The Walking Dead RPG

Il s’amusa de son air offusqué. S’il avait appris une chose, avec Teresa, c’est qu’elle faisait les choses comme elle l’entendait, qu’importe ce qu’on pouvait lui dire. « Je sais que t’as la tête dure, oui, et qu’il faudrait se lever de bonne heure pour te faire changer d’avis. » Mais si elle avait l’énergie de râler, c’est qu’elle était suffisamment en forme pour le faire et ça lui convenait pour l’instant.

« Oh tu sais, j’ai une méthode plus efficace : je bourre tout et je tasse, jusqu’à ce que ça rentre ! » La meilleure méthode, selon lui. Mais il n’avait surtout pas tellement d’affaires, hormis ses vêtements, et quelques breloques sans valeur autre que celle qu’il leur accordait. Il passa rapidement, trop peut-être, sur les pertes de la tempête, mais ils ne pouvaient rien y faire, et se morfondre devant Alejandro n’était sûrement pas la meilleure chose à faire. « Exactement, penses à tous les rhumes qui me cloueraient au lit, en homme faible que je suis, si j’avais des chaussettes trouées ! » Un petit rire lui échappa malgré lui, alors qu’il doutait jamais lui avoir confié ses chaussettes à repriser. « Sache que je les garde précieusement, et qu’elles m’ont protégé plus d’une fois ! » Ne serait-ce que des brûlures dues au frottement de son bâton, mais aussi à celles dues à des adversaires – vivants ou revenus à la vie.

Il s’amusa de son air outré, et de son exagération totale concernant sa promesse. « Évidemment, il faut lui apprendre quelques conneries pas trop graves, pour que tu râles et qu’il ait quand même l’impression de se rebeller, sans avoir envie de faire pire ! » Posant sa main sur le bras de Tesa, il avait pris  un air qui se voulait rassurant. « Que des choses sans conséquences, promis ! Et on lui apprendra aussi les choses importantes. » Arquant un sourcil, il hocha la tête. « Promis, il n’apprendra pas ça de moi ! » Mais il finirait bien par en fumer, encadré par Rafaël ou non. Et par apprendre que des gens avaient déjà vu sa mère ne fumer aussi, mais ça c’était un autre problème, et il n’avait pas à décider pour elle si elle voulait lui en parler.

« Sur le dos de Saba. J’ai prévu, je suis venu avec lui. Même si ça m’a compliqué le trajet. » Et le fait de le garder ici. « Mais je vais peut-être t’empêcher de le rencontrer, si tu veux lui extorquer des infos ! De toute façon, j’étais un ange, toutes les histoires à raconter sont sur lui. Et si j’y étais malgré moi présent à chaque fois, c’est parce qu’il avait une terrible influence sur moi ! » Son sourire s’était fait plus doux, à l’idée des quatre cents coups qu’ils avaient faits. « C’est une bonne chose. Tu as pu raffermir nos liens avec eux, alors. » C’était tout l’intérêt de cette base, en plus de réhabiliter les lieux et d’obtenir des armes contre New Eden.

Ça, pour sur qu'elle a la tête dure. Têtue comme une mule, la cubaine. Elle se contente d'un grand sourire  quand il lui en fait la remarque, s'approchant pour lui tapoter l'épaule, faussement désolée de ce constat. La brune sait qu'elle peut se permettre cette familiarité avec lui, qu'elle n'aurait pas osé avec certains autres. Elle qui était presque sans-gêne fut un temps, a appris à respecter d'avantage l'avis et les réticences de ses pairs. Dur travail effectué sur elle-même malgré tout, tactile qu'elle est.

Un rire passe la barrière de ses lèvres à l'explication du rangement façon Rafaël, dans un soupir faussement désespéré. Ok, t'es pire que moi. Je te laisserai ranger les affaires d'Alejandro, au moins je suis sure que ne cassera rien. De mon côté j'ai quelques trucs fragiles à vrai dire, entre mes carnets de notes et mes affaires de couture.

Discussion rapidement revenue sur du rire et du joyeux, inutile pour l'heure de s'apitoyer sur le sort des disparus et de leurs proches. J'imagine bien.. Un pauvre homme fragile face à des pieds froids, ça ne résiste pas longtemps.. Sourire en coin. Elle n'est pas misandre pour deux sous, seulement taquine. Puis elle n'a jamais raccommodé ses chaussettes, peut-être seulement un pantalon ou une veste, en plus des protections en cuir.

- Je suis contente que ça te serve.. Je t'ai vu quelques fois manier le feu, souvent de loin. J'avais pas envie de m'imposer. Je trouve ça magique, et c'est sincère. Tu crois que tu pourrais m'apprendre quelques trucs faciles, un jour ? Elle qui n'a jamais manié que les aiguilles et le pinceau, c'est sur que l'entendre jouer de la guitare et avec le feu, ça a quelque chose de particulier qui la ramène presque en enfance.
Quand viennent les idées de tio Rafaël concernant Alejandro, elle peine à garder une mine froncée, riant intérieurement. Tu as bien compris ce qui pouvait me faire râler pour de bon hein. Tout ce qui touche à mon fils a tendance à me transformer en maman lionne. Il est hors de question qu'elle perde son second enfant, elle en perdrait sa raison de vivre pour de bon, cette fois. Je te fais confiance, va. T'es trop bienveillant pour lui apprendre de vraies conneries. Et puis d'autres s'en chargeront bien, toute façon. Malik n'a qu'une hâte, lui apprendre à jouer au foot, déjà. Quant au fait qu'elle fume... Moui.. je sais bien qu'il le saura un jour ou l'autre. Aujourd'hui je suppose que ce n'est plus aussi grave qu'auparavant, de toute manière.

La conversation dévie sur son frère qu'il doit rejoindre d'ici peu. Honnêtement, les chevaux deviennent la meilleure façon de nous déplacer, à force. Quand on n'aura plus d'essence à siphonner, on n'aura plus le choix de toute façon. C'est une habitude à prendre, je suppose. Un nouvel éclat de rire résonne sous la tente, faisant lever la tête d'Alejandro qui y répond d'un rire lui aussi, tapant bruyamment sur ses jouets avant d'y revenir plus calmement. Le regard de la mère se baisse tendrement sur lui avant de revenir à Rafaël, pétillant de taquinerie. Toi, sage comme un ange ? Qui tu comptes convaincre comme ça ? Ton frère était si terrible que ça..? Son visage s'adoucit à son tour, ce demandant. J'ai quitté mes frères et soeurs très tôt, mais nos parents étaient si sévères que je n'ai jamais eu l'occasion de faire les quatre cents coup avec eux, malheureusement.

Puis d'un signe de tête elle acquiesce à ses mots. J'espère que j'ai pu resserrer un peu les liens avec The Remnant, au moins. Du moins.. tu vois, aider à améliorer un peu les choses. Parce que c'est pas encore gagné. C'est le moins qu'on puisse dire, les rancoeurs ont la vie dure, et c'est bien normal après tout. Quant aux factions, on a pu renouer avec elles, au moins du côté commercial. C'est toujours une porte ouverte aux.. amitiés, dirons-nous. Tu as déjà été en groupe, avant de nous rejoindre, toi ?

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

Il était rafraîchissant de parler à Teresa : il n’avait pas besoin de retenir ses paroles ou de masquer la vérité. C’est sûrement pour ça qu’ils s’étaient tout de suite entendu, cette nuit d’insomnie dans les écuries. « Je suis outré du peu de confiance que tu as en moi ! Pourtant, j’ai été nomade toute ma vie, je suis habitué et j’ai l’expertise nécessaire à vite faire, et bien faire, ses bagages. » Il lui adressa un petit sourire amusé : évidemment, il avait grossi le trait et menti, concernant sa façon de s’organiser avec ses affaires. « Mais j’ai bien compris que c’était une excuse pour m’exploiter ! Je ne te félicite pas ! Heureusement que je suis incroyablement gentil et serviable. » Il la bouscula légèrement d’un coup d’épaule, amusé, se penchant malgré tout pour ramasser quelques uns des jouets pendant qu’Alejandro jouait avec une petite voiture.

Il laissa échapper un rire un peu plus franc, alors qu’elle lui parlait de pieds frois. « Tu dis ça, mais on a de l’entraînement, à cause de toutes les femmes qui veulent profiter de notre chaleur, et même pas agréablement ! Uniquement en nous utilisant comme radiateurs pour les réchauffer ! » Un petit clin d’œil accompagna ses paroles, sachant bien que ça n’était pas du tout ses propos. Mais… C’était peut-être l’occasion de se confier ? « D’ailleurs… Je ne pense pas que je pourrais te la présenter mais j’ai rencontré quelqu’un. Ici. Un peu par hasard. Clairement par erreur. Surtout que ce n’est clairement pas le lieu, mais… On s’entend bien, ça a bien collé. » Et il avait sorti le grand jeu. Il aurait sûrement pu lui en parler avant, mais il était à Kitsap alors qu’elle était à Nisqually, puis inversement. Ils n’en avaient pas vraiment eu l’occasion. « Elle s’appelle Keira, peut-être que tu la connais. » En tout cas, il aimait vraiment bien la gymnaste.

« Pas sans t’apprendre à jongler avant. » Parce que c’était très dangereux, de manier le feu. Et si elle se ratait… les conséquences seraient bien pires qu’avant l’apocalypse. Et même à l’époque, ça pouvait être extrêmement dangereux. « Et jamais à cracher le feu, c’est beaucoup trop dangereux. » Il était mortellement sérieux, en disant ça. « Et si je t’apprends, tu dois me faire la promesse de ne jamais le faire sans que je ne sois présent – pas avant que je ne t’estime prête, en tout cas. » Le gitan savait qu’elle comprendrait ses mises en garde et qu’elle était suffisamment sensée pour ne pas choisir de ne pas les respecter. De toute façon, trouver de l’alcool exploitable pour ça était suffisamment rare.

« Bien sûr, je te connais, non ? » Suffisamment pour qu’il veuille veiller sur elle et sur son fils. « Je te jure qu’en ma présence, la sécurité d’Alejandro sera ma priorité. Et que jamais je ne le laisserai faire quelque chose de trop dangereux. Même si je serai son super cool tío Rafaël ! » Ça allait sans dire. « Malik ? » Le nom lui disait quelque chose, mais il n’était pas certain de remettre qui c’était. « Non, ça peut même être bénéfique. Tu sais aussi bien que moi que sans ça, après les souterrains, je n’aurai jamais retrouvé le sommeil… » Même si c’était grâce à ses insomnies qu’il l’avait mieux connue.

Dans les écuries, alors qu’il venait dans un lieu familier, entouré par ces animaux devenus si importants pour lui. « Et parmi nos plus fidèles amis. Saba a beau être entêté, il me fait penser à toi d’ailleurs… » Le gitan se recula subitement, au cas où elle se mette en tête de se venger de ses paroles. « Mais je suis sur qu’il est attaché à moi comme moi à lui. » Haussant les épaules, il finit par sourire et mettre fin au suspense. « Tu n’as pas idées ! J’étais… énergique, mais les conneries, c’était Tiago qui les trouvait. » Même s’il lui fallait très peu insister pour que Rafaël le suive. « Oh, on avait pas trop intérêt à déconner parce que nos parents n’étaient pas tendres non plus. Mais… on était plus malin qu’eux. » La plupart du temps.

Se rapprochant à nouveau, même s’il n’avait pas réellement pu s’éloigner dans la petite surface de la tente, il pressa son épaule. « Je suis persuadé que tu as accompli bien des choses. Mais, dis moi, qu’est-ce qu’il s’était passé avec les Remnants ? J’ai bien compris que les relations n’avaient pas toujours été favorables mais ce n’est pas un sujet réellement évoqué régulièrement. » Il secoua doucement la tête. « Non, c’était Tiago et moi, à la vie à la mort. Seuls, ou avec notre famille avant. J’aurai ma place chez les STARS mais… Enfin, on a l’un et l‘autre choisi notre chemin. Tu l'as été, toi ? » Ils l'avaient évoqué, il lui semblait, lors de leur premier échange, mais les souvenirs de la fin de soirée étaient flous, peut-être du fait qu'ils aient fumé ensemble.

Un rire clair éclate dans la tente, relevant la tête d'Alejandro quelques secondes à peine avant qu'il ne retourne à sa petite voiture. Une Ferrari rouge aux roues branlantes. Donc il faut croire que les nomades ne prennent pas soin de leurs affaires, je n'ai pas d'autre explication plausible ! Un petit mouvement d'épaule contre le sien et elle vient piquer un baiser sur sa joue, sans aucune ambiguïté. Evidemment que tu es gentil et serviable. C'est bien pour ça que je me sers de toi, justement. Tu fais troubadour, futur professeur de jongle, homme de compagnie quand je dors pas.. En continuant de raconter ses inepties, elle arrange quelques vêtements laissés à l'abandon, les repliant pour les empiler au bout du lit de camp.

- Quelle mauvaise foi ! j'ai toujours gardé mes chaussures quand on fumait dehors, même en plein hiver. Son sourire ne la quitte plus, et si elle lève les sourcils à son aveu amoureux, ce n'est que pour plisser le visage d'une moue tendre. Vraiment..? Keira.. Keira, non, ça n'me dit rien. Mais je l'ai peut-être déjà croisée, je vois tellement de monde passer.. Si malgré elle son coeur se serre un peu, elle n'en laisse rien paraître. Il n'est qu'un ami et le restera, c'est mieux comme de toute manière. Son sourire ne se fâne alors pas, demeurant ce soleil qu'elle tente d'apporter à ses proches. Raconte-moi ! Comment vous vous êtes rencontrés ? Elle est comment ? Vous en êtes encore au stade de la drague ou c'est déjà sérieux ?

Déviant sur le maniement du feu, Rafaël se fait intransigeant. D'abord la jongle. Et la cubaine se contente de hocher sagement : ça ne la dérange pas de commencer par ça, elle ne s'y est jamais essayée de toute façon ! Je comptais pas cracher le feu un jour. Je tiens trop à ma barbe ! Elle lui offre un clin d'œil taquin, signifiant par la même qu'elle a bien compris et accepté l'interdiction.
Puis les mains levés doucement, elle acquiesce doucement, une nouvelle fois. C'est promis, jamais sans toi. Je suis un peu folle certes, mais pas à ce point, de toute manière. Une nouvelle dérive de discussion les ramène au petit ange sage -pour le moment- qui joue sur sa couverture au sol.

- Tes mots de touchent.. J'ai bien assez confiance en toi pour savoir que tu tiendras parole et le protègeras s'il le faut. Des autres ou de lui-même quand il sera en âge de faire des conneries ! Elle reprend ensuite. Malik, un petit gars d'environ seize ans. Il est au Fort depuis un moment avec son père mais c'est vrai qu'il est assez en retrait avec ceux qu'il ne connait pas. Je m'entends très bien avec lui, il est adorable. Je crois que je suis un peu sa figure maternelle au camp. Et ça lui va très bien. Elle aime la compagnie animée et bavarde de celui qu'elle couve comme un fils. La tactile couturière passe une main sur le bras de Rafaël qui évoque ses traumatismes. J'en ai conscience.. Et je n'aurais jamais retrouvé le sommeil non plus sans ça, après ce que j'ai vécu. A défaut de médicaments, je crois que c'était le mieux qu'on ait pu prendre, en réalité.

Elle écarquille les yeux, faussement vexée, et un oreiller vole dans le petit espace, droit sur Rafaël. Comment ça je te fais penser à un cheval ! De mieux en mieux ! Elle rit de bon cœur dans la foulée, avant de se faire un poil plus attentive. Parents gitans contre parents cubains chrétiens.. On a dû s'en ramasser de belles, tous les deux. Et c'est facile de reporter la faute sur ton frère absent ! Attends que je le croise pour tout lui balancer !
Une pression de l'épaule et quelques échanges plus tard, la voilà à parler diplomatie, avec une certaine approximation.

- A une époque, The Remnant a attaqué The Haven, pour faire court.. ça n'a pas été joli. C'était avant mon arrivée. Aujourd'hui les dirigeants ont changé, et face à nos ennemis communs, on est bien obligés de resserrer les rangs.. Mais les rancœurs sont tenaces, d'un côté et de l'autre. Elle hoche finalement à sa réponse, avant de répondre. A la vie à la mort mais chacun son chemin.. c'est un peu triste au final. Non, je n'ai jamais été dans un groupe. On est resté en solitaires avec mon fils plusieurs années. Après sa mort... Et bien j'ai erré pendant plus d'une année sans réussir à me faire tuer, c'était bien un comble. Quand Lisandro m'a trouvée, il m'a convaincue de rejoindre The Haven. Depuis c'est mon foyer, ma famille. Je les quitterais pour rien au monde.

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

La regardant d’un air amusé, il se mit à rire lui aussi alors qu’elle énumérait ses compétences. « Heureusement que je suis humble, je crois que ma tête ne passerait plus par la toile de ta tente après tout ça. » L’air malicieux ne quittait pas le visage du saltimbanque qu’elle avait décrit. « Je ne t’ai jamais montré mes partitions de musique, si ? J’ai failli les perdre pendant la tempête, mais elles sont intactes. J’en prends soin autant que de ma guitare. » Et il ne laisserait jamais rien endommager sa guitare.

« Encore une accusation infondée ! Je généralisais, évidemment. Surtout que ça aurait été vraiment bizarre d’enlever tes chaussures à l’écurie ! » Autant que d’y occuper leurs nuits d’insomnie mutuelles, peut-être. « Petite, brune, pétillante… Elle n’a pas froid aux yeux. » Et c’était très agréable : elle avait l’air de tout vivre à fond, et de ne pas se formaliser des choses sur lesquelles les gens s’attarderaient d’habitude. « J’imagine, surtout ici. » Preuve en était qu’il avait rencontré la jeune fille sur la base. « J’aurai dû me douter que tu me bombarderais de questions ! » Lui adressant à nouveau une petite bourrade affectueuse, il fit mine de réfléchir pour la faire attendre. « Eh bien… Elle avait oublié ses petites culottes dans une douche, peu avant que je n’y aille. Je sais, tu vas dire que je suis un homme et que je fais attention à rien, mais je ne les ai pas vues. Jusqu’à ce qu’elle ouvre le rideau de la douche et s’exclame avec enthousiasme qu’elle les avait trouvées. J’aurai presque cru qu’elle faisait une chasse au trésor ! En tout cas, ses joues rouges étaient incroyablement mignonnes. Et une capacité à rebondir dans une situation gênante plus qu’amusante. »

Il n’y aurait pas cru lui-même, si on le lui avait raconté. Ce serait peut-être le cas de son amie, d’ailleurs, qui lui demanderait sûrement des précisions. « Eh bien… On s’est revus, sur le camp, plusieurs fois. C’est compliqué vu qu’on est pas au même endroit, mais on sait jamais. En tout cas, je crois qu’on s’aime bien, tous les deux. » Pas de quoi parler du grand amour ou quoi que ce soit, mais ils s’entendaient suffisamment bien, sur beaucoup de choses, pour pouvoir conclure qu’il n’y avait pas rien… et que ça avait un peu dépassé le stade de la drague.

« L’étendue de ta folie est encore à prouver… » Lui adressant un petit clin d’œil, il hocha la tête, plus sérieux. « Je sais que tu ne feras rien d’inconsidéré sans que je sois là, mais je serais un bien piètre cracheur de feu si je ne te le disais pas. Et si je ne me répétais pas dans le futur. » Elle ne lui en tiendrait sûrement pas rigueur. « Mon professeur a voulu me le mettre en tête à coup de marteau, je crois. » Parce qu’il était un peu trop impatient.

« Je t’en fais le serment, sur mes ancêtres. » Et même si leurs croyances différaient, elles étaient suffisamment similaires pour qu’elle comprenne l’intensité de cette promesse. Il veillerait sur son fils comme sur l’un des siens, qu’elle soit en mesure de le faire elle-même ou non. « Et sur Malik aussi. » Ses paroles ne trompaient pas ou plutôt le ton qu’elle employait : elle aimait le jeune comme un membre de sa famille, même si elle minimisait les choses. « Comment tu vas, toi ? Réellement. Je… » Il n’aimait pas tellement en parler. « Je vois régulièrement une femme… pas comme tu l’entends ! » Il anticipait la remarque goguenarde qu’elle allait sûrement faire. « Elle était, est je suppose, psy. Et… ça me fait beaucoup de bien. Tu en aurais besoin ? » Il le respecterait si ça n’était pas le cas de Tesa. Mais proposer ne lui coûtait rien.

« Tu as le poil aussi brillant et bien entretenu que Saba ! » C’était elle qui avait surenchéri, elle cherchait. « Et puis, c’est mon meilleur ami, donc c’est que bénéfique qu’elle me fasse penser à toi, non ? » S’il était légèrement moqueur, il s’amusait surtout beaucoup – Teresa ne pouvait nier être aussi entêtée que le cheval. « Oh, il saurait se venger si nécessaire, crois-moi ! Mais je garde les anecdotes pour contrecarrer les siennes, si vous vous rencontrez. » Ou pour l’empêcher de dire n’importe quoi.

Le gitan se fit malgré tout bien plus sérieux, alors qu’elle se confiait sur les Remnants, puis sur elle-même. Ils l’avaient déjà fait par le passé, mais des zones d’ombre subsistaient – parce qu’elles étaient trop dures à dire, ou que le sujet n’était pas venu. « Je ne devrais peut-être pas dire ça mais… Si Tiago avait besoin de moi, ou si le moindre danger pesait sur lui, j’accourrai. Même si on avait besoin de nous à Fort Nisqually. Même si nos chemins se sont séparés, on… notre lien est indéfectible. Nous ne sommes pas nés au même moment, mais c’est mon jumeau, ma moitié, mon double. Et qu’importe la distance qui nous sépare, ça ne changera pour rien au monde. » Il lui adressa un sourire un peu triste, alors qu’il le voulait réconfortant. « Mais j’ai une autre famille ici, que je n’abandonnerai pas non plus. » Ce n’était pas dans ses habitudes, de baisser les bras et d’abandonner. Il espérait juste ne jamais avoir à choisir entre les deux.

- Profite, je ne te referai pas de compliments comme ça avant longtemps ! Dans la bonne humeur ambiante, Teresa secoue la tête par la négative en reprenant : Non, tu ne m'as jamais montré. En même temps je ne sais pas 'lire' la musique.. Pas plus que la jouer. A la limite, je chante plutôt bien, si fallait me trouver une qualité musicale ! Elle tapote le sac à côté d'elle en ajoutant : Moi j'ai sauvé mon nécessaire à couture quand l'eau a tout embarqué.. On est aussi accrochés l'un que l'autre à nos passions !

Elle finit par planter un coude sur sa cuisse, joue dans la paume pour l'écouter évoquer la fameuse Keira. Hey, tu devrais me connaître à force. Je veux TOUT savoir, n'omets aucun détail ! ... Enfin, si, y'en a certains que je veux pas savoir, tu te doutes hein. Sourire con au coin des lèvres, elle le laisse "réfléchir" en roulant des yeux, muette pour une fois. Plus il raconte, et plus ses yeux se plissent d'un sourire qui n'en finit plus de s'accentuer, jusqu'à laisser échapper un rire, non pas moqueur mais clairement amusé.

- Je sais pas si je dois me dire que t'es aveugle ou me demander si tu comptais les garder pour toi ! Elle secoue la tête d'un air faussement désespéré avant de poursuivre. Au moins on peut dire que c'est pas une rencontre commune. Comment vous avez décidé de vous revoir après ça ? j'veux dire. Ça devait pas être votre meilleur moment à tous les deux. Ses pensées s'échappent un instant vers sa rencontre avec Bill. Ils avaient fini à essayer des vêtements bourgeois dans un appartement inondé en attendant qu'on vienne les sauver.

- Vous vous aimez bien.. c'est rien de le dire, tu viens de me la présenter comme si t'allais te marier avec ! Bon, j'exagère à peine, peut-être. Mais quand même ! Je suis heureuse pour toi.. J'espère que ça va marcher entre vous. Et si elle te brise le coeur, je lui pète les genoux. Malgré une moue angélique, difficile de savoir le degré d'humour et de sérieux dans sa menace. C'est qu'elle est sanguine, la cubaine.

La couturière affiche un air outré à l'évocation de sa folie dont les limites sont encore à trouver. Je suis pas du genre à partir en mission dangereuse ou ce genre de trucs, moi. Si, carrément même. Elle en avait d'ailleurs fait les frais et gardé des cicatrices. J'ai bien compris, t'en fais pas. Tu te répèteras et je râlerai par principe en te rappelant que je suis pas une gosse. Qui est-ce qui t'a appris, à l'époque ?

Déviant sur son fils, le serment de son ami lui arrache un regard de gratitude, qui s'humidifie quand il inclue Malik dans sa promesse. Evidemment qu'il a saisi l'importance du jeune pour Tesa, elle se demande même pourquoi elle a tenté de minimiser leur affection réciproque. Rha... foutue poussière... râla-t-elle en prétexte branlant pour s'essuyer les yeux, touchée au coeur comme souvent quand il s'agit de ses proches. Son regard d'onyx revient se poser sur Rafaël, le voyant hésiter à parler comme ça ne lui ressemble pas vraiment. Etonnamment la moquerie attendue ne vient pas, le ton de son ami l'en dissuadant. Un air circonspect s'étale sur son visage petit à petit.

- Je t'avoue que je.. n'ai jamais pensé à aller voir quelqu'un. D'un geste embarrassé, elle reprend un vêtement plié pour le replier, se donnant un semblant de contenance. Je me suis toujours débrouillée seule, et puis ça.. ça fait longtemps, maintenant. Enfin, longtemps dans l'espace temporel d'une fin du monde. Tout va si vite. Du bout des doigts, elle lisse le tissu reposé sur sa pile, sans relever les yeux vers son ami. Je suis pas sure que j'arriverais à parler de tout ça. En dehors de Lisandro, personne ne sait réellement ce que j'ai vécu, dans le fond.

La conversation reprend, la brune retrouvant son sourire d'apparat, peut-être un peu moins vrai qu'il ne l'était plus tôt. Génial, donc je suis ton amie à égalité avec un canasson ! Heureusement que tu reconnais que j'ai le poil lisse et l'œil brillant.
La parenthèse se ferme comme elle s'est ouverte pour retomber sur un sujet sombre, celui des Remnant. Bien sur elle avait eu des détails mais ne se sent pas en droit de les divulguer, par respect pour les morts et leurs proches. Elle dodeline du chef aux aveux du gitan quant à son frère, et le fait qu'il le fasse passer avant les membres du Fort. Après quelques secondes de réflexion, elle finit par répondre :

- Si j'avais à choisir entre les habitants du Fort en leur ensemble et ma famille au sens affectif du terme.. Je ne sais pas comment je pourrais le gérer. Jamais je ne pourrais abandonner les enfants, ni Lisandro. Par moment notre relation a été littéralement fusionnelle, tant on avait besoin l'un de l'autre et tant on s'apportait. Je crois que certains pensaient qu'on couchaient ensemble d'ailleurs, mais pourtant non, jamais il n'y a eu d'ambiguïté entre lui et moi... Enfin tout ça pour dire.. Je te comprends. J'espère ne jamais me trouver face à ce dilemme.

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

Posant une main sur son cœur, le gitan prit une pose théâtrale totalement exagérée. « Si l’on ne peut même plus compter sur ses amis pour vanter nos qualités, où va le monde ? Je suis blessé ! » Pas le moins du monde, en réalité. Il n’avait que rarement manqué de confiance en lui, et il ne pensait pas Teresa capable de le blesser autant que l’avaient fait ses anciennes conquêtes – avec qui il avait été plus vulnérable que jamais. « Tout s’apprend ! Mais ça ne te servirait pas à grand-chose, actuellement. Tu pourras m’apprendre la couture, par contre ! » Il disait ça sur un ton léger, mais ça n’était pas totalement absurde. Moins indispensable que certaines choses, mais utile tout de même. « C’est parce qu’elles sont précieuses à nos yeux. Tu ne m’as jamais raconté l’histoire de ton nécessaire à couture. » Pas plus qu’il ne lui avait dit que les rares partitions qu’il conservait, bien qu’ils en connaissent bon nombre par cœur, lui avaient été offertes par sa sœur.

« Tu es encore plus persistante que moi, quand tu veux savoir quelque chose ! » Il avait laissé échapper un petit rire, mais il rajouta malgré tout, moqueur. « Et si on en croit mon entourage, ce n’est pas une qualité ! » Accompagnant la remarque d’un clin d’œil, il lui cogna l’épaule dans une petite bourrade affectueuse. Ils se ressemblaient sur beaucoup de points, et malgré leur rencontre insolite, c’était pour ça qu’ils s’étaient rapidement entendu. « Je vivais dans un clan gitan, avec un nombre de personnes indécents, et un sens de la pudeur toute relative, je ne suis pas celui qui a été le plus perturbé ! Et, aussi surprenant que ce soit, elle ne l’était pas tant que ça, une fois la gêne dépassée. J’ai été laver ses culottes pour elle, on a beaucoup plaisanté, et je ne sais plus vraiment comment, mais on a évoqué un dîner aux chandelles, et on l’a fait ! » Il sourit bêtement, en y repensant. « On s’était un peu mis à l’écart, quand même, ce n’était pas vraiment le lieu pour ça… Et avant que tu ne demandes, non, je ne l’ai pas empoisonnée ! » Parce que oui, c’était lui qui avait cuisiné. Et s’il n’avait – heureusement pour Tesa – pas eu l’occasion de le faire pour elle à Nisqually, ce n’était pas le point fort du gitan, qui le lui avait déjà confié. Après tout, les femmes faisaient tout ça pour les hommes, dans son enfance. « Liv’ m’a appris quelques plats simples. Bref, elle avait ramené une bouteille de vin, elle a vu mes tatouages, difficile de les manquer, vu le nombre, et a voulu les observer davantage, à l’abri de la caravane qu’elle partageait avec sa chef. » Il s’arrêta un bref instant, soupirant contrit. « Et ça s’est arrêté là, elle m’a congédié. »

Il s’efforça de garder son sérieux aussi longtemps que possible, avant de rire malgré lui, lui donnant un coup de coude amical. « Tu devrais voir ta tête ! Ce n’est pas tout à fait comme ça que ça c’est passé. Elle m’a bel et bien ramené à sa caravane, parce qu’on était gênés de s’exhiber comme ça. On s’est confiés sur nos vies respectives, davantage du moins, je lui ai joué un morceau, on a continué à boire le vin… Bon, je te fais pas un dessin, hein ! Les lits de la caravane sont beaucoup plus confortables que les tapis de sol de la tente. » Et surtout, la compagnie rendait le tout incroyable. Il grimaça malgré tout, alors qu’elle rebondissait sur ses paroles. Est-ce qu’il donnait vraiment cette impression ? C’est vrai que… Son éducation l’avait incité à envisager de se mettre en couple, se marier, fonder une grande famille mais c’était insensé, par les temps qui courraient. « Je… Tu crois vraiment ? Enfin, je tiens à elle, mais je pensais avoir laissé ces rêves d’enfant derrière moi… » Souriant malgré tout doucement alors qu’elle poursuivait, il se pencha vers elle pour la prendre dans ses bras, murmurant. « Merci, Tesa. Ça compte beaucoup pour moi. » Même s’il ne comptait pas la laisser péter les genoux de Keira – parce qu’elle serait capable de le faire métaphoriquement et de lui faire comprendre le mal qu’elle lui avait fait, Rafaël en étant sûr – il était touché qu’elle soit prête à le faire.

« Mieux vaut ça que de te laisser faire tes propres erreurs, à ce sujet du moins. » S’il l’avait dit sur un ton léger, il finit sa tirade sur une grimace, alors qu’elle lui demandait qui lui avait appris à cracher du feu – et, d’une certaine manière, ce qui lui avait appris la prudence, non ? « Un gitan de notre clan, je disais de lui que c’était mon oncle mais il ne devait pas vraiment l’être. Mais il faisait ça, quand nous nous installions dans les villes, pour amuser le chaland. Et il a bien ri, quand je me suis brûlé les sourcils et les cheveux, en pratiquant sans lui. Ce serait dommage que tu perdes ta crinière si luisante en faisant la même erreur. » Il était sur ses gardes mais ne protesterait pas, si elle le frappait. Il l’avait mérité.

« La poussière a bon dos. » Il pressa son épaule, sans insister pour autant, essayant de puiser dans leur amitié et dans son geste la force de se confier. Une confession qu’il ne ferait jamais à son frère, trop pudique d’une certaine façon pour ça, mais que Teresa accueillerait sans jugement. « C’est… J’ai eu du mal. Mais après Marlon, après tout ça… Je crois que je l’aurai tué de sang-froid, si je n’avais pas entrepris ça. » Et s’il était impulsif, Rafaël n’était pourtant pas sanguinaire. « Moi aussi, tu sais. Mais je te disais ça comme ça, au cas où. Tu n’y es pas obligée, sache simplement que c’est possible. Et… Je suis là, si tu ne te vois pas parler à une inconnue. » Mais elle le savait déjà très bien : ce ne serait pas la première fois ni la dernière qu’il partagerait des nuits d’insomnie ou des moments privilégiés glanés ça-et-là. Il grimaça en revanche, alors qu’elle rebondissait sur sa confession sur Tiago. « Tu sais… Tu fais partie des gens qui compteraient plus à mes yeux. » Ne serait-ce que parce qu’elle l’avait épaulé à son retour des souterrains. Le lien qu’il avait tissé était, pour lui, indéfectible. « Mais espérons que nous n’ayons jamais à faire un tel choix. »

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