The Walking Dead RPG

« Allez Preston, courage. C'est juste un repas. » Le militaire se sent ridicule à se murmurer des encouragements comme ça, tout seul devant la porte de Maelys et de Jena. Pourquoi est-il là déjà ? Est-ce vraiment une bonne idée ? Il en doute. Lui habituellement assez confiant, ne se sent pas particulièrement à l'aise, là, tout de suite.

Preston passe une main dans sa barbe, rasée pour l'occasion, il réajuste sa chemise et finit par prendre une grande inspiration avant de toquer. Il se recule légèrement. Dans ses mains, il tient un bouquet de fleurs pour Jena. Il est resté planté au moins trente minutes devant tous les bouquets de fleurs de la boutique du fleuriste, incapable d'arrêter son choix. Il ne voulait pas que ça fasse "trop", et c'est finalement la vendeuse qui est venue à son aide, ayant probablement pitié de lui. C'est un "bouquet de toutes les couleurs, parfait pour égayer une pièce" lui a vendu la jeune femme.

Il s'est passé quelques jours depuis qu'il a sauvé Maelys des sermons de cet Evêque. Pour le remercier, sa mère l'a convié à un petit repas. Il n'a pas eu à cœur de refuser. Il faut dire que la jeune femme est charmante. Il sait qu'elle est célibataire et lui ne doit pas trop tarder à se trouver une nouvelle épouse. Alors, pourquoi pas ? Aussitôt, le souvenir de Mina lui revient en mémoire et il se sent se décomposer. Non, non, non, c'est une mauvaise idée. Il mieux vaut qu'il abandonne tout de suite. Il s'apprête à faire demi-tour quand la porte s'ouvre. Mince, mauvais timing.

« Bonsoir ! » souffle-t-il en se retournant et en tendant le bouquet de fleurs à... Maelys. Oups. « Mauvaise personne, désolée. Ta mère est là ? » Il tente de se reprendre. Hmm mais quel abruti. Il se donnerait facilement des claques, là, tout de suite. A la place, il fixe sur son visage un espèce de sourire béat, à mille lieux d'être naturel. Hmm, la soirée promet d'être longue.

This is war

It's the moment of truth, and the moment to lie
The moment to live and the moment to die
The moment to fight, the moment to fight

Maelys s’ennuyait ferme, ce jour-là. Elle aurait voulu sortir, même si elle ne savait pas bien quoi faire, ni dehors, ni dans la maison. Elle refusait d’aller au cinéma depuis l’incident avec l’évêque, mais sa mère lui avait formellement interdit d’aller dehors. Elle lui avait sûrement dit pourquoi, mais elle avait oublié. Ou peut-être qu’elle n’avait pas écouté. Elle craignait probablement que Maelys ne s’attire des ennuis à nouveau, et voulait l’en empêcher – en tout cas, c’était ce que sa fille pensait. Aussi fut-elle surprise d’entendre la sonnerie de la porte, presque à l’heure du dîner. Elle sentait les odeurs dans la cuisine, qui étaient bien différentes de ce qui émanaient de la cuisine habituellement, d’autant plus que sa mère y avait passé un bon moment – plus que d’habitude. Fronçant les sourcils, elle avait couru à la porte, empêchant sa mère d’y aller en premier. Elle mit un moment à comprendre ce qu’il se passait, alors qu’un bouquet l’empêchait de voir qui se trouvait là, surtout qu’il était très grand et que sa tête était cachée.

« Qu’est-ce que vous faites là ? » Réalisant sa gaffe, elle grimaça, et regarda les fleurs d’un air suspicieux. « Euh, pardon. Oui bien sûr, je vais la chercher. » Sans demander son reste, laissant la porte ouverte, elle courut vers la cuisine, difficilement, ses pieds entravés par la robe que sa mère l’avait forcée à mettre, la plus jolie de son armoire, criant : « MAMAN ! TON INVITÉ EST LÀ ! » Elle n’avait clairement pas du tout écouté ce que sa mère lui avait dit, surtout pas alors qu’elle la coiffait, en début d’après-midi. Et elle avait totalement oublié qu’elle avait invité Preston en remerciements de l’avoir ramenée à la maison après son altercation avec le religieux, qui avait laissé Maelys un peu sidérée.

Revenant en arrière après que sa mère lui ait dit d’accueillir leur invité et de lui proposer d’enlever sa veste pour la mettre sur la patère, elle s’efforça de chasser son air renfrogné : elle voulait pas que sa mère lui reproche ses mauvaises manières une fois de plus. « Désolée. Elle m’a demandé de vous faire entrer. Vous voulez enlever votre veste ? » Elle la prit alors qu’il lui tendait, avant d’essayer de l’accrocher au porte-manteau trop haut pour elle, sautillant tant bien que mal sans grand succès. Mais hors de question de demander de l’aide ! Montant dans un équilibre précaire sur le meuble à chaussures non loin, elle se pencha vers le porte-manteau, sur la pointe des pieds. Si elle crut basculer un moment, elle réussit à y accrocher la veste et à sauter au sol d’un mouvement agile.

« Voilà ! Vous voulez aller vous asseoir dans le salon ? Maman va bientôt arriver. Vous voulez quoi à boire ? Je sais pas ce qu’on a, mais elle m’a dit de vous demander ! » Elle parlait vite, comme pour masquer le fait que sa présence la contrariait. Elle lui était reconnaissante de son aide mais… c’était un militaire, et ils étaient tous forcément méchants, non ? « Vous portez pas votre uniforme ? Vous avez l’air… différent. » Elle n’arrivait pas à comprendre en quoi il l’était de d’habitude, malgré tout. « Vous avez des enfants ? » Oui, ça sortait de nulle part, et alors ? Il fallait bien qu’elle fasse la conversation, non ?

Est-ce qu’elle est nerveuse ? peut-être un peu effectivement… Preston est le premier homme qu’elle reçoit dans son appartement misérable depuis son arrivée ici, quelques mois plus tôt. Il a eu la gentillesse de voler au secours de sa fille et c’était la poindre des choses que de le remercier. Pour ne rien gâcher, il est plutôt bel homme. Cela n’empêche pas Jena de penser à Locklan. Son image s’impose trop souvent à son esprit. Alors qu’elle sait que son temps est compté et qu’il va bien falloir trouver un époux, l’échéance approche, chaque jour l’en rapproche davantage et elle préfère épouser un homme qu’elle a choisi au préalable… Même si il n’est pas question de cela avec Preston. Juste… un diner sympathique. C’est tout.

Elle s’est pourtant apprêtée, se mettant sur son 31. Une légère couche de maquillage, mais qui reste naturel, ses cheveux sont attachés en une tresse lâche, elle porte une jolie robe, qui met en valeur ses courbes, sans les dévoiler, évidemment. Alors que ça frappe à la porte, elle sursaute, se redressant tandis qu’elle vérifiait la cuisson du plat dans le four. Elle entend déjà la porte s’ouvrir et Maelys parler. Elle n’a même pas le temps de sortir de la cuisine que Maelys fond sur elle en s’époumonant. « Oui j’ai entendu. » Elle se masse l’oreille, comme si sa fille lui avait crevé le tympan en hurlant comme ça. Elle jette un regard critique à la tenue et la coiffure de Maelys. Bon, ça ira. C’est mieux que la plupart du temps. « J’arrive dans deux minutes, installe le. Et montre toi aimable. » Elle lui jette un regard d’avertissement alors qu’elle s’affaire doublement plus vite pour ne pas laisser le pauvre Preston seul avec l’adolescente trop longtemps.

Cependant, quand elle lui demandait d’être agréable et l’accueillir, elle ne pensait pas exactement à ce que sa fille le soumette à la question. Elle débarque dans le salon avec un grand sourire sur le visage. « Bonsoir Preston. Merci d’être venu. Et pardon d’être un peu en retard mais ce serait dommage que je laisse brûler le dîner. » Surtout alors qu’elle s’y affaire depuis plusieurs heures. « Vous êtes très élégant. » Elle note sa tenue, spéciale pour l’occasion. Et son sourire s’agrandit. Elle voit les fleurs du coin de l’œil. « Elles sont superbes. Qu’est-ce que vous désirez boire ? je m’excuse d’avance, je n’ai pas grand choix… » Elle fait une petite grimace. Elle est mère célibataire, sans époux pour la hisser socialement, pour le moment, elle vit plus que modestement et doit jongler pour les dépenses.

Depending on the reality, one must face, one may prefer to opt for illusion

Maelys le presse de mille questions. Preston enlève sa veste et la lui tend, comme elle le lui propose. Il se retient de l'aider à la mettre sur le porte-manteaux, par peur de la froisser. « Et non, je porte mon uniforme uniquement au travail. Le reste du temps, j'ai des vêtements classiques ! » Même si en toute honnêteté, son placard à vêtements était composé de 70% de tenue militaire. Il n'était pas du tout dérangé par le fait de porter des treillis mais parait-il, ce n'est pas la tenue la plus classe qu'il soit, d'où l'effort particulier ce soir pour la chemise. Des enfants ? Il tâche de ne pas assombrir l'ambiance dès les premières minutes de son arrivée ici : « Oui, j'avais deux enfants, une fille et un fils » Il n'ira pas plus loin pour le moment. L'emploi du passé devrait mettre la puce à l'oreille de l'adolescente sur le devenir de ses enfants.

Le barbu s'empresse de détourner l'attention en sortant de sa poche un petit paquet. « Tiens, c'est pour toi » Il lui tend un petit cadeau, enroulé dans un drap fin. A l'intérieur, elle trouvera un petit carnet vierge et quelques crayons de couleur ainsi qu'un stylo. Ce sont des objets qu'il a trouvé dans une des boutiques du district. En toute honnêteté, il n'avait aucune idée du présent à offrir à une jeune adolescente. Il avait peur d'en faire trop ou pas assez. « Pour dessiner » affirme-t-il. « Ou pour écrire ce que tu veux... Que les adultes sont pompeux et les Évêques bien ennuyant par exemple.. » Il lui glisse un clin d’œil avant d'être détourné par l'apparition de Jena. Elle est magnifique.

« Oh, bonsoir » lui répond-il. « Aucun soucis » souffle-t-il à propos de son petit retard. Il ne considère même pas cela comme tel. « Merci, vous aussi vous êtes très élégante ce soir. » Il se reprend aussitôt « Enfin, pas que ce soir, vous êtes ravissante à toutes les occasions. Enfin tout le temps... » Le militaire s'embrouille un peu les pinceaux. Il passe une main derrière sa nuque, glisse l'autre dans sa poche, embarrassé et tente de détourner l'attention. « Oh, pour boire et bien, ce que vous avez, ça m'ira très bien ! » Il n'est pas difficile et il ne va surtout pas tenir rigueur à Jena de ne pas lui offrir autre chose que de l'eau. De toute manière, il n'est pas particulièrement porté sur l'alcool et c'est une denrée vraiment rare à trouver par les temps qui courent. Il regrette, il aurait dû acheter une bouteille de jus de fruits à la supérette du coin. Il se rattrapera, c'est certain. « En tout cas, ça sent très bon » glisse-t-il. Pour une fois, Preston mangera surement un diner digne de ce nom. En tant que célibataire, il ne prend pas du tout la peine de se faire la cuisine de manière correcte.

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Maelys jeta un regard à sa mère, dans la cuisine, presque choquée. Elle n’avait pas remarqué qu’elle aussi était bien habillée. Elle détestait qu’elle mette ses plus beaux habits pour quelqu’un d’autre que son père : il était le seul pour qui elle avait le droit d’être belle. Elle espérait presque qu’elle se renverse le repas dessus et qu’elle soit obligée de se changer pour une tenue plus terne. De toute façon, c’était tout ce qu’elles avaient ou presque : des choses ternes, dans un appartement terne, dans un district terne. Même les films étaient en noir et blanc ! Et encore, Maelys n’en voyait que parce qu’elle devait apprendre les règles de Walla Walla. « Je suis toujours gentille ! » Ou presque. Mais elle n’avait aucune raison de ne pas se montrer gentille avec le militaire, même si elle en avait un peu peur. Il avait pris sa défense alors qu’on lui reprochait de parler de choses interdites, ça devait être quelqu’un de bien, non ? Tant qu’il approchait pas sa mère de trop près… Elle savait bien ce que les hommes faisaient avec les femmes, et sa mère n’avait le droit d’embrasser que son père !

Mais elle n’en dirait rien : peut-être qu’il ne voulait pas ça du tout, et que sa mère avait juste eu peur de ne pas être habillée correctement. Peut-être que lui voulait juste être poli, en s’habillant sans sa tenue militaire et en ne mettant pas un simple t-shirt. Peut-être. Elle surveillerait quand même. Descendant en sautant du meuble à chaussure, elle cria à nouveau pour sa mère. « JE FAIS QUOI DES FLEURS ? » Adressant une grimace forcée à l’homme, elle reprit la parole d’une voix plus mesurée. « On a pas grand-chose ici, on a pas de vases… » Peut-être qu’elle n’aurait pas dû l’avouer comme ça, mais c’était vrai.

Mais il n’y avait pas grand-chose à dire sur elles deux, surtout ici, et comme elle n’avait pas le droit de parler de l’extérieur… C’était beaucoup plus simple de parler de lui. « Vous allez me trouver bête mais… Je croyais que les gens comme vous portaient tout le temps leur uniforme. Mon père portait tout le temps sa veste en cuir… » Même si ça n’était pas du tout la même chose. Elle grimaça, à la réponse à son autre question, gênée. Elle avait tendance à ne pas se restreindre quand elle voulait savoir quelque chose, mais elle s’en voulait un peu, là. Se glissant à ses côtés, elle murmura doucement. « Moi aussi j’avais un petit frère… » Pourquoi elle voulait lui faire croire que c’était pareil ? Ça l’était, en un sens, mais… Est-ce qu’elle voulait vraiment compatir ?

Elle plissa les yeux, surprise, devant ce qu’il sortait de sa poche. Elle… était touchée, et en même temps gênée. Peut-être un peu en colère. Est-ce qu’il était juste gentil ou… Il voulait autre chose, peut-être ? Mais il l’avait sauvée, et elle ne s’attendait pas à ce qu’il pense à elle, surtout s’il venait pour voir sa mère. Elle ne savait pas bien quoi dire, confuse, mais elle ne put s’empêcher de sourire, alors qu’il critiquait les adultes, et même les évêques. « Je ferai des dessins d’eux avec des gros yeux et des sourires tordus ! » Elle ne dessinait plus vraiment, même si elle aimait bien ça, mais ça lui faisait trop penser à Ewen, la plupart du temps. Respirant longuement, elle reprit la parole, incapable de masquer combien elle était touchée. « Merci beaucoup. » Ce n’était que deux mots mais… Elle ne s’attendait pas à ce qu’il pense à elle.

Et ça aurait pu bien se passer, s’il n’avait pas commencé à s’embrouiller, en voyant sa mère. Peut-être même qu’il rougissait, mais elle n’en était pas sûre. Est-ce qu’elle devait parler de son père, de but en blanc ? Pour dire que sa mère n’était pas célibataire ? Ça la démangeait, mais elle avait promis d’être sage. Enfin, elle croyait que Jena le lui avait demandé, cet après-midi. « On a que de l’eau ! Mais on peut y mettre des feuilles de menthe, je les ai cueillies dans le jardin d’une voisine. On a rarement autre chose. » C’était sûrement honteux, mais c’était vrai, ce n’était pas comme si elles pouvaient le cacher. A moins que sa mère ait autre chose qu’elle ne lui ait caché. Même leur repas du soir s’avérerait frugal. Peut-être qu’il trouverait ça pas assez bien, d’ailleurs. « Je vais chercher les verres ! » Et la carafe, donc. Elle pourrait peut-être en profiter pour dire qu’elle avait voulu vérifier le repas et qu’elle trouvait qu’il manquait de sel mais que la boite lui était tombée des mains et qu’elle en avait mis partout sur le plat sans faire exprès ? Peut-être… Elle avait encore le temps. Et peut-être même que sa mère l’oublierait toute seule sur le feu.

L’adolescente s’attire un regard dubitatif de sa mère à sa remarque, mais elle ne dit rien, terminant sa tâche et laissant Maelys accueillir leur invité comme il se doit. Du moins, elle espère que ce soit comme il se doit. Avec elle, Jena s’attend un peu à tout, surtout parce que Mae n’a pas toujours sa langue dans sa poche, même si elle est assez roublarde pour savoir que toute vérité n’est pas bonne à dire. Si elle n’aime pas les règles de Walla Walla, il n’en demeure pas moins qu’elle sait qu’elle doit faire profil bas pour éviter tout trouble. L’adolescente a l’instinct de survie de son père. Et si ici, ce ne sont pas rôdeurs qu’il faut craindre, mais les gens et les délations, Mae a adapté son comportement aux circonstances, rongeant son frein en silence. Enfin, en public. En privé, elle ne manque pas d’assassiner verbalement sa mère pour leur imposer cette vie ennuyeuse et trop stricte où elle ne s’épanouit pas. Mais s’épanouirait-elle dans la jungle du dehors ? Non, elle mourrait… Comme Ewen.

Elle entend sa fille hurler qu’il y a des fleurs . Oh… Quelle délicate attention alors qu’elle sort finalement de la cuisine. Il y a 10 ans, c’est dans une robe noire courte, moulante, avec un joli décolleté, ou une robe rouge incendiaire, qu’elle aurait reçu un homme. Mais là, elle est sagement habillée. Comme une nonne quoi. Alors que cela n’a jamais été son style de se couvrir autant, quand elle sait très bien jouer de ses atouts. Mais c’est un bien faible prix à payer. Elle avise le cadeau dans les mains de Maelys, puis accueille l’homme, fort élégant.

Et son sourire s’élargit au compliment de Preston. Un compliment un peu maladroit, alors qu’il n’a pas l’air très habitué à faire cela. Ou qu’il bafouille, sensible au charme de la brune. « Merci. » Elle a un petit rire de gorge très sensuel. Puis propose de servir quelque chose à Preston. Son sourire se fane un peu aux paroles de sa fille sur leur précarité. Elle semble un peu gênée, haussant une épaule, fataliste : « Vous auriez du ramener une bouteille de vin. » Petit clin d’œil, pour signifier qu’elle plaisante. « On vit chichement. » Elle rosit légèrement quand il complimente l’odeur. « J’espère que le repas, aussi simple soit-il, vous plaira. » Elle y a passé des heures tout de même. Pas évident de jongler avec des finances beaucoup trop basses et l’envie de bien recevoir. Elle note qu’il est vraiment grand alors qu’elle doit lever la tête pour lui parler. « Venez vous asseoir. » Elle le guide au salon, petit. C’est encore plus flagrant alors qu’il occupe l’espace. Elle s’assoit pour qui l’imite : « Je tiens à vous renouveler mes remerciements pour avoir aidé Mae. « Sans votre intervention, dieu sait ce qu’il aurait pu se passer. »

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Le cri de Maelys, appelant sa mère pour lui demander ce qu'elle doit faire des fleurs, le fait sourire. « Tu peux les poser sur la table, ce n'est pas grave si tu n'as pas de vase » glisse-t-il avec un petit clin d’œil. Il ne s'en formalisera pas du tout. C'est l'usage d'offrir des fleurs à un repas, non ? Pour le reste, elles sont destinées à faner de toute manière.

Ils en viennent à évoquer sa tenue. C'est vrai que ce n'est pas courant de se promener sans sa tenue militaire, c'est comme si, au quotidien, il se cachait un peu derrière. Il ne laisse voir que le Preston militaire, très peu l'homme derrière sa tenue. « C'est vrai que je le porte souvent, c'est confortable, mais pas à un dîner en si charmante compagnie ! » Lui-même ne sait pas vraiment pourquoi il est ici. Compte-il tenter sa chance avec Jena ? Ou bien souhaite-t-il seulement passer une bonne soirée ? Il refuse de voir les choses en face et préfère se laisser porter par le moment.

« Oh... » souffle-t-il quand Maelys évoque un petit frère au passé, elle aussi. « Désolé » Il l'est sincèrement. Pour l'adolescente qui doit grandir sans un frère, pour Jena qui elle doit avancer sans son fils. Ce n'est pas simple et il peut aisément compatir à leur situation. Elles ont beaucoup perdu toutes les deux : un frère et un fils mais également un père et un mari. Il se demande un instant comment elles sont arrivées là, toutes les deux et surtout, si elles y sont heureuses. Preston prend conscience que ce n'est pas le cas de tout le monde, l'euphorie et l'enthousiasme des débuts semblent s'atténuer petit à petit. Les règles semblent devenir trop dures.

Maelys parait touchée par le petit présent qu'il a emporté. « J'espère que tu me les montreras ! » glisse-t-il à propos des dessins avec des gros yeux et des sourires tordus des adultes et des Évêques. Il a un petit sourire en coin et hausse les épaules quand elle le remercie. « De rien » Ce n'est pas grand chose à vrai dire, Maelys est bien éduquée en tout cas. Polie, souriante. Certains de ses traits lui font un peu penser à sa fille, beaucoup plus jeune à l'époque.

L'arrivée de Jena le trouble bien plus qu'il ne le pensait. Elle est belle et très séduisante, il s'en retrouve un peu déstabilisé et durant quelques secondes, il a l'impression d'être un adolescent à son premier rendez-vous. Bon sang, qu'est-ce qu'il peut se montrer gauche ! « Je ne bois que ce que je peux partager » souffle-t-il à propos de la bouteille de vin avec un petit sourire. Autant dire que s'il en ramenait, soit il la buvrait ensemble faisant fi des lois absurdes, soit il ne la boirait pas.

« Tant que la richesse se trouve ailleurs, dans vos cœurs, ensemble, c'est ce qui compte. » affirme-t-il quand Jena lui dit qu'ils vivent chichement. Lui-même donnerait toutes ses possessions pour pouvoir retrouver sa femme et ses deux enfants. Il ne le pourra jamais. Dans un coin de son esprit, il se promet de leur donner quelques tickets de rationnement, de temps en temps. Il n'est pas bien riche mais son salaire de militaire lui permet aisément de vivre quand il se contente de très peu. Du coup, il a beaucoup trop et les deux femmes devant lui pourraient en profiter bien plus que lui. Il les glissera dans leur boîte aux lettres, il se doute que Jena refusera sinon. « En tout cas, c'est beaucoup plus coquet que chez moi » complimente-t-il à propos de la maison des deux femmes. « De l'eau à la menthe, c'est parfait ! » glisse-t-il.

Preston suit Jena et s'installe dans le petit salon. Quand elle le remercie pour l'aide apportée à Maelys, il secoue la tête. « Ne me remerciez pas, voyons. » II n'a fait que ce qu'il pensait juste. « Il faut croire que certains oublient ce que c'est que d'être jeune » sous-entend-il à propos de l'Evêque. Il trouve absurde toutes ces stupides lois, ces règles trop strictes. Il devient plus sérieux et se penche légèrement pour lui glisser tant que Maelys n'est pas encore revenue : « Il n'avait pas à la menacer ainsi. Certes Maelys doit faire attention à ce qu'elle dit dehors, mais il s'est montré particulièrement impitoyable. » La traiter de fille folle pouvant porter atteinte à sa mère. C'est de l'abus de pouvoir très clairement. Il n'avait pas été mécontent de pouvoir le remettre à sa place lui aussi. Preston n'a pas fait de leçon de morale à l'adolescente, il se doute qu'elle a été assez secouée comme cela.

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