The Walking Dead RPG

@Felix Wilkerson

A sa réaction, une main embarrassée qui vint épouser sa nuque, elle devina sans mal que sa remarque sur le tutoiement le mettait, a minima, mal à l'aise. Avec un léger sourire, elle se reprit : si tu préfères me vouvoyer je t'en tiendrai pas rigueur, tu sais ? Fais comme tu sens l'mieux. Après tout je suis bien plus vieille que toi.

Tactile qu'elle était, c'est une pression sur son bras qui accompagna le récit de Felix, à défaut de mots qui puissent soulager, encore moins guérir. Il sembla comprendre ses mots sur le fait de se rendre utile, même différemment, après l'invasion, et elle hocha vivement à sa réponse. J'admire sincèrement les bergers ! Je n'suis pas sure que j'en serais capable, pour être honnête. Non pas que j'aurais trop peur, mais plutôt.. j'aurais la crainte de mettre les autres en danger par ma faute, ou de rater ma mission et de mettre le camp tout entier en danger, tu vois ? Je préfère de loin échanger avec les humains. Une erreur de parole était rattrapable, elle. Une erreur de berger... Pas sur. Mais je te rejoins, il n'y a qu'à voir New Eden pour savoir que les humains sont aussi menaçants que les rôdeurs... Elle laissa échapper un soupir en secouant la tête. Si ces derniers décidaient d'éradiquer toute autre faction, tout autre groupe qu'eux, ils le feraient d'un simple claquement de doigts.

- Être parent, c'est comme.. un second boulot presque à temps plein. Et encore, si vous êtes tous les deux, ce sera plus simple, crois-moi. Elle laissa couler un rire. Quand l'un n'en peut plus, le second prend le relais. C'est un travail à faire main dans la main. Etonnamment, pour une mère seule, elle semblait savoir parfaitement de quoi elle parlait. Il n'y a pas à admirer les parents, tu sais.. c'est un choix qu'on fait. Et aujourd'hui, certains trouvent ce choix.. irréfléchi. Mais à mes yeux, c'est une sorte d'espoir qu'on offre à l'humanité.

A nouveau ils revinrent aux survivants hostiles, et Tesa acquiesça gravement. Au delà même de New Eden, les solitaires pouvaient se montrer particulièrement dangereux, elle le savaient mieux que personne, ses cicatrices en étaient la preuve. Je sais c'que c'est.. crois-moi. Mais il reste de belles personnes, heureusement. Même si.. oui, parmi ceux qui décident de vivre totalement seuls, c'est louche, si je peux dire.

Rassurée quant à Nisqually, elle ne put que voir rougir son vis-à-vis quand ils abordèrent le sujet de sa compagne. Et même si elle en sourit tendrement, elle ne se moqua aucunement, au contraire. Je vous souhaite de rester ensemble aussi longtemps qu'ils vous sera possible, vraiment. Vous êtes adorables l'un avec l'autre, votre amour crève les yeux.

‘’C’est dommage … J’espère que tu trouveras la bonne personne un jour. Je ne suis sorti qu’avec deux femmes dans ma vie, une certaine Tess que je m’efforçais d’oublier à l’époque, après qu’elle m’a abandonné. Puis il y a eu Byeol mais tu connais déjà l’histoire. J’ai un doute sur le fait que je sois hétéro aussi, mais je n’en ai pas vraiment parlé à qui que ce soit. Je ne sais pas comment le prendrait Byeol même si elle sait à quel point je l’aime’

Les sourcils de la brune se levèrent de surprise à ses mots, et elle secoua les mains comme pour lui dire de ne pas dire de bêtises. Hey ! Déjà, si tu l'aimes et la désires, t'es pas homosexuel. Tu peux être bi, peut-être pansexuel. Et c'est pas grave ni dans un cas, ni dans l'autre. Ça ne changera rien entre vous, c'est elle que t'aimes. Tu pourrais être attiré par les hommes ? Oui, et alors. Tu pourrais tout aussi bien être attiré par une autre femme, alors quelle différence ? Aucune. Strictement aucune. Si Byeol est aussi maligne et amoureuse qu'elle semble l'être, elle le saura. Et elle comprendra, même si.. il n'y a rien à comprendre ni à accepter. C'est toi, tout simplement. Elle dodelina doucement de la tête. Merci de m'en faire part, si c'est un sujet que tu n'as jamais trop abordé. C'était une sorte de signe de confiance après tout, non ? Et quant à moi.. Ma foi, je crois que je n'suis pas faite pour être heureuse en amour. C'est ainsi. J'ai mes amis, ma famille de coeur. Ça me suffit pour le moment en tout cas !

Elle confirma d'un signe de tête ses mots sur les amitiés, le camp était grand et connaître tout le monde tenait du défi plus qu'autre chose. Finalement la curiosité de Felix lui arracha un nouveau petit rire alors qu'elle le rassurait : Rien d'indiscret, t'en fais pas. Je suis cubaine d'origine. J'ai rejoint Seattle à mes dix-huit ans, pour aller à l'université. Je suis bilingue de fait, l'espagnol m'est aussi commun que l'anglais. Et toi, tu viens de Seattle même ou tu étais d'ailleurs, à la base ?

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

Je pense qu’après mes proches et les jeux-vidéos … C’est le cinéma qui me manque. Pouvoir s’évader le temps d’un peu plus d’une heure voir de plusieurs selon les films … Et en plus de cela, il y a des livres qui ne pourront jamais avoir leur adaptation au cinéma. Un bouquin qui me vient en tête est 13 Raisons : Celui qui m’a fait penser à une période sombre de la vie d’Evelyn. La fin comme je m’en doutais, se veut marquante. Quand j’y pense, heureusement que ma petite sœur n’est pas partie ainsi. Non je ne vous révélerai pas comment se termine le roman, parce que vous ne l’avez sans doute pas encore lu voir terminé.

Teresa m’affirme que si je préfère la vouvoyer il n’y a pas de problème. Donnant l’argument qu’après tout elle est bien plus vieille que moi. ‘’Merci, maintenant que je te tutoie, je vais continuer. Mais il est possible que je retombe dans le vouvoiement, avec d’autres personnes’’ Me confié-je à la trentenaire. C’est plus fort que moi de vouvoyer malgré ma promesse de changer cela. Je sais pertinemment que je risque à un moment ou un autre de ne pas tutoyer, bien que cette habitude doive prendre fin. Ça me rappelle cette gamine qui se montrait emmerdante et à qui je pense que le vouvoiement lui a donnée une certaine confiance. La recroiser serait la pire chose qui pourrait m’arriver ici, enfin je veux dire en termes d’interactions.

La couturière me fait part de son soutien par le biais d’une pression sur mon bras. Lorsque je l’entends dire qu’elle admire les bergers, mon visage ne peut que s’illuminer à ce moment-là. Elle a tout à fait raison en plus, même si les éclaireurs et les cavaliers ont du courage eux aussi. La brune se confie en disant qu’elle ne pense pas être capable d’endosser ce rôle. Ce qui est compréhensible, tout le monde n’est pas à l’aise avec les morts. Les morts ne sont pas la raison de son inquiétude apparemment mais plutôt celle d’échouer une mission … Menant à la perte des siens. Je comprends tout à fait là où elle en veut venir, chacun voit les choses et les vis différemment.

La mère de l’enfant a une préférence pour les échanges avec les humains … C’est sûr que les morts n’inspirent pas la bonté ni l’envie de bavardage. Ils représentent littéralement ce monde qui pourrit de jour en jour. ‘’Je comprends tout à fait, perdre les siens est douloureux. Mais causer la perte de ses alliés est difficilement digérable. Même si ça n’arriverait peut-être pas voire pas du tout, j’imagine que cette crainte ne s’effacerait pas de ta tête. Après moi je suis confiant sur le fait qu’on soit plusieurs, qu’ensemble presque rien ne peut nous arriver'' Discuté-je posément avec mon interlocutrice avant de reprendre.

‘’J’ai cette impression d’invulnérabilité lorsque je me retrouve avec les autres bergers, que nous formons un groupe solide’’ Finis-je de dire sincère. Accompagné de mes compagnons, j’ai la sensation de pouvoir faire face au danger … De pouvoir tout affronter, que rien ne peut m’arrêter.  La maman me rejoint sur ce que j’ai dit sur l’hostilité des humains. Celle-ci évoque la communauté de New Eden qui est notre ennemie actuellement. La reconstruction de Kitsap s’est faite dans le but de lutter contre cet ennemi commun.

‘’Ils sont prêts à tout pour nous nuire. Je me souviens encore de Seattle de sa cage et du No Man’s land dans lesquelles je passais pas mal de temps. Plus rien ne sera comme avant j’imagine’’ Avoué-je repensant aux bons moments passés auprès de Daniel. Un ami qui me comprenait, qui m’avait même proposé de rejoindre son groupe … Gentiment, j’ai dû refuser parce que j’étais au courant qu’Evelyn était encore en vie sans savoir où elle se trouvait au départ. Mais ... Si je n’avais aucune information me confirmant qu’Evelyn est encore en vie, j’aurais possiblement rejoint les siens.

Ce groupe aurait été ma nouvelle famille, j’imagine. Comme l’est actuellement cette communauté. En songeant à nos retrouvailles, courte mais satisfaisante je ne peux qu’être ravi pour lui. Ce jeune, organise avec ses alliés des soirées sur une péniche. En temps d’apocalypse, ceci doit être certainement un comble. À mon avis, il est pour sûr heureux à l’heure qu’il est. Et je ne peux lui souhaiter que du bonheur et de la réussite. Une moue rassurée se dessine sur mon visage lorsqu’elle explique qu’à deux ce sera moins compliqué.

Un rire de la brune suit, ne passant pas inaperçu. En retour je lui souris. Le second prend le relais quand l’autre est épuisé, c’est un travail en duo selon elle. ‘’Tu as raison, un enfant a besoin de ses deux parents. J’imagine que certains n’ont pas tous eu cette chance de grandir avec leurs deux parents. Ce qui compte, c’est ceux qui sont restés pour eux, qui les ont élevés.’’ Donné-je mon avis à la mère d’Alejandro.

En n’espérant qu’elle ne se sentait pas visée quand j’évoquais ceux qui n’ont pas grandis avec leurs deux parents. Simplement, je voulais donner un avis, sans trop non plus approfondir le sujet. Chaque parent fait comme il le peut pour s’occuper de son enfant. Je ne suis toujours pas encore père alors je pense ne pas être la personne la plus légitime à discuter de cela.
J’effectue un hochement de tête à la trentenaire, après qu’elle ait m’ait rétorquée qu’il ne faille pas être admiratif des parents.

‘’Je comprends le point de vue de ceux qui pensent qu’un enfant n’a pas à naitre dans un tel monde. Qu’il n’y ait que plus d’horreurs à voir que de belles choses. Mais clairement notre communauté m’a prouvée le contraire. Un enfant sera heureux, chez nous. Ce n’est pas là-bas qu’il manquera de nourriture, de copains … D’une vraie famille aimante. Les ‘’grands’’ et nous les adultes seront là pour lui apprendre à survivre face à ce monde davantage dur qu’il l’a été. Sincèrement le fait d’imaginer mes futurs enfants grandirent au sein de notre camp, me rassure pleinement. Certes, ils ne connaitront pas les merveilleuses choses du monde d’avant … Mais ils verront encore la beauté de ce qu’il nous reste dans ce monde en ruines’’ Me confié-je interminablement, je le conçois … Je parle tellement au point au ça en devient excessif. Alors moi je ne vois pas de mal à ça, mais a-t-on réellement envie de m’entendre blablater aussi longtemps ? Je n’en sais rien.

Mon visage prend un air plus sérieux dès qu’elle me répond évoquant le fait qu’il reste de belles personnes en dehors de nos murs. Ce n’est pas que je n’y crois pas du tout, c’est que j’ai vu des choses subis des choses … Que j’aimerais oublier et qui m’ont montrée que le monde est plus cruel que je ne pensais. C’est vrai que des personnes vivantes seules, peut paraitre louches d’après elle, étant d’accord avec moi sur ce point. Franchement je n’ai pas envie de me replonger dans mes mauvais souvenirs. Ni lui citer mes mauvaises rencontres, qui m’ont conduit à me méfier de n’importe qui … Vivant à l’extérieur des murs de Fort Nisqually.

Sa sincérité m’émeut, j’en ai presque les larmes aux yeux. ‘’Merci, Teresa. Ça me touche’’ Si je n’étais pas venu à cette table, que j’aurais été pris d’un excès de timidité … Je me serai barré au mobil-home ou j’aurais pris la décision de m’installer ailleurs. Cependant, je ne suis pas spectateur de ma propre vie. Depuis l’arrivée du virus surtout j’en suis entièrement l’acteur.

Teresa désire me faire comprendre de ne pas dire de conneries en secouant les mains. Comme tout à l’heure, la brune tente de me rassurer au mieux possible à la suite de mon coming out, on peut appeler cela ainsi. ‘’Ce n’est pas un sujet évident c’est vrai mais merci de me rassurer sur tout ça. Ce questionnement sur ma sexualité est venu bien plus tard dans ma vie. Car avant je pensais seulement aimer les femmes. C’est avec le temps que je me suis surpris à regarder certains hommes, comme je le ferais pour une femme. Depuis que j’ai remarqué ce détail, j’ai longuement hésité à en parler à quelqu’un. Par crainte de ce qu’on pourrait me répondre ou alors en me demandant si ce sujet était si pertinent pour la personne en face’’

Me confié-je en tout sincérité auprès de Teresa encore une fois. Ça fait du bien de pouvoir évacuer certaines choses, qui avaient du mal à sortir. Ça m’arrive oui de déballer certains trucs à des personnes que je connais moins mais à qui étrangement j’arrive à faire confiance. Teresa est une connaissance voire une amie de Byeol, alors ma méfiance n’est pas spécialement au rendez-vous avec elle. La trentenaire quant à elle ne pense pas être faite pour le bonheur amoureux … Mais argumente en disant qu’elle a malgré tous des amis, sa famille de cœur. C’est suffisant actuellement la concernant.

‘’C’est triste mais d’un côté comme tu le dis tu as des proches qui t’aiment plus que tout au monde. L’essentiel c’est que nous ayons encore des personnes que nous aimons auprès de nous. Peu importe l’amour que nous ressentons envers elle. Nous ne sommes pas seuls, en cas de période difficile à surmonter … Nous avons des personnes sur lesquelles compter. Ce que je n’avais pas à bien des périodes’’ Avoué-je sur un ton tout autant sérieux que précédemment. En utilisant mes mains pour appuyer encore une fois mes propos. Je suis sûr qu’elle sera d’accord avec ce que j’ai dit.

La vie m’a malmené bon nombre de fois, avec les diverses pertes survenues brusquement.
Rassuré à la suite de la phrase de la couturière sur sa nationalité, j’apprends qu’elle est cubaine d’origine. J’ai dû apprendre où se trouvait Cuba à l’école, malheureusement je ne suis pas sûr de pouvoir me rappeler où la ville se trouve, sur la carte du monde. Je me souviens seulement qu’elle ne se situait pas très loin des États-Unis. À ses dix-huit ans la cubaine avait rejoint la fameuse ville de Seattle.

Dans le but d’étudier à l’université, ce que je n’ai pas eu l’occasion de faire. Elle maitrise les deux langues, c’est vachement cool. J’aimerais bien apprendre quelques mots, pour montrer aux autres que je suis un bilingue en herbes. La bilingue finit par me retourner la question au sujet d’où je viens. Avec le sourire je réponds : ‘’Je suis originaire, de la ville d’Olympia.

J’ai grandi dans une famille aisée, ma mère était professeure d’histoire dans une université et mon père était psychiatre. Clairement je n’étais pas à plaindre’’ Raconté-je nostalgique de cette époque, accompagné d’une part de tristesse dans la voix.

‘’Les fast food me manquent, le cinéma, les cours … Les jeux-vidéos également. Et ceux qui ont péris’’ Affirmé-je sans être sur le point d’être pleurer cette fois. Parce que tout simplement, cela remonte à loin et que j’ai bien un merveilleux entourage qui me comble. ‘’Tu pourrais m’apprendre quelques mots espagnols ? Mes cours de langues datent tellement je ne suis plus sûr de me souvenir de tout ce que j’ai appris. Si ça ne te pose pas de problème d’ailleurs. Et au fait c’était comment Cuba, la vie là-bas ?’’ La questionné-je pour finir, des étoiles pleins les yeux.

@Felix Wilkerson

Pour Teresa, le vouvoiement dans ce monde n'a plus aucun sens. Si pour certains ça démontre une simple marque de respect envers ses ainés, ou une marque de distanciation avec les étrangers, pour elle c'était la démonstration d'une considération bien trop excessive envers les plus importants, les plus riches, les plus puissants. Jamais elle n'a aimé ça, jamais elle ne l'accepterait non plus. Aujourd'hui, tout le monde est sur le même pied d'égalité. Aujourd'hui, il n'y a plus de riches et de puissants face aux rôdeurs.
Du moins.. c'est ce qu'elle pensait avant New Eden. Maintenant elle n'en est plus si sure, mais ce dont elle est certaine, c'est que jamais, ô grand jamais, elle ne montrerait le moindre respect à ces monstres. Alors leur vouvoiement et leurs courbettes, ils peuvent bien se le mettre au cul, pour reprendre ses mots. Restons sur le tutoiement alors ! Pour les autres.. Eh bien tu fais évidemment à ta convenance, après tout.

Lorsque la discussion dévie sur les bergers, il semble à la cubaine voir une étincelle de fierté dans les yeux de Felix. Et il y a de quoi. Les bergers sont réellement des héros à ses yeux, indispensables, courageux. Elle ne manque pas de courage, pourtant... Mais ce n'est pas dans ce domaine qu'elle saurait exceller. Tu as tout compris.. ce serait trop douloureux de nous mener à notre perte, par ma faute. Même si tu as raison, je ne serais pas seule. Elle soupire doucement, avec un infime sourire. C'est pareil pour moi, au final. J'suppose que tout le monde n'est pas fait pour troquer et jouer de la diplomatie. Enfin j'espère ! Sinon je ne sers plus à rien... Sans vraiment l'expliquer, une petite pointe de fierté vient s'insinuer dans le cœur de la brune, lorsque son cadet parle de sa sensation d'invulnérabilité au sein des bergers. C'est un jeune homme courageux et volontaire, et il fait partie de leur communauté. Cette communauté qu'ils chérissent et protègent tous les deux, comme tous ses membres. Chacun à leur façon.

- New Eden a tant détruit.. Je passais mon temps au No Man's Land moi aussi.. Pour effectuer du troc évidemment, mais aussi parce que j'y avais énormément d'amis. Toutes les factions qui gravitaient autour de ce lieu... Un sourire triste ponctue ses mots. Aujourd'hui, je n'sais même pas s'ils sont morts ou.. juste, ailleurs. En sécurité. Comme tu le dis, tout ça c'est du passé, rien ne sera plus comme avant. Elle secoue la tête pour se sortir de ses pensées délétères. Mais c'était déjà le cas entre l'ancien monde et l'actuel, pas vrai ? Tout a changé, et plus drastiquement encore. Mais on continue à avancer, on s'adapte. C'est bien ce qui différencie principalement les humains des morts, même si ces derniers commencent à évoluer eux aussi.

La discussion dévie sur les enfants, et la parentalité. Teresa pourrait en parler des heures durant, mais elle a bien conscience que le jeune face n'a pas forcément la même passion qu'elle pour les bambins. Un enfant a besoin d'amour. Bien sur, avoir ses deux parents est merveilleux, pour peu qu'ils soient tous les deux aimants... Mais si ce n'est pas deux, c'est un seul. Et si ce n'est pas un seul.. Ce sera quelqu'un d'autre. Voire toute une communauté. Regarde à The Haven, nous avons plusieurs orphelins, et au final, je ne suis pas sure qu'ils soient plus malheureux que d'autres enfants. Au final tu sais.. Mieux vaut être orphelin que mal-aimé. Là-dessus, ils sont clairement sur la même longueur d'onde. Et Teresa sait de quoi elle parle, pour avoir été reniée par ses propres géniteurs.

Puis vient sur le tapis la sexualité du jeune berger, et ses doutes à ce sujet. Encore un sujet sensible pour la cubaine, largement concernée par la question. Ne me remercie pas.. C'est normal de te rassurer là-dessus. Tu sais, c'est aussi quelque chose qui m'touche particulièrement.. J'ai très vite découvert que j'étais bisexuelle. J'avais un crush sur ma voisine, à une quinzaine d'années, à peine. J'ai eu le malheur d'en parler à ma soeur.. Qui l'a répété à mes parents. Ils ont été horrifiés, et ont tout fait pour que je devienne une fille "normale" à leurs yeux. Elle sourit tristement en concluant : Ça n'a pas marché. J'ai passé dix ans avec la femme de ma vie, avant qu'on soit séparées par l'invasion. Et eux, ils m'ont reniée.
Mais franchement, aujourd'hui.. Il faut être le dernier des cons pour juger la sexualité de quelqu'un. On a bien plus important à gérer, tu crois pas ?

La légèreté de Tesa à propos de sa solitude n'est pas vraiment réelle. Elle en souffre en silence, derrière ses sourires, derrière sa volonté et son éternelle bonne humeur. Bien sur qu'elle en souffre, mais qu'est-ce qu'elle peut bien y faire ? Rien, rien de plus qu'accepter et laisser du temps au temps. Comme tu le dis, le plus important c'est l'amour, quel qu'il soit. L'amour de mon fils est inconditionnel, celui de ma famille de cœur aussi. Ce n'est pas exactement la même chose mais.. Je ne suis pas seule. C'est le principal. Tout comme toi ça n'a pas été le cas à de longues périodes... Mais aujourd'hui, tout est pour le mieux. Pour nous deux.

Un peu de douceur et d'insouciance se glisse dans leur conversation, chacun donnant ses origines. Olympia ? Il y faisait meilleur temps qu'à Seattle ? Clairement Seattle n'est pas connu pour son soleil et ses températures estivales toute l'année. Oh... Ça a dû être dur de perdre tout ça.. Je suis désolée pour toi. Pour ceux qui ont disparu, aussi. Elle se signa et leva à ses lèvres sa petite croix en pendentif, ce disant, comme pour honorer les morts. Elle soupire avec appétit. Hmm.. Un hamburger. Bien gras. Avec plein d'additifs dedans.. j'te jure que j'en rêve, aujourd'hui !

Un large sourire vient éclairer le visage couturé de la cubaine : Sí ! Bien sur que je peux t'apprendre l'espagnol ! Avec grand plaisir même. Je suis vraiment ravie que tu me l'demandes.. Elle en lâche même un léger rire, avant de reprendre : Cuba.. c'était l'inverse d'ici. Du soleil à n'en plus finir ! Mais c'était aussi très pauvre.. Les gens étaient adorables, souriants et pleins de vie, mais en même temps très croyants, alors.. très fermés sur certains sujets. La sexualité, notamment... La canne à sucre était un délice. L'odeur des cigares.. même enfant, elle embaumait toute la maison, et même les rues, ça avait quelque chose de rassurant, étrangement. Ça m'a manqué, en venant ici. Oh et les tenues traditionnelles, pleines de couleurs ! Tu aurais vu ça.. c'était superbe.

Smile, cry, laugh or scream.
But live, as long as you can.

Comme le dit la cubaine, je le fais à ma convenance. Une moue d’approbation est apparente sur mon visage. Si je devais citer une de mes autres passions, je dirais que c’est de converser. Quand le courant passe, les conversations se font de manière fluide. Avec Isalín c’est le cas, j’apprécie passer un peu de temps avec elle, celle-ci me fait découvrir des choses. Le fait qu’il y ait dans la communauté des personnes venants de multiples horizons est tout simplement merveilleux.

La souffrance liée en causant la perte des siens ne serait qu’excessivement insurmontable … Plussoie Teresa. Mais elle ne serait pas seule comme je lui ai dit. Un drame pourrait vite arriver seul, par un manque de chance total. ‘’Si ça devait m’arriver, je m’en voudrais à vie. Déjà que …’’ Les souvenirs de la jeune Sophia qui a quittée l’église en pleine nuit me reviennent à l’esprit. À ce moment-là, je manquais de sommeil, je m’étais endormi sans m’en rendre compte.

‘’J’ai perdu quelqu’un il y a longtemps, parce que je m’étais endormi subitement à force de monter la garde pendant une trop longue durée’’ Ma voix devient plus triste. '’À mon réveil la personne en question, n’était plus là … Ce n’est qu’en sortant de l’église où je me trouvais, que j’ai fini par retrouver cette personne. Malheureusement, je l’ai retrouvée avec une morsure de rôdeurs. Et peu de temps après, j’ai dû mettre fin à ses souffrances. Elle s’appelait Sophia et devait avoir moins d’une dizaine d’années. Je l’avais prise sous mon aile à l’époque. Aujourd’hui, je suis plus en paix avec moi-même. Mais, je me dis que si je ne m’étais pas endormi à ce moment-là elle serait encore en vie, actuellement’’

En y repensant, cela me fait un petit pincement au cœur. ‘’Chacun est bon quelque part, personne n’est inutile à mes yeux. Nous avançons ensemble et sommes tous complémentaires, à Fort Nisqually’’ Exprimé-je en souriant mon opinion, je suis quelqu’un d’assez ouvert et positif en ce qui concerne les personnes de ma communauté en général.
Moi qui ait eu des amis là-bas je comprends le sentiment de Teresa au sujet de Seattle. New Eden est littéralement un danger pour toutes les communautés je pense. Ils nous ont tous pris, mais je ne pense pas qu’en cas de guerre nous en sortirions vainqueur. Il faudrait qu’un maximum de communauté en plus des Remnants et des petites factions nous rejoignent.

Le monde était déjà violent à l’époque comme le précise la mère d’Alejandro. Mais celui-ci a évolué en mal, voir régresser pourrait-on dire. ‘’Les trocs au No Man’s Land, c’était vraiment quelque chose. Je me souviens, je faisais le tour de Seattle pour trouver le moindre objet utile à échanger. C’était risqué mais une nécessité pour ma propre survie. J’espère que tes amis vont bien. Un super ami à moi, qui s’appelle Daniel se rendait à la cage. Je me souviens qu’il m’avait proposé de rejoindre son groupe. Mais je n’ai pas pu en vérité, car on m’avait appris qu’Evelyn était en vie’’

J’aime parler un peu de tout, mais sans trop rentrer dans les détails. Olivia m’avait fait la remarque du fait que je dévoilais un peu trop ma vie. Que c’était impudique, ce qui n’est pas faux. ‘’Le monde était bel et bien sombre à l’époque, tout à fait. Mais oui, l’humain finit toujours par s’adapter au changement. Avant les rôdeurs m’effrayaient, au début de l’apocalypse. À présent, c’est différent je pourrais en tuer sans problèmes’’ Affirmé-je et plussoyé-je en me servant de mes mains. Les rôdeurs seront peut-être un jour en nombre très limité, une minorité. L’être humain serait le danger numéro un.

Une fois de plus j’hoche la tête en écoutant les propos de la cubaine. Mieux vaut avoir auprès de nous des personnes qui nous aiment comme nous sommes plutôt que des parents qui nous renient. Je suis assez d’accord avec elle à ce sujet. Avec ma sœur nous sommes devenus des orphelins, mais qui ont pu se trouver une nouvelle famille. ‘’Je suivrai cette communauté jusqu’au bout, cette nouvelle famille. Ma vie est destinée à se terminer avec celle-ci. Je sais dit comme ça, je peux avoir l’air d’en faire trop … Mais je le pense sincèrement. Avec elle j’ai pu retrouver le sourire, l’espoir que j’ai perdu pendant les années précédentes’’ Me confié-je auprès de la brune. Tout ce que je dis là, je le pense. Et rien ni personne ne pourra me faire changer d’avis sur cette communauté.

La trentenaire m’affirme que je ne dois pas la remercier de me rassurer, que c’est tout à fait normal. Elle a certainement raison, mais c’est sympathique de sa part. Le sujet la touche beaucoup aussi me dit-elle. Vu ce qu’elle m’a dit, précédemment elle l’est autant que moi. Sa bisexualité, elle l’a découverte plus tôt que moi. Sa première crush, était sa voisine lorsqu’elle avait quinze ans. Elle savait déjà, pour son attirance. Je pense que ça vient tôt ou tard selon les personnes. Son histoire prend un tout autre ton au moment où elle m’apprend, qu’elle l’a dévoilée à sa sœur. À cet instant je me doute que quelque chose de mal va se produire, ma moue prend une expression empathique et désolée à la suite de son discours.

‘’Tu l’as sue rapidement effectivement, mais cela doit être différent pour chaque personne concernée. C’est horrible de penser ainsi, de voir le mal quand quelqu’un n’aime pas seulement des personnes du sexe opposé … Il doit y avoir des histoires sombres, il a dû s’en passer des choses atroces. Ils t’ont fait subir des exorcismes ou des thérapies, quelque chose d’aussi violent dans le même genre ? Je ne connais pas ta famille, mais j’imagine que de les quitter a été meilleure chose à faire. Mes parents ne m’auraient pas renié à mon avis, mais nous n’avons pas tous eu des parents qui nous aiment comme nous sommes. Oui, c’est vrai pourquoi s’en prendre aux gens pour un tel sujet ?’’ Répondis-je au discours de Teresa d’un ton sérieux. Ce sujet me touche vraiment et de savoir que des personnes souffrent à cause de cela, m’attriste en toute sincérité. Pourquoi n’aurait-on pas le droit d’aimer la personne que nous voulons même si celle-ci est du même sexe ? Où est le problème ?

‘’C’est ensemble que nous nous en sortirons tous. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, un bel avenir radieux s’annonce pour nous. C’est ce que j’imagine pour ma part. Si tu m’avais connu bien avant d’arriver au camp, je t’aurais dit l’inverse … Que presque rien n’a de sens. J’étais totalement pessimiste, croyant que rien ne pourrait s’arranger. Mais le camp a changé ma vision des choses, m’a rendu bien moins pessimiste qu’à une époque’’ Expliqué-je à la maman du petit.

Dommage que je ne puisse pas tant jouer que cela, à cause de la batterie de la console mais cela est un détail. Un sourire me vient aux lèvres quand elle aborde le sujet de la météo d’Olympia. ‘’Je n’avais pas à me plaindre, les jours de pluies et ensoleillés étaient plutôt équilibrés’’ C’est vrai, j’avais beaucoup de chance. Les régions propices au temps pluvieux peuvent effrayer dans un certain sens. Le mauvais temps peut faire fuir autant qu’il peut plaire à d’autres personnes. ‘’Oui et j’étais jeune quand tout à commencer à vriller. Que nos proches reposent tous en paix’’ Conclue-je pour ne pas évoquer longuement le sujet des pertes. ‘’On en rêve tous, je pense’’ Affirmé-je en riant. Le classique hamburger … Je ne pourrais en manger qu’en rêve. Mince, j’ai si faim maintenant. Souriant, je suis ravi d’entendre que Teresa est d’accord pour m’apprendre l’espagnol. Cette langue est si belle et à la fois classe. Byeol serait impressionné, peut-être. Mais elle comprendrait vite que c’est Teresa qui m’aurait appris.

En écoutant la cubaine, j’essaie de m’imaginer l’environnement où elle avait vécu. Le soleil, toujours au rendez-vous ça fait rêver. Tout a l’air sympathique un peu moins le côté fermé sur certains sujets. En pensant à la canne à sucre, j’en ai des étoiles plein les yeux. Les cigares, je trouve cela tellement plus chic qu’une vieille cigarette, bien que je ne fume pas. Personnellement je n’associe pas la pauvreté avec le côté paisible et le sentiment de sécurité. Mais je ne suis jamais allé à Cuba alors je peux me tromper. J’adorerais voir ces tenues maintenant, Teresa m’intrigue énormément.

‘’Wow tu m’as donné envie de partir en vacances là-bas. Je sais que ce n’est plus vraiment possible, malheureusement. Mais, ta description fait rêver. Il y a des endroits que tu rêvais de visiter ? Une personne célèbre que tu rêvais de rencontrer ? Un rêve que tu souhaitais réaliser ?’’ Continué-je la conversation un brin rêveur.

@Felix Wilkerson

C'est étonnant, jamais la brune n'aurait pensé avoir une discussion aussi profonde et intime, d'un sens, avec Felix. Pas qu'il ne lui paraisse stupide ou limité, loin de là, mais il lui semblait peu bavard, à tort visiblement. Et ça, pour son plus grand plaisir, malgré la gravité de leurs échanges.

Le jeune homme évoque la perte d'une jeune femme qu'il avait l'air d'estimer sous sa responsabilité quand elle est morte. Le regard de Teresa s'attriste légèrement alors qu'elle hoche la tête, signe qu'elle comprend ce qu'il ressent. C'est normal de s'en vouloir, mais pourtant.. Si tu t'es endormi, c'est que tu étais à bout de force. Même éveillé, tu n'aurais peut-être pas pu la protéger, dans cet état d'épuisement.. Bien sur, on ne saura jamais. Elle soupire lourdement, secoue la main dans le vide comme pour chasser ses pensées, mais reprend pourtant. Mon premier fils est mort quand il avait douze ans. Quelques années après l'invasion. Il est tombé malade, je n'ai pas trouvé de médicaments pour le soigner. Il est mort dans mes bras.. Et j'ai dû.. Enfin, tu vois. Elle lui offre un sourire sans joie en concluant : Je comprends la culpabilité. C'est une bonne chose que tu aies réussi à te pardonner, ou au moins à t'apaiser. Pour sa part, elle n'en a jamais trouvé la paix, mais ça n'avancerait à rien de le lui dire, après tout.

‘’Chacun est bon quelque part, personne n’est inutile à mes yeux. Nous avançons ensemble et sommes tous complémentaires, à Fort Nisqually’’ Reprit-il finalement, sous l'acquiescement, à nouveau, de la couturière. C'est ce qui est bien à Nisqually ! Même ceux qui n'ont pas de connaissances précises peuvent se rendre utiles, que ce soit aux champs ou avec les animaux, le bricolage, les expéditions... bref, Tout le monde peut trouver sa place comme tu dis. Je ne sais pas si c'est aussi évident dans toutes les communautés et factions.

Quand le No Man's Land vient sur le tapis, un large sourire vient barrer le visage de Tesa, dans un élan de nostalgie. Elle laisse même échapper un rire en écoutant Felix. Mais oui ! Je faisais pareil.. Trouver de la nourriture, des affaires d'hygiène, n'importe quoi d'utile et le troquer.. Je récupérais des brassées de tissus pour l'atelier, à chaque fois ! Ses yeux s'arrondissent un peu. Dany ? Je le connais ! Enfin, un peu. J'ai été proche des Gentle Bastards durant un moment.. A vrai dire j'étais amante avec leur chef de faction. Donc je les ai croisés plus d'une fois. Dany est génial, un mec vraiment bien. Dommage qu'il soit accessoirement un petit gars perdu et junkie jusqu'à la moelle...

‘’Le monde était bel et bien sombre à l’époque, tout à fait. Mais oui, l’humain finit toujours par s’adapter au changement. Avant les rôdeurs m’effrayaient, au début de l’apocalypse. À présent, c’est différent je pourrais en tuer sans problèmes’’
- J'en ai tué plus souvent qu'à mon tour... Autant lorsque j'étais seule avec mon fils qu'ensuite, quand j'ai rejoint The Haven. Ça me fait toujours mal au coeur de penser que c'était des humains avant tout ça, avec leur vie, leur famille, leurs rêves. Je ne sais pas si tu es croyant, mais je prie pour chacun de ceux que je tue, en espérant que Dieu les accepte auprès de Lui. Enfin, si tu es athée, ça ne doit pas beaucoup te parler, mes histoires. Elle lui offre un sourire d'excuse, de s'être ainsi emballée et d'avoir laissé ses émotions et sa foi prendre le dessus.
Alors elle enchaine, sur la place de leur communauté pour le jeune homme, une place prédominante, vitale. The Haven m'a redonné une vie.. Je donnerai la mienne pour la communauté s'il le faut, sans la moindre hésitation. Si sa mort pouvait avoir un réel impact elle n'hésiterait pas une seconde, malgré la présence de son fils dans sa vie désormais.

- Je l'ai su tôt mais j'aurais préféré que les choses se passent autrement. qu'elle lui avoue quand il vient parler de sa sexualité. Elle secoue malgré tout doucement la tête à ses questions. Non, heureusement rien de tout ça.. On m'a empêchée de sortir de chez nous en dehors des heures d'école. Ma mère m'a très vite appris à coudre, faire à manger, faire le ménage.. En fait, à faire tout ce qu'une mère de famille exemplaire à leurs yeux doit savoir faire. J'ai été privée de mon enfance, mais on ne m'a jamais fait subir de violences. Encore que son père avait évoqué la question de l'exorcisme, heureusement refusée par le prêtre en question. Dès que j'ai été majeure je suis partie, oui. C'était une réelle libération.. Il n'y a pas d'autre mot. Heureusement que tous les parents n'étaient pas comme les miens ! Et quoi qu'il en soit.. L'important c'est que tu puisses le vivre sereinement. Et.. Hm. Si tu as besoin d'en reparler à l'avenir, n'hésite pas à venir me voir, d'accord ? Je serai là pour toi.

‘’C’est ensemble que nous nous en sortirons tous. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, un bel avenir radieux s’annonce pour nous. C’est ce que j’imagine pour ma part. Si tu m’avais connu bien avant d’arriver au camp, je t’aurais dit l’inverse … Que presque rien n’a de sens. J’étais totalement pessimiste, croyant que rien ne pourrait s’arranger. Mais le camp a changé ma vision des choses, m’a rendu bien moins pessimiste qu’à une époque’’
- C'est drôle, nous avons finalement une histoire de vie assez similaire, concernant Nisqually. Avant d'y être amenée, j'étais prête à me laisser mourir, j'avais perdu tout espoir. Aujourd'hui j'arrive à me dire que la vie vaut la peine d'être vécue, et que nous finirons par reconstruire quelque chose, quoi que ça puisse être. Des bases sur lesquelles grandir tous ensemble.

Bientôt la cubaine parle de son pays d'origine, le ton enjoué laissant paraître à quel point elle aimait ce lieu. Et son sourire s'agrandit encore à la réaction de son cadet. Je t'y aurais volontiers emmené ! Il y avait tant de choses à visiter.. Enfin, tout ça c'est du passé. Une simple constatation, sans tristesse dans la voix.
‘’Il y a des endroits que tu rêvais de visiter ? Une personne célèbre que tu rêvais de rencontrer ? Un rêve que tu souhaitais réaliser ?’’
- Oh wow.. très bonne question. Elle récupère son fils qui réclame ses bras pour venir se nicher dans le cou de sa mère, et le berce pensivement. J'aurais aimé visiter l'Europe. C'est sans doute un peu cliché ! Mais l'Espagne, sans doute aussi la France. Et mon rêve.. Ma femme était créatrice de Haute Couture. Mon rêve aurait été de voir ses créations sur les plus grands podiums, portées par les plus célèbres mannequins. Elle glisse ses doigts dans les cheveux d'Alejandro. C'était le rêve de notre vie ! Quant à rencontrer une célébrité.. J'étais fan de Madonna, à mes dix-huit ans. J'aurais adoré la voir en concert ! Elle laisse échapper un rire avant de le pointer du menton. Et toi ? Je suis curieuse de savoir.

Les choses auraient pu se passer différemment pour Sophia. Ce qui compte maintenant, comme je me le suis moulte et moulte fois répété : C'est que je me batte tous les jours, pour ceux qui n'ont pas survécu. Evelyn ainsi que Byeol comptent sur moi et je ne pourrai plus me permettre de me laisser aller, d'abandonner ... Alors que mes défunts êtres chers me regardent d'en haut.

Teresa tente de me rassurer au sujet de Sophia. On ne saura jamais, c'est vrai ... C'est cela justement le problème, c'est qu'à la fois ... Je me dis que la fatigue m'aurait inévitablement emportée dans les bras de morphée. Et en même temps qu'une possibilité, infime soit-t-elle ... Qu'en restant, ne serait-ce que quelques minutes supplémentaires ... M'aurait permis de la préserver de ses voraces.

Me confier, j'en ai vraiment besoin actuellement. C'est dommage qu'il n'y ait pas de psychologue au camp ... À moins que je sois totalement à la ramasse du côté de cette info-là.
Le récit de Teresa arrache davantage le cœur. Empathique, j'exprime mon sentiment de tristesse par un regard sincèrement désolé et une moue marquée par la tristesse et les souvenirs des pertes lointaines. ''Il te regarde sûrement du paradis, je l'espère'' Tenté-je de la réconforter à ma manière.

''La période qui a suivi la mort de Sophia, a été la première qui m'a fait basculer vers une profonde dépression et une longue remise en question ... Le temps semblait s'écouler infiniment longuement. Se retrouver seul à ce moment-là, ressentir la plus rongeuse  des solitudes ... Est affreusement douloureux'' Conclue-je sur nos pertes du passé, la voix fragilisée par une tristesse ressentie.

''Ça me rappelle le slogan du fast food McDonald's << Venez comme vous êtes >> J'espère que dans les autres communautés, les autres survivants ont la même chance que nous . Même si comme partout, il peut exister des lieux ou les conditions de vie, les restrictions sont inhumaines'' Évoque-je ce fast food si célèbre avant de continuer d'évoquer le sujet des communautés avec Teresa. Parler du fast food permet de me détendre, de discuter de sujets moins larmoyants.

''On peut dormir paisiblement, actuellement. J'veux dire ... Avant, je vivais dans une maison de la ville. Et, je craignais que quelqu'un ne vienne me sauter à la gorge, ou pire ... Donc, je prenais systématiquement des précautions en quittant l'habitat. C'était vraiment une époque particulière, mais me concernant, celles-ci étaient moins pires que celles qui les précédaient'' Réponds-je à Teresa, sur cette ville autrefois, libre. En apprenant qu'elle a connu Danny, mes yeux brillent d'enthousiasme.

''Un gars talentueux, qui comme nous tous ... A vu ses rêves s'envoler. Si rien de tout ce qui s'est passé ne s'était produit : Je suis sûr qu'on l'aurait découvert à la radio, ou à la télévision. Le voir jouer de la guitare ainsi que chanter à la cage m'émerveillait. Et me faisait presque oublier ce qui se passait dehors, le temps d'un concert''
Me confie-je un brin à la couturière, un léger sourire dessiné sur les lèvres. C'est plaisant de parler des vivants, des personnes qui réussissent encore à illuminer nos journées.

Sa vision des morts, son ressenti est axé sur la religion. Moi, je ne suis pas du genre fermé à ce sujet. Je suis plutôt du genre à penser que le paradis puisse exister mais sans pouvoir en être certain. Je me situerai entre un athée et un croyant, si c'est logique et a du sens.

''Je ne dirais pas que je ne crois pas en Dieu, ni au paradis. Mais plus que j'espère que mes proches y sont, qu'ils me voient de là-bas. Ce que je veux dire par-là, c'est que j'espère qu'il y a quelque chose après la mort. Je souhaite juste me retrouver quelque part, une fois parti. Et concernant les rôdeurs, je les vois plutôt comme une menace ... Ce qui reste d'eux, leur âme s'est envolée depuis belle lurette. Malgré, que le fait de voir nos proches se transformer ou des enfants transformés, soit déchirant.'' Donné-je mon avis, mon ressenti par rapport à ce qu'on a évoqué, souriant à mon tour.

Sans m'en rendre compte, une larme coule de mon oeil droit, je l'essuie. Parler du bonheur  que m'apporte le camp, m'émeut assez rapidement. J'imagine, songe-je en écoutant Tesa dire qu'elle aurait préféré que les choses se déroulent d'une autre manière. Nombreux sont les témoignages de personnes ayant traversé d'obscures phases dans leur vie. Maintenant que le web, n'est plus utilisable ... Tout se fait plus discrètement, certainement.

''Ça aurait pu être pire, comme ça aurait pu être mieux, j'imagine ... Mais qui suis-je réellement pour en juger ?'' Continué-je répondant à son triste récit sur son enfance. À ce moment-là, c'est difficile pour moi de ne pas dévoiler ce que je ressens. Mon visage prend un air peiné, m'imaginant à quel point grandir ainsi doit être, atrocement, difficile.

La suite de son histoire, sa libération, me réchauffe le coeur.
''Il n' y a aucun souci, merci infiniment'' Réponds-je ému, une fois de plus. ''Ces années que tu as vécues, devaient être ...'' Je cherche mes mots, touché par son histoire.

''Ne pas pouvoir être soi-même ... Devoir vivre en se cachant, en jouant le rôle d'une autre ... Je vois ça comme être le spectateur de sa propre vie , ou le prisonnier de ses parents. C'est atrocement terrifiant'' Continué-je de me confier à Tesa. Ça faisait un bail, que je n'avais pas eu de si longue  et prenante discussion.

''Nous nous sommes retrouvés au bon endroit. Et j'ai eu beaucoup de chance de rencontrer deux personnes : Duncan et Eli. C'est grâce à eux que j'ai su que Evelyn est encore en vie. Sans retrouver ma sœur, j'aurais trouvé un autre groupe. Comme celui de Dany par exemple, potentiellement.

Contrairement à la petite fille que j'ai protégée, je ne m'imagine pas vraiment si les événements se seraient déroulés différemment. Étant donné que, selon moi : ce qui m'est arrivé ... Retrouver Evelyn, me retrouver à Fort Nisqually, retrouver l'amour ... Sont les meilleures choses m'étant arrivées ces dernières années'' Conclue-je sur cet ensemble de circonstances positives. L'année deux-mille vingt-deux  n'en est qu'à son premier tiers et pourtant, je suis confiant sur ce qu'elle pourrait nous réserver. Une année qui regorge assurément de bonnes surprises.

''Tant de choses sont irréalisables de nos jours. Les petites actions, autrefois simples comme sortir se balader ... C'est presque du suicide, si nous ne sommes pas préparés. Tout s'est complexifié, au fil des années. L'humanité à régresser, mais je ne me focalise plus sur les points négatifs actuels. Ce qui compte, ce sont les choses qui nous apportent du bonheur au quotidien''

Parlé-je des points peu attrayant sur l'état actuel de notre monde, à la suite de ce qu'on disait sur notre côté excessivement pessimiste. Mon vieux côté pessimiste ressort dans ce que je dis, sans pour autant me rejoindre. Le fait de voir Teresa s'occuper de son fils m'attendrit. Un bébé, symbolise l'avenir, tout ce qui représente la mince partie restante d'innocence de ce monde.

J'écoute attentivement Teresa, me répondant aux multiples questions sur ses rêves du passé. Madonna, je la connais grâce à mes parents qui étaient plus de son époque. Au moins un artiste dans le domaine de la musique a bercé notre jeunesse. Moi c'était surtout les bandes originales des jeux-vidéos.

''Je rêvais d'aller au Japon afin de m'imprégner de la culture japonaise. De pouvoir rencontrer des créateurs de jeux-vidéos dont Masahiro Sakurai, l'homme qui a créé la licence Super Smash Bros. Je rêvais de partir en vacances sur les îles françaises en général. Mon rêve et également ma vocation était de devenir pompier.

Se rendre à ces destinations de vacances restera un rêve au final. Mais, rien qu'en pensant à celles dont tu m'as parlé, je ne peux m'empêcher de m'imaginer y être : commander une baguette de pain ou plusieurs, visiter les plus beaux villages de France et leurs paysages envoûtants de splendeurs. Me baigner près des plages les plus prestigieuses existantes d'Espagne''

Tant de rêves, qui ne sont réalisables qu'en rêve. C'est déjà mieux que rien, en soit. On dit toujours que ce qui se passe en rêve, n'est que dans notre tête. C'est la réalité, en revanche lorsque nous rêvons nous vivons pleinement le scénario imposé comme dans la réalité.

''Byeol, m'a raconté que tu es une excellente couturière.  Comme pour la langue espagnole : Je serai ravi, si tu es d'accord, qu'un jour tu m'apprennes à coudre. J'aimerais devenir un véritable couteau suisse.'' Rie-je un tantinet de l'expression utilisée.

''Est-ce qu'il y a un moment précis dans ta vie, qui t'a rendue heureuse dont tu te souviens ? Un jour ? Une nouvelle apprise ? Ou quelque chose durant l'épidémie qui t'a fait oublier tous tes problèmes, même durant un court moment ?'' Questionne-je, peut-être un peu trop indiscrètement, Teresa. Avec ce sourire amical et bienveillant qui m'accompagne.

@Felix Wilkerson

La mort des proches est une éternelle souffrance, et d'avantage celle des enfants. Ça a toujours été le cas, et ça l'est probablement encore plus aujourd'hui où ils représentent le seul espoir d'un renouveau dans ce monde dévasté. Aujourd'hui où leur vie est plus que jamais mise en danger, à chaque jour venu.

''Il te regarde sûrement du paradis, je l'espère''
- C'est gentil. C'est ce que je tente de me dire aussi, et ça me réconforte, d'un sens.

Quand il évoque Sophia et les souffrances qui s'en sont suivies pour lui, Tesa écoute avec une attentive bienveillance, comme habituellement. Je comprends parfaitement ce que tu as vécu, ce que tu as pu ressentir.. Je crois que nous sommes passés par les mêmes affres. Je suis sincèrement heureuse que tu en sois sorti. La tristesse transparait dans le ton de Felix, tout comme dans celui de la brune, qui pourtant lui sourit pour tenter d'alléger sa peine.

Elle sourit de plus belle et se laisse même aller à rire quand il évoque McDonald's. C'est vrai que ça nous ressemble bien. Malheureusement je ne suis pas sûre que les autres communauté soient aussi bienveillantes. Les grosses communauté du moins, pour les factions j'ai l'impression du peu que je les côtoie, qu'elles sont assez.. hétéroclites. Et puisqu'ils en parlent, voilà Dany qui vient sur le tapis, allégeant considérablement l'ambiance.  Oui ! Talentueux, c'est rien de le dire. Je crois que ses concerts sont parmi mes meilleurs souvenirs d'après l'invasion. Je me souviens avoir dansé des heures au son de sa musique.. On a tous des rêves brisés, mais lui a gardé sa passion.

La brune cale sa joue dans sa paume en écoutant pensivement son cadet lui parler de sa vision de la religion, et des rôdeurs. Je crois qu'on espère tous aller au paradis.. Et que nos proches nous y attendent, aussi. Mais quant aux rôdeurs, je n'ai pas la même vision que toi des choses. Je crois que leur âme erre quelque part, puisqu'ils ne sont pas réellement... morts. Tu sais, à chacun d'entre eux que je tue, j'implore le Seigneur de pardonner leurs pêchers et de les accueillir en son Royaume. Ça peut sembler idiot ou vain, mais j'y tiens.

La conversation dérive sur l'enfance de la cubaine, qu'elle raconte sans réelle émotion. Tout cela est tellement loin, désormais, qu'elle ne s'en émeut plus.  A l'inverse de Felix qui semble en être touché, certainement parce que la situation de la couturière fait écho aux doutes qu'il vit aujourd'hui.

- Oui j'en ai souffert, évidemment. Et je leur en ai longtemps voulu. A eux, à mes frères et sœurs qui ne m'ont pas soutenue. Mais tu sais, vivre avec de la haine ou de la rancœur.. C'est épuisant, et inutile. Quand je l'ai compris et que je m'en suis libérée, j'ai enfin pu commencer à vivre réellement, le cœur léger. Un sourire s'étale à nouveau sur son visage, plus sereinement. Je suis heureuse pour toi, tu sais ? Tu as trouvé une sorte de .. havre de paix, je crois ? C'est tellement précieux. Retrouver Evelyne, rencontrer Byeol.. Oui, c'est précieux. Son regard ne trahit pas sa propre tristesse. Elle n'a jamais retrouvé celle qui avait été la femme de sa vie, et a encore moins retrouvé l'amour. Elle s'est faite à l'idée. Et puis l'optimisme de son jeune ami lui remplit le cœur de joie. Tu es mon rayon de soleil du jour, tu sais ? Elle rit doucement, sans l'ombre d'une moquerie. Ta vision des choses me fait du bien à entendre. Beaucoup de monde ne voit que les mauvais aspects de ce qui nous arrive. Evidemment il ne faut pas de voiler la face... Mais faire l'impasse sur les petits bonheurs quotidiens, c'est passer à côté de ce qui nous tient en vie, d'un sens.

La conversation prend un nouveau tournant, et les voilà à parler de leurs envies de voyages et de rencontre.

- J'aimais beaucoup le Japon ! Bien sur je l'y suis jamais allée, mais nous avions des contacts avec des couturiers là-bas, certaines collections s'inspiraient de leurs tenues traditionnelles. je n'ai jamais goûté réellement leur nourriture, uniquement ce qu'on trouve ici en restaurant "japonais".
Je t'avoue que moi aussi, ça me fait rêver de penser à tout ça.

''Byeol, m'a raconté que tu es une excellente couturière.  Comme pour la langue espagnole : Je serai ravi, si tu es d'accord, qu'un jour tu m'apprennes à coudre. J'aimerais devenir un véritable couteau suisse.''
- J'ai un deal pour toi. Je t'apprends les rudiments de la couture, et de la langue espagnole dans le même temps, et toi tu m'apprends les bases des premiers soins. Tu as dû les apprendre en voulant devenir pompier, non ?

A nouveau, des questions tombent, et avec elles un rire nasal de Teresa.

''Est-ce qu'il y a un moment précis dans ta vie, qui t'a rendue heureuse dont tu te souviens ? Un jour ? Une nouvelle apprise ? Ou quelque chose durant l'épidémie qui t'a fait oublier tous tes problèmes, même durant un court moment ?"
- Hmmm.. Rien d'extraordinaire, j'en ai peur. Outre les naissances de mes fils, je crois que le plus beau jour de ma vie, c'est lorsque mon histoire avec Laura est devenue.. concrète. Officielle. Depuis le temps que j'étais raide dingue d'elle.. On se draguait un peu, tu vois ? On se tournait autour. Et à la fois, c'était ma patronne, alors j'osais pas faire le premier pas. Puis un jour on s'est retrouvée les deux seules dans l'atelier, et.. on s'est embrassées. C'est à l'eau de rose, hein ? Mais on ne s'est plus quittées de ce jour-là. Jusqu'à l'invasion. Elle dodeline du chef, les yeux rêveurs qu'elle repose finalement sur Felix. Et toi ? Un jour de bonheur, un instant de grâce ? Quel est ton meilleur souvenir d'avant l'invasion ?