J'avais encore le coeur qui battait à toute allure, le souffle brulant et désireux de remettre le couvert, de prendre ce qu'on m'offrait délibérément. Mon corps voulait retourner à l'assaut du sien et réclamait de découvrir chaque partie d'elle. La japonaise m'avait au creux de ses doigts et j'étais facilement à ses pieds si elle le désirait mais je ne pouvais pas. La raison cognait contre mes tempes, tentant des placages pour me faire prendre des décisions plus justes, plus honnêtes, plus loyales vis à vis de Tori et je ne parvenais que difficilement à me laisser convaincre qu'il s'agissait de la bonne chose à faire. Lentement, je passais ma main dans mes cheveux et la glissait sur mon visage pour en effacer les doutes. C'était clair, je ne pouvais pas me laisser aller à être une bête immonde en lui volant ces précieuses tendresses sans qu'elle soit vraiment consentante. Mon regard glissa vers elle lorsqu'elle me posa la question et en un éclair je sentis mon coeur se serrer. J'avais envie de la serrer dans mes bras, de la rassurer mais je n'osais pas bouger, de peur qu'elle revienne réclamer ce que je lui avais silencieusement promis. Si elle revenait sur ce chemin, il n'était pas certain que je me comporte correctement...
Je regardais alors la femme, s'habiller et je me rhabillais à mon tour, honteux de ne pas l'avoir empêché avant de me donner envie. Les chaises s'écartèrent et je la vis glisser sous la table, comme à chaque fois que ça n'allait pas. J'avais compris que c'était son moyen de défense contre le monde et là, c'était contre moi... Je me sentais merdique, plus encore que lorsque j'avais commis des choses répréhensibles. Je pinçais les lèvres, serrais les dents alors qu'un de mes poings se contractait si fort que mes ongles s'enfoncèrent dans ma paume jusqu'à me faire mal. J'étais vraiment con. Je me disais que j'aurais dû être plus doux, moins sec, plus gentil avec la jeune femme qui s'enfermait dans sa carapace. Pour me donner du courage, j'expirais profondément, longuement et je m'approchais, à quatre pattes jusqu'à la cachette de ma protégée pour finalement m'asseoir en face d'elle. Délicatement, ma main glissa jusqu'à son mollet pour l'effleurer et la forcer à me donner son attention. "
Hey..." que je commençais sans trop savoir quoi dire ensuite. J'avais pas l'habitude de faire ça, pas alors que je commençais à peine a retenir mes pulsions qui demandaient constamment a être assouvies. "
C'est pas toi, le problème." lançais-je assez rapidement pour que la nippone ne se mette pas à douter d'elle. D'un geste souple, je me rapprochais d'elle pour qu'elle puisse constater que je disais la vérité.
Ouais, ce n'était pas elle, le problème mais moi et je l'avais mise en garde le soir où nous nous étions disputés. C'était aussi pour ça que j'avais eu besoin d'Alba et de ses consoeurs. Pour ça que j'avais besoin de litres d'alcool. Pour ça que je ne pouvais rien lui faire, à la petite brune. Encore une fois, je m'approchais et j'hésitais quelques secondes pour finalement l'enlacer et la maintenir fortement contre moi. Mon menton vint se poser sur le haut de son crâne et mes doigts caressaient ses bras tendrement. "
Je veux pas te faire de mal et je veux pas trahir ta confiance, Tori. T'es pas dans ton état normal alors on peut pas. Tu comprends ?" que j'annonçais avec le plus de douceur possible. J'inspirais lentement l'odeur de ses cheveux et je fermais les yeux pour en profiter. De toute façon, je ne méritais pas sa douceur et son innocence, tout cela, j'y avais eu droit qu'à cause de son état second, sans quoi, nous serions au lit, à dormir, comme à chaque fois et peut être que c'était mieux ainsi. Aussi délicat que possible, je venais embrasser sa tempe tout en continuant de la bercer. "
Je tiens à toi, je pourrai pas supporter que tu sois triste ou en danger ou quoique ce soit d'autres..." que je murmurais à son oreille alors qu'on se balançait légèrement de droite à gauche.