The Walking Dead RPG

Bien évidemment que c’est la cheffe du camp qui décide, rien d’étonnant dès lors que l’on sait à quel point elle dirige tout ça d’une main de fer. J’ai un sourire à l’intention de Friedrich qui se montre bon vendeur, en m’appâtant avec l’échange d’informations.  « Nous aviserons. » ça ne sert à rien de tergiverser de toute manière.

Et j’écoute ce qu’il me dit, ce qu’il sous-entend, ce qu’il tait, concernant leur vaccin avec attention. Une faim insatiable… Est-il vraiment en train de dire ce que je crois qu’il dit ? Oui, sans doute que oui si je recoupe ça avec toutes les informations que j’ai déjà. Eurk. Les victimes de ce vaccin étaient-elles au courant ? Y avait-il eu des… incidents ? Je prends quelques notes en coréen sur le bloc à côté de moi, alors que l’homme qui poursuit ses explications. « Vancouver ? J’y suis allée, il y a environ trois ans. Beaucoup des laboratoires étaient trop envahis pour que je puisse réellement trouver quelque chose. » Mais peut-être ai-je cette moitié des recherches dont il parle dans mes notes malgré tout. « Et peut-être ai-je bien fait de ne pas trop m’y aventurer seule, je n’aurais pas fait long feu face à un super-rodeur à l’époque. » Ce ne serait pas forcément mieux aujourd’hui, mais au moins suis-je au courant de leur existence. « Il semble probable que la mutation ait été accélérée par les expériences, comme ça a souvent été le cas dans les recherches scientifiques. » C’était bien des chercheurs et autres scientifiques qui avaient créés, officiellement ou non, les pires horreurs qui s’étaient répandues sur terre… Etait-ce le cas pour les rodeurs aussi ? Probablement que oui.

Je hoche la tête alors qu’il confirme l’efficacité de leur vaccin actuel, me tournant vers Bonnie quand elle prend le relai. Je sais bien que les essais ne sont que théoriques, il n’y a jamais aucune certitude dès lors qu’il s’agit d’études ou de recherches de ce genre. Je hausse un sourcil. « Il s’adapte ? Vous êtes en train de me dire qu’il se peut que l’on se retrouve avec des rodeurs aquatiques ? Ou des rodeurs plantes en mode… Aquaman et Poison Ivy ? » C’est peut-être un tantinet exagéré comme comparaison, mais l’image est là. Je hoche la tête pour le reste de son explication. « Assez agressif pour être aisément transmissible et survivre quoi qu’il arrive. » Je suspens mon crayon un instant et fixe à nouveau l’homme. « Votre vaccin empêche la transformation en rodeur, même après la mort ? » La réponse semble évidente et logique, mais j’ai besoin d’avoir la confirmation, après tout, les réactions de ce virus sont on ne peut plus inattendues. Mais peut-être qu’aucun d’entre eux, aucun des vaccinés, n’est mort à ce jour.  

« Oui, quand il n’y a plus de stimulis, ils semblent comme endormis, en mode repos, en attente. » Jusqu’à l’arrivée d’une proie. « La plupart des prédateurs misent sur l’effet de surprise lors de leurs attaques, utilisant leur vitesse pour surprendre et attraper leur proie. Mais les rodeurs n’ont ni l’avantage de la vitesse, ni l’intelligence suffisante pour organiser des traques. Leur seul atout est le nombre. » Je grimace. « Du moins était-ce le cas jusqu’à l’arrivée des super-rodeurs. » Eux ressemblent bien plus à des prédateurs tels qu’on les connait. « Mais ça pourrait expliquer les regroupements. Ou comme dit, il s’agit peut-être d’un reste d’esprit grégaire. » Quant à un possible langage, je n’ai malheureusement aucune information à ce sujet.

« Vous vous souvenez à quel groupe il appartenait ? » Que je puisse peut-être avoir l’occasion de leur parler. Et si mon regard brillait déjà d’intérêt, ce sont carrément des étoiles qui s’allument quand il me demande si je veux le voir. « J’aimerais beaucoup oui. » Evidemment que oui.

Mon supérieur s’occupe de répondre à quelques-unes des questions de notre invitée. Je l’observe pendant ce temps, notant ses réactions, les moments où elle décide de coucher sur papier ses pensées ou les informations que nous lui donnons.

On enchaine sur la mutabilité des virus et visiblement j’ai piqué sa curiosité tout comme son effroi.

- Effectivement, comme bien des virus, celui-ci s’adapte et fait en sorte que son hôte s’adapte tout autant. Je ne sais trop qui sont Aquaman ou Poison Ivy, je doute que l’on parle simplement la plante communément appelée herbe à puce, si le premier semble plutôt tout droit sortie d’un film de superhéros. Disons simplement que l’hôte de camoufle plus aisément dans son environnement. Le corps est plein de petits récepteurs dont nous ne sommes pas conscients. Il semble que le virus perçoive les signaux de ceux-ci. Des rôdeurs sauraient donc plus ou moins de déplacer dans l’eau ou se camoufler contre un arbre ou la couche holorganique d’une forêt. L’on parlerait plus de pulsion, d’instinct cependant. Du moins en théorie, car il ne semble pas y avoir nécessairement de réflexion derrière les mouvements ou les gestes d’un infecté jusqu’ici. D’où notre surprise quant à leur rassemblement.

Il nous faut absolument étudier la question de communication de horde. Je l’ai noté, mais cette idée va néanmoins me tenir éveillée pour les prochaines nuits, je n’en doute pas une seule seconde. Est-ce une question de phéromones, d’un esprit ruche ou d’inconscience-consciente ? Je me demande si j’oserais sortir de Fort Ward pour aller faire des observations sur le terrain ? Cette idée me terrifie, mais ma soif d’apprentissage serait peut-être plus forte que tout ?

Je laisse une fois de plus Friedrich répondre aux questions suivantes, tant au niveau du vaccin qu’au sujet de l’infecté supposément immortel sur lequel nous avons pu mettre la main.

Nous n’avons pas encore testé toutes les méthodes pour éliminer ce rôdeur, trop précieux pour s’en débarrasser, mais nos tests démontrent effectivement une certaine forme d’immortalité. Jusqu’à preuve du contraire toutefois, je considère qu’il s’agit plutôt d’une résilience accrue quant aux dommages mortels.

« Effectivement, nos recherches ont leur lot de revers, malheureusement. Nous ne sommes pas tout puissants… J’admets volontiers que si le premier vaccin a été un échec, c’est parce que nous avons manqué de patience. » Il aurait pu directement accuser son prédécesseur pour cette faute grave. Mais qu’est-ce que cela changerait au final ? Cette erreur, était celle de toute l’équipe au final.

La référence d’Aquaman ne dit strictement rien à l’autrichien qui se contente de laisser sa collègue prendre l’initiative de la réponse. « Jusqu’ici, on sait qu’ils restent dangereux dans l’eau, mais ils ne sont effectivement pas adapté à se mouvoir à cause de leur état de décomposition avancé. J’imagine que le jour où le virus en sera capable, nous aurons alors une mutation bien plus inquiétante sur les bras. » Parce que ce genre d’adaptation signifierait sans doute des modifications sur l’hôte qui le feraient craindre le pire.

« Oui, jusqu’ici nos morts vaccinés le sont restés. » Entre les tests dans les sous-sols du laboratoire et les faits lors de certaines expéditions, l’autrichien n’en doutait pas un instant. « Le vaccin met le virus en sommeil, suffisamment du moins pour qu’il n’ait pas la capacité d’agir, même après la mort de son hôte. » Confie-t-il, comme explication. « Quant à la transmission génétique de femme vaccinées enceintes, nous n’avons pas un panel très élargi, mais la majorité des enfants sont nés avec les propriétés protectrices du vaccin. Nous verrons dans quelques années si celui-ci tient ou s’il est nécessaire de leur faire faire un rappel à la puberté. » Explique-t-il, même si elle n’avait pas posé la question.

Les informations de Moon l’intriguaient d’autant plus. « Reste donc à savoir ce qui les a poussé à tous se rassembler là-bas. Ils se décomposent avec le temps, et beaucoup plus rapidement sans apport en nourriture alors… Qu’est-ce qui les pousse dans des lieux non fréquentés ? Dire qu’ils se sont perdus me semble trop simpliste. » Commente-t-il, intrigué.

Mais il n’aura pas vraiment le temps d’intriguer plus sur la question qu’ils se dirigent ensemble vers l’extérieur du laboratoire pour rejoindre un bâtiment attenant où ils trouvent le rôdeur immortel, lourdement enchaîné et surtout isolé dans un box solide, avec un vitrage renforcer pour faciliter l’observation. « Le voici. Je ne me souviens plus du nom du groupe, non. Sheppard, ça ne vous dit rien ? Connor je crois… » Le généticien n’était pas présent lors de l’échange alors, il n’avait pas vraiment retenu. Ce rôdeur était vraiment spécial : il les entendait et les voyait, aussi il se mit en mouvement pour les atteindre mais sa faiblesse évidente et ses entraves l’en empêchait vraiment. « Il est impressionnant. Nous lui avons coupé un bras pour pouvoir étudier ses tissus mais… Il est tout simplement fascinant, et d’autant plus dangereux. Bonnie ? » Appelle-t-il, en se tournant vers la jeune femme. « Tu veux bien parler à Moon des premières recherches que nous avons menées sur lui ? »

We could stay like this forever, lost in wonderland, with our head above the clouds, falling stupid like we're kids. Wearing rose-colored lenses, let's just play pretend. Wearing rose-colored lenses, pretend we'll never end.

❝We went to hell but we never came back.❞

Un sourire tout ce qu’il y a de plus poli étire mes lèvres alors que je hoche la tête quand il reconnaît ne pas être tout puissant. Ce n’est pas si souvent qu’un scientifique le reconnaît aussi aisément. Un échec signifie sans doute beaucoup de tests et beaucoup de morts. Je ne dirais pas que peu m’importe, loin de là. Je me retiens de demander combien de cobayes involontaires sont morts pour que leurs recherches finissent par aboutir, même si je sais qu’aucune découverte ne se fait sans sacrifice, même si je me dis que le résultat en valait peut-être la peine… Il faut bien s'en convaincre.

Quant aux mutations des rodeurs, il y a de quoi avoir froid dans le dos. Comme si cela ne suffisait pas d’avoir dû apprendre à survivre au milieu d’eux, dans un monde décimé, et qu’il fallait rajouter une couche de difficulté. En soi, ce n’est guère étonnant, c’est même une étape logique en quelque sorte, mais il y a quand même de quoi rager. Et de quoi s’inquiéter. Mais la jeune scientifique est claire dans ses explications, et il n’y a au final rien de bien sorcier à comprendre. « Vous pensez donc que les mutations vont se poursuivre, et que les rodeurs se fondront de plus en plus dans notre environnement… » Je regarde le généticien en réfléchissant. « En toute logique, à un moment, le virus se dira donc qu’il faut empêcher la décomposition pour être un meilleur chasseur et pour survivre ? » Ce n’est pas un être doué de pensées, mais il reste vivant, il évolue, il s’adapte, ce qui peut revenir au même non ? Et à ce moment-là, aurons-nous encore une chance d’y échapper ? De nouvelles questions et de nouvelles pistes de recherches, si l’on peut dire, que je note, suivies de quelques pensées plus ou moins liées, ainsi que des informations qu’il me donne concernant le vaccin. Mes notes sont un peu fouillies, je remettrais à plat plus tard.

Bien évidemment, ils manquent de recul à ce sujet, mais il a l’air plus qu’efficace. Si les nouveau-nés sont en quelques sortes immunisés, ça ouvre pas mal de possibilités, et de questions, à leur sujet. « Vous pouvez savoir si c’est un anticorps qu’ils produisent eux-mêmes ou s’il s’agit d’un ‘reste’ du vaccin de leur mère ? Le virus est toujours existant, dormant, même chez les nouveau-nés, il n’est pas… neutralisé ? » Je ne m’exprime pas très clairement, et je ne suis même pas certaine qu’il y ait une différence réelle dans ce que je demande.

« Comme dit, je pense que les rassemblements peuvent être un réflexe,comme un reste d’instinct, d’esprit de meute... » Je hausse les sourcils et les épaules. « Peut-être y a-t-il un Alpha, ou une Reine, qui les attire. Vous pensez que ce serez possible ? Une créature plus forte ? Ou qu'il y ait un genre de hiérarchie ? » Je m’étais posée les questions plusieurs fois, sans jamais trouver quoi que ce soit en raccord avec ça. Et ce n’est pas plus mal, l’arrivée des supers-rôdeurs est déjà bien assez problématique et terrifiante comme ça.

Tout comme leur rôdeur immortel, qu’il me tarde néanmoins de rencontrer. Je les suis sagement jusqu’au bâtiment où il est retenu. Le regard rivé sur la créature, je me contente de hocher la tête quand il me fournit le nom. Connor Shepard. Les Expandables. J’essayerais d’aller les voir. Pour le moment, mon attention est focalisée sur le rôdeur. Qui semble identique à tous les autres, si ce n’est le nombre de cicatrices sur son corps. Je le détaille, enregistrant les types de blessures que je peux reconnaître, et ça en fait beaucoup. « Qu’avez-vous pu découvrir avec son bras ? Il a quelque chose en plus par rapport aux autres rôdeurs ?... Ses cellules sont toujours mortes ? » Question stupide, mais s’il ne meurt pas, peut-être qu’il se régénère d’une certaine façon, non ? Je passe le long du vitrage, faisant totalement confiance à leur installation, l’immortel me suivant plus ou moins. Je ne me détourne de lui que pour écouter ce que la jeune femme a à me dire sur lui.

Laissant Friedrich répondre à diverses questions, je me contente de les accompagner vers notre sujet de test. Celui-ci est presque immortel. Je ne crois pas une seule seconde qu’il soit intuable, nous ne tentons simplement pas le l’éliminer vu la rareté de cette mutation.

- En toute logique oui. Chaque virus existant passe par ce… cheminement. Utilisez des mots simples, il faut que je vulgarise pour notre invitée. Un virus commence bien souvent par être assez fatal, puis se développe doucement pour devenir plus contagieux et moins virulent. Le but étant de se propager, de se reproduire donc. S’il tue trop rapidement son hôte, le virus mourra trop rapidement avant la propagation. Il est donc tout à fait envisageable que ce virus-ci protège son hôte à terme des méfaits de la décomposition, afin de pouvoir infecter le plus d’hôtes possible avant de perdre son… véhicule.

Je crois que je ne peux faire plus simpliste.

- Dormant seulement. Nous sommes tous infectés et c’est la mort de l’hôte qui réveille le virus. Le vaccin contrôle l’éveil seulement, mais n’éradique pas encore le virus.

En chemin, je partage tout à faut la surprise et la curiosité de mon supérieur. Le rassemblement de ces hôtes au même endroit, sans réellement but visible. Forcément, il y a un but, mais celui-ci nous échappe simplement pour l’instant. Oh comme cela est stimulant. Déjà, j’ai l’impression que plusieurs engrenages dans mon esprit s’activent.

- Un genre de conscience commune comme un esprit ruche ? Ou peut-être un signal que nous ne détectons simplement pas ? Un alpha ? Un instinct grégaire ? Je n’oserais pousser en parlant de conscience primaire, qui leur ferait comprendre à plusieurs ils sont plus forts… Cependant, l’une des mutations leur permet de comprendre des mécanismes basiques comme ouvrir des portes…

Passionnant ! Tout simplement. Je prends des notes dans mon calepin, alors que nous arrivons finalement à notre sujet « immortel ». Du regard, je couve un instant ce spécimen rarissime. C’est une réelle chance pour nous d’avoir pu nous le procurer. Friedrich me sort cependant de ma contemplation en me demandant d’élaborer un peu sur les tests que nous avons pu mener jusqu’ici.

- Les blessures les plus fatales semblent se régénérer dans une certaine mesure qui échappe encore à la science. Les cellules ne sont plus viables et pourtant, elles arrivent à se multiplier en une sorte de régénérescence. L’on peut déjà observer ce phénomène dans la nature, notamment chez certains lézards par exemple. Cependant, l’hôte ici n’est pas… à proprement dit vivant. De base, pour tout infecté, le virus semble produire un semblant de vie afin d’animer l’hôte. Ici… cela est exponentiel en fait. Ce qui leur donne cette impression d’immortalité. Nous cherchons encore à recueillir certains témoignages cela dit. Cependant, le bras prélevé ne semble pas avoir embarrassé le sujet. Il ne repousse pas pour autant, mais tout est « cicatrisé ». Nous théorisons donc qu’il faudrait détruire complètement le cerveau et entièrement, pour mettre fin à cette… non-existence.

« Et le jour où le virus aura muté à ce point-là, j’ignore si notre vaccin restera aussi efficace… » Ils auront bien du soucis à se faire, en somme. Il souffle, après les explications de Bonnie sur l’évolution naturelle et fataliste de ce virus qui ne cessera probablement jamais de les surprendre. Combien de temps resteraient-ils maîtres de la situation ? Le généticien aurait aimé détenir quelques certitudes. « Les nourrissons semblent avoir créé des anticorps grâce au vaccin. De là à dire qu’ils sont suffisants pour éviter de leur inoculer une dose de rappel dans quelques années, c’est difficile à dire. Nos tests ne vont pas jusque-là. » Évidemment qu’ils n’ont pratiqué aucun test invasif sur les nouveaux-nés des Remnants - ou de quiconque. Certaines erreurs d’expédition les avaient déjà mené à expérimenter sur des adolescents, ce qui avait été suffisamment difficile pour l’équipe scientifique comme cela. « Je n’ai que sommairement étudié leur génétique, nous attendrons quelques années pour faire d’autres observations et analyses pour confirmer nos hypothèses. » Seulement, auraient-ils le temps ? Seraient-ils encore là pour le vérifier ? La question restait, elle aussi, en suspens.

L’instinct grégaire perdu de ces créatures éveillait évidemment la curiosité des deux scientifiques de Bainsbrige, mais elle devrait rester inassouvie pour le moment. « Peut-être irons-nous en observation un jour… Nous avions bien un zoologiste, fut un temps. Il aurait certainement pu nous aider à comprendre. » Il avait oublié son nom d’ailleurs - soit. Mais après tout, ils n’étaient tous que des animaux à la base.

Devant l’immortel, c’est une autre fascination qui entre en scène. Il faut dire que l’anomalie est intéressante et remet beaucoup de choses en question. « Ce spécimen est la preuve que nos prévisions sont justes, malheureusement. » Commente-t-il, à la fois sombre et intéressé. La soif d’apprendre sera toujours la plus forte. « Il est la preuve que le virus évolue et apprend de son hôte et de son environnement. » C’était effrayant, à n’en pas douter. Les scientifiques de Fort Ward ne prenaient pas cette situation à la légère. « Nous sommes essayons d’isoler la souche pour mieux la comprendre… Si nous avions un deuxième spécimen, nous pourrions expérimenter l’hypothèse d’une destruction totale de son cerveau pour l’anéantir mais en attendant de pouvoir en connaître un maximum sur cette mutation, nous essayons de le maintenir en vie. L’isolation l’économise, ce qui nous arrange assez pour la conservation. Mais cela décuple également sa violence quand nous avons besoin d’effectuer des prélèvements. » Leur travail n’était pas sans risque, loin de là.

« Alors, Moon… qu’en pensez-vous ? » Demande-t-il, finalement. Nulle doute que le reste de son séjour chez les Remnants s’annonçait fructueux pour les deux partis.

We could stay like this forever, lost in wonderland, with our head above the clouds, falling stupid like we're kids. Wearing rose-colored lenses, let's just play pretend. Wearing rose-colored lenses, pretend we'll never end.

❝We went to hell but we never came back.❞

S’ils partagent autant avec moi, je ne peux m’empêcher de me dire qu’ls en ont appris beaucoup plus que ce qu’ils veulent bien me dire. Ce qui est logique, personne ne partagerait si facilement toutes ses découvertes, si ? Mais je suis malgré tout contente de moi, j’ai réussi à leur apprendre quelque chose qu’ils ignoraient. Et ce n’est sans doute pas le seul point que je connais et qu’eux ignorent, trop enfermés qu’ils sont dans leur centre, mais s’il y a autre chose, ça ne m’apparait pas aussi important. Et je leur suis reconnaissante de faire l’effort de m’expliquer ce qui doit leur paraître on ne peut plus simplet. J’ai beau avoir fini par comprendre pas mal de choses, je n’ai ni leurs formations, ni leurs expériences. Et c’est plus qu’agréable de rencontrer des scientifiques qui non seulement sont enclin à partager leur savoir, mais qui, pour une fois, ne sont ni condescendants, ni méprisants.

Même s’il ressort de cette conversation que ce virus est terrifiant, que les mutations envisagées le sont davantage encore, je suis heureuse d’être là. Je note les informations, sur la propagation, les nourrissons et le reste, tout en échangeant avec eux concernant la possibilité d’un esprit grégaire, ou ce qui s’en rapproche, entre les morts. Et je les vois qui s’extasient déjà, s’enthousiasmant sur ce que cela pourrait impliquer. « Si le virus mute de manière à protéger son hôte, il n’est pas si invraisemblable qu’il… Il ne s’attaque qu’aux être vivants, peut-être les morts atteints ressentent-ils la présence des autres et… » Je fronce les sourcils.  « Oui, comme je le disais, un reste d’instinct grégaire. » Ou le sait qu’il est plus efficace ainsi… Non, un virus n’est pas intelligent au sens propre… n’est-ce pas ?

Quoiqu’au vu de leur spécimen, la question se pose. Les super-rodeurs sont déjà une étape impressionnante dans son évolution, mais là… J’écoute attentivement Bonnie et Friedrich, notant toujours quelques données, même si mon regard ne cesse de revenir vers la créature. C’est déjà bien que les membres sectionnés ne repoussent pas, malgré tout, savoir qu’il semble se régénérer et cicatriser dans une certaine mesure est tout aussi perturbant à mon sens. Exponentiel. Il apprend ? C’est bien ce que ça veut dire non ? Ah, Friedrich fait écho à mes pensées et je me tourne vers lui. Il apprend, il évolue et il… progresse. Comme un enfant. Ça donnera quoi une fois la version adulte atteinte ?

« C’est passionnant. Je sais que j’en demande beaucoup, mais j’aimerais vraiment connaître la suite de vos expérimentations, leurs résultats. En contrepartie, je… pourrais essayer de vous en trouver un autre. » Je suis complètement folle, les autres vont m’envoyer chier. Mais… « Je vous ferais part de tout ce que je peux découvrir de mon côté, si vous faites de même. »

En attendant, j’ai encore des dizaines de questions à leur poser, sur le sujet enfermé ou leurs recherches globales, et eux auront tout loisir d’explorer les recherches des autres centres que je leur ai compilé.