Sujet: Re: Guilty as charged, broken as it can be | ft. Harper Mar 3 Jan 2023 - 23:41
Je l'ignore. C'est tout ce que je peux faire, alors qu'elle semble tout remettre en question. Rien de ce que je peux dire ne pourra la satisfaire, la faire taire, la faire disparaître. Elle est comme une maladie vénérienne qui refuse de quitter l'entre-jambes de la plus dépravée des putes qui vivent ici. Je la laisse faire, donc. Elle peut bien refuser de croire que je vais m'en sortir. Mais je n'ai pas l'intention d'abandonner. Je trouverai la mort ici, peut-être est-ce la vérité. Mais je vais la trouver en essayant de me battre jusqu'à mon dernier souffle. Je la regarde avec des flammes dans les yeux quand elle me parle de mes jouets, la laissant mariner dans le silence en riant presque. Elle n'a aucune idée de ce dont je suis capable.
« Enfin, il faut ce qu'il faut. » que je lâche sournoisement, quand elle me demande si manquer de tuer Elijah est une raison suffisante pour vouloir me trucider sur place. Mes billes noisette ne la quittent pas, je la provoque, comme j'ai l'habitude de faire quand le désespoir s'incruste trop profondément dans mon âme. Comme si je devais me métamorphoser en son pire cauchemar, parce que c'est exactement ce qu'elle voit en moi.
Mais elle s'énerve. Elle hurle. Elle est en train de perdre ce combat qu'elle semble mener contre sa propre cervelle. Je me crispe un peu, quand elle s'agite, qu'elle me reproche encore absolument tout. J'ai voulu tuer la seule personne qui rend peut-être sa vie un tantinet moins misérable. C'est une erreur de m'avouer une telle chose. De me donner ce pouvoir. « Et New Eden, eux? Ils veulent éradiquer tout ce qu'il reste de bien dans ce monde de merde. » que j'ai à peine le temps de lancer, entre ses mots. Ça ne vaut rien, ça? N'est-ce pas une raison suffisante? Sauf que la folle me répète que devrais viser les bonnes personnes - putain, à l'entendre, je devrais tout savoir par rapport à son culte de retardés. « Bien sûr que non, évidemment que je ne sais pas comment les choses fonctionnent, à l'intérieur de votre petit clan de lavés du cerveau. Je n'ai pas créé le plan. Je n'ai fait que le suivre. Mais toi tu le sais, visiblement. Et tu es quand même ici. »
Elle me demande si je suis fière du résultat. Je ne peux que rager encore plus. Si je ne suis définitivement pas fière de tout un tas de choses, je ne regrette pourtant pas d'avoir fait naître le chaos chez ces cons. « Et toi? J'imagine que tu es particulièrement brillante, à t'entendre parler. T'es fière de tes accomplissements? De ce qui t'as mené jusqu'à moi? » Je la regarde en souriant - ce sourire de petite peste qui pouvait jadis faire disjoncter Vi. Mais de toute évidence, ce qui l'allume, c'est de m'insulter. C'est mignon. Paumarde, brebis galeuse, ratée qui ne capte rien aux règles du jeu. Tout ce qu'elle me crache au visage ne me fait que resserrer ma prise sur son putain de poignet.
« Je n'ai jamais pensé que ça allait tout changer, merde. » que je crache au bout de quelques secondes, agacée de ses suppositions à deux balles. Si ça se trouve, je n'ai jamais vraiment pu réfléchir à tout ça, en réalité. Je n'ai fait qu'agir, comme une idiote. Or, ce qui me fait serrer les dents, c'est plutôt sa façon de murmurer à mon oreille. « Personne ne viendra me chercher. Je le sais. » Est-ce vraiment le cas, pourtant? Ma respiration qui s'accélère à l'idée d'être abandonnée ici, définitivement rejetée de tous, même par ma soeur, m'indique que je ne suis peut-être pas si près de l'accepter. « J'apprends vite. La grande rebelle que je suis ne va pas abandonner juste parce que grand-maman ici présente est trop outrée pour accepter la violence qui est nécessaire au changement. » Est-ce que je la cherche encore? Absolument. N'est-ce pas la diversion parfaite pour éviter de regarder mes propres démons en face? Enfin, c'est elle qui veut jouer à ce jeu là.
Nos regards se croisent, quand elle se relève. Mon poing s'est écrasé sur elle trop vite - pendant un instant, j'ai envie qu'elle me demande si je regrette aussi le geste, juste pour pouvoir lui répondre que non. Mais je vois bien la rage qui sommeille en elle, je peux la reconnaître, parce que le même sentiment m'habite jour et nuit, dernièrement. Alors je la laisse me plaquer contre le mur, comme une poupée de chiffon. Je la laisse même poser la main à ma gorge, je peux sentir ses doigts qui s'enfoncent dans ma chair, qui me coupe la respiration. Si je panique pendant quelques secondes, je tente à peine de me débattre, au final. Comme si je retrouvais soudainement cette brûlure si familière - infligée jadis par celui qu'elle tente de défendre bec et ongles, ironiquement. J'en ai les larmes aux yeux, bien malgré moi. « Je - je n'ai besoin de personne pour, pour - » Je tousse un peu, avant d'enchaîner de ma voix rauque, effacée. « Pour ouvrir les yeux sur mes erreurs. » Je peux le faire toute seule, comme une grande. Tout le monde me reproche tout, de toute façon. Dur de passer à côté. « Surtout pas toi. »
Sauf que plus le temps s'écoule, et plus j'ai l'impression de suffoquer. Ma main se pose sur la sienne - instinctivement, sûrement. Je tente de glisser mes doigts sous les siens pour les dégager, mais elle est dans une rage noire. Son front contre le mien me paralyse, mais moins que ses mots. J'ai l'impression de prendre feu, quand elle parle. Peut-être que c'est ce qui me donne assez d'énergie pour la repousser, finalement. Je lui donne un coup de pied au ventre - faiblement, certes, mais c'est assez pour me dégager. Je tousse, et tousse encore, une main à mon cou et l'autre appuyée sur ma cuisse, penchée vers l'avant pour mieux reprendre mon souffle. Et sans prévenir, je viens la gifler violemment, la fixant avec férocité comme si elle avait pousser l'audace trop loin. Ses accusations m'épuisent, que je veuille l'avouer ou non.
« Bien? Bien, vraiment? » Je ne sais plus si je suis enragée, amusée, ou les deux. Et ma voix se barre pour un mot sur deux, mais je parle quand même. « C'est marrant, quand même. Je suis la conne de service, la fausse révolutionnaire, la reine des erreurs, tout ce que tu veux. J'ai voulu le tuer. J'ai, j'ai tous voulu vous tuer - » Plus je continue, et plus mon ton devient grave.
« Alors pourquoi diable est-ce qu'il m'a sauvé la vie, hein? »
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Sujet: Re: Guilty as charged, broken as it can be | ft. Harper Mer 4 Jan 2023 - 17:41
Guilty as charged, broken as it can be
New Eden - Bidonville | Harper & Hoani
☽ Je parle dans le vide. Je m’époumonne pour rien. Je le sais, n’en suis guère surprise au vu de l’effrontée que j’ai devant moi. Mais en même temps, je ne m’adresse pas non plus à la bonne personne, ne me focalise pas sur la bonne cible. Depuis le début, j’en ai conscience. Depuis le début, j’ai cette voix dans ma tête qui me susurre de me recentrer, de cesser mes éclats. La vérité est que je n’en ai pas envie. La gamine qui se dresse devant moi est un bouc-émissaire parfait. Je refuse de voir autre chose en elle que la méchante de service. L’insultant de tous les noms parce que je ne sais plus aligner deux pensées sans vouloir incendier tout ce qui se trouve sur mon chemin. Et quand elle en rajoute une couche en me répondant sur la tentative portée à l’encontre d’Elijah, je vois rouge. Redoublant mes jurons, mon mépris pour cette écervelée qui croit s’en tirer avec ses neurones défaillants. Voulant détruire ce visage de porcelaine, le marquer de ma haine. L’idée me transplante quelques secondes, pas longtemps, juste assez pour que je capte difficilement ses mots suivants. Rendue ahurie par ses dires, je passe mes mains sur mon visage, nerveuse, lâchant un nouveau rire. Je me fais peur, c’est la petite voix en mon intérieur qui s’en compte, mais je continue de l’ignorer royalement, obsédée par cette étrangère qui juge sans savoir. Qui parle comme si moi, je ne savais pas. « Et t’as appris cette nouvelle seulement maintenant ? » J’ironise, toisant la cruche sans comprendre. New Eden veut éradiquer le reste du monde ? C’est peut-être un poil dramatique, mais ce n’est pas une nouveauté que le groupe veut assouvir sa domination sur la région. « Depuis des années qu’ils existent, tu t’es rendue compte seulement aujourd’hui que New Eden est un danger pour autrui ? » Je clappe des mains, moqueuse, abasourdie surtout, par ces sentences clamées comme de véritables révélations. Sérieusement ?
« Lavés du cerveau ? Oh ça, je te l’accorde, y en a pas mal des aveuglés ici. Mais tu l’es aussi, si tu te contentes de suivre un plan sans info. Du coup explique moi, t’es con de naissance ou tu l’as fais exprès pour te faire choper par New Eden ? » Plus elle m’en dit, plus j’en tombe des nues. Elle est encore plus naïve et idiote que ce que je croyais donc. Reconnaître qu’elle se contente de se conformer à je ne sais quelles directives sans même savoir dans quoi elle met les pieds, se comportant comme un vulgaire toutou, c’est parfaitement ridicule. « Oh par pitié, ne cherche pas à me renvoyer tes fautes à la tronche. Je ne m’en vante pas, de mes méfaits, je ne suis pas contentée par mes bêtises, que je sache. Je ne suis pas toi. » A ânonner ici bêtement, à s’accrocher à cette action qui l’a parachutée sur l’échafaud, carrément. Je siffle, quand elle en rajoute une couche. Elle n’a pas tout à fait tort, mais encore une fois, elle me confond avec le reflet d’un miroir. Je ne suis pas elle, et elle n’a pas la moindre idée de ce qui m’a fait tomber ici. « Particulièrement brillante, non, mais plus intelligente que toi, ça ne doit pas être bien difficile. » Je la prends de haut, mais la vérité est que je me déteste, en l’instant. Parce que j’ai chuté pour une putain de connerie, pour un acte qui me parait si risible, comparé à tout ce que j’ai pu commettre. Mais est-ce que je regrette ma tentative ? Pas pour autant non. En ce sens, on se rejoint, je suppose. « Moi, au moins, j’ai tenté de viser les bonnes personnes. » Et j’ai échoué. Mais pas entièrement, n’est-ce pas ? Je sais que ce que les miliciens ont fait, je sais que cette tuerie orchestrée, enclenchée par ma faute, a marqué les esprits. Et qu’elle en a ébranlé plus d’un. Je le sais, parce qu’il le faut. Et je continue, alors, à la surmonter, dressée contre elle, accolée à cette parfaite étrangère qui me donne envie de gerber.
Mon poignet perd en couleurs tellement elle le serre, mais je sens à peine sa prise sur moi. Sondant jusque dans les tréfonds de son âme alors qu’Harper ne se démonte pas, ni elle ni moi. Elle apprend vite, mais elle ne comprend pas pour autant. Elle n’écoute rien, et j’ai l’impression d’entendre Ela me sermonner lorsque nous nous sommes disputées cet été. C’est comme ça qu’elle me voyait ? Parce que cette fille, là, elle me fait pitié. « Laisse-moi rire, tu n’as pas la moindre idée de ce que j’ai pu faire jusqu’ici. Tu crois que t’es la seule à savoir poser des bombes ? La différence entre toi et moi, c’est que je ne choisis pas une cible au hasard. » Un convoi extérieur à New Eden, sérieusement. Ce ne sont pas les gens qui se baladent dehors, le problème, ce sont tous ceux qui nous emprisonnent dans l'enceinte de ces lieux. Je ne pige toujours pas ce qu’elle comptait apporter, et je ne peux que fulminer. Je suis à bout, et elle me pousse dans mes retranchements. Cette connasse le fait bien, en plus. On en est à comparer la taille de nos ovaires, littéralement.
Et quand mes mains se retrouvent autour de son cou, je vois flou. Ma prise se raffermit, et j’aspire à la voir s’étouffer, à subir cette violence ancrée en moi qui explose, bien qu’au final, ça tombe sur une gamine qui est simplement au mauvais endroit. Je la hais. Je la maudis. Elle représente cette ombre de liberté qu’elle a sacrifié pour des conneries, et qui a failli me coûter la vie du seul être que je suis encore capable d’aimer. Rien ne va, avec Harper, et je veux qu’elle s’en aille. Par n’importe quel moyen. Elle me répond, mais je ne l’entends pas. Ne l’écoute pas surtout, animée par cette vendetta, par ce feu qui me consume de l’intérieur, et qui l’enveloppe de ses flammes malgré elle. C’est son coup dans le ventre qui me sort de ma dangereuse transe. Elle me coupe le souffle et pliée en deux, je recule par réflexe en geignant de surprise. Ma proie semble s’étrangler, au son de sa toux répétée, et je n’ai guère le temps de relever la tête qu’une énième gifle me frappe de plein fouet, me sommant pendant de très brèves secondes. Juste assez pour permettre à Harper de m’asséner sa putain de vérité, qui me fige sur place. Et je me retrouve comme une terrible conne, à la dévisager, hébétée, pas capable de pondre le moindre mot à sa déclaration finale. Je suis juste là, la gratifiant d’un regard ahuri, ne cherchant ni à bouger, ni à la repousser, ni même à la coincer à nouveau. Ça me passe par-dessus la tête là, tout de suite.
Et la réalité se rappelle à moi. Je cligne des paupières, reprends ma respiration autant que je le peux. Avant de lâcher, d’une tonalité tremblotante, qui trahit la naissance de larmes que je refuse de laisser couler : « Parce qu’il vaut mieux que toi et moi réunies, pardi ! » C’est comme une évidence. Et soudainement, cette haine qui m’imprègne, je ne la dirige plus contre Harper en particulier, mais enfin, enfin, contre tout New Eden et ce qu’ils m’ont fait, ce qu’ils nous ont fait. Je me tourne, indifférente à la plus jeune, et ma tête part en arrière, tandis qu’un hurlement s’échappe de mes lèvres : « AAAAAAAAAAH. » La douleur et la colère se mélangent à ce cri qui résonne dans la pièce. Mes iris se posent sur cette bible que j’ai jeté plus tôt, et je cours presque pour la saisir aux pieds d’Harper, l’empoignant de toutes mes forces. Et bien que cela ne fasse aucun sens, je la balance à nouveau à travers la pièce, l’écrasant ensuite de mon talon en maudissant le monde entier : « Putain, putain, putain ! » La scène pourrait s’éterniser, mais elle s’éteint vite, en réalité. Les soubresauts de mes épaules trahissent ma fatigue, tandis que ma crise passe, finalement. Vidée de toutes mes forces, ma tête est penchée en arrière, et je me masse la nuque, tout simplement au fond du gouffre. J’en viens à soupirer en fermant les yeux, raide, sèche, toute émotion ayant quitté ma voix : « Elijah est meilleur que les trois quarts d’entre nous. Il n’aurait jamais dû se trouver ici. » Je renifle. « Tu veux la vérité ? Il n’aurait pas fait parti du convoi que tu visais, je t’aurais applaudie. Putain, je t’aurais acclamée et filé une médaille. » Je crache, puis ricane en m’adressant enfin à elle, en croisant à nouveau ses prunelles. « Mais t’as raté ton coup. Et j’ai raté le mien. » J’ai tout échoué, pour en finir ici. « Qu’est-ce que tu crois, Harper ? Que je me plaisais ici et qu’il m’a soudainement traversé l’esprit que j’aurais mieux à faire ailleurs ? Tss. Cet endroit m’a tout arraché. Tout ce que je veux, c’est qu’il crame, et si on doit tous crever pour s’assurer que ces terres ne renaissent plus jamais, et bien ainsi soit-il j’embraserai moi-même cette putain de ville ! » Je secoue la tête, me frotte le front par automatisme, éreintée. J’en ai marre de me battre seule. Et je me sens plus isolée que jamais. « Tu sais ce qui m’énerve ? C’est que tu sois là, dans un endroit que tu ne comprends pas, et que tu penses avoir bien fait. T’as tout jeté en l’air, putain. Pourquoi ton groupe n’a pas cherché une meilleure solution, hein ? On est là, à se tuer à petits feux à mener une révolution de l’intérieur, et voilà que quand les gens de l’extérieur se bougent enfin, ils se contentent de donner un coup d’épée dans l’eau ! C’est grotesque, c'était un plan minable ! » Je souffle, fort. « Les tiens t’ont évitée la peine de mort, tout ça pour te laisser moisir ici. Est-ce qu’ils savent seulement ce qui se passe réellement entre ces quatre murs ? Parce que je n’ai pas l’impression qu’on se soucie de nous. Et toi non plus, avant, ça ne t’intéressais pas. » Qu’elle ose me dire le contraire. Cinq ans, bientôt six, que je croupis dans cette ville piégée. Elle était où, bordel, tout ce temps durant ?
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Sujet: Re: Guilty as charged, broken as it can be | ft. Harper Ven 24 Fév 2023 - 21:40
« Seulement maintenant? » que je lâche, les traits déformés par l'incompréhension - le jugement bien présent au fond de mes billes. Je m'avance vers elle à nouveau, la dévisageant sans me priver. Elle me reproche vraiment tout, hein? Le fait de poser de tels gestes était horrible et cruel, mon plan était ridicule, je suis l'idiote du village - et la cerise sur le gâteau, maintenant; je n'ai pas agi assez vite à son goût. J'imagine que je devais deviner que la merde était particulièrement puante à Walla Walla. Comme si la merde partout autour, elle, était moins répugnante. « Damned if you do, damned if you don't, c'est ça? » Elle sait très bien ce que je veux dire, n'est-ce pas? Tout ce qu'elle me crache au visage n'est que le reflet de ses propres échecs, de toute façon.
Mais je n'arrive qu'à éprouver un profond dégoût pour sa personne quand elle me demande si je suis con de naissance - qu'elle ose se foutre de moi en me demandant si ma présence ici est volontaire. Quelle putain d'ignorante. « Bien sûr, je me disais que changer d'air ce serait bien. » que j'affirme dans le plus grand sarcasme. Sa voix me fait bouillir le sang, tout ce qu'elle dit me donne envie de lui planter un putain de couteau dans la gorge juste pour qu'elle la ferme enfin. J'avance encore, les deux mains sur ses épaules pour la forcer à reculer - le visage trop près du sien, sûrement. « Brillante ou pas, le résultat est le même. Tu as visé les bonnes personnes? Félicitations. Tu es quand même une disgraciée ici. Avec nous. » Je penche la tête sur le côté, sans la quitter des yeux. « Avec moi. » Et je la repousse enfin sèchement, enlevant mes pattes de sur elle comme si sa peau me brûlait les paumes, soudainement. On ne sait jamais, peut-être que son retard mental est contagieux. « Et New Eden est toujours debout. Alors tu peux bien juger mes échecs tant que tu veux... »
Mais c'est quand je parle d'Elijah qu'elle commence vraiment à perdre les pédales. Certes, il est la cause de mes cauchemars, celui que je blâme pour tant de choses. La raison pour laquelle j'ai souhaité mourir plutôt que d'avoir à endurer ses supplices. Mais il est aussi ce pourquoi je suis toujours en vie aujourd'hui, ironiquement. Notre relation est étrange. Et je ne crois pas être capable de gérer correctement cette situation depuis mon arrivée dans cet enfer. Du coup, je ne sais pas quoi penser. Ma très chère copine est figée sur place, le pire - les larmes aux yeux, je crois. Elle affirme sans l'ombre d'un doute et sans la moindre hésitation qu'il est le meilleur homme de la planète, contrairement à elles.
Je ne sais pas si je suis d'accord avec elle, j'ai l'impression de ne plus trop avoir les idées claires après cette violente et pénible altercation. Je suis épuisée, et à tous les niveaux. Je me crispe devant sa crise de nerfs, la regardant peut-être avec un regard un brin différent, soudainement. J'observe cette pauvre bible se faire massacrer par son talon, ne bougeant pas d'un poil devant cette rancoeur qu'elle semble avoir besoin de vomir sur le monde entier. Elle se calme rapidement, pourtant, m'obligeant du même coup à reprendre le dessus à mon tour. Je me pose donc sur le bord du lit, la regardant en ne sachant plus trop si je devais la détester. Je ne sais plus grand chose, en vrai. J'ai l'impression que je ne suis qu'une gosse un peu à l'ouest dans un supermarché trop grand, là, tout de suite. Mais de là à dire qu'Elijah est un putain de Dieu - il ne faut quand même pas exagérer. Il est à leur service, après tout, non? Même si je sais maintenant qu'il n'adhère pas à toutes leurs politiques. Je reste silencieuse, l'écoutant s'agiter à nouveau.
« Je suis toujours preneuse pour la médaille. » Quoi? Je le mérite, après ces millions de reproches et sa tentative de meurtre par strangulation, bordel. Je ne sais pas pourquoi j'ai cette impression de satisfaction, quand elle parle, d'ailleurs. La moindre petite miette de positivisme me fait peut-être me sentir moins idiote, en un sens. Moins stupide d'avoir tout risqué - et tout perdu - pour ça. Sauf qu'elle recommence à me casser les couilles avec ses présomptions par rapport à ce que je peux bien penser et savoir. Non, je ne pensais pas qu'elle s'éclatait à Walla Walla, évidemment. Mais je note bien qu'elle veut tout faire brûler ici. Si elle est motivée à ce point, peut-être que je viens de me trouver une alliée pour dégager d'ici, un jour.
« Oh, ça t'énerve? » J'ai presque un rire nerveux en le répétant, alors qu'elle continue de parler. « Crois-moi, je suis la personne que ça énerve le plus. » Je plonge mon regard dans le sien quand je parle, comme pour insister. Comme pour lui faire comprendre une fois pour toute que je suis bien consciente de mes choix catastrophiques. Et des conséquences désastreuses auxquelles je dois faire face. Elle me parle de mon groupe, et ça fait mal. Ça fait mal et je ne tente plus de le cacher. La vérité, c'est que je n'ai aucune idée de ce qu'ils savent ou pas. De ce qu'ils veulent tenter ou pas. La majorité ne doit plus vraiment se soucier de moi. Je ne sais même pas si Vi sait que je suis toujours en vie. « Tu sais, les gens pourraient probablement t'apprécier un peu plus si tu arrêtais de planquer des reproches dans tout ce que tu dis. » que je note, agacée. Je la regarde en haussant les sourcils, l'air de lui demander si elle avait enfin terminé son petit discours bourré de critiques faciles à faire.
« Les gens de l'extérieur font ce qu'ils peuvent contre un géant qui est difficile à atteindre. Et qui tape encore plus fort après avoir accuser des coups. Tu peux bien râler et prétendre qu'on ne sait pas ce qui se passe à l'intérieur de ce culte ridicule - mais j'ai envie de dire que tu ne sembles pas capter ce qui se passe dehors non plus. » Je le dis d'une voix grave, parce que tout le monde sait très bien que New Eden ne se laisse pas attaquer sans rien dire. Les répercussions sont cent fois pires. « Tout le monde cherche une solution, mais enfin - tu parles comme si c'était facile, comme si - » Je soupire, m'arrêtant avant de m'enflammer à nouveau.
« Tu veux bien arrêter de remuer le putain de couteau dans la plaie, sérieusement? Je sais que j'ai tout jeté en l'air, okay?! Que je vais moisir ici sans personne à mes côtés, d'accord? On peut arrêter d'en parler?! » Je respire plus vite, soudainement, la voix qui semble vouloir casser. Mais je respire, et je continue, plus posée. « Tu m'excuseras de ne pas avoir été capable d'agir plus tôt. Qu'est-ce que je peux être bête. C'est vrai que j'aurais dû être plus informée. Regarder la télé, lire le journal, je sais pas. » Moi qui commence presque à la tolérer - je ne crois pas que ça va durer.
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Sujet: Re: Guilty as charged, broken as it can be | ft. Harper Dim 9 Avr 2023 - 12:43
Guilty as charged, broken as it can be
New Eden - Bidonville | Harper & Hoani
☽ C’est un rire étranglé qui meurt bien vite sur mes lèvres au commentaire narquois d’Harper. Tu m’étonnes qu’elle la prendrait bien, sa putain de médaille. Je ne pipe mots néanmoins, cherchant à calmer le feu ardent qui brûle en moi. Ne serait-ce que pour quelques minutes, que mes iris arrêtent de teindre d’un rouge carmin, d’un rouge colérique, tout ce sur quoi ils se posent. En les baissant sur mes mains, je constate qu’elles tremblent furieusement, et j’entremêle prestement mes doigts, m’obligeant à contrôler mes nerfs fragiles. Mais c’est un peu trop tard, en réalité. Après ma piteuse démonstration de folie de l’instant, après ma tentative d’en finir avec ma voisine, difficile de croire que je peux encore maîtriser quoi que ce soit ici. De toute façon, tout ce que j’entame se solde par un échec. Même faire taire cette fichue Scarecrow, je n’y parviens pas. Et c’est un soupir long et dépité qui filtre en premier à travers mes lèvres, alors que j’encaisse les paroles suivantes, mes épaules s’affaissant à chaque son de cloche porté. Parce que putain, qu’est-ce que ça me fait chier qu’elle ait raison cette gamine. Le fait qu'Elijah se soit démené pour lui sauver la mise change forcément la donne, mais quand bien même, je ne peux passer outre aussi vite, je ne peux contenir mon mépris, alors que je lui jette un nouveau coup d’œil de biais : oui, ça reste une pauvre idiote qui ne sait pas dans quoi elle s’est embarquée, et qui en paie le prix fort. Quel tableau ridicule !
« Super, ça nous fait une belle jambe, donc, on est toutes les deux énervées et on est toutes les deux coincées dans cette piaule de merde. » Je me surprends à commenter, cessant cette fois de lui jeter la pierre. Assimilant, à retardement je le conçois, que la brunette est comme tout le monde ici : une victime de New Eden. Mais ce n’est ni tout noir ni tout blanc et je ne peux m’empêcher de la juger continuellement, de l’imaginer en train de sourire alors qu’elle planquait une bombe sous le convoi d’Elijah. Et ça me demande de sacrés efforts pour ne pas vriller à nouveau, alors que je rétorque d’un claquement de langue sec : « Maintenant que je suis disgraciée, je peux sortir tous les reproches que je veux, ça ne changera rien à mon sort ici. Alors ne compte pas sur moi pour épargner ta sensibilité et me priver de ce droit, ça me manquait trop de sauter à la gueule des gens. » C’est mesquin et petit, mais je le ressens aussi sincèrement de cette manière. Faut se contenter du peu qu’on a, dans notre position. Elle ne le sait pas, après tout, mais ce n’était clairement pas en étant logée dans les districts qu’on avait le droit de l’ouvrir, après tout. Mais au fond, je m’en fous. Jouer sur la culpabilité, je sais faire. Et j’en ai assez de me détester toute seule, de me blâmer moi-même. Les autres vont tous en prendre pour leurs grades, parce qu’ils ont tous échoués eux aussi. Et ce n’est pas son visage de porcelaine abimé par la vie qui va me faire changer d’avis.
Serrant les poings, je souffle du nez, désireuse de ne pas péter un câble à nouveau. Me raccrochant plutôt à cette situation extérieure qu’elle me décrit comme si j’étais la demeurée de service. Ce qui, en soi, n’est pas tout à fait inexact. « T’es pas au courant encore ? Déjà qu'on nous cache la vérité sur tout ce qui se passe ici, sur les gens qui contrôlent l'endroit alors t'imagines bien qu'on ne va pas nous dépeindre l'extérieur tel qu'il est réellement. Les informations qu’on arrive à récupérer… tu n’as pas la moindre idée des risques qu’on a courus pour essayer d’en savoir plus, et les transmettre à la population. » Bordel, on a carrément improvisé une prise d’otage à l’imprimerie pour diffuser nos propres tracts, si ça ce n’est pas fou. « Mais je te l’accorde : je ne capte rien à ce qui se passe à l’extérieur, et ceux qui viennent de dehors ne saisissent rien non plus à ce qui se passe à l’intérieur. A partir de ce constat, tu ne crois pas qu’il y avait mieux à faire que de planter des bombes sous le premier convoi qui passe ? » Essayer de trouver un moyen de communiquer, à tout hasard ? Pour qu’une révolte marche et qu’on assemble les troupes de tous les côtés, ça me semble être le moyen le plus efficace. Et pourtant, les années se sont écoulées, sans qu’aucun contact n’ait jamais pu vraiment être établi. C’est complètement dingue, et ça me tue qu’on soit passé à côté d’autant d’opportunités manquées. Je ne comprends ce que cette bande de Scarecrows espérait faire avec des moyens aussi réduits. Mais finalement, à la vision d’Harper, je me dis que je ne devrais pas trop vouloir en savoir plus. Imaginer que notre libération éventuelle n’intéresse que des paumards dans son genre n’est pas franchement pour me plaire, et ce n’est pas le zigoto qui a tenté de négocier un pacte avec mon époux qui va me faire penser le contraire non plus. Tout ce que je retiens, c’est qu’on se retrouve dans un sacré merdier, et que toutes les deux on s’est fait baiser. Profondément.
Elle le sait, moi aussi. Et ça devient ridicule, de se provoquer mutuellement alors qu’on est à bout de forces. « Oh ça va, la ferme, j’ai pigé le message. » Je finis par lever les mains en l’air, défaitiste. Moi aussi, faut que j’apprenne à me taire, et je suis tellement épuisée que je finis par me museler moi-même. « J’en ai marre, Harper. J’ai que de la haine pour moi, et ça me tue, d’accord ? Je n’arrive pas à rire de ces conneries, je n’arrive plus à rien. Alors oui, j’ai tout lâché sur toi. Quand on se retrouve en face de la personne qui a voulu tuer votre mari, ça a tendance à mal se passer. » Elle s’attendait à quoi, bon sang ? A ce que je l’applaudisse ? Cela aurait pu être le cas, si elle avait tenté son coup des années en arrière, quand Eric s’est imposé à moi. Mais ce n’est plus le même homme, qui partage ma vie, cette fois, c’est un partenaire que j’ai choisi. « Je ne m’en excuserai pas. Mais t’sais quoi ? J’ai autre chose à foutre que de comprendre tout ton parcours de vie. J’aimerais d’abord trouver un moyen de sortir de ce putain de Bidonville. » Alors qu’elle me lâche la grappe, ou si elle se met encore en travers de mon chemin, je m’assurerai que mes mains soient plus dures lorsqu’elles se refermeront sur sa gorge. J’en ai ma claque de ces conneries.
Ⓒslytbitch.
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CASIER DE SURVIVANT
Sujet: Re: Guilty as charged, broken as it can be | ft. Harper
- Guilty as charged, broken as it can be | ft. Harper -