The Walking Dead RPG

L’heure est grave. Les aveux sont difficiles. Se rendre compte que ce que j’ai ne me suffit pas fait mal. Dire à Farah que j’ai beau essayé, elle ne me suffit pas non plus, c’est terrible. Je ne veux pas la blesser. Jamais. Et pourtant, je le fais, que ce soit par ma façon de fuir mes problèmes, de me comporter ou même de lui avouer ce que j’ai sur le cœur. Et pourtant, elle ne faillit pas, à aucun moment. Elle encaisse et ne bronche pas… Et je me demande encore ce que j’ai fait pour mériter cette patience avec moi… Cet amour que je lui rends bien mal. Pourtant elle comprend. Chaque parole proférée est une vérité, la preuve qu’elle me comprend. Qu’elle adhère ou non, n’est pas la question. Définitivement, penser Farah froide est une grave erreur. Elle sait faire preuve d’empathie, avec les personnes qui comptent réellement pour elle. Je hoche la tête quand elle me souffle qu’il existe d’autres solutions. C’est vrai. Mais encore faut-il les accepter et pour le moment… Oui, j’ai un problème, mais c’est plutôt normal après tout ça, non ? Je ne suis pas le seul et le temps finira par faire son œuvre, comme pour le reste… Ou pas.

Mon regard croise celui de Farah alors que sa douceur effrite complètement mes murailles. Je suis vraiment désolé de lui avouer qu’elle ne suffit pas. Terriblement. Et cela m’effraie également. De ne pas trouver l’expiation dans leur amour, le pardon dans leur tendresse. C’est vraiment terrifiant. J’ai un sourire désabusé face à sa détermination. « Je ne te mérite pas tu sais… » Je ne mérite aucun d’entre eux, alors qu’ils se battent tous désespérément pour me sortir la tête de l’eau. Alors je l’embrasse encore, avec frénésie, comme si elle était nécessaire à ma survie. Et c’est peut-être le cas. Je sais bien que ce n’est pas ce qu’elle veut de moi, pas dans ces conditions et je fais attention de ne pas me montrer brutal, alors que le me rend compte que cela ne m’a pas effleuré l’esprit lors de nos précédentes étreintes, alors que j’ai possiblement pu la heurter en ne maîtrisant pas ma force. Elle est si menue après tout… Et à force de chercher la paix en elle, frénétiquement… Je me suis excusé et je sais qu’elle a accepté ces excuses comme elle sait que je n’y ai pas pris garde… j’ai été égoïste, empêtré dans mes propres problèmes, sans prêter l’oreille à ceux qui m’entourent. « J’aurais aimé éviter de t’infliger ça… Je sais que si je continue ainsi, je finirais par te perdre… Non… j’ai peur que si je continue ainsi, je te perde… » Quand sa patience sera épuisée. Quand elle se sera esquintée à tirer hors de l’eau quelqu’un qui ne veut pas être aidé. C’est le pire. Je le sais. Mais pour l’heure, je n’y peux pas grand-chose. « Je te demande encore un peu de patience… S’il te plait. Encore du temps. J’ai besoin d’y voir clair, de faire le tri dans tout ça… Pour le moment, c’est un chaos de contradictions. Je sais juste que je ne veux pas devenir un tueur sans états d’âme, juste parce que la survie le demande… Et en même temps, je dois accepter de me salir les mains pour protéger les miens... »

J'ai un sourire délicat. « Pourquoi donc ?  Je ne suis pas meilleure que les autres. » Et là, dans l'instant j'avais l'impression d'être un bourreau qui amène sa victime a l’échafaud. C'était grossir le trait mais c'était une bonne image quelque part. Mais je devais le faire, pour lui ouvrir les yeux, même si ce qu'il me disait me faisait aussi mal qu'un enfer qui vous ronge. Savoir que je ne pouvais rien pour lui me déchirait le cœur mais comme je le lui avais affirmer, si moi, je ne le pouvais pas, je trouverais quelqu'un qui le pourra.

Je sens son étreinte se resserrer autour de moi tandis qu'il cherche ma bouche, plongeant dans sa douceur alors que je ferme les yeux. Il m'embrasse comme un affamé mais en même temps, je peux sentir sa retenue, preuve si il en fallait une qu'il a prêté attention a mes paroles. Je peux lui pardonner beaucoup de chose mais pas qu'il se laisse lui même tomber. Ca je ne pourrais pas l'accepter. Quand il me libère, je me retiens de m’accrocher a son cou pour qu'il ne cesse pas, mais je sais aussi que c'est déraisonnable pour le moment. Notre conversation n'est pas finie, loin de là...Malgré tout, je garde ses doigts emmêlés aux miens, je crois que j'ai besoin de le toucher. Je n'en laisse rien paraître, mais je me sens impuissante, inutile et un peu perdue je l'avoue, mais croire que l'amour était le remède a tout était un beau rêve irréaliste. Il fallait que je l'accepte, c'était tout et j'étais sans doute la plus terre à terre du monde. « Tu ne me perdra pas aussi facilement. Mais une lente descente aux enfers nous épuisera, toi et moi, je ne veux pas que ça arrive. » Je refusais d'en arriver là...Mais pour ça, il fallait qu'il se réveille avant qu'il ne soit trop tard.

Je n'attendais pas réellement de réponse maintenant, qu'il me demande du temps n'était pas surprenant, du moment qu'il pouvait considérer la chose. Réellement la considérer et ne pas faire ça pour me faire plaisir, pour se débarrasser du problème. « Je peux te donner du temps, Tom. Mais ne te cache plus, c'est tout ce que je te demande. » Accepter de tuer quelqu'un était difficile. Moi j'avais eu la colère, la rage et la haine pour me soutenir, pour, en quelque sorte, me pardonner mon crime, ça m'avait permis de m'équilibrer. Mais Tom n'était pas moi, aussi fort soit il, il conservait un respect immense pour la vie, peut importe laquelle. Pour lui, tuer allait a l'encontre de ce qu'il avait toujours fait. Je levai sa main a ma bouche, y déposant un baiser. « Ne sois pas ton propre juge ni ton bourreau,  laisse faire le temps, fais juste attention a ne pas te perdre toi même. Je te laisserais du temps mais je saurais te rappeler a l'ordre au besoin. »

« Tu es là et patiente. » Et c’est bien suffisant pour moi dans ce contexte. Passé l’envie de me cacher aux yeux des autres, je réalise qu’il leur faut aussi bien du courage et des ressources pour tendre une main quand je ne fais que la repousser. Apprendre que je puisse heurter la femme que j’aime sans même m’en apercevoir, trop tourné vers mes propres tourments est un électrochoc violent, alors que les choses s’illuminent sous un nouvel éclairage. Ce n’est pas du tout agréable, mais c’est nécessaire. Et je préfère mille fois que Farah m’en parle, que de ressasser dans son coin en me laissant me bercer d’illusions, avant de claquer la porte sans que je ne vois rien venir. Avec elle, pas de mauvaise surprise. Et je lui en suis vraiment reconnaissant. Je sais que lui avouer qu’elle ne peut pas m’aider est violent pour elle, mais j’ai quand même besoin d’elle, de son soutien, de sa bienveillance. De son amour, tout simplement, alors que je l’étreins longuement et l’embrasse.

Je lui expose ma peur la concernant. Elle me rassure, alors qu’elle affirme qu’elle ne partira pas comme ça, mais qu’en effet, mon comportement pourrait nous user tous les deux. Pour autant, je ne me sens pas encore prêt. Et je doute de redevenir celui d’avant. Pas après ça. Mais changer est-il forcément mauvais ? Tout dépend de ce que je décide de faire avec ce lourd bagage, je suppose… Mais mes proches ne me laisseront pas emprunter la mauvaise voie. Je hoche la tête à sa demande, comme une promesse silencieuse. Je lui expose mes contradictions, alors que je dois trouver l’équilibre dans cette balance fragile. Mais je ne suis pas le premier, ni le dernier, à devoir faire ce genre de choix et à devoir vivre avec…

Ma main se trouve portée à ses lèvres tandis qu’elle tempère. Qu’elle rassure. J’esquisse un léger sourire, avant de baiser ses lèvres de nouveau. « Je sais. » Il n’y a rien de plus à dire. « Si on retournait se coucher ? Il reste encore un peu de temps… » Pas forcément pour quelques ébats matinaux, mais juste le réconfort de sa présence et le plaisir de la serrer dans mes bras, réelle et bien vivante dans ce monde en perdition, ou rien n’est plus sûr.