Il parait qu’en termes d’emmerdeuse, elle est passée pro. Faut dire qu’elle en joue de sa moue boudeuse, de ses remarques cinglantes et de ses allures de garce. C’est souvent un jeu, une façon de se donner un genre et puis, elle a la gueule de l’emploi quand il s’agit d’user de ses charmes et de ses boucles blondes pour piéger les gens et les manipuler comme bon lui semble. Et même si elle n’usait pas de ses techniques avec les Exilés, elle avait quand même la tronche d’une emmerdeuse. Elle était juste suffisamment intelligente pour savoir avec qui la fermer quand même - sinon, il serait fort à parier qu’elle n’aurait pas fait long feu ici. Tout ça pour dire que les emmerdeurs, elle les reconnaissait de loin. Et depuis un moment, elle remarquait bien les airs de ce gosse qui faisait grogner quelques personnes avec ses remarques cinglantes.
Le dernier à lui grogner dessus ce fut Cesare qu’elle arrête en plein mouvement alors qu’il s’apprêtait à le suivre après sa remarque qu’elle avait à peine entendu en réalité. Ils étaient occupés à réparer les dégâts de la tempête, elle n’avait pas entendu. Juste, Derek avait dit quelque chose et l’italien s’était crispé. L’instant d’après, le gosse s’éloignait et Guinevere rattrapait son compagnon par la manche. « Hey, c’est bon j’vais aller le voir. » Elle pouvait gérer, entre sale gosse. Ça ferait toujours moins mal que de se coltiner la mauvaise humeur de l’italien - ou peut-être pas ? Et puis, il l’intriguait un peu ce gosse. Pourquoi ? Elle ne sait pas vraiment, son attitude lui parlait un peu - d’une certaine manière.
Alors la blonde quitte son poste et décide de le rattraper. « Hey, Derek. » Il ne se retourne pas. Elle hausse un sourcil. C’est vrai, elle ne fait pas partie de sa faction, mais lui est quand même encore chez eux. Alors elle presse le pas et sa main attrape son poignet pour le forcer à se retourner. « J’te parle. » Sa voix est ferme, avec quelques accents d’emmerdeuse qui n’est pas prête de lâcher le morceau. « Ca fait un moment que tu fais chier ton monde, c’est quoi ton problème ? » Elle n’avait pas de soucis à sortir de son rôle d’hôte reconnaissante pour leur aide à celle qui lui tirerait les vers du nez avec une pince à épiler si nécessaire. Puis faut dire que les pincettes, ce n’était pas vraiment dans le style des deux factions en général.
Il casse les couilles lui. Je fais des efforts, quoi. Heureusement qu'il m'a pas connu à l'époque où j'ai rejoint les Expendables, il nous aurait fait une crise d'apol.. aplo.. Apoplexie. Quel mot de merde. Quelle idée d'Alex d'essayer de m'apprendre des mots compliqués, également. Enfin bref. Il me les brise menu-menu, l'autre con. Soit disant je fais pas ce qu'il faut. Soit disant j'écoute pas les ordres. Mais il est qui lui, pour me donner des directives, déjà ?! Déjà Connor je l'écoute qu'à moitié, alors le couillon même pas de ma faction, il croit quoi ? Je sais qu'on est tous sur les nerfs depuis que la tempête a foutu un bordel sans nom dans le coin, mais c'est pas une raison pour faire chier.
Peut-être... ok, peut-être que ma relation très tendue avec Milow joue un peu sur ma patience. Un peu. JUSTE UN PEU. Nan en vrai on va pas se mentir, ça me fout dans un état pas possible. Ça va faire deux ans, deux saloperies d'années qu'on se côtoie, à peine six mois que nos relations ressemblent enfin à quelque chose. On va pas dire une relation de couple, non plus.. ou alors un couple platonique ? -oui ça aussi c'est Alex qui me l'a appris- Six mois qu'on dort ensemble, qu'on mange ensemble, qu'on s'embrasse une fois de temps en temps, qu'on passe des soirées à parler et à jouer à des jeux de société. Enfin, des trucs qui ressemblent à des trucs de couple. Je crois ? Rho merde, j'en sais rien. Des trucs qui me conviennent quoi. Mais récemment, avec son escapade pour aller niquer des Divas, sans me prévenir et en me laissant un pauvre petit mot d'excuse sur la table de nuit, on était passé à une relation glacialement.. glaciale. Et ça me rend vraiment irritable.
Je m'égare. Je viens d'envoyer chier Cesare avant de me barrer en furie. Daemon dirait que je suis vraiment un.e ado attardé.e, et je peux pas lui donner tort. De toute façon si c'est pour devenir comme lui, je préfère pas passer le stade d'adulte. Je crois qu'il a l'intention de me suivre pour continuer les hostilités donc j'accélère le pas. « Hey, Derek. » Tiens ? Ça c'est pas la voix de Cesare. Ou alors il a eu un souci testiculaire en se retournant. En attendant je poursuis mon chemin. Destination : Ma caravane, de laquelle je compte claquer la porte avant de tirer la gueule sur le lit. Un programme tout en efficacité. Sauf qu'une main pleine de doigts vient attraper mon poignet et me coupe dans mon élan, m'obligeant à pivoter. Tiens.. C'est définitivement pas l'autre con. Son nom me revient plus ou moins. Gin ? .. Nan, Gui. Voilà. Tu parles d'un nom.
- Techniquement tu m'parles pas, t'as juste gueulé mon nom. Ça tient pas d'la conversation et ça justifie pas que je m'arrête, là. Donc si tu permets. Non, elle permet pas... « Ca fait un moment que tu fais chier ton monde, c’est quoi ton problème ? » - Ecoute ma grande, si t'as des réclamations, tu vas voir mes chefs de faction, t'en dis quoi ? J'te dois rien à c'que je sache. J'arrache mon bras à sa prise d'un coup sec. Ça me rappelle mon seul échange avec Chiara, c'est marrant. Sauf que ça avait fini au lit entre elle et moi. J'inspire profondément. Putain Derek, t'as promis de pas foutre la merde entre les groupes... Mais en même temps, pourquoi y'a une chieuse de service dans toutes les factions ?! c'est un quota karmique, c'est ça ? Je me craque la nuque en ravalant toute la bile que j'étais à deux doigts de lui cracher au visage, et finis par lourder un soupir las.
- Actuellement, mon problème c'est qu'on me casse les... Je lui lance un regard en plissant le nez. ... Couilles. Pour rien. J'suis pas le stéréotype du bon p'tit soldat mais j'me bouge le cul pour aider aux réparations. Alors oui, ça m'dose quand on me fait chier pour des conneries. Je jette un oeil vers Cesare, qui ne semble pas vouloir se ramener par ici -et tant mieux-. Sans offense. En quoi ça t'dérange ? C'est pas toi que j'emmerde, pourtant.
En vérité, elle se demandait encore ce qu’elle foutait là, à tenter de régler les problèmes des autres quand l’attitude de Derek en face d’elle attisa sa propre colère et son piquant qu’on lui connaissait si bien. Guinevere n’avait jamais été la bonne fille bien sous tout rapport, non ça il fallait voir avec Emilie - et encore - mais la blonde avait toujours été grande gueule, vulgaire, râleuse et provocante. C’était ce qu’elle savait faire de mieux, et visiblement, Derek se montrait pas mal non plus en termes d’attitude complètement déplacée. Il faisait chier plus d’une personne ici, et Cesare n’était pas loin d’aller lui expliquer les choses à sa façon avant que la navigatrice ne s’en mêle. Pourquoi d’ailleurs ? Elle ne savait pas vraiment. Elle n’était pas forcément le “bon flic” du duo, en fait.
« T’as décidé d’me faire un cours de sémantique ?! » Ouais, Guinevere, ce n’était pas la plus cultivée de la bande, et ça l’agaçait profondément ce genre de connerie. Si Derek était en train de se braquer, elle aussi. « J’crois que t’es assez grand pour qu’on vienne te dire les choses en face, sans passer par Papa et Maman, tu penses pas ? » Qu’elle le nargue avec cette voix un peu suintante de poison. S’il voulait jouer au con, elle pouvait y jouer aussi, ce n’était absolument pas le souci. Mais il y a quelque chose dans son attitude qui pousse la blonde de ne pas en rajouter plus et de juste se poser là, fermement, avec un regard suffisamment inquisiteur pour que le jeune homme se décide à l’ouvrir - putain, ça marchait vraiment ce truc ? Faudrait qu’elle essaye sur Cesare.
Elle l’écoute en haussant un sourcil. « C’qui m’dérange ? C’est que j’ai pas envie d’avoir cette conversation chiante avec Connor pour expliquer pourquoi Cesare t’as noyé dans vingt centimètres d’eau d’mer. » Qu’elle souffle, redescendant d’un cran, comme lui. « Et aussi parce qu’à part ta mauvaise humeur, j’trouve qu’on s’en sort tous pas mal niveau entente. Alors, j’adorerai bitcher avec toi mais pas quand t’as l’air d’en vouloir à la terre entière. Bordel, Derek. J’crois que la dernière fois que j’en ai fait voir de toutes les couleurs aux personnes qui m'entouraient, j’avais 17 ans - ou peut-être plus, ok. » Qu’elle concède quand même en levant les yeux au ciel.
« J’ai pas envie de te laisser saboter l’entente actuelle, parce que franchement ; on a tous autre chose à faire alors. » Elle le regarde, le jauge de haut en bas, de bas en haut, la mine pensive et peut-être de manière un peu intrusive. « C’est quoi l’soucis. T’as plus tiré ton coup d’puis combien de temps ? » Gênée, elle ? Putain, absolument pas. « Parce que si t’emmerde Cesare parce que t’as envie de te l’faire, y’a d’autres méthodes en fait - puis au pire tu d’mandes il est jamais contre » Est-ce qu’ils passaient pour un couple vraiment chelou ? Oui, carrément. Mais elle les qualifiait plutôt de libres et originaux. C’était quand même plus valorisant que les commentaires qu’elle avait déjà pu entendre et qui lui donnait envie de casser quelques mâchoires. Il n’y a pas à dire, le couple s’était vraiment trouvé.
En me repassant en tête mes propres pensées, j'en viens à me dire que la chieuse des Expendables, c'est peut-être bien moi, en fait. Chieur, chieuse, les deux mon capitaine. Ça dépend de ce que je ressens au moment précis. Et ne nous mentons pas, je me sens plus féminine que masculin actuellement. Mais bon, flemme de me justifier ou de m'expliquer, donc je reste au masculin quand je parle. Le fait que je porte un débardeur à bretelles et que j'avais une jupe hier devrait mettre la puce à l'oreille nan ? Sans compter le maquillage. Enfin bref.
« T’as décidé d’me faire un cours de sémantique ?! » - T'as des soucis avec ça ? Oui, j'ai décidé de jouer les emmerdeuses, je plaide coupable. Je me craque le poignet en le faisant tourner machinalement, avant de croiser les bras. J'ai juste pas envie qu'on me fasse encore chier, alors.. oui, je préfère que t'ailles voir "papa-maman" à choisir. Maman Alex de préférence, parce que pour Connor je risque un sacré savon si on va se plaindre de moi.
- Mais en fait vous le vénérez votre Cesare ? Personne sort jamais du rang au risque de se faire noyer, c'est une putain de blague ? Ceci dit il serait bien capable de me noyer dans vingt centimètres d'eau vu mon niveau de nage qui se résume à battre des bras en criant et en espérant qu'on vienne me sauver avant que je me noie sans besoin d'aide. « J’ai pas envie de te laisser saboter l’entente actuelle, parce que franchement ; on a tous autre chose à faire alors. »Arrête de la jouer dramaqueen, on est loin d'une entente foutue en l'air. Au pire des cas Connor va me marave la gueule s'il estime que j'ai vraiment merdé, et c'est tout. C'est quoi cette habitude de tout dramatiser, comme ça. J'ai réussi à rien foutre en l'air au Domaine avec une connasse qui m'aimait pas et un enfoiré qui supportait pas mon genre, alors là ça va, je devrais savoir gérer. Enfin bon, compris, ne pas emmerder Cesare Le Grand. Je roule des yeux. Ok, j'ai pas beaucoup plus que 18-19 ans dans ma tête il parait. En même temps, j'ai pas envie de devenir adulte, c'est mon droit.
« C’est quoi l’soucis. T’as plus tiré ton coup d’puis combien de temps ? Parce que si t’emmerde Cesare parce que t’as envie de te l’faire, y’a d’autres méthodes en fait - puis au pire tu d’mandes il est jamais contre » - ... Ok, je l'ai pas vu venir, celle-là. Je.. Nan, j'ai pas l'intention de me faire baiser par Cesare ? Surtout vu nos relations, ça m'semble assez mal venu. Même si ok, il est bien gaulé. Et j't'arrête tout d'suite, ça veut pas non plus dire que j'veux baiser avec toi... Même si t'es bien foutue aussi. C'est par pure honnêteté que je lui lâche ça, pas une ombre de drague dans mes mots ni même dans mon ton ou la tête que je tire. J'esquisse un rictus, une espèce de sourire en coin. Tu veux vraiment savoir depuis quand j'ai pas tiré mon coup ? T'es pas prête. Nouveau soupir. Ça y est, je commence à me calmer pour de bon.
- Sinon. Histoire d'enterrer la hache de guerre, ça te dirait pas qu'on pose notre cul dans un coin pour faire connaissance autrement qu'en se gueulant dessus ? Et en plus je suis sincère.
La blonde hausse un sourcil - franchement ?!. Comme on dit, il y a toujours bien un ou une chieuse dans un groupe et elle l’avait trouvé. « C’est ça, j’ai autre chose à faire en fait. » Surtout qu’aller rouspéter près de Connor ne leur apporterait strictement rien. Cela faisait longtemps qu’elle assumait ses désaccords en face - ou presque, parce qu’avec Anton, elle préférait la fermer et attendre qu’il merde tout seul. Oui, elle avait encore peur de ce type-là. Bien qu’elle niera en bloc si on lui demande. « On vénère pas Cesare, mais faire chier quelqu’un à répétition ça peut t’attirer des emmerdes, ouais. Surprise ! » Dit-elle. C’est d’une telle évidence, putain.
Le truc, c’est que les réactions de Guinevere semblent marcher. Elle a réponse à tout - comme lui - et n’en démords pas - comme lui, aussi. Alors, franchement, ils pouvaient bien jouer à ce petit jeu toute la journée, elle serait quand même là, devant sa tronche à attendre qu’il crache le morceau. Et si des coups se perdaient ; bah ça lui serait complètement égal en fait. Tu ne deviens pas une vraie emmerdeuse sans casse.
Mais heureusement, ils n’ont pas besoin d’aller jusque là puisqu’elle parvient à lui couper le siffler d’une façon… assez osée, on va dire. Elle a un léger rictus alors qu’il a presque l’air embarrassé : « Sache que l’un, l’autre ou les deux, ça s’arrange, t’en fais pas. » Oui parce que bon, elle pouvait toujours donner un peu de sa personne pour la bonne cause. La frustration ; ça craint. Et puis surtout ça crée des boules de nerfs qui deviennent vite ingérables pour l’entourage - la preuve avec Derek, donc.
Elle hoche la tête en signe d’assentiment : « Allez viens, j’crois que j’ai quand même fait plus que ma part aujourd’hui. » Et après avoir jeté un coup d’oeil à l’italien pour lui signifier qu’elle gérait la situation, elle emmène Derek à l’écart des autres. « En plus, le soleil, ça tape. Tiens, il y a de l’eau ici. » Dit-elle, en attrapant l’une des gourdes isothermes préparées pour les équipes au travail. Ils s’éloignent un peu, du côté de sa maison sur la plage pour se poser sur la petite terrasse remise en état. « Il n’y a que moi, Cez et Sidney qui vivons ici, on n’sera pas dérangé. » Qu’elle lance, en tirant une chaise en bois, remise en état. « Alors, combien de temps ? En mois, ou en semaines ? Parce que j’t’avoue que même quinze jours pour moi, c’est la fin du monde. Et pourtant, on en a traversé des périodes de vaches maigres cet hiver. » Cet hiver en fuite avait été difficile - et aurait pu l’être encore plus. Là, depuis Crescent, c’était toute la faction qui osait enfin revivre.
Je lâche un rire ouvertement moqueur, du genre sale con. Nan c'est clair, vous le vénérez pas. Tu parles de lui toutes les deux phrases mais vous le vénérez pas. Du. Tout. J'sais même pas c'que vous lui trouvez, ksss... A part si toute la faction lui est passée dessus, ça expliquerait tout... Ok, là je suis un vrai connard et c'est sur elle que je décharge toute ma colère et ma frustration. Dégât collatéral, comme diraient les militaires après avoir éradiqué un village "par accident". J'aime pas les militaires, c'comme les flics, ils cassent les couilles pour un rien. Ça joue au ping-pong entre ses répliques et les miennes, et j'ai une sincère pensée pour Chiara à nouveau. Encore une fois je suis en tort mais j'admettrai rien même sous la torture, faut pas déconner. J'ai mon honneur, ho !
Mais ok, j'avoue, elle gagne l'échange quand elle me parle de coucher avec Cesare, ou elle, ou les deux. Chiara, réincarnation ? ELLE EST MORTE CETTE MERDEUSE ?! Quoique non, parce que cette fois je suis même pas intéressé. Nan mais.. c'est quoi cette habitude de tout régler avec une baise ? Vous êtes affiliés bonobos ou quoi ? Je la regarde avec de grands yeux. C'pas parce que j'suis en chien que j'couche avec le premier qui passe, hein. Parce que oui, j'suis en chien, clairement. La main droite c'est sympa mais pas suffisant.
Finalement d'un commun accord on se décide à aller poser nos culs à l'écart du reste des présents. Je la vois bien faire un geste à Saint Cesare, même si moi je daigne pas lui adresser un regard. J'ai ma fierté, j'ai dit. J'ai même droit à une gourde d'eau fraîche. J'ai une bouteille d'eau avec moi, dans mon sac, mais à ce stade elle doit plus tenir de la soupe qu'autre chose, vu la chaleur ambiante. De mon côté, j'ai bien cramé des épaules et des bras. Du moins, celui qui peut être pire que ce qu'il est déjà. Si Cesare nous trouve ici à discuter au lieu de bosser, quel pourcentage d'chance qu'il me noie dans les fameux vingt centimètres d'eau..? Je glisse un regard vers Gin, mais à voir mon sourire en coin, elle peut deviner que cette fois ça tient de l'humour apaisé, pas d'une énième provocation.
« Alors, combien de temps ? En mois, ou en semaines ? Parce que j’t’avoue que même quinze jours pour moi, c’est la fin du monde. Et pourtant, on en a traversé des périodes de vaches maigres cet hiver. » - Ah ouais.. Direct on repart là-d'ssus. J'en sais rien. En mois j'dirais. J'ai tiré un coup chez les TE mais bon c'était pas.. voilà. Bon. Même pas j'suis sur que ça compte. On s'détestait mutuellement mais on était sur les dents, on s'est à moitié tapé d'ssus avant de finir à baiser. Bref, rien de fou. Ceci dit ça avait eu le mérite de calmer mes hormones pour quelques temps. Sans ça j'dirais.. qu'on est sur du.. un an et d'mi avec un ou deux écarts quand j'étais au bout d'ma vie. Bref ricanement amer. Et vu nos relations en c'moment, je sens que j'vais m'la coller derrière l'oreille un sacré moment encore. Si c'est pas.. Bref. Je fouille mes affaires à la recherche d'une roulée. C'est pas du tabac, mais vu qu'il y a une bonne dose de marijuana encore fraiche dedans, disons que le goût l'emporte sur le reste. Je l'allume et lui tend le joint. Comment tu t'es retrouvé avec Cesare ? Si on m'avait d'mandé.. j'vous aurais pas imaginé ensemble. ... On est sur de vouloir parler d'nos histoires de cul, du coup ?
« Bah, c’est mon gars et il est incroyable au pieu, pourquoi je n’parlerai pas de lui, d’abord ? » Qu’elle lui répond, du tac au tac. Réponse idiote aux questions idiotes, telle était sa règle. Et si ça peut le rendre mal à l’aise, c’est une victoire de plus. Pourquoi s’en priver. Elle lui avait dit qu’elle était tout aussi capable de lui de jouer aux garces. Ce n’était pas parce qu’elle était plus âgée que lui qu’elle ne savait pas non plus se comporter comme une enfant.
Puis elle hausse les épaules en sentant la tension se défaire peu à peu. « Il n’y a plus que ça qui fait du bien, pourquoi je m’en priverai ? Et j’n’ai pas de problème à faire la chienne » S’il y en avait bien une qui assumait sa libido et sa sexualité atypique, c’était bien elle - et ce n’était pas pour déplaire à l’italien, évidemment. Et puis, il y a un sourire qui passe, et la blonde entraine le gosse jusqu’à la terrasse de la maison qu’elle a investi avec Cesare. Il y a des chaises, une table et puis de l’eau fraîche alors, que demander de plus ? « Oh, t’es avec moi, ça ira. » Qu’elle lui dit, avec un sourire un peu plus complice. « Et puis, vu comment il était énervé tout à l’heure, il va travailler pour être suffisamment épuisé pour ne plus avoir envie de passer ses nerfs sur toi. » Avait-elle vraiment besoin de le rassurer ? Pas vraiment.
« Quoi, ça te gêne qu’on parle de cul ? » Qu’elle lui demande, toujours avec le sourire. C’est vrai que ça aurait été mieux avec un verre d’alcool dans les mains, l’eau c’était bien, mais ce n’était peut-être pas la meilleure boisson pour le sujet qu’ils abordent. Par contre, quand elle entend que ça fait des mois qu’il n’a plus baisé, elle devient un peu plus sérieuse. « C’est moche ça… » Qu’elle commente, avant de le laisser finir.
« D’accord mais, à un moment ça s’passait bien à Seattle, c’n’est pas le monde qui manquait… T’avais quelqu’un là-bas ? » Qu’elle lui demande, sans plus insister sur le fait que ouais ; un an et demi, c’était vachement long quand même. La blonde n’avait jamais été abstinente aussi longtemps. Faut dire que quand on use de son corps pour s’assurer une protection, les périodes de diètes n’étaient pas très nombreuses. Aujourd’hui, la seule chose qu’elle pouvait déplorer - et encore - c’était que ses partenaires ne variaient plus autant qu’avant. « Ah ! J’te réponds et on change de sujet après si ça te met mal à l’aise. »
« Cesare a atterri à poil chez les Exilés un jour, il ne nous aura pas fallu très longtemps pour se dire qu’en plan cul, on s’amuserait bien. Tu sais, ils sont tous casés dans cette faction, et tous fidèles en plus. » Dit-elle, comme si ça la saoulait. Il est vrai qu’elle se serait bien fait Valerian à l’époque, mais elle avait trop attendu. Entre-temps, elle avait rencontré Reese et l’avait apprécié, suffisamment pour ne plus avoir envie de mettre le grec dans son lit. Et tous les autres, comme dit ; casés et fidèles. Ou alors c’était Anton - mais plutôt crever. « D’habitude ça ne me retient pas vraiment mais… J’voulais voir et rester un peu sage avant de foutre la merde. Finalement, Cesare a été un bon plan » Un bon plan qui s’était éternisé et qui durait dans le temps, étonnamment. « Après, ni l’un ni l’autre, nous avions ce besoin d’exclusivité… J’imagine que c’est ça qui fait que ça a marché entre nous. J’veux dire, maintenant qu’on est ici, on n’a plus vraiment de quoi diversifier, mais… On est toujours ensemble quand même. Parce qu’on sait qu’on peut, si on en a envie. » Qu’elle lui répond, en toute transparence. C’est pour ça que son offre était sérieuse, tout à l’heure.
« Alors, toujours mal à l’aise ou ça va mieux ? Tu veux m’dire s’il y a autre chose qui te rend aussi connasse ? » Qu’elle lui propose, avec un sourire malin.