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Il me faudrait une relation durable, avec quelqu'un qui puisse supporter mes travers, mes défauts, mon sale caractère." que je laissais échapper comme s'il s'agissait d'une évidence, une évidence qu'une telle personne ne pouvait exister. Un sourire crispé naquit sur mes lèvres alors que mes yeux fixaient le plafond. "
J'ai déjà réussi à m'en sortir, longtemps, quand j'avais quelqu'un qui partageait ma vie mais quand ça commençait à aller mal..." La suite de ma phrase se bloqua dans la gorge, conscient que cette vérité ne ferait rien d'autre que d'enfoncer le clou dans le bois solide de ma situation. "
Je foutais tout en l'air." finissais-je par avouer. Parce que c'était vrai, c'était ce que j'étais, ce que je serai toujours. Un humain avec ses vices, ses craintes, ses manies autodestructices. Il suffisait d'un rien pour que j'envoie tout à la mer, comme on lançait une boîte pleine de plombs. Combien de relations j'avais détruite parce qu'à mon sens, plus rien ne fonctionnait, alors même qu'il pouvait rester un espoir ? Un rire triste s'échappa d'entre mes lèvres alors que je sentais mes yeux s'embuer. "
Tu peux pas savoir a quel point c'est difficile de ne pas craquer, Tori..." Non elle ne pouvait pas comprendre que ce combat était une voie sans issue pour les hommes comme moi. "
Alba me permet de retrouver l'esprit quelques heures, de penser à notre groupe quelques jours sans avoir envie d'en tuer un ou de me tirer en vous laissant dans votre merde..." Pouvait-elle seulement comprendre que ça m'avait fait du mal de voir toutes ces personnes s'agglutiner autour de nous, pour elle ? Pouvait-elle comprendre à quel point c'était devenu difficile d'accepter que les nombreuses têtes qui nous entouraient, c'était des responsabilités en plus, un poids sur mon âme, sur mes épaules, qu'il était parfois trop dur de gérer. Oui, je commençais à apprécier chaque personne qui constituait notre bus, je commençais à les voir comme un membre de ma famille, comme s'ils partageaient mon sang mais par moment, ça devenait juste compliqué de me dire qu'il fallait que je veille sur eux. Surtout que je voyais déjà à quel point j'avais pu foutre en l'air ma vraie famille... "
Quand je n'allais pas la voir, quand il n'y avait que toi et moi, je buvais... Et tu le sais. Tu sais à quel point je pouvais être bourré, avant."
Lorsqu'elle s'allongea contre moi, mon coeur se brisa un petit peu plus et je sentais de plus en plus que des larmes menaçaient de couler le long de mes joues. Ou était-ce du soulagement ? L'un dans l'autre, ça me faisait quand même mal de me dire que j'aurai pu la perdre et que je le pouvais encore parce que mes agissements la blessait aussi. Doucement, je l'enlaçais d'un bras et la maintint fortement contre moi. J'aurai voulu la repousser, lui dire qu'elle ne savait pas dans quoi elle se lançait, lui dire qu'elle devait s'en aller, me quitter, oublier nos soirées et nos bons moments. Je voulais lui dire qu'elle ne devait rien attendre de moi parce que je ne lui apporterais que de la tristesse et de la peine et c'était la dernière personne au monde à qui je voulais faire du mal. Elle était bien trop pure, la japonaise, pour vouloir l'entraîner dans les méandres de mes addictions. Et puis, même si je décidais de me sevrer, combien de temps je pouvais tenir avant de craquer ? Déjà, j'avais réduis considérablement mes consommations de boissons et en profitait uniquement lorsqu'on faisait la fête ou qu'on allait à la cage. Déjà, je sentais la différence mais mon corps réclamait la substance, mon esprit me disait qu'il fallait que je cède à la tentation. Je ne pouvais pas éternellement lutter aussi je craquais et me mettais une bonne race avant de me maudire parce que je revenais à mon point de départ. J'avais des responsabilités qui pesaient bien trop lourds sur mes frêles épaules.
Pourtant, malgré tout, je tenais la brune contre moi, je sentais sa respiration et calais la mienne sur la sienne, venant délicatement poser mes lèvres sur son front. "
Je peux pas te promettre d'être quelqu'un de meilleur... Je peux pas te promettre d'aller mieux... Je veux même pas te demander de m'aider parce que la guerre que je mène est bien trop difficile à supporter..." que je commençais, chuchotant pour qu'elle soit la seule confidente de mon âme. "
Tout ce que je peux faire c'est essayer. Essayer d'être quelqu'un que tu pourras respecter sans honte..." concluais-je, avalant difficilement ma salive ensuite. Je ne pouvais pas me voiler la face de toute façon. Tori était la seule raison que j'avais d'être quelqu'un de bien, le genre d'homme qui donnait sa vie et son temps aux autres, celui qui réfléchissait un peu et qui voulait prendre soin des siens. Elle avait débarqué dans ma vie comme un ouragan et ce vent violent me forçait à lutter contre tant de choses qu'il était devenu difficile de regarder en arrière pour regretter certaines choses. Mes doigts se perdirent dans ses cheveux alors que mon menton se posait au sommet de son crâne. Je ne lui devais rien et pourtant je me sentais redevable. Peut-être parce qu'elle avait envie de croire en moi, de croire que je pouvais être meilleur et qu'elle me donnait envie de l'être. Ou était-ce juste que j'étais bien trop faible pour admettre qu'il fallait que quelqu'un soit mon point d'ancrage dans un monde qui n'avait fait que révélé le pire en moi...
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Si je ne vais plus voir Alba, qu'est-ce que je vais devenir ?" que je lui demandais, conscient que ça impliquerait trop de choses pour mon pauvre esprit faiblard, comme si la japonaise pouvait avoir une solution pour remédier à mes démons. "
Je serai incapable d'être clean..." murmurant à nouveau et cette pensée me fit finalement me tourner pour être simplement plus collé à elle, comme si ses bras deviendraient un abri me protégeant des enfers de mon être. Finalement, je me sentais comme un enfant qui appelait à l'aide, qui avait besoin d'un adulte brave pour me protéger des monstres sous mon lit. J'étais pathétique, ridicule et pourtant c'était une réalité qui ne m'échappait pas. J'en faisais mon bouclier, l'armure en titane qui ne devrait céder à aucune attaque extérieur, ce bagarre qui luttait contre un torrent cauchemardesque... Et voilà que je regrettais déjà de l'avoir impliqué et de m'être tant accroché à elle...