The Walking Dead RPG

L’adolescente regarda l’adulte, surprise. Il l’avait secourue, c’est vrai, alors qu’elle avait parlé à tort et à travers malgré elle et contrairement à son habitude mais… Elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit si différent des gens de Walla Walla. Si… gentil, et pas à même de lui reprocher son attitude. Alors qu’une jeune fille ne devait, évidemment, pas crier comme ça. « J’ai un joli pot à crayons, elles iront bien dedans. » Peut-être. Partant en courant le chercher, elle le renversa au-dessus de la poubelle de la petite pièce adjacente, sans remarquer qu’elle s’était mis plein de pelures de crayon à papier sur la robe, avant de le remplir d’eau. « Voilà ! J’espère que ça mettra pas de l’eau partout… » Il avait déjà goutté, mais elle ne savait pas bien si c’était dû à l’eau autour, Maelys n’ayant pas été très précautionneuse, ou au fait qu’il fuit. Une chose est sûre, Jena le lui reprocherait, si ça arrivait.

Mais elle oublia bien vite ces préoccupations qui, au final, n’en étaient pas vraiment, alors qu’elle mettait malgré elle les pieds dans le plat. Elle s’attendait à ce qu’un homme comme lui, aussi gentil, même si elle s’en était méfiée et s’en méfiait encore un peu, fréquente beaucoup de femmes et en ait trouvée une à lui, mais pas à sa confession. Lui prenant la main par réflexe, comme pour lui apporter le réconfort dont elle-même aurait tant besoin et qu’elle n’avait pas ici, elle se retrouva incapable de dire quoi que ce soit de plus, se lançant plutôt dans une étreinte maladroite et un peu guindée, parce qu’elle ne savait pas trop si elle avait le droit de faire ça ni s’il le prendrait bien. Et qu’il soit assis n’aidait pas. « Moi aussi je suis désolée pour vous. » Il endormait sa méfiance, malgré elle, en fin de compte, son cadeau y contribuant beaucoup aussi. « Seulement si vous promettez de ne rien dire à maman… » Elle la gronderait, elle en était sûre.

Mais heureusement pour elle, Jena arriva sans entendre ça – ou, en tout cas, Maelys le croyait. Elle n’aurait eu aucun scrupule à lui mentir, mais elle préférait ne pas avoir à le faire. Et, si ça démangeait la jeune fille de dire de but en blanc que son père cherchait sûrement sa mère, dehors, elle se mordit la lèvre pour se taire, alors qu’ils se comportaient bizarrement en se complimentant. « On dirait une phrase de la bible ! » Ou un truc comme ça. Elle avait encore du mal à lire le livre ennuyeux et à ne pas décrocher, alors… Mais c’était aussi niais, c’était sûr ! Et elles avaient aucune richesse, ici. Toutes seules, séparées de Locklan, emprisonnées… Non, elle n’avait rien du tout.

« Je pourrais venir décorer, si vous avez besoin ! » Hors de question qu’elle laissa Jena le lui proposer. Ce serait trop bizarre, surtout que Maelys comptait qu’elles sortent et que sa mère retombe folle amoureuse de son père. « Je vais chercher la menthe, et l’eau, mais attendez-moi, hein ! » Qu’elle les retrouve pas à s’embrasser à pleine bouche. Ça serait clairement pas normal ! Elle courut le plus vite possible, obligée d’y aller plus doucement une fois la carafe remplie dans les mains, mais elle s’arrêta dans l’embrasure de la porte pour les écouter, en espérant qu’ils ne l’aient pas encore vue. Fronçant les sourcils alors qu’elle les voyait penchés l’un vers l’autre, elle essaya d’entendre, sans grand succès. Peut-être qu’elle comprendrait ce que Jena allait dire ?

« Bonne philosophie. » Elle rétorque avec un léger rire. Pas d’alcool ce soir donc, quel dommage. Mais une soirée peut être excellente sans ce petit coup de pouce, même si Preston lui semble être un peu timide. Ou du moins, mal à l’aise à ce diner, qui est un remerciement et non un rendez-vous galant, quand bien même Jena s’est mise sur son 31 et Preston aussi. Elle doit cependant le prévenir, elles vivent chichement, malheureusement. Jena n’a pas les moyens de trouver mieux, autrement que par un mariage… Elle y rechigne, mais si cela peut les mettre à l’abri du besoin… Elle s’y résoudra, bien entendu, pour le bien de sa fille. De toute façon, elle a laissé son cœur dehors, avec Locke… Après avoir connu le feu de la passion avec lui… Tout lui paraît fade. Alors qu’importe. Preston répond par une phrase fort jolie, que Maelys commente d’ailleurs, s’attirant un regard un peu désapprobateur de sa mère. Elle se fend d’un nouveau rire quand il commente la décoration : « Merci, on essaie de rendre ça moins déprimant. » Pas besoin d’avoir une maison grandiose pour s’y sentir bien, heureusement. Maelys propose directement de venir aider à la décoration, surprenant ainsi Jena par cette soudaine spontanéité. « Maelys m’a beaucoup aidée ici, je suis sûre qu’elle fera des miracles chez vous avec peu de choses, elle est débrouillarde. » Elle concède doucement, même si elle ne la laissera bien entendu pas aller seule chez Preston.

Maelys se charge des boissons. Quelque part, Jena a un peu honte de recevoir ainsi, mais elle n’y peut réellement rien malheureusement. Il semble comprendre, c’est déjà ça. En même temps, en acceptant l’invitation d’une mère célibataire, il doit se douter qu’elle n’a pas grands moyens. Elle renouvelle ses remerciements pour avoir aidé sa fille, encore trop indisciplinée. Est-ce que cela changera seulement ? Elle n’est pas mal élevée, mais elle est imprudente et un peu trop impulsive. Son père en résumé. « Être jeune dans le monde d’avant n’est plus l’être maintenant… » Ils ont pu se permettre quelques folies qui seraient synonymes de mort désormais malheureusement… La prudence prévaut et les dangers ne sont plus les mêmes. « Il n’y a pas de place pour le désordre à Walla Walla. Maelys devrait apprendre à tenir sa langue.» Il est bien placé pour le savoir en étant militaire. Elle soupire, murmurant à son tour : « Malheureusement, combien sont comme ça ? On ne sait pas à qui on à affaire… Sans votre intervention… Qu’est-ce qu’il se serait passé ? J’espère qu’elle retiendra la leçon… Mais j’ai un doute, elle a beaucoup de caractère. » Conclut-elle d’un ton plus haut. Elle a un sourire mi navré, mi fier malgré tout, parce qu’elle ressemble à Locklan. Elle ne peut qu’adorer sa fille. Elle jette un regard vers la cuisine alors que Mae met plus de temps que prévu pour revenir. « Ah te voilà, on a failli mourir déshydratés. »

Depending on the reality, one must face, one may prefer to opt for illusion

« Un pot à crayons, ce sera parfait ! » affirme le militaire. Maelys s'en va déjà pour aller le vider et le remplir d'eau. Il suit d'un œil distrait l'attitude de l'adolescente tandis que son regard se perd dans la contemplation du petit appartement. C'est simple mais il y règne une ambiance sereine. « Au pire, ce n'est que de l'eau » souffle-t-il. Preston n'est pas du genre à s'agacer pour un rien, il est plutôt serein et patient, au contraire. Un peu d'eau renversé ? Et bien, ce n'est pas la mer à boire. Il faut savoir relativiser, surtout quand on a déjà connu l'enfer.

Preston ne s'attendait pas à l'étreinte de Maelys et il ouvre des grands yeux surpris avant de se laisser aller lui aussi et la serrer maladroitement. Ils sont unis par la douleur du deuil : celui d'un jeune frère pour elle et celui de deux enfants pour lui. Il lui serre la main et lui adresse un sourire, confiant. « Merci » souffle-t-il, sincère, à ses condoléances. « Et promis, je ne dirais rien à ta mère » reprend-il sur un ton plus léger. Ce ne sont que quelques dessins, il espère que Jena ne lui en tiendra pas rigueur si elle l'apprend.

La jeune femme arrive d'ailleurs et les paroles de Maelys le font sourire. Une phrase de la Bible ? « Je la connais bien la Bible et crois-moi, elle n'y est pas ! » Il lui adresse un clin d’œil. Quant-à sa proposition de venir décorer son intérieur, il adresse un regard à sa mère. « Hmm et bien, pourquoi pas ? Je n'y vois pas d'inconvénient pour ma part... » Il se rectifie et jette un regard complice à l'adolescent. « Je ferais juste le choix des dessins » Pas d'Eveque ou d'adultes avec des gros yeux et des visages tordus, donc ! Jena semble d'accord elle aussi. « Très bien, nous ferons comme cela alors ! » Et l'idée d'une deuxième rencontre avec la petite famille n'est pas pour lui déplaire, il doit l'avouer. Le militaire se note également dans un coin de sa tête de faire un effort supplémentaire sur le rangement. Il n'est pas bordélique ni maniaque mais a tendance à procrastiner un peu la vaisselle et la lessive.

Preston soupire face aux confidences de Jena. « Non... En effet. Les temps ont bien changé. » Et il trouve cela déplorable à bien des égards. « Espérons que ça lui ait servi de leçon. » Il secoue doucement la tête. Ils ne peuvent pas en vouloir à Maelys pour son imprudence et son insolence, elle est encore jeune, mais Jena a raison. Que se serait-il passer s'il n'avait pas été là ? « On vous aurait reproché de ne pas savoir élever votre fille » souffle-t-il en levant un regard navré vers la jeune femme. Ce n'est que la vérité, nullement ce qu'il pense. « Expliquez-lui les conséquences, je suis sûre qu'elle comprendra, elle a un bon fond. » C'est ce qu'il lui a semblé de la jeune fille, elle semble gentille mais avec du caractère oui, comme le sous-entend sa mère.

Maelys revient d'ailleurs, les bras chargés. Il lève un regard vers elle et l'accueille d'un sourire avant de se tourner vers Jena. « Au fait, que faisiez-vous avant tout ça ? » Comme travail donc. Il réalise qu'il connait peu de choses sur la jeune femme.

This is war

It's the moment of truth, and the moment to lie
The moment to live and the moment to die
The moment to fight, the moment to fight

Maelys n’aurait pas cru qu’elle le trouverait vraiment gentil, même si tout le présageait alors qu’il l’avait extirpée d’une situation difficile pour elle mais… oui, il l’était réellement. Il l’avait aidée, il lui apportait un cadeau – peut-être plus vraiment de son âge mais qui lui avait fait extrêmement plaisir, alors que Jena et elle étaient démunies et privées de tout. Et de sentir qu’il lui rendait son étreinte lui faisait plus de bien qu’elle ne l’aurait cru. Elle ne réalisait pas à quel point être en froid avec sa mère lui était difficile et à quel point elle avait besoin d’affection. « Je vous aime bien. » C’était spontané et peut-être un peu bizarre, mais elle était parfaitement sincère.

Même si elle peinait à contenir ses humeurs, alors qu’il s’était bien habillé pour sa mère et qu’il cherchait clairement à se rendre plus agréable comme pour Jena comme pour Maelys avant. Elle l’aimait bien, mais sa mère était à son père, et c’était tout ! Elle s’en voulut un petit peu de sa remarque mais elle croisa les bras devant le regard de sa mère, prétendant ne pas comprendre. « Ils disent bien qu’il faut aimer ses voisins et leur tendre la main, non ? Qu’il faut être gentil, se réjouir de tout, ne pas… » Ne pas envier les autres, ne pas se plaindre de sa situation, être sage et obéissant. Rien qu’elle ne dirait, persuadée que sa mère l’enverrait passer le reste de la soirée dans sa chambre. Et c’était hors de question : aussi gentil que soit Preston avec elle, elle ne le laisserait pas seule plus de quelques minutes ! C’était déjà trop. « Mais vous avez raison. » Seul problème dont il n’était pas conscient et qu’elle n’évoquerait pas : la rupture entre mère et fille était trop importante et, la plupart du temps, Maelys se sentait rejetée.

Elle s’obligea à sourire, pourtant, ne voulant pas gâcher la soirée : simplement s’assurer qu’il aime bien Jena, mais pas trop. Et qu’il ne puisse pas passer du temps seul avec sa mère, s’il avait besoin de conseils de décoration. « Les dessins ? Oh, euh… Vous ne voulez pas des tableaux achetés dans un magasin ? Enfin… Que ça soit plus adulte. » Elle grimaça, avant de montrer le carnet, le stylo et les crayons de couleur à sa mère, en ne les lâchant pas malgré tout. Elle ne voulait pas qu’elle l’oblige à les lui rendre, au cas où. « Regarde ce que monsieur… » Monsieur quoi ? Elle ne lui avait pas demandé, si ? « Preston m’a offert ! Et oui, j’ai dit merci ! » Elle était presque sûre qu’elle allait le lui demander. « Mais je pourrai essayer de faire de vrais beaux dessins, si vous voulez vraiment… » Pour le remercier réellement. Elle sourit spontanément à sa mère, alors qu’elle acquiesçait pour la décoration, comme elle ne l’avait pas fait depuis longtemps. « On pourra regarder des choses jolies ensemble… ? » Si elle voulait bien. Ça faisait longtemps que Maelys ne lui avait pas proposé de faire quelque chose à deux.

Elle n’arrivait à rien attendre, alors qu’elle revenait de la cuisine avec la carafe remplie de feuilles de menthe, un peu en colère que ça ne soit pas le cas. Encore plus alors que Jena lui disait qu’ils avaient failli mourir déshydratés. Sans un mot, elle posa son encombrant chargement sur la table, manquant de faire tomber les verres par terre, alors qu’ils s’entrechoquaient et qu’elle les rattrapait difficilement. Grimaçant, elle n’osa pas vraiment lever le regard, de peur de se faire reprendre.

Comment en arrivent-ils à parler d’aller faire la décoration chez Preston ? La discussion prend un cours un peu étrange mais cela n’est pas si grave. Elle est cependant un peu surprise de l’engouement de Maelys pour ce projet. Elle est plutôt méfiante d’ordinaire et qu’il lui ai sauvé la mise ne suffit pas vraiment à expliquer qu’elle soit soudain emballée par le projet. Jena commence à connaître le caractère rusé de sa fille après tout ce temps. Elle a bien hérité et appris de son père. Il semble y avoir un sous entendu quand il parle de dessins, ce qui fait grimacer l’adolescente, sous le regard amusé de Jena. « Cela aura le mérite d’être original. » Elle jette un regard au militaire : « Vous êtes doué. » Elle ne précise pas en quoi, il comprendra sans doute qu’elle parle pour apprivoiser son chat sauvage de fille. Elle la référence en voyant les nouveaux objets en possession de sa fille. « Vous n’auriez pas du, c’est trop gentil… » Vraiment. Quelle adorable attention de sa part. Elle sourit tout de même quand Maelys renchérit en disant qu’elle l’avait bien remercié. « Merci Preston. » Elle hoche la tête à la demande de Maelys pour la décoration. « Oui, bien sûr. » Si Jena peut faire une activité avec sa fille et la retrouver, elle ne va pas se gêner… Cela lui manque, les moments de complicité. Ils sont devenus bien trop rares avec cette adolescente en rébellion… Qui ne comprend pas que tous les choix de Jena n’ont été fait que dans le but de lui laisser la possibilité de grandir…

Profitant qu’elle s’absente pour aller chercher de quoi s’hydrater, les deux adultes ont une petite discussion concernant le comportement de Maelys et la punition. Certes, ils ont été jeunes aussi, mais ce n’était pas du tout pareil, les conséquences n’étaient pas les mêmes. Ici, Maelys doit faire attention à n’offenser personne, la punition pourrait être terrible et Jena ne pourra rien faire pour la sauver. Elle pince les lèvres quand il évoque une évidence : oui on lui aurait reproché la mauvaise éducation de la jeune fille et sa mère aurait été en délicate posture elle aussi. Malheureusement, une personne qui dérape et toute la famille en subit les conséquences. Elles ne sont que deux… Elles n’ont plus que l’autre. Jena en a bien conscience, mais Maelys ? Peut-être pas encore, elle est si jeune… Et déjà à devoir faire attention à tout. Elle hoche la tête quand il lui conseille de bien expliquer la situation. Il a raison. « Oui… C’est drôle, en théorie, je sais qu’il faut toujours expliquer à un enfant ses erreurs, la raison d’une punition. Mais en pratique… » Elle soupire. « Ce n’est pas toujours facile d’être mère, encore moins célibataire. » Même si Locklan n’allait pas toujours dans son sens, il avait éduqué Maelys lui aussi, parfois appuyé sa mère, parfois non.

Mais elle n’était pas seule.

Maelys revient, et Jena se tait à ce sujet. Elle se lève à moitié pour aider sa fille à ne pas faire de casse. « Attention. » Rassurée alors que rien n’a été renversée, elle sert tout le monde et distribue les verres. « Merci. » Mieux vaut ne pas trop rudoyer sa fille qui fait des efforts. Preston a l’élégance de changer de sujet. Son visage s’adoucit. « Je venais d’obtenir mon diplôme de psychologue. Cela a été un peu long, avec mes grossesses et je m’y suis attelée tardivement. Malheureusement, je n’ai pas eu l’occasion d’exercer. Barmaid et mère à plein temps, ça compte ? » Elle demande, taquine.

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La déclaration spontanée de Maelys le fait sourire. « Moi aussi je t'apprécie ! » souffle l'homme. C'est la vérité. Il a toujours eu un bon feeling avec les jeunes. Plutôt protecteur et vrai papa poule, il a toujours mis un point d'honneur à veiller à leur sécurité. C'est pour cette raison qu'il a rejoint New Eden : pour que ce qui est arrivé à ses enfants ne puissent pas arriver à d'autres.

Maelys lui demande s'il ne préfère pas un tableau acheté pour faire plus adulte. « Si j'achète des tableaux, ils n'auront rien d'original. Et je préfère avoir quelque chose d'unique, pas un tableau qu'on peut retrouver chez le voisin » lance-t-il avec un regard malicieux. « Et puis, j'aime bien la couleur, la gaieté, pas un de ces tableaux tout sombres qu'on trouve généralement chez les marchands de nos jours » La commande est passée ! Preston veut donc quelque chose de joyeux pour son appartement et il compte sur Maelys pour cela ! Il esquisse un nouveau sourire, mais plus intimidé lorsque la mère de Maelys lui dit qu'il est doué. Puis, Jena le remercie pour les carnets et les crayons, il hausse les épaules. « Ce n'est pas grand chose » souffle-t-il. Ou du moins, du point de vue de sa paie de militaire et des avantages qu'il peut avoir. Pour les autres, la moindre possession a de la valeur et il est probable que Maelys et sa mère doivent faire attention aux dépenses qu'elles font chaque semaine.

Lorsque Maelys s'éclipse, les deux adultes en profitent pour parler de ce qu'il s'est passé. « On est souvent les plus mal lotis quand il faut appliquer les conseils des autres à soi-même.  » soupire-t-il. Il hoche aussi la tête. « Être parent n'a rien de simple, alors j'imagine sans mal la difficulté ici » Il ne va pas rentrer plus en détail sur la manière dont New Eden organise les choses ici. Il n'en a pas le droit et puis, il ne veut influencer personne, mais c'est une réalité. Le monde dans lequel ils vivent a regagné en confort mais il n'est pas simple d'y survivre. « Maelys est une jeune fille intelligente et débrouillarde. Vous l'avez bien éduqué, croyez-moi. » Il lui glisse un petit clin d’œil. Il pense totalement ce qu'il dit. L'adolescente saura se débrouiller, il en est certain. Elle est tête brulée mais intelligente.

Un sourire soulève ses lèvres lorsque Jena évoque ses grossesses et ses études. « Je vous ai toujours admiré pour cela » confie-t-il à propos des femmes. « Mon épouse a du longtemps gérer la maison seule, son boulot, ses grossesses. J'étais militaire et mon travail m'obligeait à partir loin de la maison, à l'autre bout du monde le plus souvent. J'ai toujours regretté de ne pas avoir pu être davantage présent... » Il sait ce que l'on dit : ce qui est passé ne peut être changé, mais il ne peut s'empêcher d'avoir des regrets. « Et je suppose qu'ils vous interdisent d'exercer ici » souffle-t-il. Aucune femme ne peut avoir un métier dans le médical, hormis infirmière ou aide-soignante. C'est un gâchis. Beaucoup de femmes ont des capacités et des compétences qui seraient utiles ici et que New Eden ne veuille pas les reconnaitre est vraiment dommage. Mais qui est-il pour s'opposer à tout cela ? Personne. Il n'est qu'un militaire.

Preston lève son verre « En vous remerciant pour l'invitation » glisse-t-il avec un sourire aux lèvres. Il passe un agréable moment en tout cas.

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L’adolescente rosit légèrement, alors qu’il lui rendait son compliment, touchée et flattée malgré elle. Heureusement pour elle, sa mère finit par les rejoindre, détournant la conversation. « Vous aimez quelque chose en particulier ? Pour les dessins, je veux dire ? » Elle avait souvent dessiné pour Ewen en réalité, elle se débrouillerait plutôt bien, même si l’entraînement l’aiderait à être meilleure. Elle grimaça pourtant, alors que Jena le remerciait à son tour. « Euh, est-ce que… Vous avez une grande feuille, pour vous faire le vrai dessin ? » Même si elle économiserait ses crayons, pour ne pas trop user le cadeau qu’il venait de lui faire, elle ferait des essais avant tout pour faire quelque chose de beau. Son regard se tournait d’ailleurs régulièrement vers la boîte de crayons, qu’elle n’avait pas osé ouvrir pour le moment, même si elle en mourrait d’envie. « Je vous monterai ce que j’aurai fait avant, bien sûr ! » Parce que s’il aimait pas… Autant ne pas le faire en mieux et en plus grand.

Si elle souhaitait être une petite souris et pouvoir écouter leur conversation, elle n’entendait que des murmures étouffés, aussi bien en partant qu’en revenant, malgré sa tentative de s’approcher discrètement. Il fallait dire que le plateau chargé qu’elle portait n’aidait pas, et elle dût abandonner sa piètre tentative d’espionnage en se rapprochant avec sa charge, la déposant un peu brusquement sur la table terne du salon – elle l’avait porté un peu trop longtemps, pour le poids qu’il pesait.

Elle grimaça par réflexe, alors qu’elle le lâchait à moitié volontairement et que Jena se précipitait à son aide, ne pouvant cacher sa surprise alors qu’elle la remerciait sans rien dire. Est-ce que c’était pour ne pas mettre leur invité mal à l’aise ? La pensée la rendit amère un bref instant, mais elle essaya de la chasser, pour aller s’asseoir doucement, les jambes sagement collées l’une à l’autre, ses mains posées sur elle. Elle aurait voulu s’installer de façon plus confortable, mais elle savait qu’elle devait se tenir à carreaux, et qu’on ne laissait rien voir, quand on portait une robe, donc qu’il valait mieux garder les jambes fermées. Et puis… elle n’avait trop rien à dire, à leurs conversations d’adultes. Même si elle releva rapidement la tête, surprise, en entendant Preston parler d’interdiction, comme s’il n’était pas d’accord. « Je suis sûre que votre femme et vos enfants étaient très contents de vous voir, quand ils le pouvaient ! Mon père à moi, c’est le meilleur, et je lui sautais toujours dans les bras quand il était là ! » Et elle était tout aussi tactile avec Jena, à l’époque. « Merci encore d’être intervenu, au cinéma… » Elle avait un peu honte, au final, de ne pas avoir su se contrôler, alors qu’elle comprenait un peu plus chaque jour l’attitude qu’elle devait adopter ou non.