Il semble que William ne déteste pas non plus les compliments et s’empresse même de lui en offrir un autre. Ça fait rire Lara une fois de plus, qui apprécie d’ailleurs fortement la flatterie. Elle songe à nouveau qu’il y a bien longtemps qu’on ne lui avait pas fait de charme comme ça. En quelque sorte, ça lui a manqué en toute honnêteté. Elle avait l’habitude depuis assez jeune. Les compliments, l’intérêt des autres, le regard des autres. Elle adore ça, rien ne sert de le nier, du moins mentalement.
- Dire que j’aurais tant aimé plus jeune avoir un autre accent ! Plaisante l’Australienne. Un bel accent British ou Italien. Rêvasse faussement Lara.
Elle a depuis longtemps accepté sa façon de parler de toute manière, utilisant cedit accent à son avantage même. L’ancienne mannequin a toujours eu de la verve et un certain charisme, tout ça a joué plus d’une fois en sa faveur.
Un énième rire quitte les lèvres de la quarantenaire, tandis que William imagine un monde où tout redeviendrait à la normale. Lara n’a pas cette certitude. Bien au contraire, mais il est amusant de se prêter à l’exercice.
- Une maison sur la plage. Avec de grandes fenêtres pour voir l’océan. Une immense véranda pour se prélasser au soleil, plein de plantes intérieures ou extérieurs. Un véritable petit refuge pour ma famille et moi après nos journées en ville. Je soutiendrais ma fille peu importe l’activité qu’elle souhaiterait entreprendre, mais je surveillerais comme un faucon qu’on ne prenne pas avantage d’elle. Aux États-Unis, c’est différent qu’en Australie. Plus… toxique en matière d’apparence. Songeait tout haut la maman. Et vous William, si le monde redevient comme avant, que feriez-vous ? Où habiteriez-vous ? Demande la blonde avec curiosité.
Quant à Zelda…
- Oui, je prends les choses un jour à la fois. J’ai la chance de pouvoir venir en visite heureusement.
Peut-être aussi que sa fille va s’assagir avec le temps et qu’elle pourra revenir à Fort Nisqually. Peut-être que Zelda reviendra rapidement sur sa décision et demandera à Lara de venir s’installer ici. Seul le temps le dira.
Will regarda brièvement sa vis-à-vis, alors qu’ils continuaient à avancer. Elle avait une façon de penser peu commune. « Le vôtre vaut pourtant mille fois mieux que ces accents hautains ou charmeurs, mais tellement surcotés. » Il s’arrêta un bref instant avant de prendre, malicieux. « Et puis ne dit-on pas des mammas italiennes qu’elles sont tellement strictes et exubérantes qu’elles en feraient frémir le pire des polissons ? Je suis sûr que vous n’avez pas besoin de hausser la voix pour vous faire entendre et respecter. » Pas plus qu’elle ne devait se mettre des barrières à cause de son accent : au contraire, il le lui avait dit, ça faisait son unicité et la démarquait des autres. De toute façon, elle lui semblait assez forte et affirmée pour que ça ne soit pas le cas.
« Un joli petit coin de paradis ! » Un eldorado, aussi illusoire que la légende, mais qui donnait quand même envie. « Vous avez la main verte, alors ? » Il essayait d’occulter les similitudes avec la vie dont rêvait Judy, plus jeune – de fonder une famille avec lui, de pouvoir s’évader dans une maison secondaire où personne ne viendrait les déranger : ni leurs familles respectives, ni des amis envahissants. Où leurs enfants pourraient grandir en toute quiétude, sans se soucier des conventions, comme ils avaient dû le faire. Secouant la tête, il essaya de se ressaisir pour sourire à la femme qui lui faisait face. « C’était comme ça, chez vous ? Si proche de la nature, si tranquille ? Moins gouverné par les apparences ? » Car il ne pouvait le nier, même s’il avait toujours évolué dans un milieu où les apparences primaient, c’était très différent au Canada qu’aux Etats-Unis. Dans son pays natal, l’apparence primait mais en toute élégance et raffinement. Aux Etats-Unis, c’était plus… ostentatoire, démesuré, excessif.
Haussant les épaules, il se laissa le temps de la réflexion, alors qu’elle lui retournait la question. « Eh bien, je ne changerai probablement pas grand-chose à ma vie d’avant : je continuerai à découvrir le monde, grâce à mes compétences de pilotes, mais je me construirais un vrai cocon de douceur, en dehors de mes missions. Mon appartement d’homme célibataire était un très bel appartement témoin : idéal pour être vendu. Spartiate, pour y vivre. Si je le pouvais, j’achèterai un grand chalet, bien entretenu, au milieu de la campagne canadienne. » Trop grand pour un homme seul, mais il avait depuis longtemps enterré toute envie de construire une famille.
« Une attitude très sage. » Probablement pas facile à adopter pour autant. « Je pourrai tenter de vous faire parvenir de ses nouvelles régulièrement, si vous le désirez. » En sortant lui-même, ou par le biais d’autres habitants de l’île.
WE ARE SOLDIERS
It's time to strap our boots on This is a perfect day to die Wipe the blood out of our eyes In this life there's no surrender
Il complimente de nouveau l’accent de l’Australienne et ça lui fait bien plaisir, même s’il pousse un peu la note sans doute. C’est un charmeur à n’en point douter, l’exercice est amusant il faut dire. Même la quarantenaire se laisse prendre au jeu.
- Oh, bien moins que d’autres, mais il suffit de choisir des plantes faciles d’entretien. Plaisante un peu Lara.
Elle n’a jamais eu de jardin ni de petite jungle intérieure par manque de temps, même si l’idée lui a toujours plu. Entre le travail et la vie familiale, il fallait faire des choix. Aujourd’hui, l’envie y est moins, mais peut-être que la blonde se laissera tenter éventuellement à emplir sa petite caravane de verdure ?
- Oui ! Je ne dis pas que c’est parfait, loin de là, mais c’est bien différent d’ici et des standards extrêmes des Américains.
La toxicité était bien présente, comme partout dans le monde. Les États-Unis étaient simplement dans les chefs de file. M’enfin. Lara préfère écouter son vis-à-vis lui parler de son appartement de célibataire. Moins attrayant que l’idée du chalet perdu dans la campagne canadienne, la quarantenaire doit bien se l’avouer.
- Ça me semble très paisible ! J’imagine avec toute la neige du Canada, le décor doit être à couper le souffle ! Même si en toute honnêteté, je préfère la chaleur au froid. Avoue l’ancienne mannequin en riant doucement.
Peut-être par manque d’habitude ? Par ignorance ? Après tout, elle n’a connu que le froid de Washington…
- C’est réellement très gentil de votre part William ! Il me semble que ma fille vous apprécie énormément en plus, ce serait parfait ! D’avoir des nouvelles via un proche de Zelda est réellement une chance inespérée.
Ils continuèrent de papoter comme ça pendant… un temps que n’arrivera pas à quantifier la blonde. Conversations agréables, balades dans le camp, compagnie charmante, tout ça fera passer le temps à une vitesse folle. Ce ne sera que quelques heures plus tard que Lara retrouvera la maison de Yuan, le cœur un peu plus léger.