Tasya s'est enfin décidée à venir au dispensaire. Voilà trop longtemps qu'elle a repoussé ce moment. Les symptômes ne faiblissent pas, elle a toujours des nausées la nuit, le matin. Il faut qu'elle sache si elle est enceinte. Elle n'a pas remis les pieds ici depuis son arrivée voilà plus d'un mois. Il s'est passé tant de choses depuis, mais c'est toujours le même enfer. Ray, Harper, Phoebe et elle vivent toujours au bordel où ils survivent comme ils le peuvent. Elle fait de petits ménages dans les districts, se rend utile comme elle peut au bordel pour payer sa part du loyer et aide Joe à la fabrication des bombes artisanales. Son quotidien bien rempli, lui évite de penser à ce qu'elle a perdu : sa famille, Jacob, ses enfants.
Une fois à l'intérieur, elle s'avance vers un des médecins. « Bonjour, il me faudrait un... un test de grossesse. » L'homme relève les yeux vers elle, attrape un dossier et l'ouvre. « Votre nom, prénom ? » La mexicaine souffle : « Tasya Ross » Presque aussitôt, elle se mord la lèvre et se reprend : « Tasya Cruzz » C'est encore une habitude, elle n'arrive pas à se faire à son ancien nom de famille. Il note son identité à l'intérieur. Elle sait très bien ce qu'il se passera si elle est enceinte. Dans 9 mois, ils lui retireront son bébé. Qu'importe, même si ce sera un déchirement, jamais elle n'imposera une vie de misère à un nouveau-né. Heureusement, la mexicaine n'en est pas encore là. Elle n'est peut-être pas enceinte et c'est peut-être le contrecoup du stress, de l'angoisse.
« Date des dernières règles ? » Tasya secoue la tête. « Je ne sais pas, je n'ai pas eu mon retour de couche. Je.. J'ai accouché le 21 mars. » Et le visage de ses jumeaux revient aussitôt à son esprit et elle doit se faire force pour repousser les larmes qui menacent de la submerger à nouveau. « ça fera 12 tickets de rationnement » Tasya les lui tend. Ce sont toutes ses maigres économies. « Revenez-nous voir si c'est positif » Elle hoche doucement la tête et glisse le test dans sa poche.
Alors qu'elle s'apprête à sortir, son regard est attiré par une silhouette familière. Tasya s'avance, se glisse entre les lits disposés ça et là pour se planter devant la jeune femme : « Hoani ? » demande-t-elle. Elle a du mal à y croire. Comment peut-elle être ici ? Son visage est tuméfié, elle semble avoir été rouée de coups. Avec précaution, la mexicaine la serre dans ses bras. Elle qui n'avait jamais été particulièrement tactile, se retrouve complètement chamboulée depuis. Les visages connus de sa vie d'avant, sont bien trop rares ici. « Qu'est-ce que tu fais là ? » lui souffle-t-elle, complètement abasourdie de la trouver ici. Mille questions se bousculent déjà dans son esprit, mais elle laisse le temps à la jeune femme de lui expliquer ce qu'il en est. C'est finalement la tristesse qui l'envahit, si Hoani est ici, ce n'est pas une bonne nouvelle, cela signifie qu'elle a été disgraciée comme les autres.
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Sujet: Re: Bad news x Hoani : Jeu 20 Oct 2022 - 18:39
Bad News
New Eden - Bidonville | Tasya & Hoani
☽ Mes yeux vitreux sont figés, dirigés vers ce qui me sert de couche depuis que j’ai débarqué ici. Le moindre de mes mouvements me fait mal et ma tête me lance encore, bien des jours après avoir subi les affres colériques des protecteurs du prétendu Messie de ce nouveau monde. Je cligne plusieurs fois des paupières, diverses pensées traversant mon esprit sans pour autant qu’elles ne parviennent à accrocher de quelconques rouages. Je tremble, encore. Toujours, à vrai dire. Je n’arrête pas de me secouer dans tous les sens, quand bien même je n’ai guère quitté les draps trempés de sueur et d’autres saloperies sur lesquels j’ai dormi depuis que je suis ici. Le Bidonville. C’est donc ça. C’est donc comme cela que ça marche ici. Le peu de moyens que j’avais partant en fumée pour de misérables soins qui ne sont pas capables de faire cesser mes migraines sur le long terme. On pourrait me filer un doliprane pour me ressouder un os que cela ferait le même effet. Putain. Je rage, je brule, je bouillonne. Je serre si fort mes mâchoires que mes dents émettent des bruits stridents, dérangeant les plus proches occupants des lieux. Je n’arrive pas à m’arrêter. A me calmer, à souffler, à reconsidérer les choses. C’est juste… trop. Ou pas assez, selon les points de vue. Car quelque soit l’extrémité à laquelle je me tiens, il y a juste rien qui ne va dans cette situation. Rien.
« Rhhhhh. » Je retiens un énième crissement, saisissant un oreiller que je mords brutalement. AAAH. JE VEUX HURLER. Mais le traumatisme crânien se rappelle à moi au même titre que mon corps encore endolori, mes bleus ravivés au moindre de mes mouvements. Urgh. Fais. Chier. Putain. De. Merde. Les jurons se multiplient dans ma tête et mes traits trahissent certainement ce qui ne tourne pas rond dans mon esprit. Je finis par me mettre au bord du lit, ramenant l’oreiller sur les genoux, que je fixe. Lissant par automatisme le tissu qui ne cesse d’être plié et froissé de mon propre fait. J’essaie, vraiment, d’aligner des réflexions censées, d’envisager une action, quelque chose qui puisse rattraper mon sort ici. Mais je suis comme… paumée. J’imagine que c’est toujours comme ça, au début. On est perdu. Moi plus encore dans les méandres de ma propre colère. Qui ne se tarie pas, bien au contraire. Je me pensais enragée auparavant ? Ce n’est rien à côté de ce que je ressens, maintenant. Chaque émotion, chacune plus négative que l’autre me broie le palpitant, cogne ma poitrine et massacre le moindre de mes organes internes. Ça rejoint l’état de mon cerveau qui ne doit plus être beau à voir, comme ça.
Mes dents grincent, encore, si fort que je peine à saisir un écho lointain. Mon nom, apostrophé, d’une voix familière, que je pense imaginer d’abord dans mes pensées. Ah non, je n’ai pas opté pour la schizophrénie, pas tout de suite. Mais l’appel est réitéré, et je redresse la tête. Si vivement que j’en fais la moue, la bile me montant à la bouche. Je ravale celle-ci, fronçant les sourcils quand la silhouette familière de Tasya se dessine devant mes yeux. Oh. C’est vrai, elle est ici aussi elle. Depuis un moment, à vrai dire. Et il y a quelques semaines encore, je me visualisais aux côtés de Mason lui apporter l’espoir d’une rébellion avec l’aide du bidonville. Un idéal qui ne risque plus d’être accompli aujourd’hui. La jeune femme me prend dans ses bras et je n’arrive pas à esquisser le moindre geste. Je voudrai lui rendre son étreinte mais tout mon corps crie à l’aide. Aussi, je me tends, subissant le réconfort malgré moi, soufflant néanmoins de cette chaleur qui me faisait défaut depuis plusieurs jours maintenant. J’avais oublié ce que cela faisait, de voir des visages familiers. Il me faut ensuite un temps indéterminé pour ouvrir la bouche, mon visage encore boursouflé ne rendant pas les choses faciles. Je finis néanmoins par soupirer, un sourire contrit aux lèvres quand je parviens enfin à prononcer quelques mots : « Uuuh, j’ai… j’ai tenté quelque chose. » J’entame, toujours convaincue de ne rien regretter, déçue, malgré tout, que cela n’ai rien changé. Pas encore, du moins. « Mais l’Adonaï… et ses sbires… ils ont pas trop apprécié que.. que je m’attaque à un symbole de New Eden. » Que je le profane, plutôt. D’ailleurs, certains de mes alliés n’ont pas dû aimer non plus. « Tasya je… je ne suis pas celle qu.. enfin je.. merde, putain, mais qu'est-ce qu'on fout là ! » Je lâche, des larmes de colère perlant au coin de mes yeux. Je veux tout faire cramer. Je ne peux plus ignorer ce feu en moi qui brule, et qui dévore tout sur son passage. J’ai envie d’aller plus loin, mais aussi d’aller mieux, de lui dire que le visage d’une amie en ces lieux m’apporte un peu de bienséance, d’un coup, mais je n’y arrive pas. Baissant la tête, enfonçant mes ongles dans cet oreiller qui subit ma rogne, inlassablement. Remarquant, bizarrement, qu’ils sont d’ailleurs rongés jusqu’au sang.
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Sujet: Re: Bad news x Hoani : Lun 24 Oct 2022 - 14:43
« Un symbole de New Eden ? » demande-t-elle, sans comprendre de quoi Hoani parle. « Que s'est-il passé ? » poursuit-elle d'une voix plus douce, l'incitant à lui raconter les circonstances de sa venue ici. Tasya se fait toujours du soucis pour ceux qu'elle a laissé dans les districts. Si la vie y est plus douce, elle sait aussi que le danger y est omniprésent. Elle-même a pu subir les dures lois de New Eden bien malgré elle : le fouet, la bastonnade, la thérapie... La mexicaine sait aussi que certains comme Mason se battent pour changer tout ça, mais à quel prix ? Finiront-ils tous ici eux aussi ?
Tasya baisse brièvement les yeux lorsqu'Hoani lui demande ce qu'ils font là. « Disgraciées... » souffle-t-elle simplement. « Ils estiment que la mort était trop douce pour nos pêchés. » Elle ne voit que ça. Ici, ils n'ont rien, à peine de quoi manger, de quoi se soigner, de quoi se vêtir. Ils n'ont plus que leur souvenirs et leurs regrets. Si elle tient encore, c'est parce qu'elle se raccroche à des miettes, la photo de ses enfants toujours dans sa poche, la visite de Jacob, la présence de Phoebe, l'idée surement vaine qu'une résistance puisse changer quelque chose.
Elle secoue ensuite doucement la tête et jette un regard inquiet autour d'elle, craignant que les médecins ne les entendent. Il ne manquerait plus qu'elles soient dénoncées pour des paroles malheureuses. « Je sais qui tu es... » murmure-t-elle. Quoiqu'elle est fait, c'est surement pour une cause qu'elle pensait juste, Tasya n'en a aucun doute. Hoani s'est toujours battue pour la liberté, pour la justice et elle est une des personnes que la mexicaine admire pour tout cela. « Tu es là depuis longtemps ? » lui demande-t-elle en regardant ses blessures.
« Penses-tu pouvoir sortir ? » Hoani semble affaiblie mais elle se remettra surement plus vite entourée de visages familiers et dans un cocon autre que dans un lit entouré de malades. Ils vont commencer à être à l'étroit dans la petite chambre du bordel, mais elle ne peut pas laisser son amie ici. Phoebe comprendra et elle espère qu'il en sera de même pour Ray et Harper. « Si tu peux marcher, je peux t'emmener avec moi. Je reviendrai payer tes soins plus tard. » Certains des médecins la connaissent, elle n'aura pas trop de mal à les persuader de laisser sortir la jeune femme.
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Sujet: Re: Bad news x Hoani : Mer 26 Oct 2022 - 16:33
Bad News
New Eden - Bidonville | Tasya & Hoani
☽ Je suppose qu’il est normal que Tasya n’arrive pas à comprendre ce que je raconte. A vrai dire, c’est encore flou dans ma tête. Je ramène mon pouce sur le front, que je frotte nerveusement, grimaçant alors que mon autre bras me tiraille, à force de m’énerver inutilement. Me mordillant les lèvres, j’essaie de faire le tri dans mes pensées, d’éclaircir mon esprit qui se remet difficilement des derniers affronts subis. La voix douce de Tasya me retient de vriller, de céder à une inutile fureur, et je me raccroche à la brune alors que j’en viens à dévoiler mes dents en une moue dépitée, piquante aussi : « Uuuh, j’espère que tu ne vas pas à la Messe tous les dimanches. » L’amertume peut se sentir dans mes paroles, et je soupire, défaite. Admettant dans un murmure la comédie qui m’a fait atterrir ici : « J’ai euh… Il y a eu un rassemblement, où Richards… enfin, l’Adonaï, était présent. Ce bon sieur n’a pas trop apprécié que je.. Hem, que je déchire la Bible en petits morceaux, apparemment. Ni que je crie à l’imposture et appelle à la justice. » J’ai un reniflement, à ces mots, secouant la tête. Vraiment. Le dire à haute voix, ça rend non seulement la chose affreusement concrète mais d’autant plus grotesque. A côté des accusations qui ont poussé Tasya, Phoebe et Ray au bidonville, j’ai l’impression d'être jetée ici pour des broutilles. « Avec tout ce qu'on a accompli ces derniers mois, c'est ça qu’on va retenir le plus, tu te rends compte ? » Je me lamente, presque, et j’enfouis ma tête entre mes mains. Bon sang, sortez-moi de cette pièce de théâtre, c’est beaucoup trop abracadabrant pour être vrai.
Mais il n’y a pas que ça. A vrai dire, pas du tout. Et je finis par confier, les iris esquivant le regard de mon amie alors qu'elle admet savoir qui je suis : « J’ai voulu montrer ce qu’il était vraiment tu sais, lui et ses chiens de généraux et... ça a fini en véritable massacre. » De toute évidence, les hautes sphères de New Eden peuvent accepter qu’on explose ses bâtiments, mais pas qu’on renie la religion du faux prophète. Et il n’a suffit que de ça, pour déclencher le chaos le plus total. Qu’importe l’interprétation du geste, au fond, ce que j’ai fait a enclenché une salve d’événements destructeurs. Je ne sais pas encore qui d’autres en a payé le prix, enfermée ici. Mais la violence s’est répandue comme une traînée de poudre et j’ose espérer que l’inhumanité des hommes de Walla Walla a pu enfin être perçue par ses habitants. Je l’espère. A défaut de faire montre de scrupules, puisque je ne parviens pas à me convaincre que j’aurais pu faire autrement. Je ne regrette pas, malgré la lourde sentence broyant mes épaules aujourd’hui. D’ailleurs, j’ai un ricanement qui accompagne mon hochement de tête quand la puéricultrice explique le concept de la disgrâce. Serrant les poings, je crache presque : « Les seuls pêcheurs que je vois ici, ce sont ceux qui sont de l’autre côté de la barrière. Ils vont le regretter, un jour. La mort est trop douce pour nous, mais ils finiront bien par la souhaiter à leur tour. » C’est presque une promesse qui prend forme, alors que je tranche en grimaçant. « Ce n’est pas une finalité. La disgrâce. Tu le sais, hein ? »
Je relève les yeux vers elle, cherchant une mince lueur d’espoir. Pour qui, de nous deux, je pose cette question au juste ? Je sais pourquoi elle est là, depuis combien de temps. Mais je ne sais pas l’effet que cela a sur cette femme qui a souffert plus que quiconque de cette société archaïque. Mes prunelles se détournent, et je rétorque en un souffle : « Une quinzaine de jours, je dirais. J’ai perdu le fil, je n’étais pas trop en état de me rendre compte de tout ce qu’il se passait. » Je ne sais, à vrai dire, par quel miracle j’ai fini au dispensaire. Et je n’ose imaginer le prix à payer pour ces soins merdiques, mais à la hauteur des moyens du quartier malheureusement, qui m’ont été administrés. Quelle galère. « Je euh. Oui. Je peux marcher. » J’affirme, quoi que je n’ai pas vraiment essayé de tenir debout depuis un moment. Je plisse les yeux, concernée : « Où est-ce que vous logez, avec les autres ? Enfin je veux dire… qu’est-ce que vous faites pour tenir ici ? Je... merde Tasya, je suis désolée, j'aurais dû essayer de venir vous voir d'une manière ou d'une autre. » Je suis sincère. Comploter dans l'ombre, dans les égouts, ça ne rattrape pas mon absence alors que certains ont échu ici. De toute façon, je pense que j'aurais la réponse à ma question sitôt que je sortirais d’ici. Mais c’est comme si j’attendais une nouvelle raison pour tout envoyer valdinguer, ici. En ai-je vraiment besoin, néanmoins ?
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Sujet: Re: Bad news x Hoani : Jeu 27 Oct 2022 - 23:14
Tasya fronce les sourcils, est-ce qu'elle va à la messe tous les dimanches ? Hmm, pas vraiment. Si elle s'est déjà rendue à la petite chapelle du bidonville, elle est très loin d'être la plus fidèle des croyantes. « C'est compliqué » avoue-t-elle. Sa foi a été pas mal remise en question ces derniers temps. Elle aimerait pouvoir s'y raccrocher, lire la Bible et y trouver des passages réconfortants, mais elle est tombée beaucoup trop bas pour se raccrocher à quelques chose qui n'est pas physique. La mexicaine trouve du soutien ailleurs, auprès de son alliance, de la photo de ses enfants, du pendentif que Mason lui a donné et surtout, en ses souvenirs. La foi passe après. Elle écoute attentivement les explications de la jeune et ouvre grands les yeux lorsque cette dernière lui avoue qu'elle a déchiré une Bible en petits morceaux puis qu'elle a crié à l'imposture et réclamé la justice. « Oh » souffle-t-elle, surprise. Sa main passe dans sa nuque. Hoani vient de lui révéler beaucoup de choses. Certes, son acte est regrettable dans le sens où elle finit ici, mais Tasya prend conscience que les choses évoluent aussi un peu dans les districts. Elle se mord la lèvre, effectivement, après tout ce qu'Hoani a fait pour la résistance, qu'elle atterrisse ici à cause d'une Bible déchirée est assez affligeant. « Ils t'ont frappé du coup ? Est-ce qu'ils t'ont torturé ? » Avait-elle révélé d'autres noms ? Une lueur de crainte passe dans son regard. Tasya doit-elle s'attendre à ce que Elliot, Grace, Mason et tous les autres la rejoignent ici ?
La mexicaine se sent pâlir un peu plus. « Un vraie massacre ? » répète-t-elle. Son ventre se noue et ses doigts s'accrochent entre eux. C'est sa pire hantise, qu'il arrive quelque chose à ceux qu'elle aime, là-bas quand elle est coincée ici. « Ils ont tiré sur la foule ? » Ce n'était pas la première fois que ça serait arrivé. Elle a encore en souvenir la tragédie de l'année dernière, au couvent. Ils avaient touché des innocents, beaucoup d'innocents. « Ce n'est pas de ta faute en tout cas » Il ne faut pas qu'Hoani se sente coupable de ça. « Ce n'est pas la première fois qu'ils font ça, quand la population va-t-elle ouvrir les yeux ? » De plus en plus de personnes étaient tuées ou envoyées ici, au bidonville. Combien de familles devront être brisées pour que les gens ouvrent les yeux ?
Aux paroles chargées de haine de Hoani, Tasya baisse les yeux. La brune secoue doucement la tête, elle n'est pas d'accord, oh si la disgrâce est une fatalité. « Vivre ici, être considérée comme une chose que l'on peut malmener, violer librement, devoir vivre sans rien, loin de sa famille, tu considères ça comme quoi ? » Elle en tout cas, a bien du mal à voir quelque chose de positif dans tout cela. « Désolée » souffle-t-elle. Hoani n'a pas besoin d'entendre ça, elle doit déjà souffrir d'avoir atterrit ici, mais si elle pense que la vie est acceptable, elle se trompe. Tasya tient, pour les siens, mais l'idée de baisser les bras lui trotte souvent dans la tête.
La brune hoche la tête et l'aide à se mettre debout. Les questions s'enchainent et la mexicaine esquisse un sourire. Hoani doit en avoir beaucoup, forcément. Elle lui fait signe de patienter et prend le temps d'aller vers les médecins pour leur expliquer la situation. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu. L'homme lui demande un paiement immédiat. La mexicaine n'hésite pas une seule seconde et lui tend le test de grossesse qu'elle était venue acheter avec ses maigres économies. Ce n'est pas une priorité. De toute manière, elle est quasiment certaine du résultat. « On y va » souffle-t-elle en revenant vers Hoani. En quelques pas, elles sont dehors. « Nous avons une chambre au bordel, on y vit tous les 4, Ray, Phoebe, moi et une jeune femme que nous avons rencontré ici. Ray bosse comme médecin, je rends des petits services à droite ou à gauche ou je fais du ménage dans les districts » Elle esquisse un sourire mais le cœur n'y est pas. « Ce n'est pas du grand luxe mais nous avons un toit sur la tête et un repas par jour » Sa main balaie les airs devant elle. « Tu n'aurais rien pu faire de plus » Même si elle était venue, qu'est-ce que ça aurait changé ? Pas grand chose. « Alors ce n'est pas grave, ne t'en fais pas » Elle ne lui en tient pas du tout rigueur.
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Sujet: Re: Bad news x Hoani : Jeu 24 Nov 2022 - 18:14
Bad News
New Eden - Bidonville | Tasya & Hoani
☽ La discrète exclamation de Tasya m’arrache un énième rictus, un de ceux que je n’arrive pas moi-même à définir. Ses réponses innocentes pourraient m’amuser, si mes propos en retour n’étaient pas aussi sérieux, aussi affligeants, également. Je pousse un nouveau soupir, mes côtes broyées regrettant chacune de mes respirations. Conservant le silence quelques secondes, tandis que Tasya assimile ce que je lui ai dévoilé. C’est probablement la première fois que j’émets un tel aveu de culpabilité, de participation à cette résistance de l’ombre si ouvertement. Ce n'est pas comme si elle le savait déjà, de toute façon. Elle en fait partie aussi, chacune agissant à notre manière. Quoi que je ne le crierai pas sur tous les toits, je ressens le besoin de faire savoir à Tasya que je ne suis malgré tout pas ici par un simple triste coup du sort. Ou peut-être que c’est moi, que j’essaie de rassurer, quand on voit que la disgrâce m’a trouvée quand je m’y attendais le moins. J’avais beau me préparer à cette éventualité, je ne me voile pas la face. Je n’aurais pas cru que cette bible déchirée me mènerait autant à ma perte. Je serre plus encore les poings, retiens cette bile de traverser ma gorge, en la ravalant nerveusement. Et à la nouvelle question de ma camarade, je lâche un gloussement fébrile, sec et tendu autant que tout le reste chez moi. Elle doit me croire folle, mais je m’en fiche. Plus rien ne va ici, et même les figures de New Eden perdent les pédales. « Non, ces crétins ont dû me prendre pour une demeurée hystérique, ils n’ont pas pris la peine de m’interroger. De toute façon, je n’aurais pas été en état de parler. » Même avec toute la bonne volonté du monde, je n’aurais pas su réagir. Je n’arrive même pas à me souvenir de comment j’ai pu être amenée en ces lieux, c’est dire. « Quels idiots. Ils ont voulu jouer les gros durs lors du rassemblement, mais ils n’ont pas réfléchi à la suite. » Bon, moi non plus, une fois battue et mitraillée par les soldats. Il n’empêche. Les autorités ne sont pas aussi fines qu’elles veuillent le faire croire. La preuve en est, ma présence ici, sans que je n’ai même été considérée comme une rebelle potentielle. Les cerveaux sont passés aux fourneaux, chez eux, et cela m’arrange. Cela veut dire que je peux encore continuer le travail. N’est-ce pas ? « Rassure-toi, aucun de nos alliés n'a été mis en cause suite à ce que j'ai fait. » je chuchote alors. Aimant à croire que dans le cas où j'aurais été torturée, je n'aurais pas cédé. Mais j'ai simplement échappé à cette possibilité, pour le meilleur et pour le pire.
J’hoche la tête aux conclusions tirées par mon interlocutrice, peinant à admettre que j’ai été à l’origine de cette débandade. Elle a beau essayer de me rassurer sur ce point, ce ne serait probablement pas aller si loin si je n’avais osé remettre ouvertement en cause la religion si prônée par les… comment on appelle les résidents de cette société tiens ? Je me rends compte que je ne l’ai jamais su. Mais ce que je garde le plus pour moi, c’est mon incapacité à regretter mes actions. Et même ce massacre. Je suis presque heureuse que ces foutus soldats aient tiré dans le tas, et que des gens, des innocents, ont pu en être témoins. Qu’est-ce que ça veut dire pour mon âme ? Mieux vaut ne pas analyser cet accablant bilan. Plus le temps passe, et moins je vaux mieux que ceux que je dénonce. A croire qu’on doit forcément devenir un monstre et adopter les mêmes méthodes défaillantes pour contrer nos ennemis et leurs actions. « J’espère qu’ils ouvriront les yeux un jour mais Tasya si tu savais… le nombre de gens, de gamines, défendant l’Adonaï. » Je passe une main sur mon visage, honteuse, pestant contre ces moutons aveuglés par New Eden. « Ils pensaient que nous étions les méchants de leur histoire. C’était… horrible, les écouter, entendre de tels propos à notre encontre, comme si nous ne méritions que d’être exécutés sur le champ. » Je rabaisse mes paumes, garde quelques instants mes iris fixés sur celles-ci. Une douleur sourde m’assaille, mais je ne suis pas certaine qu’elle soit physique. Il y a quelque chose de brisé au niveau de mon crâne, qui dépasse une simple brutalité militaire. « A croire que même une tuerie de masse ordonnée par l’Adonaï serait justifiée à leurs yeux. Regarde, ils ont tiré dans la foule et elle continue de se terrer comme des rats. » Je m’énerve, encore, toujours. Mon ton est haussé malgré moi et je pige sans mal, au vu des têtes qui se tournent dans le dispensaire, qu’il vaut mieux baisser le volume. En reniflant, je finis par me taire, tout simplement.
Attentive aux phrases de Tasya, qui paraît énumère d’indignes sentences. Je fronce les sourcils à ses dires, poignardée en plein cœur à ses mots, réalisant difficilement que sa destitution a été, pendant longtemps, mon propre vécu. Avant Elijah, quand Eric s’était imposé dans ma vie. Dans ma maison, dans mon lit, en moi. Je retiens un haut le cœur et ferme les yeux, en soufflant doucement. « Ne t’excuse pas. Je… j’ai toujours considéré ma propre vie comme une… hem, l’équivalent d’une disgrâce, justement. Je ne pense pas toujours à ceux qui ont pu construire quelque chose ici. Je suis désolée, Tasya, tu ne mérites pas ça. C’est injuste, pour toi, pour tes proches. Mais je refuse de croire que ton parcours, le nôtre, se termine ici. » J’aimerais la soulager. Plus que d’essayer de la convaincre du sens de mes paroles. Mais je suis probablement la personne la moins bien placée pour cela. De par ma présence ici, de par mon incapacité à saisir ce qu’elle a pu réellement trouver de bien à cette ville. Cette éviction semble être une finalité pour elle, une condamnation dont elle ne peut s’en tirer. Pour moi, ce n’est qu’une étape de plus, un énième fond que je touche, et qui me rend de plus en plus féroce. Animale, sauvage, même. Oh, bon sang. Qu’est-ce qu’on devient ici ?
Finalement, l’air frais, enfin, si l’on peut s’en contenter, atténue mes tremblements, et me rassénère, tout légèrement. Je ne me rends pas compte que la brune a dû payer mes frais, je le réaliserai sûrement plus tard. Pour l’heure, je me contente de tiquer quand Tasya parle de son petit groupe, omettant un nom en particulier. « Et Phoebe, elle fait quoi ? » Je l’interroge, suspicieuse, mais c’est inutile. Je connais déjà la réponse, je redoute seulement qu’elle me soit imposée également. Je ne m’attarde pas sur la mention d’une quatrième personne, je ne la capte pas, à vrai dire. Je me contente de suivre mon amie, jusqu’au Bordel. Ma gorge se noue à cette approche inévitable, tandis que la mexicaine essaie me rassurer. J’esquisse une moue mitigée, peinant à me montrer convaincue. Gardant finalement le silence tandis qu’elle m’ouvre la voie sur ce nouveau « home sweet home ».
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« Tant mieux » soupire Tasya. Elle sait maintenant de quoi New Eden est capable pour soutirer des informations ou des aveux aux prisonniers et elle ne le souhaite pas à Hoani. Elle secoue doucement la tête quand Hoani parle des alliés qui ne sont pas tombés et ses yeux se ferment pour laisser échapper un soupir de soulagement. Elle ne veut pas que Mason, Elliot et les autres finissent là eux aussi. C'est déjà difficile de voir Hoani arriver là. C'est un espoir de moins pour la rébellion. New Eden aurait pu la torture, chercher à savoir qui étaient ses compagnons rebelles mais ils n'en ont rien fait, et tant mieux pour eux.
Tasya garde le silence quand Hoani parle de ces gamines qui idolâtrent l'Adonai. « Quand je bossais à la clinique, j'en voyais des tas. Des jeunes mères venues accoucher de leur bébé issu d'une relation tout sauf saine. » Elle pense notamment à Daisy et son mariage avec le docteur Newman. Ce n'est pas seulement leur plus de 30 ans d'écart qui choque, elle-même a un grand écart avec Jacob, mais le fait que le général ait plusieurs femmes. Ces mariages l’écœurent. « On leur a complètement lavé le cerveau. Elles n'ont connu que ça, c'est leur normalité » souffle la mexicaine. Ce n'est pas la première fois que ce genre de chose peut s'observer dans l'histoire. Des tyrans sont au pouvoir et certaines parties de la population l’idolâtrent. La tuerie de masse ordonnée par l'Adonai lui fait froid dans le dos. « Elles doivent se satisfaire de ce confort, de cette certitude. C'est difficile de remettre en question toute une existence » La brune se tourne vers Hoani, elle ne leur cherche pas d'excuses mais à ses yeux, elles sont tout autant des victimes qu'elle ou la jeune femme en face d'elle. Des victimes d'un système cruel, injuste et oppressant. Même au fond du trou, même acculée dans la misère, même séparée de sa famille, Tasya ne parvient pas à considérer New Eden comme blanc ou noir. Dans son esprit, c'est encore terriblement nuancé, elle en veut aux autorités, à ce système injuste mais elle ne veut pas tout abolir. Ce serait trop dangereux pour sa famille.
Tasya hoche doucement la tête. Elle oublie que Hoani n'a pas choisi la vie qu'elle a ici. Si la mexicaine a eu la chance de faire un mariage d'amour, ce n'est pas le cas de tout le monde. « Personne ne mérite ça » souffle-t-elle simplement. Non, aucun être humain ne devrait vivre ici, dans la misère, la faim, la pauvreté. Et pourtant, si elle garde un peu d'espoir de sortir un jour d'ici, il est faible. Elle n'ose pas l'interroger sur ses enfants, ils vont vivre séparément désormais. Tout comme la mexicaine, Hoani ne les reverra plus, est-ce qu'elle en a conscience ? Si ce n'est pas le cas, la chute sera encore plus grande probablement. Elle ne sait pas la relation qu'entretient la mère avec les siens. « Il faut que ça change » chuchote-t-elle. A quel prix ? Comment ? Elle a l'impression de vivre isolée de tout depuis qu'elle est ici.
Le regard de Tasya devient plus fuyant quand Hoani lui demande ce que fait Phoebe. « Elle... travaille au bordel » Elle n'arrive même pas à lui dire avec des mots clairs ce qu'elle fait là-bas, mais l'insinuation est suffisamment forte pour qu'Hoani le comprenne. « C'est compliqué de trouver de la nourriture, des soins médicaux, il faut travailler pour cela et le boulot ne court pas les rues... Ou c'est assez mal payé. » Ou du moins, avec leurs capacités et même sans cela, ils avaient eu besoin de beaucoup de tickets de rationnement en arrivant ici, ils avaient tous été blessés plus ou moins gravement. L’œil de Phoebe, la jambe de Ray, ses fractures, tout cela avaient nécessité des soins coûteux au dispensaire. Elle cherche presque à justifier que Phoebe fasse ce boulot. Elle ne peut pas s'empêcher de culpabiliser, elle aimerait tant tirer sa belle-sœur de là, mais sans le boulot de Phoebe, ils perdraient leur chambre au dispensaire et seraient tous dans une misère encore plus grande. « Tu vas tenir le coup ? » demande la mexicaine, inquiète. Le trajet jusqu'au bordel est encore un peu plus long et Hoani semble particulièrement affaibli.
Elles continuent à marcher, Tasya vient spontanément l'aider à aller de l'avant, comme on l'a fait pour elle il y a quelques semaines. Ses propres fractures sont en bonne voie de guérison même si elles restent douloureuses par moment. « On y est presque. » assure-t-elle. Quand enfin le grand bâtiment est en vue, la mexicaine se tourne vers Hoani. « On y va ? » Elle a peut-être besoin d'un peu de temps avant de passer la porte, consciente que c'est ici que va se jouer son avenir désormais. Même si elle ne se prostitue pas, comme Tasya, elle y passera du temps...
Message In A Bottle
Just a castaway, an island lost at sea, another lonely day with no one here but me More loneliness than any man could bear Rescue me before I fall into despair