The Walking Dead RPG

-La vérité vraie ?

Est-ce que Zelda envisageait l'idée que le garçon lui signe une décharge ? Elle pourrait jouer la carte de la plaisanterie et prétendre que ce n'était qu'une forme d'humour qu'elle serait alors la seule à comprendre. Ou juste hausser les épaules d'un air détaché, comme elle est déjà en train de le faire. Et faire preuve de cette franchise qui a une fâcheuse tendance à la pousser dans les bras des emmerdes... J'l'espérais quand même un peu, ouais... Mais elle peut donc dire adieu à ce document sacré. Et à l'opportunité de calmer Ace de manière conventionnelle. Ou plutôt, de la façon habituelle.

Cela dit c'est plutôt cool pour le gamin. Ca prouve qu'il a quand même une forme d'instinct de survie. Voire, même, de jugeote. Mmh... approuve-t-elle ensuite, fort peu convaincue, quand son interlocuteur tente de minimiser l'efficacité d'un couteau. Non, c'est sûr, ce n'est pas un fusil. Mais réduire l'objet à un rôle parfaitement inoffensif n'a rien de bien pertinent. Et Zelda soupçonne le garçon d'en être parfaitement conscient. La naïveté ou l'innocence sont des boucliers auxquels les adultes sont réceptifs. Pas elle !

Maintenant, techniquement, ce n'est pas à elle qu'il va devoir convaincre. Mais June. Ou plutôt Arizona. Gardant l'arme en main, Zelda tique ensuite bien vite lorsque Ace ose prononcer le mot maudit : Alliés ? L'australienne souffle du nez et se fend d'un petit sourire froid avant de poursuivre : Les chasseurs n's'allient pas avec le gibier, tu sais ? Ils cohabitent, c'est tout ! Mais ce n'est que son point de vue personnel sur la politique. L'adolescente n'a jamais vraiment compris pourquoi ils s'embarrassaient de gens qu'ils pourraient tout simplement écraser. D'autant plus que les partenaires d'hier sont souvent les ennemis de demains, non ? Fais pas trop attention, va... C'est pas personnel, j'vous hais tous d'la même façon ! Ou presque. Une fois n'est pas coutume, elle hausse d'un air nonchalant ses épaules. S'il veut lui reprocher sa sincérité, après tout, il a le droit.

Et la voici finalement qui s'amuse aussi d'être menacée. Qui rentre dans ce rôle de victime dans lesquels les mecs imaginent bien trop les meufs se complaire. Mais elle ne le trompe pas, Ace, Zelda. Et c'est même elle qui cède et lâche un petit rire sincère, amusé, face à cette réaction qu'elle n'imaginait pas trop. L'argument est validé ! approuve-t-elle, le regard rieur. Allez, t'as l'droit d'me frapper si tu veux ! Sans te retenir ! Au final il lui fera toujours moins mal que Thaïs, oui, c'est vrai. Et puis il a l'air d'avoir quand même vachement envie de la tabasser, Ace, quand même. Qui est-elle pour briser les rêves d'un gosse ?

Un gosse capable de faire des menaces, cela dit... Perplexe, l'australienne penche la tête sur le côté en se demandant s'il pense vraiment que son histoire passera auprès des autorités. Que ce soit celles de Fort Ward ou celles qui régissent la vie du garçon, d'ailleurs. Tu peux m'croire quand j'te dis qu'ici, tout l'monde sait que j'me ferais pas chier à te droguer pour t'faire les poches... C'est pas son genre. C'est trop subtil, pas assez rapide et en plus, ça l'oblige à partager son herbe. C'est un truc d'intello, ça ! Et de lâche ! Ce qu'elle n'est pas. Pas à sa connaissance, du moins. Et puis si Thaïs veut avancer la date du combat, en plus, ça m'arrange presque... C'est qu'elle est impatiente de croiser les poings avec la gueuse, Zelda !

N'empêche que le problème subsiste toujours : elle a un couteau dans la main et une foule d'opportunités devant elle. L'australienne hésite en observant à nouveau l'arme puis finit par envisager une autre approche. Quelque chose de plus subtile, justement, pour une fois. Un truc qui l'empêcherait aussi de passer son après-midi à trimballer Ace d'un bout à l'autre du camp à la recherche d'une personne pour le châtier, aussi. Si j'te le rends... On est d'accord qu'tu m'en dois une ? L'adolescente l'interroge d'un regard sceptique. Si ça peut t'rassurer j'ai pas dans l'idée d'te réduire en esclavage ! J'ai déjà assez d'peine à gérer mes sbires actuels... Zack, Will, Locke... Autant de fortes têtes qu'elle ne parvient pas vraiment à briser. Mais un jour, p't-être que j'aurai besoin d'un coup d'main. Ou d'un renseignement. Quelque chose qui justifiera le fait qu'elle ne l'ait pas envoyé à l'hosto, quoi. Tu m'le donneras ? Bon, dans les faits, il peut lui répondre n'importe quoi. Elle ne connait pas assez ce gosse pour savoir s'il s'embarrasse d'une forme d'honneur ou s'il se contente d'être pragmatique. Mais elle se sent d'humeur à dépenser ses sous au casino, Zelda. Et parier sur cet étrange cheval ne serait pas le truc le plus débile qu'elle aurait fait jusque-là de toute façon... J'peux pas t'assurer que ca t'causera pas du tort, hein ! Mais c'que j'peux t'promettre, c'est que ce sera marrant ! Et que d'une manière ou d'une autre son offre parviendra à briser la monotonie de la vie d'un gamin obligé de vivre sur une putain de péniche... Sinon j'te rends juste ton couteau et on peut dire qu't'es trop jeune pour régler tes dettes à la loyale, aussi ? Au final savoir qu'il se balade défoncé avec un couteau dans le camp, ça lui suffit presque. Parce qu'il va forcément faire une autre connerie à un moment ou à un autre, non ?

“Avec le gibier ?” J’me renfrogne, à la fois confus et énervé par l’allusion qu’elle fait sur notre groupe. On a rien de proies. J’crois qu’elle nous sous-estime carrément. J’soupire, un léger vertige qui m’empêche de bien réfléchir. J’sais plus trop c’que j’fous là. Ni comment rentrer à la péniche. Alors j’peux pas faire le con, surtout si ça doit m’attirer des emmerdes…

J’fronce les sourcils quand elle m’encourage à la frapper. J’en ai bien envie, sûr que ça lui ferait ravaler son insolence et sa pseudo-autorité. Mais… ne pas chercher d’emmerdes… et puis, elle a un couteau en mains, ça craint. “Si j’te mets K.O j’aurai vraiment des emmerdes.” D’un regard plein de provocation, malgré le rouge qui commence à le bouffer.

Elle reste nonchalante quand j’essaie d’me faire intimidant, c’est agaçant. “Hm…” Enfin un semblant de proposition. Le couteau contre un service dû. J’scrute les yeux de l’adolescente à la recherche d’une arnaque. Sérieux, elle a des sbires…? Mais c’est quoi cette nana ?

J’fais mine de réfléchir une poignée de secondes comme si la réponse était pas toute faire, “Ok.” A vrai dire, on verra bien le moment venu ce que ça me coûte. Qu’elle compte pas sur moi pour lui donner quoi qu'ce soit contre Thaïs, en tout cas.

Bien sûr j’me méfie, surtout quand elle promet que ce sera marrant... “J’suis pas trop jeune pour quoi qu’ce soit !” du tac au tac, le ton qui grimpe d’un coup dans un élan de fierté. J’tends la main pour récupérer mon arme, soulagé de la récupérer sans y laisser un bras - ou autre chose. “Merci.” Soufflé avec résignation. J’irais pas jusqu’à dire que j’suis reconnaissant, mais elle aurait clairement pu me foutre dans la merde pour ça. La prochaine fois, j’le cacherai, à défaut de sortir complètement désarmé.

J’tourne la tête vers la prison, puis les alentours. J’ai aucune idée de la direction à prendre. Mais j’ai pas l’intention de lui d’mander de l’aide. Ni quoi que ce soit. J’préfère encore me perdre, au pire ça m’laissera l’temps de redescendre avant de rentrer.

“J’rentre. J’serai là pour voir Thaïs te péter la gueule.” En relevant le menton vers elle avant de m’en détourner. A défaut de savoir où j’vais, faut que j’ai l’air sûr de moi.

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