The Walking Dead RPG

Eden n’avait jamais été particulièrement loquace, ses mots elle les gardaient pour ses enfants. Son affection, jusqu’à très récemment avait été uniquement mise au service de Poppy et Adriel. Elle ré-apprenait, avec les mois, et non sans difficultés, certains codes sociaux de conversation. Sans oublier que la conversation ne la renvoyait pas à ses moments particulièrement joyeux. Si elle en avait fait le deuil, Eden ne réussissait pas à se défaire d’un pragmatisme froid, dur et qui pouvait aussi paraître parfois cruel. Elle ne s’en excuserait pas, estimant qu’elle ne faisait rien de mal, mais elle pouvait lire dans les yeux de Teresa, bien plus solaire et bavarde que les réponses laconiques de la coréenne l’envoyait dans une torpeur plus que nouvelle.

Eden regarde Teresa et lui sourit doucement. Ils n’ont pas vraiment eu le luxe de tester mes limites, lui explique t-elle, J’ai du me montrer cruelle sur biens des aspects pendant plusieurs années, je ne le regrette pas. Mais je ne pouvais me permettre les caprices ni de l’un ni de l’autre, lorsque nous vivions seuls dans Seward Park. continue t-elle. Cette dureté, c’était grâce à elle qu’elle avait survécu, aussi longtemps, elle et ses enfants. Sept ans, dont plus de six dans la jungle, à jongler entre discrétion et obligation de se dévoiler.

La tranquillité est quelque chose qu’ils découvrent et à laquelle, je réapprends à m’habituer.

Quand à mettre un terme au fait de laisser ses enfants dormir avec elle, Eden hausse les épaules. Elle n’empêcherait jamais ses enfants de se rassurer avec sa présence. Ils grandissaient dans un monde trop dur pour qu’elle les prive d’un sommeil protecteur et réparateur. La mère de famille était certaine que si terme il fallait mettre, ce serait ses enfants qui en prendrait la décision. Même si avec leur nouvelle chambre, Eden comprenait sans mal qu’ils veuillent prendre un peu d’indépendance.

Vous avez le temps de le laisser prendre la décision,   fait-elle en regardant le fils de Teresa faire des pas incertains qui lui rappelait avec une tendre nostalgie ceux de son fils.

Il est encore trop jeune pour que vous vous torturiez avec cette question, c’est certain, lui fit-elle en hochant la tête.

Vous habitez à Fort Nisqually depuis longtemps ?  

mother

Herr God, Herr Lucifer  
Beware
Beware.

Après un échange presque à sens unique -déploré par une invétérée bavarde qui ne trouvait pas son reflet en Eden-, sa vis-à-vis lui offre un léger sourire, de quoi faire renaître celui de la cubaine. Eden a de jolis traits, malgré cette dureté et cette espèce de tristesse, ou en tout cas de mélancolie qui semblent les habiter. Une poupée de porcelaine qui doit cacher bien des fissures derrière son apparence frôlant la perfection. En d'autres circonstance, Teresa n'a pas honte de se dire qu'elle aurait été charmée par la belle asiatique. Mais bon, elle n'oserait jamais mettre ne serait-ce qu'un index dans les rouages de sa relation avec Lisandro, et puis quelque chose lui dit qu'elle n'est de toute manière pas intéressée par la gente féminine. Même si l'on ne doit pas se fier à ses premières impressions.

La réponse concernant ses enfants se fait plus longue, plus étoffée, laissant deviner à la couturière à quel point ils sont importants pour Eden. Je vois.. Je n'ai pas connu ça, je suppose que ça a joué dans mes relations avec lui, et aujourd'hui avec Alejandro. J'ai toujours.. été douce, sans doute un peu trop, avec les enfants. Elle esquisse un sourire pensif, tournant machinalement la tête vers la garderie et école du Fort. Je me suis beaucoup occupée de ceux de Nisqually jusqu'à l'an dernier. Bien sur Alejandro n'était pas encore là pour accaparer tout mon temps, il faut avouer ! Malik, Soo, Anabella.. Autant de petites et grandes têtes blondes qu'elle affectionne particulièrement, au point de considérer certains presque comme ses propres enfants.

- Est-ce qu'ils ont d'autres enfants avec lesquels jouer ? Pour s'intégrer et réapprendre à vivre d'une manière différente, il y a difficilement mieux.. En dehors de la sphère familiale j'entends, évidemment. S'empresse-t-elle d'ajouter, pour que la médecin ne se trompe pas sur ses intentions. Jamais elle n'oserait insinuer que son éducation n'est pas bonne pour ses propres enfants. Quant au fait de dormir avec son fils, la réponse reçue la laisse pensive quelques secondes encore. Il aura le temps d'en prendre la décision... C'est vrai qu'elle n'a jamais vraiment réfléchi à ce qu'il en penserait à l'avenir, ce qu'il voudrait quand il aurait l'âge et la conscience de faire ce genre de choix. Jusque là, elle s'était surtout focalisée sur ce qui pouvait être subjectivement bon ou mauvais pour lui, sans que son avis n'entre en ligne de compte. Hm. Je n'avais pas pensé les choses comme ça, mais.. tu as raison. Il sera bien assez tôt pour qu'il fasse son propre choix. De toute manière je n'ai pas de souci d'intimité à partager, donc la question ne se pose même pas actuellement.
En dehors de Lisandro, et parfois ses enfants, personne ne partage leur caravane. Et selon toutes vraisemblances, personne n'est destiné à la partager avant un long moment.

La brune vient machinalement relever son fils tombé sur les fesses avant de lui redonner une impulsion vers l'avant, le petit repartant dans un approximatif galop vers le tas de foin le plus proche. Juin 2019. Un peu plus de trois ans, en somme. Elle revient à l'animal qu'elle caressait quelques secondes plus tôt. C'est Lisandro qui m'a ramenée ici. J'étais.. pour ainsi dire mourante et prête à passer de l'autre côté. Je ne sais toujours pas comment il m'a convaincue de venir avec lui, mais aujourd'hui je lui suis mille fois reconnaissante. Son front se pose sur le chanfrein du cheval, juste au-dessus du museau. Mon fils était mort un an plus tôt... je voulais juste le rejoindre. Juste ça. Elle inspire profondément, tournant un maigre sourire vers Eden. Tu es croyante ?

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

Si Dieu existait, aurait-il laissé le monde s’effriter de cette manière ? Peut-être avait-il retrouver cette cruauté connue seulement dans les récits de l’Ancien Testament. Eden ne s’était jamais posé la question. Quand on était femme de science, la question de la foi paraissait parfois incongrue, même si science et foi n’avait pas forcément à s’exclure mutuellement. Eden, pragmatique, n’avait jamais vraiment réussi à se faire croyante. D’une certaine manière, elle enviait les croyants et leur foi, ils avaient une forme de soulagement, de plénitude, de doutes ayant toujours une forme ou autre de réponse. Cela dit, elle en voyait les excès, ce que l’homme était capable en justifiant ses actes pour une volonté divine corrompue et perverse. La mère de famille avait préféré regarder de loin, envier de loin, plutôt que de tenter de répondre à un appel qui n’était jamais arrivé la concernant.

Il n’y en a pas autant qu’ici, mais ils y a deux autres garçons. Un peu plus âgés qu’eux, mais ils sont avec des enfants de leurs âges. répond t-elle, Adriel avait eu un peu de mal dans les premières semaines. Poppy, elle, s’adaptait facilement aux autres, mais son fils, s’était montré possessif envers sa soeur. Il avait fallu un peu de patience pour qu’ils puissent jouer sans forcément comprendre tout de suite les codes sociaux de la petite enfance. Poppy et Adriel n’avaient eu que leur présence respective, alors forcément, aux yeux d’enfants du petit garçon tout autre garçonnet de son âge, de près ou de loin, pouvait s’apparenter à un ennemi.

Mon fils a eu un peu plus de mal, il semble assez possessif, surtout en ce qui concerne l’attention de sa soeur, commente t-elle à nouveau. Et puis il y avait la fille d’Hazel, même si elle ne serait certainement pas en âge de jouer avec qui que ce soit pour l’instant. Mais ses enfants étaient tout simplement fascinés par la petite, ne se rendant pas bien compte qu’ils avaient été de cette taille là, il n’y a pas si longtemps de cela. Ce que le temps passait vite.

Le temps passe bien trop vite avec eux.. fait-elle, presque nostalgique. Eden ne se serait jamais vue mère, du moins certainement dans ces conditions là, et certainement aussi tôt. Elle n’avait jamais regretter ce choix, jamais. Elle s’étonnait pourtant à voir l’impact incroyable que ses enfants avaient eu sur son caractère, sa personnalité, sa manière d’être.

Alors quand Teresa lui parle de la mort de son premier fils, elle a du mal à déglutir. Eden n’avait jamais réussi à envisagé la mort de l’un de ses enfants. La mère de famille n’était pas certaine qu’elle serait capable de continuer.

Je n’ai jamais réussi à croire, admet-elle sans difficulté, Ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Sa mère l’avait été. Il n’était pas difficile de comprendre pourquoi. Seulement voilà, Eden, elle n’avait jamais eu la fibre religieuse. Un côté trop rationnel, peut-être, elle ne saurait dire ce qui l’empêchait de faire preuve de cette capacité à croire. Ne pas voir, peut-être. Mais c’était bien là tout le noeud du sujet, n’est ce pas ?

Je comprend, j’imagine que les choses semblent … insupportables face à ça. Même imaginer, elle avait l’impression que la bile lui montait à la gorge et qu’elle pouvait vaciller à tout moment. L’idée que l’on puisse surmonter cela, lui paraissait bien lointaine.

mother

Herr God, Herr Lucifer  
Beware
Beware.

Le regard de Teresa se fronce légèrement, lorsqu'Eden évoque le peu d'enfants présents dans sa communauté. C'est vrai que Nisqually regorge de jeunes et moins jeunes mineurs, des nouveau-nés aux adolescents du genre à fuguer dans Seattle en inquiétant tout le monde. Heureusement que tous ne sont pas aussi rebelles, sinon le Fort serait devenu un sacré bordel. Et malgré leurs instincts fugueurs, ils sont des éléments essentiels à la communautés, malins et travailleurs...

Elle hoche doucement aux mots de la brune. Il n'y a pas vraiment de familles parmi les rescapés ? Je veux dire.. rapport au peu d'enfants. Un sourire remonte ses lèvres quant à la relation entre le grand frère et la petite soeur. Peut-être son ainé aurait-il été aussi jaloux envers Alejandro ? Nan, sans doute pas, ils auraient eu trop d'écart d'âge. Mais le connaissant, il aurait été protecteur et aimant. Le meilleur des grands frère. Cette pensée lui arrache un infime soupir nostalgique, vite effacé pour revenir à son éternel sourire. Je suppose qu'avoir été seuls un moment a renforcé cette 'jalousie' venant de lui.. Mais c'est plutôt une bonne chose, il sera toujours protecteur envers elle. C'est bien mieux que deux frères et sœurs qui se chicanent. Comme ça avait été son cas quand elle était enfant.

Le temps passe bien trop vite avec eux..
Un regard glisse sur Eden, et la couturière retient difficilement un geste envers elle, une simple pression sur son bras en guise de réconfort. Mais elle n'en fait rien, la jeune femme ne semble sincèrement pas tactile ni ouverte à ce genre de familiarité. J'avais dix-neuf ans quand j'ai été mère la première fois... Je n'ai pas vu passer les années suivantes. Il avait dix ans que je me voyais encore changer ses couches. Alejandro marche déjà... Lui aussi j'ai presque peur de ne pas le voir grandir.

Elle secoue doucement la main lorsqu'Eden lui dit ne pas être croyante, malgré ses tentative de l'être, comme pour lui indiquer que le sujet n'a pas réellement d'importance. Après tout on ne peut forcer personne à croire, même si certains s'y étaient ardemment essayé fut un temps. C'est un ressenti, pas une volonté... On sait qu'on croit en Dieu au fond de soi, c'est naturellement là. Elle tapote son coeur ce disant, avant de rire. C'est parfaitement cliché, pas vrai ? Enfin je te dirai pas que la vierge Marie veille sur toi ni ce genre de bondieuseries, rassure-toi.

Un nouveau regard onyx part vers sa vis-à-vis, avant d'aller instinctivement chercher celui de son fils. Elle garde le silence quelques secondes avant d'acquiescer. Tout semble dérisoire et inutile. Comme si on nous retirait notre seule raison de vivre. C'était littéralement mon cas, d'ailleurs. Elle inspire profondément avant de reprendre. Mais on peut se relever. La blessure reste béante mais on apprend à vivre avec. Sans Lisandro je ne serais pas là pour le dire. Je lui dois tellement. Quelques larmes montent avant qu'elle ne les ravale, laissant ses yeux un peu trop brillants.

- Mierda.. J'ai carrément cassé l'ambiance, ça craint pour une première rencontre.

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

Eden savait parfaitement que la vie de mère était certainement l’une des plus dure et des plus déchirante. La mère de famille avait réussit à éviter les déchirements concernant ses enfants. Ils s’épanouissaient du mieux qu’ils pouvaient dans un monde bien plus hostile et qui en voulait à leur enfance. Il était vrai que les enfants étaient devenus assez rares, la faute au fait qu’ils étaient complètement dépendants. Eden se forçait à les forger, à leur montrer comment survivre, petit à petit, par leur éducation, par l’observation, par toutes ces choses que l’on transmet. Eden ne pouvait dire qu’elle pensait un jour transmettre un savoir concernant les baies et les plantes comestibles, reconnaître de l’eau potable, attraper et vider des poissons, et elle en passe.

Malgré le soulagement de les voir grandir et devenir de plus en plus indépendants, le temps était passé si vite. Certaines choses lui manquaient terriblement, les mains minuscules et le poids entier de sa fille sur sa poitrine alors qu’elle n’était âgée que de quelques mois. On oublie vite de profiter de ses moments. Alors, elle estimait que tant qu’ils voulaient passer du temps avec elle, dormir dans ses bras, elle ne le leur refuserait jamais. Eden n’était pas vraiment prête à ce qu’ils n’aient plus « besoin » d’elle. Elle sourit. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas contemplé son propre statut de mère. On ne nous prépare jamais au moment où ils ne veulent plus être porté..fit-elle pensive, alors qu’elle se rendait compte qu’Adriel ne lui tendait plus les bras aussi souvent.
C’est un peu cliché, en effet, fit-elle, en réponse au sujet de la foi. Eden était peut-être top pragmatique, trop terre à terre pour un jour se retrouver face à sa propre impuissance et en appeler à Dieu. Ou trop fière, peut-être trop vaniteuse. Peut-être même qu’une partie d’elle ne souhaitait pas se confronter à une entité supérieure, avec tout ce qu’elle avait fait… pour se sauver, sauver ses enfants. Elle ne pourrait se présenter en modèle d’humanité.

Je crains ce que pourrais me faire devenir la perte d’un, ou de mes enfants, est ce que l’on est encore mère, quand il n’y a plus personne pour nous appeler maman ? demande t-elle, sans vraiment vouloir connaître la réponse. Ses enfants lui manquaient terriblement, elle avait désormais hâte de rentrer, même si ce sentiment ne l’avait pas vraiment quittée depuis qu’elle avait prit la route les laissant derrière.

Ce n’est pas tant casser l’ambiance, disons que c’est une évolution de la conversation qui a été très introspective,fit-elle en souriant doucement.

Me voilà bien maintenant, je n’ai qu’une hâte, c’est de retourner auprès des miens..   souffle t-elle en redressant.

Il était encore trop difficile pour Eden se couper le cordon, même pour quelques heures. Elle regarde Teresa quelques secondes, avant de soupirer et sourire. Elle ne s’attendait pas à une telle conversation, pas pour une première rencontre en tout cas.

fin

mother

Herr God, Herr Lucifer  
Beware
Beware.