The Walking Dead RPG

Impossible de ne pas entendre que le ton sa voix a changé dès qu’il a touché ce point sensible. Il espère encore s’en tirer sans qu’elle ne creuse le sujet, mais son regard se détourne alors qu’il souffle, s’empêtrant lui-même dans ses propres paroles. « C’est juste qu’on ne peut rien y faire. » Alors pourquoi est-ce qu’il n’arrive pas à oublier ? A passer à autre chose ?

Par praticité. Pourquoi est-ce que ce terme le hérisse en plus du reste ? Difficile à dire. Il a surtout l’impression qu’il est train de tenter de tenir à bout de bras une barrière en train de s’écrouler et, en cet instant, regrette amèrement d’être venu jusqu’ici. C’était une erreur. « Pourquoi ? » Il est incapable de trouver les bons mots et ça l’agace bien évidemment. Comme s’il en avait besoin. « JE NE SAIS PAS ZI. » Il sursaute lui-même d’être monté d’un ton et ses mains se croisent sur sa nuque alors qu’il prend une grande inspiration pour tenter – en vain – de se calmer. « Peut-être parce que je n’ai pas ta force et qu’à chaque fois que je le vois je me demande s’il a fait partie des hommes qui m’ont poignardé. Ou s’il connait ceux qui vous ont fait du mal. Peut-être que je ne veux pas lui demander parce que je ne saurais pas quoi faire s’il m’avoue que oui. Peut-être aussi que c’est pour ça que je ne supporte pas l’idée que vous soyez trop proches. » Il se rend bien compte qu’il n’arrive même pas à reprendre sa respiration entre chacune de ses phrases et que sa voix tremble, ce qui ne lui est jamais arrivé. « Ou peut-être que tout simplement, l’idée que tu puisses être intime avec un autre homme me rend complètement dingue. »

Il aurait dû quitter la tente dès qu’il en avait l’occasion. Au lieu de ça, il se retrouve planté à quelques mètres de Zi, incapable de contrôler le flot de ses paroles. « Je ne sais pas Zi. » Cette fois, il l’a soufflé dans un murmure, alors qu’il reprend son souffle.

L'explosion de ses mots est puissante au point de lui faire avoir un mouvement de recul. C'est toujours avec méfiance qu'elle encaisse les émotions aussi puissantes que la colère, parce qu'elle sait comment elle peut dégénérer, devenir intenable, difficilement manoeuvrable. Il y a aussi le fait qu'il s'agit de Yuan, et qu'elle le veuille ou non, elle ne peut pas être totalement professionnelle avec lui. C'est sans doute ce qu'elle regrette : l'attachement amène une proximité dans les relations qui la met vraiment mal à l'aise.

Mais elle tâche de ne rien en montrer, il y a juste l'étonnement qui la saisit, la prend aux tripes soudainement. Les hommes qui t'ont poignardé ? Répète-t-elle d'une voix blanche en se redressant sur son siège. Elle a l'impression d'approcher un sujet vraiment important, que Yuan s'attèle à fuir constamment. Un pas en avant pour trois en arrière, c'est à ne plus rien y comprendre. La suite ? Quand il parle d'être trop proches avec Locklan, Zi a l'impression d'un coup dans le ventre. L'idée même lui confie la même douleur qu'une perforation des poumons.

Et la suite ? C'est pire. Comment ça intime ? Demande-t-elle alors en fronçant les sourcils. Parce qu'il s'imagine tout, et n'importe quoi surtout. Parce qu'il est le premier à présumer de sa vie sans savoir ce qu'il en est réellement. N'ont-ils pas eu cette conversation, de toute façon ? Que s'imagine-t-il ? Le pire... C'est que ça l'énerve, elle aussi. Cette jalousie l'étouffe et n'a aucun foutu sens à ses yeux.

who's on first ?

ANAPHORE

Des mois qu’il tente d’enterrer tout ça. Des années même. Et ça ne marche pas. Pas du tout. Ca remonte bien évidemment au pire moment, sans qu’il arrive totalement à savoir si c’est avec la meilleure ou la pire des interlocutrices. Probablement un mélange des deux, ce qui rend la situation encore plus difficile.

Ses mâchoires se contractent alors qu’une fois de plus elle relève cette histoire. Et il a un long silence, alors qu’il hoche la tête à sa question. Oh, il est bien conscient que ce n’est pas la réponse attendue, mais il lui faut plusieurs minutes pour arriver à mettre des mots sur tout ça. Ce qu’il se refuse de faire depuis deux ans. « Je… » De nouveau, il détourne les yeux après l’avoir regardée quelques secondes. « Quand ils nous ont attaqués, quand vous avez disparu… je vous ai cherché. J’ai… je voulais tous les tuer. » Sa voix semble comme avoir perdu toute la colère qui l’animait quelques secondes avant. D’un coup, elle s’est fait presque atone, comme s’il racontait quelque chose de passablement banal, d’ennuyeux même. « Je les ai trouvés. Ou plutôt ce sont eux qui l’ont fait. » Il se frotte le torse sans même s’en rendre compte. « Je ne me souviens plus exactement des détails. » Menteur. Il se rappelle de tout, de chaque seconde, de chaque mot. Et il se rend bien compte que ce qu’il vient de dire sonne faux. « Ils m’ont dit que… » Qu’il n’était pas un homme, qu’il ne serait jamais capable de les retrouver. Que c’était de sa faute si sa femme et son fils avaient disparu. « … peu importe. Ils se sont amusés à me poignarder à plusieurs reprises. Sur plusieurs jours. Avant de me laisser agoniser. » Soufflé de ce ton neutre qui l’aide à tenir debout. Comme si ça ne le concernait pas directement.

Et cette fois, quand il croise les bras, c’est clairement pour se protéger. De lui-même. Du reste du monde. « Intime oui. Complice. Proche. Heureuse. Ce que tu veux. J’avais envie que ce soit avec moi. Pas un autre. Même si je sais que je n’ai pas le droit. » Cette fois, il s’est fait presque triste. Il se sent brusquement las, plus qu’il ne l’a jamais été jusque-là. Et il finit par s’assoir sur le rebord d’un des lits, avec un profond soupir. « Je suis désolé. »

Le discours de Yuan l'horrifie plus qu'autre chose. Elle écoute, s'imagine. Détourne les yeux. Partagée entre un doute grandissant, une peine sincère et une colère sourde. Les mâchoires serrées si forts qu'elle pourrait s'en casser les molaires, elle respire un grand coup en fermant les yeux : Je demanderais à Locklan s'il en était, souffle-t-elle d'une voix glaciale, qui n'a rien à envier au cercle polaire.

Du reste, c'est un regard agacé qu'elle plante sur lui, et il ne peut pas le louper. Et il y a un moment où tu t'es demandé ce que moi j'avais envie ? Lui rétorque-t-elle. S'excuser, c'est si facile après lui avoir balancé au visage des sottises pareilles. Si seulement j'avais envie d'être intime avec qui que ce soit ? Renchérit-elle. Est-ce que tu crois sincèrement qu'il y a tout ça avec lui ? Avec n'importe qui à dire vrai ?

Mais pour qui la prend-t-il ? Il perd la tête, c'est ça ? Et ça l'oppresse. A t'entendre, il y a-t-il un seul homme, une seule personne, sur cette fichue planète qui n'a pas envie de me coincer dans son lit ? C'est formidable ! Ajoute-t-elle, totalement dépitée de son attitude. Et du reste, que dire ? Tu te rends compte à quel point tu es égoïste ? Lui rétorque-t-elle. Et tu viens m'imposer ta jalousie, qui repose sur rien ?

who's on first ?

ANAPHORE

L’espace d’une seconde, il en oublierait presque la présence de Zi alors que son regard se perd dans le vide. Il a l’impression de les entendre de nouveau, de sentir les coups de lames. Et puis cette odeur, celle de sa propre peur mêlée au sang, à la crasse. Il lui faut toute sa volonté pour revenir au présent et son regard semble étrangement vide alors qu’il le pose sur la brune. « Et s’il en était ? Qu’est-ce que je fais ? » Soufflé d’un ton détaché, comme si la réponse ne l’importait pas vraiment.

Il finit par prendre une inspiration alors qu’elle semble perdre son calme légendaire. Forcément, ça le fait relever la tête vers elle et il plisse des yeux, essayant tant bien que mal d’intégrer ce qu’elle lui dit. « Non. En effet. Je ne me suis pas posé cette question. Et donc ? De quoi tu as envie ? » Il serre de nouveau les poings et n’essaie même plus de s’en cacher. « Je n’ai pas… » Un soupir. « Je n’ai pas dit que je croyais qu’il se passait tout ça avec lui. Ou n’importe qui d’autre. Pas vraiment. » Un peu quand même. Et trouver les mots pour traduire sa pensée est encore plus compliqué qu’il ne l’aurait cru. Surtout qu’il la connait, elle va tout décortiquer et lui renvoyer en pleine figure. De quoi rendre n’importe qui complètement dingue. « Je n’ai jamais prétendu être logique ou rationnel. Juste que… » Il a un temps d’hésitation, avant de soupirer longuement. « Je suis égoïste oui. Et complètement con. Et jaloux. Mais est-ce que tu as compris pourquoi ? »  Franchement, là, tout de suite, il en serait presque à se poser la question également.

Je n'en sais rien, admet-elle. Elle n'a aucune idée de ce que ça pourrait générer ou impliquer, elle n'a pas la science infuse ni les réponses à tous les maux du monde. Elle est douée pour écouter, pour analyser. C'est tout. Je ne pense pas que ça soit le cas de toute façon, ajoute-t-elle simplement d'un ton égal, mais sincère. Si Locklan n'a pas participé à la période où son viol a eu lieu, elle le voit mal avoir contribué à la torture de son mari. Ce qui est factuel cependant, c'est que si elle se trompe, alors elle prendra la décision de ne plus lui parler.

De rien, rétorque-t-elle froidement. Voilà ce qu'elle a envie. Strictement rien, est-ce que c'est possible que tu l'entendes ? Lui demande-t-elle en fronçant les sourcils, frustrée et agacée. Au lieu de présumer de choses dont il n'a aucune idée. Non, et toi, est-ce que tu as compris pourquoi ? Questionne-t-elle, plus sévère encore. Yuan, la jalousie, ce n'est pas une preuve d'affection, lui signale-t-elle néanmoins, puisqu'il semble faire le mélange. Juste une preuve de manque d'estime de soi, rien d'autre.

who's on first ?

ANAPHORE

Une brève inspiration quand elle dit qu’elle n’en sait rien. Il aurait bien aimé, pour une fois, qu’elle ait pourtant une réponse à lui offrir. Quelque chose de rationnel, de clair, comme elle en l’habitude. « Laisse tomber alors. Ca ne changera pas ce qui s’est passé. Je n’aurais même pas dû t’en parler. » Et puis, il préfère ne pas avoir de réponse qu’une qui risquerait d’aggraver les choses. Ce n’est probablement pas la bonne méthode, mais évoquer cet épisode, même brièvement, l’a comme vidé.

Et la lassitude semble peser encore plus lourd quand elle lui répond. Il ne peut s’empêche de froncer les sourcils à son ton froid. Il accuse le coup, gardant le silence, se contentant d’un hochement de tête, alors qu’il abandonne l’idée de garder une contenance. « Jusqu’à ce que je rentre dans cette tente, j’aurais pu te répondre sans hésitation. » Mais forcément, elle a tout remué et il a du mal à savoir où il en est. Il a un profond soupir, avant de souffler, à voix basse. « J’ai compris que depuis quelques mois, j’ai envie de passer plus de temps avec toi. Que j’aime ta présence. Que pour la première fois depuis qu’on se connait, j’en apprends plus sur toi et que j’apprécie vraiment ça. Que tu me manques quand tu n’es pas là. Que oui, je jalouse le temps que tu peux passer avec d’autres, parce que j’ai envie d’en passer plus avec toi. Et que j’ai enfin l’impression qu’il y pourrait y avoir autre chose que ce trou béant face à moi. » Et il laisse filer quelques secondes avant de souffler, avec un rire sans joie. « Mais je suis visiblement totalement à côté de la plaque. Je manque juste, c’est quoi déjà ? Ah oui, d’estime de moi donc. Parfait. » Sans compter qu’elle n’a envie de rien.