The Walking Dead RPG

« Aïe ! » Mais Isalín frappait fort en plus ! Je me massai les côtes en lui lançant un regard de reproche. Qu’est-ce qui lui prenait exactement ? J’avais du mal à suivre le fil de ses pensées, avant qu’elle ne vienne me murmurer à l’oreille ce qui n’allait pas. « Euh… » Je ne savais pas trop quoi lui répondre sur le coup. Elle n’avait plus envie de le faire ? Pourquoi ? Je murmurai en retour, sur le ton de la confidence : « On n’a pas fait tout ce chemin pour rien, non ? » Evidemment qu’ils voulaient en finir avec New Eden…

Et, pourtant, je n’étais plus certain de ce que je comptais faire également. Est-ce que c’était mal de les tuer ? Non, évidemment que non ! Ils avaient fait tellement bien pire aux miens, pour tenter de leur extorquer des informations également. Ce ne serait que justice d’utiliser les mêmes méthodes sur eux, non ? Mais… moi non plus, je n’avais jamais fait ça. « Je pensais que tu me soutenais… » Je lui avais lâché ces quelques mots d’un ton presque suppliant. Je n’avais pas envie qu’elle parte, pour me retrouver seul avec ces inconnus que je venais à peine de rencontrer. Je n’avais pas non plus envie de la suivre pour autant, parce que ce qu’ils faisaient ici était important pour moi. C’était la seule réponse qui pouvait me convenir, après tout ce qu’on avait dû endurer à cause d’eux.

Je baissai un peu le regard quand le brun répondit à mes questions en restant volontairement très énigmatique. « Bien sûr… je comprends… » Ils ne savaient rien des autres, ni d’où ils venaient, ni combien ils étaient. Je savais encore moins dans quoi je m’engageais en vérité. « Pourquoi on ne garde pas nos masques alors ? Et qu’on donne nos vraies identités ? » Il venait de demander son nom à Isalín à l’instant, elle aurait mieux fait de ne rien lui dire. Je n’avais pas pu la mettre en garde concernant ce type !

La suite me figea tout à fait. Seul mon regard horrifié était visiblement derrière le masque de renard. Isha m’apprenait ce que les New Eden s’étaient permis à Seattle, depuis qu’ils avaient chassé tout le monde d’ici, et c’était encore pire que ce que j’imaginais. Des enfants et des femmes, crucifiés ? C’était horrible rien qu’à imaginer. Ils étaient tous des menteurs qui nous faisaient croire à leur nouvel éden, mais personne n’en revenait jamais. Au moins, depuis la prise de Seattle, ils avaient révélé leur vrai visage aux yeux de tous. Leurs crimes ne resteraient plus impunis.

Mais Isa’, elle hésitait encore. « Tu… t’es pas obligée, tu sais. » Je préférais encore qu’elle me le dise. Isha proposait déjà de la raccompagner chez elle. « Quoi ? Non ! » Je la plaçai derrière moi, d’un bras protecteur. C’était étrangement plus facile de paraître courageux quand on se dissimulait sous un masque. « C’est bon, je vais la ramener chez nous. » J’avais peur qu’ils cherchent à la faire taire, maintenant qu’ils avaient senti son hésitation. Ils considéraient peut-être qu’elle en savait déjà trop. « Je vous retrouverais plus tard ! Joe aura qu’à aller me chercher. » Elle savait où j’habitais après tout. C’était un gage de sécurité pour eux, non ? Je soufflai doucement à Isalín en cherchant à m’éclipser : « Allez, on s’en va, Isa’. »

- Quoi ?! Grince-t-elle entre ses dents, mais bien sûr que j’te soutiens !

Là, son petit ami lui scie les jambes. A-t-elle jamais dit ne pas croire en ses convictions ? Bien sûr qu’elle est d’accord avec lui, que c’est injuste, que Nisqually ne bouge pas assez concrètement. Mais à ses yeux, ça ne veut pas dire se joindre à une bande de meurtriers ! Ce n’est pas ce qu’ils sont, ce n’est pas ce qu’elle est.

- Joa…

Isalín a envie de le secouer, de le supplier pour qu’il revienne à la raison, mais voilà que Deadpool-sans-masque s’immisce entre eux. La jeune femme frissonne. D’abord, il répond à son copain – qui lui rétorque quelque chose de très pertinent d’ailleurs – et ensuite… il s’adresse à elle. Là, l’islandaise se fige. Elle a cette sale impression d’être la mauvaise élève de la classe, prise en faute devant tout le monde – et elle n’a jamais vraiment été à l’école.

Elle ouvre la bouche sans savoir quoi dire, bête poisson dans l’eau dans un repère de requins – ou de piranhas. C’est horrible ce que raconte Isha, c’est clair. Mais impossible d’avoir le déclic. Isalín ne veut pas tuer, elle voudrait qu’il y ait une autre solution. Déjà, elle cherche les mots pour le dire, mais même Joachim ne la soutient pas. Cela fait bien longtemps qu’elle ne s’est pas sentie aussi seule, et ça lui brise le cœur.

Alors oui, Joachim lui souffle qu’elle n’est pas obligée et s’interpose quant à la proposition de la ramener en moto – heureusement, elle ne se voyait pas suivre cet homme – mais le mal est fait. La jeune femme se sent incomprise et malaisée par un étrange sentiment de honte. Est-ce mal de juste… ne pas vouloir renchérir à la violence par la violence ? Elle ne serait jamais venue si elle avait su. Pour le coup, elle en veut à Johanna. Énormément.

En désespoir de cause, Isalín cherche du soutien dans le regarde d’Harper, mais cette dernière ne semble pas décidée à s’en aller. Bien au contraire. Alors elle n’a d’autre choix que d’emboîter le pas à son petit ami… sans réussir à le regarder dans les yeux.