The Walking Dead RPG

Officiellement,  il n'est toujours que leur médecin. C'est Edith qui oriente vers lui certains clients, dont elle connaît les goûts particuliers et qu'elle sait discrets. Personne n’aurait intérêt à ce que ces pratiques s'ébruitent trop loin - même si le laxisme dont fait preuve la milice envers le bordel est d’une fabuleuse hypocrisie.

Installé dans cette ancienne chambre agencée en infirmerie, Ray se crispe chaque fois que la porte s’ouvre. Il se détend lorsqu'il reconnaît une fille qui vient le voir pour ses qualités de médecin. Ou un client, parfois, victime de sa propre fougue et trop honteux pour se rendre au dispensaire avec l’entrejambe en sang ou de quoi le faire accuser l'adultère.

Plus rarement, mais toujours bien trop souvent, c’est un homme qui n'a aucun problème de santé - ou du moins n'est pas là pour se faire soigner.

Il les reconnaît généralement à leur regard. La plupart usent de mille détours avant de l'approcher, comme s'ils avaient honte et peur de se faire piéger. Certains ne lui demandent qu’un massage. D’autres se sentent bien plus à leur aise. Ray se laisse porter, se laisse faire, sans jamais vraiment donner de lui-même. Se dit que s’il est assez ennuyant, ils ne le redemanderont pas.

A chaque fois, ça lui fait toujours aussi mal. Physiquement, d'abord, même s'il sait s'en remettre. Psychologiquement, c'est pire. Car pour son esprit qui se fragmente, il n'a aucun remède. Sa dignité est inexistante, comme son amour-propre. De toute façon, il y a bien longtemps qu'il s'est déconnecté de sa carcasse. Qu'il hait ce corps qu'il aimerait faire disparaître dans sa maigreur.

Voilà un nouveau venu. Ray se fige devant ce visage connu. Ils se sont croisés à plusieurs reprises lors des groupes de parole de sa thérapie. Ashton lui avait donné l'impression d'un candidat sérieux et dévoué à sa guérison. Il s'exprimait bien. Avec ferveur.

***

Ils sont tous les deux allongés sur le lit, face à face. Ray est angoissé, mais le moment qu’il redoute n’arrive jamais. L’autre ne le touche pas vraiment, se contente d’effleurer sa main du bout de ses doigts, comme s’il avait conscience qu’un contact trop appuyé le brûlerait.

“Je me souviens de toi.” Ray ne répond pas. “Tu avais l’air sincère. Bien plus que je ne l’étais.” La pointe de son index flotte au-dessus de la paume ouverte. “Tu croyais vraiment à ces conneries ?”

Leurs regards se croisent. Ray est confus. Encore tétanisé. “Ce ne sont pas… des conneries. On m’a donné la chance… on nous a donné la chance de changer.” Et il est encore convaincu d’être guéri. Même si Luther l’a remis en question. Qu’y connait-il de toute façon…

Ashton sourit, rompt le contact pour se redresser sur ses coudes. “Tsss, on se croirait dans les années vingt, tout le monde a perdu sa putain de tête…” Il plonge une main dans sa poche, en sort une petite boîte métallique dans laquelle sont alignées quelques cigarettes roulées. Il en coince une entre ses lèvres et craque une allumette. La fumée ne dérange plus vraiment le kiné. Elle lui donne envie de se polluer les poumons, lui aussi. Comme une faim qui lui tord l’estomac.

“Juste quelques mois avant l’épidémie, on fêtait l’autorisation du mariage gay dans tout le pays. Sept ans plus tard, tu crois vraiment que l’opinion publique s’est complètement retournée ?” Ray fixe le bâtonnet de tabac compressé. Ashton le lui tend après quelques bouffées. Il inspire, fort, doigts tremblants qui maintiennent la cigarette à ses lèvres. “Les gens ont peur. Ils se sont raccrochés à la religion et New Eden en fait ce qu’elle veut. Mais au fond… on est bien plus nombreux qu’ils le croient. Et ils le sont encore plus à nous soutenir.” Ray l’écoute. Lui rend sa clope. “Je ne crois pas.” Fait-il en haussant les épaules, comme s’il lui racontait un scénario de fiction. Il n'ont jamais eu aucun soutien. “La société était décadente. L’épidémie, une punition divine pour nous être éloignés de Dieu.” Ashton soupire, “T’es vraiment atteint.”

***

Le kiné ouvre la porte de la chambre où sa collègue se repose avec leurs deux colocataires. “Phoebe. Tu peux venir ?” Voix neutre, il ne la regarde même pas, s’assure juste qu’elle le suive lorsqu’il descend péniblement d’un étage pour rejoindre la chambre qu’il occupait plus tôt. Les draps sont encore défaits, un mégot qui traîne sur la table de chevet.

Il la laisse passer, ferme la porte derrière elle. Une boule d’angoisse au creux de la gorge, il ne lui accorde qu’un bref et timide regard avant de prendre son courage à deux mains, “Combien tu prends pour une passe ?” De sa poche, il sort déjà quelques tickets. “J’ai aussi des cigarettes…” Pas en grande quantité, cela dit. Ils partagent le plus gros de ces ressources de toute façon. Mais un petit extra perso peut toujours être utile, n’est-ce pas ?

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Elle n'avait pas compris, quand Ray lui avait demandé de venir. Le suivant sans trop discuter, terminant de nouer la ceinture de tissu à ce kimono bien trop fin pour lui tenir chaud, mais qui avait le mérite de protéger ses bras de la fraîcheur de l'automne, avisant le kiné sans réellement comprendre. Ray semblant distant, presque timide, alors qu'il peinait à la regarder. Et si certains client n'osaient faire de remarques sur le bandage à son oeil, ça faisait bien longtemps que Ray et Tasya s'en étaient accommodés. Assez, pour ne pas avoir à détourner le regard au devant d'une conversation, comme celle que le brun semblait peiner à lancer.

Tu es sûr que ça va ? S'enquit la blonde avec inquiétude, avant que la question ne tombe comme un couperet. La laissant coite une seconde, encore persuadée d'avoir mal compris, avant qu'il ne commence à sortir les tickets de rationnement et n'évoque quelques cigarettes, avisant le brun avec un air profondément perdu. Ray... souffla Phoebe, ne comprenant pas le fond du problème. Pourquoi vouloir lui acheter ses services, au juste ? Si elle n'avait jamais abordé la discussion avec lui, elle n'avait pour autant jamais vu le moindre problème à ce qu'il aime les hommes. Alors... Pourquoi donc ? Venant avec douceur poser ses mains sur celles tremblantes du brun pour l'inciter à stopper son comptage de troc, l'incitant à le regarder avec insistance pour qu'il daigne enfin croiser son regard.

Assis toi, déjà. souffle t-elle avec douceur, lui indiquant la chaise. Tu veux bien ... M'expliquer, avant de me parler d'une stupidité comme un paiement ? Pour commencer, ça pourrait être un bon début oui. D'autant qu'ici, au bidonville... Elle doutait fort qu'il n'ait réellement besoin de cacher son homosexualité. Certains venaient même chercher des hommes, au bordel, quoi que le secret soit relativement bien gardé, et réservé pour les clients de confiance. Je ne veux pas de tes paiement. Garde les. Par contre, je veux bien t'écouter.

Where to, Miss?

To the stars.

Il ne s’assoit pas. Ray n’aime pas le contact des mains de Phoebe sur les siennes. Il prend sur lui pour ne pas la repousser, bien conscient que s’il va jusqu’au bout de son idée, il devra s’imposer bien plus que ça.

“Je n’ai pas envie de parler.” En laissant tout de même tomber l’idée de lui donner ses tickets. Pour le moment, du moins. Son regard se pose sur son oeil unique ; il peine encore à réaliser que derrière son bandage, il n’y a plus qu’un creux sous ses paupières. Le fait qu’il en soit responsable, même indirectement, lui file un vertige insupportable.

“Je sais que ça peut être… bizarre… " Parce qu'ils se connaissent, sont à peu près amis à présent. "Mais…” Il s’efforce d’agir avec douceur, repliant ses doigts tremblants sur les siens. “Je ne te ferai pas de mal.” Contrairement à toutes les brutes qui passent par ici. Contrairement à eux, il considère Phoebe.

“J’ai juste besoin de…” Il baisse les yeux, le coeur pulsant au creux de la gorge. Impossible pour lui de se justifier. Elle ne comprendrait pas la tempête qui fait rage dans son esprit. Tout s'est accéléré depuis qu’il s'offre de nouveau à des hommes. Quand la douleur supplante largement toutes les autres sensations, il se conforte dans l’idée de sa guérison. Mais il ne s’en sent pas moins humilié, dépouillé de ce qui devait faire de lui un homme.

Et puis, les choses ont pris une tournure déroutante avec Ashton.

Merde.
Ray s’avance, mû par l'urgence, se penche vers Phoebe pour prendre ses lèvres. Il la retient d’une main derrière la tête, lui impose son désespoir, sa souffrance et toute sa tendresse maladroite dans un baiser qu’il la laisse interrompre aussi vite qu’il ne s’est lancé.

Ce qu’il en retire : une vague sensation humide, douce mais vide. Cette même absence de ressenti qu’il avait avec Lynn. Rien dans ce contact ne le fait vibrer. Plutôt culpabiliser.

Et ça le frustre. Terriblement. Il aimerait fonctionner comme tous les autres. “Traite moi comme un de tes clients. Comme… un type normal. S’il te plaît.” Bien sûr, elle peut l’envoyer paître. Ray ne la forcera pas davantage, il se rabattra sur une autre des prostituées du bordel. Marisol, peut-être, ou n’importe qui à vrai dire. Il se ferait même Javotte pourvu que ça le rassure sur ce qu’il est.

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Personne n'avait envie de parler depuis qu'ils avaient été jeté ici comme des animaux. Et encore... Les rats du bidonville mangeaient certainement mieux que bon nombre d'entre eux ici. Et alors qu'il assure qu'il ne lui ferait aucun mal, elle ne peut s'empêcher d'avoir un sourire triste à cette idée. Je le sais. Lui assure t-elle par ailleurs dans un souffle, alors qu'il semble peiner à trouver les mots pour exposer cette envie subite; Et surtout, avec une femme. Comme elle. L'avisant à nouveau sans mot dire, craignant de le brusquer en insistant de nouveau alors qu'elle n'a qu'un bref mouvement de recul quand il revient vers elle subitement. Sans doute trop peu habitué à la brusquerie avec laquelle certains clients la traitent, quoi que le geste qu'il lui offre au moins, n'a rien de violent ou de méchant. Médusée par ce baiser qu'il vient lui prendre, calant sa main à l'arrière de son crâne pour l'empêcher de reculer quoi que le geste ne la fasse buter contre le mur dans son dos, la laissant interdite une courte seconde.

Au moins, la douceur est là. Mais rien ne va dans ce baiser. De cette absence complète d'émotion ou de désir, à ce goût de désespoir qu'elle peut encore sentir sur ses lèvres, alors que sa nouvelle demande vient lui serrer le coeur. Son oeil bleu revenant l'aviser en silence, non sans une vague de compassion qui vient étreindre sa poitrine en l'écoutant parler. Levant avec douceur une main qu'elle vient poser sur sa joue, l'effleurant une courte seconde alors que leurs visage sont encore proches.

Mais, Ray... Tu es normal. vient-elle pourtant insister avec douceur, ramenant à l'arrière de son front une mèche brune en l'incitant à ne pas quitter ses yeux dans l'espoir de le ramener à la réalité, cessant néanmoins tout contact physique. Tu l'as toujours été, je te le promets. souffle t-elle à nouveau, venant se mordre la lèvre un court instant, inquiète. C'est vraiment... C'est vraiment ça, que tu veux ? A ses yeux, ça n'était que la première étape d'un long précipice. Qu'est-ce que je peux dire, pour te rassurer ? demande néanmoins la blonde avec douceur, dans l'espoir d'entamer un semblant de dialogue.

Where to, Miss?

To the stars.

Le stress grimpe. Les événements ne prennent pas la tournure qu’il espérait, et face à Phoebe qui se veut une confidente compréhensive plus qu’une amante pour la nuit, Ray est complètement déstabilisé.

Cette main qui se pose sur sa joue ne le rassure pas du tout. Ray se sent pris en pitié, plus petit et pathétique que jamais. Son baiser n'a éveillé aucun désir, ni pour elle, ni pour lui. Le contact en est juste désagréable, et s’il penche légèrement la tête, il ne cherche pas vraiment à s’en défaire. Le regard de Phoebe plonge dans le sien, ses doigts courent jusqu’à sa tempe.

Ce qu’elle dit est faux. Il est une abomination qu’on a refaçonné pour le faire ressembler aux gens normaux. Elle n'est pas dupe, doit bien s'en rendre compte. A vrai dire, il est à peu près persuadé qu'il la dégoûte. Compréhensible quand son propre reflet lui file la nausée.

S’il est certain de ce qu’il veut ? Non, c’est même tout le contraire. Contradiction perpétuelle entre son corps et sa volonté, rien n’est plus raccord comme un livre dont la moitié des pages aurait été arrachée. “Je ne veux pas te forcer.” souffle-t-il doucement, comme pour éluder son propre avis sur la question.

Et que pourrait-elle dire pour le rassurer ? Lui se mordille l’intérieur des lèvres, frustré, glisse comme un réflexe, sèchement, “Je n’ai pas besoin d’être rassuré.” Il avait dit la même chose à Lynn, très exactement et sur le même ton de reproche, lors de leur nuit de noces. C’est bien sûr toujours aussi faux. Et il le réalise seulement.

“Je…” Il prend une inspiration, hésite un instant à la toucher davantage, il pourrait la prendre par la taille, la pousser vers le lit, prendre le contrôle. Ray se contente de baisser les yeux. “Je ne sais pas.” Ce qu’il veut, ce qu’il a besoin d’entendre. “Désolé.” Fait-il en reculant finalement, redonnant tout son espace personnel à la blonde.

Lui aussi a l’impression de pouvoir respirer à nouveau quand il s’en éloigne. Ray recule pour s’asseoir sur le bord du lit. Très vite, il se laisse tomber en travers, face au plafond, plaque ses mains sur son visage en les laissant retomber mollement sur le matelas. Il fait sombre. L’unique fenêtre donne sur les formes indistinguables des bâtiments dans la nuit. Les draps ont gardé l’odeur de son dernier client. Mélange dérangeant avec celles et ceux qui l’ont occupé avant. Il n’a pas le luxe d’avoir son propre espace, se contente d’aller où il peut.

“Est-ce que tu pourrais juste… ne pas en parler aux autres ?” Fait-il plus bas, sans conviction. “C’est déjà bien assez embarrassant comme ça.” Pourtant, impossible de ne pas l’imaginer se moquer de lui avec Harper et Tasya.

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Il ne voulait pas la forcer. Prenait un semblant d'égard à son attention, alors qu'elle hoche la tête avec douceur. Je sais. Je te fais confiance pour ça. promet la blonde, fronçant les sourcils alors qu'il assure sèchement ne pas avoir besoin d'être rassuré. Ancrant son regard dans le sien alors qu'il finit par lui laisser à nouveau un espace vital, ne répondant pas à ses excuses. L'avisant sans comprendre, alors qu'il semble totalement perdu la situation, pinçant les lèvres alors qu'une vague de compassion lui saisit la gorge en l'avisant tomber sur le lit.

Ray... souffle la blonde, se rapprochant en douceur sans venir s'asseoir à ses côtés. Lui laissant cet espace vital qu'il semble avoir récupéré, venant croiser les bras contre sa poitrine en l'observant. Je n'avais pas prévu d'en parler à qui que ce soit, tu sais ? fait-elle remarquer dans un soupir, resserrant les pans de sa veste contre son haut pour se protéger du froid, sans grand succès.

Je ne suis pas dans ta tête, et je ne peux pas savoir à ta place ce que tu veux. souligne t-elle finalement, essayant de croiser à nouveau son regard. Je veux juste ... être sûre de pouvoir t'aider. Et elle n'était pas sûre que coucher avec lui ne soit une réelle aide, dans l'immédiat. A moins peut-être pour lui confirmer qu'ils avaient tous deux, une attirance inexistante pour la gente féminine. Devait-elle le faire ? Céder à sa demande, ou plutôt tenter le dialogue ? Si elle était persuadée que la seconde option serait la meilleure, lui ne semble pas en accord avec l'idée, pourtant.

S'il te plaît, parles moi. Je n'ai rien dit pour l'interrogatoire, tu crois franchement que je serai du genre à aller répéter ce qui pourrait se dire ou se passer ici ? Elle y avait laissé un mari, des enfants. Potentiellement même un frère, quoi qu'elle ne se raccroche à l'idée que Jacob sache la pardonner. Baissant le regard au sol avant de revenir à lui, la gorge serrée.

Where to, Miss?

To the stars.

Elle approche sans s’asseoir. Ray est persuadé de la dégoûter autant qu’il se dégoûte lui-même. Seuls ceux qui veulent le réduire en miettes vont encore jusqu'à le toucher.

Il fixe le plafond alors qu’elle lui assure qu’elle ne s’amusera pas de son ridicule avec les autres. D’abord, il peine à la croire. Et puis, il se dit qu’il s’accorde peut-être trop d’importance.

Un vague rire jaune noyé dans un soupir, effectivement, il n’est pas très clair sur ce qu’il veut.

Ray glisse une main dans la poche de son pantalon, en sort la petite boîte métallique que l’homme lui a confiée. Elle contient encore quatre cigarettes roulées. Le kiné en coince une entre ses lèvres. Il se redresse pour se pencher au-dessus d’une bougie et embraser le tabac, retrouvant sa position dans un petit nuage de fumée. Il repense à la cigarette que lui avait offert Richard, comme il avait failli s’étrangler dans la fumée. Dieu que c’est loin. Elle le chatouille à peine à présent.

“Pourquoi tu voudrais m’aider gratuitement ?” Fait-il doucement, las et intrigué. Et quant à sa capacité remarquable à garder un secret, il souffle, confus, “Tu aurais dû tout dire. Je ne comprends pas pourquoi vous avez cherché à me protéger…” Que ce soit elle ou Tasya. Il ne lui serait pas venu à l’esprit de s’infliger quelconque souffrance pour préserver une simple connaissance. Elles auraient pu reprendre leurs vies. La sienne aurait suivi ce même chemin, tout tracé.

Ray se redresse sur ses coudes, tend la cigarette à son amie. Lorsqu’elle vient la prendre, ses doigts effleurent volontairement ceux de la blonde, à la recherche d’une petite étincelle qui refuse de s’allumer.

Il marque un silence gêné. Et puis, à force d’hésitations, et alors que l'idée d'un moment intime lui cause plus d'appréhensions que de réelle envie, il finit par se décider à lui demander, “Est-ce que tu crois que je suis guéri ?” Il bascule de nouveau en arrière, regard planté sur le plafond. Il inspire douloureusement, et continue avant qu’elle ne lui réponde. “Je regrette le confort de ma maison. La compagnie de Lynn. Mais… je me sens comme… soulagé, que notre mariage soit annulé.” C’est parfaitement égoïste de sa part de le relever alors qu’elle et Tasya sont encore dévastées par leurs propres séparations. Mais puisqu’il faut qu’il parle… “C'était oppressant.” Et il lui a fallu s’en défaire pour véritablement s’en rendre compte.

Il ferme les yeux un instant, “... Le client qui est passé me voir tout à l’heure, il était en thérapie avec moi. On s’est croisés quelques fois, pendant les groupes de paroles, aux repas… On a… juste parlé… il m’a… à peine touché.” Quelques caresses, du bout des doigts, qui semblaient déjà flirter avec une limite commune aux deux hommes. Pour lesquelles il lui a tout de même laissé ces quelques cigarettes. “Il affirme être resté comme avant. Mais moi… je ne sais pas. J’espère que non.” Sa main remonte doucement sur son propre bras, comme si le souvenir de son contact lui déclenchait une légère démangeaison. Dans tous ces discours contradictoires, Ray ne s'y retrouve plus. C'est une bataille interminable qui tempête dans son esprit et l'épuise, de plus en plus.

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