The Walking Dead RPG

- Je ne crois pas avoir les compétences nécessaires, mais j’ai pu faire la rencontre impromptue de Cole. Je suppose aisément que nous parlons de la même personne. Je pourrai lui en toucher un mot dès son retour de la base de Kitsap.

Peut-être que ces disques contiennent de précieuses informations qui nous permettront d’avancer dans nos recherches ? Je garderai le tout bien précieusement avant le retour du jeune homme que j’ai rencontré à la bibliothèque cet été.

***

Je souris bien malgré moi en découvrant que j’ai été devancé par Friedrich. L’on reconnait bien un professionnel attaché à son travail, un passionné même. Je n’en attendais pas moins de la part de mon supérieur.

- Je pourrais en dire de même pour toi ! Que je lui lance quelque peu mutine.

Je suis de bonne humeur. Le laboratoire a repris du poil de la bête depuis la tempête. Les activités reprennent leur cours et il me semble que nous nous agitons telles de petites fourmis à nos œuvres respectives.

Je m’approche du Docteur Eden et viens observer à ses côtés notre cobaye. J’ai une petite moue déçue également en voyant le résultat de ce matin et déjà mon esprit se met en marche pour voir quelles pourraient en être les raisons. Mon regard revient trouver celui de Friedrich, alors qu’il commente les notes que j’ai entre les mains.

- Très intéressantes, j’ai… quelques pistes. Peut-être un peu farfelues, mais quelques pistes néanmoins. J’aimerais aussi faire quelques tests avec des organismes mycologiques lors de mes prochains essais. J’en suis toujours au stade embryonnaire pour l’instant cependant. J’ai les sources cependant pour certaines cultures, donc je ne pars pas de rien.

Je repose mes iris boisés sur les spécimens que me pointe de nouveau le docteur Eden, tandis qu’il m’explique les dosages des différentes solutions administrées.

- Peut-être que la transformation s’est faite trop rapidement pour avoir laissé des traces externes ? Bon, c’est un peu naïf j’en conviens. Ce serait trop facile. Que j’avoue avec un large sourire. Devrions-nous tout de même vérifier à l’aide d’une autopsie ?

Une déception pour une autre avancée sur le côté. Il fallait dire qu’ils travaillaient sur plusieurs fronts à la fois - par manque de temps et d’effectif. Mais c’était cette pression qui les maintenaient éveillés et alertes. C’était cette pression qui les poussait à donner le meilleur d’eux-mêmes. Ils étaient restés longtemps ‘endormi’ à cause du confort dans lequel ils évoluaient depuis le début de cette épidémie. Mais depuis que New Eden est arrivé, depuis qu’ils avaient attaqué leur base l’été dernier ; Friedrich avait conscience que tout ceci pouvait partir en fumée d’un jour à l’autre. Alors oui, il n’aurait de cesse de travailler tant qu’ils n’auraient pas trouvé une réponse à la Bombe S. Tant qu’ils n’auraient pas trouvé un antidote au poison qu’ils étaient prêts à répandre chez l’ennemi.

Il s’intéresse d’abord aux recherches de Bonnie, concernant le dossier de ses anciennes notes - ou ce qu’il en restait du moins. « Je suis curieux de connaitre tes hypothèses, si tu as besoin de mon regard, je serais ravi de pouvoir t’aider. Ces notes sont restées un peu trop longtemps enfouies dans ma mémoire, si elles peuvent nous aider alors… J’imagine que toutes ces années de recherches n’auront pas été vaines… Même sept ans plus tard. » Lui dit-il, avec un sourire. Il est vrai que son projet personnel était vite passé à la trappe face à la menace immédiate à laquelle ils devaient faire face à l’époque. Aujourd’hui, son combat lui semblait bien loin. La préoccupation était ailleurs, et le cancer tuait toujours.

Il réfléchit à la suggestion de Bonnie quelques secondes. « Une autopsie nous révèlerait si ce qu’on lui a injecté a eu un quelconque effet sur le corps mais… Si le sujet est encore sain, il pourrait être réutilisé… Je propose de commencer par une analyse de moëlle épinière, de moëlle osseuse et de compléter avec une prise de sang pour collecter la moindre information. Si le sujet est porteur, on pourra pratiquer une autopsie pour approfondir la question. » Après tout, si leurs cobayes étaient remplaçable, ils n’étaient pas si aisé d’en avoir. « Je vais demander qu’on nous aide pour l’immobiliser » Puisque toute anesthésie pourrait altérer la qualité du prélèvement, ils ne pouvaient user d’anesthésiant. Cela étant dit, un bon coup de crosse sur la tempe suffisait également.

Le généticien appela l’un des gardes chargé de veiller à la sécurité du sous-sol du laboratoire et ensemble, ils se saisirent du cobaye pour l’installer sur une table d’auscultation froide, sous une lumière crue. La prise de sang ne nécessitait pas d’assommer le sujet, mais une fois faite, l’autrichien exécuta un léger signe de la tête au garde pour plonger le cobaye dans l’inconscience. « On va le positionner sur le côté pour faire la ponction lombaire, tu veux t’en charger ? Je m’occuperai de la ponction sternale… Je te prépare le matériel. » Suggère-t-il, par la suite, tout en s’activant à son côté pour stériliser l'aiguille, avant d'aider le garde à positionner le patient dans la position adéquate, repositionnant les sangles au cas où celui-ci se réveillerait.

We could stay like this forever, lost in wonderland, with our head above the clouds, falling stupid like we're kids. Wearing rose-colored lenses, let's just play pretend. Wearing rose-colored lenses, pretend we'll never end.

❝We went to hell but we never came back.❞

Difficile de ne pas sourire, alors que nous parlons de nos recherches, de mes hypothèses également.

- Je te préparerai un rapport pour te lister les différents points que j’ai notés de tes notes, mais aussi mes différentes théories d’approche concernant la modification du virus.

Même si mon travail est déjà bien organisé et clair, je préfère concevoir un document résumant le tout. Cela sera plus digeste pour mon supérieur après tout et plus rapide pour lui à lire. Je pourrai ensuite lui fournir mes notes personnelles si un sujet ou un point en particulier a besoin d’être développé davantage suite à sa lecture.

- Effectivement, il vaut mieux préserver le sujet dans ce cas. J’apprends aux côtés du docteur Eden et je ne m’en cache pas. Ma spécialisation est au niveau des cultures de micro-organisme, lorsqu’il s’agit de médecine, je suis tout de même une apprentie à mes yeux.

Moelle épinière, moelle osseuse et prise de sang. Il nous sera donc facile de détecter la présence de mutation dans les cellules. Cela, je maitrise fort heureusement. Pour la ponction toutefois … Il me faut fouiller un peu ma mémoire. Pas que j’ai déjà pratiqué la chose auparavant, mais j’ai déjà lu sur le sujet.

Le garde nous offre de l’aide et rapidement notre cobaye est bougé. Installé sur une table métallique d’examination, j’observe ce corps pâle qui semble sans vie. Suspendu dans le temps. Plein de mystères quant à nos expériences.

- Je sais qu’il faut prélever entre les 3e et 4e vertèbres lombaires, mais à quelle profondeur dois-je commencer à prélever le liquide céphalorachidien ? Mon supérieur m’offre rapidement la réponse, ainsi que la seringue afin de procéder.

Je ne suis pas nerveuse et je n’appréhende rien du tout. Il s’agit d’un cobaye et il faut simplement y faire un prélèvement. Du bout de mes doigts gantés, je compte les vertèbres et repère l’espace entre celles-ci. L’aiguille s’enfonce lentement dans la peau et à la distance indiquée par le docteur Eden, je commence à prélever le liquide céphalorachidien.

Je ne vois rien venir, tandis que notre cobaye s’éveille d’un coup. L’aiguille se casse entre ses vertèbres et j’ai pour réflexe de faire un bond vers l’arrière avec la seringue à moitié pleine, le regard effrayé.

C’était également pour la jeune femme, l’occasion de revoir quelques bases. Dans ce complexe, plus personne ne se contentait de ses compétences strictes ; ils avaient dû s’adapter aux besoins de l’équipe. Et puisqu’ils n’étaient plus aussi nombreux qu’au départ, ils avaient appris. Lui-même avait revu ses techniques en compagnie de Quinn Saint-Germain à l’époque, qui avait passé du temps auprès de chacun pour les former à des gestes de chirurgie essentiels à leurs recherches. Ce savoir, il pouvait le transmettre aux autres, et c’est ce qu’il était en train de faire pour Bonnie, leur garde étant resté à l’entrée de la salle de prélèvement s’était un peu détourné - peu intéressé.

« Voilà, je t’ai préparé la zone. Tu l’enfonces jusqu’à ce point-ci, et tu prélèves… » Dit-il, en se positionnant en face du sujet pour le tenir et permettre à Bonnie de faire son travail facilement. Il n’y avait plus qu’à piquer. La piqûre en elle-même n’était pas vraiment douloureuse, mais une fois la moelle atteinte, par contre. Et sans doute que le coup porté à leur sujet n’était pas suffisamment fort pour qu’il ne la ressente pas parce que - alors qu’ils étaient concentrés ailleurs - le sujet se réveilla brusquement.

L’aiguille casse et reste plantée dans le dos du cobaye qui pousse un cri mêlant peur et douleur. L’autrichien à l’avantage d’avoir déjà les mains posées sur lui, lui permettant de le maîtriser au mieux de sa force. « Hotch ! Un coup de main ! » Appelle-t-il, tendu par l’effort. La condition de leurs cobayes - alimentés juste ce qu’il faut - lui permet de tenir un peu, du moins, la poigne du généticien leur évite de tomber au sol et de faire plus de dégâts encore. « Il doit absolument rester sur le côté à cause de l’aiguille ! » Le ton est ferme et autoritaire. Le dénommé Hotch arrive à son côté pour relayer Friedrich qui vient se saisir des sangles pour retenir ses jambes. « Bonnie, pose la seringue à place, vient tenir ses jambes, on va le sédater. » Ca l’énervait de devoir le faire, mais le sujet s’agitait tellement qu’il n’était plus possible de continuer l’expérience - pour le moment du moins.

Une fois relayé par la jeune femme, le responsable scientifique prit un sédatif dans l’une des armoires à pharmacie et piqua le cobaye au bras, il fallut attendre encore quelques longues secondes avant que celui-ci ne cesse de remuer. Là seulement, Friedrich soupira. « Merde… » C’est plus fort que lui. « Bonnie, ça va ? » Demanda-t-il en premier lieu. En attendant sa réponse, l’autrichien tira un tabouret pour se positionner au niveau de l’aiguille pour voir s’il était aisé de la retirer. « On saura à son réveil si on a altérer ses facultés motrices… L’aiguille a peut-être fait des dégâts qu’on ne soupçonne pas mais… Au pire, il ne résistera pas la prochaine fois. » Son commentaire se passait d’émotion. En soi, un sujet paralysé n’était pas tant un problème que ça. Surtout sur celui-ci, qui n’avait pas réellement montré de signe de transformation.

« Je peux enlever l’aiguille, ça va aller. » Dit-il, avant de se servir d’une pince chirurgicale pour la récupérer et la laisser tomber dans un pot à côté. « On va le maintenir un peu comme ça, puis on le renverra dans sa cellule, il lui faudra quelques heures pour évacuer le sédatif. » Oui, il comptait bien continuer le prélèvement, une fois la sédation nettoyée de l’organisme. « Bonnie, ça va ? » Répète-t-il, n’étant plus si sûr qu’elle lui ait répondu. « Tu as su prélever quelque chose ? » Demande-t-il, ensuite.

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❝We went to hell but we never came back.❞

Il ne suffit que d’un court laps de temps pour que Friedrich et le dénommé Hotch ne reprennent rapidement le dessus sur le cobaye. Je retrouve rapidement mon sang-froid, malgré l’impression de tambourinement dans mes oreilles. Mon rythme cardiaque s’est accéléré d’un coup et mon sang pulse à toute vitesse dans mes veines. Pour autant, je ne reste pas figée dans une stupeur catatonique.

Je pose la seringue sur l’un des comptoirs métalliques de cette pièce et vais retenir les jambes de notre sujet tel qu’on me l’indique. Je serre un peu les mâchoires alors qu’il est question de sédation, mais avons-nous réellement le choix ? Un mal pour un bien, comme dirait ma mère.

De longues secondes d’égrainent, une fois que le Docteur Eden à injecter le tranquillisant et finalement, le calme revient finalement dans la pièce. J’expire, avant de rouler un peu mes épaules pour ne plus sentir cette tension dans mes muscles.

- Plus de peur que de mal. Je ne crains plus la métamorphose grâce au vaccin, mais les blessures graves et la mort sont toujours une possibilité.

Je vais récupérer la seringue pour analyse le prélèvement que j’ai pu faire jusqu’ici. Pendant ce temps Fried lui tente de retirer l’aiguille brisée entre les vertèbres de nos cobayes. J’observe d’un peu plus loin, espérant que les dégâts internes sont inexistants ou minimes. Cela ne nous empêcherait pas de faire des tests, mais disons qu’un sujet qui n’est pas paraplégique a un peu plus d’utilité.

Le bruit de l’aiguille qui tombe dans un pot me soulage en partie. Au moins, aucun corps étranger ne restera coincé dans la colonne vertébrale.

Bon, tout ceci nous retarde dans notre expérimentation du jour et j’en suis mécontente, mais nous n’avons pas le choix de bien faire les choses. D’ailleurs Friedrich me redemande si je vais bien et cela m’arrache un sourire.

- Oui, ne t’en fais pas. Aucune égratignure. Concernant la seringue. J’ai pu récolter une quantité de liquide avant que l’aiguille ne se casse subitement. Je lui tends l’outil médical que j’ai toujours en main pour qu’il puisse le constater lui-même.

La situation est à présent sous contrôle, mais il peut encore sentir le stress parcourir ses veines et son coeur battre frénétiquement. Le cobaye se trouve à présent sédaté sur la table d’auscultation, l’aiguille extraite de sa colonne vertébrale. Ils aviseront plus tard si celle-ci avait eu un impact sur la motricité du sujet, non que cela soit un réel problème pour leurs recherches, mais ce type de handicap pouvait nécessiter un ajustement qui leur ferait perdre un temps précieux.

Mais lui et Bonnie n’ont rien. Le garde grommelle quelques paroles inintelligibles avant de s’écarter et de retourner à son poste à l’entrée de la salle d’opération. Le généticien murmure un merci qui ne sera pas retourné. Ces recherches sont nécessaires, les gardes choisis pour les épauler et les protéger sont triés sur le volet - cela ne les empêchait pas de trouver leur travail difficile pour autant. Comme pour eux, obligés de séparer leur humanité de leur rationalisme pour trouver les réponses qu’on leur demandait. Pour Friedrich, la tâche est plus rude qu’il ne le montre. Et ce serait mentir que de dire que depuis le départ de Calypso, il avait tendance à sombrer du mauvais côté plus facilement. Comme si la statisticienne lui avait permis de garder pieds, jusqu’ici. Aujourd’hui, basculer n’était plus aussi compliqué.

Plus de peur que de mal. « Effectivement. » Répond-il, un peu agacé néanmoins. « J’espère que ce sera suffisant. Nous prenons suffisamment de retard comme ça. » Sa langue claque contre son palet, assurément. Il jette un dernier regard au cobaye, comme on en jette un à un enfant décevant, avant de revenir vers Bonnie. « Bien, on va analyser ça. » Dit-il, en tendant les mains vers la seringue et son contenu. Sa collègue la lui remet, et ils partent ensemble vers les machines pour l’analyse. « Il n’y en aura pas pour très longtemps. » Et il n’avait pas menti.

« Il n’a pas eu le temps de muter. » A nouveau, la déception et la frustration.

Mais il ne s’agissait que du premier essai. D’autres suivent, des jours et des semaines passent et ils sont à nouveau dans la salle d’analyse à observer un énième échantillon quand soudain, une certaine excitation le prend et un sourire contenu se pointe à la commissure de ses lèvres : « Bonnie… Veux-tu bien… Veux-tu bien confirmer ? » Demande-t-il, confiant sur cette phase qui s’achevait enfin.

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❝We went to hell but we never came back.❞

Patientant auprès de Friedrich, mon esprit virevolte dans tous les sens en attendant les résultats de l’analyse en cours. Le cobaye me semblait-il différent ? Est-ce qu’à l’œil nu il était possible de voir si celui-ci avait subi une mutation quelconque ? Verrons-nous celle-ci si nous réussissons à modifier le virus ou est-ce que les changements seront plus en subtilité ? Et si la mutation n’avait pas eu cours chez l’hôte que nous avons tenté d’examiner ? Combien de temps nous faudra-t-il pour y arriver ? Déception, motivation, excitation, c’est tout un mélange d’émotions qui m’assaillent sans que cela ne se voit réellement de l’extérieur. Jamais aucun projet n’a eu cette envergure au cours de ma carrière professionnelle et de simplement travailler sur tout cela… J’en suis extatique.

Suis-je déçue cependant du résultat actuel ? Tout à fait, mais cela fait partie du processus et il n’en sera que plus gratifiant d’obtenir des résultats après maintes embuches. Ma motivation n’en souffre donc aucunement. Nous ne baissons donc évidemment pas les bras et les tests se poursuivent les jours suivants, puis les semaines défilèrent ensuite.

Nous nous retrouverons donc à nouveau devant l’analyseur et je patiente aux côtés de mon supérieur, le regard rivé sur la machinerie qui nous permettra de savoir si nous avons fait une avancée, aussi minime soit-elle, ou non. Je repère rapidement le petit rictus qui étire les lèvres du Docteur Eden.

Je pince les lèvres pour ne pas sourire trop franchement. Je ne sais pas ce qui m’attend et je ne veux pas crier victoire trop rapidement. Tandis que Friedrich me cède la place, je m’installe pour analyser nos échantillons et…

- Oh ! Cela m’échappe, alors que je cherche à tout prix l’erreur. Sauf qu’il n’y en a pas… Friedrich ! Je me redresse avec un immense sourire qui me barre le visage d’une oreille à l’autre, le regard brillant de mille feux. La mutation a bien eu lieu ! J’ai envie de sautiller sur place comme une enfant.

Notre patience et notre acharnement paient enfin et c’est absolument électrisant. Une grande avancée pour l’Homme, même si certains ne comprendront pas à quel point.