Il faut parfois savoir redoubler d'ingéniosité lorsque l'on souhaite mener une sorte de double vie. Heureusement pour moi, mon passé m'a permis d'observer des personnes dont cela semblait être le principal loisir. Après tout, le trésorier du gang dont je m'étais rapprochée pour le bien de ma famille n'était autre que le maire de la ville. J'ai toujours trouvé ce jeu d'apparences particulièrement intéressant. Je ne suis donc en rien surprise d'avoir trouvé un moyen d'y participer moi-même.
Il est clair que les dernières échauffourées n'ont en rien aidé à faciliter mes déplacements en dehors de la Zone Blanche. Pourtant, je trouve toujours un moyen de partir de la maison en prétextant un quelconque achat ou besoin d'air frais. Cela me permet de disparaître plusieurs heures, les occupant en apparaissant en temps que Gabriella.
C'est ainsi que j'ai pu une nouvelle fois me rendre au Parlour. M'assurant de n'être suivie par personne, j'ai rejoint le bar clandestin dans le plus grand secret. Je n'y étais pas particulièrement attendue mais j'ai bon espoir d'y trouver quelqu'un d'autre que les gérants. A vrai dire, j'ai bien l'intention de parler de ce qui s'est passé. Ces explosions, cette manifestation. A croire qu'ils n'ont rien retenu de ce qu'il s'était passé il y a de cela quelques années. Bien que certains participants n'aient certainement pas été là à cette période, d'autres l'étaient. Et auraient certainement dû en tirer des conclusions.
Remontant mes fausses lunettes sur mon nez, mon regard balaie la pièce que je viens de rejoindre à la recherche d'une femme en particulier. Ce n'est que lorsque je finis par la repérer un peu plus loin que je décide de m'avancer vers elle. Bien qu'elle sache qui je suis, je préfère conserver mon déguisement au cas où quelqu'un d'autre viendrait dans cet endroit. Elliot, dis-je alors sans modérer mon accent hispanique.
Je crois qu'il faut que l'on parle. Mon ton n'est pas fait de reproches, il s'agit simplement d'une évidence. Les derniers événements nous concernent tous. D'autant que pour ce qui est de ces bombes qui ont été utilisées, j'ai bien conscience que cela a été réalisé grâce à ce que j'avais pu leur apprendre. Ce qui veut dire qu'ils n'étaient pas prêts.
J’ai le coeur un peu lourd aujourd’hui. Le dernier événement pèse lourd sur ma conscience et en plus je n’ai toujours aucune nouvelle d’Arthur. J’essaie de m’occuper comme je peux, faisant le tri dans notre salle de stockage, nettoyant la chambre et la clinique. Pourtant… l’explosion, mon meurtre, la manifestation, Cooper, les civils morts, Arthur… tout tourne et retourne sans cesse dans mon esprit.
Je suis installée à une banquette, à ruminer dans mon coin les yeux perdus dans mon verre de cidre. Probablement le dernier pour un petit moment le temps que la production soit relancée. Entre Ray qui ne souhaite plus se mouiller – et c’est compréhensible – puis Arthur que je ne suis pas certaine de revoir…
Je pose mon coude sur la table et enfouis mon visage dans ma main. Quelle… merde. J’entends des pas à côté de moi et une voix qui s’adresse à moi. Relevant le regard, je tombe nez à nez avec Elandra. C’est la seule qui parle avec cet accent prononcé, du moins quand il y a des oreilles autour de nous.
- Gabriella. Bien sûr, asseyez-vous. Pas que j’ai l’impression d’en avoir le choix de toute façon.
Je devine sans mal qu’elle va vouloir parler de ce qui s’est passé et je ne suis pas d’humeur à ce que l’on me prenne de haut ou que l’on me fasse des reproches. J’ai assez gouté dernièrement.
- Que puis-je pour vous ? Simple politesse que voilà.
Je porte mon verre à mes lèvres et en prends finalement la première gorgée. Je me redresse un peu sur la banquette tout de même aussi, histoire de mieux me présenter. Je me demande comment elle a vécu les choses ces dernières semaines. Elle a été assez malade de ce que j’ai pu apprendre. J’aurais cru qu’on l’aurait soigné à domicile, que peut-être elle aurait même eu son médecin privé, mais… apparemment quelques épouses étaient à la clinique avec la … populace. Ça n’a pas dû lui plaire, connaissant la bête devant moi, mais je n’ai aucune empathie. Pas que j’ai de l’Antipathie pour autant. Juste… ça m’indiffère actuellement.
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Sujet: Re: Blackest Rose Lun 1 Nov 2021 - 21:55
Prenant place sur la banquette en face de la blonde que je suis venue voir, je laisse mon regard parcourir la pièce pendant quelques instants malgré tout. Si la jeune femme connaît ma véritable identité, il n'en est pas de même pour tout le monde ici. Je ne peux donc pas me permettre de me dévoiler, au risque de m'attirer des ennuis considérables.
Alors que j'allais prendre la parole, une quinte de toux me prend et me force à tourner la tête pour enfouir mon visage dans le creux de mon coude. Quelques injures en espagnol s'échappent d'entre mes lèvres alors qu'une grimace passe de manière éphémère sur mes traits. La maladie a laissé sa marque sur moi, à n'en pas douter.
C'est tout naturellement que je parviens à retrouver un langage plus familier, plus commun, lorsque j'entre dans le rôle de Gabriella. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle est celle que j'étais il y a de cela quelques années. Celle que j'aurais pu devenir si je n'avais pas dû faire les choix qui m'ont été imposés depuis mon plus jeune âge pour mon bien et celui de ma famille. Je venais voir comment vous alliez. Après ce qui s'est passé...
Une œillade rapide en direction de la pièce, puis je poursuis. J'ai entendu parler de ces explosions... Nous n'avions pas encore eu le temps de peaufiner les détails à ce sujet. Vous auriez dû attendre... Il n'y a même pas de reproches dans ma voix. Presque une véritable inquiétude. Après tout, en agissant sans réfléchir, ils mettent également en péril mes propres projets. Indirectement, nous sommes liés les uns aux autres par des ambitions différentes mais convergeant dans une même direction.
Venant jouer du bout des doigts avec une mèche de ma perruque, je remonte de l'autre main mes lunettes factices qui ne font rien d'autre que glisser sur mon nez. J'ai horreur de ça. Et cette manifestation... C'était beaucoup trop dangereux... Vous auriez tous pu y perdre la vie. L'évidence même que de souligner une telle chose. Je n'en reviens toujours pas qu'ils aient pris de tels risques alors que l'histoire de cette ville avait déjà prouvé que cela ne mènerait à rien.
Elle s’installe en face de moi sur la banquette et j’attends de voir ce qu’elle souhaite me dire, de quoi elle souhaite s’entretenir avec moi.
- Certains mieux que d’autres. Je suis dans cette catégorie des « autres » qui ne vont pas.
Si l’on met bien sûr cette histoire avec Arthur de côté, l’explosion que nous avons causée me hante toujours, spécialement le meurtre que j’ai dû commettre pour y parvenir. Je ne saurai jamais si cet homme, si on lui avait laissé le choix, aurait pu comprendre notre cause. S’il avait su ce qui l’attendait, s’il ne m’avait pas attaqué. Si j’avais pu épargner sa vie. J’ai du sang sur les mains et personnes avec qui en parler. J’ai l’impression d’être coincée dans un étau qui se referme doucement, mais fermement. Je manque d’air et la situation avec celui que j’aime n’a fait qu’empirer les choses.
Évidement Elandra donne son opinion sur les bombes. Je serre un peu les dents. Si nous avions cru à une bonne idée, cela n’a pas changé les choses telles que nous l’espérions. Plus encore, un mauvais dosage nous a empêchés de bien confiner cette explosion, causant plus de dégât et de blessures encore que ce que nous avions prévu…
- Effectivement, nous aurions dû attendre. Ça me coûte de lui accorder ce point, ma fierté mise à mal, mais elle a raison. Il nous faut mieux nous préparer, mieux viser la prochaine fois.
Toutefois, concernant la manifestation je ne peux faire autrement que de froncer les sourcils.
- Ça n’est pas de nous toutefois. Au meilleur de ma connaissance. Ce sont simplement les habitants de la ville qui en ont eu assez. Et ils ont payé le prix fort. Tous ces meurtres… Comment ces soldats arrivent-ils à dormir la nuit ? Sachant qu’ils ont abattu tous ces gens innocents ?! Je suis sans doute trop émotive. Je suppose qu’il y a un moyen pour nous de tirer notre épingle du jeu vu les événements.
Surement que quelqu’un dans une meilleure forme mentale que moi trouvera rapidement. Neela et Elandra par exemple. Toutes deux me semblent avoir plus d’expérience de vie, plus de recule que moi. Je ne suis qu’une enfant dans ce monde, encore… Ça me pèse.
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Sujet: Re: Blackest Rose Lun 8 Nov 2021 - 19:46
Je ne peux que constater que le regard de Elliot semble voilé par une sorte de mal-être que je ne saurais pourtant définir. Est-ce en raison de ma présence, ou y a-t-il quelque chose de plus profond causant une telle chose ? Non pas que je m'intéresse réellement au vécu de cette jeune femme, mais il est clair que cela influencera le déroulé de notre conversation.
Venant croiser mes jambes sous la table, je m'installe plus confortablement sur la banquette en y appuyant mon dos. Redresser mon buste me permet de respirer un peu plus convenablement, chose non négligeable après cette rémission récente de la maladie qui a frappé la ville.
Un petit soupir s'échappe d'entre mes lèvres avant que je ne vienne glisser mes doigts dans les mèches de ma perruque. Je ne peux me défaire de ce réflexe que j'ai en temps normal. Je veux bien croire que la manifestation n'est pas venue de nulle part, mais cela n'excuse en rien les agissements de ceux qui y ont participé. Si la blonde en face de moi ne cache pas son ressentiment envers les agents de la milice et les soldats, je ne peux totalement être en accord avec ses mots. Il est vrai que ces personnes ne méritaient pas la mort, mais ils savaient à quoi ils s'exposaient dans de telles conditions.
Ils n'ont malheureusement fait qu'obéir aux ordres. Si vous saviez combien de fois j'ai pu voir des innocents payer pour avoir donné leur avis là d'où je viens. Ou pire, simplement pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Il s'agit malheureusement là d'une vérité que je ne déforme en rien. Des familles entières exécutées parce qu'un seul de leurs membres avait des dettes envers le cartel. Des bâtiments incendiés pour faire disparaître des preuves, peu importe le nombre d'habitants qui se trouvaient là. Ce genre de choses.
Délicatement, je viens poser ma main sur celle d'Elliot, dans un geste protecteur. Après tout, ici je dois être vue comme une simple résistante comme les autres. Nous devons jouer le jeu toutes les deux, peu importe si elle me hait puisqu'elle connaît ma véritable identité. Je n'ai malheureusement pu me fier qu'aux échos que j'ai eu concernant cette manifestation. J'étais... occupée ailleurs. A me battre contre une maladie qui aurait pu me coûter la vie, rien que cela. Mais vous devez vous rendre compte que ce que nous tentons de faire ici risque d'ôter la vie à de nombreux innocents... Aucune révolution ne peut être faite de manière pacifique. L'histoire en est un parfait témoin.
Je ne peux pas être aussi hypocrite. J’ai fait exactement la même chose et j’ai tué un homme peut-être innocent afin de poser une bombe en espérant secouer la fondation dictatoriale de cette ville. J’ai mal à mon âme.
Ce que me raconte Elandra, me permet étrangement de relativiser, même si ma colère gronde toujours en moi. Les choses sont moins graves qu’ailleurs, cela n’excuse en rien les meurtres, la misogynie, a torture et la dictature, mais au moins des familles entières ne sont pas abattues pour les « crime » d’un seul membre de celle-ci. Forcément, je pense à la Corée du Nord comme meilleur exemple de ce régime atroce, mais il y a sans doute bien d’autres endroits dans le monde où ça s’est produit. Où ça se produit encore.
- L’Homme est laid. Un loup pour lui-même. Que je souffle, complètement dépité.
Elle a cependant raison. Je ne peux haïr les soldats qui obéissent, du moins, mon focus devrait plutôt être presque entièrement au niveau de ceux qui leur ordonnent de telles atrocités. Elle pose une main sur la mienne dans un geste que je sens faux. Ou alors, je ne suis simplement pas à l’aise avec ce contact.
- Oui, je crois que je suis simplement secouée. Je n’ai, jamais été confrontée à tout ça. Ma fierté en prend un énième coup que de l’avouer. J’ai plus souvent fui les morts et les vivants que je n’en ai tué. De voir autant de gens périr. De devoir moi-même… Je n’arrive pas à terminer ma phrase.
Je déglutis péniblement avant de retirer ma main de sous la sienne et de prendre une gorgée de mon verre.
- Nous devons mieux nous organiser. Ça, c’est un fait, un besoin impératif. Mieux communiquer aussi. J’ai quelques idées. Vous en avez peut-être également Gabriella ? Elle me semble avoir… une certaine expérience, un certain vécu. Pas simplement une Épouse surprotégée.
J’ai beau ne pas apprécier certains de ses comportements ou certaines de ses motivations, elle a son utilité, ses connaissances, son vécu. Je… je veux apprendre à être plus forte comme elle elle semble l’être. Comme Neela l’est aussi.
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Sujet: Re: Blackest Rose Ven 12 Nov 2021 - 18:47
L'Homme a toujours été ainsi. L'histoire n'est qu'un perpétuel recommencement, dis-je d'un air las. Il est vrai qu'il est nécessaire de tirer un enseignement du passé. Car il regorge d'informations qui pourraient nous permettre de mieux appréhender notre futur.
Quoi qu'il en soit, je me contente de prêter une oreille attentive aux mots d'Elliot. Cette jeune femme semble en proie à des pensées bien sombres. Je ne suis malheureusement pas en position de pouvoir la rassurer. Elle sait qui je suis, et il n'est pas difficile de se rendre compte qu'elle ne me porte pas dans son cœur. Il semblerait que cela soit une généralité d'ailleurs, en dehors de la Zone Blanche. Comme si mon statut me rendait haïssable par principe. Et bien, qu'il en soit ainsi. Je ne suis, après tout, pas venue ici pour me faire des amis. A quoi bon ? On ne peut compter que sur soi-même de toute manière.
Le fait que la blonde retire bien vite sa main de sous la mienne ne fait que confirmer mon ressenti. Un léger soupir, à peine perceptible, s'échappe d'entre mes lèvres alors que je laisse mon regard balayer la pièce un instant. Rien de ce que je pourrais dire ne parviendrait à l'aider. Il est nécessaire qu'elle apprenne seule à composer avec ses propres démons. Ce n'est que de cette manière qu'il est possible de grandir, d'avoir la force d'affronter la vie.
J'imagine que les décisions doivent être mûrement réfléchies avant d'être mises à exécution. La communication est évidemment d'une importance capitale... Haussant les épaules, je pose à nouveau mon regard sur ma vis-à-vis. J'imagine que ma position de consultante, d'informatrice, ne doit pas donner un poids particulier à mes mots ou mes avis. Corrigez-moi si je me trompe mais... Vous ne m'aimez pas. Ni vous, ni votre amie indienne. Alors, souhaitez-vous réellement entendre mes opinions et mes conseils ? Je ne la quitte pas des yeux, soutenant son regard sans broncher. J'attends une réponse, et je compte bien analyser si elle me ment ou non.