The Walking Dead RPG

J’secoue la tête, négativement. Non, la géo, c’est pas mon truc. D’ailleurs, c’qu’elle me raconte, je m’en fiche pas mal, en plus je vois pas le rapport avec l’Angleterre. J’me contente d’acquiescer, hausse les sourcils pour faire comme si j’avais compris.

Elle lâche vite l’affaire, avec Thaïs aussi d’ailleurs. J’la scrute un instant quand elle m’dit qu’elle veut s’battre avec la militaire parce qu’elle est balèze, justement. Et je hausse les épaules, “Ouais, pour le sport quoi, j’vois.” C’est probablement la meilleure raison qu’il peut y avoir à s’mettre sur la gueule à la Cage. Ca et c’que peut rapporter c'que misent les gens sur les combats, bien sûr. “J’parierai sur elle, hein.” D’un air un peu dénigrant, j’avoue - mais faut dire qu’elle est assez agaçante, et surtout trop jeune pour vraiment menacer Thaïs.

L’esprit enfumé, j’me détends rapidement. Sa question m’fait sourire. “Bah ouais.” String, c’est commun quand même. Et puis à force de voir sécher les dessous des Bastards sur les cordes tendues du pont, j’avoue que j’ai étendu mon vocabulaire.

“Nan, trop pas.” Pas d’badtrip en vue, j’me sens bien, j’sais juste pas où aller, et j’ai grave la flemme de réfléchir. J’crois que j’serais prêt à marcher dans une direction au hasard jusqu’à tomber quelque part.

Un peu ralenti, j’tourne de petits yeux vers la rousse, qui a eu moins l’amabilité d’me montrer le chemin. J’la suis, hausse les sourcils et contient mal un rire un peu lointain quand elle m’dit d’me taire. “Ok. Pareil pour toi alors.” Ca m’va d’marcher en silence, même si ça rend la balade encore plus étrange. Y’a que la sensation du vent froid sur mes joues - j’sens plus mes oreilles, le splourtch de la boue sous nos pas, le crissement des arbres au dessus de nos têtes.

On arrive devant un bâtiment que j’reconnais pas. “Une vraie prison ?” que j'demande, admiratif, mais sans comprendre où elle veut en venir. J’suis pas contre visiter des trucs cools, à vrai dire, j’sais même plus où on était censé s’rendre à la base. “Avec des vrais prisonniers ?” avec un p’tit sourire curieux. Ça non plus, j'en ai jamais vu en vrai.

J’comprends qu’elle parle de m’y enfermer, ça m’fait juste marrer. "Et tu vas m'y enfermer comment, tu comptes me soulever avec tes p'tits bras ?" J’prends l’joint qu’elle me tend pour tirer dessus une nouvelle fois. “Tu veux que j’te paie comment déjà ?” que j’fais en jouant le jeu, entre deux petits nuages de fumée. “J’ai pas grand chose sur moi. Et paraît qu’j’suis trop jeune pour payer d’mon corps.” J’suis pas bien sûr de c’que ça veut dire de toute façon, mais j’ai pas envie d’y laisser un bras - littéralement.

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- Et p't-être un peu aussi pour le fun, j'dois bien l'avouer !

Parce que Zelda prend véritablement du plaisir à se battre à et mesurer ses progrès comme ses limites. La violence appelle la douleur mais également une forme de satisfaction difficilement égalable. Résumer tout ceci à du sport lui semble bien en decà de la réalité puis c'est l'une des rares choses qui lui donne encore l'impression d'être vivante. Tant mieux ! approuve-t-elle ensuite lorsque le garçon lui indique qu'il pariera sur son adversaire. Ca augmentera mes gains, comme ça ! Et puis quelque part elle ne peut pas vraiment lui en vouloir : elle ne l'avouerait jamais mais elle aussi, au choix, elle miserait sur Thaïs...

Non mais dis pas bah ouais comme si c'était normal, eh ! s'amuse-t-elle lorsqu'il lui confirme qu'il connaît les strings. À ton âge t'es sensé jouer aux p'tites voitures, pas au pervers ! Bon, oui, elle le taquine. L'australienne n'est pas non plus de celles que se gênent pour un rien. Il est sans doute un peu précoce, oui, et alors ? Et puis au moins il ne semble pas aller trop mal et lui confirme même qu'il n'y a pas de bad trip en vue. Cool ! Ca leur évitera pas mal d'emmerdes, dont celle de devoir expliquer aux médecins pourquoi elle s'est sentie obligée de droguer un gamin. Ouais, c'est bon à prendre !

Ce qui l'est un peu moins, en revanche, c'est la perspective qu'il puisse se mettre à lui raconter la vie à cause de ce besoin irrépressible de s'exprimer que procure parfois l'herbe. Auss le met-elle en garde. Et lui, bien sûr, il fait pareil en retour. J'suis une adulte, j'fais c'que j'veux... grogne-t-elle. Ce qu'elle ressent, là... Ce n'est pas cette frustration qu'elle insuffle d'ordinaire aux vieux qu'elle contredit ? C'est marrant, quoique étrange. Non mis j'hallucine... Sans trop savoir si ça continue de l'amuser ou si ça commence à l'irriter, Zelda poursuit néanmoins sa route dans ce silence qu'elle réclamait.

Oui, jusqu'à la prison qu'elle présente au garçon. La réaction qu'elle obtient n'est pas totalement celle qu'elle espérait, à vrai dire. C'est elle où il a l'air admiratif. Ouais, une vraie prison... soupire-t-elle. Il n'y a que ceux qui n'en ont jamais fait qui trouvent ça cool, non ? Avec d'vrais prisonniers ! Ce n'est clairement pas en mise une scène, le bâtiment est réel. Un sourire commence néanmoins à se dessiner furtivement sur les lèvres de l'australienne alors qu'elle délaisse l'observation du bâtiment pour se retourner vers lui. Quoique ces temps on a fait un peu d'place. On sait plus trop ou caser les types d'New Eden, tu vois ? Fallait faire un peu d'place... Et elle est bien placée pour en parler puisqu'elle était là le soir où June a décidé qu'il était temps de libréer un peu d'espace.

L'adolescente hausse les épaules, glisse une main dans sa poche et tend de l'autre le joint au gamin. Ce qui l'intéresse maintenant, Zelda, c'est de savoir comment il compte la payer pour un service qui est pourtant gratuit. Mais le gamin ne se démonte pas vraiment. Un bon point pour lui, en soi. Les victimes ne sont jamais bien marrantes... Alors pour ta gouverne ces p'tits bras ont soulevé des types bien plus costauds qu'toi, l'nain ! Tu veux une démo ou ca va aller ? Non mais c'est quoi ces manières ?! L'australienne pose le regard sur les bras en question, à la recherche d'un membre atrophié qui lui aurait échappé. Mais non, rien... Alors qu'est-ce qu'ils ont, hein, ses bras ?!

Quant à savoir comment il peut le payer... Elle hausse les épaules, un peu surprise qu'il cède si facilement. Finalement elle s'est peut-être trompée et il n'est pas aussi intéressant qu'elle le pensait. Bah j'en sais rien, commence déjà par m'dire c'que t'as sur toi ? On ne sait jamais, des fois qu'il ait dégotté un objet rare qu'elle pourrait troquer ensuite derrière. Le soucis c'est qu'il lui dit vite qu'il n'a pas grand chose dans ses poches et qu'il refuse, en prime, de payer en nature. Parce qu'il est trop jeune pour ça. C'est pas un problème d'âge, ça ! C'est une question de dignité ! Soit tu te respectes, soit tu t'vends... C'est à lui de naviguer entre ces deux évidences et de choisir quelle place il compte accorder à son ego dans tout ceci. Mais si ça peut t'rassurer, non j'suis pas encore devenue la cougar de service ! C'est quoi ces idées ?! Il essaie de l'emmerder où il est sincère, là ? Au final elle finit surtout par se rappeler qu'il est encore jeune et que son entrejambe doit être en ébulition. Classique !Et puis tu sais au moins où t'es sensé l'caser, ton zgeg ? Il ne sait même pas de quoi elle parle, c'est sûr !

Des prisons, j’en ai jamais vu que dans des films. Alors, même juste de l’extérieur, c’est assez impressionnant et j’essaie d’imaginer à quoi ça ressemble à l’intérieur. L’esprit enfumé, j’cille une seconde en regardant le bâtiment avant d’tourner un petit regard rougi vers la rousse. “Vous pourriez juste les buter, les types de New Eden.” Haussement d’épaules, ce s’rait quand même le plus pratique s’ils cherchent à faire de la place, non ? “J’veux dire, quitte à les garder enfermés… Bah ils servent à rien non ?" Et perso, ils me manqueraient pas.

J’rigole, c’est plus fort que moi, quand elle essaie d’me convaincre qu’elle a assez d’force pour me soulever. “Bah, j’demande qu’à voir, quoi. Mais par contre…” J’reprends un air plus sérieux, autant que la défonce le permette, “J’suis pas un putain d’nain. J’suis en pleine croissance !” Et elle fera moins la maline quand j’la dépasserai de deux têtes, ouais !

J’lui rends son joint, alors qu’elle m’demande c’que j’ai sur moi. Pour…? Ah oui, la payer. Je hausse les sourcils, l’air un peu dépité, en plongeant les mains dans la poche de ma veste de survêt. En fouillant, j’fronce les sourcils quand elle m’parle de dignité, d’respect, de cougar… J’comprends rien. Mon regard s’écarquille un peu quand elle parle de mon zgeg. “Pourquoi tu m’parles de ça ? T’es vraiment une perverse putain. J’vais pas m’mettre à poil pour toi ! Et puis pourquoi tu s’rais un cougar ? C’est un fétiche ça ?” Pas peu fier de déballer mon nouveau vocabulaire, j’secoue la tête, “J’comprends rien à tes délires sérieux.” C'est p't'être parce qu'elle est australienne aussi, si ça s'trouve on parle pas le même langage.

J’baisse les yeux vers mes poches, soupire en les retournant. Il en tombe quelques bricoles que je ramasse en m’accroupissant : mon briquet, mon canif, et un mouchoir sale que j’lui tends du bout des doigts en me relevant. “Tiens, j’te file ça si tu veux.” Un sourire amusé aux lèvres, j’peine à me retenir de rire. “J’ai qu’ça à t’offrir t’façon.” Pas question d’me démunir de mon couteau de poche ou de mon briquet. Tout en lui tendant le mouchoir, j’plisse les yeux, confus. “Et puis pourquoi j’dois te payer d’abord ?” Difficile de me refaire le fil de la conversation, clairement.

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- Oh mais on finit par les buter, t'en fais pas !

De ce qu'elle en sait, en tout cas. Zelda n'a jamais vu aucun ennemi sortir vivant de cet édifice. Et pour avoir abattu assisté - ou participé - à l'exécution de trois captifs quelques jours plus tôt, elle est plutôt bien placée pour savoir de quoi elle parle. Ca, c'est juste une escale vers l'enfer ! L'temps qu'ils s'mettent à table, quoi. Ou à chialer. Ca dépend ! L'australienne hausse les épaules et repose le regard sur le gamin. Un sourire se dessine sur ses lèvres tandis qu'elle se demande s'il pensait vraiment que la pitié était le genre de la maison. L'information est l'un des nerfs de la guerre après tout...

T'es taré, j'te jure... soupire-t-elle quand il l'incite, dans la foulée, à joindre les gestes à la parole et à le soulever. Franchement... Il la prend pour Jodie ?! Tu sais quoi ? Si tu m'signes une décharge - histoire que j'aie pas d'emmerdes derrières, tu vois ? - j'veux bien t'éclater. Avec modération ! Il faut qu'elle lui vende bien le truc sinon il va refuser, c'est sûr. Quant au fait qu'il refuse d'être comparé à un nain... En pleine croissance si tu veux mais un putain d'nain quand même, eh ! Elle se décale d'ailleurs un peu pour évaluer plus sérieusement sa taille par rapport à la sienne. Après j'dis pas, c'est sûrement normal qu'tu sois un peu mal fini quand on pense à ton style de vie... Ce n'est pas vraiment une insulte à vrai dire mais plutôt un constat. Un gueux, est-ce que ça bouffe au moins à sa fin ? Si même Fort Ward doit se rationner, que dire alors des bouseux de Seattle ?

Et comme si la discussion n'était déjà pas assez étrange - mettons ça sur le dos velu de la weed ! - Zelda se retrouve soudain dans une drôle de situation. Celle qu'elle faisait subir, à l'époque, à certains adultes. Pour les mettre mal à l'aise. Ou plutôt, pour s'amuser. Eh oh, c'est toi qui a commencé en m'disant qu'tu vendrais pas ton corps ! rappelle-t-elle, flirtant avec un air outré. Tu vas pas m'la faire à l'envers, j'te préviens ! En revanche elle est plutôt embêtée par cette histoire de fétiche. C'est quoi encore, ce délire ? Il ne comprend rien à ce qu'elle dit mais elle n'est pas davantage avancée, elle. T'sais quoi ? On arrête d'parler d'cul ! Et elle est catégorique, là. C'est hyper malaisant de parler de ça avec un bébé !

Même si le bébé en question lui prouve dans la foulée qu'il est armé. Zelda pose un regard inquisiteur sur le contenu de ses poches et plisse les yeux en découvrant la lame. Et davantage encore lorsqu'il lui offre un vieux mouchoir pourri. Pourquoi j'voudrais de c'te merde, hein, tu m'expliques ? Existe-t-il seulement un monde où ce genre de cadeau ne ressemble pas à une insulte. Enlève c'truc d'ma vue si tu veux pas que j'te l'fasse bouffer ! Et puis dans l'intervalle elle le laisse cogiter sur les raisons qui l'ont poussée à lui demander à paiement et bondit sur le couteau. Zelda est étonnée lorsque le gamin bloque sa main dans un réflexe qu'elle n'anticipait pas. Mais elle en a deux, et la deuxième se charge de récupérer l'arme.

L'australienne recule alors d'un pas pour observer l'objet plus attentivement, puis le gamin avec ce petit air malicieux qui n'arrange rien de bon. J'suis à peu près certaine qu't'es au courant qu't'as pas l'droit de t'balader avec une arme dans l'enceinte du camp ! Sans parler du fait qu'on vous a aussi avertis qu'vous étiez pas sensés vous balader seuls ! C'est une façon de parler, elle n'acceptera jamais de croire qu'il n'était pas averti de cette règle essentielle. T'es hyper dans la merde, mon pote ! Et quelque part ça la réjouit, oui, puisqu'elle se fend d'un large sourire victorieux. Et cette fois c'est même pas pour rigoler, en plus ! Est-ce qu'elle doit directement aller voir June ? Ou plutôt Arizona ? Il y a tant de possibilités marrantes qu'elle en perd la tête, l'adolescente. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il n'y coupera pas. Et puis quoi encore ?!

”Une dé-quoi ?” une décharge ? Qu’est-c’que c’est qu’ça ? J’soupire, un pfff plein de mépris en haussant les sourcils, la défonce exacerbant une assurance peut-être mal placée. Elle est plus grande, plus âgée, mais j’suis sûr que j’pourrais lui faire mordre la poussière. Elle tiendra pas deux secondes face à Thaïs. J’fronce les sourcils, traits refermés quand elle est encore insultante. Décidément, cette fille est une sacrée connasse. “Toi t’es mal finie dans ta tête.” que j’rétorque, l’esprit enfumé, persuadé de pouvoir la vexer en retour.

“Bah j’veux pas t’vendre un bras, ni une jambe, et encore moins mon zgeg !” Qu’est-c’qu’elle capte pas là dedans ? J’râle quand elle change de sujet, soupire, mais retrouve doucement un sourire amusé, défoncé, en lui remuant le mouchoir sale sous le nez. J’me marre alors qu’elle s’énerve, mais capte le regard qui tombe sur mon couteau. J’attrape son poignet à la volée, comme un réflexe arraché à la brume, mais suis pas assez réactif pour l’empêcher d’prendre le canif de son autre main.

J’la relâche alors qu’elle recule face au regard furieux que j’darde sur elle. “C’est pas une arme, c’est juste un putain d’couteau !” Un outil quoi, la lame est toute petite en plus. Quand on nous a interdit d’prendre nos armes, j’ai sagement laissé mon fusil sur la péniche, ça devrait amplement suffire. J’avance d’un pas, essaie de le récupérer d’un geste qu’elle esquive trop facilement. J’grogne, j’ai envie d’lui arracher la tête et mon coeur bat trop vite, le stress exacerbé par la fumette.

“Tu crois quoi, qu’j’allais essayer d’planter quelqu’un pour le fun, dans un camp militaire, avec un putain d’canif ? T’es con ou quoi ? En plus j’suis pas tout seul vu qu’t’es avec moi !” Bah c’est logique, non ? Et puis j’faisais rien de mal à regarder les avions. J’ai même pas essayé de rentrer sur la piste. “Rends moi ça !” en tendant la main ouverte devant moi, qu’elle croit pas qu’elle pourra me voler mes affaires aussi facilement. Quant au fait que j’sois dans la merde… bah, pour l’instant, j’y crois pas. “C’est toi qu’est dans la merde, parce que j’vais t’niquer ta sale race si tu m’le rends pas tout d’suite !” En m'approchant encore, prêt à me bastonner s'il le faut.

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- Une décharge !

Mais elle voit bien que le gosse ne comprend pas vraiment ce qu'elle tente de lui dire, là, Zelda. Alors elle lève les yeux au ciel et se sent bien obligée de lui expliquer de quoi il en retourne. Profiter de lui, franchement, ça n'aurait rien de bien glorieux... C'est un truc qu'tu signes pour dire qu'en gros, bon, tu t'en fous d'mourir ! Un truc du style ! L'australienne est néanmoins sûre que c'est le genre de truc qui l'aidera à échapper à des conséquences si, par inadvertance, elle finissait pas tabasser un peu le jeune. Dans notre cas c'est juste pour signaler que tu m'as filé l'autorisation d'te faire du mal, quoi. C'est juste... une formalité ! De la paperasse qu'elle trouve bien inutile mais qui pourrait malgré tout, donc, lui éviter de bien désagréables ennuis.

Qu'importe !

Parce que Zelda n'a pas dans l'idée de cogner sur un gamin. Déjà parce que ça ne l'aiderait même pas à s'améliorer et ensuite, parce que contrairement à ce que les gens peuvent penser, elle ne prend aucun plaisir à martyriser les plus petits qu'elle. Même quand ces derniers s'acharnent à parler de leurs zgegs comme si c'était un objet de convoitise dont elle ne pouvait pas se passer ! Tant mieux ! Parce que j'saurais pas quoi foutre d'une jambe ou d'un bras ! Et j'te parle même pas d'ton lombric... Non mais vraiment, ce gamin, il faut qu'il se fasse soigner. Même si c'est un mec il est quand même vachement porté sur la chose, non ? La faute aux hormones ou à ceux qui l'éduquent, peut-être ? Un mélange des deux ?

Quoi qu'il en soit ces quelques questions anatomiques sans grand intérêt sont balayées dès l'instant où Zelda pose les yeux sur un couteau. Elle s'en empare malgré les tentatives habiles de l'autre pour l'en empêcher et se heurte à un drôle d'argumentaire. Un couteau, pas une arme ? C'est la pire explication qu'elle ait jamais entendue. Et il faut dire qu'elle est plutôt douée pour les justifications débiles, elle aussi. Ca tranche, ça plante, ça découpe... Qu'est-ce qu'il te faut d'plus ? En tout cas tout le monde semblait penser que lorsqu'elle a tenté d'ouvrir le ventre de Misha, c'était avec une arme. D'toute façon n'importe quoi peut servir d'arme avec un peu d'imagination. Et t'as l'air d'en avoir beaucoup ! Si bien qu'elle commence à s'en méfier maintenant, l'australienne, de ce garçon. Elle a bien noté la manière agressive dont il a fait un pas dans sa direction. Ou encore le regard qu'elle lui a lâché. Zelda sait reconnaître la colère, oh ça oui !

Alors elle garde l'objet dans sa main et laisse son regard vagabonder entre le gosse et celui-ci, indécise sur la suite à donner à tout ceci. Le tout pendant qu'il continue à argumenter et prétend qu'il n'avait pas dans l'idée de planter quelqu'un avec. J'vais t'dire un truc ! Pour moi, tu pourrais très bien faire le terroriste dans l'camp si ça t'chante ! Ca n'ferait qu'prouver à tout l'monde que j'ai raison à votre sujet ! Ouais, concrètement, l'australienne ne dormira pas plus mal parce qu'un jeune se balade armé. C'est presque son droit, d'ailleurs, quand on y pense. Mais c'est June qui commande, ici ! Et June veut pas qu'tu sois armé ! Si t'es pas content j'peux toujours t'amener la voir ? Et il comprendra vite qu'elle n'est pas la pire rencontre qu'il puisse faire dans ce camp. Zelda hausse les épaules. J'suis sûre qu'elle sera ravie d'apprendre que t'avais qu'de belles intentions et qu'un couteau, c'est pas vraiiiment une arme ! Et elle espère franchement que son interlocuteur optera pour cette option parce que, eh, ce serait tout de même super drôle de le voir se faire écraser par la rouquine.

Mais non, Ace préfère plutôt opter pour les menaces et la violence. Un comportement qu'elle est plutôt mal placée pour condamner et qu'elle observe presque avec une forme d'amusement. T'as déjà une possession d'arme illégale sur le dos, mon pote ! Tu veux vraiment rajouter une agression à ton dossier ? Et puis il n'a pas encore signé de décharge alors elle ne pourra même pas surpasser la légitime défense. C'est naze ! C'est toi qui vois, hein, moi j'suis pas contre l'idée ! Elle trouve juste plus marrant de le faire cogiter sur sa situation. Et dans l'intervalle, elle, elle garde toujours le couteau à la main. Prête à le placer dans son dos, hors de sa portée, s'il souhaite vraiment passer à l'action. Après, bon, ça t'pose pas un p'tit soucis quand même ? Genre de t'attaquer à une fille ? le taquine-t-elle un peu dans la foulée. Et si j'pleure ? L'australienne pousse un petit peu le vice. Juste assez pour esquisser une petite moue craintive et l'inciter à croire qu'elle a perdu de sa superbe. Tu vas faire quoi, hein, si j'pleure ? Il y a pensé, à ça ?

Putain, c'est trop bon !

”Mais tu penses que j’serais assez con pour t’signer quoi qu’ce soit ?” T’façon j’ai pas d’signature. Et puis la paperasse, ça vaut plus rien depuis des années et j’ai certainement pas envie d’lui donner l’impression qu’elle a l’droit d’me frapper sans conséquences.

Au moins, on est tous les deux d’accord pour dire que ce s’rait une mauvaise idée d’me couper un morceau - quel qu’il soit - en guise de paiement. Paiement pour quoi d’ailleurs ? Avec la fumée, j’sais plus trop d’quoi on parle, et la conversation semble s’emmêler sur elle-même.

Puis j'oublie bien vite tout le reste quand elle me vole mon couteau.

“C’est pas un fusil, quoi ! C’est juste pour couper des trucs, genre… de la bouffe !” Bon, j’ai surtout  trépané des rôdeurs avec cette lame, mais là j’commence à avoir la dalle. “Et puis si tout peut être une arme alors ça a pas d’sens d’interdire les couteaux ! Autant d’mander directement aux gens de débarquer à poil.” Et d’leur attacher les mains, tant qu’à y être.

“À notre sujet ?” la confusion s’ajoutant à la colère quand elle nous traite de terroriste. “On est alliés, non ?” Pas autant que j’le pensais, d’évidence. C’est p’t’être juste des clients. T’façon, c’est pas comme si j’leur faisais confiance.

J’soupire, abaisse la main qui attend vainement qu’elle me rende mon couteau. C’est vrai qu’à l’évocation de June, j’me renfrogne. J’veux pas créer de problèmes à la faction, et j’ai franchement la flemme de supporter un sermon.

J'grimace quand elle change d'expression, comme si c'était elle la victime dans l'histoire.

“Qu’est-c’que j’en ai à foutre que tu sois une nana ? Ou qu’tu pleures ? Tu vas affronter Thaïs, non ? Elle est carrément plus forte que moi.” Mais peut-être que cette nana est juste carrément inconsciente.

“Rends moi ça. Ou j’lui balance que tu m’as filé d’la drogue pour me racketter. Elle attendra pas d’être dans la Cage pour te botter l’cul, et ta patronne en fera autant.” Et puis c’est la stricte vérité, non ? Elle a profité de mes réflexes diminués pour me voler. En tout cas, j’ai pas l’intention d’abandonner mon couteau, ni d’me laisser attendrir.

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