de sa décision, elle reprit alors son escalade et commença son ascension de l'arbre, utilisant toute son agilité pour aller de branche en branche. Retrouver leur chemin… Rendre fière Tori… elle n'avait que ces idées en tête.
Sujet: Re: Work around the clock Mer 14 Déc 2022 - 12:18
Bon sang, pourquoi est-ce que cette carte n'a aucun sens ? Pourquoi elle n'y comprend rien ? Tori sent une vive angoisse la saisir à mesure qu'elle essaie de se repérer. Mais où sont-elles, bon sang ? La gorge nouée par la peur, la japonaise essaie de ne rien en montrer mais ça devient difficile de maintenir le masque pour rassurer Anya alors qu'elle n'éprouve rien d'autre que de la crainte à l'état pur. La frustration ne passe pas, par ailleurs, elle se dit qu'elle ne s'en sortira jamais, sera obligé de construire un camp dans la forêt, pour tenter de se nourrir ensuite, avec la charge d'Anya alors qu'elle n'est qu'une femme qui ne ressent rien d'autres que de la trouille au quotidien !
Et ça ne va pas en s'arrangeant quand elle voit la jeune fille descendre de sa monture pour s'en éloigner. Le regard suivant cette dernière, elle l'interroge du regard : Anya, qu'est-ce que tu fais ? Les explications tombent, Tori comprend qu'elle veut avoir une vue sur ce qu'il se passe autour. Mais escalader cet arbre ? N'est-il pas trop haut ? Ne risque-t-elle pas de tomber ? Bon sang, elle ne peut même pas lui dire de redescendre, ça serait prendre le risque de la distraire au pire moment et risquer de la blesser sans le vouloir ! La japonaise se sent dans un piège désormais, le genre qui lui semble inextricable pour ses moyens et qui ne font que rajouter une couche de nervosité sur son angoisse déjà vive.
Le pire ? C'est sans doute ce qui suit. Un bruissement plus loin, un grognement qui suit. Et Happy qui vient s'agiter doucement. Tori n'a qu'a se pencher légèrement pour discerner une petite dizaine de morts à l'approche, d'une démarche lente en plus de ça, vraisemblablement très attirés par sa monture : Ne bouge pas d'ici ! Signe-t-elle auprès d'Anya quand celle-ci regarde dans sa direction : Reste cachée et silencieuse, je reviens ! Le temps pour elle de grimper sur le dos d'Happy et de porter son sifflet à sa bouche. Le cheval est nerveux, il piétine un peu sur place mais elle parvient à le contrôler et l'empêcher de partir au galop. Maintenant, ils sont la cible, ils vont pouvoir attirer les morts ailleurs et épargner l'adolescente !
Sujet: Re: Work around the clock Mar 20 Déc 2022 - 20:58
Rester concentrée… Attraper une branche… Stabiliser ses appuis… Se hisser avec les bras…
Tout l’esprit d’Anya était focalisé sur sa tâche. Régulièrement elle jetait un regard à l’épaisse branche haute qu’elle avait repéré en commençant son ascension et qu’elle avait marqué comme objectif à atteindre. De là-haut, elle verrait bien mieux les environs et retrouverait l’emplacement de la route, elle en était persuadée. Sans éprouver la moindre notion de vertige, elle prenait de trouver son équilibre à chaque pas avant de monter. Les branches étaient froides avec le temps, mais elle s’efforçait de l’ignorer. Et puis, elle n’avait jamais eu peur du vide, au moins une angoisse qu’elle ne ressentait pas. Au contraire, grimper elle avait toujours adoré ça, au grand damne de sa mère.
Et en parlant de Jody, elle sentait à chaque instant le regard de Tori sur son dos, aussi inquiet que l’était sa mère à l’époque. Mais cela la poussait plutôt à donner le meilleur d'elle-même, hors de question d’échouer sous les yeux de sa bienfaitrice ! Elle allait les sortir de là ! C’est donc avec une motivation redoublée qu’elle attrapa la branche suivante… Pour s’immobiliser soudain en plein geste. Un grognement… Elle était sûre de l’avoir entendu… Un grognement que tout survivant aurait reconnu entre mille. La fillette tourna vivement la tête vers Tori, et surtout ce qui approchait lentement derrière elle à plusieurs mètres de distance, progressant à travers la végétation vers leur position. Des rôdeurs… Ou plutôt, comme elle avait l’habitude de les appeler, des ogres… Elle retint de justesse une exclamation angoissée. Les créatures progressaient lentement mais sans s'arrêter vers Happy et sa maîtresse. Heureusement celle-ci semblait les avoir repéré bien avant. Néanmoins, la suite s'enchaîna très vite.
Réagissant avec vivacité, Tori remonta sur Happy, sifflet en bouche, et lui signa rapidement de ne pas bouger. “Reste cachée et silencieuse, je reviens !” Les yeux d’Anya s’écarquillèrent et sa bouche s’ouvrit dans un cri d’horreur muet, sa voix étouffée par la peur alors que les souvenirs enfermés dans son esprit rejaillissaient comme le sang d’une plaie mal cicatrisée.
Et quoi qu’il se passe, tu vas rester cachée, jusqu’à ce qu’il n’y ai plus personne.
Les lèvres de l’adolescente se mirent à trembler alors qu’elle assistait, impuissante, silencieuse, à la scène où Tori attirait les mangeurs de chair humaine sur son chemin, talonnant Happy à travers les arbres, l’image se superposant à une autre, bien trop similaire, où une femme attirait quatre hommes à elle pour cacher la fillette apeurée… La boule d’angoisse qui grandit dans son estomac alors qu’elle regardait Tori s’éloigner, emmenant les rôdeurs dans son sillage était si grosse qu’elle en eu la nausée. Ses mains s’agrippaient si fort au tronc de l’arbre que l’écorce durcie par le froid avait commencé à lui rentrer dans la peau. Mais elle n’y faisait pas attention, le regard fixé sur le lieu de disparition de sa tutrice et de ses poursuivants, son coeur tambourinant à ses oreilles. Seule… Elle était seule de nouveau, de retour dans la nature sauvage… Figée sur sa branche comme une étrange pomme de pain, la petite sauvageonne était si médusée par cette idée qui frappait son esprit qu’elle en oublia même son réflexe maladif d’attraper et compter sa mèche de cheveux.
Seule… Non… Non ! Elle ne voulait pas ! Elle refusait d’être seule à nouveau ! Anya secoua violemment la tête comme frappée par une décharge électrique alors qu’elle réalisait ce constat : elle qui avait tout fait pour s’isoler durant des mois suivant les ordres de sa mère, elle était terrifiée à présent à l’idée de se retrouver une fois de plus seule dans les bois ! Cette idée comme une illumination lui donna la gifle nécessaire pour se ressaisir un minimum et étouffer son angoisse pour se concentrer : la route ! Elle était montée pour la trouver ! Les sortir toutes les deux d’ici ! Elle respira profondément et reprit son ascension, jusqu'à atteindre enfin la branche qu’elle avait repéré. Elle se plaça à califourchon dessus et tourna la tête de tous les côtés, observant vivement les environs, scrutant le moindre arbre depuis les hauteurs pour tenter de repérer… Oui ! Là ! Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Sur sa droite, après une butte, la végétation s’écartait, laissant apparaître des poteaux électriques usés par le temps et le manque d’entretien. Ça ne pouvait être que la route ! Se sentant de nouveau gonflée d’une mince bulle d’espoir, la grimpeuse hocha la tête avec conviction et jeta un oeil au bas de l’arbre. Les minutes suivantes furent consacrées à une descente concentrée et méthodique. Il n’y avait personne pour surveiller, ce n’était pas le moment de risquer de se rompre le cou. Après être prudemment descendue de son perchoir, elle hésita, puis sauta avec agilité la dernière branche une fois qu’elle fut certaine qu’aucun autre mangeur d’homme, rôdeur ou animal, ne se trouve dans les parages.
Les pieds enfin sur la terre ferme de nouveau, elle tourna la tête de tous les côtés, dans l’espoir d'apercevoir Tori. Mais rien… Juste les arbres, rochers et tapis de mousse gelés à perte de vue. L’angoisse revint aussitôt à la charge, brûlante dans son estomac comme une balle de plomb chaude. Où était Tori ? Avait-elle réussi à semer les rôdeurs ? Ils étaient trop lents pour Happy, non ? Anya déglutit avec difficulté puis, ne sachant quoi faire de plus et ayant à l’esprit les ordres de sa tutrice, elle recula contre l'arbre et se laissa glisser contre son tronc. Assise ainsi dans la terre et les feuilles mortes, elle continua inlassablement de guetter les alentours.
Sujet: Re: Work around the clock Mer 21 Déc 2022 - 11:54
Elle porte son sifflet a ses lèvres, mais la respiration tremblante, elle peine à souffler dedans en continu. Elle est terrifiée et c'est difficile à cacher, notamment parce qu'elle n'a jamais eu autant de courage qu'elle voudrait le faire croire. Ce n'est pas faute de tout faire pour maintenir une illusion qui s'effrite. Elle maitrise néanmoins Happy comme elle le peut, tandis que le cheval se montre un peu capricieux. A raison : elle non plus n'est pas du tout à l'aise à l'idée de servir d'appât à rôdeurs. Un coup d'oeil en arrière alors qu'elle s'éloigne rapidement lui permet de les compter.
Ils sont... Six. C'est beaucoup pour elle seule, elle n'a aucune idée de comment elle va réussir à s'en défaire. Tenant les rênes d'une main, la japonaise laisse le cheval avancer comme bon lui semble tant qu'il ne s'arrête pas en route, et tire l'arc de son épaule pour venir se positionner correctement. La voilà dos à la route, face aux morts qui viennent d'un pas lent. Réajustant le carquois d'Emilie, elle tente de ne pas trembler. La première flèche est encochée, mais son tir est mauvais et elle rate le mort de quelques mètres. Une seconde tentative passe et le résultat est le même. La troisième flèche se fiche dans un arbre sans avoir ne serait-ce qu'effleurer sa cible.
Une injure lui échappe, l'inquiétude vient la cerner. Elle réalise qu'elle tremble et c'est ce qui vient l'empêcher de viser et d'ajuster sa cible correctement. Tori est dépassée, oui. Mais surtout soucieuse pour Anya, qu'elle ne peut plus voir de sa position. Alors, il y a une autre option... Les amener loin sans essayer de les abattre et revenir ensuite sur ses pas. Sans savoir si ça sera possible, si elle pourra s'en sortir. Sans savoir non plus si Anya restera bien en place et ne cherchera pas à faire une bêtise encore. Difficile de communiquer avec elle mais Tori tâche d'être en confiance...
Sa fille de coeur ne ferait pas ça. Elle n'agirait pas de manière stupide. Elle trouvera une cachette, et reviendra la trouver à ce moment-là, quand elle sera dans la zone. En usant de son sifflet, elles se retrouveront, c'est sûr. La japonaise s'accroche à cette idée, en revenant se placer correctement sur sa monture. Happy a un hennissement agacé de la voir s'agiter, sa patience semble être limitée en la matière. C'est stupide, mais elle s'excuse auprès de lui et c'est sans doute ça le pire. Pour ce qu'il en fait, l'animal ne semble pas lui prêter plus d'attention. Sa vigilance est attachée à l'idée de ne pas se faire croquer.
Sujet: Re: Work around the clock Mer 28 Déc 2022 - 18:01
Une minute… Trois minutes… Quinze…
Appuyée contre son arbre, Anya comptait les secondes qui passaient sans cesser de regarder à droite et à gauche dans l’espoir de voir subitement Tori surgir des buissons. A chaque instant qui passait, la boule dans son ventre grandissait un peu plus. Tori allait revenir… Elle allait revenir… Elle allait revenir, hein ?...
Plus elle observait les arbres autour, plus elle avait l’impression de les sentir se resserrer autour d’elle et d’entendre des bruits sournois provenir de tous les côtés à la fois. Elle avait pourtant vécu six mois en forêt et en solitaire, celle-ci ne l’avait jamais terrifiée… Pourquoi se sentait-elle soudain si angoissée de se trouver là, seule ? Seule… Elle frissonna et secoua la tête, refusant de laisser l’horrible pensée fugace qui l’avait saisie s’implanter dans son esprit. Pour rester concentrée, elle jeta un nouveau regard vers l’endroit où était partie sa tutrice, suivie par un groupe d’ogres affamés. Était-ce normal qu’elle prenne autant de temps ? Peut-être devrait-elle chercher à aller l’aider ?... Non ! Tori lui avait dit de rester ici ! Si elle partait à sa recherche maintenant, elles risquaient de se manquer ! Elle devait avoir confiance en sa bienfaitrice !
Elle interrompit le mouvement qu’elle avait amorcé pour se lever et reprit place assise entre les deux racines de l'arbre. Attendre… C’était la seule solution… Garder courage, enterrer ses angoisses… Elle inspira profondément et attrapa sa mèche de cheveux que Faith lui avait laissé à sa demande lorsqu’elle avait coupé ses pics rebelles et abimés. En réflexe, elle commença à compter mentalement les cheveux dedans, remuant silencieusement les lèvres. Un… Deux… Trois… Qu…
Un craquement l’interrompit. Plus intense, plus proche que les précédents. Elle se tendit comme la corde d’un arc et écarquilla les yeux, tous sens aux aguets. Un bruit mat dans la terre, suivi d’un autre, puis…
“Auurgh…”
Le râle grognant émana de derrière l'arbre contre lequel elle était adossée. Lentement, sans changer sa position, Anya tourna les yeux et légèrement la tête pour apercevoir une silhouette à deux pas de sa cachette. Là, derrière les branches sèche de l'arbuste qui avait poussé contre le tronc, les traits d’un rôdeur lui apparurent. La créature décharnée était probablement morte depuis des mois au vu de la chair pourrie qui s’affaissait sur ses muscles quasiment absents, laissant saillir ses os. Ses orbites étaient si enfoncés qu’il était difficile d’y distinguer ses yeux. La moitié inférieure droite de son visage avait été comme arrachée et on y voyait ses gencives et dents à l’air libre qui claquaient de temps à autre comme pour mâcher un aliment invisible. Anya coupa sa respiration et se figea comme une statue. Doucement, mesurant chacun de ses gestes, elle glissa sa main dans la poche de son sweat et attrapa la poignée de son couteau. L’ogre ne semblait pas l’avoir remarquée encore, mais par contre, il n’avait pas l’air motivé à changer de position pour le moment, observant la forêt de son regard vide. Le coeur de l’adolescente battait si fort qu’elle l’entendait à ses oreilles et ça devenait difficile de contrôler sa respiration…
“Tori… Reviens vite…” supplia-t-elle mentalement sans quitter la créature de ses yeux terrifiés.
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