The Walking Dead RPG

« Demander à Ace ! » Pas à tous les mecs lambdas qu’elle pourrait croiser au camp. Même si ce s’rait drôle de l’entendre demander à chaque mec s’il s’est fait casser la gueule par un gamin. Gamin qu’est aussi grand qu’moi. Mais d’un autre côté, il est pas beaucoup plus jeune qu’moi. Et ouais, c’est un sujet sensible, c’quand même pas compliqué à piger. J’la regarde en coin et j’finis par hausser les épaules avec une moue. « C’pas grave. » Des fois mon cul ! Elle est comme un putain d’éléphant dans un magasin de tasses.

Et toute façon, elle le sait bien, vu qu’elle confirme quand je lui dis. Si elle attendait d’moi que j’tente de la rassurer, elle se fout le doigt dans l’œil. J’ai aucun intérêt à lui mentir, elle épargne pas mon égo, j’vois pas pourquoi j’le ferais. D’autant qu’elle est super douée pour emmerder son monde… ou pour sortir un tas de conneries en parlant de sa June… J’dis pas qu’elle est pas badass, ou qu’c’est pas une super cheffe, mais c’est flippant de foutre quelqu’un sur un tel pied d’estale. Piedestal ? Bref, d’admirer une personne à c’point-là. « Donc c’pas une politique et elle gère… tout le monde, militaires ou non, sans problème. » Un peu comme les dictateurs non ? Ou les sectes ? « Okay… Pas cool, mais méga badas. J’en doute pas. » Ils parlent tous d’elle comme ça ? C’est vraiment flippant ouais. Les groupes c’est naze.

Ah j’l’ai vexé, et pas qu’un peu. Pourtant, j’ai dis que j’ferais un effort et que j’viendrais. Enfin, j’vais pas insister pour qu’elle maintienne cette soirée à laquelle j’voulais pas aller. « J’sais pas. Lukas m’file des comics à lire. On a des jeux d’cartes, de société. On a un coin feu d’camp, c’est plutôt chouette quand il fait bon. On fait des trucs. » Je hausse les épaules et je la fixe sans comprendre totalement. « Me fais pas croire que tu passes toutes tes soirées à faire la fête, ce s’rait pas crédible. » Si ? Quel genre de cinglé ferait ça ?... J’me renfrogne un peu et détourne le regard. « Fais ta soirée. J’essayerai de pas faire la gueule et ptet même que je survivrais à cette épreuve. » Je tente un sourire. « Si ça se trouve, j’trouverai ça trop cool et je m’amuserais. » On peut toujours rêver.

Moi j’aime pas les gens, c’qui fait que j’suis pas super à l’aise en général et que j’me sens rapidement étouffer. Mais elle… Tain, j’crois que j’ai jamais méprisé une personne autant qu’elle le fait avec tous ceux qui sont pas de chez elle. C’est assez ouf quand même. « T’as d’autres qualités. » Sans doute. Mais pas la gentillesse. Ni le tact. « Tu trouverais ça drôle si j’disais ça d’ton Yuan ? » Elle peut dire c’qu’elle veut, j’suis sûre elle l’aime bien, pas autant que moi avec Lukas, mais quand même, on plaisante pas sur la mort des gens quoi.

Quant à jouer l’espionne, même si l’idée parait hyper fun, ça colle pas trop à ce qu’on en sait. « C’est clair. Faut avoir des cases en moins pour s’trimballer des marmots. » Ou pour en vouloir. J’la fixe un instant en silence, hochant lentement la tête. Si j’disais à Lukas qu’elle me trouve cool, ça l’ferait trop marrer ce p’tit con, déjà qu’moi j’trouve ça chelou. J’fronce les sourcils, avant d’grimacer un sourire. « J’te traite de connasse, c’est d’bonne guerre que tu m’traites de pétasse. Même si j’en suis carrément pas une. » J’lui jette un coup d’œil. « J’suis trop cool, t’as déjà oublié ? »

Visiblement oui. Ou le côté gueux est trop important pour qu’elle puisse passer outre longtemps. Et non, j’me vexe pas trop vite ou pour rien, c’carrément pas mon genre. J’fronce les sourcils alors qu’elle commence à s’plaindre. Mais elle est sérieuse là ? Le pire, c’est que ouais, elle est on ne peut plus sérieuse. J’ai un instant d’hésitation, avant de soupirer. « C’est vraiment tes seules alternatives ? Tuer ou inviter à une soirée ? C’est vachement extrême. » Je la regarde. « Déjà dire aux gens que les buter est une option, c’est moyen, ça risque de braquer un peu. Deuxio… C’pas un acte de bonté que d’prendre les autres pour de la merde. Tu m’demandes si j’ai des fringues ou si j’ai du savon quoi. Au mieux, c’est d’la pitié, et blessant. Venant d’toi et vu la façon dont tu parles des gueux, c’pas vraiment pour être gentil. » J’sais pas trop c’qu’elle attend de moi ou c’qu’elle veut que j’lui dise. « Essaie d’arrêter d’être méprisante et d’juger tous ceux qui sont pas d’ton camp. Etre traité d’pouilleux, c’pas agréable. » Au cas où y aurait besoin d’le préciser. « Ce serait déjà une bonne base, et ça éviterait que les gens aient envie de te cogner dès la première rencontre… » J’grimace avant de reprendre en haussant les épaules. « Et sinon… Me parler, c’bien, m’supporter aussi. Tu sais, les trucs basiques quoi, considérer les autres comme des êtres humains, ce genre de trucs. » Venant de moi, c’est un peu du foutage de gueule. Mais au moins, moi, c’est tout le monde que j’aime pas, j’suis super neutre en vrai !

- Ouais, grosso modo, c'est ça !

June gère tout le monde et tout va bien dans le meilleur des mondes ! Mais même si les compétences de la rouquine ne peuvent qu'éclabousser ses observateurs, Zelda reste consciente que tout ceci reste un brin caricatural. Enfin non... Y'a quand même des soucis, parfois ! Il y a même eu une révolte quelques années plus tôt. Et puis les bombardements, les attaques, les rôdeurs. Rien d'inhabituel en soi. Mais c'est ça, l'truc ! June, les problèmes, elle les défonce ! Et l'australienne hoche la tête avec gravité comme pour bien souligner la bravoure de son héroïne. Vraiment, Jodie n'a aucune raison de douter !

Oh bah on peut aussi faire un feu et on a des jeux qui doivent traîner quelque part ! Ce programme ne la dérange pas particulièrement non plus. Tant qu'il y a de quoi fumer un peu et que la gueuse ne joue pas la banque au Monopoly, ça lui conviendrait. Quant à l'accusation injuste de sa fan, Zelda ne voit pas trop quoi y répondre. Oh non des fois j'bosse au bar ou j'fais des corvées ! Surtout des corvées, ces temps, d'ailleurs ! grogne-t-elle. Et puis il y a aussi toutes ces soirées tranquilles, passées avec Ka' ou un cercle plus intime d'amis. Une vie d'ado presque classique ? Vient ensuite ce moment où Jodie semble faire contre mauvaise fortune, bon gré. Et accepte de venir à la soirée. Maintenant qu'je sais que t'aimes pas ça, j'aurais l'impression d'mener un porcinet à l'abattoir si j'acceptais qu'tu viennes ! Non, clairement, elle ne va pas lui imposer ce qui doit ressembler à un enterrement pour elle. Tu ferais peur aux invités, en plus ! Surtout si elle ne fait pas d'efforts. Et des efforts, elle ne devrait pas en faire pour rien. Personne, en fait !

Toujours est-il que malgré ses maladresses sa pote lui prête tout de même d'autres qualités. Merci ! Ca fait au moins une personne de plus qui reconnait ses talents, comme ça. Sauf que l'australienne reste socialement inapte à faire des blagues vu la réaction de Jodie à la sienne sur son frère. Elle évoque même Yu pour lui montrer ce que ça fait, de rire des gens à qui l'on tient ! Déjà c'est pas mon Yu', et ensuite... Non, sûrement pas ! admet-elle. C'est bon, elle a saisit le message. Et elles trouvent l'occasion de se mettre d'accord peu après, en évoquant ces femmes qui donnent la vie dans le monde des morts. Pour moi, la maternité, c'est une sorte d'appel au secours ! Ces femmes veulent en finir avec la vie, c'est évident ! juge-t-elle, suffisante. C'pas comme si c'était difficile d's'ouvrir les veines non plus... Y'a pas besoin d's'infliger ça, quoi ! Celles qui devraient aller voir Zi, dans le fond, ce sont peut-être les génitrices compulsives ? Amen, ma soeur ! lâche-t-elle ensuite fort religieusement lorsque Jodie lui rappelle que s'insulter, c'est de bonne guerre. Quelque part elle avait un peu peur de ne pas avoir le droit. Les insultes, c'est la vie ! Et ouais, d'accord, Jodie reste quand même super cool malgré ses origines discutables, son style de vie étrange et ses activités nocturnes ! Étonnement cool, même ! Zelda n'a toujours pas trop compris pourquoi elle l'apprécie autant, celle-là...

Surtout quand l'autre s'enflamme et lui balance plus ou moins ce qui doit ressembler à ses quatre vérités. L'australienne reste stoïque. Ou plutôt, surprise. Même si elle ne devrait pas l'être tant que ça dans la mesure où ses bonnes intentions sont systématiquement récompensées de cette manière. Jodie a au moins le bon goût de ne pas lever la main sur elle, même si ce n'est pas l'intention qui semble manquer. Si j'te considérais pas comme un être humain j'serais pas ici, avec toi... se défend-t-elle - un peu maladroitement - en maugréant. Tout c'que j'essaie de faire, c'est d'te faire profiter un peu de c'que Fort Ward a à offrir ! Parce que... J'sais pas, parce que ça m'semblait un truc sympa à faire ?! C'est elle qui peine un peu à se maîtrise, là. Ca l'agace ! Pourquoi la forme lui importe autant alors que le fond ne charrie qu'une forme de bonté ? Cette même bonté dont Jodie la juge exsangue.

L'adolescente écarte les bras et les laisse retomber contre ses flancs ? Elle a quoi, comme options ? La défoncer ? Fuir bêtement ? Elle sait bien qu'elle doit raisonner, là, l'australienne. Peser le pour et le contre, prendre du recul. Mais c'est pas aussi évident que ça, hein... Ben vas-y alors ! Apprends-moi ! claque-t-elle sur un ton impatient, qui laisse présager de sa frustration. À t'parler comme si t'étais humaine ! Merde ! T'as compris, m'fais pas dire c'que j'voulais pas dire ! prévient-elle en levant son index. Un bref instant s'écoule, puis : Sans déconner, vas-y ! Donne-moi ton mode d'emploi ! Ce sera plus simple, elles gagneront du temps et en prime, elle évitera peut-être d'autres claques du genre à l'avenir.

J’prends un air impressionné, tout en me demandant vaguement si j’le suis vraiment. Oui, quand même faut pas déconner. J’veux dire, même si elle est cinglée, elle dirige quand même tout ça. En défonçant les problèmes donc. Donc ouais, c’est impressionnant, badass et flippant j’trouve. C’est qu’mon avis perso, mais bon, ça fait clairement trop chef oui chef pour moi… Toute façon, c’est clairement trop prise de tête, et comme j’ai aucune intention de v’nir m’cloitrer ici, elle peut bien dire et penser ce qu’elle veut.

En attendant, elle fait des efforts pour que j’me sente pas trop mal, alors j’peux bien en faire aussi. Et puis, si on est pas trop, ça m’branche déjà vach’ment plus comme programme. « Ouais, ça pourrait être bien ça ! » Tant qu’elle compte pas rameuter cinquante personnes pour jouer, j’devrais y arriver. Et ça pourrait être sympa pour de vrai oui. « Des corvées ? Genre le ménage et tout ?... T‘es punie ? T’as fait des conneries ? » Est-ce que j’trouve ça drôle ? Un peu ouais. Et putain, heureusement que l’vieux a jamais fait ça. J’ricane quand elle reprend concernant la soirée. « Un porcinet carrément…  C’est vrai qu’ça gueule fort ces machins. » Je hoche la tête avec conviction. « Ouais, j’comprends. J’fais souvent cet effet, les gens s’écartent sur mon chemin et tout. » Parce que je suis méga impressionnante.

Presqu’autant qu’elle… Mais même si elle fait des efforts pour essayer d’être gentille, c’est pas totalement une réussite. Mais bon, elle a l’air de comprendre au final – tu parles que c’est pas son Yu’ – et j’me contente de lever les yeux au ciel. Quant au reste, si j’dirais pas non plus qu’c’est un appel au secours, j’suis d’accord sur le fait qu’on a grave pas b’soin d’ça. C’est déjà devenu assez merdique comme ça pour pas s’rajouter des boulets au pied. J’souffle un rire en l’entendant. « Amen ! » Evidemment que les insultes c’est la vie putain ! C’est pas souvent qu’ça arrive qu’on soit autant d’accord avec moi, surtout là-dessus. Pourtant j’suis pas plus sympa avec elle qu’avec les autres, et elle est carrément pas plus facile ou plus indulgente qu’eux, c’est l’moins qu’on puisse dire. Mais… ça s’passe bien. Carrément même si on m’prend en référence.

Parce que bon, comme j’disais, j’suis pas spécialement agréable ou diplomate, même si j’essaie un peu. J’suis pas sûre que ce soit trop une réussite, mais vu qu’elle m’envoie pas chier, on va dire que c’est quand même une victoire. Elle bougonne, comme une p’tite vieille, sans doute comme j’dois l’faire aussi parfois. « Okay, disons qu’ça partait d’un bon sentiment. Disons qu’t’essaie vraiment d’être sympa. Alors c’est ta façon de le faire…. De l’dire qui va pas. Et ouais, j’suis ptet possiblement parfois un peu susceptible… Mais vu qu’j’suis pas la seule, ça vient pas d’moi. » C’est elle qui a dit vous et qui parle sans cesse des gueux… Clairement, j’réagis super bien j’trouve. J’la fixe alors qu’elle reprend d’un air et d’un ton un peu plus impatient, un peu plus mécontent. Un ricannement m’échappe à son lapsus et j’finis par secouer la tête. « Tu crois qu’si j’avais un mode d’emploi j’galérerais autant avec les gens ? » Un silence, une grimace. « Ouais, non, c’pas pareil. » J’aime pas les gens et j’les envoie chier, mais je les prends pas pour de la merde… Pas tout le temps quoi. « Ecoute, j’sais qu’à tes yeux, Fort Ward, June, et tout c’bordel, c’est genre les pailettes en chocolat sur la chantilly sur une glace au chocolat. » J’ai faim un peu ouais, et j’tuerais pour avoir une glace. J’laisse filer un soupir. « Mais c’pas le cas pour tout le monde, que ça t’plaise ou non, qu’tu comprennes ou non. Franchement, essaie juste de… pas parler aux gens comme si tu leur étais supérieure et qu’tu leur faisais une faveur. J’sais pas, t’as déjà essayé de leur parler normalement ? Genre comme à des gens de ton camp ? Des gens que tu respectes un minimum quoi. » Je continue de la fixer en haussant les épaules. « Evite de leur dire qu’ils puent ou que leurs fringues sont bonnes à cramer. Que tu leur fais une fleur en les butant pas d’office. Que tu fais acte de bonté comme quand ils ont filé des couvertures empoisonnées aux indiens au moyen-âge là... » C’était pas au moyen-âge, mais on s’en cogne, c’pas l’important ! « Prends exemple sur des gens qui savent faire j’sais pas. C’est c’que j’fais avec Lukas parfois. » Parce que lui est super doué pour parler aux gens. Et puis, surtout, il aime bien. « Et du coup, pour ce soir, j’me laverai avant d’venir. En frottant et tout. Avec du savon. Et même que je me coiff’rai ! Croix d’bois, croix d’fer. » Je joins l’geste à la parole, un large sourire un tantinet moqueur sur le visage.

- Oh tu sais, les conneries... C'est surtout une histoire d'perception, non ?

Ouais, c'est comme ça que l'australienne tente d'éviter la question qui vient de lui tomber sur la gueule. C'est qu'elle est consciente de sa responsabilité envers ses fans, Zelda. Et qu'elle doit faire attention à son image pour qu'ils continuent à vouloir lui ressembler. C'est pas vraiment l'mot que j'utiliserais, perso'. Parlons plutôt de... de... Petit instant d'hésitation avec regard perdu dans le lointain en prime. De malheureux concours de circonstances ? T'sais c'qu'on dit, c'est pas parce qu'on t'attrape penchée sur l'corps d'un type en tenant un couteau plein d'sang qu'c'est forcément toi qui l'a buté ! Les apparences, faut grave s'en méfier ! Et elle sait de quoi elle parle puisqu'elle continue malgré tout à s'y fier. On apprend pas toujours de ses conneries, eh !

Ouais mais ça donne du super bacon... Ca c'est pour les porcinets. Et pour tenter de se racheter un peu parce que ouais, comparer Jodie à un petit porc c'était peut-être pas l'idée du siècle. Même si elle ne le prend pas mal visiblement. Quant au fait que les gens s'écartent sur son chemin - et même si est bien consciente que sa pote doit rigoler - elle ne serait pas si étonnée que ce soit vraiment le cas. T'as un petit air famille Addams, quand même, faut dire ! C'est sûrement ça, non ? Comment elle s'appelait, déjà, la frangine déglingo ? Celle qui torturait toujours son frère ?

Bref !

Ca c'était la partie cool, celle où les deux filles se comprenaient plus ou moins. Mais c'est après que ça dégénère, quand Jodie se sent offusquée et que Zelda réagit avec la régularité habituelle, guidée par ses émotions davantage que la raison. Résultat ? Bah c'est la gueuse qui se montre la plus mature et qui tente d'arrondir les angles. Non seulement l'australienne a vraiment droit à un cours posé sur la façon de s'adresser aux gens mais en plus elle se sent conne. Suffisamment, en tout cas, pour regarder autours d'elles pour s'assurer que personne ne la surprend dans cette désagréable situation.

Mouais... finit-elle enfin par grogner. C'est qu'elle ne sait pas trop quoi répondre à ça. C'est sûr qu'elle n'a jamais daigné accorder du respect à ceux qui vivent au-delà des murs de Fort Ward jusque-là. Avec raison, selon elle. Mais Jodie ne méritait peut-être pas le même traitement. Ou au moins, le bénéfice du doute. Ils ont vraiment r'fourgué des couvertures empoisonnées aux indiens ? C'est hyper salaud. Enfin... Quand on y pense c'est vraiment pas con, en fait. Ils pourraient faire la même chose avec les bigots, non ?

Mais l'australienne s'écarte peu à peu du sujet et s'en rend compte. Et puis, gênée, elle doit presque se forcer à hausser les épaules et à recentrer un peu le débat. Bon... Ouais, d'accord ! J'ai pas forcément été super sympa mais faut aussi dire qu'à l'extérieur, moi, j'ai pas rencontré beaucoup d'lumières ! Et elle ne parle pas de lampadaires et autres éclairages publics à la con, là ! Oh que non ! Après c'est vrai que t'es pas comme les autres et qu'à ce titre, ouais, tu mérites que j'm'adresse à toi comme si t'étais normale ! C'est encore un peu mal exprimé, ça, non ? Hop, petit levage d'index pour demander un sursis : Je reformule : que j'm'adresse à toi comme à la personne normale que tu es ! Mieux, non ? Si ce n'est pas une preuve de bonne volonté, ça, qu'est-ce que c'est ? Et t'as aussi l'droit de croire que June n'est pas la meilleure si tu veux! Même si... L'australienne hésite, darde son regard sur sa pote puis hausse les épaules. Ouais, non, rien ! Elle doit lui parler comme si elle était douée de la même raison qu'elle, après tout. Et elle ne peut pas non plus la forcer à voir ce qu'elle finirait malgré tout par voir en côtoyant un peu la leader suprême...

Ce que Zelda veut maintenant retenir, c'est surtout l'effort que Jodie consent à faire en soirée. Elle se lavera, se coiffera. Se prêtera au jeu des relations sociales s'il le faut. Ca la rend fière, ça, l'adolescente. Tu te transformes déjà en remnant ! Trop cool ! Mais ça ne signifie pas pour autant que la tension est redescendue pour autant. Aussi l'australienne finit-elle par lever son auriculaire, quelque part à mi-chemin entre Jodie et elle. On se serre le p'tit doigt ? C'est comme ça qu'on scelle les conflits à l'amiable, non ? L'inverse du gros coup de boule, quoi. Pourtant Zelda hésite à nouveau et retire presque aussitôt sa main : Si jamais j'ai pas voulu sous-entendre que t'étais une gamine incapable de serrer une main ! Ou que j'en ai rien à foutre de c'que tu m'as dit ! C'est un auriculaire parfaitement sincère, okay ? On évite les crises diplomatiques à partir de maintenant. C'est juste... Bah, un doigt ? Ni plus, ni moins. Tendu en signe de bonne volonté pour enterrer cette prise de tête à la con.

Ceci étant dit, l'australienne se risque à nouveau à tendre son auriculaire vers l'autre. Sans mouvement brusque, en plus.

J’peux pas trop lui donner tort là-d’ssus non plus, même si j’ai un léger doute la concernant. Surtout quand elle continue. « On dit pas ça non… C’est un peu genre être pris sur le fait non ? T’as buté un mec et t’as des corvées en punition ? » Non, quand même, ça peut pas être ça. Bon, après, le mec était ptet un connard, et ça pourrait carrément être de la légitime défense. Même si, encore une fois la concernant, j’ai un doute. Puis bon, elle se fout d’ma gueule un peu non ? C’comme si un toxico avec une aiguille encore dans le bras m’sortait que la drogue, c’est mal. « Donc faut pas juger sur les apparences hein ? » Ouais mon sourire est un brin trop narquois pour que j’puisse faire semblant de pas m’foutre d’elle… juste un brin.

Mais comme elle me traite de mini-cochon juste après, elle peut rien dire. Même si j’peux qu’être d’accord avec elle concernant le bacon. En même temps, qui n’aime pas le bacon sérieux ? Enfin c’pas comme si on avait souvent l’occasion d’en bouffer, et si ça s’trouve, c’est même pas si bon que ça, c’est juste le souvenir qu’on en a… « Parce que j’suis typée latinos ? » Ouais, non, j’vois la ressemblance, mais j’lève les yeux au ciel pour l’principe. « Ouais, c’est surement ça. J’devrais m’faire des tresses plus souvent. » Elle était trop cool en plus Mercredi.

Quant au reste… Putain si on m’avait dit un jour que j’ferais des leçons de morale et de… de quoi d’ailleurs ? De façon d’être gentil ? Poli ? Ouais bref que j’dirais à quelqu’un que non, on parle pas aux gens comme à des merdes, je me serais trop marrée. Et j’trouve ça dingue que ce soit moi, qu’aime pas les gens, qui les trouve nazes, hypocrites et dangereux, qui les évite au maximum, qui sache au final mieux me comporter qu’elle. Alors que j’me suis toujours fait un point d’honneur à être un minimum grossière, maussade et autre, comment j’peux en savoir plus sur les gens et les relations qu’elle sérieux ? Elle a vécu dans une grotte jusque-là ? Quand j’me prends des remarques ou pire parce que je me comporte comme une garce, je viens pas m’plaindre… enfin pas trop. J’sais pourquoi ça arrive quoi. Je hausse les épaules, après tout, elle fait ce qu’elle veut. « J’crois. J’me souviens pas trop, faut voir avec Lukas pour ça. » C’est lui qu’aime lire des trucs chiants. Ou lire tout court d’ailleurs ouais.

J’l’observe alors qu’elle s’efforce de sortir de là, et j’sais pas trop si c’est une réussite ou un échec monumental. Mais bon, vaut mieux en rire qu’en pleurer non ? « J’suis pas comme les autres ? Waouh, j’suis touchée. Sérieux pour de vrai. » Pour le coup, j’laisse filer la suite, évitant de rire ou grimacer alors qu’elle continue de s’enfoncer toute seule. Mais elle se rattrape tant bien qu’mal, et une ombre de sourire étire mes lèvres. J’lève à nouveau les yeux au ciel, exagérément, quand elle en rajoute à nouveau. « T’arrêtes jamais hein ? » Mais c’est un début d’rire qui m’échappe. « J’préfère sentir l’savon qu’la crasse, comme la plupart des gens t’sais, c’est tout. » Et j’finis par rire pour de bon, après qu’elle ait levé le doigt, puis non, mais oui, mais en fait non, mais en fait si. « Un auriculaire parfaitement sincère, sans déconner… » J’lève le p’tit doigt à mon tour, le croisant avec le sien. « Et j’préfère les serments débiles d’gamins que les promesse hypocrites d’adultes. »

J’secoue la tête, souriant toujours, et j’soupire. « Bon, si j’veux être présentable et un peu remnant, faut qu’j’aille récupérer des trucs. J’me ferais des tresses. » J’aurais qu’à prendre un air sinistre et blasé et les gens me fuiront si besoin donc… Je lui souris d’un air innocent, avant d’lui faire un clin d’œil. « J’te rejoins là-bas ! Enfin chez toi quoi. »