Oui, oui, bien sûr, se presse-t-elle avec une petite moue contrariée. Il faudra un encart pour rappeler qu'il faut impérativement rester chez soi. Et un autre pour expliquer les raisons, si nous voulons endiguer l'épidémie après tout, il faut prendre des mesures de sécurité. Elle pince les lèvres, venant annoter quelques mots sur son carnet avant de le tendre à chacun des hommes : Pourquoi pas rappeler que sortir sans un masque met en danger tout le monde ? Demande-t-elle pour avoir l'avis de ces personnes ô combien éclairés par le super pouvoir du pénis magique qui offre l'intelligence, le pouvoir et tant d'avantages dans cette société patriarcale ! Et que le général McCoy s'organise pour faire parvenir des vivres le plus rapidement possible ?

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Bon, ce n'est pas que je n'aimerais pas continuer à fouiller tous les meubles et documents qui me passent sous la main, mais j'ai un planning à remplir. Passant la tête par l'entrée du bureau, je constate que plus personne n'est dans le coin. Je remercie intérieurement Neela et ses compétences d'affabulatrice notoire, avant de me diriger lentement vers les escaliers. Grace ne m'a toujours pas donné le signal, et je commence à m'inquiéter. Peut-être devrais-je la rejoindre avant que quelqu'un ne nous capte toutes les trois.

Entamant une descente prudente, je m'arrête toutefois, mes iris percevant quelques machines qui continuent de fonctionner à plein pot. En fronçant les sourcils, je me tâte à continuer ma route, avant de finalement m'en détourner. Je sais qu'on veut essayer de faire exploser l'imprimerie mais... si l'explosion n'est pas aussi forte que prévue ou si ça ne marche pas, autant ne pas être venue ici pour rien non ?  

A pas de loups, je me dresse au-devant des appareils. Avisant les écrans et touches permettant de planifier les actions souhaitées, j'ai tôt fait de modifier quelques paramètres. Je tenterai bien de bousiller physiquement les machines, mais de un, je n'ai pas le temps, de deux, ce n'est pas discret, et de trois... je ne suis pas totalement conne. En dépit des délires de l'Adonaï et sa clique, la femme frêle que je suis sais encore utiliser ses doigts, et pas seulement pour tenir un balai ou autre chose de peu ragoûtant. Incroyable, hein ? Alors, le plus discrètement possible, je m'adonne à un sabotage en règle un peu trop jouissif des quelques machines qui traversent ma route.

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Les effets des vapeurs ne se font pas attendre, et rapidement – trop, peut-être – Grace ressent un premier vertige. S’appuyant contre un mur le temps de reprendre son souffle et de laisser passer le malaise, la jeune femme glisse au sol. Il lui semble se souvenir que ce genre d’émanations ont tendance à s’élever et à s’accumuler contre le plafond, laissant un air plus respirable au sol.

Vrai ou faux, le vertige passe néanmoins, et elle se redresse, décidant d’ouvrir une fenêtre pour évacuer au moins un peu les vapeurs. Cela ne devrait pas trop compromettre ses plans, mais surtout, cela lui permettra de respirer plus convenablement. Sans oublier son objectif, Grace se remet au travail, consciente d’avoir perdu un peu de temps à cause de sa bêtise.

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Oh bon sang. Maintenir le sourire de circonstances est plus difficile qu'il n'y parait. Elle inspire profondément, tâchant de ne pas leur envoyer la chaise sur laquelle elle est assise en plein dans la figure. Elle va jouer l'idiote, voilà qui donnera le change et les confortera dans cette position prétendument avantageuse. Ils restent des personnes méprisables.

Les habitants de Walla Walla se sentent égaré, avec ce qu'il se passe à la clinique, le manque d'informations transmises, ou certains de leurs proches dans le bidonville partis se sacrifier pour aider à contrôler la horde qui semble s'être créé là-bas, explique-t-elle avec douceur : Je suis moi-même dans cette configuration, avec la crainte de perdre mon fiancé parti courageusement soutenir les Trônes, ou certains de mes amis dans cette situation déjà accablante, rappelle-t-elle.

Ses yeux bifurquent vers celui qui semble avoir envie de se payer une tranche d'elle. Elle a des images de violence, à son encontre, qui lui passe en tête, et ça lui permet de se détendre légèrement.

New Eden a besoin de se raccrocher à des symboles, et de voir qu'on est capables de penser à elle en ces temps troublés. Chaque troupeau a besoin de son berger, non ? Suggère-t-elle. Vous êtes là pour amplifier une voix que certains peinent à entendre dans cette cacophonie, c'est un rôle primordial, une responsabilité assommante qui vous incombe mais sans vous, nous n'y arriverons pas, souffle-t-elle.

Elle a quand même furieusement envie de les satelliser, les trois débiles. Et ça n'était pas l'envie qui lui manquait de se laver la bouche à la javel après avoir débité autant de bêtises.

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Redoublant d’efforts, Grace accélère un peu le mouvement, n’hésitant pas à déplacer les meubles pour accéder plus facilement à certaines fissures dans les murs. Ces lignes de faille, que la direction du journal n’aura pas pris le soin de réparer à temps, causeront sa perte, et elle en tire un plaisir presque sadique. Rapidement, il ne lui reste bientôt plus qu’un tiers de la charge explosive avec laquelle elle est arrivée. Encore un effort, et elle aura tout placé. Ne restera plus qu’à prévenir Hoani, pour qu’elle actionne l’alarme incendie, avant de sortir discrètement du bâtiment. Et ensuite… boom !

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Méfait accompli. Me frottant les mains, je ne perds pas plus de temps avec les machines. Je reprends donc le chemin du sous-sol, allant vers les escaliers. Je commence à emprunter ceux-ci, ne remarquant aucune ombre au tableau, quand des éclats de voix se font entendre depuis l'entrée. Grimaçant, et priant pour que personne n'ait la vision de mes traits déformés lorsque je me concentre trop sur ma tâche, j'enchaîne les marches une par une, à une lenteur un tantinet affligeante.

Quand une voix masculine résonne un peu plus fort à mes oreilles, je me paralyse, avant de reconnaître une silhouette se former au sol, à quelques centimètres des escaliers. Remontant ceux-ci en vitesse, je manque de louper une marche, et me rattrape à une machine par réflexe. Les secondes qui suivent sont tout bonnement horribles. Mes yeux s'écarquillent quand je réalise que le plat de ma main s'abattant sur la machine a percé un PLOUM légèrement retentissant, et je reste quelques instants arc-boutée, me giflant violemment pour cet automatisme qui pourrait tout faire foirer. Oh putain. Bordel, de tous les échecs possibles, il fallait que ce soit une telle connerie qui me tombe sur le coin de la gueule, évidemment.

Recouvrant mes esprits, je me dépêche toutefois de revenir à ma position initiale. Je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour que Neela secoue sa baguette magique et continue de garder les employés présents vers elle. Dans le cas contraire, j'imagine que j'aurais bientôt de la visite au premier étage. Et à cette pensée, ma prise se referme sur le coupe-papier glissé à ma ceinture, de vieilles habitudes reprenant le dessus. Dommage collatéral ou pas, s'il faut défendre ma vie, je n'hésiterai pas.

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