The Walking Dead RPG

Jalousie. Possessivité. Lara a vu les signes avant-coureurs, mais cela reste une déception pour elle de voir sa fille se comporter ainsi. Loin d’être dupe, elle voit et entend les échanges, les regards, les petites piques à peine dissimulées.

- Nous en avons discuté. Souligne Lara en parlant de leur petite discussion à la boutique de Comics avec Isalin.

D’ailleurs cette dernière semble avoir une grosse baisse de moral face à Zelda, mais tente tout de même d’être agréable, venant même proposer de l’aider pour la confection des gaufres. Un peu de maladresse et sa fille de cœur renverse une partie du mélange sur le comptoir. Rien de grave en soi, même assez attendrissant aux yeux de Lara, mais Zelda ne manque pas l’occasion pour faire un reproche à peine maquillé.

Soupirant, Lara se retourne pour faire face à tout le monde.

- Il y en aura bien assez pour nous trois, vous mangez à votre faim. Sinon, j’en referai. Les accidents arrivent. Ajoute la maman avec un sourire rassurant. Asseyez-vous toutes les deux s’il vous plait.

Laissant le temps à ses deux filles de rejoindre à nouveau la petite table, l’Australienne essuyait ses mains avec un torchon, avant de reprendre la parole.

- Nous avons discuté de la possibilité que j’aménage avec toi à Fort Ward Zelda. Isalin est déjà au courant. Elle sait aussi que je t’ai cherché toutes ces années. Elle est plus âgée que toi et je me suis dit que tu aurais plus besoin de moi qu’Isalin désormais, merveilleuse jeune adulte qu’elle est devenue. Elle couve d’ailleurs la principale concerner d’un regard d’où brille bien un peu de fierté. Zelda, je la considère comme ma fille de cœur. Je ne t’ai pas remplacé, devance-t-elle sa fille, tu es irremplaçable. Tout comme Isalin tu l’es. Aucune de vous ne doit s’inquiéter de l’amour que j’éprouve pour vous. Il ne s’amenuisera pas par la venue d’une et l’autre. Il ne sera pas divisé non plus. Zelda, je t’aime, tellement que tu ne peux même pas te l’imaginer. Je suis ta maman et je le resterai pour toujours. Je suis aussi la maman d’Isalin, même si je n’ai pas la prétention de remplacer l’originale, je l’aime tout autant. Il est normal de ressentir une certaine jalousie, une certaine possessivité même ou de l’inquiétude, mais nous pouvons mettre des mots sur tout cela et discuter. J’ai le souhait sincère que vous vous entendrez, vous êtes toutes les deux de jeunes femmes extraordinaires. Laissez-vous une chance mes puces.

Wandering and surviving in this crazy monstruous world by myself

Isalín foudroie sa cadette du regard à chaque de ses interventions. Ce n’est pourtant toujours pas la colère qui la ronge, mais bien la tristesse. Au départ, elle aussi avait « craint » le retour de Zelda dans la vie de sa mère. Puis elles avaient discuté, les choses avaient été clarifiées et l’islandaise avaient cessé de s’en soucier. Elle considère avoir déjà suffisamment de chance d’avoir quelqu’un comme Lara dans son entourage, inutile de se torturer les méninges. Avant de la connaître, la jeune femme s’était même imaginé devenir « amie » avec Zelda, apprendre à la connaître, fonder une espèce de… famille rafistolée. Un doux rêve. Un rêve stupide.

Isalín s’empresse donc de nettoyer sa maladresse et vient s’asseoir à table pour écouter ce que leur « maman » a à leur dire. Et la vérité, c’est que plus elle écoute, plus elle se sent mal. Pas à cause des mots employés par Lara, grand dieu non : ils sont parfaits, mesurés, pesés, équitables. L’islandaise ne se sent pas lésée, elle est même flattée et rougit brièvement du compliment à l’ombre de ses cheveux noir onyx. Mais malgré tout, quelque chose la chiffonne.

- Je… j’ai rien contre Zelda…, précise-t-elle, en se mordant la lèvre inférieure pour avortée toute suite à base de « c’est elle qui… », mais toi, tu… tu n’as pas à te justifier devant nous, Isalín rentre légèrement la tête dans les épaules, elle n’a d’yeux que pour Lara, j’veux dire… c’est normal que tu réfléchisses beaucoup, que la situation ne soit pas simple, même que tu réfléchisses à « où » vivre… j’comprends, vraiment. Tu feras de ton mieux, j’le sais !

Mais peut-être est-elle la moins affectée dans tout ça ? Toutes les jeunes personnes ne peuvent pas se targuer d’avoir eu un parent pour les accompagner dans leurs débuts dans la vie d’adulte. Grâce à Lara, l’islandaise avait affronté son premier nœud de « cœur », ses premières angoisses de jeune femme, elle lui a validé son petit-ami aussi. Exactement le genre de choses pour lesquelles on aime qu’une maman soit là. Peut-être que Zelda n’a pas eu tout ça, et que c’est pour ça que c’est plus dur pour elle d’accepter cette situation. Isalín prend donc une profonde inspiration et fait l’effort de se tourner vers sa cadette, et même de lui sourire.

- Tu, euh… tu voudras trainer avec nous plus tard ? Avec mes amis, on s’réunit souvent juste… « comme ça », pour être ensemble, elle hausse timidement les épaules, j’te présenterai tout le monde si tu veux…, le première effort, ce serait de l’intégrer, pas vrai ?

« Plus souvent qu'on n'le pense, même... »

Zelda esquisse un mince sourire et pose brièvement le regard sur Isa' lorsque Lara lui trouve une excuse. Oui, les accidents arrivent. C'est bien pour ça qu'ils sont si pratiques...  Zelda agite nonchalamment sa main pour indiquer qu'elle pensait à haute voix et que ce n'est rien.

« J'avais pas l'impression qu'c'était seulement une possibilité, moi... » gronde-t-elle un peu quand sa mère reprend la parole pour évoquer la situation. Aux yeux de l'adolescente, c'était acté. Et qu'une question. Alors elle ne sait pas si sa mère essaie de ménager l'islandaise ou si elle hésite à la rejoindre dans le giron de la civilisation mais ce qui est sûr, c'est que ce mot laisse un goût amer dans la bouche.

Et la suite des propos de Lara n'aident en rien. Zelda a bien conscience que sa mère tente de les rassurer l'une et l'autre. Mais elle s'acharne à les maintenir sur un pied d'égalité. Comme si elles étaient les deux facettes d'une même pièce. Comme si elles étaient désormais indivisibles. « Ouais ! Donc en fait j'suis irremplaçable mais pas tant qu'ça non plus... » résume l'australienne en croisant les bras et en détournant la tête, agacée. Elle se modère, là. Ou du moins, elle fait de son mieux. Mais il semblerait qu'Isa' ne soit pas seulement un foutu placebo de merde et que Lara tienne réellement à elle. Comment est-elle sensée réagir ? En sautant de joie ?

Vient le clou du spectacle, cet instant où Isa' a l'audace de complimenter Lara et de tenter de la rassurer. Mais quelle lèche-cul... Tout l'irrite chez cette fille ! La manière dont elle regarde sa mère, ses manières, sa tronche... « C'est déjà réglé ! » indique l'adolescente, agacée. « Elle va venir vivre à Fort Ward, à mes côtés ! » Point. C'est pas négociable. Et si Lara ne veut pas être claire et ménager l'islandaise, ce n'est pas son cas. «  À sa place ! » Zelda n'aime pas la façon dont l'une et l'autre continuent à évoquer le sujet comme une simple option. Elle se sent trompée. Et de trop.

« Et non Isa', j'ai pas envie d'traîner avec vous plus tard ! » reprend-t-elle, caustique « C'que j'veux, c'est pouvoir passer du temps avec ma mère sans qu'la fille qui a pu en profiter pendant des années soit dans mes pattes ! » Puisque visiblement l'une a décidé de jouer la carte de l'apaisement et l'autre, de l'hypocrisie, il faut bien que l'australienne pose celle de l'honnêteté sur la table. « Et au cas où j'ai pas besoin d'une soeur, m'man ! Mais d'une mère ! » La sienne. Celle qu'elle n'a pas vu pendant des années et qui lui refuse la moitié de son affection au profit d'une étrangère.

Bonne ambiance, quoi !

La réponse d’Isalin rassure la maman. Elle est fière de la jeune femme qu’est devenue sa fille de cœur. Mature, mesurée, apte à prendre un peu de recul, accueillante.

Mais alors que Lara se tourne vers Zelda, son cœur se serre douloureusement. Les mots de sa fille sont durs, agressifs même. Honnêtes toutefois sur son ressenti. La blonde reste pourtant déçue par cette réaction, en est profondément blessée aussi. Zelda est… immature. Jalouse. Possessive. Effrontée et insolente.

- Zelda ! Tu n’as pas à t’en prendre à Isalin comme ça. Il y a une façon de parler au gens tout en les respectant. Ensuite, ce n’est pas une possibilité, je vais te rejoindre. Lorsque nous en avons parlé avec Isalin, je n’avais pas encore pu m’entretenir avec le conseil. Je parlais au passé. Elle n’avait pas cru devoir s’expliquer ainsi, visiblement Zelda comprenait les choses comme elle le voulait bien. Je suis extrêmement déçue par ton comportement.

Douloureusement déçue.

- Isalin, je ne te retiens pas. Je ne souhaite pas qu’on s’en prenne à toi et que tu te forces à subir tout ça par politesse ma chérie. Visiblement, ma fille a été très claire - avec son manque de respect incroyable – sur son ressenti. Je ne forcerai pas les choses.

Le ton était dur, ferme aussi. Lara n’a jamais eu peur d’appeler un chat, un chat.

- Zelda, nous allons avoir une petite discussion toutes les deux et revoir tes notions du respect.

Autant envers sa mère qu’envers quiconque. Qu’elle doute de sa place dans le cœur de sa mère était une réelle torture pour cette dernière. Une insulte même. Sept ans durant, sept années à ne pas en finir avec une balle dans la tête, à supporter les atrocités du monde dans l’espoir de la retrouver. Prête à quitter cet endroit simplement pour vivre avec son trésor, prête à tout.

Et sa fille qui la piquait. Qui jouait à la plus fine, la plus futée. Lara ne tolérerait rien de cela. Absolument rien. Le respect a toujours été primordial pour la maman et Zelda est aux faits, l’a toujours été. Apocalypse du monde moderne ou non. Comment l’éduquent-ils à Fort Ward ?!

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- Oh…

Ce que lui crache Zelda, c’est une claque. Non pas parce que c’est étonnant, l’islandaise est quand même capable de se rendre compte que le courant ne passe pas, mais parce que c’est cruellement direct. Sa cadette ne cherche pas l’honnêteté, elle cherche à lui faire mal – surtout. Le pire ? C’est que c’est réussi. Isalín se sent comme une intruse, qui s’impose dans une famille avec ses gros sabots. Elle se sent un peu idiote aussi : à quel moment elle a pu croire que c’était normal de débouler avec l’étiquette « fille de cœur » sur le front, et s’attendre à ce qu’elle soit bien acceptée ?

Elle baisse les yeux, ses doigts jouent nerveusement dans ses cheveux, son cœur tambourine dans sa poitrine et se fêle un peu plus à chaque pulsation. Les mots se sont asséchés dans sa gorge, elle ne voit même pas quoi répondre à Zelda, parce que ça lui semblerait déplacé. Elle a envie de s’enfuir et heureusement : Lara lui offre cette possibilité. Même si au final, la proposition la met aussi dans l’inconfort.

- Non, c’est pas… enfin…

Dire que ce n’est pas grave, ce serait un mensonge. Isalín marque un temps d’arrêt, puis elle se lève en fixant le vide. Elle se ronge l’intérieur des lèvres, cherchant comment articuler ce qu’elle a sur le cœur avant de les soulager de sa présence.

- J’ai jamais cherché à t’piquer ta mère…, d’ailleurs, elle voue à Lara une affection maternelle et inconditionnelle, mais elle ne l’a jamais appelée « maman », je… elle a été là pour moi au bon moment, et alors ça nous a juste…, ses prunelles de jade vont de l’une à l’autre, puis elle lâche, je suis désolée…

Pas pour les mêmes raisons, mais le résultat est le même. Lara n’a pas à vivre ça, ça doit être horrible pour elle. L’islandaise ramasse donc son cœur gros et son sac-à-dos, puis elle tourne les talons pour quitter la caravane. Une volée de larmes roulent en silence sur ses joues constellées de son, mais elle la course qui l’amène auprès de Kaya les assèche vite. Elle a besoin de sa meilleure amie là… et de dire du mal de Zelda : ça ne lui ferait pas mal, mais qu’est-ce que ça soulagera !