The Walking Dead RPG

Le 9 mars.

Un carré de lumière moucheté tombait à travers la frondaison sur la tombe ouverte. Les Exilés s’étaient réunis autour de celle-ci, plongés dans le silence. Le petit corps avait été enveloppé dans un linceul blanc, couvert par endroits de taches jaunâtres : c’était ce qu’ils avaient trouvé de mieux dans la maison à laquelle appartenait ce jardin. La tombe avait quant à elle été creusée près d’un poirier dont les fleurs blanches étincelaient.

Personne ne disait mot. Parmi les Exilés, les visages étaient fatigués, creusés, éprouvés. Ils avaient marché à un rythme soutenu pendant plusieurs heures avant de daigner faire une halte. La maison dans laquelle ils trouvèrent refuge avait été abandonnée depuis longtemps. Dans son garage, ils découvrirent deux pelles. Cesare et Valérian avaient aussitôt entrepris de creuser une tombe pour offrir à Sasha une sépulture décente. Ils s’étaient exécuté en silence, croisant rarement le regard de l’autre ; mais agissant de concert, animés par la même volonté de rendre hommage à cette jeune femme.      

S’absorber dans cette tâche permit au grec de concentrer ses pensées. Depuis la mort de Sasha, il peinait en effet à en saisir le fil : sporadiques, elles lui échappaient constamment, et disparaissaient sitôt qu’il pensait avoir mis le doigt dessus. L’expression absente, Valérian avait ainsi tout l’air d’un automate. Il suivait machinalement le mouvement, et tournait un regard surpris vers quiconque lui adressait la parole ; comme si, accaparé par ses pensées, il avait soudain été ramené à lui-même. Il ne parlait que peu, s’étant retranché dans un mutisme presque total depuis son retour au camp en compagnie d'Emilie, Gin et Maes.

En vérité, faire le vide dans ses pensées lui permettait d’oublier sa douleur ; et de s’en détacher complètement. Le grec refusait, pour l'heure, de se confronter au souvenir du massacre de Sasha, et le fuyait éperdument en se réfugiant profondément en lui-même.

Des chants d'oiseaux résonnaient au loin. Valérian leva finalement les yeux de la tombe et promena un regard hagard sur l’ensemble des Exilés réunis. « Est-ce que quelqu’un veut dire quelque chose ? » hasarda-t-il d’une voix rauque.

Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.

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Le silence est pesant tandis que tous les exilés sont réunis devant la tombe creusée par Valerian et Cesare. Même Maya, confortablement installée dans les bras de son père garde le silence. La fillette est probablement plus qu'habituée aux états dépressifs de ses nombreux tontons et tatas mais elle semble comprendre que la situation est encore plus triste qu'à l'accoutumé. Son regard bleué se pose sur chacune des personnes présentes avant de poser sa tête contre le torse de son père.

Allïa se tient à côté de Maes, droite, le visage marqué par la fatigue. Impossible de fermer l'œil depuis cette terrible nuit, et si elle aurait préféré éviter cette triste cérémonie, elle sait qu'elle doit être ici, pour Sasha, pour lui offrir un dernier hommage. Ses yeux évitent de croiser ceux de ses compagnons, incapable d'y lire la souffrance et la peine qu'ils doivent ressentir. Elle peine déjà à trouver les mots pour exprimer ses propres émotions.

Quand Valerian propose de prendre la parole, l'archère hésite. Quels mots pourraient être assez forts pour décrire ce qu'elle ressent ? Pour parler de Sasha, de sa gentillesse, de sa générosité ?  « Je suis désolée.. » souffle-t-elle finalement à voix basse. Désolée de n'avoir pas pu la protéger, de n'avoir pu éviter cette mort cruelle. « Elle ne méritait pas ça. » Ses poings se serrent, ses ongles rentrent dans la peau de la paume de ses mains. Son ton est plus fébrile alors que son regard reste ancré sur le petit corps devant elle.  « Sasha, je te promets qu'on le retrouvera et qu'on lui fera la peau. Il pourra se cacher où il veut, il ne s'en tirera pas comme ça. » Que quelqu'un tente de l'en empêcher. Allïa en a ras le bol de subir encore et encore. Si New Eden avait toute sa haine jusqu'à présent, Maverick lui semble plus accessible et surtout, son visage est nettement dessiné dans son esprit. Les membres de New Eden sont trop nombreux alors que lui est seul. Elle se répète sa promesse en boucle dans son esprit : Maverick devra payer pour son crime.

La mort de Sacha les avait secoué plus que de raison. Sans doute parce que les circonstances - atroces - les avaient tous épuisés moralement et physiquement. Et puis, Sacha, elle était comme un rayon de soleil pour eux. Quelque chose comme ça. La blonde appréciait beaucoup sa cadette, et savait également à quel point elle comptait pour Cesare.

La tombe était creusée, le corps reposait au fond, le visage recouvert d’un drap. Guinevere n’était pas douée avec les mots. Quand Valerian demanda si quelqu’un voulait dire quelque chose, elle ne s’avança pas. Elle vint plutôt se glisser aux côtés de l’italien pour venir glisser sa main dans la sienne et entrelacer leurs doigts pour juste, s’y accrocher un instant, lui rappeler qu’elle était là pour lui, en cet instant. Elle leva les yeux vers lui. Elle voyait bien qu’il était incapable de prononcer quoi que ce soit, même si le coeur y était.

Ça la faisait toujours autant flipper, de voir dans quel gouffre Cesare s’était plongé. Elle ne savait toujours pas si elle parviendrait à l’en sortir, ni si elle était assez forte pour tenir et ne pas fuir si les choses devenaient plus complexes encore. Il n’y avait que les battements de son cœur qui lui rappelaient pourquoi elle était encore debout, à ses côtés.

Et peut-être pouvait-elle parler, pour deux. Avec des mots simples, tant qu’ils étaient sincères. « On l’aimait… Nous l’aimions tous. » Souffle-t-elle, en scrutant d’abord son compagnon avant de tourner la tête vers la tombe de fortune. « Et on continuera à l’aimer, parce que… Parce que j’crois qu’elle n’apprécierait pas qu’on perdre ce qu’elle nous donnait au quotidien. » Un peu d’espoir ? D’humanité ? « Il n’y a pas de raison pour qu’elle ne puisse plus veiller encore sur nous, de là où elle est. » Elle avisa ensuite Valerian, complètement éteint lui aussi, avant de regarder Allïa. « Et on saura la venger… Ca c’est certain. » Dit-elle, plus durement, tout en raffermissant sa prise sur la main de l’italien.

J'ai un regard pour la tombe de Sasha, avant d'le relever vers Valérian quand il demande si quelqu'un veut dire quelque chose. C'est sans doute le bon moment pour en placer une, s'munir de nos traditions, pour tenter de se réconforter. Je pince les lèvres, laissant, Allia parler puis Gin, et j'vois déjà où ça va. J'ai l'impression d'avoir du plomb dans le ventre tellement ça me semble injuste. A croire que le soleil a oublié de briller depuis longtemps.

On parle de Sasha, que je souffle d'une voix enraillée. La fatigue, l'émotion, on mettra ce qu'on voudra la dedans, factuellement. Elle méritait pas ça, mais c'est pas la vengeance qui doit nous permettre de nous souvenir d'elle, parce que c'était pas ça qui l'animait. Quiconque la connaissait pouvait l'dire en un clin d'oeil, y'avait pas plus solaire que cette nana.

On fera c'qu'il y a à faire, en revanche devant sa tombe, on se repensera pas à elle pour la violence, la peur, la colère ou le chaos que sa mort nous inspire, c'est pas dans l'ordre des choses, elle le voudrait pas, pas vrai ? Elle était là pour son sourire, c'est d'ça qu'on doit se rappeler, ok ? Parce que même quand c'était la merde, Sasha, elle souriait jusqu'à s'en faire mal aux joues, j'demande pas à chacun d'sourire ici.

Ça serait mal venu. Mais qu'on la mèle pas à c'qu'il y a de trop sombres en nous.

Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.

C'était quand la dernière fois, qu'elle avait pu enterrer un proche ? Prendre le temps de réellement dire adieu ? Y penser lui confirme que ça fait sans doute trop longtemps, et ne l'enchante pas plus, alors qu'elle réalise qu'elle n'est peut-être pas à sa place ici. Trop récente peut-être, pour pouvoir se targuer d'avoir connu Sasha. Samhain à ses pied, alors qu'elle joue sans trop s'en rendre compte avec la fleur de poirier qu'elle à récupéré sur le chemin. Avisant les alentours et que les premiers mots qui s'échappent des lèvres d'Allïa et Gin évoquent la vengeance. Cette vengeance qui la ramène insidieusement à cet ultime cri étranglé, que Maverick à fait taire après le coup de trop. Fermant les yeux un bref instant pour chasser ses pensées sombres, ne relevant la tête qu'à la russe qui tient un tout autre discours, qui lui parle un peu plus.

Hésitant encore un peu, avant de se décider à s'approcher, prenant enfin la parole après un lourd silence, peinant à mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle avait toujours une remarque positive à faire. Même quand rien n'allait. Et il n'y avait pas que ça. Il y avait eu cette capacité qu'avait eu la pharmacologue à la traiter d'office comme si elles se connaissaient depuis des années, alors que s'en rappeler lui serre un peu plus la gorge. Baissant un court instant le regard sur la fleur entre ses doigts, avant de reprendre. J'ai envie d'me rappeler d'elle, comme d'une personne bienveillante et pleine de vie. Qui nous à apporté à tous ici quelque chose de bien. Son rire, sa manie de s'inquiéter que tout le monde soit à l'aise. Les rires échangés à cette soirée de Noël de dernière minute. Hésitante, avant de venir déposer avec douceur la fleur sur la tombe, laissant ses doigts reposer sur la terre fraîchement retournée.

Merci Sasha. D'avoir été là dès les premières secondes de notre rencontre. qu'elle souffle avec douceur. Et d'avoir été là pour eux tous. fermant à nouveau les yeux un bref instant, s'interdisant cette émotion qui lui rongeait le coeur avant de se relever, reculant pour laisser l'opportunité aux autres de se confier également.

  

It does not matter what kind of vibe you get of a person. Cause nine times out of ten, the face they’re showing you is not the real one

Les yeux baissés vers le corps de Sasha, Valérian écouta distraitement le recueillement de ses compagnons. Si les Exilés étaient plutôt pudiques et, en temps normal, peu disposés à dévoiler leurs sentiments, une forte émotion étreignait manifestement chacun d’entre eux en cet instant. Ils avaient tous été assommés par cette mort, comme si elle avait constitué un coup fatal après ces longs mois éprouvants ; après cette traque permanente qui les avait entraînés aux confins de la folie. Ils étaient tous éreintés, aussi bien physiquement que moralement.

À l’intervention de Yulia, Valérian accrocha son regard et hocha subrepticement la tête. Sasha n’aurait pas voulu être enterrée sous de tels auspices. Cette colère et ce désir de vengeance devaient rester enfouis en eux, et non pas l’accompagner dans l’au-delà. La jeune femme avait toujours été lumineuse, irradiant de joie et d’optimisme malgré la mauvaise humeur générale et les malheurs qui s’étaient consécutivement abattus sur le groupe au cours de ces derniers mois. Elle avait été meilleure que chacun d’entre eux - à bien des égards.

Lorsque chacun se fut exprimé, un silence tomba sur le groupe. Comme un drap mortuaire, il asphyxia l’énergie de Valérian qui eut l’impression de chanceler, saisi d’un vertige. Sasha était morte et, avec elle, une part de lui. La meilleure probablement ; celle que la jeune femme avait su exhumer à force de patience en sa compagnie. De tous, il était probablement celui qui l’avait le mieux connue ; tout comme elle l’avait connu, lui, comme nul autre. Ces années qu’ils avaient passées seul à seul, à s’efforcer de survivre ensemble, avait forgé entre eux un lien particulier, puissant, dont Valérian prenait toute la mesure à présent que ses yeux étaient posés, hagards, sur le corps de la jeune femme.

Il s’éclaircit finalement la gorge, et dit d’une voix qu’il ne reconnut pas : « Sasha n’était pas seulement d’une générosité et d’une bienveillance surprenantes, elle était aussi courageuse. Bien plus que la plupart des gens qui foulent cette terre. » Le grec leva les yeux et contempla les fleurs à la blancheur immaculée du poirier. « Elle m’a sauvé deux fois la vie : quand nous nous sommes rencontrés et, plus tard, quand nous avons été séparés. (Il sourit distraitement) Je l’ai entendue fanfaronner plusieurs fois à ce sujet : Sasha en était très fière. Elle me cassait souvent les pieds avec ça. »

Son sourire mourût presque aussitôt. « Je lui répétais que je finirai par lui rendre la pareille. Mais il semblerait que je n’en aie pas été capable. » Sa voix était à présent froide, dépourvue de timbre. « Je suis navré, Sasha. » dit-il simplement. Après quelques minutes de silence, il se pencha finalement et, le visage fermé, attrapa la pelle à ses pieds.

Every time that I look in the mirror, all these lines on my face getting clearer. The past is gone. Oh, it went by like dusk to dawn. Isn't that the way ? Everybody's got their dues in life to pay.

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