The Walking Dead RPG

J'imagine que si tu te poses la question, c'est que tu ne l'es pas. Beaucoup de mes patients font ça au ressenti, s'ils n'ont pas l'impression d'être poussé ou obligé, s'ils se sentent en confiance, ils ont plus de facilité à se livrer, explique-t-elle alors en fronçant les sourcils, un peu gênée de ne pas pouvoir lui dire mieux que ça. Peu importe comment elle retournera le problème de toute façon, elle ne lui arrachera pas ce qu'il a sur le cœur tant qu'il n'aura pas décidé d'en parler. Il n'y a pas de mode d'emploi pour tout ça, je pense que tu en as conscience, ajoute-t-elle alors avec un sourire désolé de le lui annoncer.

Mais la gêne s'instaure et elle comprend rapidement pourquoi. Parce que Yuan se sent encore coupable d'une chose à laquelle il ne peut rien. Tu as vraiment le chic pour te fustiger lorsque ça n'est pas de ton fait, visiblement, lui glisse-t-elle avec une oeillade un peu moqueuse en sa direction. A croire qu'il porte le poids du monde sur ses épaules, ou à défaut, celui de la satisfaction sexuelle féminine. Pour une fois qu'on te demande de ne pas prendre ça pour toi parce que tu n'es pas responsable, tu trouves encore le moyen de te sentir coupable de la situation, analyse-t-elle. Comment aurais-tu pu le savoir si je ne te le dis pas ? Lui demande-t-elle sans attendre véritablement de réponse de sa part.

Yuan récupère les habits qu'elle lui confie et lui demande où il peut aller se changer : Tu as la salle de bain à ta gauche, lui propose-t-elle. Là où j'ai récupéré la serviette. Ou l'une des chambres, la mienne est libre, c'est la première porte à l'étage à droite, précise-t-elle rapidement. Qu'il n'aille pas dans celle de Bonnie, afin d'éviter un malentendu. A sa remarque, elle esquisse un sourire : Non, je ne veux pas que tu t'en ailles, elle n'essaie pas de le faire rester pour le chasser à la première occasion. Et ils passent un bon moment, non ? Ou en tout cas, se font une promesse tacite d'en vivre un actuellement. Pourquoi voudrait-elle s'en priver ?

Zi fronce les sourcils en le regardant alors qu'il lui confie avoir essayé de refaire sa recette préférée. Elle le fixe un long moment. Tu as... essayé ? Pourquoi ? Elle ne sait pas quoi en penser, mais se détourne juste pour le laisser aller se changer. Tout ça ne lui prend pas spécialement longtemps mais lui donne l'occasion de s'organiser dans la cuisine. Pâtes, sel, eau, casseroles, feu. Elle fait ce qu'il faut dans l'ordre, avec une précision presque obsessionnelle. Pour tant de quantité de liquide, il faut tant de quantité de sel. Alors quand Yuan revient, Zi a à peine terminé : J'ai mis l'eau à bouillir et... Elle hausse les épaules : Je crois que je vais te laisser t'occuper du reste, c'est toi qui dois faire tes preuves, souffle-t-elle.

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ANAPHORE

Il a un rire silencieux avant de lui lancer un regard amusé. « C’était à peu près ce que j’étais en train de me dire. On va dire que, déjà, j’accepte que ça ne va pas. C’est un progrès non ? » Quant à être en confiance, ce n’est pas vraiment le souci avec Zi. C’est juste qu’il ne sait pas encore sur quel pied danser avec elle et comment qualifier leur relation. « J’espérais vaguement que tu avais une formule magique en stock, mais définitivement, la magie n’est plus ce qu’elle était. » Soufflé d’un ton léger, alors qu’il espère qu’il pourra un jour être à même à parler de tout ça, sans avoir ce sentiment d’étouffer.

Et, quand elle reprend, il ne sait pas vraiment comment réagir. S’il doit s’offusquer ou prendre ça à la dérision. Mais il n’a pas envie de se fâcher, pas maintenant. Pas pour ça. Alors, li a un éclat de rire et secoue la tête. « Zi, même si les hommes sont très égocentriques quand il s’agit de leurs prouesses sexuelles, en théorie, je dis bien en théorie, ils sont sensés avoir conscience de si la femme avec qui ils … sont… prend vraiment du plaisir ou pas. Sauf à vraiment ne se focaliser que sur son nombril. » Ce qui était peut-être son cas. Enfin, peu importe. « Mais c’est un peu tard pour remédier à tout cela donc… en effet, je vais arrêter de me fustiger pour ça, ce ne serait pas très constructif. » Une petite part de lui, là où subsiste un sursaut d’orgueil, aurait presque envie de lui prouver de quoi il est capable. Mais elle est écrasée par le reste et, au fond, ce n’est pas plus mal.

Il lui rend un sourire quand elle lui précise où il peut aller se changer et, quand elle confirme qu’elle veut qu’il reste, il se contente d’un hochement de tête. Pour souffler, d’une voix douce. « Tant mieux alors. Je suis… bien là. Avec toi. » Et il a un bref haussement d’épaules. « Oui. C’était une mauvaise idée. Le poisson est compliqué à cuisiner. » Heureusement, elle ne lui en demande pas plus et, c’est poussé par la curiosité qu’il choisit d’aller se changer dans sa chambre. L’intérieur est comme il l’avait supposé. A part quelques ouvrages, il ne ressent pas l’empreinte de Zi entre ces murs. Pas une seule photo, rien de vraiment personne, si ce n’est son odeur qui flotte dans la pièce. Et il secoue la tête, avant de se changer rapidement. Le pull est un peu serré et le pantalon trop long, un peu mal taillé à son goût, mais c’est toujours mieux que ses propres vêtements encore bien humides. Il ne repasse par le salon que pour poser ses vêtements à sécher devant le feu, avant de revenir dans la cuisine, remontant ses manches par habitude. « Bien. Donc… hum. » Ce n’est pas compliqué lui a dit Silas. Quand l’eau bout, on met les pâtes pour 8 à 10 minutes. Un coup d’œil à sa montre qui fait tic-tac et il prend une inspiration. « On doit attend que l’eau bout. Elle est salée ? » Là, on dirait presque qu’il sait ce qu’il fait. Et, dans une cuisine, c’est une première. Certes, il ne vise pas haut, mais il faut bien un début à tout.

C'est sans doute parce que je suis docteur, pas magicienne, plaisante-t-elle qu'avec un très bref sourire l'espace d'une seconde. Elle ne peut pas faire mieux que ça, tandis que la conversation en reste autour d'un sujet qui semble les mettre tous les deux un peu mal à l'aise. Quoi que Zi s'en sort bien de son côté, puisqu'elle peut se cacher derrière ses études, des statistiques, et une expérience médicale relativement importante. Devant l'affirmation de Yuan, la voilà qui fronce les sourcils. Ce qui la conforte dans le fait qu'elle n'est probablement pas la seule à ne pas s'enthousiasmer devant la sexualité se confirme : Alors ça, permet-moi d'en douter, souffle-t-elle.

Oh, elle ne peut pas vraiment affirmer ça sans apporter d'explication, de toute évidence. Surtout pas quand c'est dit avec tellement d'aplomb et de certitudes. Si les hommes réalisaient vraiment tout ça, en avaient plus souvent conscience, ou au moins quelque chose à faire, je crois que j'aurais eu beaucoup moins de femmes en consultation d'une quarantaine d'années qui n'ont jamais connu le plaisir dans leurs rapports, plaide-t-elle. Et il ne s'agit pas seulement de son expérience : peu d'études se sont penchées sur le plaisir féminin, mais le peu déjà menait atteste d'un ensemble. Il semble que la norme soit aux naïfs après tout, ajoute-t-elle.

Ses yeux se détournent à sa confession, lui réchauffe le cœur au passage. Et Zi n'a qu'un regard surpris néanmoins devant l'attention de Yuan. Cuisiner du poisson pour elle ? Effectivement, c'est présumé de beaucoup de ses compétentes, elle l'imagine mal en chef de brigade en cuisine. Mais sans vouloir se montrer défaitiste, elle préfère pour l'instant être sûre qu'il puisse vraiment cuisiner des pâtes avant d'avoir la curiosité et l'ambition de plus. Elle le laisse filer vers sa chambre apparemment, revenir peu de temps après avec une question à laquelle elle répond sans attention d'un hochement de la tête.

Est-ce qu'il y aura un accompagnement avec ces pâtes, ou on ambitionne seulement qu'elles soient salées ? Questionne-t-elle en levant les yeux vers lui. Apparemment, son colocataire s'est montré plus pédagogue qu'elle n'aurait pu l'imaginer, Zi fronce les sourcils en voyant Yuan faire, même si certains gestes sont un peu maladroits, il semble plutôt assuré sur la cuisson, les quantités, et le goût. Oh, je vais devoir m'incliner, tu as vraiment appris avec Silas, relève-t-elle avec étonnement. Sans vouloir être désagréable, Yuan part de très loin pourtant ! Je dois bien l'admettre : je suis impressionnée, souffle-t-elle.

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ANAPHORE

Il se fend d’un sourire amusé à sa répartie. « Je me disais bien qu’il y avait un couac quelque part. » Et il la fixe quelques secondes, heureux sans s’en rendre compte de la voir sourire, même si c’est toujours aussi fugace. Comme si elle avait peur de laisser une empreinte trop marquée une fois de plus. Cette pensée, sans qu’il arrive à saisir pourquoi, lui serre le cœur, avant que la conversation ne prenne un tour inattendu.

Et, si on égo a pris un méchant crochet du droit, il essaie de ne pas trop se focaliser dessus. Bon, c’est peine perdue, mais au moins, il arrive à ne pas trop perdre la face. C’est toujours ça de pris. Le pire ? C’est que la conversation reste plus qu’intéressante mais ça, il n’en avait aucun doute avec Zi, surtout dès que ça s’approche de son domaine de compétence. Il lui lance un regard pétillant de curiosité, gardant tout de même un visage plutôt neutre et ignorant encore et toujours cette petite voix qui continue de s’époumoner dans le vide sur ce qu’il pourrait lui prouver. Ca, c’est probablement uniquement parce qu’il n’a mis personne dans son lit depuis des mois, rien de plus. Il n’est pas habitué et en vient à se trouver des défis qui ne seront jamais d’actualité.

Il finit par lever un index dans sa direction, la mine franchement interrogative. « Il y a vraiment tant de femmes que ça qui vont consulter pour … ce motif ? » Oui, il continue de s’engager sur un terrain beaucoup trop glissant. Mais ils parlent de généralités non ? Il ne doit pas spécifiquement se sentir concerné après tout.  Ou juste un peu. « Mais au final, je ne table pas sur la naïveté… plutôt l’égocentrisme masculin. » Et ça, il en connait un rayon. « Même si c’est plus flatteur d’être naïf sur ce coup-là. » Une ébauche de sourire alors qu’il finit par aller se changer, non sans lui avoir dit, sans trop savoir pourquoi, qu’il est bien avec elle en cet instant. Probablement parce que c’est le cas, ce qui est une raison suffisante après tout.

Une fois revenu dans la cuisine, il a un temps d’hésitation à sa question. « C’est déjà une grande ambition docteur Shèng. Mais à vous de me dire si vous auriez de la viande froide dans votre garde-manger ou quelque chose pour l’accompagner qui ne me demande pas des talents que je n’ai pas encore. » En tout cas, il essaie et il s’applique, comme à chaque fois qu’il apprend quelque chose de nouveau. Il y met toute son attention, oubliant même un instant qu’il doit avoir l’air ridicule, mais finalement, il a le sentiment de s’en sortir plutôt bien. « Silas s’est avéré être un bon enseignant. Et ça nous fait passer des moments plutôt amusants. » Il ne s’offusque pas vraiment de son étonnement, à sa place aussi il serait surpris. A dire vrai, il l’est même un peu. « Tu as une passoire ? » Il se tourne vers elle, interrogatif, se passant une main dans les cheveux. « Attends que je finisse tout ça sans me brûler, là tu pourras être impressionnée. » Ce serait dommage d’échouer si près du but. D’autant que, connaissant Zi et leur discussion, elle serait capable de trouver un corolaire sur la performance et l’échec. Ou quelque chose d’aussi gênant.

Aussi étonnant que ça puisse te paraitre : oui, souffle-t-elle d'un air expert, après une courte analyse de ses souvenirs. Elle pince les lèvres un temps avant de relever les yeux vers Yuan. Du fait de parler de manière académique et professionnelle, Zi n'est pas gênée par le sujet. Finalement la sexualité n'est qu'un pan de la psychiatrie, qu'il est difficile de cerner intégralement. Elle ne s'en formalise pas. Le chic de beaucoup d'hommes est de profiter de la crédulité des femmes qui ne se connaissent pas suffisamment, pour leur laisser entendre que ceux sont d'elles que viennent les problèmes sexuels quand elles comprennent qu'il y en a un, souffle-t-elle.

Combien de fois a-t-elle entendu des jeunes femmes expliquer qu'elles n'ont pas de désir, pas d'orgasmes, qu'elles ne connaissent pas le plaisir, considèrent la sexualité comme une charge supplémentaire qui les épuise. Zi comprend, compatie. Aussi s'est-elle étonnée plusieurs fois d'entendre des questions étranges : est-ce normal de sentir quelque chose en bas lorsqu'on est en train de faire un enfant avec mon époux ? dois-je penser à Jésus durant ces pratiques ? cette conversation lui revient en mémoire, et la manière dont elle a gardé un calme olympien également. Ce n'est même pas le plus déroutant qu'elle ait pu connaitre en la matière. L'hôpital Kindred a quelques cartons pourvu des effets retrouvés à des endroits inappropriés.

Nous gagnerons tous à mieux nous comprendre, et à mieux nous aimer. Croire que les autres sauront le faire à notre place, c'est la majorité du temps une fausse solution, explique-t-elle simplement avant de hausser les épaules : J'essaie d'être optimiste. Tabler sur de la naïveté est moins triste que de laisser entendre que ton genre est égocentrique, glisse-t-elle d'un air complice. Mais je ne t'ai jamais parlé de mon patient egocentrique qui parlait de son pénis comme d'un médicament ? Lui demande-t-elle avec étonnement. A dire vrai, ils n'ont que peu parler de son métier, de ses journées, de tout ça. Alors, elle n'est pas étonnée non plus qu'il n'en sache rien.

Yuan s'éclipse et revient. Je devrais pouvoir trouver quelque chose, dans le frigo, elle sort ce que Bonnie a conserver dans une boite fermée, pourvu à cet effet, dans laquelle elle a fait en sorte de retirer l'air pour éviter que ça ne moisisse. Elle la confit à Yuan qui saura mieux l'ouvrir qu'elle à la force de ses bras. Pour la précision, c'est ma colocataire qui l'a fait, pas moi, lui glisse-t-elle avec un sourire. Qui ne disparait pas immédiatement à la remarque de l'homme : Au moins si tu te brûles, tu as le médecin à côté, Zi fronce néanmoins les sourcils : Mais ne fais pas exprès pour autant, lui demande-t-elle comme une faveur, afin de temporiser sa ferveur. Je dois dire que ça sent bon, glisse-t-elle au bout d'un moment, quand ça n'est pas loin d'être prêt.

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ANAPHORE

Passé la gêne et son égo qui a décidé de se faire la malle pour de bon devant son incapacité à réfréner les questions qui lui viennent, Yuan se rend compte du réel intérêt de la discussion. Et pas uniquement en général. A titre personnel, s’il accepte une remise en question pour laquelle il n’était définitivement pas prêt en arrivant ici. Déjà qu’il a pris sur lui pour venir présenter ses excuses et pour accepter qu’il n’avait pas son mot à dire sur ses fréquentations, là c’est encore le cran au-dessus.

Et finalement, il réalise que sa réponse ne devrait pas l’étonner plus que ça. Il finit par lever un sourcil quand elle continue. « C’est toujours plus facile de renvoyer le problème que d’assumer qu’on est en tort. » Et il sait très bien de quoi il parle. Il ouvre la bouche pour poser une autre question avant de se rendre compte qu’il n’est définitivement pas prêt à la réponse. Et qu’il aurait probablement encore plus de regrets s’il l’interroge à propos de ce qu’elle a pu ressentir. « Ca évite les remises en question. »

Il se frotte le menton quand elle continue. Et il souffle, plus pour lui-même qu’autre chose. « C’est difficile d’aimer. » Surtout quand on n’a pas vraiment l’habitude. « Même si on y gagnerait comme tu le dis si bien. » Enfin, à la réflexion, il n’est pas sûr d’y avoir vraiment gagné quoi que ce soit à aimer. Que ce soit Lisa qui a disparu ou Zi avec qui les récents échanges n’ont fait que le conforter dans le fait que ça n’a jamais été réciproque. Heureusement qu’il n’en a rien dit. Enfin peu importe. Ca ne change rien à la situation actuelle de toute façon. Et il a tout de même un rire quand elle continue. « Pourtant, le genre humain et surtout masculin, est tout de même un brin égocentrique non ? J’ai fréquenté assez d’hommes d’affaires pour pouvoir l’affirmer. » Que ce soit triste, c’est certain. Mais il préfère ça à avoir encore été trop naïf. Par contre, au reste, il la fixe, curieux. « Alors, non. Je crois qu’il va me falloir plus d’informations là. Laisse-moi juste deux minutes. »

Le temps de se changer et de tenter, tant bien que mal de cuisiner pour eux. Le premier vrai repas qu’il ait fait de toute sa vie. Il attrape la boite qu’elle lui tend et l’ouvre, non sans lever les yeux vers Zi. « Ta colocataire ? » Il n’est pas sûr de savoir de qui elle parle. A l’intérieur de la boite, ce qui semble être un reste de viande en sauce. « Je suppose qu’on peut réchauffer ça. » Ce qui est dans ses cordes. Il est habitué à devoir réchauffer les restes des plats de Silas. Pour ça, il se saisit de la poêle et continue, non sans souffler, avec un sourire en coin. « Même si l’idée que tu me soignes soit plaisante, j’aime autant éviter que la soirée dérape de la sorte. » Verser le contenu de la boite est simple et il a presque l’impression que les pâtes ne sont pas trop cuites. Presque. Ca devrait aller pour cette fois. Et il se doute qu’elle sera indulgente. Les pâtes sont versées dans la passoire, égouttées tant bien que mal, même si des gouttes d’eau chaude lui aspergent le bras. Et finalement il récupère les deux assiettes qu’elle lui tend pour les remplir. Le résultat lui parait… acceptable. Si ça sent bon, il est assez objectif pour savoir que c’est surtout dû au contenu de la boite de sa colocataire. « Bon, c’est l’heure du verdict donc. »

On le sait suffisamment, nous avons tous les deux toujours fait en sorte de ne jamais être en position de devoir nous excuser, relève-t-elle après un moment de flottement. L'analyse tombe soudainement tandis qu'elle esquisse un sourire de circonstances. Elle la première. Le fait d'être effacée, absente parfois, lui a au moins permis de ne jamais prendre de risque. Elle a toujours laissé le monde venir à elle, d'une manière ou d'une autre, en tentant de ne créer aucun remou, aucune vague, à la surface. L'histoire d'une existence passée à tenter de se fondre dans le décor pour ne jamais donner l'impression d'avoir un jour été vraiment vivante. Nos parents nous ont trop appris que ça n'était pas pour nous, ajoute-t-elle.

Trop de fierté, de dignité, d'arrogance, d'égoïsme. Leurs parents respectifs ont eu l'occasion de faire d'eux des personnes tournées vers le travail, une valeur qui était chère à leurs familles. Mais quand est-il du bonheur qu'ils n'ont pas su se donner ? Qu'ils n'ont jamais su vivre ? Des marques que ça laisse ? Sur tous les pans d'une existence, autant dans l'égoïsme d'une sexualité, et dans l'absence de sentiments qui ne se cultivent pas. Pas à cause de l'autre. Alors qu'il n'y a qu'en admettons que nos certitudes peuvent bouger véritablement, analyse-t-elle rapidement, en haussant les épaules, avant d'esquisser un sourire amusé : Je savais que ça allait t'intéresser, souffle-t-elle.

Il ne revient qu'après, et Zi n'entame pas tout de suite l'histoire de son patient. Elle sert de commis à son voisin, et répond à ses questions : Bonnie, elle travaille au laboratoire, explique-t-elle simplement. Et elle est plutôt douée pour cuisiner, comparée à elle en tout cas, ça n'est pas le plus difficile. Qu'importe. Ils ont le temps de passer à table, et même de manger. Et Zi doit dire qu'outre le fait que c'est mangeable, c'est même plutôt bon. Tu t'en es vraiment bien sorti, lui assure-t-elle simplement. Le fait qu'elle vienne quasiment à bout de son assiette est le meilleur compliment qu'elle peut lui faire. Mais elle connait ses limites, il en reste moins de la moitié, et elle se sent déjà repue.

Les assiettes sont lavées, rangées, la table défaite, nettoyée aussi. Alors qu'elle s'assure que tout est en ordre, Zi se tourne vers Yuan et lui offre un bref regard. C'était... C'était très courageux de venir t'excuser, et je voulais te dire que tu es pardonné, lui souffle-t-elle alors sans le fixer trop longtemps. Je me doute que ça n'a pas été facile pour toi, elle le connait suffisamment pour ça en tout cas. Mais même si nous... ne sommes plus ensemble. La psychiatre ne l'articule pas. Enfin, ça ne veut pas dire que je ne te veux plus dans ma vie, ajoute-t-elle simplement. Bien au contraire, je te suis trop reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour nous, pour moi, cette dernière année, lui certifie-t-elle.

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