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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Jeu 7 Sep 2017 - 18:33

- C'est vraiment super, que vous ayez pu vous retrouver.

Il hocha la tête pour donner un peu plus de poids à ses paroles et répondit à son sourire. Leur histoire était unique, précieuse. Et s'il ne la connaissait que très partiellement, il ne pouvait s'empêcher de ressentir de l'admiration pour eux.

Leur petit tête à tête fut coupé par Nolan lui-même.

- Bonjour, Nolan, commença-t-il avec une politesse qui paraissait toujours de trop.

À cet instant, le libraire passa totalement au second plan. L'air un peu ailleurs, il suivit leur échange sans y prendre part, puisque, de toute manière, cela ne le concernait pas. La mention de l'adultère eut tout de même droit à un regard un peu plus appuyé. Si Ludwig n'avait pas connu un peu mieux Nola, il se serait aussitôt braqué. Même si ce genre de propos ne faisaient jamais plaisir. Après tout, Connor, Elena et lui avaient fait assez de bruits pour alerter le ranch entier. Il était simple, ainsi, de faire colporter une rumeur.

- Sans offense.

Il eut un bref mouvement du menton pour signifier que ça ne l'avait pas touché. À peine.

- Ca va mieux, oui. Ce n'est rien de plus qu'une arcade ouverte.
- De quoi devrait-elle avoir peur ?

Le libraire ouvrit la bouche pour lui répondre, mais Ellora prit la parole à cet instant, répondant à la fois à son petit ami et à la fois au Norvégien.

- Tu m'impressionnes, souffla-t-il avec un sourire.

Et ce n'était pas peu dire. Lui qui n'avait jamais voyagé seul … pour lui, le monde extérieur, c'était l'Enfer. De plus, les seuls fois où son groupe et lui étaient sortis s'étaient soldés avec des pertes et de grands traumatismes. Il avait l'impression de vivre dans un monde totalement différent de celui d'Ellora.
Alors qu'il la dévisageait avec attention, il se fit la réflexion futile qu'elle lui faisait penser à un renard. Suivant sa réflexion, il porta ses prunelles claires sur Nolan, et le compara, lui, à un grand félin. Dans son attitude, son sang-froid mais également son assurance.

- Je ne me suis jamais retrouvé seul dehors, avoua-t-il.

Il se mit sur ses jambes. Un peu trop vite peut-être. Un vertige le força à se rasseoir une petite minute. Il frotta ses mains l'une contre l'autre, toujours impressionné de ce vent glacial qui vous traverse lorsqu'un étourdissement vous prend.

- A coup sûr que je ne survivrai pas deux jours, ajouta-t-il sur le ton de la plaisanterie, dans une tentative de détendre l'atmosphère. Je suis toujours admiratif face aux survivants solitaires.
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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Dim 10 Sep 2017 - 1:54

Tout vient à poing à qui sait attendre
nurse's office | Issaquah Ranch
Fin Août 2017

Dès lors qu'Ellora prononça son prénom d'un murmure candide, un sourire benêt illumina timidement son visage. Il n'y avait qu'elle pour pigmenter aussi aisément ses pommettes parsemées de tâches de rousseur d'une teinte coquelicot. Lèvres pincées à outrance, il masquait avec tant de bien que de mal l'attendrissement qu'il éprouvait sur l'instant. Retournant, peu de temps après et d'un petit coup de menton, les salutations à Ludwig qui s’efforçait de faire preuve d'une politesse rare. S'imposer dans leur conversation à coup de taquineries immatures n'était sans doute pas la meilleure idée du monde. Surtout au vu de la mine offusquée que Ludwig arbora en moins de quelques minutes. L'air tristement scandalisé du Norvégien arracha pourtant à Nolan un léger soufflement du nez qui pouvait s’apparenter sans mal à un rire désolé. Pas une seconde, il ne remettait en doute la fidélité d'Elena, tout comme la chasteté du roux. Connor était en tort. Comme toujours. La réplique avait été facile à placer et plutôt que faire preuve d'exemplarité, Nolan avait cédé à la tentation. Pour ça aussi, il en était désolé. Si l'ambiance était plus ou moins bon enfant et ce, malgré une entrée en matière un peu rustre, la première réflexion d'Ellora lui coupa l'herbe sous le pied. A peine appuyée, son regard surpris se posa sur la brune. Ses sourcils grimpèrent à une vitesse fulgurante jusqu'au milieu de son front tant il ne s'attendait pas à une telle agressivité de sa part. Surtout pas après une réflexion qui, de base, ne se voulait pas spécialement désobligeante. L'avait-elle été sans le vouloir ?

En effet, personne n'avait demandé à Nolan de se lancer à la recherche d'Ellora. Mais pourquoi lui répondre sur ce ton ? Quel était en plus l’intérêt de rajouter que ce n'était pas la première fois qu'elle et Ludwig se retrouvaient seuls...? A la fois heurté et désemparé, Nolan sentait sa carrure autrefois assurée se tasser progressivement sous les paroles injustifiées de la brune. « Pardon...? » déglutit-il avec difficulté. Abasourdit par ce qui était en train de se dérouler et totalement impuissant face à cette attaque personnelle. Son cœur cognait si frénétiquement dans son torse, sous une culpabilité qu'il ne saurait expliquer, que Nolan en avait la nausée. Le sourire qu'il arborait alors n'était en rien jouasse. Il ne s'agissait que d'un masque pour cacher à tous ici présents à quel point l'incompréhension filait dans ses veines à la manière d'un poison. D'autant plus qu'elle ne semblait pas en avoir terminé. Toujours dans l'offensive, elle lui demanda si cela le dérangeait. S'il était mécontent qu'elle ne reste pas dans sa chambre, à l'attendre sagement. Pour qui passait-il face à Ludwig ? Un tyran de bas étage ? Mutilé par les accusations qui résonnaient en échos dans la petite infirmerie, Nolan jeta un regard furtif en direction de Ludwig. Terrant comme il le pouvait la peine visible au fond de ses prunelles agitées. C'était gênant. Bien qu'il se débrouillait toujours pour paraître inébranlable, Nolan avait des failles et Ellora était l'une d'entre elles.

Si son objectif était de le faire passer pour un tyran imbu de lui-même, qu'il en soit ainsi. Nolan avait pris l'habitude d'être ainsi perçu par les autres membres. Redressant présomptueusement le menton, il réadapta sa posture d'une foulée en direction d'Ellora. C'est à la suite un sourire âpre, qu'il plongea son regard mécontent dans les iris azurées de sa compagne. « Tu fais bien ce qui te chante, dans la mesure où tu viens me prévenir de tes activités. Tu es sous ma responsabilité, que tu le vieilles ou non. » Trancha-t-il d'un ton qui ne souffrirait d'aucune négociation. Ne prenant également pas la peine de mesurer ses propos, étant donné qu'Ellora elle-même semblait se moquer éperdument de la manière dont elle s'adressait à lui. « Sous notre surveillance, à tous. » rectifia-t-il en se tournant légèrement vers Ludwig, triste spectateur d'un accrochage affectif qui n'avait pas lieu d'être. « Je me suis porté garant. En cas de problème, c'est moi que l'on viendra blâmer pour tes absurdités. Plus vite tu te plieras à ces conditions de vie et plus vite tu obtiendras ces dites libertés que tu veux tant récupérer. » Poursuivit-il de sa voix teintée d'amertume. « J'espère que c'est clair. » Où elle allait, ce qu'elle mangeait le midi, quand elle allait se brosser les dents, Nolan voulait le savoir. Moins elle marcherait dans son sens et plus Nolan se montrerait intransigeant. Ce n'était pas un jeu. Carmen l'avait encore à l’œil, Alex sans doute d'autant plus. Elle n'était pas à l’hôtel ici. « Tu pourras retourner crapahuter dehors. S'il n'y a que ça qui te manque vraiment. » pesta-t-il finalement entre ses dents, trop heurté par la maladresse dont elle avait fait preuve un peu plus tôt. Incapable de se retenir plus longtemps de s'exprimer sincèrement face à ce qu'il considérait comme de l'effronterie. Après tout le mal qu'il s'était donné pour qu'on daigne lui accorder une entrevue. Tout ce qu’elle voulait, c'était ressortir. Partir. Ludwig avait beau la trouver impressionnante de vouloir retourner dehors. Nolan ne partageait pas cette vision. Bien au contraire.

C'est le Norvégien lui-même qui réussi à tempérer son zèle en tentant de se relever de son lit. Bien trop vite pour son corps encore souffrant de la vieille. D'un claquement de doigts, l'aigreur qui noyait sa langue s'évapora pour laisser place à une profonde inquiétude. D'une main ferme, il attrapa le jeune rouquin par l'épaule pour l'accompagner en douceur se rasseoir sur le lit. « Wooh... Tout doux cow-boy. » murmura-t-il en examinant de plus près le visage blême du garçon. Non, ce n'était pas juste une arcade ouverte. En plus d'avoir perdu du sang, Ludwig avait subi un stress incommensurable. Pour une constitution aussi fragile qu'il était, il était normal de mettre du temps à s'en remettre. Bien que Nolan ne l'admettrait pas à voix haute, Connor était impressionnant. De sa tentative de plaisanterie, Nolan partagea son sourire sans vraiment en rire. Par soutien plus que par hilarité. « Qu'est-ce que tu racontes... Regarde-toi, tu es bien capable de survivre dans ce ranch de fous furieux depuis plusieurs mois. A côté de ça, l’extérieur, qu'est-ce que c'est hein ? » le taquina-t-il à nouveau, la main toujours sur son épaule, l’œil toujours embrumé de regret de ne pas avoir réussi à intervenir plus tôt pour lui éviter d'être blessé. « Tu nous montreras tes talents cachés un autre jour. Après avoir récupéré. » un conseil avisé qu'il s'assurera être bien respecté. « Tu as bu et mangé quelque chose ce matin ? » demanda-t-il en retirant finalement sa main bienveillante de la frêle épaule de son ami en peine. « Je vais te chercher ça. Reste assis. » S'en même attendre la réponse, Nolan se détourna d'eux. Ne portant pas un seul regard à Ellora qu'il tenait encore en grippe. Après tout, elle aura la tranquillité qu'elle désirait. Et sans se faire prier, il quitta la pièce en quête de victuailles.

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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Lun 11 Sep 2017 - 14:57


Infirmerie - Fin août 2017.


E
llora adressa un grand sourire à Ludwig lorsque celui-ci affirma que c'était merveilleux que Nolan et elle se soient retrouvés. Oui, ça l'était. Ellora la première en était encore étonnée, elle qui pensait qu'il ne leur serait peut-être jamais donné de se revoir, malgré tout l'espoir qu'elle gardait au fond d'elle-même. Dès lors elle se contenta simplement de hocher la tête, et de garder un grand sourire sur son visage. Presqu'au même moment, Nolan entra dans la pièce. Et si elle l'avait interpellé de la façon la plus douce au monde, leur échange fut bien moins délicat, dès lors qu'elle sentit une pique lui être lancée. L'ambiance s'assombrie bien vite, et si elle tenta d'émettre une certaine résistance au départ, le ton sans appel de Nolan et les mots qu'il prononça eurent bien vite fait de calmer Ellora, qui se renfrogna sur sa chaise. « Limpide. Message reçu ». Accusant chacun des coups qu'il lui asséna, la jeune femme lâcha cependant bien vite prise. Le regard triste, elle baissa la tête, tout en se remémorant les phrases qu'il venait de prononcer.

Ainsi, c'était uniquement pour se préserver lui, qu'il était si regardant quant à ses activités ? La position qu'il avait au sein du groupe et la sécurité qui en résultait étaient de toute évidence bien plus importantes que les états d'âme d'Ellora. « A l'avenir, je m'efforcerais de ne pas mettre inutilement en péril ta place au sein du ranch. Je comprends qu'elle te tienne à coeur ». Même si cela lui faisait mal de l'avouer à voix haute. « Je sais que tu t'es porté garant de ma bonne conduite... Et que tout le monde veut que tu me surveilles... Inutile de me rappeler que je suis sous surveillance constante au cas où je serais dangereuse pour vous autres ». Par cette remarque qui lui fit mal à elle-même, elle marquait clairement la distinction qu'il y avait entre elle et le reste du ranch. Et par ricochet entre elle et Nolan, ce qui la peinait d'autant plus. Il faisait partie du groupe d'Issaquah, ce qui n'était pas le cas d'Ellora. Alors les remarques de Nolan n'eurent pour effet que de lui rappeler sa condition encore bien instable. Et de la blesser.

« Et... », commença-t-elle, avant de marquer une courte pause. « Et la prochaine fois que tu sortiras, que tu partiras en ravitaillement avec les autres, sans moi... et que... ». Elle eut du mal à poursuivre. « Et que moi je resterais là... toute seule... et que j'aurais peur pour toi... je tâcherais également de... ». De ne pas pleurer ? De ne pas trop s'en faire ? De contrôler ses craintes ? « De ne pas faire de vague, pour que tu n'aies pas à te demander si je fais des bêtises pendant ton absence, à cause de mes idées ' absurdes '... ». Même si elle cherchait à lui montrer que sa manière de lui parler l'avait profondément touchée, elle était également sincère. Cela ne serait à rien qu'il s'inquiète de savoir si oui ou non elle respectait sa part du contrat, pendant qu'il partait en mission de ravitaillement. Elle avait vécu assez longtemps dehors pour savoir à quel point cela pouvait être dangereux de se préoccuper d'autre chose que la situation présente, dans le nouveau monde dans lequel ils vivaient. Elle murmura un « Tu ne comprends rien », si faible qu'il serait sans doute bien difficile de l'entendre.

Finalement, Ludwig parvint à donner une toute autre tournure à la discussion lorsqu'il affirma qu'elle l'impressionnait. C'était certes très gentil, mais Ellora ne considérait pas le mériter. D'une voix assez triste, finalement, elle répondit. « Tu te trompes, Ludwig. Je ne suis pas impressionnante ». Haussant les épaules, ses paroles auraient pu passer pour de la modestie, sans doute, mais ce n'était pas du tout le cas. En disant cela elle était parfaitement sincère, et elle tâcha d'expliquer un peu mieux les choses par la suite. « Si Nolan n'avait pas été présent pour moi, que ce soit au début de l'épidémie ou même il y a quelques jours, lorsqu'Elena et lui m'ont trouvée... je n'aurais pas survécu. Je le sais. C'est grâce à lui que je suis en vie. C'est lui qui est impressionnant, pas moi », prononça-t-elle en risquant un regard vers l'intéressé, tentant de mettre dans ses paroles et dans ses yeux toute la sincérité et la reconnaissante qu'elle lui portait. « Le reste, ça a simplement été un gros coup de chance, rien d'autre ». Un énorme coup de chance. Ses paroles tranchaient avec le reste de leur conversation. Plus profondes et plus douces, bien loin de l'agressivité qui avait initialement résulté de leur échange. « Tu as de la chance de n'avoir jamais été seul dehors, Ludwig... Si j'avais eu le choix... ce n'est pas une vie comme ça que j'aurais voulu. Errer indéfiniment de ville en ville, toute seule... ce n'était pas ça le plan ». Elle jeta de nouveau un regard triste à son compagnon, en se remémorant ce qu'ils avaient prévu, les quelques fois où ils avaient pris le temps de parler de leurs possibilités, après qu'ils durent quitter la ferme de ses parents. Même sans parler de la vie qu'elle espérait avoir avant l'épidémie. Simplement, elle aurait souhaité rester avec Nolan, qu'ils n'aient pas à être séparés, qu'ils trouvent un endroit sûr pour vivre... au moins elle aurait été avec l'homme qu'elle aimait. Et au fond, c'était cette chance-là que leur offrait Issaquah. « Alors, maintenant... même si j'aimerais pouvoir sortir un peu... ce n'est pas pour autant que je souhaite revivre ce que j'ai vécu. Ou m'en aller », répondit-elle, tout autant pour rester dans la continuité de ses mots que pour répondre aux interrogations masquées de Nolan. Non, Ellora ne souhaitait pas s'en aller. Pas si lui voulait rester à Issaquah Ranch. Et tant que ce serait là son souhait, elle agirait comme il le faudrait pour être autorisée à rester.

Se renfermant sur elle-même, toute triste, elle baissa de nouveau la tête, et perdue dans ses pensées elle ignora sans le vouloir le reste de ce qui se passait dans la pièce. Ni la discussion que Nolan et Ludwig avaient, ni l'étourdissement de ce dernier, alors qu'il tentait de se mettre sur ses jambes, ne fut suffisant pour réellement la tirer de ses réflexions. Ce ne fut que lorsque celui qu'elle aimait se porta volontaire pour aller chercher à manger au Norvégien qu'elle réagit enfin. « Nolan... ». Un simple murmure, mais sa voix se faisait suppliante. Le jeune homme ne la regarda pas, et il quitta la pièce la seconde suivante, laissant Ellora seule avec Ludwig, mais surtout seule face à sa culpabilité. Alors qu'elle s'était levée de son siège pour tenter de l'accompagner, il était parti bien trop vite pour qu'elle n'ait le temps de le suivre. Elle resta là quelques instants, debout face à la porte de bois que son compagnon venait tout juste de refermer. Immobile et attristée. Voir qu'ils en étaient arrivés là par sa faute la peinait au plus haut point. « Je suis désolée Ludwig », murmura-t-elle après quelques secondes, alors qu'elle se tournait vers lui. De toute évidence, ils n'avaient pas choisi le meilleur moment pour entamer une discussion aussi houleuse. « C'était simplement un... ». Un petit désaccord ? Pas tout à fait certaine de ce qu'elle devait dire afin de terminer sa phrase, elle laissa celle-ci en suspens, et préféra changer complètement de sujet.

Il était temps d'essayer de faire bonne figure. « Nolan a raison. Tu dois être affamé après toutes les mésaventures de ce matin ». Elle tenta de lui sourire du mieux qu'elle le pouvait. « D'ailleurs en fait... que s'est-il vraiment passé pour mettre Connor dans un tel état ? J'ai vu la scène de loin mais je t'avoue que je n'ai pas bien saisi... Et puis de là à être accusé d'adultère... Tu as essayé d'embrasser Elena ? », demanda-t-elle, bien curieuse de savoir. Un sourire en coin naquit sur son visage, montrant clairement qu'elle cherchait à le taquiner. « Si c'est le cas ce n'était pas très malin de ta part... ». Il fallait être aveugle pour ne pas voir l'attachement que l'ancien sportif portait à la jeune Grecque. Alors, si Ludwig avait essayé de jouer les Dom Juan... ce n'était de toute évidence pas la meilleure des idées qu'il ait eue. En vérité, Ellora se doutait bien qu'il ne devait pas s'agir de cela. Et une explication bien plus logique lui serait donnée. Néanmoins, parler d'un tel sujet lui permettait d'oublier ses propres peurs, car plus les secondes s'écoulaient et plus elle lançait des regards anxieux et désespérés vers la porte de l'infirmerie. Depuis qu'elle était avec Nolan, elle souffrait de chacune de leurs séparations, dès lors que ce dernier n'était plus dans son champ de vision. Et là, après cette dispute à moitié cachée derrière une discussion anodine, son anxiété revenait de plus belle, tandis que son coeur battait encore plus fort dans sa poitrine. Elle se demanda, finalement, si Nolan reviendrait ou non.




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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Sam 16 Sep 2017 - 12:05

- Tu ne peux, à présent, que tirer plus de fierté à te trouver au sein d'une communauté. C'est un repos bien mérité que tu peux te permettre.

Il hocha la tête pour appuyer ses paroles et lui offrit un sourire bienveillant. Certes, du point de vu d'Ellora, elle ne valait pas mieux qu'un autre. Dans la tête de Ludwig, en revanche, elle passait pour une véritable survivante. Une femme qui a envie de vivre, et qui vit encore. Peut-être la place-t-il sur un pied d'estale et qu'il la surestime, après tout. Ou peut-être était-ce elle qui se sous-estimait.

L'échange, houleux, aurait pu passer au-dessus de sa tête. Après tout, ça ne le regardait pas, et tous les couples vivaient des fausses notes. Alors pourquoi était-il aussi gêné que s'il était la raison de leur litige ? Il avait beau demeurer physiquement absent, son esprit restait accroché aux piques que les deux amoureux s'échangeaient.

Son vertige eut le mérite, néanmoins, de sortir Nolan de cette situation, permettant ainsi au libraire de se détendre un peu. Même son corps n'aimait pas les histoires, qu'il soit inclus dedans, ou pas.
Il s'offrit deux secondes pour respirer, un brin mal à l'aise face à un Nolan qu'il jugeait inutilement inquiet. Un petit rire nerveux lui servit de soutient quand il observa avec concentration son visage.

- Je préfère éviter de prendre des risques, souffla-t-il.

Des risques, il en prenait déjà bien assez alors même qu'il ne mettait presque jamais un pied à l'extérieur.
À la question de son ami, il eut une moue songeuse. Son regard passa d'un visage à l'autre.

- Ce matin … ? Je n'ai pas eu le temps. Mais c'est rien, t'en fais p-...

Soucieux, Nolan avait déjà quitté la pièce. Était-il réellement attentionné envers le Norvégien ou était-ce un prétexte en or pour éviter la lourde confrontation avec Ellora ? C'était fou, tout de même, de voir comment une situation pouvait s'inverser en deux paroles mal-interprétées.
Si le visage de la jeune femme s'était illuminé en voyant son amant arriver, son regard à présent était fermé, songeur. Déçu. Si bien que Ludwig ne put que l'observer avec grande compassion. Il était à la limite de lui demander pardon pour cette histoire stupide, alors même qu'il n'y était pour rien.

Elle se tourna finalement vers lui, et se fut elle qui s'excusa face à un libraire silencieux. Plus vraiment gêné, mais blessé pour elle. Et pour Nolan. Empathique, comme toujours. Beaucoup trop empathique.

D'un saut de main habile, Ellora changea de sujet, et la lueur dans son regard qui avait fait tant de peine au grand rouquin s'illumina d'un nouvel éclat. Il saisit la perche qu'elle lui tendait, même si c'était pour parler de lui et de la scène grotesque qui lui avait valu une blessure supplémentaire.

Lorsqu'elle supposa un baiser entre lui et Elena, il ne put empêcher un rire stupéfait de franchir ses lèvres. Il secoua la tête et leva les yeux au ciel, préférant choisir de trouver la situation amusante plutôt que terrassante.

- C'est tellement stupide, vraiment … remarqua-t-il après avoir fixé le plafond une fraction de secondes.

Il pencha la tête pour observer Ellora d'un œil vif.

- Les rumeurs doivent déjà affluer. La vérité est toujours bien moins croustillante, malheureusement pour eux.

Un petit soupir lui donna l'élan nécessaire pour trouver ses mots. Il étira son dos et lissa du plat des mains la couverture en côton, de chaque côté de son corps.

- Comment dire sans que ce ne soit bizarre ? Oh, de toute manière, ça le sera … Grossièrement … j'ai cherché à … 'apaiser' les côtes meurtries d'Elena. Tu le sais, j'ai des huiles essentielles pour un peu tout et n'importe quoi. Je ne pensais qu'à la soulager, à rien d'autre. Je sais ce que c'est, des côtes abîmées.

Nouveau rire gêné.

- Je devrais parfois réfléchir avant de vouloir agir. D'un point de vu extérieur, c'était obligé que ce soit confusant. De toute manière, tout le monde voit toujours le diable partout. Un homme et une femme dans une chambre, un contact sur la peau de l'autre … et l'imagination fait le travail. C'est …

Il souffla du nez, qu'il retroussa en petite moue écoeurée.

- C'est ridicule. À croire que l'humain ne s'arrête qu'à … ça.

« Ca », ou les plaisirs charnels. Cette donnée qu'il n'avait jamais connu de sa vie, à trente ans passé, et que cela ne tourmentait pas le moins du monde. Il trouvait, au contraire, un certain dégoût à cette activité qui pourtant était le propre de l'humanité toute entière. Il se doutait bien, que ce n'était pas normal de penser ainsi. Mais c'était comme ça. Ce n'était pas pour lui.

Le tourment d'Ellora était toujours bien visible. Ses prunelles se tournaient indubitablement vers l'entrée.

- C'est sûr qu'il va revenir, Ellora. Au pire, il ne doit pas être bien loin. Ça va s'arranger. Je te prêterai mes huiles. Ça rapproche les gens.

Un petit sourire taquin glissa sur ses lèvres.
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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Lun 18 Sep 2017 - 22:36

Tout vient à poing à qui sait attendre
nurse's office | Issaquah Ranch
Fin Août 2017

« Ma place au sein du ranch n'a aucune importance. La confiance que certains m'accordent aujourd'hui est importante. » clarifia-t-il sans prendre de pincettes. Ses mots dictatoriaux étaient peut-être inadaptés. Sans doute même l'avaient-ils été, face à la mine attristée qu'arborait à présent Ellora. Bien que le comportement de cette dernière l'avait surpris, de par une insolence insoupçonnée la concernant, il n'aurait pas dû s'emballer aussi excessivement. Et surtout pas devant le Norvégien, qui semblait particulièrement peiné face à ce petit accrochage. Coupable, il baissa un instant les yeux en écoutant de ses lèvres scellées les phrases en suspens de la jeune fille. Le faisant clairement passer, une fois de plus, pour le parfait antagoniste de l'histoire. A l'entendre, c'était à croire que Nolan prenait un plaisir fou à la brider dans ses activités. « C'est pour ton bien » assura-t-il à nouveau d'un souffle court, dans l'ultime but de soulager sa propre conscience. Leur attitude de geôlier était avant tout là pour la protéger, elle. Faire en sorte qu'elle se sente en sécurité au sein de sa future et nouvelle communauté. Tout ce que Nolan entreprenait depuis son arrivée, était pour elle, pour qu'elle soit heureuse, pour son bon plaisir, même si sa manière de gérer les conflits n'était pas forcément des plus brillantes. La dessus, personne ne pourrait le nier, pas même lui. Quand il était question d'Ellora, sa diplomatie en prenait un sacré coup. « Tes idées ne sont pas absurdes » rétorqua-t-il de sa langue claquante en l'entendant reprendre perfidement le seul mot qui lui avait vraiment échappé un peu plus tôt. S'excusant bien maladroitement à travers une réplique trop sèche. Frustré qu'elle décide de relever ça, plutôt que de s’apercevoir de l'inquiétude dont il faisait preuve. Non, il ne comprenait rien, c'était une évidence. Il était le seul fautif, encore une fois, c'était une évidence. Mais elle non plus, ne comprenait rien.

Écoutant d'une oreille attentive l'échange entre les deux habitants du ranch, Nolan ne pu s'empêcher d'esquisser un sourire âcre tandis qu'Ellora se mettait à parler de lui comme s'il n'était pas présent sur les lieux. Vantant les mérites d'un homme, à travers lequel Nolan ne se retrouvait pas. Ne se retrouvait plus. S'il avait un jour été comme elle s'obstinait à vouloir le décrire. Sans s'en rendre compte, son regard empli de honte s'était perdu sur le sol. Ludwig ne connaissait peut-être pas les détails de leur parcours, mais lui savait ô combien il avait pu échouer. Encore et encore. Il n'était pas impressionnant et encore moins responsable de sa bonne santé aujourd'hui. Au contraire, il était la raison de leur séparation. D'un regard en coin qui croisa furtivement celui de la brune, il préféra garder le silence. Isolé face à la scène qu'elle était en train de leur offrir, sans même savoir si une intervention serait favorable ou non. Vu ses derniers propos, mieux fallait-il qu'il s'abstienne de tout commentaire. Ça n'avait pas été le plan qu'ils soient séparés, là dessus, ils étaient bien d'accord. Pour une fois.

C'est finalement le vertige de Ludwig qui lui donna l'occasion de s'extirper de ce cul-de-sac émotionnel dans lequel il s'était embourbé. D'une simple question, il s'assura de la bonne nutrition du roux. D'une dernière indication, il s'engagea hors de l'infirmerie aussi vite qu'il était possible de le concevoir. Ignorant le murmure difficilement perceptible qu'Ellora avait pu lui adresser avant de refermer doucement la porte derrière lui. L'accablement qu'il encaissait à cet instant précis lui retira toute crédibilité antérieure. Debout derrière la porte de l'infirmerie, il resta un moment immobile à se noyer dans l'embarras et la honte d'avoir agi avec tant d'orgueil. Évitant de perdre totalement la face dans la pièce commune du ranch, il passa l'une de ses mains anxieuse sur sa mâchoire crispée avant de s'atteler à la promesse qu'il venait de faire : leur ramener de quoi s'hydrater et festoyer convenablement.

***

Nolan avait bien attendu deux bonnes minutes sur le palier, pensif, tentant de choisir au mieux ses mots sans parvenir à trouver la bonne formulation pour interrompre leur nouvelle conversation. Ce n'est qu'après un soupire las qu'il finit par ouvrir, non sans quelques difficultés, la porte à l'aide de son coude. Tête la première, il signifia sa présence par le petit grincement de porte propre à tout bon film d'angoisse. « Je vous ai ramené à boire » dit-il d'un ton qui se voulait assuré. S'engouffrant ensuite dans la pièce, pour remettre l'un des gobelets en plastique qu'il tenait à Ludwig, puis le second à Ellora. En évitant soigneusement un contact visuel regrettable avec cette dernière. Si son air grave ne semblait vouloir le quitter, ce n'est qu'après avoir refermé la porte de l'infirmerie qu'un sourire enjoué éclaira timidement son visage parsemé de tâches de rousseur. « J'ai vendu mon âme et ma dignité pour ces deux barres délicieusement périmées » dégainant de ses poches arrières les fameuses barres de céréales, il tendit celle au chocolat à Ludwig avant de se raviser. L'ouvrant de ses propres mains avant de la remettre pour de bon au roux, le teint toujours aussi blafard qu'à son départ. Peut-être pour le forcer de ce fait à la manger immédiatement. Maintenant qu'elle était ouverte, il se retrouvait un peu au pied du mur. « Je ne savais pas si tu avais faim... » murmura-t-il finalement à l'égard d'Ellora, lui tendant la deuxième barre cette fois-ci aux fruits d'une main si effarouchée qu'elle semblait être animée de légers tremblements.

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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Mer 20 Sep 2017 - 0:38


Infirmerie - Fin août 2017.


T
out ce qu'il avait pu dire lui avait fait terriblement mal. A plus forte raison, sans doute, car Ellora n'avait pas vraiment réalisé comment les choses avaient réussi à déraper de la sorte. Elle avait tellement de peine qu'elle n'avait même plus réussi à lui répondre sur la fin, le laissant parler sans même chercher à le contredire à présent. Il ne s'inquiétait pas pour sa place au sein du ranch, mais plus particulièrement pour la confiance que certaines personnes mettaient en lui. Confiance qui, par conséquent, risquait d'être mise à mal par Ellora et ses agissement possiblement insensés. Les larmes au bord des yeux, elle attendit quelques instants, le temps que ça passe, puis elle s'était finalement tournée vers le jeune blessé pour lui répondre et lui expliquer ce qu'elle pensait vraiment, que c'était les qualités de Nolan qui devaient être reconnues, et non les siennes. Mais cela ne permit en rien de lever le froid qui planait à présent entre eux ; il ne l'écoutait même pas. Seul le vertige de Ludwig sembla le tirer de son silence. La jeune femme espérait que les choses changent, qu'il se tourne de nouveau vers elle... mais il n'en fit rien, évitant son regard plus que tout au monde. Jusqu'à ce qu'il quitte la pièce, sans même attendre Ellora qui, pourtant, souhaitait le suivre, la laissant alors triste, déçue et en proie à ses angoisses.

Malgré toute l'admiration que Ludwig semblait lui porter, Ellora ne voyait pas du tout les choses de la même façon. Elle avait réussi à survivre, par miracle, mais ça s'arrêtait là. De plus, elle ne se trouvait pas très intelligente non plus. Un bon exemple était la manière puérile avec laquelle elle avait réagi face à Nolan. Fort heureusement, dès que ce dernier quitta la pièce, la discussion changea pour se tourner entièrement sur Ludwig et sa mésaventure du matin. « Ah ! Oui, je comprends. Tu as voulu l'aider et de fil en aiguille, tu as fini par te retrouver dans une position bien délicate... ». Un sourire désolé s'inscrivant sur son visage, Ellora le laissa poursuivre tranquillement. « C'est tout à ton honneur d'avoir cherché à l'aider. C'était vraiment très gentil de ta part », affirma-t-elle avec beaucoup d'admiration pour ce que Ludwig savait faire. « Je comprends qu'il ait pu y avoir un quiproquo mais... c'est dommage que tu n'aies pas eu la possibilité de t'expliquer avant que tout le ranch ne soit réveillé en sursaut. Je suppose que tu te serais bien passé d'un tel public... ». Le ton de sa voix soulignait réellement à quel point elle pouvait être désolée pour lui. Ludwig ne méritait définitivement pas cela. « D'un autre côté... cela a permis de souligner l'importance d'Elena aux yeux de Connor. Tu t'es de toute évidence retrouvé dans un situation des plus compliquées, et surtout particulièrement désagréable pour toi... mais... Qui sait ? Tu leur as peut-être été d'une certaine aide, après tout ». Un sourire éclairant toujours son visage, elle marqua une courte pause avant de reprendre. « Malgré ta blessure qui doit te faire bien souffrir... il faut sans doute essayer de voir les choses ainsi. Positivement ».

Bien qu'elle tentait de consoler Ludwig et de le rassurer sur ce qui s'était produit ce matin-là, Ellora n'avait de cesse de tourner un regard inquiet vers la porte d'entrée de l'infirmerie, qui restait indéfiniment close. Elle soupira légèrement, alors que le jeune homme lui assura que Nolan reviendrait, puis elle lui adressa un sourire pour le remercier de cette tentative de réconfort. Cependant, elle était bien incapable de savoir quoi répondre exactement. Mais quand il lui proposa de lui prêter ses huiles essentielles, Ellora ne prit même pas le temps de se demander si sa proposition était sincère, ou plutôt une façon de la faire sourire, en lien avec ce qui s'était passé ce matin-là. Aussi prit-elle sa proposition au premier degré. « Est-ce que tu as des huiles... qui sentent quelque chose... d'un peu... boisé ? », commença-t-elle tout en essayant de se remémorer le genre d'odeurs qui plaisaient à Nolan en temps normal. Cela faisait bien longtemps que Nolan et Ellora n'avaient plus réellement pris le temps d'évoquer ce genre de sujet. Bien au contraire, cela devait sans doute remonter à l'époque de Redmond, bien avant que l'épidémie ne commence. Néanmoins, elle se souvenait très bien de genre d'odeurs qu'il appréciait. « Ou bien fruité... Est-ce que ça existe les huiles essentielles aux fruits rouges ? ». En toute honnêteté, Ellora se fichait complètement des vertus des huiles de Ludwig. Si cela pouvait avoir un effet quelconque, tant mieux bien sûr... Mais pour le moment, c'était surtout l'odeur qui comptait. « Je n'y connais vraiment rien sur le sujet... ». Un petit sourire désolé s'inscrivit sur ses lèvres.

Lorsqu'elle entendit la porte de l'infirmerie s'ouvrir à nouveau, Ellora sursauta avant de se tourner vers l'entrée. A son plus grand soulagement, il était revenu. Mais quand il s'approcha d'elle sans même lui adresser un regard, encore une fois elle baissa la tête, triste et ne sachant pas quoi faire, à cet instant, pour rattraper ses erreurs. Nolan lui en voulait vraiment, elle s'en rendait compte. Dans le cas inverse, il lui aurait adressé quelques mots, ou du moins un regard, tout en lui tendant ce petit gobelet. Mais non, rien. Laissant s'échapper un soupir peiné de ses lèvres, elle porta son attention sur l'extérieur une fois de plus, observant le dehors au travers de la petite fenêtre qui éclairait la pièce, ignorant ce que disait Nolan, et sans porter attention à la barre de céréales au chocolat qu'il offrait à Ludwig. Elle pensait sincèrement qu'il ne se tournerait plus dans sa direction.

Finalement, Nolan s'adressa à Ellora avant de lui tendre la seconde barre de céréales. Il l'avait prise pour elle ? Relevant la tête vers lui, elle le regarda avec étonnement pendant quelques secondes, avant de réussir à véritablement réagir. « Merci ». C'est tout ce qu'elle parvint à prononcer, de sa gorge nouée à l'idée qu'ils se disputent encore une fois. Alors, Ellora se releva doucement, laissa son gobelet sur la petite table présente dans la pièce, et posa ses doigts sur les siens, cherchant véritablement à prendre sa main dans la sienne plutôt qu'à attraper la barre de céréales qu'il lui tendait. Bien qu'elle ait longuement hésité, elle avait voulu l'accueillir avec un geste tendre, et s'approchant de lui un peu plus, elle fit glisser son autre main au centre de son dos, qu'elle frotta légèrement, avec douceur et délicatesse. Après une nouvelle hésitation, elle se hissa sur la pointe de ses pieds, tout en prenant légèrement appuie contre lui, et elle déposa un rapide baiser sur sa joue, dans l'ultime espoir de lui montrer sa volonté de laisser tout cela derrière eux. Et dans un souffle elle murmura, contre son oreille. « Je m'excuse... ». Vraiment. Sincèrement. Mais pas assez fort, sans doute, pour que Ludwig parvienne à entendre ce qu'elle disait. Ellora tenta de sourire à Nolan, mais cette tâche n'était pas aisée, tant elle se sentait honteuse de la manière dont elle avait agi, à plus forte raison devant le Norvégien blessé.

Aussi vite qu'elle s'était approchée de lui, elle s'en éloigna, non sans avoir attrapé au passage la barre de céréales qu'il lui avait apportée. La seconde suivante, elle était déjà retournée s'asseoir sur sa chaise. Son regard rivé sur ce petit encas, un immense sourire apparut sur son visage lorsqu'elle réalisa que c'était une barre aux fruits qu'il lui avait apportée. Ce qu'elle préférait. Il s'en était souvenu. Bien vite, elle s'appliqua à ouvrir l'emballage, dans l'idée de commencer à grignoter tout doucement, se moquant éperdument de savoir si cette petite barre était périmée ou non. « Mais... ». Soudain, elle réalisa. « Tu n'en as pas pris pour toi ? Tu n'as pas faim ? », demanda-t-elle avec une voix douce, tout en se tournant vers lui, bien décidée à partager sa petite barre s'il le souhaitait. Comme quoi, les vieilles habitudes ne nous quittent jamais vraiment. Ellora avait toujours agi ainsi, se souciant de sa santé et de son alimentation plus que de raison, et au détriment, souvent, de sa propre condition physique. Mais la situation était ce jour-là un peu différente. Plus que tout elle souhaitait qu'ils laissent l'un et l'autre cette bien malheureuse querelle qui les avait opposés quelques minutes avant que Nolan ne quitte la pièce. Retirant définitivement l'emballage de sa barre de céréales aux fruits, elle entreprit de la diviser en deux parts égales, sans même véritablement attendre que Nolan lui réponde.


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Re: Tout vient à poing à qui sait attendre

Mar 26 Sep 2017 - 13:10

- Exactement, admit-il dans un hochement de tête amusé.

Ellora trouva que son acte était 'gentil'. Et c'était peut-être ça qui lui valait tous ces ennuis, à Ludwig. Le monde ne comprenait visiblement pas que l'on pouvait encore l'être, gentil. Les gens cherchaient le mal partout, en particulier là où il n'avait pas lieu d'être. Pourtant, le libraire ne se condérait pas comme plus gentil que la moyenne. Pour lui, c'était juste normal. Tout le monde devrait agir ainsi.

- Gentil … ouais …

Il pinça ses lèvres et eut un petit soufflement de nez. C'était ridicule, en fin de compte. Et il le savait, que ça le perdra un jour. Qu'il finira par en mourir. Certains le disaient naïf, et sûrement n'avaient-ils pas torts. Mais il ne pouvait s'empêcher de voir le bien chez tout le monde. Pour être plus clair, il comprenait. Que quelqu'un bascule dans l'ombre. Il ne pouvait que comprendre et les plaindre.

- Oh, ça a mis de l'animation, ajouta-t-il.

Pour sûr qu'il allait être mal à l'aise pour les quelques jours à venir ! Mais l'histoire finira bien par être bien claire pour tout le monde, c'était certain.
Les mots d'Ellora firent sourire le norvégien. Il hocha la tête et laissa glissa ses prunelles sur le visage enfantin de la jeune femme.

- Je l'espère de tout cœur. Ils se font du mal. Il est temps que ça s'arrange, et peu importe les conséquences.

La conversation dévia ensuite sur le couple Ellora et Nolan. C'était impressionnant, de voir à quel point ils étaient fusionnels, même lorsqu'ils se prenaient le chou. Ludwig avait l'impression qu'une connexion les reliait, qu'ils partageaient la même aura. Ça mettait du baume au cœur, de voir l'amour toujours bien présent à ce jour.
La petite plaisanterie qu'il lui lança concernant ses huiles essentielles ne tomba pas dans les oreilles d'une sourde, visiblement. S'il avait simplement voulu la détendre un peu par rapport à l'altercation qu'elle venait de vivre avec son bien-aimé, il constata que la proposition lui était peut-être bénéfique.

Un peu pris au dépourvu, il bafouilla et fit mine de réfléchir :

- Hm, boisé tu dis ? Ah, fruité, aussi … Aux fruits rouges ? Fruits rouges ?! Oh lala …

Il ouvrit de grands yeux qu'il dirigea vers le plafond, dans une réflexion tout ce qu'il y avait de professionnelle. Un long soupir sortit d'entre ses lèvres qui baragouinaient vaguement le nom de toutes les huiles – et il y en avait un bon paquet – qu'il possédait. Il se mit même à distraitement faire un compte qui n'était logique que pour lui sur ses doigts.

- C'est compliqué, ça, à faire … remarqua-t-il après quelques secondes. Les molécules à l'origine des odeurs de fruits sont très difficiles à extraire du fruit lui-même. On en fait généralement des huiles végétales, mais c'est plus huile de coco, donc pas grand-chose à voir. J'me demandais pourquoi j'en avais pas, justement. Mais ouais, suffit de réfléchir un peu …

Il ne savait pas si toutes ces informations intéressaient Ellora, mais il n'y faisait pas attention. Parti dans ses pensées, il tentait de faire des connexions, de réfléchir à un mélange de molécules qui pourrait convenir, sans grand succés. Alors, déçu de lui-même, il prit le chemin de la première suggestion de la jeune femme et retrouva bien vite toute sa joie de vivre.

- En revanche !

Un indexe victorieux se pointa vers le ciel.

- J'ai de l'huile de sapin. Fabriquée par mes soins, cet hiver. Tu en voudras ?

C'était une joie un peu égoïste qu'il ressentait à chaque fois que quelqu'un lui demandait des conseils à ce sujet ou juste un prêt. En fait, il était content, tout simplement, de ne pas être le seul à s'intéresser à ça. C'était tellement plus utile que la véritable médecine ! Lui et Quinn, lorsqu'ils étaient au chalet, passaient beaucoup de temps à se crêper le chignon, chacun soucieux de défendre son point de vu avec beaucoup de hargne.

Nolan revint peu de temps après, un air un peu ahuri sur la face. À coup sûr qu'il avait fait le tour du ranch pour trouver ce qu'il cherchait.

- Retour de son périple, commenta le grand rouquin.

Il tendit la main pour récupérer la barre qu'il lui offrait, la garda en suspend le temps qu'il l'ouvre finalement, et la saisit délicatement en le remerciant, réellement reconnaissant.
Une bonne gorgée d'eau suffit à faire disparaître le vertige qui le clouait au lit. Gardant d'abord la barre chocolatée dans sa main à l'observer avec concentration, il finit par mordiller le bout dans le but de la dégûster au maximum. Laissant à Ellora et Nolan toute la liberté de faire la paix.
Tout est bien qui fini bien, n'est-ce pas ?

Lorsque la jeune femme remarqua que son aimé n'avait pas d'encas, Ludwig, tout comme elle, divisa le sien en deux et tapota l'épaule de son ami pour lui remettre.

- Ne vas pas nous faire un malaise.

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